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GLOSSAIRE
ES MOTS ESPAGNOLS ET PORTUGAIS
DÉRIVÉS DE L'ARABE
R. D o z y
de Charles III d'Espagne, correspondant de> lliistiiut de Fr;.
l-Académie d'histoire de Madrid, associé étranger de la soc. a.iat. de Paris, professeur
d'histoire fe l'Université de Leyde, etc.
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)r W. H. ENGELMANN
SECONDE ÉDITION
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T»ÈS-COI«SU>ÉaABI.EÎWESÎT A^;G!IIE^T^ i:
LEYDL, J. BRÎLL
Imprimeor d« TUaiv
1869.
GLOSSAIRE
DES MOTS ESPAGNOLS ET PORTUGAIS
DÉRIVÉS DE L'ARABE
GLOSSAIRE
DES MOTS ESPAGNOLS ET PORTUGAIS
DÉRIVÉS DE L'ARABE
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R. D O Z Y
Commandeur de l'ordre de Charles III d'Espagne, correspondanl de l'Institut de France et de
l'Académie d'histoire de Madrid, associé étranger de la soc. asiat. de Paris, professeur
d'histoire k l'Université de Leyde, etc.
ET
LE Dr. W. Hf ENGELMANN
SECONDE ÉDITION
lEVUE ET TRÈS-COrVSIOÉRABLEMENT AV6MEIVTÉE
YDE, E. J. BRILL
Imprlmt-iir df l'Universilo
186 9.
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P R Ë F A C E
LA SECONDE ÉDITION.
La première édition de ce Glossaire , publiée par M. Engelmami seul en 1861 ,
a été accueillie par le public lettré, non-seulement avec cette indulgence à la-
quelle le jeune auteur avait des droits incontestables, mais avec une grande
faveur. Un linguiste très-distingué , M. Mahn i , a déclaré que c'était un tra-
vail excellent; un savant orientaliste, M. Gosche^, en a parlé dans les termes
les plus honorables, et deux juges dont la haute compétence ne sera contestée
par personne, M. Miiller (de Munich) et M. Defrémery, lui ont consacré des
articles étendus , le premier dans le Bulletin des séances de l'Académie de
Munich 3, le second dans le Journal asiatique*. Selon M. Defrémery, c'est le
premier exemple d'un recueil critique de mots arabes adoptés par une ou plu-
sieurs langues européennes , les essais du même genre qui avaient été tentés
auparavant laissant beaucoup à désirer. Il trouve que M. Engelmann est un
homme versé dans l'étude critique des langues, nullement disposé à se laisser
égarer par de fausses lueurs , et ce qui lui semble particulièrement digne d'élo-
ges, c'est cette partie de l'introduction qui traite des altérations que l'écriture
1) Etymologitche Untersuchungen auf dem Gebiete der romanischen Sprachen^ p. 143.
2) Dans le supplément au XX'' volume du Journal de la société asiatique de TAlIe-
inagne, Wissenscha/tlicher Jahreshericht ûher die tnorgenldndischen Studien ^ 1859 bis
1861, p. 248.
3) Sitzungsberichte der honigl. bayer. Akademie der Wissenscha/ten , année 1861,
t. II, p. 95—115.
4) Année 1862, t. I , p. 82 — 90.
VI
ou la prononciation ont introduites dans les mots arabes adoptés par les Espa-
gnols et les Portugais. De son côté M. Miiller s'exprime en ces termes; «L'au-
teur s'est placé au seul point de vue véritable, celui de l'étude comparée des
langues , qui est un produit des temps modernes , qui interroge l'histoire , et
qui s'applique avant tout à établir des lois certaines. Il possède une connais-
sance étendue de la langue arabe, surtout de celle des époques plus rappro-
chées de nous, et plus particulièrement encore de lïdiome que parlaient les
Maures de la péninsule ibérique , de sorte que ses résultats , pris en gros , ne
pourront être qu'approuvés parles connaisseurs.»
Ce qui prouve d'ailleurs que cet ouvrage a été fort goûté du public, c'est qu'en
peu d'années une nouvelle édition en est devenue nécessaire. Malheureusement
M. Engelmann n'était pas à même de la donner. Etant entré au service de la
société biblique néerlandaise vers l'époque où il publia son glossaire, il a dû
étudier le sanscrit et les langues de l'Archipel indien, après quoi il a été en-
voyé par cette société à Java afin d'y composer une grammaire et un diction-
naire de la langue sonde. Ces nouvelles études l'ont arraché à celle de l'arabe ,
et comme il était persuadé qu'une nouvelle édition de son Glossaire ne devait
pas être une simple réimpression de la première, augmentée seulement des
remarques présentées par MM. Defrémery et Miiller , il répondit à l'éditeur ,
M. Brill, qui lui avait écrit à ce sujet, qu'il lui était impossible d'accéder à sa
proposition , d'abord parce qu'il était devenu trop étranger à ce genre d'études ,
ensuite parce qu'à Bandong, où il se trouvait et où il se trouve encore, il
manquait des livres nécessaires pour remplir convenablement sa tâche. Alors
M. Brill s'adressa à moi pour me demander si je voulais me charger de cette
seconde édition. Je n'hésitai pas à y consentir, pourvu toutefois que M, En-
gelmann agréât ce dessein, car quoique j'eusse été tout^à-fait étranger à la
première édition de l'ouvrage de mon ancien disciple, je l'avais étudié avec soin
et j'avais annoté pendant plusieurs années mon exemplaire interfolié. L'appro-
bation de M. Engelmann ne se fit pas attendre, et il me donna carte blanche
en m'autorisant à introduire dans son livre tous les changements et toutes les
additions que je jugerais convenables.
La tâche que j'avais acceptée était cependant bien plus lourde que je ne l'avais
soupçonné , et les notes que j'avais écrites ne suffisaient nullement pour l'ac-
complir. Le Glossaire était incomplet, je le savais, mais j'ignorais à quel de-
gré il Tétait; c'est pendant le cours de mon travail que ce défaut m'est apparu
vil
dans toute sa gravité. Il est moins sensible dans la lettre A , parce que l'ori-
gine arabe des mots qui commencent par elle , surtout si la première syllabe est
l'article arabe al, est aisément reconnaissable ; aussi n'ai-je pas même eu besoin
d'augmenter de moitié le nombre des articles de l'A*. Mais le reste était à
peine ébauché, et dans cette partie j'ai dû ajouter 325 articles aux 171 qu'elle
contenait. Même avec ces additions très-considérables , je n'ose pas affirmer
que cette édition soit complète. J'ai fait ce que j'ai pu: pour l'espagnol , j'ai
parcouru d'un bout à l'autre un dictionnaire ancien , celui de Victor , et un dic-
tionnaire moderne, celui de Nunez de Taboada; de même, pour le portugais,
le glossaire de S^». Rosa et le dictionnaire de Vieyra; en outre mes lectures
m'ont fourni un assez grand nombre de mots qui appartiennent en propre à
l'ancien espagnol , à la basse latinité de la péninsule ibérique et aux dialectes
(M. Engelmann avait aussi admis tous ceux qu'il connaissait et ce sont précisé-
ment ceux-là qu'on a le plus besoin de trouver dans un ouvrage de cette natu-
re); enfin M. Simonet, professeur d'arabe à Grenade, a eu la bonté de m'indi-
quer quelques termes qui sont encore en usage en Andalousie , mais qui man-
quent dans les dictionnaires , et M. Lafuente y Alcântara m'a communiqué une
liste de termes de charpenterie qui se trouvent dans la Carpinteria de lo hlanco
y tratado de Aîarifes , par Diego Lopez Arenas , ouvrage dont il a paru deux
éditions (Séville , 1633 et 1727) , mais qui est devenu extrêmement rare (à Ma-
drid on n'en connaît que deux exemplaires) et que M. Mariategui fait réimpri-
mer en ce moment. Je n'ai donc rien négligé pour rendre cette édition aussi
complète que possible, et cependant je crains de ne pas y avoir réussi. Lire
des dictionnaires depuis le commencement jusqu'à la fin et tâcher de se rendre
compte de l'origine de tous les mots, est un travail extrêmement pénible et
rebutant. Quelques termes vous échappent, malgré l'attention que vous y met-
tez. J'espère toutefois que ceux que j'aurais dû admettre seront peu nombreux'^.
1) H. Engelmann a 427 articles sous l'A; les miens sont au nombre de 234.
2) Je dois prier le lecteur de consulter l'index chaque fois qu'il cherche un mot dans
cet ouvrage et qu'il ne le trouve pas. Comme beaucoup de mots espagnols et portugais
existent »ous plusieurs formes différentes , j'ai ordinairement réuni toutes ces formes dans
un seul article, et c'est l'index qui est destiné à remplacer les renvois, dont j'ai été
très-sobre. Celte remar(|ue me paraît d'autant plus nécessaire , que M. Millier a ((uelquefois
reproché à M. Engelmann d'avoir omis ua mol qnc ce dernier avait donné sous une autre lonnc.
VIII
Il y en a aussi que j'ai omis à dessein; ce sont ceux qui n'ont jamais eu droit de
cité: ceux qui appartiennent exclusivement au dialecte espagnol corrompu et
mêlé d'arabe dont se servaient les Mauresques, et qui ont été rassemblés par
M. de Gayangos*; ceux qui ne se trouvent que chez des voyageurs en Orient,
dans des traductions d'ouvrages arabes, etc.
Si les articles nouveaux, presque le double de ceux de la première édition,
sont nombreux, les additions que j'ai faites aux anciens articles le sont bien plus
encore. Elles servent soit à confirmer les étymologies proposées par mon de-
vancier, soit à compléter ses renseignements, soit enfin à réfuter ses opinions.
Par suite de ces additions de différente nature , la seconde édition d'un opuscule
qui, dans la première, n'avait que 137 pages, est devenue un gros volume qui
en a presque 400 beaucoup plus compactes. C'est donc moi qui suis responsa-
ble de plus de trois quarts de ce livre , et afin de distinguer ma propriété de celle
de M. Engelmann, j'ai ajouté un astérisque à mes additions; quand j'ai inter-
calé ces dernières dans le texte même de M. Engelmann, j'ai pris soin de les
mettre entre des crocliets accompagnés de l'astérisque. Les personnes qui com-
pareront la seconde édition avec la première , verront que j'ai changé tacitement
plusieurs choses qui n'étaient pas d'une grande importance. Je n'ai pas à m'en
excuser, M. Engelmann m' ayant laissé toute latitude à cet égard. Il en est de
même pour ce qui concerne certaines suppressions et additions; Je crains même
de n'être pas allé assez loin quant aux premières , M. Engelmann ayant voulu
que je supprimasse toutes les étymologies qui me paraîtraient absolument man-
quées. Je l'aurais fait s'il s'était agi d'un ouvrage manuscrit; mais j'avais affaire
à un livre imprimé et par conséquent à des étymologies connues du public et
ayant parfois une apparence de vérité. Je croyais mieux faire de les réfuter que
de les supprimer. J'ai donc usé avec réserve de la liberté que j'avais.
Quant aux termes auxquels on avait attribué à tort une origine arabe et que
M. Engelmann avait admis seulement pour réfuter les étymologies accréditées,
je les ai réunis dans un appendice et j'y ai joint ceux que MM. Engelmann,
Miiller et Defrémery ont considérés mal à propos comme arabes.
Pour faciliter les recherches, je dois avertir que, dans l'ordre des articles,
l) Dans le Memor. hist. esp. , t. V, p. 427 et suiv. Pour être conséquent à ce principe,
j'ai dû supprimer les articles avidaque et gùadoch qui se trouvaient dans la première édi-
tion de ce livre.
je suis resté fidèle à l'orthographe moderne. Ainsi j'ai écrit constamment c de-
vant e et i, et s devant a, o, u, môme quand il s'agissait de termes qui ne
se trouvent que chez des auteurs anciens, lesquels écrivaient z devant e et i ,
et ç devant a, o , u. Seulement j'ai adopté une orthographe plus ancienne pour
ce qui concerne le y espagnol, car je l'ai rendu par x là où il représente le
chîn arabe.
J'ose espérer que ce livre sera de quelque utilité pour les travaux lexico-
graphiques. On y trouvera plusieurs termes espagnols et bas-latins qui ne sont
pas dans les dictionnaires; mais il pourra servir surtout à compléter les lexi-
ques arabes , car la plupart des mots qui ont passé dans l'espagnol et le portu-
gais y manquent. C'est justement ce qui constitue la difficulté, mais aussi
l'attrait et l'importance de ces études étymologiques.
R. DOZY.
PREFACE
LA PREMIÈRE EDITION.
■Quelque considérables que soient les progrès que l'étymologie des langues
romanes a faits dans ces derniers temps, il est cependant incontestable que,
pour ce qui concerne la dérivation des mots espagnols, il reste encore beau-
coup de problèmes à résoudre. Outre les mots d'origine latine, qui offrent de
nombreuses difficultés , il y a dans cette langue des mots empruntés au basque
et à l'arabe. Quant aux premiers , nous ne sommes guère plus avancés qu'on
ne l'était du temps de Larramendi, et il serait à désirer qu'un philologue pro-
fondément versé dans cette langue si peu accessible, nous éclaircît sur l'in-
fluence qu'elle a exercée sur l'espagnol. Les mots arabes, au contraire, ont
été plusieurs fois l'objet de travaux plus ou moins étendus. Malheureusement
ce sont des écrits sans méthode, et leurs auteurs n'ont étudié ni le dialecte
vulgaire ni les auteurs arabes de l'Espagne, ce qui revient à dire qu'ils ont
négligé les sources principales où ils auraient dû puiser.
Occupé depuis quelque temps à préparer une nouvelle édition du Vocdbulista
ar-avigo de Pedro de Alcala*, j'ai cru ne pas faire un travail inutile si je pro-
1) * Cet excellent livre est devenu très-rare et très-cher; hors d'Espagne on n'en trouve
presque pas d'exemplaires complets, même dans de grandes bibliothèques publiques; en
outre il est d'un usage difficile, d'abord parce qu'il a l'espagnol avant l'arabe, ensuite
parce que les mots arabes y sont écrits , non pas avec les caractères propres à cette lan-
gue, mais en caractères gothiques, de sorte qu'on a souvent bien de la peine ù en fixer
XI
fitais des matériaux que j'ai rassemblés pour composer un nouveau glossaire
des mots espagnols dérivés de l'arabe , et j'ai pensé qu'un tel glossaire pourrait
servir d'appendice au dictionnaire étymologique de M. Diez.
Avant tout je me suis efforcé de mettre en système les changements qu'on a
fait subir aux mots arabes pour les adapter à la prononciation espagnole , —
chose absolument nécessaire et sans laquelle l'étymologie, au lieu d'être une
science sérieuse, n'est qu'un jeu puéril. Puis j'ai pris pour règle de ne pro-
poser aucune étymologie sans avoir démontré que le mot arabe dont il s'agissait
était employé dans la même acception que son dérivé espagnol. Quand cela
était impossible, j'ai cherché à constater le sens primitif du mot, et à indiquer
les causes qui lui ont fait donner une signification différente. Pour ce qui
concerne les termes techniques, j'ai eu recours à des livres arabes, tant im-
primés que manuscrits, qui traitent de l'astronomie, de la botanique, etc.;
seulement, comme je ne connais aucun auteur arabe qui ait écrit sur l'archi-
tecture, l'étymologie et quelquefois même la signification de plusieurs termes
qui se rapportent à cet art, me sont restées obscures.
Parfois j'ai donné une place à des mots sur l'origine desquels je n'avais pas
une opinion bien arrêtée, mais que je présumais être arabes. Je l'ai fait parce
que je voulais appeler sur eux l'attention d'autres orientalistes. Quant aux mots
qu'on avait à tort dérivés de l'arabe , leur nombre étant trop grand pour les
traiter tous, il me fallait faire un choix. Je me suis donc borné à réfuter
la véritable orthographe. Pour toutes ces raisons j'avais engagé M. Engelmann à le ré-
imprimer (projet qu'autrefois j'avais formé moi-même) » et je lui avais conseillé de placer
l'arabe, en caractères arabes, avant l'espagnol, de ranger les mots selon l'ordre de leurs
racines, et de justifier ses transcriptions, s'il en était besoin, par des passages tirés des
auteurs arabes-espagnols. Â l'époque où il allait partir pour Java , il avait jusqu'à un
certain point achevé ce travail; mais par un excès de modestie et parce que plusieurs
termes lui étaient restés obscurs, il le condamna à l'oubli. Alors j'ai cru devoir repren-
dre moi-même cette tâche. J'en avais fait, il y a bien longtemps, environ la troisième
partie, et je l'ai terminée il y a trois ans ; mais au lieu de me borner ù donner une
nouvelle édition d'Alcala , je crois mieux faire de publier toutes mes notes Icxicographi-
ques, qui formeront un supplément aux dictionnaires arabes et qui concerneront principa-
lement le dialecte de l'Espagne et celui du Nord de l'Afrique. Je ne puis pas encore
préciser l'époque où ce travail verra le jour, car il me reste plusieurs livres à dépouil-
ler; mais j'y consacre tout le temps que j'ai à ma disposition.
XII
les étymologies accréditées, et j'ai laissé de côté celles qui ne méritent pas
d'être prises au sérieux.
Peut-être quelques mots arabes ont échappé à mon attention. C'était presque
inévitable , quoique j'aie parcouru tout le Dictionnaire espagnol et que je me
sois rendu compte de l'étymologie de tous les mots dont l'origine latine n'était
pas évidente.
W. H. EN6ELIIIANN.
INTRODUCTION,
Le long séjour des Arabes dans la péninsule ibérique a exercé une
grande influence sur les mœurs, les coutumes, et même sur le langage
des naturels. Les centaines de mots arabes qu'on trouve dans l'espa-
gnol sont autant de traces de la conquête, traces ineffaçables et qui
subsistent encore à présent que les derniers débris des Mauresques ont
depuis longtemps repassé le détroit de Gibraltar. L'étude de ces mots
offre un intérêt particulier. Si nous n'avions aucun autre document
pour l'histoire de l'Espagne arabe, ils nous mettraient en état de nous
former quelque idée sur les rapports qui existaient entre les deux peu-
ples. Les noms des impôts, les alcahalas et les garramas , les almoxa-
rifes qui les percevaient, les alcaldes et les alguaciles qui exerçaient la
juridiction ou la police, les noms des poids et des mesures, les almo-
tacenes qui en avaient la surintendance — tout cela montre assez claire-
ment, lequel des deux était la race dominante. D'un autre côté, le
grand nombre de termes de botanique, de chimie, d'astronomie, d'arts
et métiers, que les Espagnols ont empruntés aux Arabes, prouvent in-
contestablement que la civilisation de ces derniers était plus avancée.
Il en est toujours ainsi: les conquérants imposent leur langue aux peu-
ples vaincus quand ils sont plus civilisés qu'eux, tandis que, lorsqu'ils
le sont moins, ils adoptent celle de la race soumise. Les Espagnols
romanisés ont fait oublier aux Golbs, leurs maîtres, le langage de leurs
aïeux. Les Romains, au contraire, ont propagé le latin dans tous les
pays barbares où pénétraient leurs légions. De même qu'eux, les Ara-
bes avaient la supériorité, non-seulement sur les champs de bataille,
mais encore dans les arts et les sciences. C'est pour celte raison que
leur idiome a laissé des traces dans l'espagnol, tandis que le nombre
des mots espagnols qui ont passé dans Tarabe est presque nul *.
Toutefois il ne faut pas exagérer Tinfluence de l'arabe sur l'espagnol.
Ni la grammaire , ni la prononciation ne s'en sont ressenties. Le génie
de ces deux langues était trop dilférent pour que l'une exerçât sur l'au-
tre une action tendant à la modifier. Il faut donc considérer comme
de vaines imaginations «l'intonation arabe» et «les teintes mauresques»
de l'espagnol, dont quelques-uns ont parlé. Le vocabulaire seul a été
enrichi de mots arabes. Sauf quelques rares exceptions , ce sont tous
des termes concrets, que les Espagnols ont reçus avec les choses qu'ils
désignaient. De ces substantifs se sont formés des verbes, et de ces
verbes de nouveaux substantifs, mais tout cela s'est fait suivant les
règles de la langue espagnole. C'est donc bien à tort qu'on a voulu
quelquefois dériver des verbes espagnols directement de l'arabe *.
1) * Cette assertion doit être modifiée: le nombre de termes espagnols qui ont passé
dans Tarabe et que j*ai notés, n'est guère moins considérable que celui des mots espa-
gnols, dérivés de l'arabe, que contenait la première édition de ce Glossaire. Il est vrai
qu'on n'en trouve pas beaucoup chez les historiens et les voyageurs arabes-espagnols;
mais ils sont assez fréquents chez les botanistes. En effet, il était fort naturel que les
Arabes d'Espagne adoptassent, pour désigner des plantes qui ne viennent pas en Orient,
les noms par lesquels les Espagnols les indiquaient. La même observation s'applique aux
noms de quelques animaux. Puis, au fur et à mesure que les Espagnols recouvraient le
terrain perdu et faisaient des progrès dans la civilisation, leurs termes s'introduisaient de
plus en plus dans l'aiabe, et parmi les Mauresques de Grenade, qui vivaient sous la
domination chrétienne, ils étaient nombreux, comme on peut le voir, p. e. , dans Pedro
de Alcala. Ils le sont encore aujourd'hui dans le dialecte du Maroc et dans celui de
Tunis, par suite de l'émigration forcée des Mauresques. «Les chapeliers de Tunis,» dit
M. de Flaux [La régence de Tunis, p. 45), «sont presque tous descendants des Maures
d'Andalousie; leurs outils portent encore des noms espagnols.» Peut-être même quelques-
uns de ces mots ont-ils passé dans l'arabe à une époque assez reculée. La circonstance
qu'on ne les trouve pas chez les auteurs arabes ne prouve pas qu'ils n'étaient pas en
usage chez le peuple arabe, car en général ces auteurs aimaient trop la pureté de lan-
gage pour ne pas répudier des termes étrangers. Cependant ils se trouvent même chei
eux plus souvent qu'on ne le pense ordinairement; mais les éditeurs et les traducteurs
ne les ont pas toujours reconnus.
2) * La règle établie en cet endroit par M. E. me semble excellente; seulement je crois
qu'elle souffre un très-petit nombre d'exceptions. A mon avis acicalar, ahorrar \épar-
A mesure que les descendanls des Gotlis, reprenant possession de
l'héritage de leurs ancélres, refoulaient les Arabes, leur langue se dé-
gageait des alluvions étrangères, de sorte qu'en comparaison des an-
ciennes chroniques et des chartes où Ton rencontre à chaque pas des
mots arabes, le castillan moderne n'en contient qu'un petit nombre.
Les premiers essais pour éclaircir cette partie des origines de la lan-
gue espagnole ont été lenlés par des religieux qui étaient interprèles
du tribunal de l'inquisition à Grenade pour la langue arabe. L'un
d'eux, le P. Francisco Lopez Tamarid, de Grenade, a composé un Die-
cionario de los vocablos que tomô de los Arabes la lengua Espahola *.
Un autre, le P. Francisco de Guadix, a écrit un livre sur le même
sujet ^.
Je ne connais les ouvrages de ces deux auteurs que par les extrait*
qu'en donne Cobarruvias dans son Tesoro de la lengua Castellana (Ma-
drid, 1611). A en juger par ces extraits, les révérends Pères savaient
parfaitement l'arabe vulgaire, mais voilà tout. Ils ne se sont pas rendu
compte des changements que le génie de la langue espagnole a fait subir
aux mots arabes, et l'idée ne leur est pas venue de les exposer d'une
manière syslémalique. De là des conjectures hasardées au lieu d'éty-
mologies.
En outre Cobarruvias a consulté Diego de Urrea , interprèle du roi
Philippe IIL Cet éminent connaisseur de la langue arabe mérile ajuste
titre la confiance que lui a accordée le lexicographe espagnol ^. 11
donne quelquefois des renseignements précieux sur des mots arabes
t;ner), ali/ar[?) et tamar viennent directement de verbes arabes. Les Mauresques , quand
ils écrivaient eu espagnol, formaient assez souvent des verbes de «etto manière : mesar
ou rnessar de ij*s>« , adhelar de v«jl\x , adissar de iy*0, etc.
1) Voyez >'ic. Antonio, Bill. JJisp.y l, 334 éd. de Rome.
2) Ibid.f I, 329. [* !Sic. Antonio avoue qu'il ne connaît pas le titre de cet ouvrajje].
3) «Yo doy mucho credito â Urrea, porque sabc la lengua majistralmente. » Tesoro y
liil. 29 v^.
qu'on chercherait en vain dans les dictionnaires. Malheureusement i! a
parfois cédé à la tentation de donner des explications plutôt ingénieuses
que vraies. Dans la suite j'aurai souvent l'occasion de citer ou de ré-
futer ses étymologies.
Au commencement de ce siècle, Martinez Marina a donné, dans le
IV^ volume des Memorias de la real Academia de la hisloria, un Catà-
logo de algunas voces Castellanas, puramente aràbigas, ô derivadas de la
lengiia griega , y de las idiomas orientales, pero introducidas en Espaha
par las Arabes. Ce travail laisse beaucoup à désirer sous divers égards.
On y trouve des centaines de mots dont l'origine romane saute aux
yeux*, et qui pis est, les mots prétendus arabes, dont Marina les
dérive, ne le sont nullement ^ Pour cette raison il y a plus de mille
articles à biffer de son glossaire. Néanmoins on ne saurait lui dénier
tout mérite. Parfois il donne des mots espagnols qui manquent dans
les dictionnaires, et les passages des anciennes chartes qu'il cite met-
tent le lecteur en état d'en établir la signification.
L'ouvrage le plus récent que j'aie pu consulter est celui de M. Ham-
mer. Dans le Bulletin des Séances de l'académie de Vienne, de l'année
1854, ce savant a donné un «catalogue complétai des mots espagnols
qui sont d'origine arabe, en se proposant de corriger et de compléter
celui de Marina. Il est vrai qu'il en a retranché plusieurs absurdités;
mais il en a enlevé aussi des parties parfaitement saines, et d'un autre
côté, il a laissé subsister et a même confirmé des erreurs palpables.
Quant aux additions, le lecteur sera bientôt à même d'en juger. Cet
opuscule n'a pas la moindre valeur, et je pourrais m'épargner la peine
d'en donner ici une critique détaillée. De plus, en communiquant les
résultats fâcheux que j'ai obtenus en l'examinant, je risque de me voir
accusé de la malicieuse envie de jeter des pierres sur le tombeau d'un
défunt. C'est ce qui me fait hésiter, et si mon ouvrage ne s'addressait
qu'aux orientalistes, je n'en dirais pas un mot. Mais il y a un motif
qui m'engage à le critiquer, et à le critiquer sévèrement. Bien que
plus d'une fois on ait fait justice des écrits de M. Hammcr, la haute
l) acahar , acaidalar , acreer, a/eitar, etc.
3) Taberna, p. e., est dérivé d'un mot arabe qui n'est que la tiuusciiptiou du terme
latin (!).
considération dont ils jouissent auprès du public non-oricnlaliste n'en a
pas été ébranlée. Voulant donc empêcher que son autorité n'en impose
à ceux qui s'occupent exclusivement de l'étude des langues romanes et
qui ne sont pas en état de contrôler les étymologies tirées de l'arabe,
je me crois obligé de publier ici le résumé des critiques que j'ai à
adresser à son glossaire; j'espère qu'on les trouvera assez significatives
pour me dispenser d'en relever toutes les bévues et d'y revenir dans la
suite de mon travail. Je dirai donc :
1°. M. Hammer montre partout la plus profonde ignorance de l'es-
pagnol, tant vieux que moderne.
2°. Il n'a pas étudié les auteurs arabes-espagnols, et il n'a pas
daigné profiter des renseignements qu'il aurait pu trouver dans les écrits
d'autres orientalistes.
3°. Tout l'ouvrage porte l'empreinte d'être écrit à la hâte et avec
une extrême négligence. On y trouve aussi plusieurs échantillons de
cette fausseté d'esprit, de goût et de jugement qui caractérise tous les
écrits de cet auteur.
L'ignorance de M. Hammer saute le plus aux yeux dans les articles
où il s'est proposé d'expliquer les mots arabes qui se trouvent chez
Mendoza. En voici quelques exemples! Dans sa Guerra de Granada
(p. 7 de l'édition Baudry), Mendoza parle de salteadores , c'est-à-dire,
d'exilés, de outlaws, qui se réunissaient en bandes et faisaient le bri-
gandage , et il ajoute qu'on les appelait en arabe monfies. Voyant , à
ce qu'il paraît, des sauteurs dans ces salteadores , M. Hammer en a fait
des danseurs. nMonfiyr» dit-il, «signifie en arabe un exilé; il semble
que les danseurs out été exilés pendant quelque temps sous le régime
d'un prince sévère (peut-être sous celui du prince des Almohades [le-
quel? car il y en a eu plusieurs]) et qu'à cause de cela on leur a
donné ce nom. »
D'une autre phrase de Mendoza (p. 41): «Llaman adalides en lengua
Caslcllana à las guias y cabezas de gcnte del canipo, que entran à cor-
rer lierra de enemigos; y à la gcnte llamaban almogàvares, » M. Ham-
mer a tiré ce non-sens: «Almogawir se dit proprement des éclaireurs
qui pillent le pays ennemi; ce sont les a/cindschi des Turcs (en italien
Sachcyfjialon) , d'où vient le mot Sachmann des anciens écrits allemands
«lui trailorit des Turcs; en espagnol ils s'appelaient adalides (de l'arabe
delil), comme en français guides.» Il est difficile de méconnaîlre plus
ouvertement le sens des paroles de l'auteur castillan.
Ailleurs (p. 44) Mendoza dit que le pays des Mauresques était divisé
en districts, gouvernés par des alcaides, et il ajoute que ces districts
s'appelaient en arabe tahas, terme dérivé de tahar que en su lengua
quiere decir sujetarse. Il est clair qu'il a en vue le verbe tâ'a (pLb),
obéir; mais M. Hammer y trouve l'arabe kI^vj {tahîya, l'infinitif de la
seconde forme du verbe haiya, saluer), «qui signifie qu'il vive , formule
de politesse très-usitée et dont les subalternes font usage en parlant à
leurs supérieurs [c'est apparemment le «que quiere deôir sujetarse» de
Mendoza] , le ToXuxpovi^siv des Byzantins , le TroKit toc stvi 7ix.q des Grecs
modernes. 0 Qu'on relise le passage de Mendoza en faisant usage de
cette explication , et on verra ce qu'il est devenu sous les mains de
M. Hammer.
Dans un autre endroit (p. 77) Mendoza explique le terme atajadores.
Ne s'étant pas aperçu qu'il ne s'agit ici ni de Mauresques , ni d'un mot
mauresque, M. Hammer veut l'expliquer par l'arabe at-taWa (iUxJiyî),
qui signifie avant-garde. S'il avait eu la moindre idée de l'analogie
espagnole, il aurait vu que atajador dérive du verbe atajar, qui est
formé à son tour du substantif taja , ital. taglia, fr. taille. — Ce sont
là quelquer-uns des nouveaux articles que M. Hammer a ajoutés au ca-
talogue de Marina et qu'il lui reproche d'avoir omis.
Il y a encore d'autres fautes dont l'académicien de Madrid s'est rendu
coupable selon l'opinion de M. Hammer. Ainsi il le tance vertement
parce qu'il a donné des mots comme acabdalar, acebache, etc., «qui ne
se trouvent pas dans les dictionnaires espagnols ordinaires.» Malheu-
reusement pour lui, M. Hammer n'a prouvé par de telles critiques
qu'une seule chose, à savoir, qu'il ne savait pas se servir de ces dic-
tionnaires, qui offrent les mots en question sous les formes acaudalar,
azabache, etc.
Ayant trouvé chez Marina que abarraz (herbe aux poux) dérive de
habb ar-ras (ce qui est très-vrai), M. Hammer a eu la malencontreuse
idée de voir dans ce mot une autre forme de albarazo (lèpre blanche);
après quoi il s'écrie, comme si Marina avait dit une grande sottise:
«Qu'est-ce que ce mot arabe, qui ne signifie que grain de la icte, a
de commun avec la lèpre blanche?»
Les dictionnaires espagnols ont joué plusieurs mauvais tours à M.
Ilamraer. Ils expliquent, p. e., ajonjoli (sésame) par alegria. M. Ham-
raer, ne soupçonnant pas que ce soit le nom d'une plante, a pensé que
ce terme signifiait allégresse, gaieté, et il le dérive de J.^L^1 (al-djoldjol),
sonnette, «ou plutôt encore de l'allemand Schelle,» apparemment parce
qu'à son avis le bruit d'une sonnette est d'une grande gaieté. Autre
exemple: alfageme (barbier) est expliqué dans les dictionnaires espa-
gnols par barbero. M. Hammer semble avoir été d'opinion que c'était
un barbare, car le mot arabe ^.:f^^ {al-adjam), auquel il le compare,
a en effet cette signification.
Quiza (peut-être) dérive, suivant M. Hammer, de l'arabe \ô^ {cadzâ),
ainsi. S'il avait lu quelque auteur espagnol du moyen âge, il aurait
vu que ce mot s'écrivait anciennement qui sab et il en aurait saisi im-
médiatement l'étymologie romane.
Si j'ajoute à tout cela que M. Hammer a retenu plusieurs autres éty-
mologies arabes de mots latins {cubo, matar, afarto , etc.) qu'il avait
trouvées dans Marina, je crois avoir raison de dire, non-seulement qu'il
n'avait pas saisi le génie de la langue espagnole, mais aussi qu'il ne
comprenait aucun auteur qui ait écrit dans celte langue, et que, par
son ignorance des variations orthographiques les plus ordinaires , il
n'était pas à môme de consulter un dictionnaire espagnol.
Passant au second point, je dirai que si M. Hammer avait mis à pro-
fit les notes de M. Qualremère sur l'histoire des Mamlouks , les ouvrages
de M. Dozy, surtout son Dictionnaire des noms des vêtements et son
Glossaire sur Ibn-Adharî, le Glossaire sur Ibn-Djobair de M. Wright,
etc., etc., il aurait évité des bévues comme celles-ci:
Alcabala. «Ce n'est que dans sa signification arithmétique que ce
mot dérive de l'hébreu ou de l'arabe , à savoir de el-mokabelel , el-Dschebr
wel Mokabelet étant le nom arabe de l'algèbre; dans la signification
d'impôt ou de tribut il n'a rien de commun avec el-kiblet, le sud.»
Marina ayant écrit par erreur xJLiiii au lieu de iJLiiiî , M. Hammer
suppose gratuitement qu'il a j)ris ce mot dans cette acception; mais
quant au terme arabe iJLiiJi {alcabala), impôt, il avait déjà été expliqué
plus d'une fois , par M. Quatremùre dans le Journal des savants (janvier
1848), et par M. Dozy dans son glossaire sur Ibn-Adharî (H, 58).
Acitara «(paries coiiiniunis) dérive peut-être de as-sitara (auleum len-
torium).» Dans le même glossaire il aurait pu voir que sitâra signifie
en arabe un mur extérieur.
Acebache «vient de as-sobha (globuli rosarii).» S'il avait consulté
les Loci de Ahhadidis de M. Dozy (I, 52), il y aurait trouvé les ren-
seignements nécessaires pour le convaincre que Marina a parfaitement
raison en le dérivant de sabadj,
M. Hammer se fâche de ce que Marina a dérivé albanego (sic) d'un
mot arabe albanica. Cependant M. Dozy a consacré , dans son Dict. des
noms des vétem. , un assez long article à Tétymologie de Tespagnol al-
banega.
Barragana «(vestis species) vient de qIï-j (sic), qui manque dans le
Dict. des noms des vêtem. de M. Dozy, bien que Freytag en donne
cinq différentes formes.» La cinquième forme de Freytag est celle du
pluriel, et si M. Hammer n'avait pas oublié l'orthographe du mot arabe
(^^ly^j et non ^Lï;?) , il l'aurait trouvé à sa place dans le Dictionnaire
de M. Dozy, où cet article occupe trois pages (p. 68 et suiv.).
Quant à l'extrême négligence de M. Hammer et sa fausseté d'esprit,
en voici quelques échantillons:
Café «dérive de kahwe, qui signifie les graines du cafier.» Tout le
monde sait que les graines du cafier s'appellent en arabe bounn, et
que cahwe, qui désignait autrefois le vin, ne se dit jamais que de la
boisson.
Acelga « (beta) dérive peut-être du turc schalgam, mais nullement de
l'arabe selka , qui ne signifie rien autre chose que terra aequalis.» Ce-
pendant tous les dict. arabes ont silc dans la signification de beta olus,
«L'arabe as-saniya, auquel Marina compare l'espagnol acena, n'a d'au-
tre signification que celle de haute , élevée. » La première signification
que Freytag attribue au verbe sanâ est celle de arroser la terre , et il
donne au substantif as-sâniya qui en dérive une acception analogue.
fiCifra dérive très-certainement de l'arabe djefr ^ft>, qui se trouve
déjà chez Freytag, Hlm al-djefr.y> Malheureusement le terme 'ilm aU
djefr, dans lequel M. Hammer semble avoir trouvé l'arithmétique, ne
signifie que ars divinandi ex membrana camelina (!).
Ayant lu chez Marina que adarga vient de l'arabe acZ-c^araca , il rejette
cette étymolog^e, «parce que ce mot arabe ne signifie pas bouclier, y>
et il préfère le dériver de tars ou tors, qu'il met en rapport avec l'ai-
9
leiiiand Tartschc. Toutefois on trouve chez Freytag ad-daraca dans la
signification de scutum ex corio confeclum, et pour faire changer tors
(car tars n'existe pas en arabe) en adarga, il faudrait des altérations
semblables à celle qui fait venir al fana à^equus.
Tout en accordant que alabarda est l'allemand Hellebarde, M. Ham-
mer le compare néanmoins à l'arabe harba qui signifie hasla brevis. De
même , quelque évidente que soit la dérivation de resma (rame de pa-
pier) de l'arabe rizma, il s'obstine à le dériver de l'allemand Riess,
[*Ce mot allemand vient lui-même de l'arabe; voyez mes remarques
sur l'art, resma].
Acibar «dérive de aç-çabr, qui signifle l*aloès, mais aussi la patience ^
parce qu'elle est plus amère que l'aloès ; c'est pour cette raison que
acibar a aussi en espagnol la signification de amertume. r>
Adunia (assez, beaucoup) «dérive peut-être de ad-dounya, le mondes
où tout est en abondance.»
Nacar (nacre) vient « de naccâra (trompette) , à cause de la ressem-
blance qu'il y a entre le son perçant de cet instrument et la crudité
de la couleur rouge *. »
Dans son introduction M. Hammer, en parlant de l'ouvrage de Pedro
de Alcala , fait remarquer que ce Père «a donné plusieurs étyraologies. »
Le fait est que M. Hammer n'a vu que le titre de cet ouvrage; s'il
l'avait consulté, il se serait aperçu qu'Alcala ne fait que traduire mot
pour mot sans s'occuper d'étymologie.
En examinant les permutations des consonnes, M. Hammer en a mal-
heureusement oublié les plus marquantes (par exemple celle de l et r),
et quant aux voyelles — «elles n'y font absolument rien^.» H aurait
dû ajouter: «et les consonnes fort peu,» car il faut bien recourir à
cette règle pour opérer des changements tels que celui de tors en adar-
ga, de chalgam en acelga, etc.
Je crois en avoir dit assez pour justifier l'opinion défavorable que j'ai
émise sur l'opuscule de M. Hammer, et j'espère avoir contribué, dans
la mesure de mes forces, à paralyser l'influence fâcheuse que son au-
torité pourrait exercer sur l'élymologie des langues romanes.
1) «welches schreiet wie die hochrothe Farbc.»
2) «Die Selbstlaute sind gleichgiltig und werden willkùrlich geàndert.»
10
Quant au portugais, le nombre de mois arabes y est beaucoup moin-
dre qu'en espagnol. Ils ont été recueillis et expliqués par Sousa, dans
ses Vesiigios da lingoa Arabica em Portugal, Lisboa , 1789, ouvrage qui
a été réimprimé en 1830 avec les additions de Moura. Ce livre, bien
qu'il ne soit pas exempt de fautes graves, est beaucoup supérieur au
catalogue de Marina. Il contient moins de mots d'origine romane,
moins de mots latins en caractères arabes; qui plus est, il y a quelque
idée de système. Il explique aussi les noms géographiques qui sont
d'origine arabe; mais comme il n'entrait pas dans le plan de mon ou-
vrage de m'occuper des noms propres, je les ai omis. J'en ai fait de
même de quelques termes de médecine, que Sousa a tirés d'une tra-
duction portugaise d'Avicenne *. Ces mots ne se trouvant nulle part
ailleurs et ayant élé forgés par le traducteur, on ne peut les considé-
rer comme appartenant au domaine de la langue portugaise. C'est pour
cette raison que je n'ai pas jugé nécessaire de les admettre. — Il me
reste à parler du livre de Santa Rosa ^. Ce recueil précieux, inflni-
ment supérieur à tous les autres lexiques de ce genre , ne contient que
fort peu d'étymologies et son auteur ne s'était pas occupé de l'étude
de l'arabe; mais on y trouve une foule de mots anciens avec les varian-
tes, et à l'aide des passages tirés des chartes et des chroniques que le
savant auteur cite en abondance , on peut non-seulement établir la si-
gnification de ces mots, mais préciser en outre les lieux et les temps où
ils étaient en usage. On a donc toutes les données nécessaires pour en
explorer l'histoire. Je n'ai pas besoin de dire combien tout cela est
essentiel pour l'étymologie, combien il est indispensable de connaître
toutes les variantes orthographiques, quand il s'agit d'une langue aussi
irrégulière à cet égard que le vieux portugais. Ce livre m'a été, par
conséquent, d'une grande utilité.
1) ^viccna, ou £bnsùia, traduzido do Arahe em Portuguez, por Xalom de Oliveira,
lIel)reo dos que sahirao de Portugal, impresso em Amsterdao no anno de 1652. [*M.E,
a aussi omis, avec raison je crois, plusieurs autres mots qui n'ont jamais eu droit de
cilé en portugais, et que Sousa et Moura ont trouvés dans le Dictionnaire latin-portugais
de Bento Pereira, dans la Pharmacopêa Tuhuleiisc, dans les voyageurs, etc.].
2) Elucidario das palavras, termos , e frases, que em Portugal antiguamente seusârao,
e que hoje regularmente se ignorao , por Fr. Joaquin» de Santa Rosa de VilerliO. Lisboa,
1798.
11
Il va sans dire que les ouvrages des romanistes, quelque soil d'ailleurs
leur mérite, ne donnent que des renseignements très-inexacts et quel-
quefois faux sur la partie arabe. Aussi i'éminent étymologiste des lan-
gues romanes, M. Diez, n*a-t-il donné une place dans son dictionnaire
qu'à un petit nombre de mots espagnols et portugais dont il faut cher-
cber Torigine dans cette langue. Il n'y a pas de reproche à lui faire,
si ce sont là les articles dans lesquels il a le moins réussi. Il s'ap-
puyait uniquement sur l'autorité de nos lexiques arabes, et ceux-ci sont
tout-à-fait insuffisants pour des recherches étymologiques. Quelquefois
il est impossible d'y retrouver la signification primitive des mots, et ils
ne donnent aucun indice sur l'époque où ces mots étaient en usage,
ou sur le dialecte auquel ils appartenaient. Il est extrêmement dange-
reux de s'en servir quand on n'a pas étudié les auteurs arabes. Qu'il
me soit permis d'en donner ici un exemple éclatant I
Dans ses Recherches étymologiques sur les langues romanes * (p. 48) ,
M. Mahn dérive arrebol (couleur rouge que prennent les nues frappées
des rayons solaires pendant les deux crépuscules), de l'arabe ar-rabâb
qui signifie chez Freytag: «nubes alba, aut quae modo alba, modo ni-
gra apparet, aut nubes pendens sub altéra nube sive sit alba, sive ni-
gra.» Quand on compare le mot espagnol avec les autres de la môme
racine {arrebol, «rouge, fard rouge,» arrebolar , «farder, peindre de
rouge comme sont les nuages»), on voit que c'est l'idée de rouge qui
y prédomine. Ar-rabâb au contraire, qui est un mot du langage du
désert et de l'ancienne poésie, signifie primitivement nuage. On le
trouve en ce sens dans le Divvan de Tahraân ^ , poète arabe du premier
siècle de l'Hégire, et un vers, cité pai' son scoliaste, est conçu en ces
termes: «Le rabâb au-dessous du nuage ressemble à une autruche sus-
pendue par les pieds.» De même le grammairien Ibn-Doraid, dans son
Traité sur les noms et les épithètes des nuages et des pluies^, explique
ce terme par «un nuage qui semble être suspendu à un autre.» Il
1) Etyviohgische i ntcrstichungcn avf dcm Gehioto der Roma7tischcn Sprachen. Berlin,
1854 — 1858. [* Cet ouvrage a été continué; la dernière livraison que j'en possède ci
qui va jusqu'à la page 160, a été publiée en 1864].
2) Apud Wright, Opuscula Arabica, p. 70.
3) lùid, , p. 21. Cf. le Diwan des Hod^ailitcs , {». 21'6 cd. R'ôsejjarUMi.
12
est clair qu'il n'implique pas la moindre idée de couleur et que sa si-
gnification n'a rien de commun avec celle de arreholK En outre il ap-
partenait exclusivement au langage poétique des Bédouins; chez les
Mauresques rabâb ne signifiait rien autre chose que violon (en esp. rabel).
II.
C'est par la bouche du peuple et non par les écrits des savants que
les mots arabes ont passé dans l'espagnol. Aussi n'appartiennent-ils pas
à la langue civilisée, mais au dialecte vulgaire. Pour pouvoir en don-
ner l'explication étymologique, il faut donc avant tout étudier la pro-
nonciation. A cet égard le Vocabulisla ^ de Pedro de Alcala est de la
dernière importance. Ecrivant dans le but de faciliter aux religieux
la conversion des Mauresques, cet auteur a rendu les mots arabes exac-
tement comme le peuple les prononçait, sans se soucier beaucoup de
l'orthographe. Comme il est notre seul guide pour le dialecte de l'Es-
pagne, j'ai tâché de le compléter par les renseignements que j'ai pu
recueillir sur le langage du Maroc, qui est à peu près le même que
celui dont se servaient les Mauresques. A cet effet j'ai surtout mis à
profit la grammaire de Bombay ^. En communiquant le résultat de ces
études, je ferai aussi connaître les changements que le génie de la lan-
gue espagnole a fait subir aux lettres arabes. On aura plus d'une fois
l'occasion de remarquer des analogies frappantes avec les lois qui ont
réglé la transformation des mots latins en mots espagnols.
I. Consonnes,
Afin de ne pas séparer les éléments affiliés, je rangerai les consonnes
1) Quant à l'étymologie de arrehol, je crois que Cobarruvias a raison en le dérivant
du latin ruhor. Dans la première syllabe il ne faut chercher ni l'article arabe, ni la pré-
position latine ad: c'est tout simplement un a prosthétique après lequel on a redoublé la
consonne. Ceci est très-usité dans la Iang;ue basque; mais en espagnol il y en a aussi
quelques traces, et l'existence de la forme arruga , à côté de ruga, m'en semble être un
exemple incontestable.
2) Vocabulista aravigo en letra castellana , Granada , 1505.
3) Grammatica linguae Hauro-arabicae juxta vernaculi idiomatis usura, Vindobonae 1800.
13
d'après les organes qui servent à les produire, et non d'après Tordre
alphabétique. Je les considérerai sous trois rapports: au commencement,
dans Vintérieur, et à la fin des mots.
\ et ^
Le 1 (a/i/) , qui n'est qu'un signe de douce aspiration , n'est pas rendu
dans l'écriture espagnole. Il en est de même du c {^ain), lequel re-
présente un son guttural qui est la propriété exclusive des langues sémiti-
ques. Ce n'est que par exception que cette lettre, dans l'intérieur des
mots, est quelquefois exprimée par h: alhanzaro, alhidada, [^alahilca,
alhagara, et ce h se change en f: alfagara].
*Le c devient quelquefois g: algarabia, algarrada , algazafan, almar-
taga , aînagora (sous aisoria) , acimboga. Les Magribins substituent assez
souvent le gain au 'aîn; voyez la nouvelle édition d'Edrîsî, Introduc-
tion, p. XXII.
Le ^ (khâ) initial manque.
* M. E. semble donc avoir pensé qu'aucun mot arabe commençant
par le ^ n'a passé dans l'espagnol. Cependant il a noté lui-même dans
le Glossaire hait fa et califa, et ces exemples ne sont pas les seuls. Il
faut donc dire que le ^ initial devient 1°. h: halifa, hacino (voyez ma
note sur cet article), haloch, haloque ; 2°. ce h est supprimé: aloque;
3°. ou devient f: fatèxa; 4°. le ^ devient c: califa; 5°. ce c devient
ch comme dans les langues romanes (chanciller, chantre, chapitel,
chien, chose, etc.): cherva (voyez mes remarques sur cet article), cho-
za; 6°. le -;. devient g: gafete, galanga , ganinfa, garroba.
Médiat il se change en f: alforjas, alkhordj , — alfayate , alkhaiyât —
alfombra, alkhomra, — al fange, alkhandjar. Ce f permute dans l'or-
thographe avec le h: almohada, alhucema j alhacena, alheli. On trouve
aussi des formes comme alacena, aleli , dans lesquelles le h est syncopé.
Le khâ se change en c (qu) dans: alcana, alcarchofa , xeque (de
cheikh). Dans ce dernier mol le kh , qui est terminal en arabe, a été
auguicnlê d'un c.
14
* Le khâ médial devient g: algarroba, albudega (= albudeca) ^ algua-
rismo, algafacan, et dans la basse latinité ch: alchaz (prononcez: alkhaz).
Le - {hâ) initial et médial est rendu par f ou h : hafiz , hacino ,
hasta [fasta) , horro y alhamel, almohalla (almofalla), alholba. En por-
tugais le f est plus usité: fasta, alforvas , alforrecas. — Le /t est quel-
quefois retranché: de l*arabe habb ar-ras on a formé abarraz aussi bien
que habarraz et f abarraz; [* afice (= hafiz), aciche, alboaire].
* Placé entre deux voyelles, le Aa devient parfois i/; a^arraî/a; com-
parez 'xjSii [fâkiya) pour K^ti (fâkiha) chez Dombay (p. 10).
Je ne connais que deux exemples d'un hâ final: dans les mots cata-
lans almatrach et mestech. Ce ch se prononce comme c ; voyez Rôs ,
Dicc, VaL Casl., p. 6 de l'Introduction. En castillan on a ajouté un e
ou un o: almatraqiie, mistico. ["^Ajoutez l'esp. almandarahe et alman-
daraque].
Cette lettre, qui ne diffère de la précédente que par son aspiration
plus douce, éprouve les mêmes changements: alholi (alfoli), alfadia.
Seulement elle se syncope plus facilement. A la fin des mots elle est
toujours retranchée: alfaqui{h) et tous les mots qui ont la terminaison
féminine a[h),
* Elle devient quelquefois g et même gu: algorio, algorin, alguarin.
Le ^ {gain) tant initial que médial est rendu par g [ga, go, gu,gue,
gui): galima, gacela, garrama, guilla, gorab, algaphite, r egueif a, alg or-
fa ; [* gua : guadamaci , b. lat. giiarapus] . — Elle semble être retran-
chée dans almofar (de almigfar). Cependant, à ma connaissance, c'est
là le seul exemple de syncope du gain: c'est ce qui me rend celle éty-
raologie fort suspecte.
'*' C'est à tort que M. E. a douté de cette étymologie. Le gain est
aussi retranché dans alàra, arel y adur (?) , moeda. Il est devenu /t
dans moheda, v dans alvarral.
i:;
Le yj io^^f) initial est constant: carmcsi, qvilate. Je n'y connais
pas une seule exception, et je crois que M. Diez s'appuie avec raison
sur cette circonstance pour révoquer en doute la dérivation selon la-
quelle gabela viendrait de l'arabe cabâla.
* Je ne partage pas cette opinion ; voyez mes remarques sur l'article
ALCABALA. Autrcs excmples: gabilla (val. gabèlla) de kJLa^s , gambux, et
pour le ^: gumia. Chez P. de Alcala le ^ initial est g dans al guezîr
(^-^t ; sous los mas) ; au Maroc le ^ se prononce constamment g (Bom-
bay, p. 3).
Dans l'intérieur des mots le ^ reste: alcahuete, alcaduz^ alquermez,
alquitran ; ou il se change en g: alfondiga, alhelga , albondiga, azogue.
Final il devient en catalan ch : almajanech (en castillan almajaneque),
* Il se change en t, àe même que le t devient c : adiitaque.
*Le w5 (câf) se prononçait parmi les Arabes d'Espagne presque de
la même manière que le quâf; un témoignage formel s'en trouve chez
Maccarî , I, 828, 1. 3 a f. Aussi le nom propre Ciitanda s'écrit-il
sAJ^ et ■}iJjJiS' (voyez Maccarî, II, 759, 1. 17). P. de Alcala ne fait
aucune distinction entre ces deux lettres. Au Maroc elles se confondent
aussi; on y écrit ^dsX^ pour \JàX^, ^^f pour j.jyJ&, ^5^^;^ P^"^ o^r^'
w5^ pour oi> (Dombay, p. 10), et dans un Formulaire de contrats
(man. 172), écrit dans ce pays, je trouve (p. 4): bj-ixc^ ^M^^ bJ^^
I5yc> (au lieu de ^jji=>). Par conséquent:
Le câf est rendu en espagnol exactement de la même manière que le
quâf.
Initial: cafila, cubeba,
Médial: alcandara, alqueqttenge , alqxdle, alqtiicer , mesquino , adargama ,
almariaqn.
* Il se change en ch (comparez ce que j'ai dit sur le hha): chirivia
(à côté de alquitivia) , charabe (=r carabe) y ou en /, de même que le
/ devient c: laba.
16
Avant de rendre compte des changements de cette lettre, il est né-
cessaire de faire une remarque sur la manière dont se prononçaient
autrefois en espagnol les consonnes x (j) et g (ge, gi),
1. Dans la transcription des noms propres que les Espagnols ont
empruntés aux Arabes , ils se sont constamment servis du x ou du j
pour rendre les consonnes arabes chîn et djîm:
HJlS\^^] * ô\^ (Wâd al-hidjâra) Guadalaxara
{JùS 0>t^ [Wâd ich) Guadix
XvvftJ [Lécha) Loxa
jjia_à [Cheréch) Xerez
qLa^- [Djayén) Jaen
jC:^\JCww! [Estidja] Ecija^ etc.
2. P. de Alcala , ayant à exprimer dans récriture espagnole les sons
arabes en question, se sert également de x, j , g et quelquefois de ch.
Pour rendre l'arabe JC>J>- djarha pi. djirâh il écrit jarka^ girâh
» » » à*^\ ^^ût/e^ » » zejel
» » » ^ytX^f^ medjlis pi. medjélis » » mexleç , megeliç
1) » » _Lj tîdj » » tich
B » » j^ mardj pi. morôdj » » marges moroch
» » » cA^'i wahch » » guahx
» » » jJli> djild pi. djoloud » » jeld, julud.
De ces exemples, qu'il serait facile de multiplier, il résulte ^qu'encore
au commencement du XVP siècle (le livre de P. de Alcala a été im-
primé en 1505), le x et le y {g) avaient un son correspondant à celui
du chm et du djîm des Arabes. Je ne suis pas à même de préciser
Tépoque à laquelle cette prononciation , qui s'est perpétuée jusqu'à nos
jours dans les Asturies*, a été remplacée par la prononciation guttu-
1) * M. E. avait écrit icOL et Wâdî; mais il faut suivre dans cette circonstance la
prononciation vulgaire qui était OU (voyez p. e. Maccarî, II, 143, 1. 16) (aujourd'hui
on écrit Oued en Algérie).
2) Voyez la note de M. Malo de Molina, Rodrigo cl Catnpeador, p. xlvi du Discurso
17
raie. Par conséquent je ne puis que recommander aux romanistes l'exa-
men de ce changement assez remarquable.
Maintenant il est clair comment le djim au commencement des mots
est devenu J ou g: jahali, jorfe , jaez , julepe , gelizygengible, Gibraltar.
Dans rinlérieur des mots il est rendu de môme par/, g: aljama,
almojabana y algebra, algibe.
* Le djim initial est rendu par ch dans charel, chibo , choca , chumeas.
*Au milieu des mots le djîm avec la voyelle a devient quelquefois
ga: galanga (de khalandjân) , almagama , mogangas; b. lat. alagara et
tagara,
* «Il arrive souvent,» dit M. Renou (à la fin de l'ouvrage de M. Ca-
rette. Géographie de l'Algérie, p. 291), «que les Arabes prononcent
un djîm pour un z, et réciproquement.» Ainsi les Egyptiens disent
Q5j^ pour ^^j^jj (Humbert, p. 196), et au Maroc ^^l^JL> s'écrit et
se prononce silslân (Hœst, Nachrichten von Marokos , p. 275; comparez
aussi ^^:^'i\ dans ma note sur aljonjoli et Fleischer, de Glossis Habicht.,
p. 49). En esp., et surtout en port., le djîm est aussi rendu quelque-
fois par le z (ç) : a. pg. zarra {z= jarra), pg. zorro {=zjorro)y pg.
zirgelim (= gergelim) , zafiOt zalona.
u^
Le (jii {chîn) initial est rendu par x: xabega, xaqtieca, xaqiiima, xe-
que, etc. Dans l'orthographe moderne ce x est remplacé par le y. Les
mois sorbete et sirop ne font pas exception à la règle que je viens d'in-
diquer. Les Esp. les avaient déjà reçus des Arabes sous les formes
xarabe et xarope, tandis que sorbete et sirop sont probablement entrés
dans l'espagnol par l'intermédiaire du français ou de l'italien.
* Le clun initial est aussi rendu quelquefois par g: git (pg.)» gi^y
(cat.).
Médiat le chtn est de môme rendu par x: almarraxa , axuar , axarafe ,
axedrea, ou par ch: achaque, alcarchofa.
Final: almofrex , almoradux.
preiiminar; [* comparer aussi les remarques de M, Miillcr dans le Bulletin des séances de
l'Académie de Munich, année 1860, p. 247].
18
* Le chtn se change souvent en c {ce, ci), en s {sa, so , su), ou en
z. Les Mauresques écrivaient 5aAi7 = uXPL^ , sam ■= {»Li:, sarxz=^.Xi>,
mkaia = flA^ {Mem, hist, esp., V, 447). En portugais un chérif
s'appelle serifeziz xerife, et dans celte langue le persan ^^/JifS (soldat)
est devenu lascarim. Ce changement est très-fréquent pour le dernier
chîn des noms propres: ^jiij-ii, Xerez, ^jiwA-i^, Moxiz, ^jia^Jl ^L ,
liebalhanes (voyez mes Recherches, II, p. lxxiii et suiv.). De même
dans les mots: almosarife et almozarife (= almoxarife), marcasita
(= marcaxita), acicate , aciche, alesor (voyez sous alaxor), albiicCf al-
freses, asesino, bisnaga, borcegui, secacuL
Le sm tant initial que médial devient z , qui se permute dans Torlho-
graphe avec c (ça, ço, eu, ce, ci): zafari, zaqiiizami, zoca, aziida,
(açiida) , azote {a cote) , azacan (açacan), acelga, acitara, zaga,
'^ Le sin initial devient quelquefois x (de même que le çâd) : xafarron
■=. zaharron, œelma. Comparez xabon de sapo , ximio de simius, etc.
A la fin des mots il se change toujours en z : alarguez , abarraz , al-
caduz , alcariaz, aljaraz.
Le {jD (çâd) est rendu par z (c, ç).
Initial: zafariche, zavalmedina, zabacequia, cifra, cendal. [* Quelque-
fois (comme le stn) x ou ch: chafariz = zafariche, xenabe],
Médial : aceipha , azalato , alcorza.
Final: alcahaz , alficoz , algez,
j
Le ; [zâ] est rendu de même par z (c).
Initial: zarzahan, zarca, zagal, zamboa.
Médial: aceiluna, acerola, aceche, acemila, alcuza, azogue, rezma.
Final: arroz , agenuz, cafiz, alquermez.
Le z permute quelquefois avec le djîm. Ainsi zorâfa est devenu gi-
rafa , zendjcbU, gengible (avec l'article agengible). De même on a fait
de djedwâr, cedoaria ; ['mais les Arabes eux-mêmes écrivent ce mot
19
soil avec le djîm, soit avec le zâ]. Dans l'ancien portugais on trouve
zarra = jarra.
* Comparez mes remarques sur le djtm. Le zâ se change en g de-
vant e et i: algerife, algei^oz et algiroz , ginelCy en j devant «, o et u:
aljarfa, aljaros.
Le (dhâd) [*qui, chez P. de Alcala, est toujours d] est rendu en
esp. par d.
Initial: daifa.
Médial: alidada, aldea, algaida, aldabay alcalde; ["^ t dans atafera ,
fatel].
* Le dhâd final devient aussi t (arriates) , s (alefris) , ou z (hmnez).
Le ^ (ta) initial est rendu par t: (erides, taza, tarima.
Médial de même: afaifor, alicates, atalaya, atuhal, atahonay alcartaz;
ou il se change en d: hadana, hadeha, adobe, axedrea; ou en z: maz-
morra,
*Le J^ {dhâ) initial devient /; toldo.
Médial il devient d: nadir , alhandal, anadel [* comme chez Aie. sous
canlo, gruesso, engrandecer; au Maroc c'est un d dur; Domhay, p. 3;
ou /; albataray^ ou z: ahazmes.
Final il se change en z: hajiz.
Le ô {dzâl) devient d: adive, almuedano; [ou t: atequiperas; ou ss:
assaria\.
Le o {ta) reste toujours L [*Se permute avec le c: carcax].
Initial: iagarninay taibique, larbea, tarifa, toronja,
Médial: atalvina, alanor , alramuz, alanquia.
Final il devient (/ dans tUaud,
20
Au commencement et dans l'intérieur des mots le ô (dâl) reste d:
danique y darsenal, dinero, adarme, adarmaga, [* Devient ^ dans atoiVe].
A la fin des mots il est rendu par d, de on te: almud, alcaide, ace-
mite, alcahuete,
o
Le ej (thâ) se change en t: tagarino, tomin.
Il est devenu z dans le nom zegri qui, ainsi que tagarino, dérive
de Tarabe thagrt. ["^ Aussi dans zirbo],
Médial: mitical, atafarra. [*c (p), z dans: açorda, atacir, azumbre;
chez Aie. alguezir = j*>^î sous los mas\.
Le V {bâ) initial reste 6: bacari, badana, baladi , [* ou devient p;
trois exemples sous le P; pg. patecd\.
Médial: albanega, albayalde. Par l'adoucissement du 6 en v ces mots
s'écrivent aussi alvanega, alvayalde, valadi , etc.
"^Ce V se change en f: alforfiao (= fervion), algerife (= pg. alge-
rive), aljarfa, anafega.
Dans l'intérieur des mots le b se change quelquefois en p: rapita,
julepe, arrope.
A la fin des mots le b se change en w ; almotacen (almohtesib) ,
alacran (alacrab).
Les lettres 6 et m se permutent. P. de Acala traduit violeta par me-
nefsedj au lieu de benefsedj. Suivant Domhay on dit au Maroc lacm au
lieu de lacb; ["* en Algérie le septième mois de l'année musulmane s'ap-
pelle Rdjem au lieu de Redjeb; Martin, Dialogues , p. 204]. De même
en portugais et dans Tanc. espagnol al-bondoca est devenu almondega.
Comparez encore les mots espagnols bandibula du latin mandibula , man-
durria = bandiirria (Sanchez), etc.
* Grâce à cette règle il est possible de donner l'ctymologic des mois :
almear, baraco, jabalon, etc.
21
Le o (/a) est constamment rendu par f. Ce f se permute dans l'or-
thographe espagnole avec h.
Initial: farda y foluz , fulano.
Médiat : alfocigo (alhocigo) , alfondiga {alhondiga) , alfaqueque , cafiz
{cahîz). [* Devient p: alpicoz].
Le 3 (w) initial est rendu par gu: [* guadafiones , guahate, guedre].
Médiat il est également rendu par gu: alguacil; ou hue: alcahuele.
En portugais par v: alvacil; [* en esp.: adarve, alhavara. Par h: alba*
cea, albexi].
A la fin des mots il devient u: alfaxu.
*Les syllabes wa et wou sont rendues par o ou m, comme elles se
prononcent quelquefois dans la langue vulgaire: aloquin, aluquete.
Le j. [mim) tant initial que médiat reste m; médina, mezquino, mo-
zarabe, marlota, almohada , almohaza, almud.
A la fln des mots il se change souvent en n: almocaden, alcotan^
[* parce que les Esp. prononcent le m final comme w] .
o
Le ^^ [noun) au commencement des mots reste :naguela,7iadir,naranj a.
Médiat il reste n: anadel , anoria, anzarotes : ou devient n (pg. nh):
ahazea, ahafil, ahilf albani; ou /; galima, falifa.
A la fin des mots il est rendu par w ; alezan, arraihan, rehen; ou
par /; torongil {torondjdn).
* Dans le dialecte algérien le n et le / se substituent souvent l'un à
l'autre ; M. Cherbonneau en donne des exemples dans le Journ. asiat.
de 1861, II, 361 ; cf. v3-?^J^W chez Dombay, p. 59.
* Le n se change en m dans almojatre; comparez ce que je dirai à
Tart. HAROiv.
* Le n tinal est devenu r dans mudcjar.
La languo, portugaise a horreur du n et évite l'usage de celte lettre
22
de plus d'une manière. Cf. M. Diez, Gramm., I, 236 de la première
édition.
I. Au commencement des mots il est changé en l: laranja au lieu
de naranja.
II. Dans l'intérieur des mots il se syncope. Ainsi a/mowe(/a devient
almoeda, de même que persona est devenu pessoa, sonare, soar,
seminare, semear , etc.
III. A la fin des mots le n se change en un son nasal exprimé
1°. par m: refem, armazem, foam (esp. rehen, alma%en, fulano).
Comparez bem de bene, fim de finis , sem de sifie, etc.
2°. Par un " au-dessus de la voyelle. Açafrao, alacrao, alquitrao
au lieu de azafran, alacran, alquitran. Comparez les mots latins
canis (cao) , panis (pao) , manus (mao) , etc.
ô
Le J initial est constant: limon.
Dans l'intérieur et à la fin des mots il se change en r: acetre (as^
sitl), alcacel ou alcacer , al filer ou alfilel, arcaduz {alcadous), alborbolas
(albiielvolas) , alforvas (alholbà),
*Le changement du / en r était en usage chez les Arabes. Dans
le Mosta'znî on trouve: (j^Liyi &J Jyij iûUiî^ ^J^\Ji),é, et ailleurs: y> ^:f\^
^A^uJb '!Ûlxl\ »ij»'J j^ÂJî Jwx.^1 (la dernière forme chez Alcala sous
grama yerva), Silsila est chez Alcala (sous collar) cêrcele; de même
chez Marmol, Descripcion de Ajfrica, II, fol. 90 6: ^Bib circila, puer ta
de la cadena. »
''Le II devient n: abonon, albanal, albahar ; ou/; abojon; ou rr :
azurracha»
En portugais le / entre deux voyelles se syncope: adail (ad-dalîl),
maquia (maquila) , foam {fulano) , methcaes,
J
Au commencement des mots le r est constant: ribete, rehen, rabel,
rafez, rapita,
Médial et final il se change en l: [* esp, chifla = pg. chifra, esp.
xaloque =: pg. xaroco ; ital. sciroppo, mais aussi sciloppo] , alquile , al-
holi , ahafd, alynazil, anadel.
Observations générales sur les consonnes.
1®. Les lettres / et r sout souvent intercalées dans l'intérieur ou
ajoutées à la fin des mois: a{l)mirante , pg. alcat{r)uz , alquina{l) , alqui-
ce{r) ou alquice{l) j ald{r)ava, [* alha{l)me, alhe{l)me, alice{r)se (= ali-
cecé), alfe{r)cey alfo{r)za , alquiva{l)\.
Dans d'autres cas elles se syncopent au contraire: a(/);'on;*o/t, [*«(/) 6a-
lorio, a{l)guaxaque]. C'est ce qui arrive surtout à la fin des mots po-
lysyllabes: al fange {al-khandjar) , alfarma {al-harmal).
2°. Les combinaisons mr et ml intercalent un b euphonique: al font-
bra, Alhambra, zambra, rambla.
* C'est ce qui avait déjà lieu en arabe; Alcala écrit bien quelquefois
\^j^i mais sous hosco il a ,^^.a*î>; de même ,jJL«î pour ^^Li sous
Usa casa y ^j^^^ pour ^Ua sous lleno , »1^:>- pour xUi sous mercar
en uno, gJLoi pour g.Uî sous mejor,
3°. La combinaison st est adoucie en z (c, ç): mozarabe ou moça-
rabe de mosta'rab, Ecija de Estidja, almaciga de almastaca, alfocigo de
aUfostoCy azaguan de ostowdn,
4°. Devant le i^r (dhâd) on intercale un / euphonique: alcalde de
al'CâdhZf albayalde de aUbayâdh, aldea de ad-dhei'a, aldava (pg. a/cfra-
va) de ad'dhabba, arrabal (au lieu de arrabaldeF) de ar-rabadh [* ar»
rabalde est en effet la forme port.]. Ce l ne s'intercale pas quand le
^Jc est précédé de ai ou de r.- alfaide de alfaidh,[* albaida], alarde de
fl/'ar^M.
* Toutefois le / est intercalé dans le nom propre Albelda = Al-baidhâ
(la blanche; charte dans VEsp, sagr. , XXXIII, 467: «qui locus voca-
lur illorum incredulorum Caldea lingua Albelda^ nosque latino sermone
nuncupamus Alba»). Au reste ce / sert à exprimer le son emphatique
du (jr. On l'intercalait aussi parfois devant le o; aldargama (= adar-
gama), aldebaran^ aldiza , et devant le .b: altabaqxie, balde (?).
5°. Devant le x dans l'intérieur des mots on intercale souvent un w.
Ceci est plus fréquent en portugais qu'en espagnol. De l'arabe ach-cheb
on a fait aussi bien enxebe que axebe. De même ach-charbiya est de-
venu en portugais enxaravia, ach-chaqutca — enxaqueca, ach-chabaca —
enxavegos, ach-chac — enxeco.
24
Comparez ensayo de exagium, ensiemplo de exemplum^ enxambre de
examen, etc. Cf. M. Diez, Gramm., I, 268.
Le latin exitus est devenu en portugais exido, enxido et eyxido (voir
S\ Rosa). A ces formes en ey on peut comparer eyxeco (enxeco) et les
mots valenciens eixortins de ach^chorta [* lisez ach-chortt] , eixovar (esp.
axuar) , aixorca (esp. axorca).
Le ?i est de même intercalé dans alca(n)for , ara{n)cel, [* mo{n)zon,
mo(n)çao].
* 6°. La dernière consonne, qu'on entendait mal, est changée arbi-
trairement. Le nom propre qui, dans une charte de 1159 {Esp, sagr.,
XLIX, 578), est encore écrit correctement Calatajuhy est devenu Cala-
tayud. De al-féntd les Port, ont fait alfenim, les Esp. alfenique. An-
nechîd est devenu en esp. anexir , en port, anexim. De aWacrah on a
fait alacran et alacral ; de ad-dalîl , adalid ; de az-zorôh, algeroz; de
hhalléf, fatèxa, etc.
7°. Il y a quelquefois transposition des consonnes. Dombay (p. 7 a)
nous informe qu'on dit :
oudjâb au lieu de djouwâb (v!>^)
neul » » » leim (^y^)
rendjes » » » nerdjes (j^:>;i)
djedâd » » » dedjâdj {-iz>S), etc.
*aLes Algériens ont interverti, dans bon nombre de mots, Tordre
des lettres radicales» (d'Escayrac de Lauture, Le Désert et le Soudan,
p. 265). l'-iiS^.^^; en vulgaire on prononce seddâdja; les lettrés eux-
mêmes commettent la faute» (Cherbonneau, Voy. d'Ibn-Batouta en Afri-
que, p. 54). Dans les man. cette transposition est fréquente. Chez
Edrîsî (Clim. III, Sect. 5) il est question de bains chauds où se rendent
^^:>j.U^-;î^ ^j^flxjî J^ix. LblJî ^s>\ ; c'est ^jjotiiJ! qu'il faut lire. Par
contre, deux man. d'Ibn-Batouta (IV, 542, 1. 4) portent cXxib au lieu
de uXii«j. Dans le Cartâs (p. 145 , 1. 5 a f.) on trouve ^l^a pour
wâ.>\A2/9 , leçon qu'on ne rencontre que dans un seul man. Ailleurs
(p. 98 de la traduction, n. 10) w^ac pour ^«i. Dans un autre endroit
(p. 105, 1. 9 a f.) Ji>-^1 pour ^^t^^i (cf. p. 127, 1. 15 a f.). Dans le
passage d'Edrîsî , p. 121, 1. 11; c>.a^^^ l-p^U= j^Hc ^..%.l\ c:A.jt y\:i
L^^L^c v-^j^.i>l^ Lfl^^Ls! , le mot .L^c , qui se trouve dans trois man, (le
-7K
quatrième a .Lie) et qui nous a fort embarrassés, M. de Goeje et moi
(cf. le Glossaire, p. 343), est sans doute une faute de Tauteur pour
»l«^, comme le montre ce passage d'Ibn-Khaldoun , Hist, des Berbères y
II, 147, 1. 11: fJ^^\^ \J>S:ii^ U>^L*^ Jjiîjij ^/^^ ^^^ ^^iLiUit ^Lww^
vi>uuJÎ5 oL-uo"^^.. Une faute de la môme nature chez Edrîsî, c'est qu'il
a écrit ^^^^^^^ au l'eu de ^^\y^l\ (voyez le Glossaire sur cet auteur,
p. 331). Chez Maccarî (II, 799, I. 9) tous les man., à Texception
d'un seul , et l'édition de Boulac ont j\J^\ pour j\yj\. Chez P. de Alcala
le verbe J^jÔ (se flétrir) est constamment J Js.j {enmarchitarse , etc.).
Quelques-unes de ces transpositions, p. e. »j»Lc (esp. algarrada) pour
o^ûj, se trouvent même dans la langue classique.
On peut observer la même chose dans les mots espagnols:
adelfa pour adefla
adargama » adarmaga
albahaca
» alhabaca
aliacran
» aliarcan
arrelde
» arredle .
* alboheza
» alhobeza
* albohol
» alhobol
* arrafiz
» arrazif
* azulaque
» aluzaque
* guedre
)) g lier de
* hamarillo
» haramillo
* hamez
» mahez.
IL
Voyelles.
Le fatha est chez P. de Alcala a ou e; de même en espagnol: bada-
na, alhandal y almcdina, almenara, almexia. [* Rarement o: albornia,
hoque ; cl'. Dombay, p. 1 b],
* Le ma préfixe qui sert à former les noms de lieu devient mo ou
mu : almohalla. Voyez sur ce changement , qui est très-ancien chez les
Arabes d'Espagne, mes remarques à l'art, almuzara.
Le a long est presque toujours, chez P. de Alcala, t, et quelquefois
*'. Il ôrril :
4
26
hlb
au
lieu de bâb
lictn
»
»
» liçâti
hilîd
»
»
» bilâd
qidgWîd
»
»
» caiiwâd
xebbiba
»
»
» chebbâba
hagim
»
»
X haddjâm
ricela pi.
raceil
»
»
» ri cala pi. raçâil
zeyet
»
»
» zaiyât.
Dans d'autres cas le a conserve sa prononciation primitive: dâr ,
khaiydl , etc. Jusqu'ici je n'ai pas encore réussi à ramener à des rè-
gles fixes les cas dans lesquels il faut suivre l'une ou l'autre pronon-
ciation.
* M. Millier (dans le Bulletin des séances de l'Acad. de Munich, 1860,
p. 248, 24^) avoue aussi qu'il n'a pas trouvé ces règles; il pense bien
que les lettres emphatiques sont peu favorables à ce qu'on appelle
Vimâla, mais en ajoutant que même cette loi négative souffre des excep-
tions. Au reste Ibn-al-Khatîb a signalé cette particularité dans le dialecte
des Grenadins; sîiU'^t /^^^ v-JI«j> dit-il (man. de M. de Gayangos , fol.
a
14 r"). Le changement du a en î se retrouve dans l'arabe corrompu de
Malte, et même, quoique rarement, dans le dialecte du Maroc; Jack-
son [Account of Timbucîoo, p. 141) écrit makine z=: ^l^ Lq ; Dombay
(p. 10/) donne v*^ > ^t^^^» pour v^ > <J\£i=>.
En espagnol le a long [* reste a: acitara, etc., ou] devient e: alca-
huete, almirez , alhacena, alhamel, axabeba ; en portugais c ou ei: al-
mofreixe, almoqueire ; ["^ ou i: aciche, adoquin, al fil , aljabibe, aljofifa,
atifle; ou o; xarope = xarabe; comparez mes remarques sur faluca ;
alfeloa'].
Le i bref est, chez P. de Alcala et dans l'espagnol, i ou calhelga,
ncelga [cf. Dombay, p. 8 d],
11 se change souvent en o (ou). Au Maroc on dit (Domb., p. 8 e):
mouchmâch au lieu de michmâch
mousni » » » misni
noudjs » » » nidjs.
P. de Alcala écrit muçmar au lieu de mivmar, — Ceci nous explique
comment les Espagnols ont altéré:
27
abnikhadda en almohada
almihaça » almohaza
* Le mi prclixe qui sert à former les noms d*instrumenl ou de vase,
devient presque toujours ma chez P. de Alcala et dans l'espagnol: al-
madana y almalafa, almarada ^ almarraxa, almarrega ^ almariaga, etc.;
aussi mo: almofrez^ almohaza, etc.
Le i long est souvent rendu , chez P. de Alcala , par é. Il écrit :
çaguer au lieu de cagîr ^Juo
çafeha » » » çafîha
En espagnol il reste i: acemile, adalid, alamin , alarife, etc.
* Ou bien il devient è , ce qui est beaucoup plus fréquent. Le nom
propre Abou-'r-Rabî* est Aborrabé dans un traité de paix de 1309 {apud
Capmany, Memorias sobre la marina de Barcelona, IV, 42). De même
dans alaqueca, alcablea, alcacel, alcalea, axaqueca, etc.
*La terminaison î des adjectifs est rendue par e: alarbe, aloque,
irake; en portugais par im: calaim.
Le 0 se change souvent en t [*ce qui suppose la prononciation ou;
dans la poésie arabe i et ou riment ensemble] : algibe [* = alfube et
aljup] , albondiga (al-bondoca) , alfocigo (al-fostoc) , alhondiga (al-fondoc)
[* (de même au Maroc, Dorabay, p. 8/"); ou bien il est rendu par u:
adunia, adufe, alhucema].
Le ou est rendu par u: abenuz , aduar , alamud; ou par o: albacora ,
albogue, adobe, alaxor; [* ou par t; acicale (= açucale) , almizate].
Pour l'euphonie on intercale des voyelles entre deux consonnes con-
sécutives. — Suivant Dombay (p. Si) on dit: semen (semn) , nehcr [nchr) ,
cha*ar (cha*r), P. de Alcala écrit: hajar {hadjr), cejen {sîdjn) ^:^a*,
cufal {cofl), maharuç (jnahrouç) , cuddeç {code) , nakhorot (nakhrol) , necel
{neçl)y tagirida {lagrida), xahar (xahr), etc. [* De même en espagnol:
alcohol , aljafana , etc.]
Au contraire des voyelles brèves sont quelquefois syncopées [* cf.
Fleischer, de Glossis HabichL, p. 25, dern. note]. Suivant Dombay
(p. S h) on dit:
dafr au lieu de ta far {Jà?)
derca » » » deraca
Cf. l'espagnol adarga.
28
III. Diphthongues.
Le J.1 est rendu par au: atauxia ; ou par o: azogue, azote (\)g, açoule),
"^ An Maroc celte diphthongue devient très-souvent ou : ^ï^b ^our ^jé^i ,
Li^> pour <Jj-=>' (Bombay, p. 86) , etc.; de même en es]^.: adula, açular.
Le ^- est rendu par ai: daifa, azofaifa, aljofaina; ou par ei:acei(e,
aceituna; ou par e: aldea, almea, aimez, xeque.
IV. Observations sur la forme des mots.
* 1°. Les substantifs qui se terminent par une consonne sont très-
souvent augmentés d'un e final: xeque, almandarahe et almandaraque ,
almatraque, almajaneque , adutaque, alfaqueque, elche , zafereche , aceche ,
acehuche, azabache, aciche, alarde, alhayalde, alfaide, alfayate, azafa-
te, almarbate, acicate, acemite, alcahuete, alcaide , algaphite, julepe,ar'
rope, alarife, almoxarife, arrecife. Celte remarque s'applique aux let-
tres ^, ^, ^, ^, \J^, ^, J^, o, ù, ô, V et o.
2*. Les substantifs sont quelquefois augmentés de la terminaison du
féminin il a. Ainsi (Bombay, p. W p) hadjr (j.^>) est au Maroc
hadjra, etc. Be même en esp. : [*alhondiga, alhurreca, almanjarra,
almartaga, argolla, azurracha; mais je crois que, dans la plupart des
cas, cet a doit s'expliquer par le génie de la langue espagnole plutôt
que par celui de la langue arabe].
'^ 3°. La terminaison »î ou ol (dt) est quelquefois rendue en esp, par
a ou i: alcana, asequi, azaqui,
^4°. Les mots perdent leur dernière syllabe, surtout quand ils sont
longs: alcouce (= alcoceifa), almaciga, almaja, tegual.
* S^ Un très-grand nombre d'entre eux ont passé dans l'esp, sous la
forme du pluriel: acicate, alcov, algeroz , alhaquin, alizace, foluz, zara^
guelles , etc.
TITRES DES DICTIONNAIRES ET VOCABULAIRES
Qlll Oi^T SERVI A LA COMPOSITION DE CET OLVRAGE.
DICTIONNAIRES ESPAGNOLS.
Biccionario de la lengua Castellana por la Real Academia Espaîïola, Madrid,
1726. 6 vol. in-folio.
Même ouvrage, 6^ édition, 1 vol in-folio, Madrid, 1822. — Cette édition n'a
}ms les exemples, mais elle contient beaucoup d'articles nouveaux.
Nmlez de Taboada, Dictionnaire espagnol-français, 9^ édition. Paris, 1842.
Victor (Hierosme), Tesoro de las très lenguas, Espaîïola, Francesa, yltaliana.
Genève, 1609, Cologne, 1637.
Cobarruvias, ïesoro de la lengua Castellana. Madrid, 1611.
Ros (Carlos), Brève diccionario Valenciano-Castellano. Valencia, 1739.
DICTIONNAIRES PORTUGAIS.
De Moraes Silva (Antonio), Diccionario da lingua Portugueza, S'» ediçao. Lis-
boa, 1844. 2 vol. in-folio.
Vieyra, Dictionary of the Portuguese and English languages. London, 1827.
Santa Rosa. Voyez plus haut, p. 10, n. 2.
DICTIONNAIRES ARABES.
Freytag, Lexicon Arabico-Latinum. Halis Saxonum, 1830. 4 vol. in-quarto.
Lane, Arabic-English Lexicon. London, 1863. Les trois premières livraisons
jusqu'à la lettre •.
Pedro de Alcala, Vocubulista Aravigo en letra Castellana. Uranada, 1505.
50
Bocthor, Dictionnaire français-arabe , revu et augmente par Caussin de l'erce-
val, 3^ édition. Paris, 1864.
Berggren, Guide français-arabe vulgaire. Upsal , 1844.
Dombay, Grammatica linguae Mauro-Arabicae. Vienne, 1800.
Marcel, Vocabulaire français-arabe des dialectes vulgaires africains. Paris, 1837. —
Marcel a incorporé dans son livre le vocabulaire de Dombay, auquel Humbert a
fait aussi plusieurs emprunts. Ni l'un ni l'autre ne l'ont avoué; mais il est in-
utile de les citer quand le terme dont il s'agit se trouve chez l'auteur qu'ils ont
copié.
Hélot , Dictionnaire de poche français-arabe et arabe-français , à l'usage des
militaires, des voyageurs et des négociants en Afrique, 4® tirage. Alger (sans
date).
Roland de Bussy, L'idiome d'Alger. Alger, 1847. — Cet auteur a emprunté
beaucoup de ses articles au dictionnaire dont le titre précède.
Humbert, Guide de la conversation arabe. Paris et Genève, 1838.
Naggiar (Mardochée), Vocabulaire arabe et zenati, man. de Leyde, n°. 1645. —
Naggiar était un juif de Tunis qu'employait le colonel Humbert.
DICTIONNAIRE BERBÈRE.
Dictionnaire français-berbère (dialecte écrit et parlé par les Kabaïles de la
division d'Alger) j ouvrage composé par ordre de M. le ministre de la guerre.
Paris, 1844.
A.
Aaça val, (lance). C'est le mol arabe La^c Çaçâ) qui signifie chez
Freylag baculus el chez P. de Alcala lança , asla.
*J'ai donné des exemples du mot *açâ, avec le sens de lance, dans
mes Recherches, II, Appendice, p. xii, n. 2 de la 2*^^ édit.
Abalorio, pg, avelorios (conlerie, grains de verre), semble être une
alféralion de Tarabe ,^A]i (al-ballôr) , du cristal.
* Abanico a. pg. Voyez albanega,
Abarraz, albarraz, pg, paparaz (staphisaigre, herbe aux poux) de
^\jj\ v^> (hahb ar-ras) qui signifie «delphinium staphisagria » (Ibn-al-
Daitâr, I, 281 *; cf. Boclhor sous staphisaigre [* et Berggren , p. 878,
staphisagria]. On trouve aussi les formes habarraz et fabarraz, qui se
rapprochent plus du mot arabe.
* Abelmosco (ambrelte, petite fleur, Hibiscus Abelmoschus L.) de
ti^>-^!! v--^> {habb el-mosc) , littéralement graine de musc; nous disons
ambrelte, mais la dénomination arabe est bonne aussi, car cette fleur
sent l'ambre et le musc, mêlés ensemble. En espagnol le mot n'est pas
ancien; il semble que ce n'est autre chose que le mot français abel-
mosch, ou mieux abelmosc,
Abenuz (ébénier). Les Espagnols, bien qu'ils eussent déjà ebano, du
latin ebenus, ont emprunté encore abenuz aux Arabes, qui disent jj^^î
(abenous) , mot qui dérive à son lour du grec £(3svoç.
* Abitaque (grosse poutre, «lo mismo que cuarlon, 6 la cuarta parte
de una viga; es voz Aràbiga » Acad.) de?
* Acapelar pg. Selon S'. Rose, Moraes et Sousa , ce verbe signifiail:
boucher avec des pierres et de la chaux y et ils citent ce passage de I)a-
miao de Gocs: «Mandou (npar as Bombardeiras antes que os Mouros
1 ) Je cite la traduction allemande de M. Sontheimer.
viessem, corn pedra, c l)arro^ e acafelar , de maneira, que parccia liulo
parede igual.» Leur explication n'est pas tout-à-fait exacte , parce qu'ils
ne connaissaient pas Torigine du mot. Il est formé de ca/r , ^,âï ou .à^ ,
car ce terme s'écrit de ces deux manières (voyez Ibn-al-Baitâr, II, 309
et 585); et /i', que Freylag n'a pas, se prononce ^, car c'est ainsi
que ce mot est écrit dans les deux man. du Mosfa'tm , celui de Naples
et celui de Leyde, sous [^c>j^^^\ J^. Cafr signifie bitume de Judée,
asphalte, et le verde acafelar veut dire par conséquent: boucher avec de
Vasphalte,
AcEBiBE (des raisins secs) de v^xj^^i (az-zebib) qui désigne la même
chose.
'*' Comparez Ducange sous azebit. En portugais acipipe a reçu un au-
tre sens, mais l'origine du mot est la même.
AcEBUcHE, pg. azambujo (olivier sauvage), de l'arabe iC:>^AJj| (az-
zanboudja) , comme nous l'apprend P. de Alcala. N'ayant jamais ren-
contré ailleurs ce mot arabe qui manque dans les lexiques, j'en donne
ici la transcription telle que je l'ai trouvée dans un glossaire latin-arabe
(man. 251 Seal.) à l'article oleaster.
*Ce mot n'est pas arabe, mais berbère; le Dictionnaire berbère don-
ne, sous olivier sauvage, ô^:>^jji. Toutefois les Arabes d'Espagne l'em-
ployaient , comme le prouve ce passage du Mosta'tnî à l'article ^^y^.j
^Jj [olivier sauvage) : \jJt.^ '•^j-^:^ J^^^J i^J^^^^ ^ vi:^Âj ^>ô;'t j-^
/ ixï. (jiiAjl c>oj »>^ J-^J> «c'est le zanboudj ; il croît dans les bois et
porte de petites olives dont on fait une espèce d'huile blanche et liqui-
de. » Ibn-Labboun (Traité d'agriculture, man. de Grenade) écrit ce mot
de la même manière et l'explique par^^Lj^^it ^^Xj^I. Chez Hélot c'est
aussi r^^^jf chez Humbert (p. 55) -^jj. M. de Colomb (Exploration
des ksours et du Sahara de la province d*Oran, p. 25), qui écrit z-eb-
boudj , donne rhamnus lycioides comme le nom botanique.
AcECHE, aciche, acige (sorte de minéral), de _yt (az-zédj), «vitrio-
lum,» Ibn-al-Baitâr, I, 512.
* AcEDARAQUE (azédarac , arbre) de v:;a>,^j>M (âzéddirakht) ; voyez Ibn-
al-Baitâr, I, 50, Ibn-al-'Auwâm , I, 554. Ce mot est persan d'origine.
AcEiTE (de l'huile) de c^^j^I (az-zeit).
53
AcEiTUNA (olive) lie xj^>jii^ (az-%eilouna).
* AcEiTUNi (espèce d'éloiïe). Voyez setum.
AcELGA , pg. aussi celga (belle, poirëe), de iCa-LA^^Ji (assilca ou as-
selca) , nom d'unilé (voyez Alcala sous açelga) du colleclif as-silc, hela
vulgaris, Ibn-al-Bailâr , II, 41. [* Le mot arabe lui-même vient de c/-*
x^AoV; Théopbrasle dit que la variété blancbe de la Bêla vulgaris s'ap-
pelle sicilienne; voyez Malin, Elym. Unters. , p. 93, 96].
AcEMiLA, pg. azemola, azimela, azemela, azemala (bêle de somme) de
'»Xa\j1\ {az-zémila) , qui a le même sens.
* Dans le dialecte valencien, le plur. adzembles signifie selon Uôs:
1°. compagnies , bandes, troupes, 2°. bagage. Dans le premier sens c'est
l'arabe idUJI (az-zomla), chez Freylag comitiim tiirba, turba, agmen ;
dans le second c'est 'îXa^^IS (az-zémila) , mais dans un sens que Freylag
n'a pas. Selon Burckhardt {Travcls in Ntibia, p. 267) ce mot signifie
aussi: fully or great camel load , et Ibn-Batoula (11,128) l'emploie dans
le sens de bagage.
Quant au porlugais azemel dans le sens de mxdelier («o almocreve
que trata, e guia as azemolas» S^ Rosa), il est facile d'y reconnaîlre
le mol arabe jûjii (az-zemmél) qui manque dans les lexiques: il n'y a
que P. de Alcala qui le donne dans la signification de azemilero.
* M. Defrémery observe que le mot zemmél se trouve chez Ibn-Batou-
ta, II, 115, où il sert à expliquer le mot persan kherbende (8^Âj^i>),
qui signifie muletier. On le rencontre aussi dans deux autres passages
du même voyageur: III, 352 et 353.
S*. Rosa ajoute que azemel s'emploie encore dans le sens de «cam-
po, ou arrayal, cidade volanle, e cujos edificios sao tendas. » C'est
l'arabe iJLoJ» {az-zemela ou az-zamala) qui a aussi passé dans le fran-
çais sous la forme de smala, mot assez connu par l'histoire d'Abd-el-
Kader.
AcEMiTE (fleur de farine) de Js.A4.*Jt (as-semtd) qui signifie fleur de
farine de froment (Bocthor).
AcEfiA, [*cenia, Yanguas, Antig, de Navarra, I, 219], /^y. azena ,
azenia, accnia, asenba , assania (espèce de machine hydraulique), de
l'arabe iLJLJt {as-sâmya ou as-scmya) (|uc P. de Alcala Iraduil par «cewA.
* En espagnol et en porlugais la significalion ordinaire de ce mol est
34
moulin à eau. En arabe il en a un grand nombre; on les trouvera in-
diquées dans le Glossaire sur Edrîsî, p. 520 et suiv.
AcEPHA, aceipba, azeipha. A en croire Marina, ce mot signifie dans
l'ancien castillan armée, ce qui est à peu près exact. C'est Tarabe XâSlAo^î
(aç'çâifa ou aç-céifa) , qui signifie proprement expédition pendant Vêlé,
et de là Varmée qui fait une telle expédition. Voyez Ibn-Adhârî, II,
p. 57, 65, et Dozy, Recherches; I, p. 168, 174 de la seconde édition. —
En portugais on trouve aceifa [* et ceifa] , le temps de la récolte. C'est
l'arabe îCaAxail (aç-ceifa), «Télé.» De aceifa [* lisez m/o] dérive le verbe
ceifar (moissonner).
* Pedro de Alcala traduit cosecha et misse par çai/a, c'est-à-dire, xâavo,
et on trouve cbez Berggren (sous récolte) que la récolle d'été s'appelle
kIra^ (lisez Kxâjyo). Chez Bocthor ^.j^^ est glaner, '».,sl.x^, glanure,
Lil-u^, glaneur; de même chez Berggren. On voit donc que l'étymolo-
gie proposée par M. E. est certaine. M. Diez (II, 111) a demandé,
dans la seconde comme dans la première édition de son livre, quelle
est l'origine du verbe port, ceifar; il aurait pu trouver la réponse à
cette question dans le livre de M. E.
AcEQUiA, cequia (canal, conduit d'eau), de îCaîUJî {as-sâquiya ou as-
séquiya) qui désigne la même chose.
AcEROLA, azarolla (espèce de fruit) de B;»^.cj!î (az-za'rôra) , «mespilus
azerolus», Ibn-al-Bailâr, I, 532.
*Chez Freytag la première voyelle du mot arabe est o; elle est a
chez P. de Alcala, Berggren, etc.
AcETRE, cetre, ccltre, pg. acelere, [* ca/. setri dans Capmany, Mémo-
rias, II, 412], mot que S\ Bosa explique par «lavatorio porlatil, vaso
de agua as maos.» Il ajoute mal à propos: «vem do Latino acetrum»,
car c'est le mot arabe J..L-a^Jî (as-sell du persan setil), «catinus par-
vus.»
* Le mot acefrum, qui appartient à la basse latinité et que Ducange
a rencontré dans une lettre du pape Innocent III, n'est autre chose,
comme Ducange Ta dit avec raison, que l'esp. acelre. Quant au mot
arabe, il ne vient pas, comme M. Engelmann a trouvé dans Freytag,
du persan Jjc^^ (se(l) (car c'est ainsi que Freytag aurait dû écrire);
mais c'est, de même que ce mol persan, une altération du hiin si tul a.
oo
que les Copies prononçaienl (tit^x; voyez M. Fleisclier, de Glossis lia-
bicht., p. 74, el les noies de M. Sachau sur Djawalîkî, p. 41.
AcHAQUE. La signilicalion de l'arabe ^bC^ciJi {ach-chacâ o\i ach-chaquc) ,
morbus, s'est conservée dans le portuij'ais moderne où achaqiie désigne
«à indisposiçSfo , ou ma disposiçao do lemperamenlo , que actual, ou
babilualmenle vexa, e opprime o corpo humano» S*" Rosa; [* aussi en
espagnol: infirmité, maladie habituelle]. Dans l'anc. portugais el aussi en
espagnol achaque se dit dans le sens de accusation , el le verbe achacar
dans celui de «accusar, fazer queixa, ou denuncia contra alguem;» il
en est de même en arabe, car P. de Alcala traduit acusar par chacâ
et Boclhor donne o.UCà (c/iacdwa) dans le sens de accusation. [* Marcel
donne dans le même sens chaquiya (^LjCà) et ce mot se trouve dans le
Fuero de Calatayud de 1131 {apud Muûoz, Fueros, I, 461): «El non
sil ibi altéra acbachia (var. achaquia) , neque referla in jura»]. —
Quant à la signiGcation de excuse, prétexte, occasion, je ne l'ai pas re-
trouvée en arabe. Peut-être le mot en question a-t-il signifié d'abord
excuse à cause d*une indisposition , et de là excuse en général , cause ,
prétexte. On pourrait y comparer l'arabe iOLc Cilla) qui s'emploie éga-
lement dans toutes ces significations. [* D'après le Dict. de l'Acad. , le
mot achaque ne s'emploie de celle manière que par mélapliore].
AciAL, aciar, pg. aziar (morailles, instrument de maréchal, avec le-
quel on pince le nez d'un cheval difficile) , de .Lj Jî (az-ziyâr) qui dé-
signe la même chose (cf. Boclhor à l'article morailles).
AciBAR, pg. azevre, azevar, azebre, de môme que l'arabe ^U>ciil (aç-
cibâr), signifie ralocs (cf. Alcala).
*M. Millier donne les formes azdbara, zabila, zàbida, peut-être aus-
si, ajoule-t-il en citant Clemencin, Don Quijote, I, 84, espar, qu'il
dérive de y^jo (çabir) , «mot qui ne signifie pas myrrhe, comme dit
Freytag, mais aloès; cf. Description de l* Egypte, 1, 224: ,^^Lia^ ^aas ,
aloe perfoliata,y> P. de Alcala, sous çavilla yerva del acibar , donne
les mots arabes cabàyra, çabâra et çabîra. Dans le Glossaire sur le
Mançourt par Ibn-al-Hachchi\ (man. 531 (5)) çabbâra se trouve comme
une forme raagribine {ijÇ^S Vj*^^W J^ \jj:>\Xi^; les voyelles sont
dans le man.).
AciCALAR, pf/. a«;dcalar (polir). Bien (luc JJio (rata/a) signiiic en arabe
36
polir, je crois être plus exact en dérivant acicalar du substantif jLft>oii
[aç-cicâl) que Freytag traduit par politura,
* Je crois au contraire que acicalar ne vient ni de çacala , ni de aç-
cicâl, mais d'un verbe qui manque chez Freytag, à savoir JJuo (paî-
cala), qui est formé de JJuo (çaical) (politor gladii). En effet, P. de
Alcala traduit acecalar et espejar luzir algo par çaical, et sous luzio il
donne le participe moçaicaL Cette diphthongue ai est devenue t, car
dans le Dictionnaire berbère polir est JJïam* {sîkel) , ou même t, car
chez Roland de Bussy polir est J.»^, qu'il prononce siqqoL
AcicATE (éperon). Je ne saurais admettre les étymologies arabes
qu'ont données de ce mot M. Diez (de sS^^W ach-chauca) et Sousa (de
ach'Chicca). Le changement de ch {\J^) en c serait tout-à-fait contre
les règles, et de plus on ne saurait expliquer la dernière syllabe te.
En outre je ne connais pas en arabe un substantif »^^\ {ach-chicca)
dans le sens à'éperon: il n'y a que le verbe t£^ (chacca) qui signifie
percer, La véritable élymologie est donc encore à trouver. — Les Bas-
ques ont aussi cicatea dans la signification d'éperon. Il me faut laisser
à d'autres le soin d'examiner si le mot appartient à cette langue.
* Une élymologie tirée du basque a été donnée par M. Mahn, dans
une livraison de ses Recherches étymologiques (p. 142 — 144) qui a paru
deux ans après la publication du livre de M. E. Comme je ne sais pas
le basque, j'ignore si elle est bonne; j'observe seulement qu'en tout cas
le premier a ne se trouve pas en basque ; mais ce qui me paraît étran-
ge, c'est que ce mot appartiendrait à cette langue, tandis que tout le
monde, sans en excepter M. Mahn, s'accorde à dire que c'est une
espèce d'éperon dont les Maures font usage. Pour prouver sa thèse, ce
savant linguiste aurait peut-être du commencer par démontrer que l'act-
cate est le véritable éperon des habitants des Pyrénées. En second lieu,
les Basques étaient sans contredit des montagnards intrépides, des cou-
reurs excellents — il court comme un Basque, dit le proverbe — mais
ils n'avaient pas la réputation d'être de bons cavaliers, la nature de
leur pays leur permettant à peine de se servir de chevaux, tandis que
les Maures au contraire étaient des cavaliers accomplis et d'une grande
renommée. A priori il est donc plus vraisemblable que le mot acicale
leur appartient, et peut-êhc la dérivation de ach-chauca n'cst-ellc pas
57
tout-à-fait inadmissible. Le cliangcmeul de ch en c ne doil pas nous
arrêter; j*en ai donné plusieurs exemples dans Tlnlroduction (p. 18),
et pour M. E. lui-môme ce n'était pas un mystère (voyez p. e. soïi art.
almoxarifb) ; puis ach-chauca signifie réellement éperon; Bocthor, Hum-
bert (p. 59), Marcel et Hélot le donnent en ce sens, et les deux der-
niers prononcent ach-chouca, au plur. ach-choucât. Or, le portugais a
aussi la forme açncale (voyez Vieyra) * , qui répond fort bien à ach'
choucâty car la terminaison a/e, qui a embarrassé M. E., n'est autre
chose que le plur. arabe, des éperons, une paire d'éperons. Le sens
particulier du mot csp. et pg. vient à Tappui de cette étymologie, car
en arabe chauca signifie proprement épine , et acicale est un éperon à
Textrémilé duquel il y a une pointe, un aiguillon, une épine pour ainsi
dire, au lieu d'une étoile ou molette. C'est un véritable éperon maure,
un «éperon à la genette,» comme dit Victor, c'est-à-dire, un éperon
dont se servaient les Berbères de la tribu de Zenéta, qui étaient au
service des rois de Grenade et qui avaient aussi leur selle particulière,
silla ginela (voyez mon article ginete). Aujourd'hui encore les Maures
ont de tels éperons. Je crois donc devoir me prononcer pour l'origine
arabe du mot, et sa ressemblance à des mots basques me semble pure-
ment accidentelle.
'AcicHB (hachette de carreleur; «lermino de soladores; el instru-
mento à manera de piqueta con corte por ambos lados, que sirve para
cortar los ladrillos,» Acad.) de (jilxi.^ (AacAc^acA, ou hachchîch , à'àprès
la prononciation des Arabes d'Espagne). Freytag n'a pas ce mot , mais
on lit chez Pallme {Beschreibung von Kordofan, p. 137): «On ne con-
naît dans le Kordofan ni charrue, ni herse, ni aucun autre instrument
aratoire; un morceau de fer en forme de faucille et taillé en pointe
aux deux bouts, avec un manche au milieu, remplace tous les instru-
ments nécessaires. On l'appelle haschasch.» Comparez p. 101 , 157 et
187. M. d'Escayrac de Laulure (Le Désert el le Soudan, p. 415, 425)
donne de même hachchach dans le sens de bêche ou pelle y «qui a la
forme d'un petit croissant dont la partie concave olfre un trou dans le-
quel pénètre le manche en bois de l'instrument. » P. de Alcala a aussi
ce mot, mais sous une forme et avec une signification un peu diiïéren-
l) Sur le obaogctncDt de au eu u et de a cii i, voyez l'introd , p. 28 et 27.
38
les, car il traduit paja para leer et punlero para schalar par haxixa.
On voit que c'est toujours un instrument pointu.
AciRATE (passage étroit entre deux terres). Bien que Tarabe ±,\,*o,l\
(aç-cirât) ne signifie chez Freytag que via païens, je crois néanuioins
que le mot espagnol en tire son origine. M. Lane , Modem Egyptians ,
I, 91, atteste que aç-cirât désigne: «un pont au milieu de l'enfer,
plus étroit que le tranchant d'un glaive, sur lequel doivent passer les
âmes. » Il peut donc fort bien se prendre dans le sens de passage très-
étroit. Cependant je dois avouer que jusqu'ici je ne l'ai jamais rencon-
tré chez un auteur arabe dans cette acception particulière,
* Pour que celte étymologie fût admissible , il faudrait précisément
prouver par des passages d'auteurs arabes, que le mot cirât a été em-
ployé en ce sens ; mais j'ose prédire qu'on les cherchera en vain. 11
y a plus: le mot acirate semble une corruption; du moins l'Académie
dit (sous acidates) qu'il est écrit acidales dans le Lihro de la Monteria
d'Alphonse XI. Elle ne cite pas de feuillet, et je ne l'ai pas trouvé
dans ce livre. Je le regrette, car il va sans dire que, pour expliquer
le mot en question , un passage d'un livre du XIV^ siècle serait d'une
grande utilité.
AciTARA, citara (mur extérieur), de »^Lx>^ii (as-silâra) qui ne signifie
chez Freytag que couverture; mais P. de Alcala le traduit par acitara
de ladrillo, Boclhor par parapet, et on le trouve en ce sens chez Ibn-
Adhârî, I, 211, et chez Ibn-Djobair, p. 308. — La signification de cou-
verture est restée dans l'ancien portugais, car S^ Rosa explique le mot
par «tapete, alcatifa, reposleiro, panno de raz, cuberlor bordado, capa,
manto de lela fîna, e preciosa.»
*En arabe le mol sitâra, de la racine satara, couvrir, a un sens
très-large j car il signifie, comme dit Freytag, omnis res qua tegitur.
Dans un sens plus spécial il signifie: 1°. ce que Freytag a exprimé très-
bien par aulaeum, car on sait que ce mot signifie tout ce qui est brodé
superbement et dont on se sert, soit pour couvrir les murs, les bancs,
les lits, etc., soit en guise de rideau. On le rencontre souvent en ce
sens dans les documents latins du moyen âge, et j'ajoute ces exemples
à ceux qu'on peut trouver chez Ducange et chez S% Rosa: « Dono etiam
frontales, pallas, acitaras auro lextas, grecirias (te^ g reciscas) varias,
et serici linéique ornamenli diversa gênera,» document de 812, Esp,
59
sagr., XXXVH , 317; «Octo veslinienla ad conversis. Decem cilharas.
Novem sahanas,» testament de 969, ibid. , XVIII, 332; o liera: cita-
rias de sirico magnas. Item quatuor cortinas de sirico parvas ad for-
Diam coopertorii. Item magnam cortinam de lino,» inventaire des
meubles d'une église, de 1510, ibid,, XLV, 255; «It. ocho cobertores.
II. dos cidaras,» autre inventaire, de 1526, ibid., XLVIII, 226; «De-
dit quoque praefatae Ecclesiae duas citharas , serico et auro textas,
praetiosissimas , » Gesla Roderici. C'est par erreur que Berganza a dit
que le mot en question signifie coussin, et cette faute a été reproduite
dans le Dict. de Nuilez. Dernièrement M. Cavanilles (Mémoire sur le
Fuero de Madrid, dans les Memorias de la Academia , VIII, 15) est
tombé dans une erreur bien plus lourde encore, en disant qu'au moyen
âge les cilaras dans les églises étaient, soit des instruments de musique,
des sistres, soit des vases, des acetres (voyez plus haut ce mot). — En
arabe et en espagnol le mot en question désigne 2°. une housse. Cette
signification manque chez Freytag , mais Ibn-Batouta emploie le mot en
ce sens dans trois passages (III, 228, 257, 595), et chez lui c'est tou-
jours une housse incrustée d'or et de pierres précieuses, comme chez
Gonzalo de Berceo, Vida de Santa Oria, copia 78:
Vedia sobre la siella muy rica acitâra,
Non podria en este mundo cosa ser tan clara;
Dios solo faz tal cosa que sus siervos empara,
Que non podria comprarla toda alfoz de Lara.
Dans mes Recherches (II, Appendice, p. xl de la 2^^ édit.), où j'ai cité
ce passage, j'ai observé que P. de Alcala et Victor connaissent encore
ce sens du mot. — Il signifie 5°. mur extérieur, parapet, un mur faible
qui couvre un homme, comme s'exprime Becrî, c'est-à-dire, de hauteur
d'homme, mais pas davantage, une muraille fort étroite et faible (Vic-
tor), «pared delgada como tabique, que se fabrica de ladrillo y cal;
en algunos lugares de Castilla debajo de este nombre se comprehende
lambien la pared gruessa, que esta no en frenle, sino à les lados de
la casa» (Acad.). Ce sens du mot est en arabe un néologisme, et c'est
pour cette raison qu'on ne le trouve pas dans nos dictionnaires. Aux
passages cités par M. E. , on peut ajouter ceux qu'on trouve dans le
Glossaire sur Edrîsî (p. 514) et ceux-ci: Tidjànî dans le Journ, asiat.
de 1853, I, 140; Ibn-Batoula, I, 151 ; Cartds, p. 276, 1. 9 a f.; Mac-
40
carî, I, 535, 1. 6; II, 161, n. a; «BjILaû (sic), mur de terrasse,»
Roland de Bussy.
" A CORDA pg. (espèce de mets; «comida de migas de pao,azeile, vina-
gre, e alho ; ou adubada com ovos, assucar, e manteiga,» Moraes) de
ë^JJI (ath'thorda) , chez Freytag in friisia fractus panis, cui iuscuhim
carnis infundikir, chez Alcala migas de pan cozido et sopa de pan. Je
profite de cette occasion pour observer qu'il faut restituer ce mot dans
le Carias, p. 130, 1. 6 a f. , où on lit mal à propos «^.j; la bonne le-
çon se trouve chez Ibn-Çâhib-aç-çalât, man. d'Oxford, fol. 22 v% qui
raconte la même histoire.
* AçuLAR pg. (haler, exciter, en parlant de chiens qu'on excite à se
jeter sur quelque autre chien ou sur quelque personne). Ce verbe est
formé du nom d'action çaiil{dj*^)f ou çaula, qui signifie: l'action de se
jeter sur quelqu'un. Açular o cao est donc : exciter le chien à faire la
çaula, c'est-à-dire, à se jeter sur quelqu'un.
Adahala, adehala (présent au delà du prix convenu, pot-de-vin). Sui-
vant Diego de Urrea, ce mot dérive de ^=>ô (dakhala) «que vale sacar
una cosa, o entrar, porque se saca demas, y entra con lo que se com-
pra» et il ajoute que ce terme est usité en Afrique. Ce renseignement
semble être exact. Ayant trouvé chez Bocthor i3>i>cX.^ {madkhouT) , qui
est de la même racine {dakhala) ^ dans le sens à' émolument , je serais
porté à croire qu'il a existé un substantif ad-dakhla avec la même si-
gnification que l'espagnol adahala.
* Celte étymologie, vraie au fond, n'est pas cependant tout-à-fait
exacte, car l'accent dans le mot espagnol {adahala) montre que le mot
arabe doit être ad'dakhâla (iC]Li>tXJi). Il est vrai que Freytag n'a pas
celle forme, mais on la trouve deux fois chez Maccarî (I, 572, 1. 3 a
f., et 584, 3 a f.), où cependant elle a un autre sens que l'esp. cfc^a^a/a.
Adalid, pg. adail, val. adalil , de J^J^X^il {ad-dalîl) , dérivé du verbe
dalla, montrer le chemin. Ainsi s'appelaient les guides et chefs de la
cavalerie légère qui courait le pays ennemi. Voyez Mendoza, Guerra
de Granada, p. 41.
"^ La forme correcte adalil, qui s'est conservée dans le dialecte valen-
cien et dans le portugais (adail pour adalil), se trouve aussi dans une
charte de 1255, publiée dans le Memor. hist. esp., I, 15 (mais dans
l'édition qu'en avait donnée Espinosa {Hist. de Sevilla, IF , fol. 17 ^), on
41
lit adalid) et dans les Opùsculos légales d'Alphonse X (I, 122, 125).
*Adaraja, adraja (harpe, pierre d*allenle qui sort d'un mur) de
X>,v>Jî (ad'daradja) , degré, marche. Miiller. — M. Lafuenle y Alcânla-
ra, qui dérive ce terme du même mot arabe, m'en a fourni cette ex-
plication tirée de la Carpinteria de lo hlanco: «Los dientes ô puntas al-
lernativamente salientes y entrantes que forman el adorno principal de
k)s racimos. (Racimo es la pina ô adorno en forma de cono invertido,
que pende de la clave de algunos techos gôticos, ô armaduras de ma-
dera).»
Adareme, adarme, de l'arabe (>^y>^^ (ad^dirhem), espèce de poids et
de monnaie. Le mot dirhem lui-même n'est qu'une altération du grec
Adarga, darga (bouclier). Je ne m'occuperai pas ici de l'origine de
iarga, fr. iarge, mais je crois que adarga vient directement de l'arabe
jCâj^J! (ad'daraca). J'ai déjà remarqué qu'on le prononçait ad-darca
(voyez l'Introd., p. 27 à la fin) [* aussi chez Naggiar] , et en outre on
peut comparer le changement de daraca en darga à celui de auctoricare
en otorgar, où il y a la même élision d'une voyelle brève et la même
altéralion de c en g. — Du reste ce mot était très-usité en Espagne:
non-seulement P. de Alcala traduit escudo par daraca et darca , mais il
donne encore darraca (adargar) , modarrac (adaragado, broquelado, escu-
dado), et darrâc (escudero que haze escudos).
* En espagnol on disait aussi adaraga; Nunez donne cette forme et
elle se trouve dans les Corles de Léon y de Castilla , II, 84, 99, ainsi
que chez Alcala sous adaragadante (cf. plus loin l'article anta).
Adargama, aldargama (espèce de pain) de iCXx.Jc-M (ad-darmaca) qui
signifie pan hlanco (Aie).
* Le mot espagnol désigne aussi du froment ou de la farine de première
qualité. L'Académie l'explique ainsi: «Es uqa suerte de harina de tri-
go, que corresponde à lo que llamamos oy harina de flor, de que ha-
cîan el pan mas delicado. » En arabe darmac a le même sens; voyez
Alcala sous trigo candial; Becrî, p. 48, I. 14; Ibn-Batouta, III, 382;
al-Cabbâb (man. 138(2), fol 79 v»): ^lùS st^jOJ^\ vJu5^, «l'excellente
farine du darmac. »
Adarve («el espacio ô camino que bai en lo alto de la mu ralla , sobre
6
42
cl fjiial se levantan los alnieiias» Acad.). En arabe ad-darb se dit dans
le sens de chemin, passage clroil , mais je dois avouer que je ne l'ai
jamais rencontré dans une acception analogue à celle de l'espagnol ac/arue.
^31. Millier dérive ce mot de «.j^xi! [adz-dzirwe ou adz-dzorwe), cré-
neau, qui convient quant à la forme, car le dzâl devient d en espa-
gnol, et le changement dans la première voyelle (qui, comme on voit,
n'est pas conslanle, même en arabe) n'est pas d'une grande importance.
Le sens me semble convenir aussi, car à mon avis le mot adarves (on
l'employait de préférence au plur.) signifiait d'abord en esp. créneaux ; puis ,
en prenant la partie pour le tout, muraille crénelée. Dans le Fuero de
Molina, publié par Llorente (Noiicias de las très provincias Vascongadas,
IV, 119), on lit: <^ Qui casa poblada ioviere. Do vos en fuero al concejo
de Molina, que vecino que en Molina toviere casa poblada de dentro de
adarves, sea siempre excusado de pechar, e nunca pèche sino es en
la labor de los muros. » Ici adarves signifie évidemment la muraille
d'enceinte. Victor aussi ne donne rien autre chose que ceci: ^^ adarves,
les murs d'une ville.» Dans le Fuero de Madrid de 1202, publié dans
les Memorias de la Acadcmia, t. VIII, on trouve trois fois (p. 40 a, cf.
p. 46/^) «la obra del adarve,» ce qui équivaut à l'expression a la labor
de los muros» dans le Fuero de Molina. Dans une ordonnance de 1351 ,
où il est question de la division de l'argent provenant d'une amende,
on lit de môme {Cortes de Lcon y de Caslilla, II, 89): «et la olra ter-
cia parle para los adarves de los lugares do acaescier. » Dans un pas-
sage du Poema de Alexandro , où il est question du siège d'une ville,
on lit (copia 204):
Que ya querian los de fuera al adarve entrar ;
Mas bien gelo sabien los de dentro vedar.
Aujourd'hui encore on parle des adarves à Grenade; ce sont des for-
tifications conslruiles, dit-on, par le marquis de Mondejar (voyez Gi-
menez-Serrano, Manual del viagero en Granada , p. 140); <^\es Adarves,
qui font partie de l'Alliambra ,» dit M. Davillier (Hist. des faïences his^
pano-moresques à reftets métalliques, p. 15), «sont situés près de l'en-
ceinte fortifiée de ce palais.» C'est par calachrèse qu'on a donné aussi
le nom à'adarvc à l'espace qui règne dans le haut de la muraille cré-
nelée; un écrivain du XV'' siècle, l'auteur anonyme de. la Vie de Don
Miguel Lucas, donne à ce chemin le nom de «el andamio del adarve»
43
(dans le }femor. hût. esp., VIII, 545), ce qui est une expression plus
exacte. Cependant les Arabes eux-niômes semblent avoir employé s.^i
en ce sens, car on lit dans un passage d'Ibn-al-Khatîb, cité par Mac-
carî (Seconde l*artie, III, 4î>, 1. 12 édil. de Boulac) et où il est ques-
tion de Tescalade d'une forteresse : ô^.%JL1 «^-jjî;^ ^^yXJî xji Î^Â-i^Ljl^
^.^C\ ^c «u sL>ô'J' iCx^j (lisez v^ajo) , « ils prirent un échafaud au moyen
duquel on pouvait atteindre Vadarve et qui se trouvait là à cause d'une
bâtisse qui n'était pas encore achevée.»
"Adefina, adafina, dafina (ragoût autrefois en usage parmi les juifs
d'Espagne). Aux deux exemples donnés par l'Académie, j'ajoute ces
deux autres; l'Archiprôtre de Hila, copia 755:
Algunos en sus casas pasan con dos sardinas ,
En agenas posadas demandan golierias,
Desechan el carnero, piden las adefinas,
Desian que non combrian tosino sin gallinas;
Cancionero de Baena (p. 457, et non pas p. 447, comme on trouve dans
le glossaire);
Senor, non manjedes manjar d'adefyna ,
El quai gostaiedes con grand amargueça.
Ce mets est encore en usage parmi les juifs d'Afrique; M. Prax en parle
(dans la Revue de l'Orient el de l'Algérie y VIII, 279); il écrit defina cl
il dit que c'est un potage aux herbes. Le mot, toutefois, n'appartient
pas, je pense, à la langue des juifs, mais à celle, des Arabes. Casiri
{apud Marina) attesie que les Orientaux font encore usage de ce mets
et qu'ils l'appellent ad-dafîna et al-med/'ouna ; il ajoute qu'il est composé
de viande, de choux et d'épiceries, et que le mot dérive du verbe ^-v^
[dafana) , cacher y ensevelir. Ces renseignements ne sont nullement las-
tasques, comme prétend Marina (« yo sospecho ser todoestocaprichoso»);
au contraire, ils sont confirmés par le témoignage de lierggren qui al-
lestc (p. 264, n°. 69) que ioj.sJs^, medfouné^ signifie aujourd'hui (en
Syrie probablement) choux au riz.
Dans le (\nuionnri) de Uaena (p. 445), où l'on trouve ces deux vers:
Johan Garcia, mi adefyna
Vos dire yo inucho cedo.
Jean Garcia, je vous dirai très-promplement mon at/d/iMa,» ce mol ne
44
peut pas signifier une espèce de mets, comme Pont cru les auteurs du
glossaire. C'est bien le même mot arabe, mais avec son acception or-
dinaire: res quae absconditicr. Le sens est donc: «je vous dirai Irès-
promptement ma pensée secrète.»
*Adazal (pas, dans les dict.). Décrivant la pêche du thon, Escolano
{Hist. de Valencia, I, 730) dit qu'on emploie deux espèces de filets,
dont l'un, qui est fait de sparte, s'appelle adaçal. C'est l'arabe l^Ai!
{ad'disâr) t qui, dans l'arabe classique, signifie une corde faite des fibres
du palmier , et que l'on peut fort bien appliquer à un filet fait de sparte.
Adela z^^'. (fripière, «que vende fato nas feiras, e pelas ruas») de
iJ^AJi (ad'dellâla) qui est le féminin de déliai, courtier. Le mot arabe
dérive du verbe dalla, qui, à la seconde forme, signifie vendre à l'en-
chère, «almonedear» (Aie).
Adelfa (laurier-rose) de ^JLioJî (ad-diflâ) , rhododendron (Bocthor) ,
nerium oleander (Ibn-al-Bailâr, I, 420. [* Le mot arabe lui-même est
une altération de lx(pv^].
* Ademe (étançon , étai , pièce de bois avec laquelle on soutient les
travaux intérieurs d'une minière) de iU^iAJl (ad-di'me) ou iC^UjJÎ {ad-
di*éme) y columna , trabes supra quas exstruilur lectum, Mliller.
* Aderra (corde de jonc dont on entoure le marc de raisin sous le
pressoir). M. Mûller dérive ce mot, qui est en usage en Aragon, de
'éj\X}\ (ad-dirra) , comme l'avait déjà fait Marina; mais cette opinion me
paraît inadmissible. En elfet, le mot dirra a un tout autre sens; c'est
un nerf de bœuf ou une espèce de cravache faite de cordes tordues en-
semble, dont on se sert pour donner des coups; celle du calife Omar I",
qui n'y allait pas de main morte quand il était en colère, était fort
redoutée dans le temps et elle est restée célèbre. En Aragon au con-
traire, Vaderra ne sert pas à frapper, mais à entourer, et cette cir-
constance explique l'origine du mot. 11 vient de la racine ^b {dâra) ,
entourer, et c'est 5yî Js.il (ad-déira) , chez Freytag une chose qui en en-
toure une autre; chez Ibn-Balouta (ïll, 223) c'est sangle, en parlant
d'une selle, et Vaderra aragonaise est aussi une sangle.
* Adiafa (les présents et les rafraîchissements que l'on donne aux na-
vires qui arrivent dans un port), pg. diafa (ce qu'on donne aux ouvriers
au delà de leur salaire, lorsque le travail est terminé) de iCsLAiaiî {adh-
dhiâfa), don d'hospitalité, festin (voyez Quatremère, llisl. des suit, maml.,
45
I, 1, 76; mes Loci de Ahhad., II, 192, n. 23 , et le Glossaire sur
Edrîsî, p. 338). Il est étrange que Marina et M. E. aient oublié ce
mot; M. Mliller y a pensé.
Adivas (maladie des bétes , squinancie) de iL*=uÂil (af/-(/ai6Aa), «dolor
in gutture » . . ? P. de Alcala traduit esquinancia par dobôh (^^) , qui
vient de la même racine.
* Quoiqu'elle ait une apparence spécieuse, rétymologie donnée par
M. E. n'est pas la véritable, et je propose de changer cet article de
cette manière:
* Adivas , abivas (Victor) , adinas (Nuilez) , /r. avives (maladie des
chevaux, semblable à Tesquinancie ou angine chez les hommes, et qui
provient de l'enflure des glandes à la gorge) de iCxjJvJt {ad-dziha, ad-
diha) , chez Freylag: « morbi species, qua afïici solet guttur iumenti. »
Dans un Traité d' hippialrique (man. 299(3) , fol. 100 V». — 102 v^) on
trouve des détails sur celte maladie, qui y est appelée xlâlÂ^I^ i^ÂjJJî,
et sur la manière de la guérir. Ibn-al-'Auwâra (II, 603, cf. 593) en
parle aussi.
Adive, adiva, pg. adibe (espèce d'animal) de »-oÂJi (ad-dzib). Il
semble être inexact de traduire ce mol arabe par loup; Maccarî (1,122)
atteste qu'il y a en Espagne une espèce de bête fauve appelée lob (lobo)
et il ajoute que cet animal est un peu plus grand que le dzib.
* M. Muller a sur cet article une note qu'il vaudra mieux passer sous
silence. M. Defrémery observe que le mot dzib signifle en Algérie cha-
cal y mais chez les poètes et les naturalistes loup. Cette remarque est
fondée; une foule de voyageurs attestent qu'en Afrique le dzib est le
chacal (quelques-uns d'entre eux nomment mal à propos le renard); voyez,
p. e., les relations de Marmol (I, 26 6), de Shaw (I, 262 trad. hol-
land.), de Hœst (p. 294), de Bruce (V, 84, 110), de Poiret (I, 235),
de Jackson (p. 26, et Account of Timbuctoo, p. 299), de Daumas {Sa-
hara, p. 179), de Pflijgl (dans les Wiener Jahrb,, t. LXIX, Anz. Bl. ,
p. 29), de Tristrara (p. 385), d'Orrasby (p. 291), Revue de VOrienl et
de VAlg.y XIII, 90. En espagnol et en portugais adive ou adibe a tou-
jours indiqué le môme animal, jamais le loup, et bien que P. de Al-
cala traduise lobo par dib, je crois néanmoins que le peuple arabe en
46
Espagne entendait sous ce mot le chacal, comme ses frères d'AlVique.
Quant au loup, le peuple lui laissait son nom espagnol lobo , qui en
arabe avait acquis droit de cité , comme le prouvent ces deux passages
du Mosta'tm : v-^Uî ^^3> yS> w^jAii ,j.j^ et v.^Jlii B.t^/o ^^'P ^\l\ » L-o.
Adobe (brique crue) de v-jj,LiJi {al-lôh) , brique.
* ÂDooum. Ce mot est expliqué de cette manière par Nunez : « Morce :
pierre pour les pavés et pour quelques autres usages, taillée d'une ma-
nière particulière. — Adoquines Canivaux: gros pavés qui traversent le
milieu d'une rue pour le passage des voitures. — Contre-jumelle: pavés des
ruisseaux. — Parements: gros quartiers de pierre qui bordent un chemin
pavé.» C'est donc en général un gros quartier de pierre, et je crois que c'est
le mot arabe ^^Is'lXjI, ad-dokkân , ad-dokkîn selon la prononciation des
Arabes d'Espagne. Dokhân, ainsi que dakka , autre mot de la même
racine, signifle un banc en pierre ou en bois {dakkah , «bench of stone
and wood,» Burton , PUgrimage, l, 303), particulièrement un banc en
pierre («stone bench,» Burton, II, 31), tel qu'on en trouvait dans les
portes des villes et aux portes des maisons ou des mosquées. Ainsi on
lit chez Bicâ'î (dans Kosegarten, Chrest, Arab., p. 143): b^^^ao c^^-jI^-s
\{ij<,yS .sùl\ L^^^lsi jj^Jl^o L/o ^l\-«-j ^î^j.j ^:^2 ^Iav^JI/o '».4.j^hs^f «je vis une
pierre grande et lisse, dont le côté supérieur présentait un carré assez
grand pour qu'une personne put s'y asseoir, de sorte que cette pierre
était comme une dakka.» Dans les Fables de Bidpai (p. 281): ^jJ>=>-
KÂjAji ujLj ^h ss'^ù ^Jss^i «il s'assit sur une dakka dans la porte de
la ville. » Chez Becrî (p. 118): .Ij^il ^Lj X^ ^\,^ù ^i L^Jl^è, «ils
s'assirent sur un dokkân à côté de la porte de l'hôtel» (M. de Slane
a traduit mal à propos boutique). Chez Ibn-Batouta (II, 351): «Je pas-
sai un jour près de la porte de la mosquée de Sinope; il y a en cet
endroit des dokkân où les habitants s'asseyent» (»Axaj ^^^^^^ \:5^l.^j5
L^dc (j^'oJi). Il est possible que les tailleurs de pierres aient donné le
nom de dokkân à des quartiers de pierre qui ressemblaient à des bancs
en pierre, bien qu'ils fussent destinés à un autre usage, et il y a dans
Ibn-Batouta un passage qui me confirme dans cette supposition. En par-
lant d'une colonne près d'Alexandrie, il s'exprime en ces termes (1,30):
jU/fll xxijA a^l:5\^ c\ct^5 As. j^aSÎ uX-i» ^i:^^sÂiî x^îC:S\/iî BA>t^ iCxbî ^P*,
ii^.
47
K^-Jà*]! ^i^i^Js.]! , «elle est d'une seule pièce, arlislenienl laillée, et on
Ta dressée sur des assises en pierres carrées qui ressemblent à de
grands dokhàn.»
* Ador (temps limité pour arroser, dans les endroits où Teau d'arro-
sage appartient au commun) de j^O^\ {ad-daiir) , periodus , le retour pé-
riodique de Tarrosage. Comparez l'article adula.
Aduana, t7. dogana, prov» doana", /r. douane (bureau où Ton paye les
droits imposés sur l'entrée et la sortie des marcbandises) de l'arabe
^^^^jJ! (ad'dhvân) qui est lui-même d'origine persane. 11 signifie
d'abord registre ^ et de là: l'endroit où les employés qui tiennent les
registres (c'est-à-dire , les administrateurs des finances) se réunissent ,
bureau. Ensuite il se prend dans l'acception de chancellerie , conseil
d*élat, salle d^ audience, etc. Comparez pour toutes ces significations les
Prolcgomcnes d'Ibn-Kbaldoun (II, 16). Quant à la signification de hu-
reau de douane, qui manque chez Freyl'ag , on la trouve chez Ibn-
Batoula,} I, 112; [MV, 265; Ibn-Djobair, p. 36; Maccarî, I, 728, 1.
21; II, 148, 1. 4 a f.; 511, 1. 14 et 15; Ibn-Khaldoun, Hist. des Ber-
bères, I, 401 , 483, 493, 494, 597, et surtout 637; / diplomi arabi
del H. archivio fiorentino éd. Amari, passim , p. e. p. 103; Documentos
arabicos para a historia porlugueza éd. Sousa, passim, p. e. p. 52; Boc-
Ihor, Marcel et le Dictionnaire berbère sous douane; Humberl, p. 210].
Aduar. En arabe ^^J^ii (ad'douar) ou ^^^Ait {ad-douâr) se dit d'un
campement de Bédouins, dont les lenles sont rangées en cercle avec les
troupeaux au milieu. Un douar consiste ordinairement de cent ou de
cent cinquante liabilalions. Voyez Marmol, Descripcion de Affrica ^ I,
fol. 36 v^ — Le mot arabe lui-même est dérivé du verbe ^^ô (dâra),
circumivil , gyrvm egit.
* M. Engelmann n'aurait pas dû laisser au lecteur le choix entre deux
formes arabes. Le mot est ,LjJl (ad-dauivâr ou ad-douwâr) , au plur.
^3^0. Il manque chez Freytag on ce sens , mais on le trouve déjà chez
un auteur du XII' siècle, à savoir chez Edrîsî , qui dit (Clim. I, Sect.
S): yj^'^ XiL>^ ^iS^5 /**^ t^j^ ^i^^ t^-J^^ 0^.*>-«t « deux villes
qui ressemblent à des villages , et entre lesquelles il y a des hameaux
et des douars de Bédouins, r On le rencontre aussi chez Ibn-Balouta
(II, 69).
48
*Aducar, aldiicar («cierta tela de seda de especie, y suerte no la
mas fina; es de mas cuerpo que el tafetân doble, y liene sobresaliente
cordoncillo. Hablan de ella las Ordenanzas de Sevilla , tilulo Tejedôres
de terciopelo; yâ no se fabrica este género de lela. Pragm, de tassas y
afio 1680, fol. 6: Cada vara de adûcar negro à catorce reaies,» Acad.;
chez Nuilez aussi: la soie extérieure et grossière du cocon, contilles,
strasses, rondelettes). Je crois pouvoir expliquer l'origine de ce mot,
mais en parlant de trois suppositions. Selon la première, il signifie
proprement slrasse; selon la seconde, la forme alducar est la meilleu-
re, et selon la troisième, il y a dans cet alducar une de ces transposi-
tions de lettres qui sont très-fréquentes (cf. Tlntrod., p. 24 et 25), car
à mon avis c'est proprement alcudar ou alcadur, en arabe ^cXaJt. Frey-
tag a al-cadhar, «sordicies, sordes,» et «spurcus, sordidus,» ainsi que
al'Cadhour (^«Âiiil) , «sordidus, immundus.» Je trouve ce mot, quelles
qu'en soient les voyelles, avec le sens de strasse, dans un passage des
Mille et une nuits (I, 311 éd. Habichl). Une dame y dit: Dieu a béni
l'argent dont j'ai hérité; ^^Âait r-r^S j^-j^^ Jj^^ ^^^ > "J^ ^^® '^ ^^^® ^^
je rejette la slrasse.» C'est évidemment une locution proverbiale et
dont le sens est : je suis assez riche pour n'employer que ce qui est
très-fin et je ne veux pas de ce qui est grossier, de même qu'un fileur
opulent rejette la strasse, dont d'autres, qui sont sans fortune, se ser-
vent pour en fabriquer une espèce de soie de basse qualité. Comparez
l'article anafaya, car ce mot signifie de même strasse et espèce d'étoffe
faite de strasse.
* Adufa pg, (contrevents, grands volets de bois qui servent à garan-
tir en dehors une fenêtre, et qui s'ouvrent et se ferment suivant le
besoin; — adufa d'un moulin, la planche qu'on place dans la bouche
du conduit, afin d'empêcher l'eau d'arriver au moulin) de w^il, arf-
douffa y car c'est ainsi qu'on prononçait en Espagne le mot qui chez
Freytag est daffa et qu'il explique d'une manière si peu satisfaisante,
que M. E. a omis le mot adufa, bien qu'il eût été noté par Sousa. Il
est facile de voir que le mot port, désigne proprement une planche, et
telle est aussi la signification propre du mot arabe; Humbert (p. 191),
Bocthor et Berggren le donnent sous planche. Mais comme une planche,
ou plusieurs planches réunies ensemble, sert à différents usages, le
mol arabe (qui chez Bocthor et chez Marcel est aussi quelquefois isijô ,
49
altération de tiJô) signifie en outre : 2°. hallanl d'une porte ; voyez
Bocthor, Berggren et Marcel sous ballant. En décrivant une mosquée,
l'auteur du Carias (p. 59) parle des xLiiJt s-jt^-j! J.c ^yii! ^.♦.^iî * wàîj^Jl
«battants rouges des portes qui sont situées du côté du midi.» Z°. porte,
Alcala traduit puerla de madera par dùf, au pi. diféf; de dos puer ta s cosa est
cbez lui min dnfetèy ; Bombay, p. ^0 , janua ; Humbert, p. 192, petite
porte. On lit dans le Cartâs (p. 39): ûù i^S ^ xibli ^wôUvo «J à-»^^
^^iliil w»lJi ^ Ki^. , «il fît faire trois clés pour la première porte,
et trois autres pour la seconde.» Et plus loin (p. 153) : .^^î t^>-^
jd^, «la pierre lancée par le mangonneau vint tomber au milieu de la
porle d'al-Mahdîya, qui était entièrement de fer, et la fit plier au mi-
lieu. » 4°. porte posée horizontalement sur une ouverture à rez-de-
chaussée, c'est-à-dire, trappe. Ibn-Batouta (I, 264) rapporte qu'au mi-
lieu de la mosquée de Médine il y a 'iXsAA fjo^\ kj=>^ ^^^ iCiU^/o xi^
V^v>y« j^^ «une trappe couvrant le sol et fermant l'ouverture d'un
souterrain pourvu de marches, et qui conduit à la maison d'Abou-Becr,
au dehors de la mosquée.» 5°. contrevent y comme adufa en portugais;
Bocthor sous contrevent et sous volet; Hélot ; Cherbonneau, Dialogues ^
p. 76. On s'aperçoit aisément qu'au fond cette signification est la même
que celle de battant de porte. 6°. gouvernail, un gouvernail étant aussi
une planche; Humbert (p. 128), Hélot; Bocthor et Marcel sous gouver-
nail; Berggren et Bocthor (i5jJî «A.j) sous timon. En parlant d'un
naufrage, Ibn-Batouta dit (IV, 187): xijcJ! j^JLc Jjl ^^-'1 i^>Lo Jji^ ,
«le patron du vaisseau gagna la terre sur le gouvernail,» et dans les
Mille et une nuits (III, 55 édit. Macnaghten) on trouve: «La pierre
tomba sur la poupe du naVire, la brisa, et fit voler le gouvernail
(K-50^J') en vingt morceaux.» — Je dois encore faire observer que la
prononcialion avec la vovelle ou ne semble avoir été usitée que dans la
l) C'est ainsi qu'il faut prononcer d'après Alcala, et non pas v^5Ji, comme l'a fait
l'cditeur, M. Tornberg. Chez les Grenadins le plur. était aussi ol^O* voyez Kitâb
akhbâr at-^açr (dans Mûller, Die letzten Zeiten von Granada) ^ p. 24, 1. 12.
50
péninsule ibérique; d'après les diclionnaires de la langue moderne on pro-
nonce aujourd'hui partout (même au Maroc selon Dombay) de/fa, deffè ou dilfé,
Adufe (espèce de tambour) de uiJ^Ji (ad-doii/f) , que Bocthor traduit
par tambour de basque.
* Adula, dula. Ce mot a deux significations qui au premier abord
semblent tout-à-fait distinctes. En premier lieu c'est, comme disent les
Espagnols, une «voz de regadio,» dont on se servait à Tudèle, et qui
a été expliquée peu exactement par l'Académie et par Nuûez. Selon
Yanguas (Anligûedades de Navarra, I, 7, 8) c'est: «todo aquel tiempo
en que las aguas de ciertos regadios , repartidas à dias entre diferentes
campos à heredades, corrian su curso basta que todos ellos hubiesen
disfrutado, volviendo à comenzarlo de nuevo.» C'est l'arabe KJ^uXil {ad'
daula) , perioduSf le retour périodique de l'arrosage ; comparez plus haut
l'article ador, mot qui a le même sens, et voyez aussi Becrî , p. 48,
1. 4 a f. L'explication de Yanguas m'a été fort utile; si je n'avais eu
que celle que fournit l'Académie et qui sans doute est tout-à-fait fausse
(«locus rigationibus carens»), il m'eût été impossible d'expliquer l'ori-
gine du mot.
En second lieu, il signifie en Aragon et en Navarre: «Iroupeau de
gros bétail appartenant à différents particuliers, que mène paître un
dulero, c.-à-d., un homme payé par la communauté.» Freytag n'a rien
qui puisse faire soupçonner que le mot arabe a ce sens; cependant il
s'emploie encore au Maroc dans la même acception, car Dombay donne
(p. 99): «igrex, iCJ^^, dûla,r> et je me liens persuadé qu'au fond c'est
le même daula , periodus. On menait ^diiire périodiquement le troupeau,
et c'est par abus qu'on a donné le nom de daula ou dula au troupeau
ui-même. En général le mot daula ^ de même que daur, signifie tout
ce qui revient à des temps marqués. Chez Pedro de Alcala, par exem-
ple, c'est leçon que donne un professeur {lecion del que lee; en ce sens
ce mot se trouve chez Maccarî, III, 201, 1. 2 a f. éd. de Boulac),
parce qu'un professeur donne ses leçons dans des temps fixes et réglés.
Adunia (beaucoup, abondamment) de LitX^i [ad-donyà) , /e monrfe, sub-
stantif qui en Espagne était usité comme adverbe, car P. de Alcala
traduit harto por mucho par ad-donya , et mojarse mucho par inlaca^a ad-
donya Ui^ii «axi'. De même dans la demande du confesseur; « Jngas-
51
tes dineros deseando ganar con miiclia cobdicia,» il a rendu les der-
niers mois par tarbah (g^y) ad^donya,
* En Algérie le mot ed-dounia s'emploie encore à peu près de la
même manière, car on lit chez Cherbonneau, Dialogues, p. 71: «Mon-
sieur, vous ne trouverez pas à meilleur compte, ^^^-x-^JLxwo ^ U» ^\
JjCib LojJI ^i !^jd«j, à moins que vous n'employiez de mauvais ou-
vriers qui vous gâteront tout. » Le portugais a aussi adunia comme
adverbe, mais il signifie dans cette langue partout, en tout lieu; «vejo
tormenlos adunia , » est l'exemple que donne Moraes.
*Adur pg. Selon S^ Rosa et Bluleau, cité par Moraes, ce mot si-
gnifie méchanceté, trahison, dans ce passage de la. Vida d' El- Rei D. Joao I
par Fernao Lopes: «Aonde tantas virtudes raoravao adur podia nenhum
cuidar. • C'est peut-être un mot formé de la racine ^o^ {gadara) , pro-
didit, perfide egit, mais en arabe ^^O^ {gadour) signifie perfide, et non
perfidie,
" Adutaquë (fleur de la farine de froment). Ce mot , qu'on trouve
dans les Ordonnances de Séville (Acad.) et qui est sans doute d'origine
arabe, me semble une altération de aducaque, de la racine ^^ (dacca).
Dakik, qui vient de la même racine, signifie farine, et selon la défi-
nition de l'Académie, le mot adutaquë désigne: «la harina de la adar-
gama,» c'est-à-dire, la farine de cette espèce de froment qu'on nomme
adargama, en arabe ad-darmac (voyez plus haut). Or un jurisconsulte de
Fez, al-Cabbab, qui vivait au XIV^ siècle, fait mention (raan, 138(2),
fol. 79 v°) de l'excellent dakik du darmac, v*^^^ ^Ji^jyXl\ r^:>. On
voit donc que dakîk ad-darmac répond à adutaquë. Quant au mot dou^
câc, qui signifie tennis, suhtilis, de même que dakîk quand on rem-
ploie comme un adjectif, il se prend aussi dans le sens de farine, car
selon M. Lane (traduction des Mille et une nuits, II, 377, n. 4), il si-
gnifie farine de lupin.
Agemuz, axenuz (nielle), de j^;^! (ach-chenouz) comme on disait en
Espagne (Aie.) au lieu de ach'chounîz, qu'on trouve chez Freytag.
Celui-ci traduit ce mol par «medicamenti species,» et « nomen herbaî.»
C'est Boclhor qui en donne la véritable signification, celle de mc//c,
herbe aux épiées; dans la traduction d'Ibii-al-Bailar (If, 111) «nigella
saliva. »
52
Agengibre, gengibre, gengible, de J..^*^iyî (az-zetidjehtl) , du gin-
gembre, aamomura zingiber» Ibn-al-Bailâr, 1, 537. Voyez p. 18 de
rinlroduclion.
Aguaxaque (gomme ammoniaque) de sJlà^JI (al-wochchac) , ammonia-
cum.
"^Dans le Libro de la Monteria d'Alphonse XI on trouve (fol. 19a):
«galvano e aluayaque.» 11 faut lire aluaxaque; c'est une forme plus
correcte que aguaxaque,
*Ahorrar, dans le sens à' affranchir , voyez sous horro; mais M. Mill-
ier observe avec raison que ce verbe signifie aussi épargner , économiser ,
et que, pris en ce sens, il vient de ^.s^ (wa/fara). En effet, waffara a
ce sens, bien que Freytag ne le donne pas. Alcala traduit acaudalar '
ahorrar en el gaslo par waffar; voyez aussi Humbert, p. 219 , Hélot, Berggren
sous épargne, Bocthor sous économe, etc., épargne, etc. Dans l'AMftar
madjmou'a (man. de Paris, fol. 111 v°) on lit au sujet de l'émir Abdal-
lah : «c\j ^5 \.A 't^y^^ ti5^/A*.Âiî ^^^Î3 ^yû^\ {»;a3î^ rsù\y^i s^xai ^c j-^^^^
j^i/o &*», «ses capitaines n'étant pas en état de l'aider, il s'appliqua
à la piété et aux exercices de la dévotion, en économisant l'argent pu-
blic qu'il avait entre les mains et qu'il gardait soigneusement dans
l'espoir qu'un jour il pourrait être utile. Puis, comme les impôts ne
se payaient pas par suite de la puissance à laquelle les révoltés étaient
parvenus partout, il épargnait l'argent destiné à payer les soldats des
divisions militaires, et retranchait de leur solde à ceux d'entre eux qui
se trouvaient encore auprès de lui.» De même chez Maccarî, I, 231,
1. 2 a f.; Mille el une nuits, III, 66 , 1. 4 a f. éd. Macnaghten.
Alacena, alhacena (buffet, armoire pratiquée dans l'épaisseur d'un
mur), de '»^\y<\\\ (al-khazéna) , «apotheca, cella.»
*La forme classique est al-khizâna, mais chez P. de Alcala la première
voyelle est aussi a. Aujourd'hui encore ce mot signifie buffet (voyez
Lane) , et on le trouve en ce sens chez Maccarî, II, 516, 1. 14.
Alacir a. pg. (la vendange) de ^-aaûxJÎ {aWacir) que P. de Alcala tra-
duit par otohada.
55
* Il y a donc une singulière erreur dans ces paroles de Marmol {Re-
belion de los Moriscos, fol. 9a): «Los très meses del aûo, que ellos
llaman la Azir, que quiere dezir la priniavera. »
Alacran, pg, alacral, alacrao, lacrSo (scorpion), de Vj**^' (al-'acrab)
qui désigne le même animal.
* Aladroquk mure, (anchois qui n'est pas salé). Dans une liste d'espè-
ces de poissons, Cazwînî (II, 120, 1. 1) nomme aussi o^^ïJt {ar-raC'
roc), mais je ne sais pas si c*est l'anchois, car le mot ne se trouve
pas dans les dictionnaires.
Alafia (beneflcio, salud) de XAîUit (al-âfiya) que P. de Alcala traduit
par salud.
* M. E. aurait mieux fait de ne pas suivre Marina en expliquant ce
mot espagnol. Selon l'Académie, il signifie seulement pardon, miséri^
corde, et il ne s'emploie que dans la locution pedir alafia, demander
pardon, en parlant d'un homme qui se rend à son ennemi. Il faut re-
marquer toutefois que dans cette expression *âfitja n'est pas proprement
pardon, quoique le verbe 'afà signifie pardonner; 'âfiya doit se prendre
dans son sens ordinaire, incolumilas chez Freytag, et pedir alafia est:
demander la conservation de la vie, demander la vie, en parlant d'un
homme qui prie son ennemi de ne pas le tuer.
*Alagara, alfagara, alhagara, alfajara, alfagiara h, ht. On lit dans
une charte (Esp. sagr., XXXVI, p. xliii) : «de belos (i. e. vélos) de
templo alhagara una grecisca, frontales duos.» Dans une autre {ibid.,
p. xxvii) : « alhagaras II de sirice (de soie) , frontales III de altare de
serico. » Dans une troisième {ibid.., p. xxxv): «alfagara I grecisca, et
frontales II.» Dans une quatrième (ibid., p. lxi) : «et cucumam ar-
genteam, et unam alagaram dimisam in viride. » Dans une cinquième
{apud Yepes, Coronica de la Orden de San Benilo, VII, Apend., fol. 10
V»): «alfagiaram unam.» Il faut lire le môme mot au lieu de alara
dans une charte citée par S\ Rosa sous alveici: «et unum morcum,
alara una de alvejci» (cf. plus loin l'article alguexi), et dans une autre
publiée par Sota {Chronica de los principes de Aslurias y Cantabria,
p. 686 6), où le texte porte; «frontales de serico II, albayalem I,» car
albayal n'existe pas, du moins à ma connaissance. Carpentier, dans
son supplément au glossaire de Ducange, n'a cité de ce mol qu'un seul
exemple («tuli inde coronam argcnteam, et duas alfajaras, et
154
iinum calicem de argento»), et il ne l'a pas compris, car il a craque
c'était l'espagnol alhaja (en arabe x^L^^vit) , qui signifie meuble. C'est
un tout autre mot. On a vu, par les citations qui précèdent, qu'il
désignait un rideau de soie ou de brocart dont on se servait dans les
églises; il est donc aisé d'y reconnaître le mot arabe 5,L5\xiî {al-idjâra
ou aWadjârà) y qui signifie réellement rideau, et qui, dans la traduc-
tion arabe de la Bible, sert à indiquer le voile dont Moïse se couvrait
le visage chaque fois qu'il retournait auprès des Israélites après avoir
parlé avec l'Eternel (Exode, cbap. XXXIV à la fin).
*Alahela, alahea , algela /?^. (petit camp), de KJl^t (al-hilla) , «gens
quae aliquo loco subsistit, tentoria. »
Alahilca («colgadura, ô tapiceria para adornar las paredes» (Acad.)?
* Je me tiens persuadé que Marina (qui écrit alailca) a eu raison de
dire que c'est l'arabe '».sàjtl\ (al-Hlca), Ce mot vient de la racine 'alaca,
qui, à la seconde forme, signifie pendre, suspendre; il répond donc
exactement à l'espagnol colgadura (draperie , tapisserie) , qui vient de
colgar, verbe qui signifie également pendre, suspendre. On suspendait
les tapisseries le long des murailles; de là leur nom en espagnol, en
vieux allemand (Umbehanc), en anglais (hangings) , en hollandais (6e-
hangsel) et en arabe , car dans les Mille et une nuits elles sont appelées
quelquefois iCiiUJÎ ^yc^Jt {as-sotour al-mo'allaca , littéralement les rideaux
suspendus) et aussi vJ^JUxii {at-ta'âlic) (I, 804 éd. Macnaghten; il faut
lire de même dans l'édition de Habicht, II, 347, 1. 2, III, 31, 1. 5,
53, 1. 10, au lieu de ^JlxxJî, ce qui est une orthographe défectueuse
= vjixixAJi). Ces mots dérivent de la même racine.
*Alamar (ganse de soie, de fil d'étain, d'argent ou d'or, que l'on
coud sur le bord du vêtement, et qui sert, soit d'ornement, soit de
boutonnière). M. Muller fait venir ce mot de ^xl\{aWalam), qui, selon
lui, signifie tresse, galon. Malheureusement il ne signifie pas cela (M.
Millier semble avoir mal compris Freytag), et même s'il le signifiait, le
changement de al-alam en alamar serait un peu trop fort. Marina avait
pensé à J.4.^iî al-khaml), chez Freytag: «incisae fimbriae strati villo-
si, cui insidetur,» et M. de Gayangos (dans le Memor. hisL esp.,l\,
92) , qui du reste a confondu alamar avec alfamar, mot dont la signi-
fication et l'origine sont tout-à-fait différentes , est de la même opinion.
Al'khaml pourrait, il est vrai, devenir alamar, mais le changement ne
serait pas léger ; en outre la signification ne convient pas (voyez le
Lexique de Lane) , et encore faudrait-il prouver qu'il était usité dans
le langage ordinaire des Arabes d'Espagne, ce dont je doute.
A mon avis, alamar vient d'un mot qui manque dans les dictionnaires
arabes; mais avant d'exposer son origine, il convient d'établir quel est
son sens propre. Victor dit ceci: aalamâres, ce sont plusieurs boucles
entrelacées en forme de cbaîne, cordons entrelacés comme sont les bou-
tons à queue;» puis il a encore un autre mot qui ne se trouve pas
dans les dictionnaires modernes , ou plutôt une autre forme du même
mot, à savoir alamber; aalambér, bord, cordon.» J'en conclus que le
mot signifie proprement cordon. En effet , ce qu'on a appelé plus tard
alamàr se nommait anciennement cuerda, témoin ce passage d'une or-
donnance de l'année 1348 (Corles de Léon y de Caslilla,! ,619): «Otrosy
ningund omme de nuestro sennorio que non traya adobos ningunos en
los pannos, salvo que puedan traer en los niantos texiellas é
cuerdas.» En second lieu, la forme alamber montre que la troisième
radicale est bien décidément un r, et qu'il faut appliquer ici la règle
établie avec raison par M. E.: «La combinaison mr intercale un b eu-
phonique.» Cela posé, j'ose croire que alamàr est o^I^jiJ! (al-'amâra).
D'après Roland de Bussy, ce dernier mot signifie ligne de pêche; c'est,
comme on le voit sans peine , le même sens que cordon. Cherbonneau
(dans le Jotirn, asiat. de 1849» I, 546) le donne dans l'acception de
garniture d'un vêtement, et dans ses Dialogues (p. 225) il traduit ^^*iS>
b'Ufi par a des haïks avec garniture.» Cela ressemble déjà beaucoup à
Valamàr espagnol ; mais il y a dans Marmol un passage qui est décisif.
Dans la description de Fez , ce voyageur du XVP siècle s'exprime en
ces termes {Descripcion de Afjfrica , II, fol. 97 6): «Todos tienen hermo-
sas cuerdas, y sementales labrados de oro, y seda , y aljofar, con bor-
las de diferentes colores que caen sobre los estribos (que llaman i4mara^)
y los cuhren todos.» La construction est ici un peu louche, comme
elle l'est souvent chez Marmol qui n'était pas un grand écrivain ; mais
comme les élriers n'ont jamais porté le nom A'amaras, W est facile de
voir que c'est celui des beaux cordons d'or et de soie, ornés de pierre-
ries et garnis de houppes de différentes couleurs , dont se paraient
les cavaliers et dont ils se couvraient entièrement. Voilà donc les
56
aîamàres dont l'usage a été introduit en Espagne par les Maures.
Une seule question reste à résoudre: celle de savoir comment le mot
'amdra a reçu le sens de cordon y car la racine *amara a des significa-
tions tout-à-fait différentes. Aussi je crois que dans l'origine ce n'est
pas un mot arabe, mais un mot berbère. Dans cette langue corde est
j\ja\ {amràr)', les Arabes en ont fait 'amâra.
Alambique, pg, lambique, fr. alambic (vaisseau pour distiller), de
/^AAi'::Ji (al-anhic) qui dérive à son tour du grec ^;a/3/? ou ocf4,(2i)coç,
Alamin (vérificateur des poids et mesures) de q^a^\ (a/-a wf w), « fiel de
quien confiamos,» et de là «fiel de los pesos, fiel de las medidas del
pan» (Aie).
'^ En espagnol comme en arabe ce mot a encore plusieurs autres ac-
ceptions, mais comme elles proviennent toutes de la signification propre
«fiel de quien confiamos,» je me dispense de les énumérer. Alamina
(amende que payaient, etc.) vient de alamin; voyez TAcadémie.
Alamud (verrou) de ôj,*xl\ (al-'amoud) qui signifie chez Freylag columna.
Cependant il a désigne en Espagne la même chose que son dérivé , car
P. de Alcala traduit cerrojo par 'amoud,
*Le mot 'amoud, qui désigne souvent une masse d'armes (voyez les
exemples rassemblés par M» de Jong dans son Glossaire sur le Latâif
al-ma'ârif de Tha'âlibî, p. xxix et xxx) , signifie proprement une barre
de fer (voyez Bocthor sous barre). Aussi le verrou qui s'appelle ala^
mudy est-il défini de cette manière par Nuilez d'après l'Académie;
«barre de fer carrée pour fermer les portes et les fenêtres.»
* Alaqueca, pg, aussi laqueca, pierre brillante des Indes qui arrête le
flux de sang, comme disent les dictionnaires. C'est XiiJi*jî (aZ-'a^'uzca) ,
cornaline, pierre précieuse qui, selon les Arabes, arrête le flux de sang
(voyez Ibn-al-Baitâr, II, 201).
* Alara (seulement dans l'expression «huevo en alâra,» pellicule au
dedans d'un œuf) de xJbU [galâlà), que Freytag n'a pas en ce sens,
mais qui est donné par Bocthor sous pellicule. Le changement de ga-
lâla en aldra est parfaitement régulier: le gain a été retranché (voyez
rintrod., p. 14) et le second / est devenu r {ibid. , p. 22). L'esp. a
aussi la forme algara ; voyez ma note sur ce mot.
Alarbe, pg. alarve (hombre barbaro , rudo, aspero) , de ^j*^\ (al-'arab),
un Arabe,
57
* Mieux chez Sousa: de ^_^-jj*i^ {aWaraht) , car al'*arab est un collec-
tif, les Arabes. Quant à la terminaison e =: e, voyez Tlnlrod., p. 27.
Alarde (revue) de ^jxl\ {al-ardh), «recensio exercilus.» ["^ Ce mot
a encore un autre sens; voyez plus loin Tarticle alcamiz].
Alarguez (bois de rose) de ^J^J.t^\^\ (al-ârgins) , mot d*origine berbère
qui désigne Técorce de la racine de la plante herbârts, Ibn-al-Bailâr,
I, 4.
* Selon Ibn-al-Bailâr, ce mot n'indique, chez les Berbères et les
Arabes, que Técorce de la racine du berbâris, c'est-à-dire, de Tépine-
vinelte. On en fait des onguents (voyez Ibn-al-Bailâr et TAcad. sous
alarguez: «sus raices sirven para hacer unguentos»); aussi le Libro de
la Monteria d'Alphonse XI nomme-t-il (fol. 19 a) parmi les poudres à
employer pour faire revenir la chair d'une plaie: «palascias, é alargues,
é corlezas de mill granas.» En porl. largis esl , selon Vieyra, «une
sorte d'écorce qui vient de l'Inde et qui ressemble beaucoup à la can-
nelle.» L'explication de Victor est celle-ci: «bois appelé bois de rose,
pource qu'il en a l'odeur, et selon aucuns, une écorce délicate d'un
certain bois qui est de couleur jaune.» Mais les Berbères et les Espa-
gnols ont aussi donné le nom à'alarguez à l'épine-vinette même, ou à
un arbuste qui lui ressemble , car on lit dans le Glossaire sur le Man-
court par Ibn-al-Hachcbâ (man. 331(5), fol. 156 v°) à l'article ^ja^^a.^
(SUCCUS lycii) : yJU.ib ^y^y^ LP^^^^ O^y^ ^^^ L$*'^^ '^iy^^^ «.Lac j,^
iby^^lj (j^Afij*^! j^^-,4-;.^^, «c'est un suc qu'on importe et qui s'appelle
aussi cohl khaulân; l'arbrisseau qui le produit se trouve au Magrib et
porte en berbère le nom à*ârguts; » et l'explioalion de l'Académie esp. est
celle-ci: «plante qui ressemble à l'épine blanche, de la hauteur d'un
petit arbre, et dont les fleurs ont de la conformité avec les roses.»
Alarido. Voyez algarada.
Alarife, val. aarif, alarif (hombre que sabe de edificios), de wÂj^'Î
[al-arif), architecte, «alarife juez albailir, juez de edificios.» Ce mot
arabe est très-usité dans ces significations, que lui donne P. de Alcala,
mais qui manquent chez Freylag. Voyez Maccarî, I, 375, le Cartâs,
p. 36, Dozy, Glossaire sur Ibn-Adhârî, p. 34.
Alarixes, arixes («especie de uvas, que son de! tamafio y hechura
de las albillas, pero mui roxas,» Acad.). En arabe iC-i^jJt (al-'aricka)
r,8
a la signification de vigne (cf. Alcala au mol parra o vid cepa). Bien
que plus d'une fois le nom d'une plante désigne aussi les fruits de cette
plante, je ne suis pas à même de décider si le mot arabe en question
a été usité dans le sens de raisin.
* Celte élymologie me paraît bonne au fond , mais je crois devoir la
modifier un peu. Les mots 'artch (qui est fort mal expliqué parFrey-
tag) , 'artcha et mo*arrach (qui manquent chez ce lexicographe) signi-
fient proprement un berceau j un treillage taillé en voûte sur lequel on
fait monter du jasmin, du chèvrefeuille, de la vigne, etc. (voyez Boc-
thor sous berceau), surtout une treille, un berceau de ceps de vigne
entrelacés et soutenus par un treillage (Boclhor, Berggren , Marcel,
Humbert (p. 54, 182), Hélot et le Dictionnaire berbère sous treille).
On lit dans les Fables de Bidpai (p. 176): «Ils avaient un berceau
Çarkh) sous lequel ils s'assemblaient et s'entretenaient.» Chez Ibn-
Balouta (II, 205): «Le bétel est un arbre qu'on plante à l'instar des
ceps de vigne, et on lui prépare des berceaux {mo*arrachât) avec des
cannes, ainsi qu'on le pratique pour la vigne.» Ailleurs (II, 309):
» Sur les deux rives du fleuve sont plantés des arbres de diverses espè-
ces, des ceps de vigne et des berceaux {mo' arrachât) de jasmin.» Plus
loin (II, 434): «Depuis la porte de l'église jusqu'à celle de cette en-
ceinte, il y a un berceau [mo'arrach) de bois très-haut sur lequel s'é-
tendent des ceps de vigne, et dans le bas, des jasmins et des plantes
odoriférantes.» Chez Davidson {Notes taken during travels in Africa,
p. 42): « A^ covered walk of laris» (dans un jardin). Jackson {Account
of Marocco, p. 95) explique el-araice par: «flower, or pleasure gar-
dens;» c'est parce que les jardins au Maroc se composent ordinairement
de berceaux; comparez chez Ibn-Khaldoun , Hist. des Berbères , I, 413:
Ol^^j*v0 oU> ^\.£. J.«.A<ii.J S\X\\ ylLJl qUavwJI \j.a:2> jr;^^ ^*^:î' ^^^^^
ol>i:%yt/o ^*.L^ , « il forma aussi dans le voisinage de la capitale le fameux
parc, dont les jardins étaient en partie composés de berceaux.» Ensuite
le mot 'arwh se dit aussi, comme treille en français, des ceps de vigne
qui montent contre une muraille ou contre un arbre. C'est en ce sens
qu'lbn-Djobair l'emploie quand il dit (p. 255) : ^IA:5\ît J^.b.j ^X:^\ v\J?^
Laâc y^ ^S J^^jSi, «le long de la muraille s'étendait une treille qui
portait des raisins.» On a vu qu'Alcala donne aussi cette signification;
iJ9
il l'a en outre sous vid o parra o cepa el sous vid abraçada con arbol.
11 se dit enliii abusivement, comme treille en français, des raisins qui
viennent sur treilles et que Becri (p. 148, 1. 7 a f.) appelle al-inab al»
mo^airach^ chez Ibn-al-'Auwâm (I, 366, 368, 375, 376) al-carm al-
mo'arrach. C'est là le mot espagnol alarixes ou arixes, car les raisins
qu'il désigne ont des ceps très-hauts (Herrera cité par l'Acad.), ce qui
les rend fort propres à monter contre un treillage.
* Alaroza. Ce mot qui se trouve dans le Cancionerode ^ae/m(p. 354)
dans Tacception de fiancée, nouvelle 77ianVe, est Tarabe x^.jiii (aZ-'ard^a),
qui a le même sens. L'ancienne langue n'avait que 'arôs pour sponsHs
et pour sponsa; mais de bonne heure on a donné à ce mot la forme
féminine, 'arasa y quand il s'agissait d'une femme. On la trouve chez
un poète populaire du XI*' siècle {apud Maccarî, II, 145, 1. 16); le
Carias Ta aussi (p. 272, dern. 1.); Alcala la donne sous esposa et sous
novia, et aujourd'hui elle est partout en usage.
Alaxu, alaxur, alfaxu, alfaxur («cierta pasla que hazen los Moros ,
hecha de pan rollado, miel, alegria y especias» Cob.). L'arabe ^-:i»^î
{al'hachoii) démontre que alfaxu est l'orthographe la plus exacte et que
les autres formes n'en sont que des altérations. Quant à la significa-
tion, on trouve dans les lexiques: alhachou, «farctum;» c'est P. de
Alcala qui le donne dans l'acception qu'il avait en espagnol.
Alaxor, alexor, [* alesor dans Muiloz , Fucros, I, 375] (espèce d'im-
pôt), de ,^>i.*Jt {al-ochôr), pi. de al-'ochr, la dîme. ['Chez Nuûez je
trouve alejor, o mesure agraire.» Ce mot semble avoir une origine sem-
blable].
Al-atar (droguiste) de ^lLi*ii {cd-allâr), «celui qui vend des parfume-
ries (^c **7r).» [* En arabe al-allâr est aussi droguiste; voyez le
Glossaire sur Edrîsî, p. 346].
* Alatron (aphronitre, écume de fleur de nitre) de ^j^jo^\ (al-atrôn)
que Ton trouve chez de Sacy , Chrest. arab. , H, p. 10, 1. 5 du texte,
au lieu de la forme ordinaire Qji/ii-l {an-natrôn). Miiller.
Alaza.n, py. alazao , fr. alezan (de couleur fauve, en parlant d'un
cheval). C'est l'arabe ^jUx2=0i (aUhivân) qui signifie e(/uus nobilis et
pulchcr. Au Magrib ce mot a une acception plus étendue, car selon
Bocthor et .Marcel il y désigne un cheval en général. [* De même chez
l'auteur espagnol Becri , p. 35 . cl <!i(v Alcala sous (.aballo]. Les Es-
60
pagnols au contraire , semblent l'avoir pris dans une significalion plus
restreinte, en y attachant l'idée d'une certaine couleur. [* Cette éty-
raologie me paraît fort suspecte, car le mot arabe n'a jamais été un
adjeclif désignant une certaine couleur, et Alcala traduit alazan par un
tout aulre mot].
Alazor (carlhame) de ^àAaxJi (al-'ocfor), «carthamus tinctorius, » Ibn-
al-Bailâr, II, 196.
Alaude pg., esp. laud, if. liuto, /r. luth, de ô^x.l\ (al-'oiid) qui
désigne le même instrument.
"^ Albacar val. («barbacana, » Rôs)?
AiBACARA (petite poulie) de s^it (albacara) qui a le même sens.
"^ Comme on prononce albacara, il vaut peut-être mieux dire que c'est
l'arabe B^lXJ! (al-baccâra). Cette forme manque chez Freytag , mais elle
se trouve souvent chez Alcala (avec le pi. j^LSLi), p. e. sous les mots
carrela como rodaja y garrucha, polea, roldana o carrillo; on la rencon-
tre aussi dans le Carias, p. 36 med., 106, 1. 9, et chez Hélot.
*Au XV^ siècle albacara avait encore un tout autre sens, celui de
tour dans les fortifications selon Nuûez, et M. de Gayangos, dans une
note sur la Chronique du connétable Don Miguel Lucas (dans le Memor.
hisl. esp., VIII, 508), cite ce passage de la Crônica de Don Juan II
(édit. de Logroilo, 1517, fol. 9 d) , où il est question de la ville de Se-
tenil: «é tiene una puerta al cabo de la villa, y en el comienzo del
castillo, con una albacara, cerca de una torre muy grande é muy her-
mosa; é tras esta albacara tiene otra como manera de alcâçar, é hay
dos puertas desla albacara al alcâçar,» et plus loin (ibid.): «y embiôles
1res lombardas para que tirassen en derecho del albacara del alcâçar
del castillo, do estava la puerta.» M. de Gayangos ne doute pas de
l'origine arabe de ce mot, qui selon lui désigne une espèce de tour, et
il en propose deux étymologies ; mais l'une est aussi inadmissible que
l'autre; il n'est pas nécessaire de les réfuter, car il va de soi que al-
bacara (»^-.ÇM), poulie, convient aussi peu que al-wacra (Bj^jJ', et non
pas iLîJ.iî comme écrit M. de Gayangos), nid d'oiseau. Il est étrange
que ce savant ne se soit pas aperçu que le passage de la chronique du
connétable qu'il commentait, fournit à la fois l'étymologie et la véri-
table signification du mot. Il y est question de rapprovisionncmenl
61
d'une forteresse et on y lit: «metiôles denlro en el alvacara (var, al-
bacara) fasta quatrocientas vacas, y terneras las mas faniosas y gordas
que jamas se vieron.» Valbacara contenait donc quatre cents vaches et
veaux; or, al-bacar (jaJ^) est en arabe le raot ordinaire pour bœufs ^ et
il est clair qu^albacara signiflait, non pas une espèce de tour, mais une
vaste étable où les habitants et la garnison d'une forteresse mettaient le
gros bétail. Les Arabes disaient sans doute «Fétable des bacar,* mais
les Espagnols disaient albacara tout court. Que si Ton relit à présent
le passage de la Chronique de Don Juan II , on verra qu'il ne contient
rien qui s'oppose à cette interprétation, et les deux endroits que j'ai
cités sont les seuls, si je ne me trompe, où ce terme se trouve.
Albacea (exécuteur testamentaire) de j_^a^jJî {aUwacî) [*qui a le même
sens; voyez Quatremère, Hist. des suit, maml., I, 1, 237, II, 2, 109].
Albacora, bacora (grosse flgue noire précoce). L'arabe ^^LaJÎ (al-
bâcôr) signifie précoce, et au Magrib une espèce de figue précoce; Bom-
bay traduit bâcôr par « grossus , ficus praecox » et M. Cherbonneau (dans
le Joxirn. asiat. de 1849, I, 558) par o figue fraîche.» [* Comparez
Shaw, I, 225 de la trad. holland. ; mais je crois que M. Ë. s'est trompé
en citant Dombay. Ce dernier donne (p. 71): ^ bâcôr ^ primitiae fî-
cuum,» et le «grossus, ficus praecox» est la traduction de albacora
dans le dict. de l'Acad. esp.].
* En esp. et en port, albacora est aussi le nom d'un poisson de mer
semblable à la bonite (Nufiez) ou au thon (Moraes, Vieyra ; ce dernier
donne aussi les formes albacor et albecora). Je n'ai pas trouvé ce mot
dans les dictionnaires arabes, qui sont extrêmement défectueux pour ce
qui concerne les noms de poissons.
*Albaden (pas dans les dict.) doit avoir été le nom d'une étoile, car
dans une ordonnance d'Alphonse X réglant le prix de certaines choses,
on trouve nommé parmi les étoffes: «El albaden rreforçado é porpolado
cinco mrs.; el otro alhaden sensillo dos mrs. é medio» {Cortes de Léon
y de Caslilla, I, 68). Je crois que c'est l'arabe iu'ixJî (al-bilâna ou
al'biléna) , ou peut-être lu pluriel, QjliaJi (al-baléïn). Freytag et Lane
ne l'ont que dans le sens de doublure; il signifie aussi peau de mouton
préparée y et avec celle acception il a passé dans l'esp. sous la forme
badana (voyez cet article); mais elle ne convient pas pour le passage
qui nous occupe. Chez Pellissici" (Description de la liégcncc de Tunif^ ,
62
p. 153) je trouve: <ibelama, couverture bariolée en laine,» et chez
Naggiar, parmi les objets qui composent le lit: «iCAiLbj, couverture.»
Cette signification semble plus appropriée, et peut-être faut-il l'admettre
aussi pour un passage d'Ibn-Iyâs que j'ai cité dans mon Dict, des noms
des vêlem. y p. 85, et où on lit que, par suite d'une grande mortalité,
on ne pouvait plus se procurer des étoffes de coton de Baalbec , ni des
batéïn, pour en envelopper les cadavres.
*Albapar, albafora pg, (grand poisson sur les côtes du Portugal,
Vieyra) ?
Albafor pg, (encens , parfum) de ^j-^Ji {al-hakhôr) qui a la même
signification. J'observerai à cette occasion que c'est à tort qu'on a
voulu dériver le verbe avahar (chauffer avec l'haleine, etc.) de l'arabe
-^ {bakhara). En espagnol la syllabe ar n'est que la terminaison de
l'infinitif, tandis qu'elle est radicale dans le mot arabe, et il est évi-
dent que avahar, ainsi que vahear, bafear, vient de baho ou bafo (cf.
Diez, II, 100). [* L'Académie , sous avahar, a donné la bonne étymo-
logie].
Albahaca, alfabega, albabega, alabega, [*/>\ fabrègue] (espèce d'her-
be, basilic), de Uix^i (al-habac) , «menlha pulegium,» Ibn-al-Baitâr,
I, 283.
"^ Albaida. 1°. Chez Victor: «blancheur; c'est aussi une petite pièce
de monnaie qui s'appelle autrement Blanca, laquelle vaut environ un
denier tournois.» L'explication italienne («bianchezza , è una picciola
moneta detta bianco») me fait soupçonner que le mot ne signifiait pas
blancheur, mais seulement une petite pièce de monnaie, et que blan-
cheur n'est qu'une explication du lexicographe. Quoi qu'il en soit, il
est certain que albaida est l'adjectif féminin j:L-.i3aJî {al-baidhâ) , la blan-
che. C'étaient sans doute les Mauresques qui se servaient de ce terme
pour désigner la pièce de monnaie appelée blanca par les Castillans. En
effet, dans un document tolédan de l'année 1523, les blancas sont ap-
pelées ^>A!i v>5.âJî (al'foroud al-bidh) ; voyez les Memorias de la Acade-
mia, V, 311. — S*'. Selon l'Acad. (6' édit.): «Arbrisseau rameux haut
d'environ deux pieds; ses feuilles sont blanchâlres et ses tleurs jaunes.
Anthyllis cytisoides. » Les mots que j'ai] soulignés prouvent qu'en ce
sens albaida est le môme adjectif arabe.
* Albaire (œuf, dans la langue des bohémiens). Je crois avec Marina
65
que c'est une alléralion de ïUsaJ! {al-baidha ou aUhaidhe) ^ le raot or-
dinaire pour œuf.
Albala , albaran, albara, pg. alvara (quillance , cédule, diplôme,
passe-port), de ïi-Jl (al-barâ) que P. de Alcala traduit par cedula hoja
0 caria f conlrato. Dans les Voyages d'Ibn-Batoula (1,112) on le trouve
dans la signification de passe-port.
*Freytag écrit ce mot »G et le place sous la racine <^^j; il aurait
dû le mettre sous U et récrire «eî^-j, car telle est la forme classique,
tandis que sly est la forme vulgaire (voyez le Lexique de Lane). 11
signifie proprement quittance ^ comme l'indique l'étymologie, et on le
trouve en ce sens chez des auteurs anciens, p. e. chez Mohammed ibn-
Hârilh , Hist. des cadis de Covdoue ^ man. d'Oxford, p. 303, 358; plus
tard on l'a employé pour désigner toutes sortes d'écrits, et aujourd'hui
c'est en Algérie le mot ordinaire pour lettre (de même chez Ibn-Khal-
doun, Hist. des Berbères, II, 351, dern. 1., et chez Ibn-Balouta, IV,
268). Mais anciennement le mot albala, albara ^ alvara ^ albarra, avait
un tout autre sens, à savoir celui de district (voyez Yanguas, AntigûC'
dades de Navarra, I, 25 et 26), ou plutôt de territoire qui s'étend au-
tour d'une ville, banlieue; «el concello de Tudela ô de su albara, » lit-on
dans un document de 1330 {apud Yanguas, III, 421). En ce sens c'est
l'arabe al-barra (tLJO- ^^ *^^^ ^i (barr) signifie: ce qui est hors d'une
ville ou d'une maison, la banlieue d'une ville (voyez Quatremère dans
les Notices el Extraits, XIII, 205, el Hist. des sultans mamlouks , II,
1 , p. 80), et barra se dit dans la même acception. Hélot donne barr
el barra, le dehors, et Burlon {Pilgrimage, II, 18) barra , les faubourgs.
Dans les documents espagnols alvara se prend aussi dans le sens de
village ou hameau appartenant à la banlieue d'une ville, comme dans le
Fuero de Cabanillas de 1124 {apud Yanguas, I, 157): «Et quod ulla
alvara de Tudella non facial vobis de embargo de quantum ibi est hermo
cl populalo cum suis monlibus el suis aquis;» dans une donation faite
par Alphonse-le-Batailleur à l'église de Tudcle en 1121 (Esp. sagr. ,
XLIX , 331) on lit: «El dono vobis similiter et concedo tolas illas Mez-
quitas cum suis haereditatibus, quae sunt in ilios castellos, in illas al-
munias, que sunt de alvaras de Tudela, cum suos furnos et cum totas
suas haercditales;-» et |)lus loin (p. 332): «Et simililer dono Deo et
64
Sanclae Mariae totas illas décimas de totas alraunias, quae sunt vel
erunt in termino de Tiitela , aiit ubi unqiiam habuenint alvaras illos
Moros de Tiitela aut haereditates, quod sit propria haereditas de Deo et
de Sancta Maria per saecula cuncta.» Ces renseignements peuvent ser-
vir à corriger l'article Alvara dans Ducange.
"" Albanécar (pas dans les dict.). M. Lafuente m'a fourni de ce mot
l'explication suivante tirée de la Carpinteria de lo hlanco: El triàngulo
rectangulo formado por el partoral, la lima tesa .y la solera.
€
v-^
Solera i : (A. Albanécar).
Il le dérive de xs^âJ! {al-hantca) , ce qui, comme on pourra le voir en
comparant l'article suivant , est parfaitement exact.
Albanega («réseau de forme ronde, que les femmes portent ordinaire-
ment sur la tête et avec lequel elles retroussent les cheveux» Cob.).
C'est l'arabe KïUJi [al-hanâca ou al-hamca) que P. de Alcala traduit par
cofia de muger et par alvanega cofia. Voyez plus de détails sur ce mot
dans le Dict, des noms des vélem. de M. Dozy, p. 90 et suiv.
* J'ai à faire quelques additions à Tarlicle de mon Dict. des homs des
vêlements cilé par M. E. D'abord la forme du mot arabe ne semble
pas être iCïUJ!, bien que P. de Alcala donne banêca sous alvanega, mdiis
iCiLa>.il, car Alcala écrit banîca sous cofia de muger , Diego de Haedo
beniga (son albanega paraît plutôt la forme espagnole) *, et Daumas (Le
Sahara algérien, p. 242) mentionne des «bonnels de femme appelés be-
nika.y> Dans la langue classique banîca signifie la pointe d'une chemi-
se, le morceau d'étoffe, taillé en pointe, que l'on coud sur les côtés
d'une chemise, entre le devant et le derrière, pour lui donner plus
d'ampleur (voyez Lane) ; mais plus tard il a reçu d'autres sens. Chez
l) En citant ce passage de Haedo, j'ai avoué que j'ignorais comment il faut écrire le mot
lartiot qui y est l'équivalent de heniga.' Je l'ai trouvé depuis chez Berggren , qui donne
(p. 805) Xaj^, «bonnet des dames, orné de petites monnaies d'or ou d'argent,» et
sous bonnet ^aId*^, «bonnet d'évêque. »
Maccarî (IJ, 711, I. 14 et 15, où il faut substituer deux fois iCiîAÀj,
comme on trouve dans l'édition de Bonlac, à iCib^i) il signifie lé (lar-
geur d'une étoffe entre ses deux lisières), et Barth {Beisen, V, 704)
donne hentge^ raies d'une chemise. Dans Tanc. portugais ata/irco, qui est
sans doute le môme mot , avait un autre sens (\u*albanega en espagnol.
Ce n'était pas une espèce de coiffe (a un albanega morisca, con unas
barbas postisas,» lit-on dans un inventaire publié par Saez, Valor de
las monedas, p. 531), mais une sorte de collet ou de fraise; «compunha-
se de huma tira de garça, ou volante, da largura de huma mao tra-
vessa, tomada en préga» (S". Rosa).
*«ALBAriAL, albafiar, albellou, abojon, arbollon (cloaque, égoul). La
diversité des formes étant si grande, il sera bien permis d'insister d'abord
sur celle qui dans la seconde syllabe a le / ou le j qui est provenu de
//. Si nous supposons ensuite que le n à la fin a été substitué à un
/, et si nous pensons à alquinal , mot dans lequel le / est provenu d'un
'mn (cUiLÎ , al-quinâ*) , alors il ne sera pas impossible de reconnaître le
mot arabe p^^^'-^ {al-bâloti') , iCc^'lJI (al-bâlou'a) , qui a le même sens,
comme celui qui a donné naissance au mot espagnol.» Millier. — Ces
remarques sont sans doute justes au fond , mais elles me semblent de-
voir être modifiées. En premier lieu je dois observer que la forme bâ-
lou\ donnée par M. Miiller , n'existe pas en arabe; mais cette langue a
pour cgout ces quatre formes: balloti'a, bâlou*a {dans le dialecte de Baç-
ra), ballcVa et bollai'a (voyez Lane). La première, al'ballou*a ou al-
bellô*a f s'est conservée presque sans altération dans le valencien albellô;
c'est l'esp. albellon, albollon ou albolon (voyez le Glossaire sur le 3'
volume de Sanchez), arbollon, abonon (avec h ou nn pour //) dans
l'Alexandre, copia 994, abofoii (avec/ pour //). La troisième forme a/-
ballaa a donné naissance aux formes espagnoles alhanal et albaFiar , le
h {nn) ayant été substitué à //, comme dans abonon y cl le r ou le / à
l'ain, comme dans al-quinà\ alquinal.
ÀLBAfii, albafiir, albnnil , pg. alvanel [* et albanez dans l'Atenlejo]
(maçon), de *UJt {al-bannâ, al-banné, albannt), dérivé du verbe banâ , bâtir.
Albaquia (le reste d'une dette) de XaaJI {al-baquiya) , «reliquiae, re-
siduum.*
Albarazo. pn. alvaraz Ha lèpre blanche^ de ^y^^\ {al-baraç) qui aie
mAme sens
66
Albarda (bal) de \cc>j^l\ (al-barda'a) que Boclhor Iradiiit par «bât
rembourré pour un Ane, une mule. »
* Albardan. Ce mol dont rAcadémie donne une étymologie lout-à-fait
fausse et qui se prend ordinairement dans le sens de bouffon, signifiait
dans l'origine fou, sot; Tarchiprêlre de Hita l'emploie en ce sens (copia
259) et Victor donne aussi fou. C'est l'arabe ^y^>^^i {al-hardân), qui
n'est pas classique (voyez Lane), mais qui, dans la langue moderne,
laquelle aime beaucoup à substituer la forme fa'lân à celle du partici-
pe, est l'équivalent de hârid. Freylag ne donne hârid et hardân que
dans le sens de froid, mais ces mots signifient aussi 50/. Boclhor donne
sous sot: v>jb j^;i, solle chose, j^Lj j.^Ls', sot discours, Burton {Pilgri-
mage, I, 270) s'exprime en ces termes: «A cold of countenance is a
fool. Arabs use Ihe word cold in a peculiar w^ay. «By Allah, a cold
speech!» that is to say, a silly or an abusive tirade.» Dans la Chres-
tomathie de Kosegarlen (p. 50) on lit: i^ ^a g.U\ ^Â*Jt lÂP ^h ^l^
ù^iA\ ttXP , «j'ai composé sur ce sujet des vers bien plus jolis que ceux
de ce fou.» ÏJu vers cilé par Becrî (p. 122) est conçu en ces termes:
w>^b Vî5vij(A^ ^A \ôs.S> oL^A^ ^^^ O^"* O^ ^>**^ \>^kA
«Flatté par l'amour-propre, tu voudrais devenir calife; allons donc!
c'est là une de ces soUises dont les discours sont toujours remplis.»
Chez Maccarî (Seconde partie, III, 472, 1. 5 a f.) on lit: J...*«^-j ^\^
Îj^.Lj \yXs^, «mon messager retourna en ra'apportant de sa part une
solte excuse;» cf. Mille et une nuits, I, 163, 246 éd. Macnaghten. La
10* forme du verbe harada signifie de même: juger qu'une chose ou une
personne est sotte; voyez Maccarî, \, 137, 1. 4, 511, 1. 17, II, 506,
1. 11 ; et barâda a le sens de sottise, bêtise (Humbert, p. 238). Albar-
dan est donc proprement: un homme qui dit des sottises, et de là un
bouffon,
* Albardin (plante qui ressemble au sparte , lygeum spartum, selon
l'Acad.) de {^àjj^\ {al-bardi) , le papyrus selon de Sacy , Relation de
V Egypte par Abd-allatif, p. 109; à Grenade ce mot signifiait yonc;
voyez P. de Alcala sous enea. Muller. — Voyez aussi Alcala sous espa-
dana. Dans le Glossaire sur le Mançourt par Ibn-al-Hachchâ (man.
331(5), fol. 151 r°) le mot x.*.>l est expliqué de cette manière: ^J^
KéJU*î «i-A^Jî jtfS vii^*^ U/« U^^A.^:^ {sic) ^^S^W^ w^AaJiJl KcU^ ; cf. Cher-
Lonneau, Dialogues, p. 198. Dans le dialecte valencien le mol arabe
s'esl conservé sans altération: albardï (Fischer, Gemalde von Valencia,
I, 219).
* Albardon (bête de somme, sommier, \iciov) àe ^^^j>jj^\ {al- birdzaun) ,
qui en Espagne se prononçait al-bardêun (Alcala sous haca pequeho ca-
vallo) et qui signifie un cheval de bal (cavallo albardon chez Victor).
On remploie aussi, en arabe (voyez Quatremère, Hist. des suit, maml.y
I, 2, 132) comme en espagnol {mulo albardon chez Victor), pour dé-
signer un mulet de bât,
* Albarkmb. Voyez alcatenes.
Albaricoque, alharcoque, alvarcoque, albercoque (abricot), de ^yj^\
(al-barcôc). — L'histoire de ce mot est assez curieuse pour en exposer
ici les détails. De même que les Arabes ont pris al-bâcôr dans la si-
gnification restreinte de figue précoce, les Romains ont désigné les abri-
cots, qu'ils nommaient ordinairement mala armenîaca, par l'adjectif
praecox. C'est ce qui résulte d'un passage de Dioscoride (I, 165), où
on lit: Tx (jl^\x àpfjL^vixKx, puiAxim Vs TrpxiKOKtx. Lorsque l'ouvrage de
Dioscoride fut traduit en arabe, Ton a transcrit le mot Trpxixéjciov con-
formément au génie de celte langue et l'on en a fait barcôc, avec l'ar-
licle al-barcôc. Ainsi arabisé, il a fait le tour de la Méditerranée et
s'est introduit, non-seulement dans l'espagnol et le portugais (albrico-
que, albercoque, alboquorque) , mais aussi dans les autres langues roma-
nes. On ne saurait méconnaître l'article arabe dans le provençal aubri^
col et dans l'italien albercocca, albicocca. Ainsi ce mot, après avoir
bien changé sur la route, est retourné dans sa patrie. — Voyez M. Diez
et l'excellent article de M. Mahn (Recherches étymologiques, p. 49).
* Selon toute probabilité le nom complet, par lequel les Romains dé-
signaient les abricots, était Persicum praecox, car les abricots ont beau-
coup de ressemblance avec les pèches, et au XVI^ siècle les abricots
s'appelaient aussi en Hollande vroegé pcrsen (pèches précoces) ou avant-
pêches (voyez Dodonaeus, Cruydt-Boeck, p. 1540 6). Du pluriel latin
precocia les Grecs ont fait leur Trpxtxéxix ou irpxiKÔicKix, TrpsKÔKKtx, d'où
s'est formé le singulier irpxiKiiocioy. Ce dernier a passé dans l'arabe; mais
comme les Arabes n'ont point de p et qu'ils ne peuvent prononcer deux
consonnes consécutives, le mol est devenu chez eux barcôc, bercôc, ou
aussi bircôc cl borcôc. Mais M. Mahn cl M. 10. prétendent à tort que
68
les Arabes ont appris à connaître ce mot par la liaduclion arabe de
Dioscoride. En soi-même il est peu vraisemblable que le peuple ait
emprunté le nom d'un fruit bien connu et abondant à la traduction
d'un livre qui était trop savant pour être lu par lui; et ce qui tranche
la question, c*est que les paroles de Dioscoride dont il s'agit, ont été
omises par son traducteur arabe, comme je m'en suis assuré en consul-
tant l'exemplaire que nous possédons de celle traduction (man. 289,
fol. 47 v°). Il faul donc dire que les Arabes ont emprunté le mot aux
habitants des provinces qu'ils avaient conquises sur l'empire byzantin.
Au reste il faut encore remarquer que chez eux le mol barcôc a gardé
une signification aussi vague que le latin praecox; ce dernier désignait
aussi des prunes précoces, et de même barcôc signifie non-seulement
abricot, mais aussi prune. Du temps d'Ibn-al-Baitâr (voyez I, 132),
c'était en Espagne et dans le Magrib abricot, et en Syrie, prune; au-
jourd'hui c'est partout prune (voyez Dombay, p. 70, 71; Humbert ,
p. o2, Bocthor, Marcel et le Dictionnaire berbère sous abricot et sous
prune),
Albarrada, a. pg, abbarrada («vaso de barro, para beber, ou de louça
da India em que se mettem flores. Porém entre nés nao sô se tomava
por vaso de barro, mas tambem de prata, ou ouro» S*». Hosa). C'est
l'arabe B^LJi [al-barrâda) qui signifie proprement un vase de terre pour
rafraîchir l'eau, mais qu'on semble avoir employé aussi pour désigner un
vase de toute autre matière, d'or, d'argent, etc. P. de Alcala le tra-
duit par jarro con dos asas.
En espagnol [* et en portugais] albarrada signifie encore tout autre
chose, à savoir «la pared que se haze de picdra seca » , et Cobarruvias
le dérive du verbe «berdea, q\ie vale cubrir una cosa con otra , o poner
una cosa sobre otra , como se haze en la albarrada que se pone una
piedra sobre otra sin cal, ni barro, ni otra materia.» Ne connaissant
pas le verbe arabe que Cobarruvias a ici en vue, je ne puis admettre
cette étymologie, mais sans avoir à en proposer une meilleure.
"^Ce verbe, qui manque dans Freytag, mais qu'Alcala donne sous
enalbardar (bâter, mettre le bât), est cO^j {barda' a)', ce qui le prouve,
ce sont les mots qui suivent chez Cobarruvias immédiatement après ceux
qu'a cités M. E.: «Deste verbo se dixo al- barda y barda, y^ D'après cette
étymologie, albarrada serait donc xcJ^Jî (al-barda'a) , c'est-à-dire, le
69
même mol que celui qui a donné naissance à l'espagnol alSarda; mais
j'avoue que je ne la trouve pas vraisemblable.
Albarran , pg. ^Ibarrâa , alvarrâa (forastero) ) C'est à cause de leur
Albarrana (lorre) [ origine commune que
Albarrana (cebolla) ) je réunis ces trois
mois dans un seul arlicle. L'arabe ^^i\jù (barrant) est un adjectif
dérivé de barr (terre, champ) et ayant les mêmes signiflcations que
barri (agrestis, externus). De tels adjectifs en ânî étant de forma-
tion postérieure, ils manquent pour la plupart dans les lexiques.
C'est P. de Alcala qui nous viendra au secours. Ce lexicographe tra-
duit les mots avenedizo y [^ estrano , estrangero], forastero par barrant:
c'est précisément la signification de albarran, — Le féminin de barrant
est barrânta, et ce mot répond chez Alcala à albarrana torre, parce
qu'il désigne «une tour au dehors de la muraille d'une ville.» (Com-
parez le Cartâs, p. 22: ^j^j>.ii u^jiiii). — Quant à albarrana cebolla,
Cobarruvias nous informe que c'est la «cebolla que se cria en el campo
à diferencia de la cultivada en las huertas.» Il désigne donc des
oignons sauvages par opposition à ceux qu'on cultive dans les jardins,
'*' M. Defrémery observe avec raison que M. E. aurait dû citer à cette
occasion une excellente note de Qualremère, dans les Notices et Ex-
traits, XIII, p. 205, 206; mais en outre les mots dont il est question
dans cet article, ne viennent pas de al-barrânî, car il n'y a pas de
trace de la terminaison t; ils viennent, comme dit M. de Gayangos
(dans le Memor. hist. esp,, VIII, 291, n. 1), de q^-^î^ , al-barrân , au
féminin al-barrâna, adjectif que Qualremère donne aussi et qui a le
même sens que al-barrânt. De barr on a formé d'abord barrân (forme
fa'lân), et ensuite de ce dernier, barrânî. — Anciennement albarran
signifiait aussi célibataire; c'est encore un adjectif en an, que les dic-
tionnaires de la langue classique n'ont pas, mais qui vient d'une autre
racine, à savoir de ^^^i {baria), être libre.
Albatara (espèce de maladie «que da à las raugeres en la boca de la
madré, o utero» Acad.) de s^iIaJl (a/-6a(/Aara), «superiorislabii carun-
cula vel protuberanlia.»
* L'explication latine de l'Acad. est : « excrescens in ore uteri carun-
cula, femineus quidam morbus,» et M. E. aurait mieux fait de donner,
non pas la première, mais la seconde signification notée par Freytag;
70
chez Lane, qu'on peut consulter, hadhâra est le synonyme de badhr.
Albatoza, pg. albeloça (espèce de navire). Voyez Jal, Glossaire nau^
tique. Ce mot serait-il une altération de Tarabe iL^^b-Aj? {al-botsà}?
Voir Abd-al-wâhid , p. 204, Quatreraère , Hist. des suit, maml, , 1,2,
p. 86, 272.
*Dans quelques-uns des exemples cités par Qualremère (voyez aussi
Freytag) la dernière lettre est un Mn; Dombay (p. 100) a aussi (jiliw
(batâch) , «navis major duobus instructa raalis,» et je crois, de même
que M. Jal, que ce mot est identique avec Tesp. patache. Pour ce qui
concerne son origine, je pense qu'elle doit être cherchée chez un peu-
ple essentiellement marin, à savoir chez les Dalmates, car Ducange a:
i^bastasia, naviculae apud Dalmatas species. »
Albaïalde^ pg. alvayade (céruse) , de tJ^UJI {aUbaijâdh) qui désigne
la même chose.
* Bayâdh est proprement blancheur, et Freytag ne dit pas que c'est
céruse; aussi appartient-il en ce sens à la langue vulgaire, comme l'at-
teste formellement l'auteur du Mosta'înî (man. 15) , qui s'exprime en
ces termes : 'M\^i\ j*^ ^a ^^ ^y^ lpW^ ^/'r^^ lp^^ y^ J\\tÀH4\ ,
iiisfidmdj [céruse]: c'est le bayâdh , connu généralement sous le nom
de bayâdh djalawz , mot qui appartient au langage populaire.» Alcala
traduit alvayalde par bayâdh,
Albeitar, pg, alveitar (vétérinaire), de ^LLux^l (aUbeitâr) qui a le
même sens ["^ et qui est une altération du grec 'ittttIxtpoç) voyez les no-
tes de M. Sachau sur Djawâlîkî , p. 15].
Albenda (espèce de draperie, «especie de colgadura de lienzo blanco
con piezas entretexidas â manera de red, ù de encaxes de hilo con va-
rios animales y flores labrados en el mismo texido,» Acad.). En arabe
%yj^l\ (al'bend) signifle drapeau, bannière, et aussi ceinture (Dozy , Dict,
des noms des vêtem., p. 88). N'ayant jamais rencontré ce mot arabe
dans un sens analogue à celui de l'espagnol albenda, ce n'est qu'en hé-
sitant que je propose celte étymologie.
*Je crois avec M. E. que celle étymologie n'est guère satisfaisante.
A mon avis albenda est un mot tronqué qui vient de iCjjtjs.ÂJ! {al-ben^
dârîyà). Ce dernier terme n'est pas dans les dictionnaires, pas même
dans ceux de la langue persane, bien qu'il soit composé évidemment des
deux mots persans bend (notre bande) et dâr (tenant) ; mais je le trouve
dans les Mille el une miils (I, 153 éd. Habichl), où les henddrujât sont
nommés conjointement avec les »^jjt d'un salon. Ce dernier mot signi-
fie draperies, rideaux^; hendârhjût a probablement le même sens et nul-
lement celui de petits drapeaux, comme Habicht Ta soupçonné dans son
glossaire. On voit donc que sa signification s'accorde fort bien avec
celle de l'esp. albenda.
* Albe.ngala (éloffe de lin très-fine dont les Maures d'Espagne ornaient
leurs turbans) semble être formé du nom propre Bengale, car c'est dans
cette province que l'on fabrique la mousseline la plus fine que Ton con-
naisse dans l'Inde.
Alberca, pg. aussi alverca (étang), de K^=>^Ji (al-birca) , «piscina.»
Albihar , abihar (espèce de plante) , de ^L^iî (al-bahâr) , « anthémis va-
lentina,» Ibn-al-Baitâr, I, 181.
Albitana («pièce de bois s'élevant en dedans de l'étrave et de l'étam-
bot, auxquels elle adhère, et placée là pour lier fortement l'étambot et
l'étrave à la quille» Jal). Comme la racine ^^^ (batana) signifie entrer
dans le dedans, KiLkJ! (al-bitâna) peut fort bien avoir eu une significa-
tion nautique, analogue à celle du mot espagnol.
Alboaire (terme d'architecture) «de la palabra arabe al-boair (?), que
significa lugar para encender fuego à manera de un horno» Acad.
*La définition de l'Académie est celle-ci: «Labor que antiguamenle
se hacia en las capillas ô bôvedas adornandolas con azuléjos.» C'est
certainement l'arabe ^.ajs^vJî ou ».xj5^^i^ (al^bohair ou al-bohairà), dimi-
nutif de j<^^\ {al-bahr), car Edrîsî (p. 113, 1. 3, et p. 210, 1. 2 de
l'édil. de Leyde) emploie ce dernier mot dans un sens analogue.
Albogub (espèce de trompette) de o>^^ (al-bôc), «lituus. »
Albohera , albofera (lac) , de s^Aj^AJi (al-boheira) , qui est le diminutif
de bahr , mer.
* Alboheza (mauve , plante) de ^^\\^Js^\ (al-khobézâ) qui a le môme
sens.
* Albohol (liseron , liset). On a donné à celte plante le nom de /m-
nis arbortim, parce qu'elle s'entortille comme une corde autour des ar-
l) Le mot O^kX^M au contraire, qui se trouve aussi dans ce passage et auquel Ha-
bicht et Freytag attribuent le même sens, en a un tout autre; toyet à ce sujet une
note de M. Lane dans sa traduction des A/tV/e et une nuits ^ II, 242, n. 113.
bres (voyez Dodonaeiis, Crtnjdt-Boeck , p. 700 6), el tel est aussi le sens
du mol espagnol, car albohol est une transposition de ^i^j.^^\ (al-hobôl) ,
plur. de JwA> (habl), corde. Chez les botanistes arabes, le grand lise-
ron porte le nom de ^^yjSlM^^\ J^> {habl al-masâkin) , corde des pau-
vres^ ; voyez Ibn-Djazla, man. 576, in voce y Ibn-al-Baitâr, I, 283, et
comparez le Mosta'tnt (man. 15), où on lit; \Ji\ J.^Jé ^jSI^^\ J^a.
j.b5 \6\ j^vXit ^A>Xî? ^^l\ ^A UiJuo j^^ 2 ^^Xi iCx4^*JLj *J J'Jb ^_5JJî
j*ov\JI ^Aj o^^Âj^ oL>Lv^ib, •Habl al-masâkin: on dit que cette plante
est celle qui s'appelle en espagnol vinca^; c'est une espèce du grand
liseron, dont il sort du lait quand on en coupe quelque chose; je crois
que c'est le grand liseron même ; il s'attache aux haies et croît parmi
le dis. »
Albondiga, pg. almondega (boulette de viande hachée). C'est à cause
de sa figure qu'on lui a donné ce nom , car en arabe i^vAÂJl [al-bondoca)
signifie boulette.
Alborbola (cri de joie). , Dans l'anc. espagnol on trouve albuerbola et
aussi albtiélvola (voir l'Archiprêtre de Hila, copl. 872); P. de Alcala
traduit alborbolas de alcgria par teguelgûl (,J^Jj.»j) , et le verbe arabe
walwala (ô^*)* auquel les lexiques ne donnent d'autre sens que celui de
pousser des gémissements, se trouve chez Abd-al-wâhid, p. 211, dans la
signification de pousser des cris d*allégresse. On ne peut donc douter
que le mot espagnol en question ne dérive de al-walwala qui est l'in-
finitif de ce verbe. Voir la note de M. Dozy , Recherches, t. II, p. lxiv
de l'Appendice.
^ De même que M. E. , M. de Gayangos a reproduit, dans le Mem.
hist. esp., VIII, 201, une partie des détails que j'ai donnés sur ce mot
1) Une espèce de clématite s'appelle aussi en français herbe aux gueux, parce que les
mendiants se servent de ses feuilles pour faire paraître leurs membres livides et ulcérés.
2) Telle est la leçon du man. de Leyde; dans celui de Naples on trouve ^JCâj , mais
c'est une faute.
3) Vinca pervinca (d'où Tient le fr. pervenche) chez Pline ; voyez Dodonaeus , Cruydt-
Boeck, p. 725 A, qui donne pervinqua comme le nom esp, du liseron,- Nunez a vincaper-
vinca f pervenche, clématite.
dans mes Recherches, mais en se dispensant de nommer l'auteur auquel
il les avait empruntés.
Albornia (grand vase vernissé , qui a la forme d'une écuelle) de
iCAJ^Ji {al-harniya) y «vas ficlile in quo quid recondunt. »
Albornoz, pg, albernoz (espèce de manteau fermé, garni d'un capu-
chon), de ^f^\ (al'bornos). Voyez sur ce mot Dozy, Dict. des noms
des vêt. , p. 73 et suiv.
*Alboronia, almoronia, boronia, moronia (mets composé de melon-
gènes, de citrouilles, de pommes d'amour et de piment) est peut-être
i>U3|^^Jl (al'hôrânhja) , mot qui ne se trouve pas dans Freytag, [mais
qui, dans les Mille et une nuits (VIII, 288 éd. Habichl) , désigne une
espèce de mets. Selon toute apparence, ce mets a été nommé ainsi
d'après Bôrân ou Bourân, l'épouse du calife Mamoun.
Alboroque (ce que Ton paie au courtier par l'intermédiaire duquel
une chose a été vendue, courtage). L'arabe ^.^^^ (borouc) auquel Ma-
rina compare ce mot, m'est inconnu.
* Le mot alboroque ou alboroc, qui est très-ancien en espagnol, puis-
qu'il se trouve déjà dans les actes latins du concile de Léon de l'année
1020 (dans les Cartes de Léon y de Castilla, I, 7) sous la forme alva-
roch , variantes alvoroch et alvoroc , dans l'ancienne traduction espagnole
(ibid,, p. 17) alvaroc , signifie en général, comme on peut le voir dans
le Dictionnaire de l'Académie, pot-de-vin, épingles, ce qui se donne par
manière de présent au delà du prix convenu, et Cobarruvias avait raison
de le mettre en rapport avec le verbe hébreu i^'^i (bérék) , bénir, car
le substantif n^na (beraca) qui en dérive, signifie non-seulement béné-
diction, mais aussi cadeau, présent , de même qu'au moyen âge, comme
l'observe Gesenius en citant Ducange, le mot benediclio s'employait en
parlant des présents que les papes envoyaient aux rois. En arabe des
substantifs dérivés de la même racine (^^.j) ont aussi reçu le sens de
cadeau, ce qu'il faut attribuer peut-être à l'influence des juifs. Ainsi
on trouve chez Daumas {La grande Kabylie, p. 388): «Le chef de la
Zaouïa leur fait tenir, à certaines époques, des présents connus sous
le nom de barahet el cheikh, la bénédiction du cheikh.» Dans l'ou-
vrage de MM. Sandoval et Madera (Mcmorias sobre la Argclia , p. 322)
on lit que les aghas et les caïds recouvraient promptement les sommes
qu'ils avaient payées à Abd-el-Kader pour obtenir leurs emplois, grâce
V 10
74
aux présents qu'ils se faisaient donner par leurs sujets et qui s'appe-
laient baroitc el-hournous. Celle dernière forme, qui est exactement
celle qu'on trouve dans les actes du concile de Léon, a donné nais-
sance à l'espagnol alboroc ou alboroque,
* Alborque j)g» (échange, troc) de?
Albricias (cadeau que l'on donne à celui qui apporte une bonne nou-
velle) de »^1-^.aJI {al'bichâra) qui a précisément le même sens. En
espagnol ce mot est un peu altéré: le portugais alviçaras et le valencien
albixeres se rapprochent beaucoup plus du terme original.
* Albuce («alhuce y alcaduz de anoria, pots de la poseraqne qui pui-
sent Teau et la portent en haut,» Victor) de u^i^J! (al-bouch) , que
Dombay (p. 95) traduit par dolium parvum. Ce mot n'est pas arabe ;
selon toute apparence il est d'origine berbère.
Albudega, albudeca (espèce de melon), de l'arabe x^kJt (al-billîkha
que P. de Alcala écrit al-balikha) ou bien de son diminutif al-bouteikha,
comme semblent l'indiquer les voyelles du mot espagnol. — A en croire
Cobarruvias, albudeca était usité à Valence et en Catalogne, tandis que
dans les autres provinces on disait badeha ou badea. 11 est facile de
reconnaître dans badeha le même mot arabe sans l'article. [^ Pg* pateca].
Albur, de même que l'arabe ^^^^A\ {al-bouri) , désigne une espèce de
poisson (muge), qui a emprunté son nom à la ville de Boura en Egypte.
Voyez Macrîzî, Descripf. de F Egypte, I, 108 éd. de Boulac.
Alcabala, alcavala (impôt, taxe), de îcJLasJî [al-cabâla), mot très-usité
chez les auteurs arabes, bien qu'il manque dans les lexiques; [* il se
trouve déjà chez Ibn-Haucal, qui écrivait au X^ siècle; voyez le Glos-
saire sur Edrîsî]. Chez Macrîzî (Descript, de l'Egypte, I, 82 de l'édi-
tion de Boulac) il signifie «l'adjudication d'une terre, ou de tout autre
objet, moyennant une taxe, une redevance, que Ton s'engageait à payer
au fisc,» et de là «la taxe, que l'on payait, en vertu de cet engage-
ment.» De mêm» le verbe cabala à la V^ forme signifie prendre à
ferme, à bail. Voir Quatremère dans le Joitrn. des Sav, de 1848, p. 49.
A Maroc alcabala était « une taxe qui se percevait sur la plupart des
professions et sur la vente des objets de première nécessité. » Voir
Edrîsî, man. de Paris, Suppl. arab. 895, fol. 56 v°; cf. t. I, p. 216
de la traduction Jaubert [* dans l'édition de Leyde p. 70 du texte, p. 80
de la traduction]. Le mot arabe en question se trouve encore chez
Ibn-Adhârî, I, 125, dans le Carias, p. 21>8. Dans un autre passage de
ce dernier livre il désigne «la ligne de bureaux de douane,» comme
Ta Tait remarquer M. Dozy , Gloss. sur Ibn-Adhârî , p. 58. Quant à
gabela, it. gabella y fr. gabelle, je crois que M. Diez a raison de le
dériver de l'anglo-saxon gaful, gafol, d'où on a fait le latin gablum ,
gabulum. Le fait que le ^ initial ne se change jamais en g (cf. p. 15
de l'Introduction) est un argument décisif contre l'étymologie arabe.
En outre, P. de Alcala , ayant à traduire gabela , dit: gabela en ilaliano
como alcavala. 11 le considérait donc comme un mot italien. C'est une
raison de plus pour croire qu'il n'y a aucun rapport étymologique entre
alcabala et gabela.
* Je dois avouer que les raisons données par M. E. pour nier l'origine
arabe de gabela, etc., ne me semblent pas concluantes. D'abord l'ar-
gument tiré des paroles d' Alcala n'est pas valable à mon avis: ce lexi-
cographe atteste que gabela n'est pas la forme castillane, ce que j'ad-
mets volontiers; mais comme il dit aussi que c'est la même chose
{{M'alcabala en castillan et cabâla en arabe, j'inférerais plutôt de ses
expressions que c'est aussi le même mot sous une autre forme. L'autre
argument me paraît aussi loin d'être décisif: le ^ initial devient quel-
quefois g (voyez l'Introd., p. 15), et l'on semble avoir perdu de vue
qu'en Italie on écrivait aussi caballa et cabella ; les continuateurs de
Ducange en donnent beaucoup d'exemples sous ces deux mots, mais au
lieu d'aflirmer que c'est pour gabella, ils auraient dii dire au contraire
que les formes qui commencent par le c sont les bonnes, et que ce c,
comme cela est arrivé dans une foule d'autres cas, a été adouci en g.
Le mot anglo-saxon au contraire, présente, quant à la forme, de gran-
des diflicuUés, et en outre il serait assez étrange que les peuples du
midi eussent emprunté le nom d'un impôt aux Anglais, avec lesquels
ils avaient bien peu de rapports, tandis qu'ils en avaient beaucoup avec
les Arabes. Les habitants de l'Italie méridionale vivaient même sous
la domination de ces derniers et c'était à eux qu'ils payaient les tri-
buts. — Au reste on sait qu'en vertu de Vimâla , l'arabe iJLo se pro-
nonce cabéla aussi bien que cabâla.
En espagnol alcabala se dit encore dans le sens de fdcL Vax arabe
J^XI (al'Câboul) désigne la même chose. i*cut-êlre ce mol a-t-il été
altén'; par rinllucnce de alcabala.
76
*Alcabaz (pas dans les dict.). Dans une pièce de vers composée sur
une victoire rempoilée par les Caslillans sur les Grenadins et qui se
trouve dans le Cancionero de Baena (p. 551), on lit:
Senor llrey, desque las hases
Fueron todas ayuntadas
E las trompetas tocadas,
Tuyeron como rrapases,
[Dexaron los contumases
El campo a los generosos
Fidalgos é venturosos,
Fueron sse los Alcabazes.
Dans le glossaire, ce terme est expliqué par capitaine , chef; je ne connais
pas de mot arabe qui ait cette signification et qui ressemble à alcahaz;
en outre, ce n'étaient pas les chefs seuls qui fuyaient, mais les guer-
riers grenadins en général. Comme il s'agit d'une troupe qui avait
fait à rimprovisle et avec la plus grande rapidité une incursion sur le
territoire chrétien, car plus haut le poète avait dit:
Seuor Krey, corryeron moros
El pryraer lunes de mayo,
E mas rresios que un rrayo
Levando vacas é toros,
je crois que alcahaz est (j*.LA-<Ji (al-eabbâs). Le verbe (j.vwa.5' (cabasa)
signifie, ce que Freylag a négligé de dire, fondre sur Vennemi, l'alla-
quer impétueusement et tout à coup; voyez Ibn-Badroun, p. 35, 1. 15.
Chez Ibn-Haiyâri (man d'Oxford, fol. 78 r^) on lit: ^Jl ^uI^a^î rj-^-'
jt^Mt^h »1/5.jÎ ^/o .s6 n^^b^ QlLiJU*.ji ^ô\j^ ^b qUJLxJI ^a {lisez iUlUi!)
^ô\jM^l\ o^j-^^ 0^^:;=^ ^*"^ a"*"- j-^^-^^ > « Ibn-Hafçoun se rendit avec
ses camarades vers le camp du sultan, qui se trouvait dans la plaine
du faubourg et où l'on n'était pas sur le qui vive; en outre, il ne s'y
trouvait que les pages qui étaient de garde dans la grande tente du
sultan, et une petite troupe d'archers. Le scélérat et ses compagnons
fondirent sur eux dans le but de brûler la grande lente.» Dans Mac-
carî (Seconde Partie, III, 45, 1. 12 éd. de Boulac), où il est question
d'une troupe qui escalade à l'improvisle le mur d'une forteresse:
xjUjo ,^*i2A5i LéJ 8^Li Ia*^^=> ^j-^^, «ils fondirent sur une sentinelle
qui se trouvait sur le mur et la forcèrent à ne pas faire de bruit.»
Et plus loin (p. 53, 1. 5 a f.) : il^Ai iO:o ^à o^^'^J lt-î^^ » « *^ fondit
sur Ridhvvân , qui se trouvait dans son palais , et le tua. » Un vers
d'un célèbre poème d'Ibn-al-Abbar {apud Ibn-Khaldoun, liist. des Ber-
bères, I, 592) est conçu en ces termes:
«Comme les infidèles y ont promptemenl répandu la désolation! Quelle
ruine! Semblables aux sauterelles, ils fondent sur nos séjours pour
les ravager.» EnGn Ibn-Khaldoun dit {ibid. , 1 , 230) : ^b ^j»}\ j^a^j
jt^jJ^ jjac^ L^^^J^j »^'-^>^ ^-^ ^^-^^ *^^^-^**^^^ 0>;^^ (*^^ xxUJb \^IjÎ ,
«sous son règne, les Arabes fondirent à l'improviste sur le territoire
d'al-CaFa pendant qu'ils faisaient une razzia; ils s'emparèrent de tout
ce qu'ils trouvèrent dans les campagnes et commirent de grands rava-
ges.» Ou voit donc que cabasa s'emploie précisément en parlant de
ceux qui font une razzia,
Mas rresios que un rrayo
Levando vacas é toros.
Le substantif cabsa (dans de Sacy, Chresl. ar., I, 46, 1.5 a f . du texte)
signifie de même: attaque violente et subite y et cabbâs est la forme régu-
lière pour désigner celui qui fait habituellement de telles attaques.
* Alcabell\, alcaballa, alcavala pg. (troupe, compagnie, voyez Moraes),
de iOLojii! (al-cabila), tribu. En espagnol, comme l'observe M. Miiller,
alcavera chez Berceo, El sacrificio de la misa, copl. 146, et Milagros
de iV". iS"., copl. 530; corrompu en valcavera, Alexandre, copl. 117.
Alcabor, alambor («el hueco de las bovedas en los techos, y en las
campanas de las chimenéas» Acad.). Dans alcabor il est facile de
reconnaître l'arabe ^«^-aJ! (al-cabô) qui désigne, comme terme d'archi-
tecture, un toit voûté, une voûte. Voyez le Cartds , p. 54, Ibn-Adhârî,
II, 244, et le Glossaire sur Ibn-Djobair de M. Wright; [* voyez surtout
le Glossaire sur Edrîsî]. Le r final a été ajouté comme dans alfaxur
(cf. p. 23 de l'Introduction). Suivant les académiciens de Madrid ,
le mol alcabor est propre à la province de Murcie, tandis que dans la
Manche et dans quelques autres districts on dit alambor. L'élymologie
de ce mot ne m'est pas claire. Faut-il le dériver de y.^iî (alhanô) ,
• omnis pars corporis aliusvc rei, in qua est curvitas?»
78
"^ A mon avis, alambor, qui est aussi la forme portugaise, n'est qu'une
altération de alcahor ; puisqu'il désigne précisément la même chose, il
est naturel de supposer que c'est aussi le même mol.
* Alcabtea (pas dans les dict.; dans le Cancionero de Baena, p. 113 6,
toile de lin très-fine) de x-^«*.-aJl {al-coblîya ou al-kibthja). C'est le
féminin de l'adjectif coblî , copte, égyptien; en arabe on appelle ces
étoffes iCj^bAÏiJt v^aaJ^ ^^* étoffes coptes. Les Mauresques employaient
cabdia en ce sens (Mem. hist. esp., V, 438).
Alcacel, alcacer, a. pg, alchazar chez S^ Rosa (dragée, blé ou orge
en herbe qu'on fait manger en vert aux chevaux), de JoçAûSii (alcacîl)
que P. de Alcala traduit par alcacel de cevada, — Alcacel ou alcacer
désigne aussi dans l'Alemtejo un champ d'orge, et alchazar avait le
même sens, comme il résulte d'un passage d'un testament, cité par
S». Rosaj le testateur y lègue au cloître d'Alcobaça, où il désire être
enterré, «alchazar illud, quod lucratus sura in Saborosa.»
"^ Alcadafe pg. (Vieyra) , alcadef pg, (Moura) , alcadefe pg. (Moraes)
(pot de terre au-dessus duquel les cabaretiers et les boutiquiers mesu-
rent les liquides qu'ils vendent, et qui reçoit l'excédant), de LiîAait
(al-codâf ou al-codéf) , «scutella, urceus figulinus.» Le catalan avait
cadaf sans l'article arabe; «vint cadaffes è setriys de terra,» lit-on
dans un document de 1331 publié par Capmany {Memorias sobre la
marina de Barcelona, II, 412).
Alcaduz, arcaduz, pg. alcatruz (seau d'une machine hydraulique pour
puiser l'eau et la porter en haut), de jj/^^^UJi {al-câdous) , «haustrum
in rota aquaria , » alcaduç de anoria Aie.
"^ Le mot câdous est le grec xcchç ; voyez Fleischer , De glossis Ha-
bicht., p. 74. La signification primitive est donc celle qu'a indiquée
M. E. , à savoir, seau; mais en espagnol alcaduz a encore un autre
sens, celui de tuyau, conduit, canal, chez Victor: aalcaduce de agua-
duche, le tuyau ou buisine d'un aqueduc.» Il en est de même en
arabe, quoique Freytag n'en dise rien. Alcala traduit alcaduç de canos
par caiduç, de même que alcaduç de ahoria; Bombay (p. 91) donne:
câdous y canalis; Hélot: tuyau, conduit d'eau; Roland de Bussy: conduit
pour l'eau; dans le Dictionnaire berbère: tuyau (conduit). Chez M. Prax
(dans la Revue de l'Orient et de l'Algérie, VU, 273) on lit: «Une source
d'eau comprise dans la ville (Ghdâmes) arrive au bazar, par un conduit
79
maçonné, dans un bassin appelé irafrat-el-Gaddous , le puits du seau;»
mais on voit facilement que cet estimable voyageur se trompe ici sur
le sens du mot câdous. Un auteur du XI' siècle, Becrî , emploie dans
celte acception la forme ^^As (cadas) , quand il dit (p. 30, 1. 1) qu*Obaid-
allîib avait fait venir l'eau à al-iMabdîya d'un village voisin fj^\Js.ï\ h
«au moyen de tuyaux.» L'auteur du Carias se sert de la forme câdoiis;
voyez p. 36, 1. 3 a f., p. 41, 1. 9 et 10.
Alcapar (couverture de cbeval) de J^Jî (al'Cafal), » stragulum quod
equi clunibus imponi solet.»
Alcauaz (cage) de ,jaÀiiil (al-cafaç) qui désigne la même chose.
Alcaouete, a. py, alcayole, prov. alcavot et alcaot (maquereau, en-
tremetteur) , de v^t^iiJi {al-caimâd) , « leno. » L'ancien portugais alcofa
chez S^ Rosa semble être une altération du même mot arabe. Mais le
nom moderne alcoviteiro ne vient pas directement de l'arabe, car il a
une terminaison portugaise et il est dérivé du verbe alcovitar, esp.
alcahuelar,
Alcaiceria, alcaeceria, pg. alcaçarias, de l'arabe Kj-L^aaII (al-caisâ'
rtya) qui désigne une série de boutiques y un bazar. Voyez Ibn-Batouta,
I, 151, m, 4, le Carias, p. 22, et P. de Alcala au mot lonja de
mercadores ; [* note de M. Fleischer, De glossis Habichl. , p. 39, de
Qualremère, Notice sur Becri, p. 34 et 227 du tirage à part].
* En catalan alcaceria paraît avoir désigné aussi: les choses qui se
trouvent dans les bazars, marchandises, car dans une lettre que les
magistrats de Barcelone écrivirent à ceux de Séville en 1315 et qui
a été publiée par Capmany {Memorias sobre la maiina de Barcelona ,
H, 75), on lit: «preseren una nau, on havia Moros è Moras è roba è
alcaceria, è altres coses de gran quanlitat.»
Alcaide (châtelain , commandant d'une forteresse). En arabe «A-jLï
{câ'ul, le participe de câda, « duxit exercitum») signifie chef en général.
Chez les Mauresques le alcaide était le chef d'une laha , c'est-à-dire,
d'un district (Mendoza , Guerra de Granada, p. 44). Chez les Espagnols
ce root a reçu la signification plus restreinte de commandant d'une
forteresse.
AiXALA, dans plusieurs noms de lieux, est l'arabe mJaJI {alcaVa) qui
siijnilic chalrau.
80
Alcala b, lat. Dans une charte citée par S^ Rosa on lit: «Ueginœ
Domnse Sanciae dedi omnes alcàlas meas, acilaras, et colchias.» Le
savant portugais croit que ce sont des tapisseries («pannos de raz»)
auxquelles on aurait donné ce nom à cause des châteaux qui y étaient
représentés. «Nos pannos de raz ainda hoje se costumao ver nao so
montarias, e bosques, mas lambem guerras, gente armada, praças, e
castellos, que bem pôde ser fossem antigamente os principiaes objectes,
que nestes pannos se divisassem, e daqui Ihes viesse o nome de alcalàs»r>
Une telle supposition me parait trop arbitraire , à moins qu'on ne la
prouve par des arguments décisifs. Je serais plus porté à reconnaître
dans alcala l'arabe K*JL^Jt (al-khil'a), «vêtement d'honneur donné par
un prince.»
*Dans une note insérée dans la nouvelle édition de Ducange, M.
Dubeux croit que cet alcala est kKJI (al-quilla) , chez Freytag «vela-
mentum subtilius tentorii forma consutum ad prohibendos culices, cono-
peum,» et comme dans le texte les alcalae sont nommés conjointement
avec les acitarae et les colchiae^ cette opinion me paraît préférable à
celle de S^ Rosa et à celle de M. E. Chez Pedro de Alcala killa répond
aux mots cielo de cama (\}S qx> tU^), corredor de cama, cortina ô cov'
redor et paramenio de cama; il prononce quelle. En Algérie on entend
sous ce terme «les rideaux d'une porte ou d'une fenêtre» (Martin,
Dialogues, p. 77).
Alcalde de l'arabe ^^Âo\^l\ (alcâdhi), juge.
Alcali (terme de chimie, sel tiré de la soude) de ,^^jI (al-calî) qui
a le même sens.
Alcaller (celui qui fait des cruches). Une cruche, canlaro , s'appelle
en arabe colla (cf. alcolla). De ce mol on peut former le substantif
al'Callâl, al'Callèl, S^k,\ , pour désigner celui qui fait des colla, et bien
que je ne l'aie pas rencontré ailleurs , sa formation est si conforme au
génie de la langue arabe, que je n'ai aucun doute à l'égard de Téty-
mologie proposée.
"^ En effet, le mot en question existe et signifie potier; M. Cherbon-
neau (dans le Journ, asiat. de 1849, I, 548) le donne en ce sens, et
M. Prax (dans la Revue de V Orient et de l'Alg., VI, 276) nomme le
quartier el-Gollalin, les Potiers, à Tunis; plus loin (p. 297) il écrit
gallalin. Becrî (p. 25) nomme le ^^i^ft^i v-»'-?» ^« porte des potiers, à
81
Cairawan; mais son premier traducteur, Quatremère, ne connaissait
pas le mot callâl ou callél, et il a proposé deux manières de le changer,
l'une aussi malheureuse que Taulre (voyez sa Notice jur Becrî , p. 39,
n. 1 du tirage à part), tandis que le second traducteur de Becrî, M.
de Slane, Ta rendu mal à propos par fabricant de seaux en cuivre.
* Alcam (coloquinte) est exactement Tarabe JiJlc Çalcam). Miiller. —
L'article de TAcadéraie sur ce mot est conçu en ces termes: «Planta
médicinal mui amarga, cuyo fruto es seraejante al cohombrillo, pero
algo' mayor. Es voz puramenle Arabe que (segun su Diccionario) si-
gniGca todo lo que es amargo. Lai. Colochintis. Servid. de Abidcac,
Irat. 2 , fol. 25. Todo amargo segun los Arabes se llama Alcam. Y
en eslo mucho se Irabajaron los exponedôres, porque algunos de ellos
dixeron que era la colochîntida , y otros que era otra cosa. » Le fait
est que , parmi les Arabes d'Espagne , 'alcam n'était pas la coloquinte ,
mais le concombre-d'âne , ou sauvage, momordica elaterium. L'auteur
du Mosla'tnî (man. 15) dit sous ^a^.^^^' \^i{concombre'd'âne) : ^ixl\ y$>. ,
«c'est le 'alcam, r, et Ibn-al-Baitâr dit sous le même mot: j^JLUJî ^^
^JJi^xS^^^ Ua/ÔLc cX.A-x:, ac'est ce que le peuple en Espagne nomme le
'alcam. »
Alcamiz (rôle où sont inscrits les soldats) de y^_A-4-^Jt {al-khamis) ,
l'armée. Ce mot arabe est dérivé de khams (cinq), parce que l'armée
consistait en cinq parties; savoir: l'avant-garde, le centre, l'arrière-
garde et les deux ailes.
* Celte étymologie, qui est aussi celle de Marina et de M. de Gayan-
gos (dans le Mem. hist esp., IX, 355), me paraît extrêmement mal-
heureuse. D'abord le mot khamis a bien signifié armée, mais jamais
il n'a eu le sens de liste des noms des soldats. En second lieu — et
il est étrange, non pas que cette remarque ait échappé à Marina et
M. de Gayangos, qui ne font pas attention à de telles choses, mais
qu'elle ne se soit pas présentée à M. E. — khamis lui-même , dans le sens
d'armée, appartient à une époque de la langue beaucoup plus ancienne
que celle où l'on trouve employé le mot alcamiz, c'est-à-dire que le
XIV* siècle ; c'est « an old term » (Lane) , et longtemps avant le XIV*
siècle il avait cessé d'être en usage dans la langue ordinaire, car je ne
parle pas de celle des poètes. Il y a plus: le mot alcamiz n'a jamais
11
82
en droit de cilc en espagnol; il ne se trouve qu'une fois dans la Cro-
nica De Don Alfonso XI , où il est donné comme un mot arabe. Voici
ce passage (cap. CCLIV, p. 450 éd. Cerdâ y Rico): «Et este (un Ginoes)
dixo, que luego que el Rey Albohacen pasô allende la mar, que fîzo
requérir los alcamices, que es asi como dicen, los alardes, en que
fueron escriptos los nombres de todos aquellos que pasaron la mar, et
que por aquella cuenta fallaron , que de la gente que pasô aquende,
que menguaban qualrocientas veces mill personas. » Il est vrai que le
mot se trouve aussi cbez Morgado [Hist, de Sevilla, fol. 75 6), cité
par l'Académie, et cbez Barrantes Maldonado (dans le Mem, hist. esp.,
IX, 355); mais ils parlent l'un et l'autre de la même bataille, celle de
Tarifa, et ils le font d'après la Chronique d'Alphonse XI, que Morgado
cite; ils sont donc dans celte circonstance de simples copistes, et
comme je l'ai dit, le seul passage qui doive nous occuper, est celui
dont j'ai donné le texte. 11 est fort possible que le mot y soit altéré,
et comme il n'y a pas en arabe un terme qui signifie rôle et qui res-
semble à alcamiz y je crois devoir y substituer almaiz (i.a_*J<), qui a
réellement ce sens ou qui du moins peut fort bien l'avoir. L'Académie
a déjà fait venir alcamiz de ai-mai z , qui, comme elle l'observe avec
raison, signifie alarde cbez Alcala (de même dans le Kitâh akhhâr al-
'açr, apud Mûller, Die lelzten Zeiien , p. 3, 1. 16), et d'un autre côté
on a vu que dans la Chronique d'Alphonse XI le mot dont il s'agit est
expliqué par alarde; mais au lieu de croire avec l'Académie que la
leçon alcamiz est bonne et que c'est une corruption de al-maiz , je
suppose au contraire, parce qu'une telle altération dans la langue parlée
n'est pas vraisemblable, que la véritable leçon est almaiz et qu'elle a
été altérée par un copiste. Ce qui me confirme dans cette idée, c'est
que le mot a aussi été altéré, mais d'une autre manière, dans un
passage de la Chronique portugaise d'Alphonse IV, cité par Moraes et
par Francisco de S. Luiz [apud Sousa), où on lit ceci: «E dos mouros,
segundo depois se soube pelos sens alcaizes, que sam como livros
d'alardo, e apuraçoes, em que todos os que passaram a Espanha eram
escritos, morreriam quatrocentos e cincoenta mil.» Je ne suis pas à
même de consulter cette chronique, mais comme Alphonse IV de Por-
tugal prit une grande part à la glorieuse victoire remportée sur les
Maures près de Tarifa en 1340, je n'hésite pas à croire qu'il s'agit de
83
la mcmc bataille, cl dans ce cas alcaiz est, coiniuc aleamiz , une cor-
ruplion de aimai z , mais une corruption plus légère, attendu qu'il n'y
a qu'une seule lettre à changer. Quant au sens de ce mot, c'est pro-
prement revue de soldats et la IP forme du verbe signille assez souvent,
bien que Freytag n'en dise rien : passer des soldats en revue; voyez
Alcala sous alardear et sous conlar génie; Maccarî, 1, 272, 1. 9 ; II,
765, 1. 3 a f.; Ibn-al-Khatîb dans Miiller, Beitràge, p. 18, 1.6; Carias,
p. 88, 1. 2 a f.; p. 115, 1. 9 a f.; p. 125, 1. 4 a f.; p. 195, 1. 4 a f.;
p. 207, 1. 7; p. 211 med.; p. 238, 1.4 et 5; Kitâb akhbâr al-açr, p. 3 ,
1. 14; p. 4, 1. 2; mais comme alarde , qui est l'arabe LPJiii, signifie
aussi revue de soldais, et qu'il a reçu, comme on a pu le remarquer,
l'acception de rôle où sont inscrits les soldats, il est tout-à-fait naturel
que son synonyme al-maiz ait reçu le même sens , et celui de contar
gente, qu' Alcala attribue au verbe maiyaza, sert d'appui à celte sup-
position.
Alcamonias, alcomènias [* , />^. alcamonia , alcamunia , alcomonia]
(nombre coleclivo de varias especias Mar.). En arabe q^^Î {al-cam-
mon) désigne le cumin. Il se peut très-bien qu'al-cammôntija ait été
en usage pour désigner des épiceries parmi lesquelles se trouvait le cumin.
Alcana (lieu où sont les boutiques des marchands). A Tolède c'était
le nom d'une rue où étaient les boutiques des merciers juifs (Cobarr.).
Je crois que ce mot n'est qu'une altération de o'wiL^uJ! {al-khânât),
les boutiques.
Alca.xavy a. pg. (« linho canamo,» SS Rosa) de v^iiiiî (al-connab ou
al-kinnob) , du chanvre. [* Plutôt de l'adjectif qui est formé de ce
substantif et qu'on trouve chez de Sacy, Chrest, ar., I, p. 74, 1. 3 a f .
du texte, ^^^^1 {al'Connabî ou al-kinnabï)] '.
l) Je crois que H. £. a eu raison de ne pas admettre le mot alcunce (pourchas, pour-
suite, chasse, etc.), qui, selon H. Oiez (il, 85). viendrait de '^j^aÂiiit. La sijjnifîcatiou
conriendrait assez bien, mais comme dans l'Alexandre ce mot est encalzo , en prov. en-
eauê , dans la Chanson de Roland encalz , enchalz, et que le verbe est dans l'Alexandre
à la fois alcanzar et encatzar, en prov. encaussar, dans la Cli. de Roi. encalccr , en.'
ckalcer (voyez le glossaire de M. Damas Hinard sur la Chanson du Cid) , il est certain
que la syllabe al est une altération de la syllabe en et que le mot vient du latin caU,
Le port, alcanços i -'-r- jf^^ faucons) ne vient p>s non plus de l'arabe, comme l'a
pense M, Diez.
84
Alcancia (boîte à cacher de l'argent, tirelire). En arabe ^.A-jCJI {al-
canz) désigne un trésor cachet et aussi la chose dans laquelle on cache
le trésor. Je serais porté à croire qu'il a existé un mot al-canziya
formé de la même racine, et dont la signification répondait à celle du
mot espagnol.
Algandara, [^ pg* alcandora] («la percha, o el varal donde ponen los
halcones y aves de bolateria» Cob.). C'est l'arabe s^iJsJUCit (al-candara) ,
qui désigne une perche,
Alcandia (espèce de blé) ?
"^L'espagnol a aussi candeal ou candial, le portugais candil ou candial,
et comme ces mots désignent une espèce de blé qui rend le pain très-
blanc, je crois avec Cobarruvias et l'Académie qu'ils viennent de la
racine latine cand , qui a donné naissance à candeo , candefacio, candico,
candidus, candor, etc. Mais les Arabes d'Espagne ont emprunté ce mot
aux Espagnols, car P. de Alcala traduit trigo candial par candial; c'est
avec l'article al-candial , et de là est venu l'esp. 'alcandia y la dernière
lettre ayant été omise.
Alcandora («veslidura blanca, como camisa» Cob.). Ce mot est
d'origine berbère, car dans cette langue o.^ooiij (ta-candour-th , ou,
sans le prèflxe, candovr) signifie une chemise (Marcel). [* Voyez le
Glossaire sur Edrîsî, p. 364, et ajoutez-y que ,.iX-â«5 se trouve aussi
dans les Mille et une nuits, VII, 27 éd. Habicht]. Par l'intermédiaire des
Arabes il s'est introduit dans l'espagnol, comme le démontre l'article a/.
Quant à alcandora dans le sens de hoguera , fuego para dar senal ,
D. de Urrea le dérive d'un mot arabe (t canderetun , que vale luminaria,
linterna, hoguera.» Un tel substantif arabe m'est inconnu, ainsi que
le mot calavândar que P. de Alcala traduit par hoguera llama de fuego.
* Comme selon Cobarruvias, on dit dans d'autres districts candela
pour alcandora, et que candela vient de Jw-jcX-âJs (candîl) , lanterne , je
serais porté à ne voir dans alcandora qu'une corruption du même mot
(al'Candtl, alcandîla, alcandîra, alcandora), et je pense que D. de Urrea,
chez lequel un est la nunnation arabe, comme Cob. le dit expressément,
a voulu indiquer le même mot.
Alcanfor, pg. alcamphor (le camphre), de .yLOi (al-câfôr) qui dé-
signe la même chose.
Alcaistara de SjLÂail (al-canlara) , pont.
85
Alcaparra (câpre) de ^UXit ou ^L>JUî {aUcahhâr) , [* plutôt du nom
d'unité, al'Cahhdra, qu*Alcala donne sous alcaparra]. Bien que ce mot
arabe soit d'origine étrangère, l'article al démontre que les Espagnols
ont tiré leur alcaparra de cette langue et non du grec axTnrocpiç,
* Alcapetor ou alcupetor pg, (espèce de poisson chez Gil Vicente , et
non alcupretor comme donne Moraes ; voyez le Glossaire sur Gil Vicente
dans redit, de Hambourg, 1854) de?
*Alcar pg. (marrube, plante) .de a,Liiii (al-câra) qui, dans la pénin-
sule ibérique, avait le même sens; voyez Ibn-al-BailAr, II, 20 et 275.
Alcaravan, pg. alcaravâo (espèce d'oiseau, butor), de ^t^^-^i {al-cara-
wân) , « nomen avis ex perdicum génère. » Voir les Mille et une nuits ,
éd. Fleischer, X, 210.
* Dans ce passage cet oiseau (Charadrius œdicnemus L.) est tout sim-
plement nommé ; mais il faut consulter une note de M. Lane dans sa
traduction des Mille et une nuits , III, 82, n. 5. Les Arabes le nom-
ment aussi Q^^j-j^ (Mille et une nuits, III, 5 éd. Macnaghten); mais
M. Pellissier est tombé dans une singulière erreur quand il dit (Descrip-
tion de la régence de Tunis, p. 451): «L'œdicnème, appelé dans le
pays oiseau de Kaïrouan. »
Alcaravea (carvi , plante) de L^Xîi (al-carawia) qui a le même sens.
*Alcaraviz pg, («cano de ferro, por onde se communica o vente do
folle ao fogâo da forja , » Moraes) , esp. alcribis. u^Aji^àJi (al-carâbU) ,
plur. de al-carabous y ne peut pas convenir, car il signifie: la partie
élevée de l'arçon de devant et de derrière ; et comme les mots port, et
esp. désignent, parmi les forgerons, une certaine espèce de tuyau, je
serais presque tenté d'y voir une corruption de al-cawâdîs, plur. de
câdous, qui, comme on l'a vu plus haut à l'article alcaduz, signifie
précisément tuyau.
Alcarceûa (ers, vesce noire, plante) de )LX.*^jS.^\, al-carscna chez
Freylag, mais al-carsenna, avec le techdld , dans le man. de Leyde du
Mosla*înî (n°. 15, fol. 67 v") , [* de même dans celui de Naples].
Alcarciiofa, alcachofa, y>^. alcachofra , ital. carcioffo (artichaut), de
yJ>^j^J,\ (al'khorchouf) comme l'écrit P. de Alcala, tandis que dans
le lexique de Freylag on trouve oui.^JI (al-harchaf) , «carduus altilis. »
" Dans le }fosla'ini Cnian. 15) un trouve la forme hharchof, mais
86
Tauteur dit: «Dans beaucoup de livres j'ai vu ce mot écrit avec le kh,
comme je Tai donné ici ; toutefois la véritable orthographe est avec le h
et avec la voyelle a dans la dernière syllabe.» Le kh est aussi chez
Hœst, JVachrichten von Marokos, p. 308, chez Marcel, etc.
Alcaria, alqueria, a. port, alcheria (ferme, métairie), de Tarabe
Xj^ftil (al-carya) qui a le même sens,
*En portugais alcaria est aussi le nom d'une plante qui croît dans
les terrains sablonneux et dont les feuilles ressemblent à celles des vio-
lettes (Moraes). C'est l'arabe Kj^i (al-carhja), «nomen plantae nascen-
lis in arenis. »
Alcarrada p^. (boucle d'oreille) de J^ylîî {al-corl), «inauris,» ou bien
d'un substantif al-carrâla, de la même racine.
"^ Un tel substantif n'existe pas, Alcarradas (car Moraes ne donne
que le plur.) , arrecadas , et en esp. arracadas (cf. arraca), sont des
altérations de J^î^^l (al-acrâl) , le plur. de al-corl ; alcorde, qui est
formé du singulier, se trouve, selon Marina, dans l'ancienne traduction
esp. de la Bible, Juges, VIII, vs. 26. Mais en portugais alcarradas
signiûe en outre: les mouvements que fait le faucon pour découvrir la
proie (Moraes). C'est, je pense, une corruption de l'arabe oL-Aa-y^J
{ar^racadhât) , plur. de ar-racdha, «motus, impulsus,» car le verbe
racadha signifie entre autres choses: motitavit alas in volalu avis.
Alcarraza (vaisseau de terre, cruche) de jî^-^il (al-corrâz) , «cantha-
rus, hydria,» ou bien d'un substantif carrâsa (comparez albarrada) ,
dérivé du verbe ^jé (carrasa) , rafraîchir. Du moins Cobarruvias dit
que c'est une cantarilla que sustenta fresca el agua que se echa en ella,
et de même en provençal alcarazas se dit d'un «vase de terre très-
poreux, destiné à faire rafraîchir l'eau» (Honnorat, Dictionnaire pro-
vençal),
*La seconde dérivation me paraît inadmissible: d'abord, parce car-
râsa n'existe pas, du moins à ma connaissance; ensuite, parce la racine
carasa et les mots qui en dérivent n'expriment pas l'idée de fraîcheur,
mais celle d'un grand froid qui gèle l'eau; et enfin, parce que carasa
et ses dérivés sont des mots de l'ancienne langue, que le peuple ne
comprenait pas et que les scoliastes étaient obligés d'expliquer (voyez
p. e. Harîrî, p. 260 de la première édit. ; de Sacy, Chrcst. av., II,
87
p. 388, n. GG ; Hamâsa , p. 564). L'autre dérivalion me paraît au con-
traire la véritable. Ordinairement le mot y^t se prononçait al-carrân ,
comme Talteste Tibrîzî dans son Commentaire sur la Hamâsa, p. 17,
dern. 1. — p. 18, 1. 4, et comme de Sacy a fait imprimer dans son
édition de Harîrî, p. 330, 1. 2, sans doule d'après de bons manuscrits.
Il désignait une cruche à goulot étroit * et par conséquent fort propre
à tenir Teau fraîche. D'après le Commentaire sur Harîrî (p« 330), il
appartenait au dialecte irâcain, et selon toute probabilité les Arabes
d'Espagne l'ont reçu des Irâcains conjointement avec l'objet qu'il dési-
gnait, de même qu'ils recevaient d'eux les belles bouteilles (voyez plus
loin l'article irake). Comparez Maccarî, II, 799, 1. 10, où «des cru-
ches de rirâc,» iû^?^^ vl^^^ sont nommées parmi les objets précieux
qui se trouvaient dans l'Alhambra.
Alcabtaz (emboltorio de especias), de l'arabe ^jJihJil\ {aUcarlâs) qui
signifie du papier commun pour envelopper (Marc.) , cornet , papier roulé
en cornet (Boclb.) , alcartaz (Aie). Le mot arabe dérive à son tour du
grec xô^^'^^i^'
* Le mot arabe cartâs signifie proprement, comme x^P'^'^i^y wwe feuille
de papier y et en ce sens il s'est conservé dans le portugais, où cartaz
signifie: charte écrite sur grand papier, édit, diplôme, sauf-conduit,
cl aussi affiche. Le sens qu'a l'espagnol alcartaz est aussi donné par
Hélot (rorwe/); cf. Mille et une iiuits, I, 56, 1. 5 a f. éd. Macnaghten.
Alcatea pg. («manada, rebanho de gado. Tambem se diz alcatea de
lobos,» Sousa). C'est l'arabe j.>l3iiJI (al-catV) qui signifie troupeau, [* Il
faut lire; iU-i^âil (al-catVa) , qui a le même sens; voyez le Glossaire
sur Edrîsi, p. 368].
* Alcate>es. Dans le Cancioncro de Baena on trouve (p. 549 et suiv.)
un poème adressé par Ferran Sanches Calavera à Pero Lopes de Avala,
dans lequel il expose ses doules sur le dogme de la prédestination. Il
les compare constamment à une plaie qu'il a dans le cœur, et il désire
que l'autre lui donne un onguent, un baume, pour la guérir. Dans
1) Biffei la ti^rnification figutuê chct FreyUç, qui a mal compris les paroles de Tibrîif,
p. 18, I. 4. Dans sa traduction de la IlamAsa '\, 35, I. 7) il o évité cette erreur.
88
sa réponse, Pero Lopes de Ayala s'attache à la même image, et il dit
entre autres choses (p. 554):
E con este inguente (= ungûento) raucho valdria
El alcatenes de grant contriçion,
E de vota bidma (= bizma) de la conffesyon
Por mi consejo ally sse pornia.
Dans le glossaire on a considéré cet alcatenes comme le plur. de alca-
ien — ce qui est tout-à-fait inadmissible, attendu que le verbe et
l'article sont au singulier, «mucho valdria el alcatenes» — , et on a
fait venir cet alcaien de l'arabe ^à> (khalana), circoncire. Je ne com-
prends pas comment la forme alcatenes pourrait venir de cette racine;
mais en outre la signification ne convient nullement, car «la circonci-
sion de grande contrition» est sans contredit un non-sens. A mon avis,
le mot a été altéré par le copiste. Le sens exige un terme arabe qui
signifie la même chose qu'onguent dans le vers précédent, et emplâtre
dans le vers suivant. Or , Parabe a ^^jA (marham) dans l'acception
à'emplâtre, et en Espagne ce mot se prononçait, avec le changement
de m en 5, harham, car telle est la forme que donne Alcala sous dia-
quilon medicina et sous enplasto para cerrar llaga, avec l'article aU
harham, ou, comme on peut prononcer aussi, al-barheme^ al-hareme ,
car le h (s) est à peu près muet. C'est cet albareme que je crois
devoir substituer à alcatenes. Dans les anciens man. , le 6 se change
facilement en c el le r en ^, tandis que la terminaison eme a le même
nombre de jambages que enes. Quand on lit de cette manière, le sens
est parfaitement clair.
Alcatifa, alquelifa (tapis, couverture), de XâxLiftJt (al-cafîfa) qui se
dit dans le même sens, comme l'a démontré M. Dozy, Dict. des noms
des vêt., p. 252, n. 1.
*Alcatra pg. («l'extrémité de la partie charnue de l'épine dorsale
d'un bœuf ou d'une vache; selon d'autres, ce mot indique les deux
trumeaux de derrière et les reins,» Moraes). On voit que les Portu-
gais ne connaissent plus le sens précis de ce mot. Le fait est que
l'arabe «.bai! (al-catra) avait une signification beaucoup plus générale,
puisqu'il signifiait morceau (de viande, de poisson, ou d'autre chose).
Freylag ne le donne que dans le sens de goutte, et à en juger par le
silence des dictionnaires de la langue moderne, il ne signifie plus
89
aujoiirdliui morceau; mais en Espagne il s'employait dans celle accep-
tion, car P. de Alcala le donne, avec le plur. ^LIxj {Idlâr), sous les
mois: CQcho par pedaço, callo de herradura ()L<^^fjuo ^ »j^) > miembro
a miemltro (a^Li ^h »j^*)» pedaço ^ pieça lo mesmo es que pedaço, puesta
0 pieça o pedaço , i-ueda como de pescado , tajada de algo , torrezno de
focino (ji>L> ^^ H.ta3) , Iraço (lisez iroço) ; le diminulif cotaira se Irouve
chez lui sous çatico de pan, Ibn-Djobair (p. 235, 1. 13) dit de même,
en parlant de la poix, qu'après l'avoir exposée à l'action du feu,
ot_LxJ> «JyiLifij, «on la coupe en morceaux » ^ Voyez aussi l'article
suivant.
*Alcatrate pg. («part of the keel or boUom of a sliip,» Vieyra ;
«pcça da borda do navio , ou lancba, que encaixa nos bracos, e fica
por baixo da tabica, que cobre a borda,» Moraes). C'est, je crois,
otyail!! (al'Cairât pour aUcatarât) , le plur. du mot dont il a été ques-
tion dans l'article qui précède, où l'on a vu qu'Ibn-Djobair emploie ce
plur., litléralement les morceaux, les pièces.
Alcaucil, alcacil, alcarcil (carde bonne à manger), de al-cabctl, qu'on
trouve chez P. de Alcala dans le même sens. N'ayant jamais rencontré
ailleurs ce mot arabe, je ne suis pas à même d'en donner la tran-
scription.
* Alcaudon (moquette, petit oiseau qui sert d'appeau pour allirer
d'autres oiseaux dans les filels). L'Académie fait venir ce mot de cauda,
parce que l'oiseau qu'il désigne a une très-grande queue. Si celle
étymologie est la vérilable, les Arabes ont emprunté caudon aux Es-
pagnols, el le leur ont rendu augmenté de leur article.
Alcavallas a. pg. Dans un passage d'une ancienne chronique, cité
par S*. Rosa dans le supplément, il est question de barques chargées
de «alcavallas, e de trigo, e de uvas , » et plus loin d'une «fusla na
quai achârao muilas alcavallas, e figos, e amendoas. » S'. Rosa pense
que c'est une espèce de fn'ii s<inM.»lil»' nnv < .ironlw^. L'élymologie de
ce mot m*csl inconnue.
*Noraes, qui rite le second passage, prend le mol dont il s*agit dans
1/ SouM donne: • i» JaiiJî , parle do rspinhoço da lét. Derivase do verbo Jiii , darno
lado, ou no r»pinha^o.* Je rcpreUe de devoir dire que, dans totit rcla. il n'y a pas
un mrif
90
le sens de: argent provenant des alcabalas («dinheiro de Iributos»), ce
qui ne me semble nullement convenir. Je pense avec S'*. Rosa que c'est
le nom d'un fruit, et je crois que c'est 8V,t^<iî (al-caiiivâra) , nom d'unité
de al'cauwâr, que Bombay (p. 71) donne dans le sens de melon d'eau,
pastèque.
Alcayata. Le Bxcc. marit. esp, (1851) dit (apud Jal, Glossaire nau-
tique): «nombre que se da â un nudo muy usado a bordo. » Le Dict.
de l'Acad. esp. donne à alcayata la signification de «crochet ayant une
forme demi-circulaire, et fait pour soulever de terre les fardeaux et les
suspendre en l'air.» Suivant M. Jal ce renseignement est inexact: le
mot en question désigne «un nœud d'agui , un nœud fait avec un bout
de cordage pour serrer fortement un corps, et qui est enlevé avec le
corps qu'il presse au moyen d'un crochet.» Je crois que Tétymologie
décide en faveur de cette assertion , car l'arabe «A-a-s (caid) ou o>La-s
(qtiiyâd), d'où alcayata tire son origine, dérive du verbe caiyada qui
signifie vinculis constrinxil,
Alcazaba , pg, alcaçova (forteresse) , de K.A-AaJiJî (al-caçaba) qui a le
même sens.
Alcazar (château , citadelle) de ^.Aajlll (al-caçr) , château.
Alcazuz , /?(/. alcaçuz (réglisse, plante), corruption de y^^^v ^^^ Çtrc-
sous); comparez l'article sur le mot orozuz, qui a le même sens.
Alchatin «es el lugar que esta sobre el salvonor, debaxo de los ri-
ûones,» Gutierr. de Toledo, p. 4, c. 5. Marina, à qui j'emprunte ce
passage, retrouve ["avec raison; voyez Avicenne, I, 15 éd. de Rome]
dans alchatin l'arabe ^^ûiî (al-catan), «quod inler duas est coxas. »
* Alchaz. On lit dans une donation de Rudesind (apud Yepes, V, fol.
424 r) , de l'année 942 (car telle est la date véritable ; voyez Esp,
sagr.. XXXVII, p. 273): «casulas silineas X, alias casulas XIH, quin-
que de alchaz.» C'est l'arabe j^l {aUkhazz), espèce de soie, et il
faut lire de même dans une donation de l'année 951, où le texte,
publié dans Y Esp. sagr, (XXXIV, 455, 1. 5), porte: «quarla (casula)
de albaz simililer amarella.»
Alcoba, it. alcova, fr. alcôve (cabinet), de 'îijJsà\ (al-cobba) qui se dit
dans la même acception.
* Freytag a négligé de noter ce sens de cohha, mais M. Lane dit
91
{The Ihousand and one i^ig/iiSj I, 231) qu'il désigne: «a closel or siuall
chaïuber adjoining a saloon , » et Nowairî (UisL d'Espagne, inan. 2 A,
p. 450) l'emploie dans celle acception. Plus loin , je donnerai un arti-
cle sur akubiUa.
* En esp. alcoba signiOe en outre la châsse d'une balance, le morceau
de fer par lequel on soulève, on soutient une balance, lorsqu'on pèse
quelque chose («la caja û manija del peso de adonde pende la balanza,
y en que se rige el fiel» Acad.). C'est le même mol arabe, pris
dans un sens qu'on ne trouve pas non plus chez Freylag (comparez
toutefois ce qu'il donne sous w^) , mais bien chez P. de Alcala , qui
traduit manija del peso par cûbba, pi. quibêb (chez Berggren châsse à
balance est qUîmJÎ v^, qabb el^mizân). Le jurisconsulte Abou-Yahyâ
ibn-Djamà'a de Tunis {apud al-Cabbâb, man. 138 (2), fol. 118 r")
l'emploie en ce sens quand il dit: ^Lm*.J ^.j-^j q^ oj-^^ ls^ T^- ^
qÎ^aJI K^ ^ Jax*j ^\ j»j.JLj U3î^ oIjî^U «quand on pèse quelque
chose, il n'est pas nécessaire que la languette sorte de la châsse, mais
elle doit y être d'aplomb. ■
* Anciennement alcoba avait encore un troisième sens , car on lit dans
le Fuero de Madrid de l'année 1202 (dans les Memor, de la Acad.,
VIII, 43 a): «De farina pesar, iudeo vel christiano, qui farina pesaret,
en alcoba peset ; et si en alcoba non pesaret, pectet X. m^, si exierit
de alcoba, à los liadores. » Selon l'éditeur, M. Cavanilles (voyez ibid.,
p. 5), alcoba signifie ici: «peso publico,» balance publique, balance
approuvée par l'autorité et dont tous les marchands sont obligés de se
servir. Celte explication est sans doute la véritable. C'est l'arabe qL-aIÎ
{al'Cabbân) , qui vient du persan qL-*-^ (capan). et que Freylag traduit
par slatera maior. Selon Ibn-Batouta (III, 597), la balance s'appelait
ainsi dans l'Inde ; mais le mot n'était pas seulement en usage dans ce
pays éloigné, et aujourd'hui encore on l'emploie en Egypte et ailleurs,
car B(Klhor donne: grande balance, xJLIï , et selon M. Lane {Modem
Eggplians,l,S3), la personne chargée de peser les marchandises sur le
marché, s'appelle au Caire ^lÂk (cabbànî). C'est sans doute par l'in-
fluence de alcoba dans le sens de cabinet et de châsse d'une balance,
i\\i*aUcabbdn a été changé en alcoba, car il n'a rien de commun avec
l'arabe al-cohba.
92
Alcoceifa («silio, baiiTO, ou casa, em que viveni as nieretrizes»
S\ Rosa dans le supplément, document de Tannée 1158). En arabe le
verbe ^àxaS (caçafa) signifie sallavit cum clamore , le subst. caçf (Mac-
carî, I, 412, 438) saltatio cum clamore, et macçaf se dit d'un locus
amœnus sed abditus , qtiem adeunt, qui compotalionibus et bacchanalibus
libère indulgere cupiunt. — Je serais porté à croire qu'un substantif
arabe AàxAaJiii (al'coceifa) , dérivé du même verbe et désignant un lieu
de débauche, a donné naissance au mot portugais en question. — Quant
à alcouce qu'on trouve cliez S^ Rosa dans le même sens [* et qui au-
jourd'hui encore signifie bordel] , il me semble être une altération de
alcoceifa, dont on aura retranché la dernière syllabe.
Alcofa (panier) de iCàiiil {al-coffa) qui a le même sens.
Algohela (espèce de plante) de ^xjs^XJî (al-cahila) ou de son dimi-
nutif fl/-coAei7a, «borago officinalis,» Ibn-al-Baitâr , II, 351.
* Alcohela en esp. ne signifie nullement borago officinalis, c'est-à-dire,
bourrache, mais chicorée. Chez les botanistes arabes je ne trouve pas
de coheila qui ait cette acception, et il paraît que c'est un provincia-
lisme, car à en juger par les paroles de Cobarruvias, le terme n'était
en usage qu'à Tolède. Ce lexicographe a aussi fort bien expliqué l'ori-
gine du nom, qui signifie proprement: la pelile noire: on l'a donné à
la chicorée à cause de sa semence noire.
Algohol, [*a, arag. alcofol, Acad.], cataL alcofoll, de J^j5:uCl! (al-cohl)
qui désigne l'antimoine avec lequel les femmes en Orient se teignent
les paupières.
* «Le cohol est la galène ou sulfure de plomb; ce qui a été reconnu
d'ailleurs sur un échantillon que j'ai apporté. C'est à tort que plu-
sieurs auteurs ont traduit «le mot cohol par antimoine,» Prax, Commerce
de r Algérie, p. 29. Au reste je renvoie à la savante dissertation que
M. Mahn a consacrée à ce mot et à ses différentes acceptions (EtymoL
Unters., p. 107—109).
Alcolla (grande cruche) de l'arabe A-LiiJî (al-colla) qui signifie la
même chose et aussi ime mesure d'huile; voyez la note de M. Dozy,
Recherches, I, 546 de la première édition.
Alcor (colline) de ^j.a*l (al-côr), le pluriel de s^Loil (al-cârà), «coUis.»
Ce n'est pas le seul exemple d'un mot arabe qui s'est introduit dans
l'espagnol sous la forme du pluriel; [*con)parez l'Jntrod., p. 28, n'\ 5].
95
Alcora (globe, sphère) de yyCJt (al-corà) qui désigne la même chose.
Alcoran , pg, alcorao (le Coran) , de ^\M (al-cor'ân) , du verbe cara*a
qui signifie Are, réciter,
Alcorci («joyel, ù olro adorno de muger» Acad.). Marina dérive ce
mol de )L^jSJ\ (al-corsa) , «fibula.» Le changement de Va final en t
me semble inadmissible. C'est ce qui me fait douter de la vérité de
celle élymologie.
* Il y a mille autres bonnes raisons pour ne pas Tadmellre , et nous
ne nous en occuperons pas. Alcorci est un vieux mot et qui se trouve
seulement, aulant que je sache, dans le testament de Pierre-le-Cruel ,
publié par Llaguno Amirola à la fin de son édition de la Cronica de
Don Pedro par Ayala. Le roi y nomme (p. 562, 1. 12) parmi les pier-
res précieuses, les perles, etc., dont se composait un alhaite ou collier:
«quatro alcorcîs doro esmallados,» et plus loin [ihid., 1. 18), où il est
question d'un autre alhaite , on retrouve les mêmes mots. Cet alcorci
ne peut être rien autre chose que l'arabe ^^*^J^\ {al-corsl), siège, qu'en
espagnol on transcrivait constamment de celte manière, qui, du reste,
est très-bonne. Ainsi la constellation de Cassiopée, qui en arabe s'ap-
pelle ,^^^.^i^ o\3 (= Inthronata), est nommée dans les Libros de Astro-
notnia d'Alphonse X (1, 15) decalcorci (lisez delalcorci); autre exemple,
ibid.y I, 168; voyez aussi Mem. hist. esp. , V, 430. Il est vrai que
le sens ne semble nullement convenir; mais Llaguno Amirola, qui,
dans ses notes sur ce testament, se montre très-bien informé sur ces
sortes de matières, sans doute parce qu'il a consulté ou fait consulter
des Africains, remarque ceci: «Les femmes chez les Maures donnent
le nom de curci ou corci à de petites pièces d'argent ou d'or, qu'elles
ont dans leurs colliers. Il y en a de diverses figures; mais ordinaire-
ment elles ont la forme de coussins, et c'est de là qu'elles tirent leur
nom, attendu que les coussins de lit et d'esirade s'appellent corci, ^^
Je n'oserais pas allîrraer que cor si a été rendu exactement par coussin
(almoada), mais au fond cette explication est sans doute la véritable.
Alcorqub. Suivant Diego de Urrca , ce mot vient de l'arabe ^ JUI
[al'Corc)y qui désigne une sandale avec la semelle de liège. L'étymologie
de ce mot arabe m'est inconnue. Il me faut avouer la même chose à
l'égard de alcornoque (l'arbre appelé liège). Cependant je serais porté à
croire que l'arabe cortkha, qu'on trouve chez F. de Alcala aux mots
94
alcornoqxie et corcha o corcho de alconorque , n'est qu'une altération du
latin cortex. — Le mot chirque par lequel Aie. traduit roble arbol y
madera, et enzina de grana o coscoja est également obscur. Peut-être
dérive-t-il du latin quercus. Voyez M. Dozy , Dict, des noms des vêt. ,
p. 53, 3(Î5.
Alcorza (pâte très-blanche de sucre et d'amidon, dont on fait toutes
sortes de figures) de xyo.aiî {aUcorca) qui désigne des pastilles.
* (joVj_»l , plur. de {jo^-ï (corç) , a ce sens , et M. Sanguinetti donne
(dans le Journ. asiat. de 1866, t. I): «i,25UlJjî (jol^ïi, pastilles rougeâ-
tres, où entre, dit-on, un fruit qui croît dans l'Inde et dans quelques
parties de la Syrie.» Proprement corç et corga désignent plusieurs
choses rondes: un petit pain rond, — un morceau d'ambre rond (Mille
et une nuits, I, 44 éd. Macnaghten), — une marquette ou pain de cire
vierge (Alcala: pan de cera, .^ ^ ^^/) > — et même le disque du
soleil; mais l'idée de rondeur s'est peu à peu perdue, et ces mots ont
reçu le sens de pâte, comme le montre l'esp. alcorza, en port, alcorça
et alcorce, et le témoignage de Berggren (p. 266), selon lequel X.aôJ>
^3^^l signifie aujourd'hui massepain. Dans les Mille et une nuits (I,
57 éd. Macnaghten) les iC;ô^4-yo^ '»^^j"H^ (jot^î (l'édition de Habicht, I,
149, a seulement K-ô^U u^î^ît) sont nommés parmi les choses qu'on
mange au dessert.
Alcotan (oiseau de proie, «esmerejon» Cob. [* «mayor que el esme-
rejon» Acad.]) de j»LLiiUî (al-catâm) ou ^\hsS\ (al-cotâmî), «accipiter. »
*Alcotana (hachette, décintroir, instrument de maçon) semble être
une altération de ia:Lyiiî {al-cotâ'a) , que Freytag n'a pas , mais qui ,
selon Quatremère {Hist. des sultans maml., I, 2, 3), signifie: un pic ou
un autre instrument tranchant; et je trouve chez Berggren sous marteau:
« marteau et hachette à la fois, Xdbi (cataa). » C'était certainement
un instrument de maçon, car Macrîzî dit: «Ce prince, lorsqu'il reçut
cette dépêche, était debout sur le rempart de Kaisarieh, travaillant en
personne à la démolition de ce mur, et tenant une cotâ'a,* Quatre-
mère prononce catlâ'a, et Berggren cataa, mais en Espagne on semble
avoir dit cotâ'a. Hurabert (p. 84) donne micta\ qui vient de la môme
racine cata'a, couper, dans le sens de hache.
Alcouce pg. Voyez alcoceifa.
AixnEBiTE (du soufre) de vi^o^y-Xil {al-quibrU) qui a le môme sens.
* Alcroco (safran, crocus) est le mot latin que Habbi Yehouda ben-
Koreich {Epistola ad synagogam Judaeovum civiiatis Fez de sludii Tar-
gum uiiliiate, p. 105, 1. 15 éd. Barges et Goldberg) écrit onj, et qui,
par conséquent, est y^/ en arabe, avec Tarticle arabe.
* Alcuba. Dans l'inventaire des biens d'un évêque de Vich, dressé dans
Tannée 1243 et publié par Villanueva (Viage literario, VII, 253), on lit:
« Prelerea babemus in nostro palacio Vici unam alcubam. Et habemus
apud Valenciam in domibus noslris aliam alcubam maiorem et pulcrio-
rem illA alià prediclà.« C'est Tesp. cuba (cuve, tonneau), que les Ara-
bes avaient adopté, car Alcala traduit ciibero (tonnelier) par caguâb, et
qui, comme on voit, est retourné dans l'espagnol, augmenté de l'arti-
cle arabe.
* Alcubilla (terme de Grenade, réservoir, cbâteau d'eau). C'est le
dirainutief espagnol de 'iLjJL1\ {al-cobba ou al-coiibba) , que nous avons
déjà rencontré plus haut (voyez l'article alcoba).
AlcuiIa , pg, alcunha («el origen 6 ascendencia de familia 6 linage,
6 la hazana famosa de donde se toma el nombre ù apellido, que recuer-
da algun becho» Acad.) de aa-l^î [al-coumja) qui signiûe non-seule-
ment surnom, mais encore renonbre de linaje (Aie). Cette dernière
acception manque dans les lexiques. Le mot valencien conill, que Rôs
traduit par linage y dérive-t-il de même de l'arabe counya?
* Celle dernière phrase provient d'une singulière erreur. Rôs a noté,
dans son Dictionnaire valencien , quelques noms de familles nobles en y
ajoutant le mot linage (famille), entre autres celui de Conill; on voit
donc que conill n'est nullement un mot valencien , mais le nom d'une
famille valencienne. — Quant à Tétymologie de alcuna, elle exige quel-
ques explications, car M. Diez (II, 86) croit bien que alcuho, surnom
(mot que M. E. a oublié, de même que TAcad.), vient de Tarabe, mais
|>our ce qui concerne alcuna^ lignage, il pense qu'il vient plutôt du
gothique kuni, gén. kunjis, dat. hunja, genus , attendu que le surnom,
c'est-à-dire, le surnom composé avec Abou, change avec chaque individu
el n'a rien de commun avec l'idée de lignage. Je reviendrai tantôt
sur celte dernière considération; mais si l'étymologie de M. Diez est la
vraie, d'où vient alors la syllabe al? M. Diez a oublié de nous l'ap-
prendre. En second lieu, le portugais alcunha ne signifie pas lignage.
96
comme le prétend ce savant, mais surnom (voyez Moraes, qui donne
beaucoup d'exemples), comme counya en arabe, et i'esp. alcuna , qui
n'en diffère que par l'orthographe , a, selon toute apparence, la même
origine. Le fait est que M. Diez n'a pas bien compris counya. Ses
connaissances de l'arabe se bornent à ce qu'il peut trouver dans le
lexique de Freytag; mais cette fois ce livre aurait pu lui suffire, car
s'il l'avait consulté avec attention, il y aurait vu que counya ne signi-
fie pas seulement le surnom composé avec Abou (père), mais aussi le
surnom composé avec Ibn (fils); chez Alcala nonbre tomado del padre,
cimia. Or les surnoms composés avec Ibn, tels que Ibn-Omaiya, Ibn-
'Abbâd, Ibn-al-Ahmar, Ibn-Khaldoun, etc., etc., car on peut les compter
par milliers , sont de véritables noms de famille ; ils n'indiquent pas
que le père, mais qu'un des illustres aïeux de l'individu dont il s'agit
s'appelait Omaiya, 'Abbâd , etc., et quand on prend counya en ce sens,
la signification de I'esp. alcuna s'explique d'elle-même.
Alcuza (cruche, vase à l'huile) de b^^XJi (a/-coM>sa) que Bocthor traduit
par cruchon.
* Au moyen âge, ce mot s'employait aussi sans l'article arabe, car
on lit dans une donation de l'année 998 {Esp, sagr., XL, 409): «vasos
vilreos, eouza {lisez couza) Irake,» c'est-à-dire, une cruche faite dans
rirâc (voyez plus haut l'article alcarraza et plus loin l'article irake).
Alcuzcuz 5 alcuzcuzu , alcoscuzu , de y^-^JL^jCJ! (al-couscous) [* ou
^amJ^^^] {al'couscousoii) , Ibn-Batouta, IV, 394, Checourî, Traité sur
la dyssentene catarrhale, man. 331 (7), fol. 193 r°, Alcala sous hormigos
de massa], qui désigne une sorte de mets très-usité en Barbarie.
Aldaba, pg. aldrava (le verrou d'une porte, le loquet), de iLA.A23Jt
(adh-dhabba) qui signifie chez Freytag «repagulum ferreum» et que
M. Lane, dans la longue description qu'il en donne {Modem Egyptians,
I, 2b), traduit par serrure de bois. — Voyez pour le /, qui n'est pas
celui de l'article arabe, p. 23, n^. 4 de l'Introduction.
* Aldabia (solive, poutre) de?
"^ Aldaca (pas dans les dict.) signifiait: «pécha que pagaban los moros
de Fontellas à su seilor, y se reducia à la espalda de cada carnero;»
voyez Yanguas, Antigiiedades de Navarra, I, 28, 515 dans la note, II,
628. Est-ce une corruption de al-aclâf, pi. de quiff, épaule F Elle
97
serait bien forle, j'en conviens, mais Alcala traduit ainsi espaîda como
de camero et c'est le mot ordinaire pour épaule,
Aldba (bourgade) de iùuycaJI {adh-dhei'a) qui a la même signification.
^ Aldbbaran. En arabe celle éloile s'appelle ^^t^-jO-Ji (ad-debarân).
Dans les Libros de Astrotiomia d'Alphonse X on trouve (I, 65) aldebaran
comme le mol arabe, mais plus loin (I, 144) addevaran. Dans la pre-
mière forme, le / est euphonique; voyez Tarticle suivant.
Aldiza (espèce de jonc) [* de jC^-jJl-j! (ad-dtsa) , nom d'unité, donné
dans le Glossaire sur Edrîsî (p. 303), de ad-dts]. Jonc se nomme en
arabe ^,^ù (dis) [* et non pas dais, comme donne Freytag ; voyez le
Glossaire sur Edrîsî] , mais avec l'article on dit ad^dts et non al-dts.
Ainsi, pour en dériver le mot espagnol en question, il faut supposer
que le /, qui précède le c/, est euphonique. Cf. p. 23 de l'Introduction.
Alecrim (romarin) de J^Jb"^! (al-iclil) , «rosraarinus officinalis ," Ibn-
al-Bailâr, I, 72.
* Alefangimas, alephanginas (pilules purgatives faites avec différents
aromates). Je trouve aussi ce mot, mais écrit d'une manière un peu
différente, dans la relation flamande d'un voyage en Orient fait en 1481
(Tvoyage van Mher Joos van Ghistele), L'auteur y conseille (p. 2) à
ceux qui veulent entreprendre un tel voyage, de se munir de «pillen
van alphaginen. » Les recherches que mon savant collègue, M. Evers,
professeur en médecine à notre université, a bien voulu faire à ma
demande, ont montré que les pilules dites alephanginas, elcphanginae
ou alophanginac étaient fort en usage au XVI« et au XVI^ siècle, et
qu'actuellement encore elles se trouvent dans la pharmacopée de Wur-
temberg (pilulae aloephanginae). Elles ont été inventées par Lampon
de Péluse (voyez Galien, XIII, 564 éd. de Paris); mais Mésué les a
perfectionnées et s'est attribué l'honneur de leur invention ; voyez Jo-
annis Mesuae Damasceni De re medica libri très y lacobo Sylvio Medico
interprète, Paris, 1561, fol. 159 v". — Quant à l'origine de ce terme,
le Dict. de l'Acad. esp. dit ceci: «Selon l'origine arabe, ces pilules de-
vraient s'appeler alephagginas ; mais l'usage a changé l'un des ^ en n,
pour faciliter la prononciation. » Les académiciens semblent donc avoir
connu l'origine du mot; cependant cette apparence est peut-être trom-
peuse. Chez Mésué le terme ne se trouve pas; on lit bien sur la marge:
PU. alephanginae, mais ces paroles semblent de Sylvius, le traducteur;
13
98
Wésué lui-même n'a que « calapotia aromatica,» et peul-êlre le terme
qui nous occupe est-il une altération de ^-J.L_:'::^i (al-efâivili) , qui en
arabe signifie aromates.
* Alefris, pg. alefriz (lermc de marine, mortaise, entaille faite à
une pièce de bois pour l'assembler avec une autre). L'Académie et
Vieyra donnent ce mot au sing., mais Moraes ne l'a qu'au plur., alefri-
SCS f et Tétymologie démontre que c'est mieux, car c'est évidemment
ui^L-ft-JI {al-firâdh ou al-ferâdh , al-feridh selon la prononciation des
Arabes d'Espagne, par transposition al-efrîdh) , plur. de fardh, qui
signifie précisément «incisura, crena» (Freylag), entaille (Boclhor).
Aleli, alheli, albaili (giroflée), de j^^-^Jî (al-khirt), qu'on pronon-
çait au Magreb al-khailî, Dombay, § 12 / [* par euphonie, parce que
le k/iâ précède; Cherbonneau dans le Journ. asiat. de 1861, II, 562],
et que Boctbor traduit par giroflée jaune.
Alerze (espèce d'arbre, cèdre) de Hj.':^] (al-arza ou al-erze), «cèdre»
lîoclhor.
Aletria (espèce de vermicelle) de \^J^^\ (al-'ilnya) qui désigne la
même chose.
Alexixas (espèce de bouillie faite avec de la farine d'orge) de ^a^:^1\
[al'djecinch) , farine de froment cuite avec de la viande ou avec des
dattes.
* Celte élymologie n'est pas tout-à-fait exacte, car dans l'Ouest on
ne disait pas al-djeclnchf mais ^J^,j^Xij^\, ad-dechich. C'est ce qui
résulte des paroles d'al-Cabbâb, de Fez, dans son Commentaire sur le
Traité d'Abou-Yahyâ , de Tunis , qui roule sur les ventes et les achats.
Ayant trouvé dans l'auteur qu'il explique ^yJ^\ J^j.X;.j^l\ , «le dechîch
cuit,» il dit (man. 138 (2), fol. 78 r°): KJULii ^i tJLol^ j^^Ji^o^l] Ut^
^.A.5 Ol^-^ -A.£: Lâ;<vId NJL<^l3 ^^^ (^-f:^^^^ lA^-^^-Î^ » « Lc uiot dechick
vient de celui qui, dans la langue classique, est djechtch, avec le djtni;
on appelle ainsi l'orge quand elle n'a été moulue que jusqu'à un certain
point» (comparez dans l'Acad. sous alexijas: «la cebada quebrantada y
média molida»). Cette forme est aussi la seule que donne P. de Alcala
sous fresadas de cevada {.^^ ^^ ^J^.XiS) et sous ordiale para dolientes.
De nos jours elle est aussi en usage, car M. Prax (dans la Revue de
VOrient et de VAlg., VIII, 348) écrit adchicha (du blé concassé et pré-
paré comme le riz, avec de l'acbe). Il faut donc dire que alexixas
vient lie ad-dvchkha (Freylag cl Laiie (sous i;.;i.-A-^->) doiinenl celle
forme) , et que le (i a été changé en /. Eu effet , ces deux lettres se
pennulenl ; ainsi le verbe qui aujourd'hui est dejar (laisser), était an-
ciennement aussi lejar.
* Alfaba ou alhaba (petite mesure de terrain) semble être Ka^I {al-
habba) , grain , et aussi pelile partie d'une chose ; mais en arabe je ne
le connais pas dans le sens qu'il avait en espagnol.
Alfacb pg. (laitue) de ^j*.^\ {al-h/iass) , «lacluca.»
* Alfaços pg. (espèce de champignon). Ce mot semble peu usilé
(Moraes le donne d'après Bluleau) et la véritable orthographe me paraît
être alfacos sans cédille. Dans ce cas, c'est ^m1\ {nl-fac'), qui signifie
champignon. D'après Moraes, l'espèce de champignon indiquée par le
mot portugais a le chapeau rouge, et le verbe ^5 {faqiii*a) , ainsi que
ses dérivés , signifie précisément être rouge.
*Alfada b. lai, (pas dans Ducange). Dans le Fuero donné par Al-
phonse VII, dans l'année 1118, aux Mozarabes, aux Castillans et aux
Français de Tolède, et publié par M. Muûoz (Fiteros , ï, p. 365). on
lil: «De cetero vero si aliquis homo ceciderit in homicidium, aul ali-
quem livorem absque voluntale, et probatum fuerit per veridicas lesli-
monias, si fideiusorem dederit, non sit relrusus in carcerem, et si
Hdeiusorem non habuerit, non feratur alicubi extra Toletum, sed lan-
tum in Tolelano carcere trudatur, scilicet de alfada, et non solvat nisi
quintam partem calupnie non plus.» C'est, comme on lit dans la note,
\j^sù\ (al-fadd), rédemption , rachat , et le sens est que la personne en
question doit rester en prison jusqu'à ce qu'elle ait racheté sa liberté
en payant le cinquième de l'amende.
Alfadia (don , cadeau) de iuJ^i^ {al-hadîya) qui a le même sens.
Alfagbmb (barbier) de pLïn^^i (al-haddjèm) que l*. de Alcala traduit
par barbero. Quant à la signification de o/ficial , que compoe, ou guar-
nece espadas chez S*. Hosa, elle m'est inconnue en arabe. [* Aussi al-
fageme n*a-t-il reçu en portugais le sens de fourbi sscur , que parce que
c'étaient les barbiers qui fourbaicnt les épées, comme le dit S". Uosa
dans le supplément; voyez aussi Moraes. — Quant au passage de la
Chronique de Jean I", que cite S". Rosa et où des cavaliers ont des
' alfagemes nn< -.r- -^ - j<> «p.js m Moraes (jue c'est une corruption
dit alpiugcs].
100
Alfahar, [*alfar] (atelier de potier), de ^L.i:LftJi [al-fakhkhâr) [* qui
signifle potier; Ibn-Djobair, p. 82, 1. 17, Alcala sous hazedor de barro
et sous /arrero, Berggren, Marcel; le mot pour atelier, p. e. dâr (cf.
Marcel), a été suppriuié par les Espagnols, et au lieu de dire dâr al-
fakhkhâr, ils disaient alfahar tout court. Quant à alfarero (potier),
ce n'est pas (^^_^«i>Li ou ^L^-s , comme le pense M. Defrémery , mais
c'est ^\J^\ , dans le sens de poterie , vaisselle de terre , avec la termi-
naison espagnole ero, qui indique le nom de métier].
Alfaide. Suivant M. Jal {Glossaire nautique), ce mot était en usage
sur la côte de l'Andalousie pour désigner la marée vive. C'est l'arabe
ijiaxâJî (al'faidh) qui signifie inondation, crue; voyez le Cartâs , p. 63,
et Ibn-Djobair, p. 40. Dans ce dernier passage il se dit de l'inonda-
tion du Nil. Cette signification manque dans le lexique de Freytag.
[*De même Ibn-Djobair, p. 49, 1. 17, p. 51, 1. 10; J-Oiî u^-^ chez
Ibn-Khaldoun , Hist. des Berb. , 1 , 459. Le verbe (jrii , suivi de ^^ ,
signifie inonder. On lit dans le Mosta^înî sous ^Uii ^-^j: \S\ J.AÂJi s'Uv*
{joJ^\ ^c vi>v.^Ls, «lorsque les eaux du Nil inondent la terre.» Telle
est la leçon du man. de Naples; celui de Leyde porte ^.^K*ai\. Ibn-al-
Khatîb, Mi'yâr al-ikhtibâr, p. 22, 1. 7 éd. Simonet, emploie «^faidh de
la mer» dans le sens qu'avait le mot andalous].
Alfalfa (herbe appelée le grand trèfle, fœnum |Burgundiacum) de
îLÂ.L.:s=\Ji (al'halfa) que P. de Alcala traduit par esparto yerva propria
de Espaha.
* M. E. a confondu ici deux plantes entièrement différentes , et son
élymologie, que M. Diez (II, 87) a copiée, est tout-à-fait inadmissible.
En arabe ^ULs^i (al-halfa) désigne bien cette espèce de roseau ou sparte
que les botanistes nomment ordinairement stipa tenacissima, mais aussi
arundo epigeios (Ibn-al-Bailâr, II, 315, de Sacy , Chrest. ar., I, 279,
Sanguinetli dans le Journ. asiat. de 1866, 1. 1), dont on fait des nattes,
des chapeaux, des cordes pour tirer l'eau des puils, des sacs, etc.
(voyez Daumas, Le Sahara algérien, p. 211, 313), et dont dernièrement
on a fait aussi du papier (voyez Bévue de l'Orient et de VAlg., nouvelle
série, XII, p. 285 et suiv. , où le nom latin est macrochloa tenacissima);
c'est le esparto d'Alcala ; mais en espagnol alfalfa, alfalfe , alfalfez,
désigne au contraire, comme M. E. l'a dit avec raison, cette espèce de
101
Irèlle que les Grecs nommaient M^xii , parce qu'ils Favaienl reçue de
Médie, que plus tard on a nommée foin de Bourgogne, parce qu'elle
abonde dans cette province, et qui aujourd'hui s'appelle luzerne. En
arabe, halfd n*a jamais désigné celle dernière plante, et Tesp. alfalfa
a une tout autre origine. M. Ë. aurait pu la Irouver chez Alcala, qui
traduit alfalfa par fàçfaça. En effet, la forme alfalfez, qui est la moins
altérée, est une corruption de iuaÂAaiii {al-façfaça, chez Freytag al-fiç-
fiça), luzerne, medica chez Freytag; Ibn-al-Baitâr, II, 257; dans le
Moslà'im: X-UL^JI iû-i^ ^\ iJ^i ^-J-J Kx^^xJb ^^ (man. de Naples
tSyA (^S) , «elle s'appelle en espagnol yerba de mula, c'est-à-dire, herbe
de mule.» On voil qu'au lieu de alfaçfez, les Espagnols on dit alfal-
fez, et ce dernier mot a ensuite été corrompu en alfalfe et alfalfa.
Chez les Arabes eux-mêmes ce mot s'est altéré, car M. Prax donne
{Revue de l* Orient et de VAlg., VIII, 348) fs'afs'a et faç'a; déjà chez
Léon l'Africain (voyez Freytag sous icJôs) on trouve celte dernière forme,
et Uauwolf [Aigentliche Beschreibung der Raisz, p. 55) écrit aussi fasa.
Au reste, la véritable étymologie du mot esp. n'était pas inconnue: elle
avait été donnée par Bocharl, par l'Académie, par Marina, etc., et,
longtemps auparavant, par l'illuslre botaniste hollandais Dodonaeus
{Cruydt-Boeck, p. 994 a).
Alpamar (tapis, couverture). Dans l'ancien portugais on disait alfanbar:
c'est ce qui nous met sur la trace de l'étymologie de ce mot. Alfanbar
répond exactement à l'arabe Js-;-Lî=01 (al-hanbal). A en croire Freytag,
ce terme désigne une pelisse usée, ou une boite usée. En Espagne il
se disait dans le sens de couverture ou tapis à mettre sur un banc ou
sur un marchepied , et de là dans celui de tapis en général. Voyez P.
de Alcala aux mots bancal, reposlero lo que se tiende. En effet, on le
trouve dans celte acception chez Maccarî, II, 711. L'espagnol arambel
n'est qu'une alléralion de ce même mot arabe. Le /* (/) est syncopé,
et le / est changé en r. Dans le portugais moderne on trouve encore les
formes alambel et lambel.
*Dans le Mem. hist. esp. (IX, 92), M. de Gayangos dérive alfamar
de y«Js^\ (al'khaml), «tapetum brevibus villis instructum» chez Freytag.
Au premier abord , cette étymologie se recommande par sa simplicilc ,
et il n'y a rien à y objecter pour ce qui concerne le changcmcnl des
lOi
consonnes et des voyelles; toutefois je ne puis l'admettre, parce que ce
mot arabe, autant que je puis me rappeler, n'existait pas dans le lan-
gage ordinaire des Arabes d'Espagne. J'avais proposé moi-même, il y
a longtemps, une autre dérivation, et M. Defrémery observe, à propos
de l'article de M. E. : «Quant à alfamar , je préférerais le tirer, avec
M. Dozy (Glossaire sur le Bayân, p. 23) , de ^Ui^Jl (al-khimâr), couver-
ture.i> Je suis d'une autre opinion, parce que, en réalité, al^khimâr
ne se dit pas dans le sens de tapis ^ et je crois que la dérivation de
M. E. doit être comptée parmi ses élymologies les plus heureuses. Je
me bornerai donc à y ajouter une ou deux remarques.
"^L'arabe hanbal, dans le sens de tapis, n'appartient pas à la langue
classique (Lane ne l'a pas dans cette acception), mais bien à celle des
Arabes de l'Ouest. Alcala ne l'a pas seulement sous les mots cités par
M. E., mais aussi sous poyal para cobrir el poijo; chez Bombay (p. 93)
c'est «tapes lineatus;» chez Humbert (p. 204), «tapis non bigarré;»
chez Roland de Bussy , « sorte de tapis ; » chez Carette [Géographie de
V Algérie, p. 220), «long tapis rayé;» chez Cherbonneau (dans le Journ,
asiat. de 1849, I, 66), «tapis à raies de couleur que l'on fabrique à
Tripoli de Barbarie et à Alger» (cf. ses Dialogues, p. 225); de même
chez Martin, Dialogues, p. 77. Ce terme a, pour ainsi dire, donné
naissance à deux familles de mots : prononcé comme al-hambel , il a
produit : alambel (lambel) , harambel (chez Victor) , arambel ; — pro-
noncé comme al-hanbal , il a donné: alfanbar, alfabar (chez Moraes),
alfamar; — mais le sens est toujours resté le même.
Alfaneque. Dans l'espagnol moderne ce mot désigne une tente, mais ce
n'est pas sa signitication primitive, comme nous allons le démontrer. —
Dans une charte citée par Ducange et par S% Rosa, il est question de
«lectos cum suos tapetes ... et fateles* alfanegues,» et dans une autre
de «fulcra serica, et coopertorium unum de alfanez. » Un troisième
document, de l'an 1084, porte: «et una pelle alfanehe. » De ces pas-
sages il résulte qu'il s'agit d'une espèce de fourrure. Sans m'occuper
des conjectures étymologiques proposées par S\ Rosa, je me contenterai
de citer un auteur arabe qui nous éclaircira sur l'origine du mot en
question. Chez Maccarî, I, 271, on trouve, parmi plusieurs autres
1) [* Plus loin je donnerai un article sur ce mot].
vêlements, eN-^5 ^^.-2 (farwai fancc) , c'est-à-dire, deux pelisses de
fanec, diias pelles alfanehe quand on le traduit dans le langage des
anciennes chartes. Fanec («nmstela foina,» Ibn-al-Bailûr, II, 265) est
un animal de la peau duquel on se servait pour fabriquer des fourru-
res, une espèce de belelle. Farwa fanec, ainsi que pelle alfanehe, dé-
signe donc une pelisse, une couverture, faite de la peau de cet animal.
Mais en espagnol on a employé aussi alfaneque pour désigner une coU'
verhtre de laine, etc. («Os Hespanhoes cbamao boje alfaneque a qualquer
coberlor de papa, ou laa » S\ Rosa). Est-ce que dans la suite on a
encore élargi celle signification jusqu'à en faire une lente? — Quant à
alfaneque dans le sens de faucon, P. de Alcala traduit halcon alfaneque
par fancque, a^Us ou iCïUi. N'ayant jamais rencontré ce mol ailleurs,
je n'ose pas décider s'il est vraiment arabe, ou s'il n'est qu'une tran-
scription du terme espagnol ^ auquel il faut peut-être attribuer une
origine tout-à-fait diiîérente.
* Je crois pouvoir expliquer l'origine du mot alfaneque dans le sens
de tente, laquelle, à mon avis, diffère entièrement de celle de alfaneque
dans le sens (['espèce de fourrure; mais je lâcherai d'abord de complé-
ter les renseignements donnés par M. E. sur cette dernière acception ,
et d'indiquer l'origine de alfaneque, espèce de faucon.
* I. Dans sa traduction de Becrî (p. 33 du tirage à part), Quatremère
a consacré une petite note, dans laquelle il cite le voyageur Bruce, à
l'animal appelé fanec, et M. de Slane en a fait autant dans la sienne
{Journ, asiat, de 1858, II, 464). Ce gracieux quadrupède a aussi été
décrit par le voyageur anglais Tristram {The great Sahara, p. 383 et
suiv.) et par M. de Colomb [Exploration des hsours et du Sahara de la
province d'Oran, p. 40 — 42). Enfin M. Clément Mullet lui a consacré,
dans la Revue de V Orient et de VAlg. (nouvelle série, VI, 289—295),
un mémoire intéressant, auquel j'emprunte ce qu'on va lire:
* Parmi les naturalistes européens, le fanec, dont parlent les auteurs
arabes, mais d'une manière peu précise, a été considéré bien longtemps
comme un être problématique. Ce ne fut qu'en 1777 que Brander,
dans les Transactions de Suède, en donna une description qui puisse
satisfaire le naturaliste et où l'animal est désigné sous le nom de Zerda.
Bruce ensuite le décrivit et le figura, dans son Voyage en Abyssinie,
sous son vrai nom oriental do fanec. Cependant toute la polémique
104
soulevée par le fanec n'était point terminée. Buffon, qui ne le connais-
sait que par ce qu'il en avait lu dans Bruce, n'osa pas lui conserver
son nom: il le décrivit sous celui à.' animal anonyme; et Geoffroy Saint-
Hilaire, malgré les témoignages irréfragables qu'il possédait, rejeta
encore le fanec, déclarant qu'il ne pouvait exister, au moins comme
espèce hors du genre galogo. Enfin deux couples de cet animal sont
venus au jardin des plantes, arrivant l'un du Sennar et l'autre du nord
de l'Afrique. Son existence est donc bien constatée et le doute n'est
plus permis.
'^Le fanec habite les régions chaudes de l'Afrique depuis l'Abyssinie
et le Darfour jusqu'au nord de l'Afrique, à Constantine [il faut lire:
à Oran]. Les Arabes l'ont connu et ils se servaient de sa fourrure;
mais comme selon eux le lieu principal de sa provenance était «le pays
des Slaves,» il est certain que le nom de fanec était encore appliqué
à d'autres animaux, ou plutôt à d'autres fourrures, soit qu'elles vinssent
du Nord ou du Midi. Primitivement nom d'animal, fanec sera devenu
celui de la peau, et comme elle était précieuse, on lui a comparé les
belles fourrures, même celles du Nord, et on se sera habitué à les
comprendre toutes sous le même nom, en oubliant sa valeur primitive.
'^ Tel est le résumé du mémoire de M. Clément Mullet. Ce qu'il dit
en dernier lieu sur l'extension donnée à la signification de fanec, me
semble fondé. Chez Ibn-al-Hachchâ , qui écrivait à Tunis dans la pre-
mière moitié du XIIP siècle, il est question du véritable fanec, car il
dit (Glossaire sur le Mançouri , man. 551 (5), fol. 168 v^):^-^ i^-Â-à
iLx-ii-j^î i^^-^Aûj uJjXJ s^SJù\ 8lXJL> ^a l\.^uô j^t^A> , «le fanec est un
animal de la peau duquel on fait des pelisses; on le connaît dans le
Sahara d'Ifrîkiya ; » mais chez Maccarî (I, 230, 1. 5) il est question de
«pelisses faites de peaux de fanec du Khorâsân,» et Marmol dit en
parlant de Cairawân [Descripcion de A/frica, II, 287 a): «Ceux qui y
demeurent à présent, sont pauvres et méprisés; pour la plupart ils
s'occupent à préparer certaines peaux d'agneaux petites et très-fines ,
dont les principaux parmi les Bédouins portent des manteaux et qui
s'appellent finque. » Finqiie est une autre prononciation (celle que donne
Damîrî) de fanec, et l'on voit que, par laps de temps, ce mot a même
reçu le sens de peaux d'agneaux; à moins toutefois que Marmol ne se
soil Ironipé et qu'il ail pris pour des peaux d'agneaux des peaux qui
en réalilé étaient celles du fanec. Je crois môme que cette dernière
supposition est beaucoup plus vraisemblable.
* II. Alfaneque pour désigner une certaine espèce de faucon , est
certainement d'origine arabe, quoique M. E. en ait douté. Ce qui le
prouve, c'est que ces faucons appartenaient à la Barbarie et qu'on les
vendait en grand nombre à Oran (voyez TAcad.). Apprivoisés , ils ser-
vaient pour la chasse, et ils étaient très-adroits à prendre des perdrix,
des sacrets, des lapins, des lièvres et des butors (ibid.). Remarquons
à présent 1*. que, selon Becrî (p. 21, 1. 15), on chassait le fanec dans
rifrîkia, c'est-à-dire, dans cette partie de l'Afrique qui, parmi ses
villes, compte Oran, où les faucons dits alfaneques se vendaient en
grand nombre; 2**. que, selon M. de Colomb, le fanec est très-commun
dans le Sahara de la province d'Oran. Prenons aussi le halcon alfane-
que d'Alcala , que celui-ci rend en arabe par fanêq , nom d'unité fané-
que, et traduisons-le littéralement en arabe, alors nous obtiendrons
*i5Uâii ;b (bâz al'fanec), c'est-à-dire, le faucon du fanec, ou, en d'au-
tres termes: le faucon avec lequel on chasse (non-seulement des lapins
et des lièvres, mais aussi et surtout) des fanec. Bâz al-fanec était
sans doute la dénomination primitive; mais pour la brièveté on a sup-
primé plus tard le mot bas, et voilà comment il s'est fait que le nom
d'un quadrupède est aussi devenu celui d'un oiseau.
*III. Alfaneque dans le sens de tente n'appartient pas à «l'espagnol
moderne,» comme l'a cru M. E. ; c'est un mot qui a vieilli (Acad.) ,
et pour celle raison M. de Gayangos a rassemblé, dans le Mem. hist,
esp. (IX, 351), quelques passages d'anciens auteurs où il se trouve*.
Je crois qu'il est d'origine berbère. Dans cette langue le mot àfarâg
semble signilicr proprement enceinte, ce qui forme clôture autour d'un
espace, et ensuite, comme enceinte en français, l'espace même qui est
clos, entouré. Dans le dialecte des Auelimmides, qui parlent un berbère
très-pur, le halo ou couronne lumineuse, que l'on voit quelquefois
autour de la lune, s'appelle àfarâg-n-aiôr (Barth , Reisen, V, 675); ils
donnent aussi le nom de àfarâg à une haie {ibid. , p. 681 , où Barth
1) On p«ut y •jouter Gonialet de Clatijo, Vida del gran Tamorlan, p. 181 éd. Lia-
guno Amirola: «un» grande ticnda fecha corao alfaneque.»
14
106
«lit à lori que c'est un mol arabe), et chez eux une clôture, faite de
claies, dans laquelle on renferme les moutons, porte le nom de àfarâg^
n-idli {ibid., p. 712). Chez les Berbères de l'Algérie, qui écrivent
v3't-5Î et prononcent afrog , ce mol signifie cour d'un douar ou d'une
maison (voyez le Dict. berbère sous cour et M. Brosselard dans le Journ.
asiat. de 1851, I, 83, n. 14); on voit facilement que c'est enceinte
dans le second sens. Chez Ibn-Khaldoun (Hîst, des Berb., II, 365, 1.6)
on lit: ^JC-A.A^ ^^c! i^î^î ^^*.^J\ «aJLJ! ^^LjLa-j ^ILii^iî ;-c^î, «le sultan
donna l'ordre de bâtir une ville, que Ton nomma Afarâg, sur la partie
la plus élevée de la péninsule de Ceula.» Ici àfarâg est devenu un
nom propre, de même qu'en berbère agâder ou agadîr, qui signifie
primitivement la muraille qui entoure une ville, est devenu le nom
propre d'une ville (cf. Renou , Description géogr. de Vempire de Maroc ,
p. 57 et suiv.). En outre, on a donné le nom à'dfarâg à l'énorme
enceinte de toile, «la muraille de toile de lin,» comme s'exprime Ibn-
Djobair'(p. 177, 1.5)*, qui, dans les pays musulmans, entoure la vaste
tente du souverain, et qui en arabe s'appelle ^ô\^ (sorâdic), en persan
ii^^j*M (serâtché) (ce mot signifie aussi halo, de même que àfarâg) ou
iiùjJyM (serâperdé) (cf. Defrémery, Voyages d'Ibn-Batoiita en Perse, p. 124,
n. 2, et le même dans le Joiini, asiat, de 1850, II, 71). Ibn-Batouta
dit à plusieurs reprises que le mot persan serâtché désigne ce qu'au
Magrib on nommait àfarâg, -Us'; voyez II, 369, lïl, 44, 251, 415,
et comparez II, 405. Chez Ibn-Khaldoun {Prolégomènes, II, 61) on lit
que k^ii', «mot dont la dernière lettre a un son intermédiaire entre le
^ et le «5" , » est un terme berbère qui désigne la clôture en loile de
l) la même expression se trouve chez Coppin [Le loucher de V Europe , p. 201), qui
dit: «Chacun des Sangiacs ou Beis de l'Egypte n'a pas moins de sept ou huit tentes
auprès de la sienne, qui surpasse de beaucoup les autres en étendue et en hauteur. Ce
piincipal pavillon contient plusieurs chambres, et il est tout environné de murs qui sont
d'une toile tissue de coton et de fil diversifiée de couleurs éclatantes qui en rendent
l'aspect fort agréable.» Et plus loin (p. 204): «Quand le Bâcha approche du Caire, il
trouve de superbes tentes que ceux de la ville lui tiennent prêtes; elles sont au dehors
de toile cirée de différentes couleurs , et une muraille de la même toile de six pieds de
haut fait un enclos autour de tous ces pavillons qui sont fort grands et qui ne sont
pas moins de douze.»
107
lin, dont les souverains luagribins enlouraienl leurs tentes et pavillons.
Dans le Carias on trouve (p. 145, 1. 6 a f.) que, lorsque le sultan
aliuobade Almanror eut résolu de faire une campagne contre les Castil-
lans, S'\j^^\ xjklî^ vJ^/^ -^j^^ j^^f "il ordonna de préparer le àfardg
(un des man. porte ^Ut, les Arabes n'ayant point de lettre pour rendre
le g berbère) et la grande tente rouge. » Mais quoique cet auteur dis-
lingue la grande tente du àfarâg et que cette distinction soit au fond
exacte, on employait néanmoins ce mot pour désigner tout ce qui se
trouvait dans Tenceinte de toile, c'est-à-dire, les tentes du sultan, ou
plutôt, comme disent Léon TAfricain (Descr. Africae, p. 374) et Marmol
[Descr. de A/Jrica, II, 101 6), son énorme tente qui ressemblait à une
ville avec des murailles et des tours de toile. Déjà dans plusieurs des
passages d'Ibn-Batoula que j'ai cités, on peut voir qu'on donnait par
extension ce sens au mot en question, et un voyageur fort instruit, le
Danois Hœst {Nachrichlen von Maro/cos, p. 153), dit qu'à Maroc le litre
Mùla Elfràk signifie Zeltmeister , c'est-à-dire, qu'il désigne l'officier
chargé de prendre soin de la grande tente du sultan.
* Ce mot berbère répond exactement, quant à la signification, à l'es-
pagnol alfaîieque, car dans trois passages de la Chronique d'Alphonse
XI, cités par M. de Gayangos, et danS deux autres qu'il ne cite pas
(p. 455 , 1. 5 et 10), ce dernier désigne le d/arâg du roi de Maroc
Abou-'l-Hasan. Quant à la forme, il faut se garder de croire que la
première syllabe al est l'article arabe, car, comme le mot est berbère,
aucun des auteurs arabes que j'ai cités ne lui donne l'article , et al
n'est autre chose que la première syllabe d. Ensuite il faut se rappeler
qu'en vertu de Vimâlay le a se prononce aussi é, et que le r se change
en n, lettre du môme organe. On a dit par conséquent: àfarâg,
àfaréc, à fanée, alfaneque, et probablement les deux autres alfaneque
(fourrure et faucon), qu'on avait déjà, ont contribué à l'altération
du mot.
Alfa!vgb (coutelas) de ^^ui^l {aUkhandjar) qui signifie la môme chose.
Alpaqur (banc de sable, bas-fond) de!^
Alfaquiqub (celui qui rachète les captifs) de «^'LXàII (al-faccèc) qui a
le môme sens. Le mol arabe vient du verbe faeca qui signifie délivrer,
racheter,
•Le mol c^i». ilésignait aussi, ce que je ne trouve dans aucun
108
dictionnaire, une espèce de navire, car je lis chez Rojas, Relaciones
de algunos siicessos poslreros de Berberia, Lisboa, 1613, fol. 32 r":
« embarcaronse para Oran y Argel los de Aragon y Calalunia en los
alfaqueques de Tortossa. » Leur a-l-on donné ce nom parce qu'ils ser-
vaient dans l'origine au transport de ceux qui allaient racheter des
captifs en Barbarie? C'est ce qui devient assez vraisemblable quand
on compare azogue. Ce mot signifie vif-argent; mais azogues sont les
vaisseaux qui portent le vif-argent en Amérique.
Alfaqui. Chez les Musulmans le Coran est la base de la jurispru-
dence aussi bien que de la théologie. A ces deux sciences combinées
on donne le nom de fikh , et de là un «.-Jij [faquîh) désigne un théolo*
gien-jurisconsulte,
Alfaras («cavallo generoso, e exercitado na guerra» S^ Rosa) de
^J*^yil\ (al'faras), cheval.
Alfarda, farda, pg. alfitra (espèce de contribution que payaient les
Mauresques qui vivaient sous la domination des chrétiens). C'est l'arabe
\iùjtj\ (al- farda) qui signifie taxe (Boclhor), charge, contribution (Marcel),
income-tax (Lane, Modem Egyptians, I, 196). Un percepteur de cet
impôt s'appelle O-â/j (mofrid). Cf. Dozy, Loci de Abbad., I, 76. — Quant
à al fardas dans le sens de tirants de charpenterie , il pourrait dériver
de l'arabe {jcJùS {al-fardh) qui signifie chez Freytag «Hgnum ex tentorii
sive domus lignis.» N'ayant jamais rencontré ce mot chez un auteur
arabe, et la définition très-vague de Freytag ne permettant pas d'en
établir la signification précise , je n'ose pas affirmer que celte étymo-
logie est la vraie.
*»j»^», dans le sens de contribution, est pour X-a^s^-s, de la racine
OZ5.-Î, «imperavit aliquid necessario observandum.» Dans la langue
moderne on substitue fort souvent le J> au (j:^, ces deux lettres se pro-
nonçant presque de la même manière. Dans le poème d'un Mauresque,
composé en espagnol, mais écrit en caractères arabes, et publié par
M. Mùller (dans les Sitzungsber. d. bayer. Akad. de 1860, p. 226), le
texte a ^..àJt {alfarda, dans le sens de devoir) au lieu de o^^-aJî, et
oLi3,;i (pi. du pi. de [ja.h) se trouve avec le sens de contributions payées
par les Mauresques aux chrétiens , dans le Kitâb akhbâr aWaçr (dans
Millier, Die letzten Zeiten , p, 54, 1. 6). Au reste il va de soi que
100
al farda y farda, dans Pacceplion de «droit que Ton paie pour les eaux
d'arrosement » (arag.) , a la môme origine.
* Pour ce qui concerne al farda comme terme de charpenterie , M.
Lafuenle y Alcânlara m'en a donné cette explication tirée de la Carpin-
teria de lo blanco: Gada uno de los maderos que forman la pendiente
de una arraadura por uno y otro lado, conocidos hoy con el nombre de
pares.
11 le dérive de v>^i (al- fard) , sans doute avec raison, car ce mot signi-
Ce pars paris altéra, et il répond par conséquent au ternie pares dont
on se sert actuellement. Seulement pour être lout-à-fait exact et pour
expliquer la terminaison du mot esp. , j'aimerais mieux le dériver de
la forme oJ»^1 {al- farda) , que Freylag n'a pas en ce sens , mais qui
s'emploie en parlant des deux côtés d'une chose , de deux choses qui ,
réunies, forment un tout. Ainsi il signifie ballant (chacun des deux
côtés d'une porte); voyez Bocthor sous battant et les Mille et une nuits ^
I, 43 éd. Macnaghten. M. Gherbonneau (dans le Journ. asiat. de 1849,
I, 546) le donne dans le sens d*élrivières ; c'est pour la même raison
qu'il l'a reçu.
* Alfardon (rondelle de fer passée dans l'essieu entre la roue et le corps
de la voilure). La terminaison on semble l'augmentatif espagnol ; mais
en arabe je ne connais pas un al-fard qui ait une telle signification , et
l'étymologie proposée par l'Acad. me semble inadmissible.
Alparemb (espèce de voile ou de coiffure) de f^j^\ (al-harîm) [* lisez:
de j»l^-^^0! (al'harâm ou al-harém) , comme on dit vulgairement pour
j.l^'iii (al'ihrâm ou al-ihrém) ; voyez M. Lane, traduction des Mille et
une nuits, lll, 570, n. 21]. En arabe ce mot désigne une pièce d'étoffe
dont se servent les Musulmans pendant le pèlerinage ; mais en Espagne
et au Magrib il désigne aussi une sorte de coiffure. Gf. le Dict, des
nonis des ve/, p. 136. Aux i)assages arabes cités par M. Dozy, j'ajou-
terai Ibn-Djobair, p. 47. Ce voyageur nous informe que le Klialîb au
Caire portail «un tailesân de toile de lin noire; c'est ce qu'on nomme
au Magrib ihrâm. »
* Aux passages que j'ai déjà cités ailleurs , on peut joindre aussi
110
Jbn-Batoula, IV, 116, où je crois que le mot en question doit se
prendre dans cette acception. Dans un Formulaire de contrats (raan.
172, p. 4) un qL-x-^Jî ^./» |*t^>î, <^ihrâm de toile de lin» est nommé
parmi les objets dont se compose le trousseau. Le voyageur Browne
{Reize naar Afrika, l, 39) atteste qu'à Siwa on donne le nom d'ihhram
à une espèce de voile dont on se couvre les épaules, et selon Barth
{Reisen, V, 270; comparez IV, 349), haràm désigne un châle qui couvre
la moitié du visage.
* Quant à Valfareme espagnol, l'Académie a déjà cité un passage
de Gonzalez de Clavijo où il se trouve (c'est, dans la nouvelle édition,
p. 131, 1. 11). On peut y ajouter un autre qui se trouve chez le
même auteur (p. 196) et où on lit: «E al tercero dia en la noche el
Tamurbec mandé por su hueste , que las mugeres se pusiesen alfaremes
en las cabezas, porque paresciesen omes. »
Alfarge. Suivant le Dict. de l'Acad. ce mot désigne à Séville «el
poyo redondo, labrado de ladrillo, ô piedra, donde encaxan la piedra de
abaxo. » Cobarruvias dit que c'est cette pierre même («la piedra infe-
rior del molino del azeyte»). Le mot arabe {J^jâJ\ (al-farch) , dont il
semble dériver, ne signifie dans les lexiques que «stralum, stragulum.»
Mais le verbe cjiy (faracha) est usité dans le sens de paver. Chez Ibn-
Batouta, I, 318, il est question d'une «coupole dont l'intérieur est
pavé (mafrouch) de marbre blanc. » Cf. Ibn-Djobair , p. 85. Il se peut
donc très-bien que al-farch ait servi en Espagne à désigner «une sorte
de pavé sur lequel était placée la pierre inférieure du moulin.»
"^ Je crois devoir assigner à ce mot une tout autre origine, mais il
faut d'abord en fixer la véritable signification. On a vu que, selon
Cobarruvias, c'est la meule de dessous ou meule gisante. Ce témoignage
est confirmé par Victor, qui donne: «alfarge de molino, la meule de
dessous du moulin, le tordoir ou la meule d'un pressoir à huile,» et
par P. de Alcala, qui traduit alfarge ou alfarje par XÂ;^b/o, qui signi-
fie meule (cf. Alcala sous muela) , et aussi par hâjar arrihâ et hâjar
albêd y littéralement, la pierre du moulin. La signification étant donc
certaine, alfarge ne peut être rien autre chose que Tarabe al^hadjar
(.:^)^^i), la pierre; au lieu dealhadire, qui était désagréable à l'oreille,
on a dit alhardje, alfardje (on sait que le h ei \e f se permutent con-
stamment), alfarge; comparez p. e. pg. alfurja = alfugera. Le mot
111
qui (levait suivre (la pierre du moulin) a été supprimé, mais en arabe
on Tomel aussi, et qui plus est, on y emploie hadjar dans le sens de
moulin. Ainsi on lit chez Maccarî (II, 146, 1. 11; cf. les Addit.):
«vous avez entendu parler du grand nombre de moulins que fait
tourner le Guadalquivir: on dit que ce sont plus de cinq mille moulins
(hadjar).* Un lieu à Médine s'appelait ahdjâr az-zait {Marâcid, I, 29),
et cette dénomination signiOe évidemment: aies meules, ou les moulins,
à huile.» Anciennement alfargc avait en espagnol le même sens, comme
l'atteste Tamarid (voyez l'Acad.). — Je conclus de tout cela qu'à Séville
on a donné à ce terme une signification un peu différente de celle qu'il
devait avoir.
*Dans la môme ville, alfarge, selon l'Acad., a encore une autre
acception, puisqu'il y désigne: un plancher arlistement travaillé (de même
dans la Carpinteria de la blanco , où ce mot est écrit alfarxes). En ce
sens il vient du verbe {J^.i (faracha) , dont parle M. E., et qui signifie
non-seulement paver, mais aussi planchéier , garnir de planches ; voyez
Bocthor sous planchéier. Le substantif est al-farch , qui signifie plan-
cher; voyez Ibn-Djobair, p. 295, 1. 17, Ibn-Batoula , IV, 92, Maccarî,
I, 560, 1. 11, où Ton trouve aussi le verbe. Ce renseignement servira
en outre à expliquer l'origine du mot suivant, à savoir:
*Alfargia, alfagia (petite solive). Dérivé de al-farch, dont nous
venons de parler, )>^J>1\ (al-farchtyah) signifie proprement: un soliveau
dont on se sert quand on fait un plancher. Dans la Carpinteria de lo
hlanco le mot alfarxes ne signifie pas seulement plancher artistement
travaillé, mais aussi les pièces dont il se compose.
Alfarma , alharma , alhargama , harma , harmaga , armaga , pg. har-
male (rue sauvage), de ^j^à\ (al-harmal) , «ruta silvestris. »
Alfayate (tailleur) de i3L.^Jî (al-khaiyât) qui a le même sens.
* Alfeire ;;^. Selon Moraes ce mot a deux sens: V. troupeau de
brebis qui n'ont pas encore mis bas et qui ne sont pas pleines; 2".
clôture dans laquelle on élève des cochons. La seconde signification est
la primitive, car c'est l'arabe ^^.-^«îOI (al-heir) , clôture pour le bétail.
L'autre s'explique aisément : on enfermait les brebis dans une clôture
pour empêcher leur accouplement, et au lieu de dire: les brebis du
112
alfeire , on disait alfeire[{o\}i court. Les expressions: ovelha alfeina et
gado alfeiro, que le port a aussi, sont plus exactes,
* Alfeiza (et non pas alfeizar, comme chez Nuilez; alfeizar est le
verbe; voyez TAcad.) (embrasure, «fusior in pariete apertura, vel fis-
sura, ubi aptalur feneslra» Acad.) de X^v^^î {al-fesha), que Bocthor
donne dans le sens à*espace vide (chez Freytag fosha, «spaliura»). Les
embrasures sont justement les espaces qu'on laisse vides, quand on bâtit
les murailles. P. de Alcala donne ce mot dans l'acception de intervalo
de iiempo (en ce sens dans les Mille et une nuits , I, 258, 1. 1 éd.
Macnaghten); c'est au fond la même signification.
* Alfeizar pg. (le manche d'une scie). Sousa fait venir ce mot de
j\j^\, dérivé de ^jj (fazara) , «fidit, rupit ; » malheureusement un tel
mot n'existe pas. Peut-être le terme port, est-il d'origine berbère.
Dans cette langue ^^vUl ifâssen ou iféssen) est le plur. de (j^yî (a fous) ,
qui signifie manche d'un outil (proprement main; en arabe c\j {yad) a
aussi ces deux sens).
Alfeloa pg. (anciennement sucreries en général (v. S". Rosa), au-
jourd'hui sucre pour confire) de ■■é^^^l\ (al-helâwa) [* pas dans Freytag,
mais très-fréquent] , des sucreries. De là un confiseur s'appelle (^•^^
(helâwi) , en vieux portugais alfeloeiro.
AlfeiIique, pg. alfenim (pâte faite avec du sucre et de l'huile d'aman-
des douces) de cXAJUJi (al-féntd), dérivé du persan Js-ôU (pânîd) , «spe-
cies dulciorum , saccharum. «
* Alferce /î^. (bêche , houe) de ^j^UJi {al-fa's ou al-fe's), chez Freytag
securis, chez Alcala açadon, chez Boclhor et chez Hélot bêche; Drum-
mond Hay , Western Barbary , p. 55: «/a^, a large Moorish hoe.»
Alferecia, alferiche, alfeliche (épylepsie). Le P. Guadix dérive ce
mot de faras (cheval), parce que c'est une «enfermedad de temblores
que suele dar à los cavallos.» N'étant pas à même de décider, si c'est
là un fait incontestable ou bien une fiction du révérend père, je ne
puis ni rejeter ni accepter cette étymologie. La forme alfeliche et l'idée
de trembler (temblores) semblent indiquer du rapport avec la racine
arabe ^ià> {khaladja) , « palpitavil. »
* M. Millier observe: «Xaav.UJI .LâJî (an-nâr al-fârisîya) est érésipèle
chez les Marocains (Dombay, p. 89); de même chez Avicenne, p. 64 et
25. Quant à la forme, ceci répond fort bien au mot espagnol. L'autre
forme, alfeliche, olferiche, répondrait à ^LàJî (al^fâlich) , hémiplégie,
Toulefois je ne vois pas comment il serait possible de transporter le
nom d'une de ces deux maladies à Tépilepsie. »
* La diflîculté à résoudre est en elfet très-grande, et ce n'est qu'avec
beaucoup d'hésitation que j'ose proposer l'explication qu'on va lire.
* Le raot esp., sous ses diiïérenles formes, signifie proprement «une
maladie de petits enfants » (Victor) , <^ enfermedad peligrosa (|ue suele
dar à los ninos» (Cob.), « usase de esta voz mas propriamente quando
los nifios padecen esta enfermedad; epilepsia y morhus puerilist (Acad.),
et en arabe convulsions s'appelle ^JUiJ (Jachannodj) (pas dans Freylag ,
mais voyez Berggren sous convulsions et sous spasme ^ Bocthor sous ce
dernier mot, et une note de M. Millier dans le Bulletin des séances de
l'Acad. de Munich, année 1865, II, 24). Or chez Avicenne (I, 327) le
chapitre sur les convulsions (^a^i^xJ') , dans lequel il parle des convul-
sions chez les enfants, suit immédiatement celui qui traite du al-fâlidj ,
c'est-à-dire , de l'hémiplégie. Je me demande donc s'il ne serait pas
possible qu'un médecin juif ou chrétien se fût servi d'un exemplaire
ou plutôt d'une traduction d'Avicenne, où le titre du chapitre sur les
convulsions était omis, de sorte que les convulsions semblaient être
traitées dans le chapitre sur le al-fclidj ou alfeliche. On sait que, dans
les anciennes traductions, les noms arabes étaient ordinairement con-
servés, et de celte manière on s'explique comment il s'est fait que le
terme servant à désigner l'hémiplégie, a été transporté aux convulsions.
Alferbz (porte-drapeau) de (j**jUJi [al-fâris ou al-fcris). Ce mot arabe
signifie d'abord cavaliei\ et, puisqu'on confiait ordinairement l'étendard
royal à un cavalier courageux et bien monté, qui ne lâchait pas le
pied dans la mêlée, les Espagnols donnèrent le nom de alferes à l'ofTi-
cier, soit à pied, soit à cheval, qui portait cet étendard. Telle est
l'explication donnée par S». Rosa.
Alfbtbna , alfetna , alfechna. Ces mots se trouvent dans |)lusieurs
documents du X* et du XI' siècle dans le sens de hosiilidadc , guerra ,
confenda (S*. Rosa). En arabe iJJià^\ {al-fUna) se dit dans la même
acception.
Af ' ' nipicoz (concombre), de (joywJI {al-iutu» ({ki a le même sens.
Alfil ;augure) de ^i\Jtl\ (al-fa'l), «omen.» Au jeu des échecs, a//?/,
15
114
arfil, désigne le fou ; celle pièce ayant en Orienl la figure d'un éléphant ,
on rappelait J^âJÎ (al-ftl), du persan J^aj (pil), éléphant.
Alfilel, alfiler, pg. alfinele, val. hilil (épingle), de J^li^t {al-khilél).
Chez Freylag ce mot signifie « ligna acula , quibus veslimenlorum partes
inter se conneclunl. » Mais P. de Alcala le traduit par alfilel, d'où il
résulte qu'il faut ajouter aux lexiques arabes la signification à* épingle,
[* Marcel Ta aussi sous épingle],
Alpitete (espèce de pâle) de K-jLx^î {aUfilâta , ou al-fitîta suivant la
prononciation espagnole). Ce mot arabe manque dans les lexiques.
Suivant P. de Alcala il désigne mendrugo, migaja de qualqmer cosa.
*M. Defrémery observe: «Bocthor: mielte iCôUs et c^^aX?. C'est de
ce dernier, ou mieux de la forme consacrée au nom d'unité, que vient
l'esp. alfilete, plutôt que de iC-j'Ljc.iJî. » — Ce qu'on nomme alfitele est
une espèce de couscousou (v. l'Acad.), et l'on trouve chez Berggren
(p. 264): «X-A«x.;Li, fetîlé , espèce de boudin fait avec du lait aigre et
beaucoup de beurre.» Burckhardt {Notes on the Bédouins, p. 32) parle
aussi d'un mets qu'il nomme fttla. La forme que préfère M. Defrémery
semble donc la véritable; cependant je crois devoir me déterminer en
faveur de celle que donne M. E. , mais avec une légère modification.
Ce qui m'y engage, c'est que al-feitte chez Berggren et Burckhardt
semble appartenir au dialecte de la Syrie, tandis que dans le nord de
l'Afrique, c'est-à-dire, dans le pays où la langue ressemble le plus à
celle des Arabes d'Espagne, on dit al- fêtât. C'est ce qu'atteste le capi-
taine Lyon, qui parle de ce mels {Travels in Northern Africa , p. 48,
51), et qui écrit fetaat. En arabe oUàil est un collectif, miettes, le
mets en question étant fait de miettes («a kind of crumpet» chez
Lyon). Prononcé à la manière des Arabes espagnols, c'est aUfetét (la
première voyelle est t chez Bombay, p. 8 f), et le dernier e dans
alfitete ne me semble ajouté que par euphonie.
* Alfobre pg. (rigole , petit fossé qu'on creuse dans la terre pour
faire couler de l'eau dans un jardin) de H^â^i (al-hofré) qui a le même
sens. L'explication du mot pg. que j'ai donnée, m'a été fournie par
Vieyra ; mais on voit par Moraes qu'on en a étendu le sens en l'appliquant
aussi à une planche, c'est-à-dire, à un petit espace de terre que l'on
cultive avec soin pour y faire venir des légumes, et qui est baigné par
une rigole. De là vient que S'. Rosa explique les mots alfovre, alfoufre,
11^
alfoufe et alfouve, qui s'employaienl autrefois et qui sont encore en
usage dans la province du Miniio, par: «liuni pequeno pedaço de terra. »
Les formes alfovre et alfoufre répondent fort exactement à l'arabe a/-
hofre ou al-houfre.
Alfocigo, alfosligo, alfonsigo, pg. aussi (istico (pistache), de vJU>««ait
(al'fostac ou al'fostoc) qui a le même sens.
Alfolla, alholla (texidos de seda y oro), de iUL^sOi (al-holla) qui
désigne une sorte de vôlement rayé. [* En arabe holla a un sens très-
vague, car il désigne plusieurs sortes d'étoffes précieuses; voyez le
Glossaire sur Edrîsî, p. 288].
Alfombra (tapis) de «uJ=UI (al-khomra) qui désigne un tapis à prier,
Alfombra (rougeole) deaU^l {al-homra), «rubedo, » «rougeole» Marcel.
* Alforado (caballo alforado). Dans une constitution de Pierre, roi
de Sicile, citée par Carpentier dans Ducange, on lit: «Quod nullus
eorum baronem, alium feudalarium, . . . qui ex causa exceptionis ejus-
dem, sive alia quavis causa servitio equi armati seu alforali, aut quo-
cumque alio servitio, servire nostrae curiae teneatur. » Carpentier dérive
cet alforatus de l'esp. alforja, ce qui est inadmissible. Dans les docu-
ments esp. du moyen âge il est aussi question de cavallos alforados, en
catalan cavalls alforrals, et M. Mérimée {Histoire de don Pèdre I"") a dit
dans une note (p. 250): ^Cavalls armais e cavalls alforrals; les premiers
étaient bardés de fer, les seconds avaient des couvertures de cuir ou
de toile piquée.» M. Antonio de Bofarull {Crônica de Don Pedro IV el
CeremoniosOf p. 47 dans la note), qui me semble dire à tort que M.
Mérimée est revenu plus loin (p. 452) sur celte opinion, avoue qu'il a
été fort embarrassé par le terme en question; cependant il s'est décide
à le traduire par ahorrado, parce qu'il le fait venir de l'arabe al-horr ,
libre. J'ai des doutes sur cette étymologie. Horr signiQe bien «equus
nobilis,» mais alforado ne peut pas venir directement de ce mot: il
viendrait d'un verbe esp. alforar (= ahorrar) , et signifierait affranchi,
ce qui ne convient pas. La signification semble bien être, comme Car-
pentier Ta dit, bardé de fer, el le terme s'employait, non-seulement
en parlant d'un cheval, mais aussi en parlant d'un mulet, car dans
une lettre catalane écrite en 1568 par Pierre IV d'Aragon et publiée
nu- Capmany (Metnorias sobre la marina de Barcelona, H, 595), je lis:
hom armât tôt de cap à pcus ab cavall, roci, 6 mul alforrat ,
116
V sols;» mais quant à son origine, je dois avouer qu'elle m'est inconnue.
* ALFORFiao pg. (euphorbe) de Q^Aj.àiî {al-forbiyôn) , la forme arabe
de euphorhium.
^ Alforfon (blé noir ou sarrasin) de ^^sÀ5i {al- for for), chez Freytag
«farina parala ex fruclu arboris yanbut» (cf. Ibn-al-Baitâr, II, 603);
mais en Espagne ce sens semble s'être modifié.
Alforja (besace) de _.i^t (al-khordj) qui a la même signification.
"^ Alforra pg. (nielle, maladie des grains) A Je réunis ces deux mots
* Alhorre (croule de lait, maladie des en- > parce qu'ils ont la même
fants nouveau-nés) j origine et qu'ils ont
éprouvé le même changement dans la seconde voyelle. En arabe la
racine ^.^ (harra) signifie «caluit, incaluit, ferbuit;» de là ^.jî^Jî (al-
harr) , chaleur , qui a donné naissance au mot pg. et au mot esp. ,
quelque différentes que soient leurs significations. Quant à alforra,
nielle, nous n'avons qu'à donner la définition de Moraes, pour qu'on
s'aperçoive à l'instant même qu'il vient de al-harr. Voici ce qu'il dit:
«Humidade, que cài nas seàras, e paes, e ennegrecendo com o calor do
Sol , as rôe como a ferrugem ao ferro. » Pour ce qui concerne l'esp.
alhorre, l'explication de Victor suffira également: «espèce de gale et
feu volant bien mauvais. »
"^ Chez l'Archiprêtre de Hita (copl. 981) le mot alhorre est employé
dans un tout autre sens, mais je ne comprends pas celle phrase, dont
Sanchez a donné une explication inadmissible, et peut-être le texte
est-il alléré.
Alforza, alhorza (troussis , pli pour raccourcir une robe, «la dobla-
dura que se toina en la saya por la parte de abaxo» Cob.). Sans m'oc-
cuper des conjectures proposées par le P. Guadix et par Diego de Urrea,
il me suffira de citer P. de Alcala pour établir l'élyraologie du mot en
question. Chez cet auteur c'est 'éj.:s^\J\ (al-hàzza) qui répond à alforza
et à borde del vestido. [* Chez Hélot pli].
Alfoz, au pluriel alfoces, alfozes, alhobzes (canton). Suivant S''. Rosa,
alfoz désigne un district qui a sa propre juridiction et qui se gouverne
selon son fiiero particulier. Pour la plupart un alfoz n'embrassait
qu'une parochie, ou un châleau avec ses dépendances. — Il dérive de
l'arabe ;^r=^ii (al-hauz) qui désigne canton , district. Il est clair que le
117
renseignement de Ducange: aalhobzes ... vox arabica, qua arces et
caslella nolantur,» est inexact.
*Alpresks a. pg. Dans une charte de 1352, citée par S\ Rosa , on
lit: «Calças, alfreses, especias , bacias, agumys , e outras cousas, que
tragem pera si.» S\ Rosa donne à ce mot le sens de meubles, ce qui
n'est pas tout-à-fait exact, car c'est Tarabe (ji\/it {aUfiréch) qui signifie
«lapis à longues laines qui sert de lit» (de Colomb, Exploration des
hsours et du Sahara de la province d'Oran, p. 8).
* Alfugera, alfurja, alfuja /j^f. (ruelle entre les maisons, dans laquelle
les habitants de ces maisons jettent les immondices) de »^s^\ {al-fourdja),
«inlercapedo, interslitium.»
» Algafacan (pas dans les dict.). Dans le Cancionero de Baena (p. 140
6) on lit:
Desid, amigo é seîïor,
Miss fechos que via van,
Que despues que me parti
De vos, llegando aqui,
En mi cassa adolesci,
Yo ssofryendo mucho afan
Con dolor de algafatan.
Les auteurs du glossaire ont négligé de noter cet algafatan; il était
cependant nécessaire d'en parler, d'autant plus que la leçon est altérée.
C'est algafacan qu'il faut lire, en arabe ^lsJi.c?J\ (al-khafacdn) , palpi-
tation de cœur.
Algagias (équipement d'un soldat à cheval) de iCx^iilxJÎ {al-gâchiya) qui
désigne une couverture de selle. Voyez la note de M. Qiiatremère,
Histoire des suit. mamL, 1 , 1 , 4 et suiv.
* M. E. a trouvé ce terme esp. chez Victor, dont il a reproduit l'ex-
plication française (l'explication italienne est: «vestito da soldati a
cavallo») ; mais je doute qu'un mot qui désigne les habits d'un soldat,
puisse venir d'un autre qui signifie couverture de selle. Joignez-y que,
dans l'Ouest, le mot gâchiya ne signifiait pas cela; les voyageurs qui,
comme Ibn-Batouta (voyez III, 228, 257, 595), l'avaient entendu en
Orient, sont obligés de l'expliquer quand ils s'en servent. Selon mon
opinion , algagias est une altération de ..oi^J! (al-hawâidj) , plur. de
al-hddja, qui signifie précisément les habits; voyez mon Dict. des noms
118
des vêiem., p. 303, n. 1; aux passages que j*y ai cilés on peut joindre:
Extraits du roman d'Antar, p. 24 , 1.8; Hœsl, Nachrichten von Marokos,
p. 153; Hurabert, p. 19; Delaporte, Dialogues, p. 53. Le mot étant
pour un étranger d'une prononciation difficile, il a été corrompu par
les Espagnols.
Algaida (bois, hallier) de '\^fJt}\ (al-gaidha) , «arundinetum.»
*En ce sens le mot esp. a vieilli; mais on l'emploie encore fréquem-
ment sur les côtes de l'Andalousie pour désigner: un amas de sable que
le vent forme sur les bords de la mer et qu'il déplace sans cesse
(Acad.). Dans cette acception, il semble dérivé du verbe (j^Lc (gâça)
qui signifie s'enfoncer, p. e. ^^^^i ^i, «dans la terre» (cf. Ibn-Djobair,
p. 115, 1. 17, Maccarî, II, 248, 1. 4 a f., Mille et une nuits, 1, 87 éd.
Macnaghlen) , et K-Aû,^i-il (al-gaiça), si telle est la forme du mot, me
paraît signifier proprement: amas de sable où l'on s'enfonce. J'explique
de la même manière le mot gauz, que je trouve dans le Voyage au
Ouadây trad. par Perron (p. 269, 286) avec le sens de terrain sablon-
neux, plaine sablonneuse,
Algalaba («vid sylvestre» Acad.). Les académiciens de Madrid sont
inexacts en faisant venir ce mot de v^JL*.iJI ^p^-Â-c, 'inab-ath-tha'lab.
[* On ne voit pas comment algalaba pourrait être une altération de ce
terme-là; aussi les acad. ne disent-ils pas cela: ils font venir algalaba
de 'inab al-kalb, qu'ils estropient un peu et que Freylag n'a pas, mais
qu'Alcala donne sous escaramufo o gavança, c'est-à-dire, églantier. Selon
eux aUkalb ou aUkeleb serait devenu en s'adoucissanl algalaba"]. Le
fait est que le mot espagnol en question n'indique qu'une espèce de ce
genre de plantes. Je trouve dans deux traités arabes sur les simples ,
man. 13 (1 et 3), qu'il y en a deux, dont l'une est cultivée dans les
jardins, tandis que l'autre est sauvage, et que cette dernière était
désignée en Espagne par le terme populaire de KJLxii al-gâliba. C'est
donc là l'origine de l'espagnol algalaba,
*Le n*». 1 dans notre man. 13 est un exemplaire d'Ibn-al-Baitâr, et
le n°. 3 est un abrégé de l'ouvrage de ce botaniste, fait par Ibn-al-Cotbî
(cf. le catalogue des man. orient. , III , 259) ; M. E. aurait donc pu se
borner à citer le texte arabe d'Ibn-al-Baitâr, le mot étant altéré dans
la traduction de Sontheimer (II, 212).
Algalia (civette) de iUiLxit {al-gâUya) qui a le même sens.
119
Alganame a. pg, (berger, «o principal paslor, e que toma sobre si a
obrigaçao de conservar e aumenlar o rebanbo» S*. Rosa). En arabe
aJL£ (ganam) signiGe moutons. Un substantif ^LLà (gannâm)^ dans le
sens de berger, ne m*est pas connu; mais il serait si conforme au génie
de la langue, que le mot portugais alganame me semble suffire pour
en démontrer l'exislence.
* Le portugais a aussi ce mot sans l'article arabe, ganham chez S*.
Rosa sous le jf, ou, ce qui revient au même, ganhao chez Moraes et
chez Vieyra. En esp. c'est ganan, qui s'emploie encore («vaqueros y
gafianes,» Lafuente y Alcânlara, Cancionero popidar, I, p. xlix). Au
reste l'opinion de M. E. est confirmée par le témoignage de Marcel ,
qui donne: a berger, gannâm.i>
Algaphite chez Marina , gafeli (eupatoire , aigremoine) , de u>^_iLiJt
{al- g â fit) y «agrimonia eupatorium,» Ibn-al-Baitâr, II, 227.
Algar (caverne) de ^LiJi [al-gâr), «spelunca. »
Algara, aussi bien que l'arabe »,Liii (al-gârà) , désigne une incursion
de troupes à cheval dans un pays ennemi pour piller , et aussi les troupes
à cheval qui font une telle incursion,
* Algara signiGe en outre: pellicule très-mince d'œuf, d'ognon, d'ail,
etc. C'est une altération de iCibUil (al-galâla) , pellicule , que nous avons
déjà rencontré plus haut sous la forme alara; voyez cet article.
*Algarabia, algaravia, pg. aussi algravia, arabia chez Gil Vicente
(la langue arabe; — baragouin, galimatias; — bruit confus de plu-
sieurs voix), est AAj-xIi {al'*arabiya) , la langue arabe; dans un passage
chez Ducange on lit: «scientes loqui algaraviam seu sarracenice;» mais
comme cette langue semblait à ceux qui ne la comprenaient pas, un
galimatias ou un bruit confus , on a aussi donné ces deux sens à ce
mot. — 2o. Algarabio , au fem. algarabia, en pg. avec le v, signiGe
aussi appartenant au royaume d'Algarve, un homme ou une femme né
dans ce pays. C'est ^yii^ (al-garbî), au fem. al-garbtya. — 3°. Alga-
rabia désigne aussi, selon Nuilez, deux espèces de plantes, à savoir:
a) euphraise; b) plante du genre centaurée. D'après l'Acad., c'est une
plante sauvage, qui ressemble au thym, mais qui est plus haute; ses
feuilles sont entrelacées, et on en fait des balais. Les académiciens sup-
posent qu'elle a reçu ce nom à cause de ses feuilles entrelacées et par
120
allusion au sens qii'algarabia a ordinairement. Cette explication me
paraît peu naturelle; mais en même temps je dois avouer que, puisque
ach'Chauca al-arahiya {épine-arahique) (dans le Mosta'înî sous k>.»tôL«j et
sous j^-çLX-^, et chez Ibn-al-Baitâr, H, 114) ne convient pas, je n*ai
trouvé, chez les botanistes arabes, rien qui explique l'origine du nom
de ces plantes.
* Algarada (cris poussés par des gens de guerre qui se battent) ] Je réunis
*ALARmA, alarido (clameur, vacarme, hurlement) Jces deux
mots parce qu'ils pourraient bien avoir une origine commune. M. E. a
avoué qu'il ignore l'origine du second, et quant au premier, il a suivi
l'opinion générale en le dérivant de algara. Elle est assez plausible, j'en
conviens: les Maures avaient la coutume de pousser des cris, des hur-
lements, pendant leurs algaras ou incursions; en outre le verbe algarear
(crier, pousser des hurlements) et le substantif algarero, qui signifie à
la fois crieur et celui qui faisait partie de V algara y viennent à l'appui
de cette étymologie. Toutefois je préférerais pour algarada un mot
arabe qui signifierait précisément cris ^ hurlements. Or, un tel mot
semble avoir existé, et il explique en même temps l'origine de alarida.
Sa racine est le verbe ^— c (garida) , qui , dans la langue classique , ne
signifie que chanter, en parlant d'un oiseau, mais qui, dans la langue
des Magribins, signifiait aussi crier, hurler. C'est ce qui résulte d'un
passage d'une Histoire des Hafcides de Tunis , laquelle est écrite dans
une langue qui semble à peu près celle du peuple, et dont M. Cherbon-
neau a publié de longs extraits. Dans ce passage on lit (Journ. asiat.
de 1852, II, 218): ^,*1\ Vjiiî ^^lyi^ ^aI^s^^ ^è ,^a J^r ^iJ^Jb ô^ ,
«tous les soldats de son armée se mirent à crier: Partons pour l'Occi-
dent!» Sans doute on a aussi formé de ce verbe un substantif dans
le sens de clameur, et il me paraît indubitable que alarida, alarido,
vient de ce côté-là. Quant à algarada, je n'ose pas être aussi affirma-
tif, l'autre étymologie pouvant être admise; cependant je serais tenté
de le faire venir de la même racine, et de supposer que le c? a été
omis par euphonie dans algarear et dans algarero,
'^ Algaravide. Ce mot se trouve comme le nom d'un impôt dans le
Fuero de Caslroverde de Campos (vers 1197), où on lit {apud Llorente,
Noticias de las très provincias vascongadas, IV, 548): «Concedo vicinis
121
de Caslroviride ul non pectent homicidiiim, non rausuni , non manne-
riam, non nunliuni, non eliam algaravide, non furnum régis, non
zobacado, non caslellage, non sigillum, nec vicini nec eorum vasalli. »
Le sens et l'origine de ce lerme me sont inconnus.
*Algarivo, algaribo (pas dans les dict.). En arabe ^-oy^it (al-gartb)
signifie étrange, inusité, et aussi étranger. Celle dernière acception est
encore fort reconnaissable dans le leslament d*Henri II de Castille (dans
Ayala, Crônica de D, Enrique II, p. 119), où on lit: «Olrosi, por quanto
la raerced que ovimos fecho à Doua Beatriz de lo mostrenco é algaribo
de la Fronlera, se la avemos quitado,» elc. Ici algaribo doit signifier:
les biens des étrangers décédés en Castille et qui appartiennent au roi,
comme le prouve la comparaison de mostrenco , qui désigne les biens
dont le maître est inconnu et qui appartiennent au roi. Mais en esp.
le sens du mot arabe s'est sensiblement modifié, car il a reçu dans
celle langue celui de mauvais, méchant. Ainsi on lit dans l'Alexandre
(copl. 1519):
Asmaron un conseio malo é algarivo
Por alguna manera que lo presiessen vivo.
Dans le Cancionero de Baena il a même celui de démon, car on y
Irouve (p. 237):
Angel fuste Lusifer,
Mas tornaste algarivo.
ALGARRAD4 (machinc de guerre pour lancer des pierres) de a^î.-*Jt
(al-arrâda) qui désigne la même chose.
* Dans les deux autres acceplions indiquées par Nuilez, c'est = al-
garada; voyez l'Acad.
Algarroba, [*garroba], pg. alfarroba (caroube), de K-j^^i^Jî (al-khar-
rôba) qui a le même sens.
* Algarve («vent du couchant, garbin,» Victor) de i-»-*-JI (al-garb) ,
l*ouest, (venl) d'ouest. — Games emploie algarve dans le sens de algar,
caverne, quand il dit (Cronica de Don Pedro Niho , p. 24): «Andando
un dia Juan Niilo por la tierra faciendo guerra con otros, acogieronsele
à un algarve fasta docientos ornes: el algarve estaba muy alto en una
peila --; é Juan Nino fizoles poner una escala» etc.
Algava , algaba (bosque), de iCjUJt (aUgâba) qui a le même sens.
* Algazapan. On lit dans le Cancionero de Baena (p. 156):
122
Non floresca don Fulan,
Nin sus palabras daîiadas,
Crueles , compoçofiadas ,
Pilloros de algaçafau.
Dans le glossaire ce mot est expliqué ainsi: «Racine amère comme la
coloquinle, dont on faisait des pilules purgatives. C'est un mot arabe.»
Quand on ne donne pas le mot arabe , il est facile de dire que c'est
une «racine amère,» mais ce qui Test moins, c'est de le prouver, et
pour ma part je ne puis voir dans cette explication qu'une conjecture.
Il s'agit sans doute d'un médicament très-désagréable au goût, et je
crois reconnaître dans le mot en question le terme arabe ^j^àxI] {al-'afç),
noix de galle. Les Arabes eux-mêmes ont transposé les lettres de ce
mot, car chez Alcala agalla est 'açfa; de même chez Dombay, p. 78.
Or, le changement de al-açfa, prononciation adoucie al-'açafa, en al-
gaçafan, est parfaitement régulier, excepté que le n est de trop, et
peut-être le poète ne l'a-t-il ajouté que pour la rime. Joignez-y que
les Arabes faisaient réellement usage de pilules de noix de galle, comme
le prouve ce passage emprunté à la traduction latine de Serapion (éd.
de Venise de 1550, fol. 88 c): « Pilulae quae fîunt cum gallis, et con-
ferunt ad diariam antiquam, et lubricitatem , et singultum. ^, galla-
rum viridium , » etc.
Algazara [, * pg, algazarra, ital. gazzarra et gazzurro, réjouissances
à coups de canon, au bruit des instruments militaires] (bruit, cris).
Ayant à faire ici avec un mot arabe qui était particulier au langage
vulgaire, et qu'on chercherait en vain dans les lexiques et chez les
auteurs, je donnerai tout ce que j'ai pu recueillir sur ce terme et sur
quelques autres qui sont de la même famille. — Suivant P. de Alcala
le verbe gazzara ^ic signiGe baladrear, ladrar, [* ganir, dezir a menudo,
parlar o hablar^] hablar a memido , murmurar (et aussi médire; P. de
Alcala traduit la demande du confesseur: Defraxistes de algun diziendo
mal del, par *.;^ w>sac s^'é^ Ooî ^yn {gazarl) Ojiji). Le substantif yii
(gazir) se dit dans le sens de baladron , bozinglero ^ parlera, hablador y
deslenguado que habla mucho , et enfin B^t^c (gazâra) signifie parla, mur-
mullo de gente , roydo murmurando , roydo con ira. C'est évidemment
le mot qui a donné naissance à l'espagnol algazara. — Dans ma tran-
scription de gazara en caractères arabes, j'ai suivi le système de P. de
123
Alcala, bien que les significations données ne présentent aucun rapport
logique avec la racine ^j-ê, à laquelle les lexiques n'attribuent d'autre
sens que celui de copiosus fuit, abundavit. Toutefois il y a d'autres
racines dont le son ressemble un peu à gazara , et qui expriment la
même idée. Le verbe ,Oc»P (hadara), p. e. , signifie gemuil , rugiil, et
jô<9 {hadzara)y deliràvit, garrulus fuit in sermone. D'un autre côté, la
XII* forme de hadara s'emploie dans le sens de copiose effusa fuit {plu-
via) , ce qui n'a rien de commun avec les autres significations de ce
verbe, mais ce qui semble avoir de l'analogie avec jjc. (gazara), copia»
sus fuit. Je crois donc qu'à cause de la facilité avec laquelle les lettres
du même organe, le n et le ^, le J, le ô et le j, se permutent, il y
a quelque rapport entre les trois racines ^^P, .a^ et^j-£, et qu'on peut
ainsi ajouter à la racine jj^ les significations que j'ai tâché de lui
attribuer. En examinant d'autres racines arabes, on pourra trouver
d'autres d'exemples du même fait. Sans doute il y a dans les lexiques
plusieurs significations hétérogènes qui se laissent expliquer de cette
manière.
* Je ne comprends pas comment M. Miiller, après avoir lu cet arti-
cle, a encore pu voir dans algazara une transposition de xj'^-cjjî (ajs-
zagrata), nom d'action du verbe quadrilittère oyi; (zagrala).
*Algazitl, selon l'Acad. «mesembryanthemum nodiflorum,» dont la
cendre contient de l'alcali. En arabe ^^mJ^^ (al-gasoul) signifie alcali,
soude, dont on fait du savon ou de la poudre de savon; comparez
Harîrî, p. 86 et 228, de Sacy , Chrest, ar,, III, 209. Forskâl , qui
est cité par Freytag, donne également J^-w.UJ! pour mesembryanthemum
nodiflorum. Mùller. — Comparez le Glossaire sur Edrîsî, p. 354. Chez
Fischer {Gemàlde von Valencia , I, 136): « Aguasul , sorte de mesem-
bryanthemum.»
Algebra. En arabe j^:f\^\ (al-djebr) signifie réduction, et de là on dit:
•jJbUui'^ J'^^^ (J^ Çilf^i al'djebr wa* l-mocâbala) , « la science des réduc-
tions et des comparaisons,» l'algèbre. [* Cf. Mahn, Etym, Unlers. ,
p. 150. Dans l'ancien porl. almocabala ou almucabala seul désignait aussi
l'algèbre; voyez Moraes]. — Le mol arabe en question, ainsi que son
dérivé espagnol, se dit aussi dans le sens de réduction, opération de
chirurgie par laquelle on réduit les os luxés ou fracturés. De là alge-
bri.sia signifie concertador de guesos.
124
Algemas pg, (menoUes, fers qu'on met aux poignets d'un prisonnier)
de ^.«.^Lj^ii (al'djâmi'a) , «columbar.» Ce mot arabe dérive du verbe
djama'a (réunir, lier ensemble), parce que ces fers lient ensemble les
deux mains. Comparez le terme espagnol esposas, dans lequel on retrouve
la même idée.
* Algemifao (petit mercier qui vend des choses de peu de valeur et
qui transporte sans cesse sa boutique d'un endroit à un autre) est
composé de l'arabe «_A«é._^Jî {al-djemV), le tout, et de la terminaison
burlesque fao, avec laquelle on peut comparer frado dans algimifrado
(voyez cet article). Le sens est: celui qui vend toutes sortes de choses ».
Algerife, pg, algerive (grand et long filet de pêcheur). Bien que je
n'aie aucun doute sur l'origine arabe de ce mol , ainsi que de aljarfa
[* aussi aljarfe] qui est évidemment de la même famille, je n'ai pas
encore réussi à trouver le terme arabe d'où il vient. La racine vJj-:=-
(djara/a) , qui y répondrait exactement pour ce qui concerne la forme,
ne présente aucun rapport quant à la signification.
"^M. Defrémery demande si ces mots ne viendraient pas de o--ê
(garafa) , hausit; mais comme un filet ne sert pas à puiser de l'eau , il
faut répondre négalivement à celte question. Pour découvrir leur
origine, il faut appliquer la règle dont il a été question dans l'Intro-
duction (p. 18, 19) et selon laquelle le z arabe se change quelquefois
en g devant e et i, en j devant a, o et u. Suivant une autre règle
(ihid, , p. 20) , le b arabe devient v (pg. algerive) , et ce v se change
ensuite en f. La racine arabe est donc ujjj (zaraba) et le substantif
qui en dérive est V;>-^^ {az-zarb) , qui signifie proprement enceinte de
filets et de là filet ; voyez plus loin ma note sur l'article almadraba.
En esp. ce mot est devenu selon les règles établies plus haut et en
négligeant l'assimilation de la consonne de l'article, ce qui était néces-
l) ALGER devrait suivre ici selon M. MûUer, qui a très-bien prouvé qu'en arabe -Ai^UJ
signifie chaux ; mais je dois avouer que l'existence de ce mot en espagnol me paraît fort
douteuse. Aucun dictionnaire ne le donne excepté celui de Cobarruvias , où M. Mûller
l'a trouvé dans le sens de plâtre. Ne serait-ce pas une faute d'impression pour algez,
qui signifie précisément cela et qui manque chez Cob.? Remarquez en outre qu'il dit:
«cierto genero de yesso , y algezar, el yessar de donde se saca.» Or algezar (plàtrière)
ne peut pas venir de aliter j il vient de ulgcz, et c'est ainsi que je crois devoir lire
chez Cob.
saire parce que le z avait été changé en /.• (aljarbe, aljarve) aljarfe ,
aljarfay qui signifie P. un filet épais et goudronné, 2^ la partie la plus
épaisse d*un filet; voyez l*Acad. qui ajoute: «retis quoddam genus,
Arabibus usitatum.» Un autre substantif dérivé de la même racine et
ayant aussi le sens de grand filet, est ^Aj^jii, az^zerlbCf ou, selon les
mêmes règles: (algeribe) , algerive (chez Vieyra) , algerife. Comparez
l'article qui suit.
* Algeroz pg,, algiroz pg., aljaroz pg. (gouttière). Il faut faire sur
ces mots presque les mômes observations que sur ceux dont je viens de
parler. La racine est de nouveau z-r-h y y^j, zariba, mais dans le
sens de fluxit (aqua). La substantif est aussi az-zarb (pour ia voyelle
voyez Lane), «canalis aquae vel aquae via,» au plur. v^^;^^ {az-zorôb),
ou d'après les règles citées précédemment , al-jorôb, La première
voyelle a été corrompue dans toutes les formes port. , de même que la
dernière consonne, ce qui arrive très-souvent (voyez Tlntrod., p. 24,
n^ 6). Le mot portugais ne vient donc pas du sing., mais du plur.;
c'est proprement les gouttières. Son origine a déjà été exposée très-bien
par Sousa, et elle ne saurait être douteuse, quelques graves change-
ments que le terme ait éprouvés, car aujourd'hui une gouttière s'appelle
en Afrique et en Asie v^^j-^ {mizrdb ; chez Freytag aussi «canalis
aquae»), qui vient de la même racine; voyez Bocthor, Berggren, Marcel
et Hélot sous gouttière, Humbert, p. 193.
Algez (gypse, plâtre) de u-a^jî (al-djeçç) qui a le même sens.
Algibe (citerne) de w^^l {al-djoubb), «puteus,» algibe de agua (Aie).
En espagnol algibe se dit encore dans le sens de prison , cachot. Cette
signification, qui manque dans les lexiques arabes, se trouve chez P.
de Alcala au mot carcel en et campo et dans une note de M. Qualre-
mère, Hist, des suit, maml., I, 1 , 70 [*et II, 2, 95 ; de même chez
Ibn-Batoula, I, 256, IV, 47 et 48, et dans les Mille et une nuits, XII,
306 éd. Fleischer, où djoubb est le synonyme de ^^^, prison},
* Le ou y qui est devenu t dans algibe (cf. l'Inlrod. , p. 27), s'est
conservé dans le pg. aljube; dans un document navarrais de 1351 (apud
Yanguas, Antig. de Navarra, I, 30) on lit aljup, et les Mauresques écri-
vaient alchupe {Mem. hist. esp. , V, 430). Le pg. enxovia (prison sou-
terraine) est une altération du même mot.
* Algideiha pg. fpochc). Aujourd'hui le mol s^tVi^î {al-djcbira) signifie
126
en Algérie et parmi les Touareg: un sac en cuir, une giberne, que le
cavalier suspend à l'arçon de sa selle, el qui tombe librement comme
la sabretache ; voyez Cherbonneau dans le Journ. asiat, de 1849, I, 65;
Daumas, La grande Kabylie , p. 253; Carette, Géographie de l'Algérie,
p. 111; Carteron , Voyage en Algérie, p. 315. Tout le monde dans la
grande colonie française connaît ce mot djebtra , et peu s'en faut qu'il
n'ait déjà acquis droit de cité en France, car les auteurs qui vivent
en Algérie et qui écrivent des scènes de mœurs , des nouvelles , etc. ,
l'emploient comme un mot très-ordinaire et sans le souligner (voyez p. e.
la Revue de r Orient el de VAlg,, nouvelle série, VIII, 237, 245). Cepen-
dant il n'est pas dans les lexiques arabes et on ne peut pas même le
rattacher à la racine ^-.^-> (djabara). M, Prax, il est vrai, a tâché de
l'en dériver. i<Djebîra,y^ dit-il (Commerce de l'Algérie, p. 15), «vient
du verbe djebar, qui signifie trouver. C'est là en etfet que le Targui
trouve tout ce dont il a besoin.» Il est très-vrai que ce verbe a reçn
en Barbarie le sens de trouver ; mais au reste cette étymologie est dans
le genre de celle qui fait venir posca de poscere, «quia qûisque poscere
poterat. » Le fait est que aUdjebira est une altération du pg. algibeira,
qui est un mot hybride. L'arabe a v^»;^-.^Oi {al-djeib), |qui signifie
proprement la fente d'une chemise ; mais « comme les Arabes , » dit M.
Lane, «portent souvent des objets dans la fente de la chemise, ils
appliquent à présent ce terme à une poche ; » cf. Boclhor et Berggren
sous poche. En Afrique on prononce ordinairement al-djib (Marcel et
le Dict, berbère sous poche, Bombay, p. 82, Barth, Reisen, V, 705),
et à cet al'djîb ou algib les Portugais ont ajouté la terminaison eira
qui appartient à leur langue, algibeira. Chez eux le sens est resté
absolument le même; algibeira est une poche d'habit, de gilet, etc.
(«bolso nos vestidos , onde se guarda alguma cousa» Moraes) ; mais le
mot ayant été rendu par eux, sous la forme qu'ils lui avaient donnée,
aux Africains, avec lesquels ils avaient des rapports fréquents, sa pro-
nonciation et sa signification ont été modifiées. Algibeira étant une
forme barbare, on a dit al-djebira, qui serait une forme très-correcte
si le mot venait réellement de la racine djabara. Quant à la signifi-
cation, de même que poche se prend aussi chez nous dans le sens de
sac (une poche de blé, etc.), on a donné en Afrique à djebtra le sens
de sac en cuir. Déjà chez les Maures d'Espagne il avait reçu un sens
127
maloguc, puisque P. de Alcala traduit porta carias par jabâyra. En
Algérie djeblra signiûe de même portefeuille (voyez Hélot) ; mais je dois
encore observer que la forme donnée par Alcala et qui en portugais
est aljabeira (chez Moraes), n'est pas tout-à-fait la même. Voici com-
ment je l'explique: au lieu de djaib ou djib, on a dit aussi ^^o» djabb,
de même qu'on dit aujourd'hui djabba (*a>) ^our poche (Marcel, Hélot),
et à ce djabb ou djab, jab, les Esp. et les Port, ont ajouté leur termi-
naison era ou eiray car je me tiens persuadé qu'en espagnol aussi il a
existé autrefois un mot comme aljabera,
* Giba dans le latin du moyen âge (voyez Ducange; l'arabe a aussi
djtba ou giba pour poche, cf. Bocthor), et le fr. giberne (ital. giberna)
me semblent aussi venir du même mot arabe djîb,
* Algimifbado (paré, fardé) est un mot dans le genre de algemifao.
En arabe J * ♦..f^Ji {al-djernil ^ al-djimil par l'influence de la voyelle
longue qui suit) signifie: beau, joli; on en a retranché la dernière
lettre et on y a ajouté frado, qui, comme fao dans un algemifao, n'est
qu'une terminaison burlesque. Adonisé répondrait assez bien au terme
espagnol.
* ALGiRao pg, (l'ouverture dans le filet, par laquelle le thon y tombe)
de?
Algodon, [*alcoton, v. Nuilez, alchoton , Villanueva, VI, 274, I. 1,
algolon, Esp. sagr., XXXIV, 455, I. 2] pg. algodao (du coton), de ^laiiJî
{al-coton) qui a le même sens. De ce mot arabe dérive encore le vieux
français aucoton, ainsi que les formes auqueton, aucion, acofon, aqueton,
et le nom moderne hoqtteton, pour désigner une sorte de casaque mili-
taire qui se mettait par-dessus la chemise. Voyez Burguy, Gloss. de la
langue d'Oïl, p. 3.
Algorfa , algofra (grenier, sobrado) , de XsJlH [al-gorfa) qui signifie
celda camara, cenadero en sobrado, camara donde dormimos , camara
como quiera (Aie), chambre haute (Bocthor).
* Algorin («séparation dans un moulin à huile, où l'on dépose les
olives à mesure qu'on les apporte» Nuûez),
* Algcarin (en Aragon le petit magasin où l'on dépose la farine ou les
olives à moudre; aussi: la caisse où tombe la farine qui sort de dessous
la meule). Ces deux mots, ou plutôt ces deux formes du même mot.
128
viennent de i^j-^^^ (al-hort) , magasin, comme l'Académie le dit avec
raison; mais si elle a trouvé alguarin dans Alcala, elle a été plus
heureuse que moi. Au reste al-hort a encore une fois passé dans
Tespagnol sous la forme alholi , et pour alholi on disait en Navarre
algorio ; voyez Yanguas, Antig. de Navarra, I, 29.
"^Algoz pg, (bourreau). Le mot j_AJi {al-Gozz) désigne proprement
une tribu turque, mais on l'a appliqué aux Curdes ; voyez Weijers dans
Rulgers , Historia Jemanae, p. 143, 144; Qualremère, Hist. des suit,
maml, I, 2, 272 et 274; Ibn-Khaldoun, Hist, des Berbères, II, 502,
1. 4 a f. Dans la seconde moitié du XIP siècle, un corps de Gozz vint
de l'Egypte dans le nord de l'Afrique avec Carâcoch, qui joua un grand
rôle dans ce pays. Peu à peu ces Gozz entrèrent comme archers au
service des Almohades, et les chroniqueurs, tels qu'Abd-al-wâhid, Ibn-
Khaldoun et l'auteur du Cartâs ^ parlent très-souvent d'eux. En France
on les connaissait aussi. Un troubadour provençal, Gavaudan le Vieux,
les nomme dans son appel à la croisade contre le roi de Maroc Almançor,
composé en 1195, quand il dit (dans Raynouard, Choix, IV, 85):
Totz los Alcavis a mandatz,
Masmutz, Maurs, Gotz e Barbaris.
«Il (le roi de Maroc) a appelé aux armes tous les alcavis [toutes les
tribus, al-cabîla], Masmoudes, Maures, Gozz ^ et Berbères.»
Sous l'empire des Almohades, les Gozz jouissaient d'une très-grande
faveur. Almançor préférait ces étrangers aux soldats de son propre
pays, et tandis que ces derniers ne touchaient leur solde que trois fois
par an, les Gozz touchaient la leur tous les mois, et encore était-elle
beaucoup plus forle. «Ce sont des étrangers,» disait le monarque; «ils
ne possèdent rien ici, ils vivent uniquement de leur solde, tandis que
mes autres serviteurs ont des terres et des fiefs. » Et pourtant les chefs
des Gozz recevaient de lui des fiefs beaucoup plus considérables que
ceux que possédaient les Africains, tant sa partialité pour eux était
excessive ^ Ce fut l'époque de leur puissance et de leur grandeur;
1) Ce dernier les nomme comme faisant déjà partie de l'armée de Yousof ibn-Téchou-
fîn, ce qui est une erreur.
2) M. Diez {Leben und Werke der Troubadours, p. 525) traduit Goths , et naturelle-
ment il trouve fort étrange que le poète ait confondu les Goths avec les Sarrasins.
3) Ces détails curieux se trouvent chez 'Abd-al-wâhid , p. 210.
129
mais peu à peu les circonslances changèrent. Nous ignorons comment
cela se Ct ; toujours est-il qu'au XVIP siècle nous les trouvons bien
déchus du haut rang qu'ils occupaient autrefois. Dans ce temps-là
c'étaient encore des archers, mais dans un autre sens, savoir dans celui
d'agents de police chargés de mettre les fers aux prisonniers, de leur
donner le fouet, et enfin, de leur couper la tête, comme nous le savons
par le P. Francisco de San Juan de el Puerto , qui , dans son intéres-
sante Mission historial de Marruccos , parle souvent de ces «Algozes
infernales» (voyez p. 266 a, 293 6, 297 6, 300 a, 311 a, etc.). —
On voit donc comment il s'est fait que algoz a reçu en port, le sens
de bourreau et algozaria celui à* action cruelle.
Alguacil, a. pg. alvacil, alvazil, alvazir, alvasir^ alvasil, alvacir
(S*. Rosa) , de .^\yl\ (al-wazîr), vizir. Quant au changement des lettres,
ce mol n'offre rien de remarquable; c'est la grande différence entre un
vizir et un alguacil espagnol qui m'oblige à entrer dans quelques détails
historiques ; je voudrais indiquer les causes qui ont amené un change-
ment aussi considérable dans la signification primitive du mot. En
Orient ce sont les membres du conseil qui portent le titre de vizir,
tandis que le premier ministre est le grand vizir , ou le vizir par ex-
cellence. Mais sous le règne des Omaiyades en Espagne , le fonction-
naire le plus puissant était le hâdjib (chambellan) ; ainsi le fameux
Almanzor était le hâdjib du calife Abdérame III; et le nombre de ceux
qui portaient alors le titre de vizir était très-grand: le monarque le
conférait souvent aux gouverneurs des villes, de sorte qu^il était devenu
à peu près l'équivalent de notre duc (cf. M. Dozy, Recherches, I, 15
de la l** édit.). Dans un passage d'Ibn-al-Abbâr p. e. (apud Dozy, Re-
cherches, I, p. xxxiv de la 2« édit.), le calife Hichâm II nomme Abd-
allah, surnommé Pierre-sèche, gouverneur de Tolède, en ajoutant à
celte dignité le litre de vizir. Chez Ibn-Adhârî (II, 266), Yahyâ le
Todjîbide, gouverneur de Saragosse, porte le même titre. C'est dans
celte acception que le mol a passé dans la langue des Espagnols et
dans celle des Portugais. Les passages des anciennes chartes cités par
S\ Rosa ne laissent aucun doute à cet égard. Dans un document de
1087 il est question de D. Sisnando, «alvacir e senhor de Coimbra , e
de loda a terra de Santa Maria,» el dans un autre on lit: «Dux in
Colimbria Sesnandus alvazir.»» Les moines de St. Pierre de Arouca
17
130
portent plainte contre les héritiers de Téglise de St. Etienne de Moldes
«ante Alvazir Domno Sisnando, qui dominas erat de ipsa terra ipsis
temporibus. » De ces documents et de quelques autres, tous du XP
siècle, il résulte que dans ce temps-là alvazir se disait dans le sens de
gouverneur d'une ville, d'un district, qui y exerçait en même temps
la juridiction. Cette dernière attribution seule s'est perpétuée. Dans
les documents du XIP, du XIW et du XIV* siècle, alvazil a le sens
de juge ordinaire et de première instance. Dans les actes des Corles
de Lamego, de 1142, on lit ces paroles: «Mulier, si fecerit malfairo
viro suo cum homine altero, et vir eius accusaverit eam apud alvazil,»
etc. Ces juges étaient choisis par la commune, tandis qu'au contraire
les Indices étaient nommés par le souverain. — Plus tard on trouve
plusieurs sortes de algiiaciles qui ajoutaient à leur titre le nom du tri-
bunal dans lequel ils siégeaient ; ainsi il y avait des alguaciles de la
Santa Inqxiisicion, de Cnizada, de las Ordenes militares, etc. (Acad.). —
On les désignait encore en général par le nom de alguaciles mayores ,
afin de les distinguer des alguaciles menores, qui n'étaient que les exé-
cuteurs des sentences des tribunaux, les huissiers. C'est dans cette
acception spéciale que le mot est usité dans l'espagnol moderne.
Alguaquia (once, chez Marina) de îCaJs^^î {al-ouquiya) ou K-x-s^Jî (a/-
woqutya) qui a le même sens.
Alguaquida, [*aulaquida,] (allumette) , de lX-^^M {al-waquîd) que Mar-
cel traduit par allumette,
** Pour al-waquM dans le sens à' allumette, Quatremère (Hist, des suit,
maml., II, 2, 132) cite Delaporte, Dialogues, p. 36; ajoutez Berggren,
Hélot et Naggiar sous allumette; mais quant au mot esp., il vaut mieux
le faire venir de la forme al-wagiuda, que P. de Alcala donne sous
mecha para encender. Au reste, M. Mûller observe avec raison que
M. E. a oublié les formes aluquete et luquete; mais il n'est pas tout-
à-fait exact de dire, comme il le fait, que c'est la même forme; c'est
le diminutif al-wouqueid, que donnent Bombay (p. 80) et Humbert (p. 196).
* Alguarin. Voyez après algorin.
Alguarismo, ["* guarismo, algoritmo] (l'arithmétique). Ce nom est dérivé
de .Liiî [al-gohâr) , les figures par lesquelles on représente les nombres.
De là pUiJi jjlû ou ^LiJî yJ^m.s> Çilm al-gohâr ou hisâb al-gobâr) désigne
l'arithmétique.
131
* P. de Alcala traduil alyiiarismo par hisdb al-gobàr; mais quoique ce
>oit la même chose, on ne voit pas comment ce serait aussi le même
mot, et ^, Defrémery observe avec raison: «Il est maintenant bien
connu, grâce aux recherches de MM. Reinaud {Mcm, sur l'Inde, p. 305
etsuiv.), Michel Chasles (Comptes rendus de VAcad. d» sciences , t. XLVIII,
séance du 6 juin 1859) et Woepcke {Sur Vinlrod, de Varithm, indienne
en Occident t p. 16 et suiv.) , que le mot alguarismo et sa forme fran-
çaise algonsme viennent de ,^;'>^î (al-Khowârezmî) , surnom du fa-
meux algébriste Abou-Dja'far Mohammed ibn-Mousâ, par les traducteurs
duquel la méthode du calcul en question pénétra en Europe au XiP
siècle, et qui est désigné dans les man. par les noms de Mohammed,
lilius Moysis Alchorismi ou Giafar Alkoresmi, ou simplement Alchoresmi.»
Alguaza (gond, penlure) ?
*L*origine de ce mot, qui est usité en Aragon, ne saurait être
douteuse, car gond, penlure, a toujours été en arabe \i-^jJ\ (ar-razza) ;
voyez Freylag, Lane, Alcala sous visagra de mesa, Dombay, p. 91,
Humbert, p. 192, Bocthor et Marcel sous gond^ Berggren sous penlure.
Les Aragonais doivent l'avoir reçu de personnes qui ne pouvaient pas
prononcer le r , et qui , par conséquent , étaient aussi obligées dans
cette circonstance de ue pas assimiler la consonne de l'article à la
première consonne du substantif.
Algubxi, albexi, alveci, alveici h. lat. Dans une charte citée par
Ducange on lit: «Manlos duos aurifusos, alio alguexi auro texte, . . .
cum dalmaticis duabus auro fusis, et alla albexi auro lexla. » C'est
l'arabe ^jJt (al-ivac/n) qui désigne une sorte d'élo/fe précieuse. D'après
Edrîsî, cité par M. Dozy {Dicl. des noms des vêlem., p. 134, cf. 437),
on la fabriquait à Ispahan, et selon Maccarî (1, 123), que M. Dozy cite
aussi, il y avait à Almérie, à Malaga et à Murcie des fabriques de
al'Wacht al-modhahliab ^ tial-ivachî enlremôlé d'or.» Ces derniers mots
répondent précisément au alguexi auro texto chez Ducange. Dans un
document cité par S\ Rosa il est question de «alara [* ce mot est altéré;
comparez mon article alagara] una de alvejci ... très avectos, unuui
de alveci et alia lisaz [* lisez tiraz].» Je crois reconnaître dans cet
alvejci ou alveci ^ que S\ Rosa explique par une sorte de soie blanche et
très-fine, le même mot arabe al-wachi.
*Lcs copistes des carlulaires ont souvent altéré ce mot; il faut le
152
reslituer p. e. dans un document de 1073, publié dans VEsp. sagr,
(XXXVI, p. Lxi) , où on lit: «et tiinicara de carchexi , et dalmaticam
de tiraz;» et dans un autre de 998 {ihid,, XL, 409), où le texte porte:
« dalraalica de ozoli una , et alia tiraze. » On disait aussi oxi et oxsi ;
voyez M. Defrémery, Mémoires d'hist. orient., p. 208.
* Alguidar pg. (vase de terre) de ^\.<ax}\ {al-ghidhâr) , qui, comme je
Tai démontré ailleurs (Glossaire sur Edrîsî , p. 554) , a le même sens.
Chez Maccarî (Seconde partie, III, 125, 1. 12 éd. de Boulac) on lit:
^^Lj ^^aLJI Q>J^^i Q^ t^L^isi: &-jl\~> ^aj ^^^, «il plaça devant lui
un plat contenant un mets apprêté avec de la saumure. » Voyez aussi
ibid., 1. 14.
* Alhada pg, (mets assaisonné avec de Tail). Comme l'ail rend les
mets piquants, alhada est selon toute apparence le participe au féminin
H^L^l (al'hâdda) , la piquante. Le substantif est sous-entendu.
'^ Alhadida (cuivre brûlé, oxyde de cuivre) est exactement l'arabe
»A^A-:?uil {al'hadtda) y que Freytag n'a pas en ce sens et qui apparte-
nait au langage populaire des Arabes d'Espagne , car l'auteur du Mos-
ta'înî dit à Tarticle (jo^^ (c'est le grec ;^^A;coV), «nom sous lequel
on entend le cuivre brûlé» (^^^^uil (J/.L.5UJÎ): iÛLc ^L^^L ëjcjjc^il y>^
,j^ J jw-i'îiJt , «c'est ce qui s'appelle al-hadîda dans le langage populaire
de l'Espagne.» Cette phrase manque dans le raan. de Leyde, mais
elle se trouve dans celui de Naples, qui est plus complet, et, en géné-
ral, plus correct. Le mot est encore en usage en Afrique, car on lit
chez M. Prax (dans la Revue de V Orient et de VAlg.y V, 22): <ihadîda,
le protoxyde de cuivre, est chauffé à la vapeur et dissous ensuite dans
une petite quantité d'eau ; les femmes se servent de cette préparation
pour fermer les pores de la peau et arrêter ainsi la transpiration du
corps. Cette préparation est aussi employée comme un collyre pour la
guérison des yeux.» Hœst {Nachrichlen von Marokos, p. 275) nomme
parmi les marchandises d'exportation: ^hedida, un minerai.»
Alhaite. Dans le testament de D. Pedro (apud Ayala, Chronic,
p. 962) on lit: «E otro si mando à la dicha infant ... la corona que
fué del rey mio padre . . . é dos alhailes de los que yo tengo. » Dans
le Dict. de TAcad. ce mot est expliqué par joyel. Ce renseignement
est conforme à l'étymologie , car l'arabe i2.A.i^Ji {al-khait) se dit dans
153
la même acception (cf. P. de Alcala au mot joyel). Chez Marina le mot
en question est écrit alahytes. C'est la comparaison avec l'arabe qui
m'a fait préférer la forme alhaite.
*Si M. E. avait connu le testament de Don Pédre, roi de Castille,
non-seulement par les citations de l'Acad. et de Marina, mais aussi par
le texte qui a été publié d'après l'original et avec beaucoup de soin
par Llaguno Amirola, à la fin de la chronique de ce roi par Ayala, il
aurait vu qu'il n'y a aucun doute sur la véritable leçon, laquelle est
alhayte. Le mot se trouve six fois dans ce testament (p. 562, 1. 6,
13, 19, p. 565, 1. 22, 54, p. 564, 1. 5), et le roi énumère minutieu-
sement les pierres précieuses, les perles, etc., dont se composaient ses
alhaytes. En arabe hhait signiûe proprement fil, et de là cordon de
choses enfilées, collier, en esp. sartaL Aussi P. de Alcala a-t-il: sarial
de aljofar, hhait min djauhar. «Aujourd'hui,» dit Llaguno Amirola,
«les Maures appellent ainsi le collier de perles, de corail ou de pierres
précieuses, dont leurs femmes font usage pour parer le cou et la poi-
trine.» Dans le long testament de Jean P"" (dans la Cronica de Don
EnriqvelII, p. 434, 1. 15) il est aussi question du «alhayte de los
balaxes. »
Alhaja (ameublement, ménage) de iC>L^î (al-hâdja). Chez Freytag
ce mol arabe n'a que la signification très-générale de «res necessaria.»
Il désigne encore des habits (cf. Dozy , Dicl, des noms des vêt., p. 305),
trebejo de nihos , joya, alhaja (Alcala).
* Alhaja, qui s'emploie surtout au plur. , désigne en général toute
chose qui a quelque valeur, et plus spécialement tout ce qui est destiné
à l'usage ou à l'ornement d'une maison ou d'une personne, comme
tapisseries, lits, bureaux, etc., ou habits, bijoux, etc. (Acad.). En
arabe le plur. al-hawâidj signifie de même, comme Qualremère l'a dé-
montré (llist. des suit. maml. , I, 2, 158): «les objets qui servent à
l'usage d'un homme, ses ustensiles, ses meubles;» aussi, comme je l'ai
dit ailleurs, «ses babils,» et en ce sens le mot a encore une fois passé
dans l'espagnol sous la forme algagias ; voyez ma note sur cet article.
* Alualmb \ ^ „„
\ Tous ces mots appartiennent au XV« siècle. Dans
> un inventaire publié par Saez (Valor de las monedas
* Alhambbia ( , , , . ' „ .
\ durante cl rcynado de Don tnnquc IV, p. 527) on lit;
154
Cosas de alhameria.
Dose pîesas de alhame de lino.
Dos piezas de almalafas.
Dies piesas de alhames de seda.
Quatre piezas de aliiiocazas.
Seis almaisares.
On voit que alhame désigne ici une espèce d'étoffe, et je crois y recon-
naître l'arabe j.L^t (al-khâm). Ce mot, qui est d'origine persane, est
proprement un adjectif et signifie dans cette langue, de même qu'en
arabe (voyez Lane): crUf écru. Employé en manière de substantif, il
désigne 1°. toile écrite , celle qui n'a point été blanchie; 2°. soie écrue,
celle qui n'a point été mise à l'eau bouillante. Ces deux significations
cadrent à merveille avec l'inventaire, où il est question d'abord de
alhame de toile, ensuite de alhame de soie; en outre les étoffes appelées
al'khâm étaient fabriquées en Espagne , notamment à Almérie , vers
l'époque où l'inventaire a été dressé, car Ibn-al-Khatîb appelle cette ville
«celle du khâm et du marbre» {Mi'yâr al-ikhtibâr , p. 13, 1. 1 éd. Si-
monet). Quant à alhamerïa (lingerie), il est facile d'y reconnaître alhame
augmenté de la terminaison esp. erïa. — Dans le Cancionero de Baena,
alhame , alhalme et alhelme sont employés dans le [sens de tunique ,
chemise. On y lit (p. 511):
Si al me provades, aqui me someto
De nunca vestir camisa nin alhame.
Ailleurs (p. 339):
Et enfin (p. 289) :
Aquesta tierra non lleva
Alhalmes nin alcandoras.
Delgado como varal,
Traya Juan de Perea
Un alhelme por librea
Cenido con un hyscal.
C'est le même mot arabe, le vêtement ayant reçu le nom de l'étoffe
dont il était fait. Le / est intercalé comme dans beaucoup d'autres
mots esp. dérivés de l'arabe (voyez l'Introd., p. 25, n°. 1), et alhelme
(alheme) est al-khâm prononcé comme al-khcm. — Il est vrai que dans
le Glossaire sur le Cancionero, ces mots sont dérivés du verbe
135
(hamâ) , qui signifie défendre ; mais c'est une de ces assertions hasar-
dées comme il y en a tant dans ce travail, et dont il serait inutile
de s'occuper.
Alhamkl (portefaix) de JU-^s^Jl (al-hammél) qui est dérivé du verbe
hamala , porter.
* Anciennement a/Aawc7 signifiait sans douie portefaix ; Cobarruvias,
qui cite Tamarid, et Victor ne lui connaissent pas d'autre sens, et
hammél signifie cela en arabe {ganapan chez Alcala). Mais selon PAcad.
alhamél est en Andalousie: un homme qui se loue pour transporter des
fardeaux sur son cheval. Sans doute le mot arabe avait aussi celle
acceplion, car hammél est au Maroc le cafileur, celui qui loue ses cha-
meaux, ses chevaux ou ses mulets, pour le transport des marchandises,
des bagages des voyageurs, etc. (voyez Hœst, Nachrichten von Marokos,
p. 90, 278). En outre, on donne en Andalousie le nom à'alhamél au
cheval de somme. C'est peut-être par catachrèse ; il se peut que les
Andalous aient détourné le sens du mot en l'appliquant non-seulement
à l'homme qui loue sa bête, mais encore à celte bêle même; cependant,
comme les Arabes disent «un vaisseau hammél n pour désigner un vaisseau
de transport (voyez le Glossaire sur Edrîsî, p. 288, 289), ils peuvent
aussi fort bien avoir dit « un cheval hammél » dans l'acception de sommier.
Alhandal (Irochisque de coloquinte) de J>.Ji-JL.^\J1 (al- hantai) , «colo-
cynthis. »
Alhama («alcoba, camara donde se duerme» Cob.) de îCaJL^JÎ (al-
hâniya), «officina, laberna.»
* Elymologie très-malheureuse pour beaucoup de raisons, car V. l'ac-
cent s'y oppose (alhania) , 2". la signification ne convient nullement ,
3°. le mot arabe n'était pas en usage en Espagne, elc. M. Defréraery
dit fort justement que alhania vient de K^^L^i (al-hantya), arc, voûte,
arcade. Je puis établir la vérité de celle assertion par une preuve
sans réplique, à savoir, par ces paroles de Gonzalez de Clavijo (Vida
dcl gran Tamorlan , p. 155): «E ante la puerla desla alhania, que era
un gran arco. »
Alhanzaro. C'est le nom arabe de la fête de Saint-Jean, \i.K2Xx}\ (al-
'nnçara). Dans la Cronica gênerai (fol. 325, col. 4) il faut lire alhâ-
ira y c'est-à-dire, alhanzaro, au lieu de alhazaro, comme l'a démonlré
M. Dozy (Becherches y II, p. lxxv).
136
* Comme il s'agit ici d*an mot espagnol qui n'est pas dans les dic-
tionnaires, quoiqu'il ait donné naissance à un verbe, et d'un mot arabe
qui, dans cette acception, n'est pas non plus dans les lexiques et dont
je n'ai pu parler qu'incidemment dans mes Recherches, où j'avais une
tout autre question à traiter, je crois devoir entrer ici dans quelques
nouveaux détails.
* Les Arabes ont sans doute reçu le mot *ançara des juifs. Dans
l'Ancien Testament nn^v i^acara) signifie: assemblée, réunion du peuple
pour célébrer les fêtes religieuses. Du temps de Josèphe , c'était la
pentecôte, et dans le Talmud on trouve le mot dans la même acception
(voyez Gesenius, Thésaurus in voce, et Winer, BihL Realwôrterbuch ,
II, 244). Encore aujourd'hui la forme arabe ançara désigne, parmi
les Copies, la penlecôle (v. Lane, Modem Fgyptians, II, 563) et Frey-
lag l'a en ce sens sous ^*ac ; mais comme en réalité la signification
primitive du terme est très-vague, il n'est pas étonnant qu'on l'ait
aussi appliqué à d'autres fêtes. En Espagne c'était la Saint-Jean * , que
les Maures fêtaient aussi bien que les chrétiens (cf. Mem. hist. esp.,
IX, 102). Cet usage s'est perpétué dans le Maroc, et l'on trouve des
détails curieux sur ce sujet chez Mouette, Histoire des conquestes de
Motiley Archy y p. 355 (lanserà) , et chez Chénier, Recherches historiques
sur les Maures, III, 224 {al-ansarà) ; voyez aussi Grâberg di Hemsil ,
Specchio geogr. e statist. dclV impero di Marocco, p. 236, et Hœst, Nach-
richten von Marokos , p. 251. Ce dernier voyageur a donné (p. 255) la
traduction d'un calendrier où Eldnsera est fixé au 25 juin , ce qui ,
comme on voit, est une légère erreur. Les Espagnols ont formé de ce
substantif le verbe alanzorear dans le sens de fêter quelqu'un. Je le
trouve chez Rojas , Relaciones de algmios sucessos de Berberia (Lisboa ,
l) Comparez avec le passage de Maccarî (il, 88), que j'ai déjà cité ailleurs, Ibn-al-
Baitâr (man. 13) sous l'article i^j^ll Hj^xj] *^.j j^^ qL^-^I *^j. De même
chez Ibn-al«'Auwâm , II, 442. Ce dernier auteur donne souvent le nom de umois de
Vançara» au mois de juin, et chez lui l'adjectif 'a?içart désigne un fruit qui mûrit au
mois de juin (voyez p. e. I, 27l). Dans le calendrier de Rabî' ibn-Zaid, dont Libri a
publié une ancienne traduction latine [l/ïst. des sciences viathémat. en Italie ^ I, 428),
on lit sous le 24 juin : « Est dies alhansora. Et in ipso est festum nativitatis Jo^
bannis filii Zaccharie. »
137
1613, fol. 56 r") , qui dit: «A cslo vino el Grani que eslava en Fez,
donde liavian alanzorear à Muleixcque, y Iruxo consigo hasla 600 ca-
vallos. »
Aliiaquin («sabio, doclo, especialmcnte medico» Marina) de ^jJ^.^J\
{al'haquîm) qui se dit dans la même acception.
* Aussi alfaquim (chez Villanueva, XVIII, 294, trois fois). En outre,
alhaquin signifiait tisserand. Dans celte acception il vient de eVjL^Ut
{al-hâtc) , selon M. Millier, de ce mot, «ou de yS'LA^^il {al-haiyâc) y ou
plutôt encore de ^^j^J! (al-hauqui),^ selon M. Defrémery. Aucun de
ces mots ne me semble convenir suffisamment avec alhaquin ^ el dans
ce dernier je crois reconnaître le plur. ,^.aJC.jI^Î (al-hâïquîn) (on sait
que, dans la langue vulgaire, le plur. est toujours m, jamais onn), les
tisserands. Il est notoire que plusieurs mots arabes ont passé dans
Tcsp. sous la forme du plur. (voyez Tlntrod. p. 28, n^ b), et dans le
cas dont il s'agit, il y avait une fort bonne raison pour l'employer,
car le quartier où demeuraient les tisserands s'appelait al-hâïqinn (com-
parez l'article zacatin), et il était fort naturel que les Espagnols don-
nassent à un homme de ce quartier le nom de alhaquin. La même
observation s'applique peut-être à zarracalin (voyez cet article).
Alharaca («es un desasossiego y alboroto que alguno tiene con dema-
siado sentimiento y movimiento de cucrpo por cosa de poco momento »
Cob.) de K^=>^J! (al-haraca), mouvement,
Alhavara («cierto derecho que se pagaba en las alahonas de Sevilla»
icad.) ?
* C'est uniquement par conjecture que les Acad. ont donné ce sens
à alhavara, car de leur temps le mot avait cessé d'être en usage, et
ils ne le connaissaient que par ce passage des Ordenanzas de Sevilla :
«Otrosi que el alhavara de las atahônas que sea pucsta en docc mara-
vedis del cahiz. » A mon avis ce n'est nullement le nom d'un impôt ,
mais celui d'une espèce de farine, et le sens est que, pour chaque
cahiz (nom d'une mesure pour les grains) de alhavara (espèce de farine),
il fallait payer douze maravedis. Si l'on prend le mot en ce sens, son
origine s'explique à merveille, car en arabe ^^\^^\ (al-houvodrâ) , qui
est proprement un adjectif, blanc, en parlant de fleur de farine (voyez
Lane), est devenu un substantif qui désigne la meilleure espèce de fleur
18
158
de farine; voyez Freylag, M. Engelmann sous almodon, et M. de Goeje,
Glossaire sur Belâdzorî, p. 35 sous jxi>. Chez Ibn-Djobair (p. 291, 1. 19)
on lit: f^j\j.^\ yp>^ «du pain de houwârâ.»
Aliielga, helga (anneau), de KiiJb^Jl (al-helca), «annulus. »
* Alhkma. Dans un procès entre Tudèle et Tarazona sur le droit d'arro-
sage, procès qui a été jugé en 1320 et que Yanguas a publié dans ses
Adiciones al Dicc, de antig. de Navarra, on lit (p. 358): «El dia 26 de
cada mes se abalen segunda vez las aguas, y dura dicho abalimiento
los dias 27 , 28 y 29 , excepto el ùltimo que se abslrae en los raeses
de abril y mayo, y la agua que se dâ en estos cuatro dias, y très tan
solo en abril y mayo, se llama alhema, y la lienen Tudela, Calchetas
y Murcbante: el 30 de cada mes recobran los de Tarafona dichas
aguas: que por cuanto el agua que caia en el rio el dia 29, que es el
ùltimo de alhema» etc. C'est j^^~#.:s=\it [al-himâ), défendu, chose défendue^
parce que, pendant la période ainsi nommée, il était défendu à ceux
de Tarazona de se servir des eaux.
AlheîIa, en arabe lx<^l\ {aUhinnâ), est le nom d'un arbrisseau (law-
sonia inermis) dont les femmes en Orient emploient les feuilles pour se
teindre les ongles.
* Alheta pg. (ourlet) de Xl^Li^Jt (al-khiyéla). Pas dans Freytag, mais
Ibn-Batouta (I, 99) l'emploie en ce sens. — Dans un vaisseau alhetas
désigne les deux pièces de bois courbées à l'extérieur de la poupe. Je
présume que c'est qLLx:^JI [al-hîlân), pi. de JijL<\iî, «paries, septum.»
* Alhexixa , chez Alonso del Castillo alhaxix , est l'arabe ,ji^A-^_^JI
{aUhachîch) ou aUhachicha ; voyez Mem, hist. esp., III, 31. Tout le
monde connaît le haehiche.
* Alhoja (petit oiseau; TAcad. présume que c'est l'alouette). Je crois
que ce mot est ^X^^ (al-hâdje), littéralement le pèlerin. Les lexiques
n'ont pas ce terne comme le nom d'un oiseau, mais Jackson {Account
of Marocco, p. 70) le donne. Cet oiseau est appelé ainsi parce qu'il
accompagne les caravanes qui vont à la Mecque ; pour celte raison il
est aussi considéré comme sacré. Il est à peine aussi grand qu'un
merle, et son plumage est de couleur cendrée. Il se nouiTit d'escarbols
et d'autres insectes.
Alholba, alholva, alforva, alforria, albolga, pg. alforvas (espèce de
plante, fenugrec), de N^l<^il {al-holbaj , « fœnum grajcuni.»
139
Alhondiga, pg. alhandega. En arabe ^JUiJt {aUfondoc) désigne une
hàlellerie [* alfondeca a le môme sens dans le traité conclu en 1115
entre Alphonse l" et les Maures de Tudùle, dans Muiloz, Fucros, I,
416, où on lit: oEt quod intrent in Tutela sinon V cliristianos de
mercaders, et quod pausent in illas alfondecas»]; mais en Espagne il
se disait encore d'un magasin, destiné aux marchands qui venaient dans
la ville pour y vendre leur blé («es la casa dipulada para que los
forasleros que vienen de la comarca â vender Irigo à la ciudad , lo
melan alli» Cob.). P. de Alcala donne le mot arabe dans la même
acception , car il le traduit par alhondiga et par bodega,
Alholi, alfoli, alforiz (grenier, magasin à blé), de (^^-^t (alhort) ,
« borreum. »
*En Navarre on disait algorio, et le mot arabe a encore une fois
passé dans l'espagnol sous la forme algorin ou alguarin; voyez plus
haut. — Dans le dialecte valencien ce mot a reçu un autre sens, car
selon Fischer {Gemàlde von Valencia , I, 5), alforins y désigne: les mai-
sons dans les campagnes.
* Alhondon («le fond de quelque chose,» Victor). C'est le mot esp.
hondon (fond) qui a passé dans Tarabe (on trouve ^^^XJ-àJI (al-fondôn)
comme nom propre chez Edrîsî, p. 194, l. 7 du texte), d'où il est
retourné dans l'espagnol , augmenté de l'article arabe.
* Alhorma est donné par Nuûez, qui le traduit par «camp militaire
des Maures.» Je ne sais si celte traduction est bonne, car Tarabe
iCxu-^Oi (al'honna) ne s'emploie jras dans celte acception. 11 faudrait
savoir où Nuûez a trouvé le mot.
* Aluobrb. Voyez après alforra.
Alhucema , pg, alfazema (lavande) , de ^^jà^\ {al-khouzéma) que P.
de Alcala traduit par espliego alhuzema.
Aluurreca, pg. alforrécas (écume salée qui s'attache aux roseaux,
joncs et herbes des rivages de la mer), de ^^^^->Oî {al-horrcc ou al-
hourréc), «valde salsa» (aqua).
Aliacan, aliacran , de q^j-^î (al-yaracân) , la jaunisse,
Aliara. Dans un passage de l'Archiprélre de Hita (copl. 1254) ce
mot, qui y est écrit alhiara, désigne, suivant Sanchez: «vaso de cuerno
pasloril. • [* C'est le sens ordinaire de aliara]. Je crois y retrouver
140
Tarabc »j-^J5 (al-djarra) , qui a encore une fois passé dans l'espagnol
sous la forme jarra. Voyez ce mot.
* Alicatado. Les maçons andalous donnent le nom de obra de alica*
tado aux azuléjos ou carreaux de faïence de diverses couleurs, qui,
dans les maisons bâties à la mauresque, se trouvent dans les cours
{patios) et dans les salles (Acad.). On s'aperçoit au premier abord que
ce mot est fort corrompu; cependant un passage de Maccarî nous mettra
peut-être à même d'en expliquer l'origine. On y lit (I, 124, 1. 5) que
les Andalous se servent Hl* azuléjos pour paver les caât (oUUé , les cours)
de leurs maisons. Cet al-câ^ât pourrait bien avoir donné naissance à
alicatado, et dans ce cas obra de alicatado signifierait proprement: obra
de los pàlios,
* Alicates (pinces, petites tenailles). Il est singulier que M. E. ait
oublié ce mot, dont l'origine arabe avait déjà été indiquée assez bien
par Marina et par Sousa. M. Defrémery observe qu'il vient «de isUiJUÎ
(al-laccâl) ; cf. Bocthor tenailles, et le mot milcâl , pince. i^ Laccdt se
trouve aussi cbez Bombay (p. 80 balillum, p. 96 forceps),
Audada , ["^alhidada dans les Libros de Aslronomîa d'Alphonse X,
passim; chez Victor] alhadida (règle mobile dans l'astrolabe), est en
arabe s:>L.^.y.Ji {al-idâda). Les lexiques ne donnent à ce mot que
le sens de « postis januaî ; » mais dans un traité arabe sur la
construction de l'astrolabe (man. 193 (1), fol. 3 v"), je l'ai trouvé dans
sa signification technique, car on y lit que c'est une espèce de maslara
(»jb^/i) ou règle.
Alifafe (couverture de lit) de ^Lj<;..JUî (al-Uhâf) que P. de Alcala
traduit par colcha de cama et qui se trouve avec cette signification dans
les Mille el une nuits (I, 82 éd. Macnaghlen).
*En ce sens, qui a vieilli, alifafe ou aliphafe se trouve souvent dans
les chartes du moyen âge. Aux exemples déjà cités par S% Rosa, par
TAcad. esp. , etc., on peut ajouter Esp. sagr., XVIII, 532. Mais les
copistes des cartulaires ont fréquemment commis la faute de changer
le dernier /en s; il faut donc corriger les articles alifase et aliphasc
chez S\ Rosa, et l'article aliphasis chez Ducange. — L'Académie a déjà
soupçonné que ce terme signifiait aussi pelisse, et cette conjecture est
pleinement confirmée par un passage d'une ordonnance d'Alphonse X
réglant le prix de certaines choses, où on lit {Cvrlcs de Léon ij de Cas-
141
tilla , 1 , 70) : « alifafe de lonios de conejos quiuse uirs. ; alifafe de es-
quiroles quinse mrs. ; alifafe de cervales dose mrs. ; alifafe de ginetas
veinte é cinco mrs. ; é de conejos cinco mrs. ; é de liebres dos mrs.
é medio. »
* Aujourd'hui encore alifafe est en usage en Espagne aussi bien qu'en
Portugal, mais dans le sens de courbe, espèce de tumeur dure qui vient
aux jambes des chevaux. En arabe cette tumeur s'appelle ^^t {ait'
nafakh): voyez le Traité d'hippialrique (man. 299) et Ibn-al-'Auwâm (II,
646). Je présume que ce terme a été altéré en esp. et en port, par
rinûuence de l'aulre alifafe,
* Alipar (dans le dialecte de la Manche, polir). Le verbe ^\ signi-
fie à la 2" forme {alla fa) préparer y apprêter, et le sens particulier est
déterminé par le substantif qu'on y joint; voyez le Glossaire sur Edrîsî,
p. 271; les exemples qui y ont été donnés prouvent que ce verbe peut
fort bien s'employer dans le sens de polir. Cependant ce n'est qu'avec
beaucoup d'hésitation que j'en dérive l'esp. alifar , et si je le fais, c'est
parce que je ne vois pas comment il viendrait du latin. On ne peut
y voir une transposition de afilar, car la différence entre aiguiser et
polir est trop grande.
* Alifara, lifara. Anciennement ce mot signifiait en Aragon: le repas,
ou l'argent pour un repas, que l'acheteur donnait au vendeur au-dessus
du prix de la chose achetée. Aujourd'hui c'est dans ce pays un mot
familier pour repas (Acad.). C'est l'arabe HjU^i {al-hhifâra) qui désigne
proprement: l'argent qu'on donne à un khafîr ou protecteur (voyez
Lane), mais dont la signification s'est sensiblement modifiée dans alifara.
Sans doute ce mot désignait dans l'origine l'argent que l'acheteur don-
nait au vendeur au-dessus du prix convenu , mais on voit que l'idée
de protection a disparu. Ensuite, comme la coutume s'introduisit que
l'acheteur donnait un repas au lieu de donner de l'argent, le mot a
été détourné encore davantage de sa véritable signification.
* Aliger (garde d'une épée). Je ne connais pas ce mot en arabe,
mais il doit venir de la racine j?v> {hadjara), qui, de môme que ses
dérivés, exprime l'idée de garder.
* Alimara (feu que l'on fait sur la cùlc pour donner (luelque avis)
serait, selon M. Miiller, une transposition de :obL*JI {al-alâma). Le
changement serait un peu trop fort, et je m'étonne que AI. Muller, qui
142
se sert de P. de Alcala, n'ait pas trouvé la véritable étymologie. On
n'a qu'à transcrire le mot en arabe: s^U'^l (al-imâra); chez Alcala c'est
sehal (de même que iU^lc), signal dans le Dict. berbère,
"Alinde, alhinde, alfinde. Les dictionnaires espagnols, et surtout les
dictionnaires arabes, sont encore si peu satisfaisants, que j'ai à dire sur
ce mot bien des choses nouvelles. En arabe «AÂ^ii (al-hind) signifie les
Indiens, et mohannad y qui en dérive, «ex Indice ferro factus» (ensis);
c'est tout ce qu'on trouve dans Freytag. Il faut y ajouter que al-hind
désigne aussi l'acier, qui a été appelé ainsi parce que, dans l'origine,
on le tirait de l'Inde. Le mot est donné en ce sens par Alcala (sous
azero et sous ballesta de azero lX>l^ lt^) > V^^ Hœst [Nachrichten von
Marokos, p. 270), par Dombay (p. 80 et 102), par Marcel, par Hum-
bert (p. 171) et par Hélot, et on le trouve dans l'Inventaire des biens
d'un juif marocain, décédé en 1751 (man. 1376). Dans le Mosta'tni ,
sous l'article uXjvX> (/^^')' ^'^^t le synonyme de ce dernier mot (seule-
ment dans le man. de Naples). Au moyen âge alfinde avait le même
sens en espagnol. Dans les Libros de Astronomia d'Alphonse X on lit
(II, 118); «Et sea esta pierna movible de azero, ô de alfinde." Et
plus loin (II, 129): «Et loma un pedaço de alfinde 6 de fîerro calçado
con acero.» Ce renseignement peut servir à corriger et à expliquer un
passage qui se trouve dans le Cancionero de Baena. Un poète y dit
(p. 481):
Ca sabe por cierto que rai amargura
Es toda de alhynde.
Les auteurs du glossaire supposent que cet alhynde vient du latin ali-
imde, et ils le traduisent par: «de otra parte, de tierra lejana. » On
n'a qu'à jeter les yeux sur la pièce de vers en question , pour se con-
vaincre que cela ne donne aucun sens. Le fait est que amargura, qui
ne convient pas non plus, est altéré; il faut le changer en armadura:
«mon armure est toute d'acier;» car alhynde est identique avec alfinde ,
et l'orthographe est même meilleure.
Ce point établi , nous arrivons aux miroirs. Le miroir d'acier , en
arabe mirât hindîya, est nommé par Ibn-Djobair. En parlant d'une
pierre, il dit (p. 42, 1. 6 et 7) qu'elle est «très-noire et très-luisante,
de sorte qu'elle réfléchit l'image des individus en entier, comme si
c'était un miroir d'acier poli récemment. » Chez Ibn-al-Khalîb c'est
143
tnirat al-hind, «Quand nous arrivâmes à Grenade,» dit-il (dans Mûller,
Beitràge, p. 40), «le ciel était poli comme un glaive, clair comme un
miroir d'acier. » Chez Alcala on trouve aussi alitide espejo, en arabe
mirl (= mira) min hmd. Est-ce la même chose que chez les deux
auteurs arabes que je viens de citer , c'est-à-dire , un miroir qui sert
uniquement à renvoyer Timage des objets? C'est possible; cependant
je ne voudrais pas Taffirmer, car l'Acad. ne connaît pas dinde comme
miroir plan, mais seulement comme miroir concave et qui sert, soit à
brûler les objets qu'on lui présente, soit à les grossir. C'est surtout
au dernier usage que Valinde était destiné. Victor, p. e. , ne l'a pas
comme miroir ardent, mais c'est chez lui: «certaines lunettes qui font
paraître les choses démesurément grandes.» On retrouve ce sens en
Afrique, car Bombay donne (p. 100) mirâya del-hind, teîescopium, et
M. Prax dit (dans la Revue de V Orient et de l'Alg,, V, 78): «Une
longue vue, appelée par les Arabes miroir de l'Inde» (cette traduction
n'est bonne que jusqu'à un certain point).
Enûn alinde est encore chez Victor et chez Nuilez: le tain, la feuille
d'étain qu'on met derrière les glaces. Je ne sache pas qu'en arabe il
ait eu ce sens.
Alizace, pg, alicerse, l^ pg» aussi alicece et alicesse] (les fondements),
de y^L^'^î [*{al'isâs), plur. de ass , iss ou oss , qui a le même sens.
Les formes portug., parmi lesquelles alicece est la plus correcte, doivent
être expliquées par la prononciation al-isés],
* Alizaque. Selon l'Académie, ce mot, qui ne se trouve, je crois,
que chez P. de Alcala, serait le même que celui qui précède. 11 a bien
le même sens, mais il a une tout autre origine, supposé toutefois
qu'Alcala ne se soit pas trompé. Il traduit aliçaque o çanja par liçâq ,
c'est-à-dire, ^!jJ ou ^LaoJ (ce qui est la même chose), et ce mot
pourrait bien avoir ce sens, bien que les dictionnaires ne le donnent pas.
Alizares, alizeres, aliceres («la cinta 6 guarnicion de azuléjos con
que los Moriscos adornaban lasparedes de las salas por la parle inferior»
Acad.). L'arabe ^tj'ii! {al-izâr), dont il faut dériver le mot espagnol, a
désigné dans l'origine une sorle de vêlement ; plus tard il a élé usité
dans une acception Icchnique qui manque dans les dictionnaires. On
la Irouve chez Ibn-Djobair, p. 193 [* aussi p. 196, 1. 16, Etlrîsî, p. 209,
Mcsâlic al-abçâr dans Qualrcmère, Ilist, des suif. mamL, I, 2, 44,
144
Ibn-KIialdoun, Prolêgom., II, 218, I. 17], où izdr désigne un lambris;
de là le verbe azara signifie à la IP ionne lambrisser, et à la V*^ élre
lambrissé. Voyez le Glossaire de M. Wright, p. 17 [et surtout le Glos-
saire de M. de Goeje sur Belâdzorî, p. 11, 12].
Alizari (espèce de garance, rubia seca)?
Aljaba, pg. aijava (carquois), de Kax;^]| (al-dja'ba) , «pharelra. »
Aljabibe , pg, algibebe [* aussi aljabebe chez Moraes] (fripier). En
arabe djoubba désigne une aljuba. Je crois qu'un substantif çjl-I..^t
(al-djabbâb y al-djabbéb, al'djabbib) , «celui qui vend des djoubba, i> est
l'origine des mots esp. et port, en question. Il est vrai que je n'ai pas
trouvé en arabe ce djabbâb , mais il serait si conforme au génie de
celte langue, que l'espagnol aljabibe me semble suffire pour en démon-
trer l'existence. [Il se trouve comme nom propre chez Mohammed ibn-
Hârilh , Hist. des cadis de Cordoiie, man. d'Oxford, p. 344].
Aljafana (écuelle) de xââ^I {aUdjafna) , « scutella. »
* Aljama de XfiU^il (al-djamâ'a). Dans l'origine ce mot arabe avait
le sens très-vague de réunion d'hommes. Un autre substantif qui y était
joint, en précisait la signification; ainsi iCi^u^Jl iCcU>, «la réunion
des anciens» (Ibn-Kbaldoun, Hist, des Berbères, I, 642, 1. 12), dési-
gnait le conseil municipal ; mais ce second substantif peut aussi être
supprimé et l'on sait qu'aujourd'hui encore le conseil municipal porte
en Afrique le nom de al-djamâ'a. C'est en ce sens que l'esp. aljama
s'employait au moyen âge, et c'était surtout le sanhédrin qu'on appelait
ainsi. Quand Alexandre fut arrivé devant les murs de Jérusalem , lit-
on dans le poème qui porte son nom (copl. 1090):
Decie el aliama: mal somos confondidos;
et Gonzalo de Berceo , quand il raconte que le sanhédrin se rendit
chez Pilate pour le prier de placer (une garde auprès du sépulchre
du Seigneur, afin que les disciples ne volassent pas le corps, s'exprime
en ces termes {Dtielo de la Virgen Maria, copl. 166):
Moviose el alfama (lisez aljama) toda de su lugar;
Entraron a Pilato por conseio tomar,
Que non gelo podiesen los discipulos furtar.
Mais aljama avait encore un autre sens. Dans les villes, les juifs
qui y demeuraient, étaient appelés par les Arabes djamâ'a al-yehoud,
«la réunion des juifs,» ou simplement al-djamcVa, et comme ils avaient
145
un quartier qui leur élait propre, les Espagnols ont appliqué le mot
aljama à ce quartier. Plus lard , quand ils se furent emparés de plu-
sieurs villes musulmanes, ils ont aussi donné ce nom au quartier liabité
par les Maures. Voyez Gonzalo de Berceo, Milagros de N, S,, copl.
650 , TAcad. et P. de Alcala , qui traduit aljama de jiulios et aljama
de moros par iicL*^.
Aljamia. En arabe ^^-^^L^Jt {al-'adjam) désigne les barbares, dans le
sens que ce mot avait chez les anciens; les Arabes appelaient ainsi
tous ceux qui ne parlaient pas leur langue, tous les étrangers. L'ad-
jectif féminin, dérivé de ce substantif, est Aj^:5\»i! (a^-W/amzya). C'est
par ce terme que les Arabes d'Espagne désignaient la langue espagnole.
[* Les Espagnols, de leur côté, donnaient le nom à^aljamia au castillan
corrompu et mêlé de mots arabes que parlaient les Mauresques. Sur la
côte d'Afrique et en Syrie, c'était la lingua franco , ce singulier mélange
d'espagnol, de portugais, d'italien, de français et d'arabe, que parlaient
les chrétiens et les renégats; voyez Mocquet, Voyages, p. 164, 380;
Journaal wegens de rampspoedige reystocht van Cap"*, Steenis in 1751 ;
Hœst, Nachrichten von Marokos , p. 252].
Aljaraz (sonnette) de (j^y^'î (al-djaras) qui a la même signification.
[*Sousa donne aussi aljorses, qui est en usage dans la province de Beira
et qui y désigne les clochettes qu'on pend au cou des bêtes].
Aljarfa. Voyez algerife.
* Aljazar pg. (terrain mis à sec et entouré par l'eau de la mer,
Vieyra) est jj^^^ (al-djazar) , a terra e qua fluctus maris decrescit. »
Aljopaiwa , aljufaina. Al-djofaina ou aUdjoufaina est le diminutif
arabe de al-djafna , l'espagnol aljafana. Voyez ce mot.
Aljofar, a. pg, algofar (perle), de j^j.^^ {al-djauhar) qui désigne la
même chose.
AuoFiFA (torchon) de xèû.i^iî {al'djaffâfa) , mot qui manque dans les
lexiques. H dérive du verbe djaffa qui, à la IP forme, signifie /orcAer,
essuyer. Voyez P. de Alcala au mot esponja de mar,
* C'est proprement éponge, comme l'Acad. le remarque fort bien en
citant Alcala, et elle ajoute: «y porque séria lo mas prôprio fregar y
enjugar el suelo con esponjas se diria» etc. Djafjafa est proprement
« enjugadora, » «celle qui sèche, essuie,» de dja/fafa, sécher.
19
146
* L'espagnol a aussi eu aulrefois le verbe aljafifar (avec le a) ; il se
trouve chez P. de Alcala, qui donne suelo que se aljafifa wlâ^iî f^^^',
et Victor a un substantif aljofifar : «aljofifâr ladrillado, pavement de
salle fait de petits carreaux peints, comme ouvrage de marqueterie, ou
damasquinés et émaillés de plusieurs couleurs.» Sans doute on Ta
appelé ainsi parce qu'on le torchait régulièrement; c'était un «suelo
que se aljafifa. »
AuoNGE, AJONGE (suc de chardon dont on fait le glu). L'arabe
j^Jl_:5UA-> (djondjolz), par lequel P. de Alcala traduit ce mot, m'est
inconnu. Chez Freytag je trouve djondjol dans le sens de «olus aspa-
rago similis, quod comedilur,» «humulus lupulus» chez Ibn-al-Bailâr,
I, 265. Est-ce qu'il y a du rapport entre ces deux mots?
" Je ne vois pas quel rapport il pourrait y avoir entre des choses si
différentes. Aljonge est un mot tronqué; la forme arabe que donne
Alcala, l'est un peu moins; cependant elle n'est pas complète, et le n
doit y être considéré comme remplaçant le /. Le mot arabe est abso-
lument le même que celui dont M. Engelmann parle dans l'article suivant,
à savoir ^^^^.Jl^iî (al-djoldjolân) (sésame); mais le sens diffère un peu.
En esp. aljonge doit avoir désigné dans l'origine, non pas le suc d'une
plante, mais cette plante même; en d'autres mots: il doit avoir eu le
sens qu'on attache aujourd'hui à aljongéra qui en dérive et qui désigne
la condrille, plante dont les racines donnent un suc qui, mêlé avec du
miel ou du sirop, sert de glu en Espagne. Or, une variété de la
condrille était appelée par les Grecs sesamoides micron , parce qu'elle
ressemble tant soit peu au sésame; en outre, on substituait dans la
médecine sa semence à celle du sésame (voyez Dodonaeus, Cruydt-Boeck,
p. 1081 et suiv.). 11 est naturel que les Arabes aient suivi l'exemple
des Grecs. Al-djoldjolân désignait donc chez eux, non-seulement le
sésame, mais aussi la condrille. Par le changement de / en n et par
suite de Vimâla ^ les Arabes d'Espagne prononçaient ce mot aUdjondjo-
Un (voyez l'article suivant) , puis aUdjondjoU (voyez Aie. chez M. E.) ,
et enfin il est devenu chez les Espagnols aljonge, ajonge. Les Portu-
gais l'ont altéré encore davantage, car chez eux c'est aljiis on aljuz,
AuOiMOLi, ajonjoli, [^ fr. jugeoline] (sésame), de q^.^tJL5\Jî {al-djol-
djolân) qu'on prononçait en Espagne al-djondjolin, comme on peut le
147
voir dans P. de Alcala au mot alegria, [* Aujourd'hui encore on suIh
slitue en Afrique le n au / dans ce mol; mais en outre on a changé
le dj en s, de sorte qu'on écrit ^^U^jj; voyez Dombay, p. 73, et Héiot.
En pg. c*est gergelim et zirgelim].
* Aljor (pierre à plâtre) de ^')^\ {aUodjor) , « laleres coctiles. »
AuuBA (vêtement maure, que les Espagnols portaient aussi) deXxj^M
(al-djoiibba); cf. Dozy, Dicl. des noms des vêlem., p. 107 et suiv. De
ce mot arabe dérivent encore l'espagnol juba , [* chupa] , Tit. giuppa ,
le fr. jupe [* et une foule d'autres mois dans je ne sais combien de lan-
gues].
* Aljus pg. Voyez aljoiNGe.
Alkaque.xgi, alquequenge, de ^J<SlJi}\ {al-câkendj) qui désigne une
espèce de résine.
* Ce mot arabe est expliqué de cette manière par Freytag d'après le
Câmous; mais on sait qu'il désigne aussi, de même que les mots esp.
et pg. qui en dérivent, la plante appelée coquerel et alkekenge; voyez
le Mosla'înî in voce, Ibn-al-Baitâr, II, 213, Bocthor sous alkekenge et
sous coqueret y Berggren, p. 827, Richardson in voce, Sanguinelti dans
le Journ. asiat. de 1866, I, 319, etc.
Alloza, [*pg. arzolla] (la almendra verde), de sj^Jî (^/-/aw^a), a??ia«rfc.
* Almacaero. Voyez almancebe,
* Almacega pg. Voyez almaciga.
Almacen, almagacen, almarcen, magacen, pg, almazem , armazem ,
il, maggazino, fr. magasin, de ^^y^^\ (al-makhzen) qui désigne un
d^pôl de marchandises, de la racine khazana, mettre en dépôt, garder.
Almacig\, almasliga, almastec, amazaquen , de L<Li>ciJi (al-maçtacâ)
[* qui est une altération du grec f^x7Ttx'^] , du mastic.
* Almaciga est aussi un terme de jardinage ; c'est un petit espace de
terre abrité, où les jardiniers sèment les légumes pour les transplanter,
quand ils seront devenus un peu grands , dans les grands carrés. D'où
vient le nom de celte planche ou couche!' Je crois que le mot esp. est
un peu altéré. Berggren donne sous couche: «couche de terre , xjC^mww^ «
(mascabà) , et peut-être almaciga est-il al-mascaba dont on a retranché
la dernière syllabe: almasca, almasga , prononciation adoucie almaciga.
Le sens de la racine sacaba vient à l'appui de cette étymologic, car ce
verbe sii,'n!n'' ''lunuir»^ r^rsr? de l'cnu ; mas<<'^'-^ <'-• donc proprement.*
148
l'endroit où l'on verse de Veau , que Ton arrose , et les jeunes plantes
dans les almàcigas ont justement besoin d'être souvent arrosées. Enfin
le pg. almàcega me confirme encore davantage dans mon opinion. Il a
un autre sens: c'est un petit bassin ou étang communiquant avec un
autre qui est plus grand, et servant de réservoir pour l'eau qui tombe
d'une machine hydraulique ou pour celle de la pluie (]\Ioraes). Evidem-
ment c'est encore al^mascaba altéré de la même manière et dans le sens
de: endroit oit Veau s'épand ; exactement le: «tanque onde desàgua a
agua» de Moraes.
[*Almadana,] almadena, ['^almadina] (marre de vigneron, outil de
tailleur de pierre). P. de Alcala traduit marra o almadana par matân
ou matâna. N'ayant jamais rencontré ailleurs ces mots arabes, c'est
l'autorité de Bombay (p. 96 kâI^U vectis aduncus) qui m'engage à les
transcrire par ^Lbjî et iCiLbJt.
*Le mot est donc transcrit, mais non pas expliqué, car il n'y a pas
de racine ^^Joa et la racine ^aL ne convient pas» Pour ma part, je me
tiens persuadé que ce terme était déjà altéré à l'époque où Alcala com-
posait son vocabulaire. Il désigne, selon l'Acad.: «un instrument de
fer comme une grande masse, qui sert aux mineurs pour rompre les
rochers.» Cette explication s'accorde fort bien avec celle que donne
Freytag sous qvAjw (mVdan): omucronato capite maliens, quo rumpun-
tur saxa. » Joignez-y qu'on emploie ce mVdan dans les mines (car
ma'din, esp. almaden, signifie mine) , de même que V almadana espagnol.
Almadana ou almadena vient donc de aUmVdan, que le peuple pronon-
çait al-ma'dan ou aUma'den, car dans les noms d'instrument les Arabes
d'Espagne ont presque toujours substitué la voyelle a à la voyelle i,
Almaden (mine, minière) de ^lXxJî {al-ma'din) qui a la môme signi-
fication.
Almadia (radeau) de KjiAxJf {al-ma'diya) qui désigne «un bac pour
passer une rivière.» Voyez sur ce mot M. Quatremère, Hist, des suit,
maml.f II, i, 156.
Almadraba (l'endroit où se fait la pêche du thon). Suivant Cobarru-
vias les almadrabas sont certains parages sur la côte de la Méditerra-
née, où les thons se rassemblent en masse une fois par an. D. de Ur-
rea y retrouve un mot arabe medraba qu'il dérive du verbe daraba «que
significa encerrar , porque en aquel espacio del alraadrava encierran los
149
atunes.» Un lel mot arabe m'est inconnu: il n'y a que le verbe uj^j
{zaraba) qui signifie entourer d'une haie, tandis que darraba n'a d'autre
sens que celui de accoutumer. Pour cette raison , celte étymologie ne
me semble pas fort plausible. Pour en trouver une autre, il est néces-
saire d'examiner de quelle manière on péchait le thon. C'est Edrîsî
qui nous éclaircira sur ce point. Nous lisons chez cet auteur (II, 5 de
la traduction de M. Jauberl): «Il existe auprès de Ceuta des lieux où
Ton pêche de gros poissons, et l'on se livre particulièrement à la pêche
du gros poisson qui s'appelle le thon et qui se multiplie beaucoup dans
ces parages. On s'embarque dans des nacelles, muni de lances (ou de
harpons); l'extrémité de ces lances renferme des ailes qui, en se dé-
ployant, pénètrent dans le corps du poisson" etc. Ainsi on les frappait
à coups de harpon. Or P. de Alcala traduit le mot espagnol en ques-
tion par madraba. Le verbe y^/^ (dharaba , que P. de Alcala écrit da^
raba) signifle en arabe battre, frapper, et, suivant le génie de cette lan-
gue, madraba peut signifier un lieu pour battre, pour frapper. Nous
aurions ainsi un substantif arabe iû^^^a^ (madhraba) , désignant un lieu
oii l'on frappe {les poissons). Il va sans dire que tant que l'on n'aura
pas trouvé ce mot écrit en caractères arabes, mon explication n'est
qu'une conjecture. — En outre, almadraba signifie en esp.: tuilerie,
fabrique de tuiles, et chez P. de "Alcala madraba répond à tejar do hazen
tejas et à ladrillar donde se hazen ladrillos. Serait-ce le même mot que
celui qui a donné naissance à l'autre almadraba? Est-ce-qu'on aurait
dit en arabe, en parlant de briques, dharaba al-toub (<w»^kîl), de même
qu'on dit dharaba as-sicca (x^^Ji), battre monnaie?
*Je me tiens persuadé que cela se disait. Freylag, il est vrai, n'a
ni madhraba, ni madhrab, dans le sens de lieu oii l'on frappe; mais
Ibn-al-Khatîb (dans Millier, Beitràge, p. 5) nomme Malaga: cLxJÎ .;cLiu
vy^.*:3»ii c>^^î v*;*^^^ o^LX>ixJt, «l'endroit où l'on foule le drap qui
doit être pressé , où l'on bat les étoffes * qui doivent être bien frap-
pées." Ibn-Djobair dit de même (p. 307, 1. 6), en parlant de St. Jean
d'Acre , qui était alors au pouvoir des croisés : «-j,Ua^ Lg ..^t^ ^^ ov>Uà
^\^>JL3 , « ses minarets sont devenus des endroits où l'on frappe (où Ton
l) Comme ad'dast est ici un collcctil , il ne peut avoir d'autre sens que celui d'<?/o^c^,
que lui atttiljue le Càuious. L'eiucmble du passade plaide aussi pour cette iutorpro'tation.
150
sonne) des cloches.» Mais si je suis d'accord avec M. E. pour ce qui
concerne l'origine à'almadraba dans le sens de tuilerie, je dérive au
contraire l'autre almadraba, comme je l'ai déjà dit dans le Glossaire
sur Edrîsi (p. 310), de 's^jj4.l\ (almazraba), et comme dans un ouvrage
de la nature de celui-ci il n'est peut-être pas permis, quand il s'agit de
l'origine arabe d'un mot espagnol , de renvoyer tout simplement à un
autre livre, que le lecteur pourrait ne pas avoir sous la main, je me
crois obligé de reproduire mes arguments en cet endroit, mais en y
ajoutant quelque chose.
*Le mot vsj {z<^^b) signifie proprement une haie y une clôture, mais
chez Ibn-Haucal et chez Edrîsî, là où ils parlent de la pêche du thon,
le pluriel zoroub désigne des filets. Plus haut nous avons vu que les
mots aljarfe, aljarfa, algerive et algerife, qui en dérivent, ont le même
sens, et c'est par la manière dont le thon se pêche, qu'on peut s'ex-
pliquer pourquoi un mot qui signifie àaie dans l'origine, a reçu le sens
de filet, «Dans la pèche dite à la thonaire , la plus pratiquée,» lit-on
dans l'Encyclopédie publiée chez Treuttel et Wiirlz (art. thon), «les ba-
teaux, disposés en demi-cercles, réunissent leurs filets de manière à
former une enceinte autour d'une troupe de thons, lesquels, effrayés par
le bruit, se rapprochent du rivage, ^ers lequel on les ramène de plus
en plus en rétrécissant l'enceinte, jusqu'à ce qu'enfin on tende un der-
nier et grand filet terminé en cul de sac, et dans lequel on tire vers
la terre les poissons capturés, que l'on tue ensuite avec des crocs. Dans
la pêche à la madrague, on construit, à l'aide de filets placés à demeure
[c'est précisément le '».iyak4^\ v^^jJ^ d'Edrîsî], une suite d* enceintes, a\i
milieu desquelles la troupe s'égare, jusqu'à ce que, contrainte à entrer
dans le dernier compartiment de ce labyrinthe, elle y est tuée à coups
de crocs.» On voit que le mot zoroub, haies ou enceintes, s'applique
parfaitement à ces enceintes de filets, Al-mazraba, en esp. almadraba,
a le même sens, car suivant les dictionnaires, ce dernier mot signifie
aussi: une enceinte faite de câbles et de filets pour prendre des thons;
cf. Fischer, Gemàlde von Valencia , I, 126. Diego de Urrea avait donc
raison de dire qu'il dérive du verbe daraba, «que significa encerrar,
porque en aquel espacio del almadrava encierran los atunes.» Ce sens
àe zaraba est le véritable; il signifie, d'après Humbert (p. 181), clore
de haies; Bocthor) sous clore et sous clos) donne la 2' forme, qui si-
151
gnifie aussi meilre en cage (Marcel sous cage y Hélol). Proprement al-
mazraha est un nom de lieu: Tendroit où Ton tend les filets. Au reste,
la double signification de zarh et de mazraha se retrouve dans Tesp.
bardas, «Ce sont,» dit S". Rosa (art. abarga), «des estacades, de me-
nus bâtons d'osier, ou de» haies faites de verges ou baguettes entre-
lacées, qui servent aujourd'hui de bergeries, mais avec lesquelles on
prenait autrefois le poisson.» Un autre mot esp. , savoir corral , signi-
fie aussi: «clôture où Ton met le bétail,» et o enclos pratiqué dans une
rivière pour prendre le poisson.» Selon Fischer {Reise von Amsterdam
ûber Madrid und Cadiz nach Genua , p. 341) les bergers ont la coutu-
me, dans certaines parties de TEspagne, de mettre le bétail pendant la
nuit dans des clôtures faites de filets.
Almadraque, cat. almalrach (lit, matelas), de -.h.»)t [aUmatrah) que
Bocthor traduit par ///.
* Le verbe taraha, qui est la racine de ce mot, signifie ye/er , et chez
Freytag matrah ne signifie rien autre chose que locus , qvo qidd proiici"
tur. Cependant il est assez ancien dans le sens de matelas; un écri-
vain né en Perse vers l'an 961, Tha'âlibî, l'emploie trois fois dans son
Latâif al'ma*ârif (voyez le Glossaire de M. de Jong, p. xxvii). Chez
Cazwînî on le trouve aussi (voyez de Jong, ibid.) , et dans un passage
de Mohammed al-'Imrânî, que M. de Jong m'a signalé, on lit (man.
595 , p. 60) : ôy^\ ^ -.^ ^x<^:j, , « Hâroun ar-rachîd était couché sur
un molrah de soie noire.» Si cette prononciation, avec le o dans la
première syllabe, était la véritable, le mot serait proprement un parti-
cipe passif: jeté; ce qui serait plus approprié qu'un nom de lieu. Peut-
être a-l-on dit d'abord motrah , et plus tard matrah. En Espagne ce
terme était également en usage dans cette acception, car je lis chez
Ibn-Haiyân, qui florissait au XP siècle {apud Ibn Bassâra, man. de
Gotha, fol. 4 r", et man. de M. de Gayangos): «Celui qui a raconté ceci,
ajouta qu'il a vu, parmi les lits de repos (foroch) dans la salle de ce
personnage, des matelots (matârih, plur. de matrah) faits de la peau du
dos du fanec * et brodés tout autour de siglaton de Bagdad. » Aujour-
1) Voyei Part, alfaiique. Le texte porte \,i^JJil\ u-aLo ^ -^LLu ; cette expres-
sion répond à «alifale de lomo* de conejos , » comme on trouve dans une ordonnance
d'Alphonse X {Cortes de Lcon y do Castii/a , I, 70).
152
iVliui encore le mot est en usage; Bocthor le donne, non-seulement sous
lit, mais encore sous matelas y et on le trouve aussi chez Humbert
(p. 203), chez Marcel, chez Hélot, dans le DicL berbère, et chez Mar-
tin {Dialogues, p. 77). Al-matrah a passé dans les langues romanes.
La forme la plus pure est le prov. almalrac (Raynouard, II, 56); o/-
matracum chez Ducange ; cat. almatrach ; puis une forme esp. almadrac
dans un document de 1392 [apud Yanguas, Antigued, de Navarra, I,
30) ; esp. et port, almadraque ^ Sans l'article et avec une terminaison
romane, qui a remplacé la forte aspiration h: ital. materasso, fr. mate-
ras et matelas, chez Ducange materacium et materatium, — Le rapport
entre matelas et la racine taraha, jeter, s'explique de cette manière:
dans Torigine , un matelas n'était pas un objet sur lequel on se couchait
pour dormir, mais c'était une espèce de coussin sur lequel on s'as-
seyait, et quand on voulait changer de place, on le jetait là où on dési-
rait s'asseoir. Comparez mon article atarraya, où le changement de
signification est à peu près le même.
Almagesto de j^.a-»a..^-*JI (al-madjislî) qui n'est qu'une altération du
grec vj [J!,6'yi(TTyi se. (TVVTd^iç.
Almagra (ocre rouge) de «yuJl (aUmagra) qui a le même sens. Voyez
P. de Alcala.
*Almagran, magran. Almagran^ comme le nom d'une espèce d'im-
pôt, se trouve dans des chartes d'Alphonse X (dans le Memor. hist.esp,,
I, 108, 110), et Victor donne magran, qu'il explique par «tribut, dace.»
C'est l'arabe ^.Jt^ ou j»^*jî {magram ou al-magram), que Freytag n'a
pas en ce sens, mais que P. de Alcala donne sous une foule d'articles
et qui est très-fréquent chez les auteurs magribins.
* Almaiz. Voyez alcamiz.
Almaizar , almaizal (espèce de toque ou voile) de ;j-S-*JI {aUmVzar) ;
voyez M. Dozy, Dict. des noms des vêtem., p. 42 et suiv.
* Almaja (droit que l'on payait en Murcie sur les fruits secs). —
L^J! {al-madjbâ) signifie impôt; le terme esp. en serait-il une altéra-
tion.? Dans ce cas, ce serait un mot tronqué: almaja pour almajaba
(cf. rintrod., p. 28, n°. 4).
1) Dans l'ancien portugais almandraque; voyez S**. Rosa. Almandra , que ce lexico-
graphe a trouvé dans un acte de l'anne'e 1053 et qu'il n'a pas compris, est une alté-
ration du même mot.
153
Almajaneque, almoiancgc (Sanchez), cal. almajanech (machine de
guerre), de m^J^j^Ji (al-mandjantc) , «ingenio pelreclio para lirar»
Aie. Ce mot arabe dérive à son loiir du grec f/.Jiyyoivov,
* Almajar. On lit chez rArchipr(^lre de Hila (copl. 889):
Luego en el comienzo fis aquestos cantares,
Levogelos la vieja con otros adamares:
Senora, dis, compradme aquestos almajares;
La dueiïa dixo: plasme desque me los mostrâres.
L'éditeur, Sanchez, n*a pas compris le sens de ce mot, parce qu'il
n'en connaissait pas l'origine. C'est sans doute -^uji (a/-ma/(/;*ar),wmr-
chandise,
* Almajara , armajara (endroit où il y a des couches pour hâter la
végétation) est, je crois, ^y^^\ {al-madjra), rigole. Plus haut j'ai
noté le mol pg. alfobre, en arabe al-hofre , qui signifie proprement ri-
gole, et ensuite un petit espace de terre que l'on cultive avec soin pour
y faire venir des légumes, et qui est baigné par une rigole. Je pré-
sume que la signification de almajara s'est modifiée de la même manière.
Almalafa (ropa que se ponîa sobre todo el demas veslîdo, y comun-
raenle era de lino) de iCâ^Uiî (al-milhafa) qui désigne: «le grand voile
ou manteau dont se couvrent les femmes en Orient, quand elles sor-
tent.» Voyez M. Dozy, Dict. des noms des vêtem., p. 401.
* Almalaque. Comme ce mot a le même sens que celui qui précède,
je crois, avec l'Acad. el Marina, que c'en est une altération.
Almallabe (saline) de iC>^JI {al-mallâha) , «salina do se coge saU
Aie, dérivé de fX/> {milh) qui désigne du sel,
* Comme ce mot, que donne Marina, mais sans en citer un exemple,
n'est pas dans les dictionnaires, j'ajoute ce passage que je trouve dans
le Fuero de Molina {apud Llorente, Noticias de las ires provincias Vascoji^
gadas, IV, 119): «Do à vos en fuero, que siempre todos los vecinos
de Molina — — prendan sendos cafices de sal cada anno, é den en
prescio de aquestos cafices sendos mencales (lisez melicales) , et que
prendades aquestos cafices en traid 6 en almallahe con vuestro escribano
é con el mio; et qui otramientre lo rescibiere, pèche cienl maravedis.»
* ALMA^ACA. Selon l'Acad. (G** édit.) ce mot, qui n'est plus en usage,
signifiait: «bracelet de femme.» J'en doute; du moins je ne connais
pas en arabe un mot pour bracelet qui y ressemble ; mais iCôLûJI (al-
20
154
min(aca)s qu'on prononçait al-maniaca en Espagne, désigne une ceinture
d'or ou d'argent; voyez mon Dict. des noms des vétem., p. 420.
Almanaque. Bien que ce mot ne soit pas du nombre de ceux que je
m'étais proposé de traiter, je me crois obligé de réfuter quelques-unes
des étymologies qu'on en a données. C'est sans doute à cause de la
première syllabe al, qu'on a voulu en cherclier l'origine dans l'arabe.
Les uns l'ont dérivé de la racine ^JU (manaha) qui signiBerait compter;
malheureusement il n'y a que l'hébreu njD qui soit usité dans celte ac-
ception ; dans l'arabe il n'y en a pas la moindre trace. D'autres l'ont mis
en rapport avec le substantif al-minha qui signifie don, cadeau. Ils ont
supposé une chose qui est au moins très-problématique, savoir que les
Arabes aient eu la coutume de se faire cadeau d'almanachs. Mais il y a
une grande différence entre les calendriers arabes et nos élégants almanachs:
les premiers ne sont rien autre chose que des tables astrologiques, et on n'a
qu'à y jeter un coup d'œil pour se persuader qu'ils ne sont pas de nature
à servir de cadeaux. Du reste , et ceci est un argument décisif, les
Arabes nomment constamment leurs calendriers tecwtm ou rouz-nâme ;
même dans des manuscrits arabes qui traitent cette matière, je n'ai pas
réussi à découvrir un mot qui ressemblât tant soit peu à notre almana-
que. Cependant il faudrait justement avoir trouvé un tel mot, pour
avoir le droit d'avancer qu'alrnanaque est d'origine arabe.
Dans un passage de Porphyre, cité chez Eusèbe (de prœpar. evange-
lica, III, 4 éd. Gaisford) , il est question de calendriers égyptiens, qui
y sont désignés par le nom de à>,[/,evixioiiix. Ce mot admet-il une ex-
plication raisonnable en copte? Serait-il l'origine de notre almanaque?
Voilà des questions que je ne suis pas à même de décider ; mais quant
à l'opinion de Saumaise {De annis climactericis , p. 605), qui, en dé-
composant ce àXfjisvixioiKx, y a trouvé trois mots persans, elle ne mé-
rite pas d'être réfutée.
"^ Après la publication du livre de M. E. , les différentes opinions sur
l'origine de ce mot ont été rassemblées et discutées avec beaucoup de
soin par M. Mahn [Elym. Unters., p. 129 — 134); mais il continue à
défier les efforts des étymologistes et même en copte il ne semble pas
avoir de sens.
'^ Almancebe. Selon l'Académie ce mot signifiait autrefois: les filets,
la barque et tous les autres instruments nécessaires pour une certaine
16 j
espèce de poche dans le Guadalquivir aux environs de Sévillc. Il vfcnt
cerlainemeut de la racine (-^woi (iiaçabd) , posait, ftxil. Il est vrai que
dans Freytag on ne trouve rien qui puisse motiver une telle opinion;
Djais le substantif nacba répond chez Alcala à presa para prender (proie)»
à cepo para caer en el (piège) et à lazo para tomar hestias fieras (lacs,
panneau); en outre le verbe nacaha se dit dans le sens de tendre;
Bocthor a *^^-à v-^a^j, tendre des filets, figurément tù^.xi iJ ^.Aoi tendre
un piège à quelqu'un, et Edrîsî emploie le participe passif en parlant
de fllets (aZ'Zoroub al^mançouba). Il s'ensuit que le nom de lieu w^An>LJî
{al'tnanceb) , en esp. almancebe, désigne proprement: l'endroit où les
pêcheurs tendent leurs filets, leurs lacets, en un mot tous les pièges
dont ils se servent pour prendre les poissons. C'est un mot qui res-
semble beaucoup à almadraba (voyez ma note sur cet article) , mais de
même que ce dernier, il a peu à peu reçu un sens plus large. On l'a
employé d'abord pour désigner les filets, ensuite pour indiquer tout
l'attirail d'un pêcheur, pourvu toutefois que l'explication donnée par
FAcad. soit bonne; car le terme a vieilli, et dans les deux passages
des Ordonnances de Séville que cite l'Acad. , il pourrait fort bien avoir
son sens primitif. On y lit: «Otrosi que ningun alraacaero no sca
ossado de empachar mas de un almancebe,» et «que ningun almalrero
de sabogales de aqui adelante non tome almancebe fasta mediado el mes
de Febrero. » Quant à ces mots almacaero et almatrero, qui ne se
trouvent pas ailleurs, je serais fort porté à les considérer comme fautifs
el à les changer en almancebero.
* Almanchar pg. Voyez almixar.
Almandarahe, almandaraque (lieu de retraite pour les navires, rade,
«lugar donde meten navios»). Un lieu de retraite pour les navires
s'appelle en arabe -^jCam^^o {moslarâh); voir Edrîsî (passim) [* et j'ajoute
hardiment, quoique M. E. n'ait pas osé le faire, que le mot esp. en est
une altération. Seulement, comme le ternie n'est pas dans Freytag,
je transcris ces passages tirés d'Edrîsî: comme adjectif: Clira. V, Secl. 2:
iUî jf^ ^f.m^^^^% ibid, , Sec t. 3: ^^^/i-*^ v-ÀxLii ^-m.^^ ^^ ; comme
substantif: ibid., Sect. 2: ^^£> J^U^ ^tyc^x» ^p^; aussi dans Amari,
Bibl. Arab. Sic, p. 23, 1. 12, où il faut ajouter la copulative (-tyc^^»),
que j'ai trouvée dans les man. A. et B.].
V66
* Almanjarra pg. (la poutre d*un moulin ou d'une machine hydrauli-
que, à laquelle on attache la bête, qui la fait tourner) de ^-5\-».Ji (al-
madjarr) y poutre.
*Almanta est, selon TAcad. qui cite l'Agriculture de Herrera, la
même chose que almàciga (voyez cet article) , c'est-à-dire , une couche
ou planche pour les jeunes légumes qu'on transplante plus tard dans
les grands carrés. Je me tiens persuadé que c'est une altération de
iC.-A-*.«JL-JI {al-matibata) , car une telle planche, servant précisément au
même usage, est nommée par Ibn-al-'Auwâm (II, 141) al-manbat (chez
Freytag «locus, ubi proveniunt germinantve plantae;» dans le passage
d'Ibn-al-'Auwâm Banqueri l'a traduit fort bien par almàciga), et la
forme almanbata est employée, quoique dans un sens plus général, par
Motamid, dans un vers que j'ai publié dans mes Loci de Abbad., I,
63, 1. 5 (où j'ai donné d'autres voyelles à ce mot, parce que je ne
connaissais pas cette forme, qui manque dans Freytag; mais la compa-
raison de l'esp. aimanta montre qu'elle est bonne).
*Almarada (stylet). Chez P. de Alcala marâda, au pi. maradîd,
répond à punçon, et c'est sans doute, comme l'observe TAcad., le même
mot, parce que l'espèce de stylet qu'on nomme almarada ressemble à
un poinçon. Mais un tel mot n'existe pas en arabe, et je crois oser
dire que les Mauresques, parmi lesquels vivait Alcala, l'ont altéré. Le
mot pour poinçon y ressemble beaucoup; c'est j^,i^iî {aUmikhraz) dans
la langue classique, et ^^.^-éJI chez Bocthor. En Espagne, où le mi
des noms d'instrument se changeait presque toujours en ma, on pronon-
çait aUmakhrâz , et c'est de là que vient almarada» D'autres mots sont
altérés de la même manière chez Alcala. Ainsi il traduit almarraxa
par marrâxa, au pi. marârix, comme si ce mot venait de la racine
\Jiéj~A (maracha), tandis qu'il vient très-certainement de la racine (ji.
(rachcha), comme l'a dit M. E. Au reste le mot arabe a aussi été
fort altéré dans le port., où il est devenu almofàte (voyez cet article) ,
et il a encore une fois passé dans cette langue sous la forme almofrez,
qui est correcte.
*Almarax («6 alcantara, un pont» Victor). Les mots arabes pour
pont sont bien connus , mais parmi eux il n'y en a aucun qui ressemble
à almarax, -,^4J\ (al'7na*radj) est «locus ubi adscenditur, » et aussi
157
cinslruraentum, cuius ope adscenditur, scala.» Les Arabes d*Espagne
Tauraient-ils employé dans le sens de pont?
* Almarbate (pas dans les dict.) signifie selon la Carpinteria de lo
blanco: madero cuadrado del alfarxe (voyez alfargk) que sirve para
formarle, uniendose con los pares ô alfardas; de là le verbe almarbatar,
réunir deux pièces de bois. C'est évidemment Ja-j^— ^ {mirbet, marbet
selon la prononciation vulgaire) qui signifie lien. Sous cette racine
Freylag ne donne aucun mot comme un terme de charpenterie ; mais
chez P. de Alcala travar edi/icio est Jaj^ à la 1" forme, et travazon de
edificio, 'il^Uj (rabla). A l'article ataurique TAcad. cite ce passage des
Ordenanzas de Sevilla: «El dicho Maestro sepa labrar sus portâdas de
hyeseria .... con chapinétes, é almaribales , e atauriques, y todas las
molduras que convienen. » C'est sans doute le même mol.
Almarcha («pueblos assentados en vegas» Cob.), almarjales (tierras
baxas como prados) , [* armajal , marjal] pg. alraarge , almargèm , [* al-
margeal] (prado). Tous ces mots dérivent de _j^î {al-mardj), mot que
les Arabes ont tiré du persan, et qui signifie prairie, champ.
*Almarjo (pariétaire, plante qui croit sur les murs). En arabe cette
plante a d'autres noms, comme on peut le voir chez Ibn-al-Baitâr, I,
308, chez Bocthor et chez Berggren. Cependant P. de Alcala traduit
almarjo par mârjo, mot dont la forme n'est pas arabe et qui, je pré-
sume, est une altération de muralio, l'ablatif de muralium; c'est le
nom que celte plante porte chez Pline. Les Arabes l'auront reçu des
Espagnols (en valencien c'est morella; voyez Escolano, Hist. de Valencia,
I, 688), et après l'avoir corrompu, ils le leur auront rendu augmenté
de leur article.
* Almaro. Les Espagnols désignent aussi cette sorle d'herbe odorifé-
rante par le mot maroy qu'ils ont reçu directement des anciens (f^^âpov,
marum); mais quant à ahmro, ils l'ont reçu des Arabes, qui écrivent
3-JI (al-marô); voyez Ibn-al-Bailâr, II, 502, et le Mosla'inî à l'article
'^ysAjkjA, OÙ on lit que, d'après Zahrâwi , le nom espagnol est Ki^jou,
c'est-à-dire, tnenlha bona. Chez Dodonaeus {Cruydt-Boeck , p. 141 b)
c'est yerva buena.
* Almarraes, «outils qui servent à étouper le coton» dit Nuûez; mais
celle explication est trop vague pour que j'ose essayer de donner l'éty-
mologic de ce mot.
lo8
Almarraxa, pg. almarracha (vase de verre pour arroser). En arabe
(jii. (rachcha) signiOe arroser ; de là iC^. Jî {al-mirachcha {'*' al-marach'
cha selon la prononciation des Arabes d'Espagne]) se dit dans le sens
de «inslrumentum que adspergitur, » «almarraxa» Aie.
Almarrega, a. pg. almârfaga, almâffega (espèce d*étoffe très-grossière
dont on fait des vêtements de deuil). On trouve encore marga et mar'
rega. En prenant almârfaga comme la forme primitive et (et il me semble
hors de doute qu'il faut le faire, parce qu'alors les changements dans
l'orthographe se laissent expliquer sans peine), il nous faudrait un mot
arabe Kiij^î (al-mirfaca) qui y correspondrait. Malheureusement ce sub-
stantif ne désigne que oreiller. C'est ce qui m'oblige à avouer que
l'étymologie de ce mot m'est encore obscure, bien que je n'aie guère
de doute sur son origine arabe.
*Dans le Memor. hist. esp. (IX, 180), M. de Gayangos a traité de
ce mot. Il semble, dit-il, que màrfaga ou màrfega a désigné en esp,
un grand oreiller sur lequel on se couchait en s'appuyant sur le coude,
et c'est l'arabe mirfaca ou marfaca. Il est possible, ajoute-t-il, que
rétoffe grossière qui servait à couvrir ces oreillers ail été nommée aussi
màrfega par une espèce de synecdoche. — On voit que ce ne sont que
des conjectures , mais elles me semblent bonnes, et je crois être en
état de démontrer qu'elles le sont.
*La première chose à faire, c'est de fournir la preuve que le mot
en question a réellement été en usage dans le sens de coussin. Je la
trouve dans un inventaire de l'année 1356, publié par Villanueva {Viage
lilerario, XVII, 287), où on lit: a Item invenimus in domibus, ubi dictus
deffunctus morabatur, in sala unara tabulam longam plegadiçam cum
suis pedibus. Item unum scannum lecti. Item unam marffîcam. Item
unum lodicem. Item unum manil sive carapitam. Item unum pulvi-
nar. - - Item invenimus in quadam caméra dicti hospicii , ubi dictus
deffunctus consuevit jacere, unum scutum ad signum crucis. Item sex
manades lavandi vasa vinaria. Item unum banchum. Item unam plum-
baciara. Item unam marficam. Item unum coxinetum libidum. Item
unum travesserium lividum,» etc. — La circonstance que le sens de
ce mot a été détourné et qu'on l'a l'appliqué à l'étoffe qui servait à
couvrir cette espèce de coussin, n'a rien d'étonnant; comparez p. e.
almohada, qui dans l'origine signiOc oreiller, mais qui s'emploie aussi,
159
en arabe (cf. Alcala sous funda de almohada) et en espagnol, pour
désigner une taie d'oreiller, le linge qui sert d'enveloppe à un oreiller.
De là à nommer ainsi réloffe qui sert à couvrir un coussin , il n'y a
qu'un pas, et on l'a fait en donnant le nom de marfega etc. à la bure
qui servait, non-seulement à couvrir les coussins, c'est-à-dire les sacs
rembourrés, mais aussi à en faire des sacs non rembourrés («marfaca
de quo fiunt sacci,» lit-on dans un passage cité chez Ducange, et
l'Acad. dit que marga est une étoffe « que sirve para hacer sacas de
lana») — , des couvertures de bêtes de somme (voyez l'Acad. à l'art.
almarrega, Moraes sous almafega), des couvertures de lit pour les bergers
(Acad. sous marraga, Nuilez sous marfaga) , et enûn des vêtements de
deuil. Par un hasard étrange, mais facile à expliquer, le mot a pres-
que recouvré sa signification primitive sous la forme màrragon, car
dans la Rioja ce terme désigne un très-grand coussin, une paillasse de
lit, «y parece se llamo assi por hacerse regularmenle de mârraga»
(Acad.),
Almartaga (litharge, oxyde de plomb) de i^jyJî (al-mortac , en Es-
pagne al-martac) que P. de Alcala traduit par espuma de plomo.
Almartaga [*almartega, almarliga] (sorte de bride à chevaux faite
de broderie et de dorure). Suivant Diego de Urrea ce mot dérive du
verbe oreteca que signiCca tener fuerte y tirar para si.» Ce verbe
m'est inconnu. Faut-il supposer que Urrea a eu en vue le verbe t^5^,
(rata^^)» ^"^ > ^ ^^ ^^^ forme, signifie «effecit ut brevibus passibus
incederet ? >
* M. E. a emprunté à Victor l'explication qu'il donne de ce mot csp.
Elle est bonne jusqu'à un certain point — «una almartaga, labrada de
filo de oro y de seda,» lit-on dans un inventaire publié par Saez {Valor
de las monedas, p. 531) — mais proprement almartaga ne signifie rien
autre chose que licou («que sirve para atar los caballos y mulas, y
lenerlos en los pesebres, 6 llevarlos de una parte â otra» Acad.). Il
vient de la racine «J, (rala'a), qui, dans la langue classique, exprime
l'idée de paître librement et sans entraves , mais qui, dans celle du
peuple, a reçu une signification opposée. Chez P. de Alcala le substan-
tif rata* est «un pieu auquel on attache une bête» {estaca para atar
hcstia), et en Algérie c'est aujourd'hui entraves. M. Cherbonneau (dans
le Journ, asiat, de 1849, I, 542) le donne dans celle acception, et on
160
lit chez Martin, Dialogues, p. 130: «Ayez soin de ne pas oublier la
couverture, la musette et les entraves (^-J>JO des chevaux.» L*idée
d'entraves se lie étroitement à celle de licou, car de même que les en-
traves servent à lier les jambes d'un cheval pour l'empêcher de s'éloigner
trop du lieu où on veut qu'il paisse, le licou sert à l'attacher au râte-
lier et à l'empêcher qu'il s'en éloigne. Suivant les règles de la langue
arabe, le licou doit avoir porté le nom de al-mirta'a («l'instrument pour
retenir un cheval»), aUmarta'a selon la prononciation des Arabes
d'Espagne, ce qui est devenu almartaga par le changement ordinaire
du 'ain en g (cf. l'Introd., p. 13).
* Almatrero. Voyez almancebe.
* Almatriche (canal d'arrosement) doit venir de la racine (J,,h (tara*
cha) qui, à la 2* forme, signifle arroser (p. e. Mille et une Nuits, I,
53 éd. Macnaghten); mais je n'ai pas encore rencontré ce substantif
en arabe.
Almatrixa pg. (sorte de couverture de cheval). L'étymologie de ce
mot ne m'est pas claire. Je ne puis que traiter d'absurde la dérivation
proposée par Sousa, qui le met en rapport avec l'arabe u^j-^ taracha
dans le sens d'arroser,
* C'est une contraction de almadraquexa , qui se trouve chez S^ Rosa
dans le sens de traversin ou oreiller, et qui, ainsi que l'observe le
savant éminent que je viens de nommer, est le diminutif de almadraque
(matelas), les traversins étant autrefois si grands, qu'ils ressemblaient
à de petits matelas. Cependant il ne faut pas s'imaginer que le dimi-
nutif de almadraque, pris dans le sens de housse, a quelque chose à
faire avec almadraque dans l'acception de matelas. Dans ma note sur
ce dernier mot, j'ai déjà expliqué son origine: il vient de -^.i? (tarahà),
jeter , et des mots dérivés de cette racine peuvent s'appliquer à des
objets fort différents, p. e. à un filet qu'on jette dans l'eau (voyez l'art.
atarraya), et aussi à une couverture qu'on jette sur le dos du cheval
(cf. Mille et une nuits, II, 11, 1. 1 éd. Habichl). Au reste, la déri-
vation que j'ai proposée est certaine, car le mol X.>t^ (tarrâhà), qui
vient de la même racine, signifie housse, couverture de cheval (Bocthor
sous housse, Burckhardt, Notes on ihe Bédouins, p. 123). Il signifie
aussi matelas (Humbert, p. 205, Berggren sous matelas, Bocthor sous
matelasser, Lane, Modem Egyptians, I, 227), car c'est absolument le
161
synonyme de matrah; mais ces deux significalions doivent s'expliquer
par celle du verbe.
* Almavar (pas dans les dict.). M. Siraonet m'apprend qu'à Grenade
ce mot désigne une grande aiguille dont on se sert pour coudre les
chaussures dites alpargates. C'est évidemment y^\ {al-rnihar, al-mabar
selon la prononciation des Arabes d'Espagne), employé dans le sens de
'^j^\ (ibra), aiguille, Berggren donne sous aiguille; «gros carrelet de
cordonnier, «j-^a-x, mèybara,y> et Boclhor a: ^carrelet, grande aiguille
carrée, .aa^. ■
Almazara (moulin à huile) de «y^ûxjt (al-ma^çarà) que P. de Alcala
traduit par molino de azeyte.
* Voyez sur ce mot arabe, qui manque dans Freytag, le Glossaire
sur Edrîsî, p. 545, 346.
Almea (espèce d'herbe) de k.«,jl ^.Ji {al-mei'a), «styrax offîcinalis , »
Ibn-al-Baitâr, II, 539.
* Il est à peine besoin de dire que M. E. a confondu ici deux choses
tont-à-fait différentes, le styrax ou storax n'étant nullement une «espèce
d'herbe.» — Selon l'Acad. les Esp. entendent sous almea: l'écorce de
l'arbre appelé storax après qu'on lui a enlevé toute la résine; c'est ce
que les Arabes appellent mei*a yâbisa (sèche) , tandis qu'ils donnent à
la résine le nom de mei'a sâila (liquide); mais selon Tamarid {apud
Cobarruvias) c'est «cierto genero de goma» (de même dans l'Acad. sous
azumbar), et par conséquent la résine du storax. Quoi qu'il en soit,
il est certain qu'on a aussi donné le nom d'almea à d'autres plantes
aromatiques, car chez Victor c'est spicanard ou nard indien, et en outre
c'est le fluteau ou plantain-d'eau , plante de la famille des alismacées
et dont la racine est odoriférante. C'est en ce sens que le mot se
trouve chez P. de Alcala, qui traduit almea yerva par mêaà. C'est
évidemment x*a». Comparez l'art, azumbar.
AuiEAR, almiar (meule de foin) dc^Lx^Ji (al-miyâr) , le pluriel de
\ijf^\ (al^m'ira) qui désigne fourrage. (?).
* Outre qu'un tel plur. n'existe pas, le sens (mira est vivres, et non
fourrage) ne conviendrait point , ce que M. E. semble avoir senti lui-
même. — Selon Berggren «meule, monceau, pile de blé fauché ou de
paille» — «une meule de foin n'est guère connue dans le Levant» —
est en arabe ^^X-x-aJî {aUheidar) (chez Freytag le verbe beidara est
21
162
<
expliqué par: «in varios acervos collegit» frumentum). Maintenant il
faut faire attention à deux choses: P. au changement du b en m, qui
est fréquent (voyez Tlntrod. , p. 20) ; 2». à Télision du d quand il se
trouve entre deux voyelles. En Hollande cette élision est presque con-
stante dans certains cas, non-seulement chez le peuple, mais aussi
chez les gens hien élevés. Elle l'est également chez les Andalous, qui
disent toa pour loda, alborotao pour alborotado, sacao pour sacado, cudiao
pour cuidado, maldecio pour maldecido (= maldito), juio pourjWio, à
punaos pour à piinados. Ces exemples sont empruntés aux chansons
andalouses publiées par Willkomm , Zwei Jahre in Spanien, III, 401 et
suiv. , où Ton en trouvera encore d'autres. On voit donc que l'esp.
almear, «meule de foin ou de paille,» est formé régulièrement de al-
beidar qui a le même sens (albeidar • — almedar — almear).
Almece pg.f aussi almice, almiça («o soro do leite, que escorre do
queijo quando o apertao» Sousa), de ^^\ (al-meçl) , «sérum lactis.»
"" Cette étymologie n'est pas la véritable. Dans le Glossaire sur le
Mançourî par Ibn-al-Hachchâ (man. 351 (o) , fol. 163 v») je trouve cet
article: Ua> b^X'àsi lXJLc KajLJî ^/o ^^A1\ ^^A ^f^, sLc yj^ ^^•^•^^î ^^
L^ J*.XJ *l*j| A.^^'^ii \llx3.4^\*^ J*A^4-5i Vj*^' &A4.M*.J^ U^-*^^ t->.i^]lj ^4.A»*J^
JSè f^\ J^xax). On voit donc que les Arabes du désert donnaient bien
le nom de al-meçl au petit-lait, mais que ceux de l'Ouest ont fait de
ce mot: al-meiç. Ce terme, qui a donné naissance au mot port., ne
se trouve pas dans Freytag, mais bien chez P. de Alcala {suero de la
lèche, méiz) et chez Bocthor (sous petit-lait).
Almedina (grande ville) de x.JLj^^Jt (al-medtna) qui se disait dalis le
sens de capitalef comme l'a démontré M. de Gayangos dans la traduction
de Maccarî, I, 529. Cf. M. Dozy, Recherches, l, 312 de la seconde
édition,
'^ Almeitiga , meitega a. pg, , était un déjeuner ou repas léger qu'on
donnait au receveur des impôts royaux (voyez S\ Rosa). Je présume
que c'est une corruption de buUUJi (al-mêida) , « mensa cibis obtecta»
et « cibus. »
"^ Almeja (moule, mollusque bivalve). Comme ce mollusque, dégagé
de sa coquille, ressemble assez à une pituite, je pense que almeja vient
de la racine ^^a (medjdja) qui signifie cracher. Un autre mollusque
163
leslacé, le limaçon, s'appelle iCitij (bezâca) (voyez Bcrggren sous limaçon
et sous coquillage), mot qui signifie aussi proprement pituite, flegme,
cl cette circonstance me confirme dans ma supposition ; mais j'ignore
comment il faut écrire le substantif en arabe.
Almb.na («cierla medida de aridos» Marina) de UJÎ (al-mcnâ) qui a
la même signification.
* Almenar (pied de fer sur lequel on mettait des torches de résine ou
de bois résineux pour s'éclairer, dans les campagnes) de ^Luil (al-metiâr),
proprement a locus lucis. » Actuellement le synonyme manwar a ce sens
en Egypte, car c'est selon M. Lane {Modem Egypiians , II, 210): «a
long slave , with a number of lamps altached to it at the upper part. »
Almenara (« el fuego que se haze en las terres de la costa para dar
aviso» Cob.) de »• UJI (al-menâra) qui désigne un phare.
* C'est proprement locus lucis, comme al-menâr dont je viens de
parler. Aussi almenara a-t-il eu en esp. le môme sens que almenar ,
el en outre c'était une espèce de grand chandelier à plusieurs mèches
et destiné à éclairer les appartements. En arabe al-menâra s'employait
dans le même sens; voyez Ibn-Batouta, II, 231, et P. de Alcala sous
almenara de açofar, — Mais en Aragon almenara a encore un tout autre
sens; c'est: un canal par où coule dans la rivière Tcxcédant de l'eau
des canaux d'arrosement ou des moulins. Dans cette acception c'est
l'arabe j^^UjI (al-menhar) , chez Freylag: «fissura seu canalis castelluni
penetrans, per quem fluit aqua.» Dans Maccarî (I, 371, 1. 9) le plur.
jJ>Ij^ (menâhir) se trouve dans le sens de canaux, aqueducs, et si à
cause de l'accent du mol arag. {almenara) , on veut dériver ce dernier
du plur. arabe, je ne m'y opposerai pas.
Almexia, almaxia, almegi, almegia (sorte de tunique ou de vêtement
de dessus), de iUA^^J! {al-mahchiya ou aUmehchiya) comme on disait
en Espagne au lieu de ôLvixj^vJÎ {al-mahchât). Voyez M. Dozy, Glossaire
sur Ibn-Adhàri, p. 32, 53, Dict. des noms des vêt,, p. 142, 143.
*Ce mot est mal expliqué dans les dictionnaires port. Alphonse IV
de Portugal ayant ordonné aux Maures de porter une almexia au-dessus
de leurs habits quand ils n'avaient pas leur propre costume, on a pensé
que c'était une espèce de signe dislinctif; mais c'est une erreur.
Almez (alizier) de ^j^\ (al-meis) auquel le Dict. de Freylag n'allribue
164
d'aulre sens que celui de nometi arboris magnœ. C'est Boctiior qui le
traduit par alizier,
'*' Selon M. MuUer (Die letzten Zeilen von Granada, p. 109) , ce terme
arabe ne désignerait Talizier qu'en Syrie ou en Egypte, tandis que
aimez est le nom «d'un arbre tout-à-fait différent,» à savoir du Celtis
australis (micocoulier) , comme dit l'Acad. esp. et comme Sontheiraer a
rendu le terme arabe dans sa traduction d'Ibn-al-Baitâr (II , 539).
L'étymologie de aimez est en tout cas certaine, et si M. E. s'est trompé,
d'autres se sont trompés avec lui. Franceson, dans son Dict. esp.,
comme l'a déjà observé M. Miiller, traduit aussi aimez par alizier;
chez Victor M. E. a trouvé: ^i aimez, macoucoulier, qui est une sorte
d'alizier,» et on lit chez Dodonaeus (Cruydl-Boeck , p. 1420 h): «Lobel
dit qu'en France le lotier est appelé par quelques-uns alizier, en Lan-
guedoc micocoulier, en Espagne aimez.»
Almibar (du sucre fondu et cuit avec de l'eau ; aussi , mais surtout
au plur., des fruits confits dans cette liqueur) de o^^Jt {aUmibrat) qui
désigne du sucre.
Almicantarat, almucantarat (petits cercles de la sphère parallèles à
l'horizon), de oLbvUiJI (al-mocantarât), «circuli paralleli ad horizontem.»
Almidana. Suivant M. de Gayangos (trad. de Maccarî, II, 485) ce
mot se trouve en vieux espagnol dans le sens d'hippodrome. Evidemment
c'est l'arabe q\uXaJJ (al-meidân) , qui désigne la même chose.
* Almihuar. Ce terme étant employé fort souvent dans les Libros de
Astronomia d'Alphonse X, on peut en conclure qu'au XIIP siècle il avait
droit de cité. Il est expliqué de cette manière (II, 248): «Almihuar
nombran el clavo que entra por el forado del medio dell albidada et
por el de la madré de las tablas et de la red. » C'est exactement
^j-^Jî (al-mihwar); voyez M. Dorn , Brei aslron. Instrumente mil arab,
Inschriflen, p. 27, 77, 79, 87.
Almirante, it, almiraglio, ammiraglio, pr. amiralh, fr, amiral. Dans
les premières syllabes de ce mot il est facile de reconnaître l'arabe amîr
(commandant). Le fait que ce substantif est suivi de l'article al dé-
montre qu'il doit avoir eu un complément, qu'on a retranché dans les
langues européennes. Pour retrouver ce complément, il faut examiner
comment les Arabes nommaient l'officier à qui était confié le comman-
dement des forces navales. Suivant Ibn-Khaldoun (Prolog., man. 1550,
165
fol. 95) le commandanl d*une escadre se nonnnait câïd al-osloul , tandis
que, quand il s'agissait d'une grande expédition navale, on conférait
le commandement suprême de toutes les escadres à un amîr. Or dans
un passage d'Abou-'l-mahâsin (II, 116 de l'édition de M. Juynboll) un
tel amîr porte le litre de amir-al-bahr (commandant de la mer). Evi-
demment c'est là l'origine du mot en question. Le français amiral se
rapproche le plus de l'original ; en italien et en espagnol le mot a été
altéré. Le / de la première syllabe de almirante est purement eupho-
nique. Voyez p. 23, n*. 1 de l'Introduction.
* Cette explication ne me paraît pas admissible. A mon avis le al
dans amiral n'est pas l'article arabe, mais la terminaison latine alis ou
alius, et voici pourquoi: 1°. Au moyen âge le mot en question n'avait
pas ordinairement la signification de commandant sur mer, mais celui
de commandant sur terre; on peut en trouver une foule de preuves
chez Ducange sous amir , dans le Lexique roman de Raynouard, et en
général dans les dictionnaires des langues du moyen âge; d'où il s'en-
suit qu'on pensait seulement à un émir, et non pas à un émir sur mer;
al n'est donc pas al-bahr, qu'on aurait tronqué. 2°. Quand on parlait
réellement d'un commandant sur mer, on ajoutait après amiral, ou
quelle que fut la forme du terme dans les différentes langues, les mots
de la mer; ainsi on trouve dans des chartes esp. de 1254 et des années
suivantes: aalmiraje {ou almirage) de la mar» (dans le Mem, hist, esp.,
I, 36, 97, 100, 107, 113, 154); dans la Cronica de D. Alo7iso XI
(p. 112) et chez Barrantes Maldonado (dans le Mem. hist. esp., IX, 36,
et dans la signature d'une charte, p. 205) o almirante de la mar;»
chez le Flamand Velthem «ammirael van der zee. » Par conséquent
ridée de commandant sur mer n'était pas dans le terme môme. 3®. Les
différentes formes du mot prouvent aussi que ce qui suit après amir
n'est qu'une terminaison, car outre alis ou alius, c'est aussi agius ,
almiragius chez Ducange, dans l'ancien esp. almirage ou almiraje; ans,
ablatif an/c, esp. almirante, a. fr. amirant; arius, amirarius chez Ducange;
atus, amiratus chez le môme; andus , amirandus, etc.
Almirbz, almofariz (aussi pg.), a. pg. almafariz (mortier), de (j^î^fJt
{al-mihrâz, suivant la prononciation espagnole al-mihréz ou al-mihrtz),
«murlarium.»
166
Almiron (chicorée sauvage) de Q»,^Jt {al-mirôn) qui, chez P. de Alcala,
répond à almiron. Voyez ce même auteur au mot cicorea yerva.
*Le mot mirôn, que P. de Alcala donne comme le terme arabe, est
corrompu: c'est q*>j^ (amlrôn) qu'il faut. Dans le Mosta'înt on lit
sous l'article LvAâ^ (chicorée): q^^-a^î ^J JU-j &^-vo j^IaJI^, «l'espèce
sauvage s'appelle amîrôn,^ Chez Ibn-al-Baitâr sous le même article,
là où il parle de l'espèce sauvage: q^^^.^'^Î LiJ^c ^Ji^^.^^* «on l'appelle
chez nous al-amîrôn » (le passage est altéré dans la trad. de Sontheimer,
II, 575). Dans le Glossaire sur le Mançoiirî par Ibn-al-Hachchâ (man.
331 (5), fol. 161 r*») on trouve que le ^^^k^à>.h est LlX^I ^a ^a>o
^2^5^-A-/>^î ^jX4^li j^-é..M*.-jj ^j^ « une espèce de chicorée sauvage qui au
Magrib s'appelle al-amirôn, » C'est le mot grec cki^vpov.
Almixar (lieu où l'on fait sécher les figues). En arabe le verbe ^
(charra) signifie «exposer quelque chose au soleil afin de le sécher.»
Suivant l'analogie .xi.Jt (al-micharr) désigne tm lieu où l'on sèche, et
c'est là précisément la signification du mot espagnol.
* Le port, a dans le même sens almanchar ou manchar (voyez Moura),
qui est ^.iajî {al-ma^ichar) , de nachara, verbe qui signifie étendre, mais
comme on étend les choses qu'on veut sécher (Ibn-al-'Auvy^âm, I, 669,
emploie le participe manchour en décrivant la manière dont il faut sécher
les figues), al-manchar a reçu le sens de «séchoir, lieu où Ton fait
sécher des toiles, etc.» (Bocthor). Je serais porté à considérer l'esp.
almixar comme une altération du même mot, parce que je doute que
le verbe charra, dans le sens de sécher, ait été en usage parmi le
peuple, et aussi parce que l'existence d'un nom de lieu, dérivé de ce
verbe, est fort problématique. En tout cas le mot esp. est altéré; il
devrait être almaxar, car almixar serait «l'instrument avec lequel on
sèche. »
* Almizate (pas dans les dict.) signifie selon la Carpinteria de lo blanco:
la partie centrale d'une charpente. C'est Ja.Av^.4.Jî {aUmausat), centre,
mot qui, prononcé comme al-mousal, donne régulièrement almizat ou
almizate par le changement de ou en i.
Almizque, almizcle, pg, almiscar (musc) de t45^Av.Jî [al-misc),
"* Almocabala , almucabalu , a, pg. Voyez algediia.
167
'^ Almocabel b. lai. Dans un privilège accordé à un cloître et publié
par Yepes {Cronica de la Orden de S. Benito, VII, fol. 21 r°), on lit:
«Et vestras lendas nullus aluacil, neque almuserifus , neque almocabel
violenter intret, neque violenliani aliquam habitanlibus in eis in aliquo
inférât, et de ulla re veslra portalicum neque alcaualam unquam per-
solvatis, nec vos nec vestri homines. » Ce mot n'est nullement = al'
inotacel (c'est-à-dire, al-raohlasib) , comme Ta pensé S^ Rosa, qui, de
même que Ducange, a eu tort de l'écrire avec un c cédille; mais c'est
une légère altération de JwJîaJI (al-moiacabbil) , qui désigne: le receveur
de l'impôt dit alcabala,
Almocaden , pg. almocadem (commandant , capitaine) , de j.cXJUJI (a/-
mocaddem) que P. de Alcala traduit par capitan. C'est le participe passif
de la seconde forme du verbe cadama, «prsefecit.»
Almocafe, almocafre (garabato de hierro, Marina). Suivant le diction-
naire de l'académie, ce mot dérive de l'arabe al-mikhtâf, et ce dicl.
ajoute qu'il faut attribuer son altération à la difficulté qu'avaient les
Espagnols à prononcer le son kht. Ceci semble être exact. P. de Alcala
traduit le mot arabe en question (olI^^^Jî) par anzuelo garavato, gara-
vato, cayado de pastor.
* Je ne saurais partager cette opinion , car almocafre signiGe hoyau ,
plantoir, sarcloir y et ^lia^î^uJI n'a jamais été un terme de jardinage.
Dans le mot esp. je reconnaîtrais plutôt yL^I (al-mahâfir) , plur. de
al-mihfar, chez Freytag «ligo, et omne instruraenlum, quo effoditur ; »
comparez Lane. C'est réellement un terme de jardinage et en outre il
se rapproche beauconp plus du mot esp. Dans la bouche du peuple le
h est devenu un Ich , et ce kh a été rendu par le c. On pourrait aussi
penser à mj^J^ (al-midjrafa) , prononcé comme al-modjrafe , houe d'un
jardinier (voyez Mille et une nuits, III, 259 éd. Habicht, où l'édition
de Macnaghten, I, 889, a u*.li).
Almocarabes (labor en los techos enlazados que se usaban de madera
Acad.) de <jajyij| [al-mocarbec) le participe du verbe u^i-j^i (carbaça).
Ce mot se trouve plusieurs fois dans les Voyages d'Ibn-Djobair ; M.
Wright (p. 28 du Glossaire) l'explique par «ornamenlal carving in wood
or any olher roaterial.»
" On le rencontre aussi dans les Mille et une nuits, III, 208. 1. 8 éd.
168
Habicht, où il faiil lire JûajyU «^m»^ au lieu de iûaijl*. M. Fleischer
{De glossis Habicht. y p. 69) n'a pas été heureux en traitant de ce pas-
sage, qui est rédigé d'une autre manière dans Tédition de Macnaghten
(I, 850, 1. 4) et dans celle de Boulac (I, 361, 1. 11). Dans un autre
endroit du même livre, l'édition de Macnaghten (ï, 210) et celle de
Boulac (I, 78) portent u^^.»/» nJui^.) (dans l'édition de Habicht, celte
phrase manque). — Dans la Carpinteria de lo hlanco le mot esp. est
mocdrabes, sans l'article arabe.
Almocati (moelle, cerveau) de »J^l\ {al-mokhkha , plur. al'mokhkhât),
moelle.
* Almocatracia (certain droit sur les étoffes de laine) de ?
Almocavar pg. [* aussi almocovar, voyez S^ Rosa] (cimetière) de
.xiUiî (al-macbar) ^ de la racine cabara, enterrer.
* Non pas de al-macbar , qui est une forme poétique, mais, l'accen-
tuation étant almocâvar, de ^UJî (al-macâbir) , plur. de macbara. Ce
dernier mot s'emploie dans le sens de tombeau, sépulcre; ainsi le saint
sépulcre à Jérusalem est nommé par Edrîsî (Clim. III, Sect. 5) a^Jt
iCwa.flJt. Le plur. al'macâbir est tombeaux, comme dans Kosegarlen,
Chresf. Arab, , p. 50 , 1. 6 a f. , ou bien c'est un collectif dans le sens
de cimetière. On lit p. e. dans le Voyage de Tidjânî (dans le Journ.
asiat. de 1855, I, 152): «En dehors de Tripoli, dans la partie du nord
et au-dessus du cimetière, ^UJl ^^JL^ o^xi^, se trouve» etc.; de même
dans les Mille et une nuits, II, 34 éd. Macnaghten (=111, 314 éd.
Habicht). — M. Simonet m'apprend qu'à Almérie les cimetières s'appel-
lent encore aujourd'hui macabes.
* Almocaza (pas dans les dict.). Par un passage que j'ai donné à l'art.
ALHALME, on voil quc ce mot désignait une espèce d'étoffe. C'est, je
crois, v.^AûilJÎ (al-mocaççab) , qui désigne une étoffe brodée, dans laquelle
sont incrustées de petites lames d*or ou d* argent; voyez Quatremère,
Hist. des suif. mamL , II, 2, 75, 76, et comparez mon Dict. des noms
des vétem, p. 331 , 332.
"^Almoceda. L'explication de ce vieux mot donnée par Nuilez, est:
«droit d'arrosage pendant un certain nombre de jours;» et dans un
procès que Tudèle et Tarazona ont eu sur le droit d'arrosage et qui a
été jugé en 1320, on lit {apud Yanguas, Adiciones al Dicc, de antig.
169
de Navan-a, p. 557): «D. Garcia de Miraglo, vecino de ïudela, rnani-
festô, que dia 22 de cada mes al amanecer abalîan el agua de todas
las cequias al rio Quelles, y duraba dicho abalimienlo los dias 23 y 24,
y que el 25 ocupaban lodas las aguas los de Tarazona, y las lenian
lodo aquel dia en sus cequias: que la agua de eslos 1res dias se llama
almôceda , y es de los honibrcs de la ribera del Quelles. » Je présume
que c'est ,^Jo*sJi {aUmosdâ) , participe passif de la 4« forme du verbe
sadâ. En parlant de chameaux, cette 4e forme signifie: a libère ut
abirent, quo vellent, dimisit;» en parlant de l'eau, c'est par consé-
quent: «laisser couler librement,» ce qui cadre fort bien avec le texte
en question, car pendant le 22% le 23« et le 24^ jour de chaque mois,
on ne faisait pas entrer l'eau du Quelles dans les canaux , mais on la
laissait couler librement, afin qu'elle servît à l'usage des riverains.
Almocella, alraucella, almozela, almozala, [* almocelia , Villanueva,
VI, 252, almuzalla et almozala, Esp, sagr., XVIII, 332, XXXIV, 455,
XXXVI, p. XLiii, p. LX, almoceria et almuceria, Villanueva, VII, 252,
253] (sorte de tapis ou de couverture, «cobertor, ou mania de seda,
laa , ou linho » S*. Rosa) , de ^Lao-^Jî {al-moçallâ) [* au plur. oLJLkoJ!
{al-moçaUayât)]y qui signifie un petit tapis sur lequel on s* agenouillait
pendant la prière, et qui vient du verbe çallâj prier. Aux passages
arabes déjà cités par M. Dozy {Recherches , [, 398 de la première édi-
tion) ajoutez Hist, calif. al-Walidi et Solaimani éd. Anspach, p. 10;
[* Hist. khalif, Omari II etc. éd. de Goeje , p. 15, 1. 12 et n. 6; Ibn-
Batouta, III, 156, 220; Cartâs, p. 98 de la traduction, n. 10; Mille
et une nuits, II, 308, 1. 4 éd. Macnaghten]. — Du reste il va sans dire
que le mol en question n'a rien de commun avec le français aumusse,
prov. almussa, esp. almucio, etc. Voir Diez , p. 13.
Almocreve, a. pg. almoqueire, [*/>'• moucre] (muletier, celui qui a
des mules à louer) , de ^^LjC-*Ji {al-mocârt ou al-moqucrt) , qui est le
participe de la troisième forme du verbe cara, louer,
Almodon (sorte de farine de froment) de Q^^tXji (al-madhôn), mot qui
manque dans les lexiques avec cette acception spéciale. C'est dans un
traité de médecine (man. 331 (7), fol. 191 v°) * que madhôn est nommé
parmi les quatre sortes de farine de froment. Les trois autres sont le
1) *Le lirrc qoe ci(e ici H. E. est le Traité sur la dytsentêrU catharrhalê i^t Cheoourt.
22
170
Jcx4^ (semîd, esp. accmilé), le ,^pî>> {hoiiwârâ) ['^ esp. a//mvara] et le
^l<^i> {k hoc h car).
* Selon Ibn-Baloula (III , 582) on donnait dans l'Inde le nom de
khochcâr à l'espèce de farine qui s'appelait madhôn en Afrique , et
d'après le jurisconsulte Cabbâb, de Fez (man. 138 (2), fol. 79 v°), le
^^y$>J<A vjixïj) ou la « farine madhôn » (plus loin il l'appelle al-madhôn
tout court) est moins bonne et moins chère que le v^A^il «:î5^^uXil vji-^î\>,
c'est-à-dire, que «la bonne farine dWar^ama , » comme disaient les
Espagnols. La définition exacte se trouve dans un passage que l'Acad.
a tiré de la Medicina Sevillana par Juan de Aviilon. On y lit ceci :
«Segun la manéra de la farina, que liai aqui de ella de très manéras,
farina seca, é almodôn, é adargama. . . . El almodôn remojanlo en agua,
é muelenlo despues gruessamente', é despues tiran aquel afrecho gruesso,
y lo que finca es mui bueno, é face mui buen pan, é sabroso. » Cette
explication est d'une grande valeur, surtout parce qu'elle éclaircit le
véritable sens de madhôn , qui est le participe passif du verbe dahana.
Les traducteurs d'Ibn-Batouta, qui ne se sont pas aperçus que c'est le
nom d'une espèce de farine, l'ont rendu par «grossièrement moulu
(litt. concassé);» mais dahana ne signifie pas concasser (voyez Freytag
et surtout Lane); c'est mouiller légèrement, et madhôn est aussi «leviter
madefactus;» c'est justement le «remojado en agua» d'Aviuon.
Almofar, almofre, pg. almafre (partie de l'armure ancienne qui cou-
vrait la tête, et sur laquelle on posait le cabasset), de ^âiuiî {al-migfar),
« galea ex annulis ferreis confecta , qua sub pileo utuntur. »
* Almofate pg. (alêne pour percer le cuir). Le mot ordinaire pour
alêne est mihhraz ou mikhrâz, qu'on prononce aussi makhraz et mokhraz
(voyez Boctlior , Berggren et Marcel). Ce mot , comme on l'a vu plus
haut, a donné naissance à Tesp. almarada , et en port, aussi il a subi
une altération assez grave. Il faut considérer al-mokhrâz (jLi^Jt)
comme la forme d'où vient almofàle. Le kh se change régulièrement
en f, ce qui donne almofrâz ; puis, le r ayant été élidé, almofâz ou
almofâze, et enfin almofate. Ces nombreux changements paraîtront
peut-être arbitraires ; mais ce qui prouve qu'ils ne le sont pas , c'est
que al-mokhrâz a encore une fois passé dans le port, sous la forme
très-correcte almofrez , et que, selon Moraes , le almofrez est le même
instrument que le almofàle.
171
Almofia (sorte de plat ou d*ccuelle). Suivant Sousa c'est un mol
africain. L'arabe 's^A^hj^*J\ {al-moufiya) , auquel il le compare , m'est
inconnu.
* Le mot africain est, selon M. de Gayangos (dans le Mem, hisl. csp.,
111, 95), iCAÀiuJÎ (al-ma' fiya) y et il ajoute qu'à Tetuan et ailleurs, on
donne actuellement ce nom au plat de cuivre dans lequel on sert la
bouillie; mais Dombay (p. 94) écrit iLA-à-^^^t (al-jm/ch/iyà) , «paropsis
magna. »
Almofrex, a. pg. almofreixe, pg. mod, almofrexe («la funda en que
se lleva la cama de camino » Cob.) , de uiLâJJ {al-mafrdch) qui désigne
la même chose, [* mais qui manque chez Freytag. P. de Alcala traduit
almofrex par mafrâx, au pi. mafârix, et Dombay donne (p. 94): «saccus,
quo reponitur lectus, ^\jà.A {mefrâch) »],
* Almofrez pg, (alêne pour percer le cuir). Voilà enfin la bonne
forme du mot que nous avons déjà rencontré sous deux travestissements,
si cette expression est permise; voyez almarada et almofate. C'est exac-
tement jt-j^JI {al-mokhréz) , comme on prononce dans l'Ouest au lieu
de al-mikhraz qui est la forme classique. Ce mot signifie alêne,
*Almogama. Bien que ce terme nautique soit aussi esp., je crois qu'au
lieu de donner l'explication de l'Acad. esp. , il vaut mieux copier celle
de Bluteau (dans Moraes). C'est, dit-il: «a ultima caverna, onde os
pâos sao mais juntos por causa do boleado da proa. » Il est donc clair
que almogàma est «^L^uit (al-madjâmi*), pi. de madjma\ proprement
lieu de réunion, et que, sur les vaisseaux arabes, ce mot doit avoir eu
le même sens qu'en port, et en esp.
* Almogataz. m. de Gayangos (dans le Mem. hisl, esp., IX, 74) donne
ce mot, mais sans dire où il l'a trouvé. Il le dérive de la racine î^
(gaza) y «faire la guerre,» et il assure qu'il est le synonyme de gazi,
«moro de guerra.» Pour proposer de telles étymologies, il faut avoir
de la langue arabe des idées assez singulières. Almogataz est l'arabe
^^.Jii^J^ (al-mogailas) , participe passif de la 2^" forme du verbe gatasa ,
qui signifie baptiser, Freytag n'a noté que l'infinitif laglîs, baptême (cf.
Maccarî, II, 798, 1. 16), et au reste la 2« forme manque chez lui;
mais elle est donnée par P. de Alcala sous bautizar (aussi sous d'autres
mots, mais dans un sens un peu différent) et par Berggren sous baptiser.
Par conséquent almogataz est un Maure qui a reçu le baplAme, un
172;
apostat, et le mot se trouve en ce sens chez Morgan {Beschrijviîige van
Barbarijen , II, 153).
Almogavares (cavalerie légère, avant-coureurs) de ^^iJUit (al-mogâwir)
que P. de Alcala traduit par corredor que roba el campo. Ce mot arabe
est le participe du verbe gâwara (la 3* forme de gara) qui signifie faire
une expédition f une algâra.
Almohada, pg, almofada (oreiller), de sA^^Jt {al-mikhadda) y «cervical,»
«oreiller» Bocthor.
* Dans rOuest on prononce presque toujours al-mokhadda , avec le o.
Il est vrai que P. de Alcala donne ma sous almohada, mais il a mo
sous funda de almohada; de même mokhadda chez Lyon, \Travels in
northern Africa, p. 155, et chez Richardson, Travels in the Great Désert
of Sahara, I, 232. Au reste, le mot vient de khadd, joue, comme
oreiller de oreille, cabezal de cabeza, etc.
Almohalla, almofalla (camp, armée), de id.^JI (al^mahalla) , «castra,»
«corps d'armée» Bocthor.
Almohaza, pg, almofaça (étrille), de x^.<^Ji (al-mihassa) qui désigne
la même chose.
Almojabana (espèce de beignet fait avec de la farine et du fromage).
C'est de ce dernier ingrédient, qui s'appelle en araba djobn, que cette
pâtisserie tire son nom. L'arabe iw.:5\JI (al-modjabbana) , qui manque
dans les lexiques, se trouve chez P. de Alcala et chez Maccarî, I, 113.
Ce dernier nous apprend que la ville de Xerez, où le fromage était
excellent, était renommée pour ces beignets, et il rapporte le dicton
populaire: «Celui qui a été à Xerez sans y avoir mangé des al-modjab-
banas, est bien malheureux.» [* Voyez aussi Maccarî, I, 942, 1.5 — 7;
II, 311, 1.14 — 17; 852, 1. 2, où bint al-djobn , «la fille du fromage,»
est le synonyme de al-modjabbanal,
Almojatre, [^almojater, almohalre, almocrate] (sel ammoniac) semble
être une altération de l'arabe ^oL-isÂJÎ (an-nochâdir) qui désigne la même
chose. [* Le pg. nochatro est une forme plus correcte].
* Almojaya (pièce de bois saillante fixée par une extrémité à un mur)
semble être ëj-j'w-:^\-4-Jl (al-modjâïza) , la saillante. Au reste djâïz ou
djâïza est solive (cf. le Glossaire sur Edrîsî, p. 281).
* Almona. Voyez ma note sur l'article qui suit.
Almo.neda, pg, almoeda (encan, vente à l'enchère), de X-Jv>LjL«Jt (a/-
175
tnonâdiya) que Boclhor traduit par criée, vente publique. Ce mot dérive
du verbe Jiadâ qui signifie crier.
* Il ne saurait y avoir de doute sur la racine qui a donné naissance
à ce mot, mais bien sur sa forme en arabe, car la terminaison diya,
que M. Ë. a trouvée dans Boclhor, serait difOcilement devenue da en
esp. — La première chose à faire, c'est de déterminer la signification
primitive de almonéda. Dans l'origine ce n'était pas vente à l'enchère
ou encan, comme disent les dictionnaires, mais Vendrait oit Von vendait
à Vencam, car P. de Alcala le traduit par souc, c'est-à-dire, marché,
et dans les Vartidas, que cite TAcad., on lit aussi: a Almonéda es dicha
el mercado (le marché) de las cosas que son ganadas en guerra» etc.
Dans un autre passage de ce code, que TAcad. ne cite pas, on trouve
de même (Part. II, lit. 27, ley 55): <» Cor redores son llamados aquellos
homes que andan en las almonedas et venden las cosas pregonando
quanto es lo que dan por ellas. » Les deux autres exemples cités par
TAcad. montrent aussi que c'est là le véritable sens du mot: «otro dia
me pusieron en almonéda,» — «niûos captivos vendidos en almonéda;»
la préposition en fait voir que c'est proprement: sur le marché. Il
s'ensuit de là qu'en arabe aussi le mot doit être un nom de lieu, et
quand on veut former un tel nom de la 5* forme du verbe nadâ, laquelle
signifie crier des meubles, etc., les mettre à V enchère, on obtient régu-
lièrement ^3J>UJI, al-monâdâ, al-monédâ selon la prononciation des Ara-
bes d'Espagne, car on sait que, dans les formes dérivées du verbe, le
nom de lieu ou de temps ne diffère en rien du participe passé (cf. de
Sacy, Gramm, ar. , I, 505, § 688). Un passage d'un auteur du X*»
siècle vient à l'appui de ce que je viens de dire. Dans son Histoire des
cadis de Cordoue (man. d'Oxford, p. 515), Mohammed ibn-Hàrith raconte
qu'un certain Ibn-Rahmoun, qui avait la réputation d'être un bon plai-
sant, tournait toujours en ridicule un individu avec lequel il était en
procès, et qu'il n'épargnait pas même la mère de cet homme. Ce
dernier s'en étant plaint au juge, Ibn-Rahmoun dit: La ^Lc ^^Uîî
^jJi^J^i ^J^XftJ ^j\ ^^jj bLà >^.>LmJ1 ^^ «Jît ^^ \ÔS^ \SS^ x^ Jjèî
U-Py, «Vous ne pouvez pas me blâmer à cause de ce que je fais,
1) Dans le maii. les Toyeiles sont j^ JwÂ^JI , mais il faut ccrire j^oLâ^J^.
174
attendu que tels et tels objets, qui appartiennent à sa mère, sont sur
le monédd (en esp. littéralement en almouéda), et qu'il ne veut pas
donner la mince somme de quarante dirhems pour les racheter.»
* L'origine et la véritable signiGcation de almonéda étant expliquées,
nous pouvons passer au mot almona (Nuilez donne en outre la forme
almuha). C'est, selon l'Académie: «savonnerie, l'endroit où l'on fabri-
que le savon; mais anciennement il désignait aussi d'autres maisons,
fabriques, ou magasins publics.» Elle cite un passage de la Hisioria
de Sevilla par Morgado, que de mon côté j'avais noté aussi (c'est fol.
52 b)', mais elle a oublié de rapporter une circonstance fort importante,
à savoir qu'un peu plus haut on trouve sur la marge du livre de Mor-
gado: «almonedas de Xabon. » L'origine de almona se trouve ainsi ex-
pliquée sans le moindre effort: ce n'est rien autre chose qu'une con-
traction de almonéda. Désignant proprement: rendroit où Von vend
quelque chose, ce terme a été appliqué à différents magasins ou fabri-
ques, et spécialement à l'endroit où le savon se fabriquait et se vendait;
aussi l'explication de Nuûez (sous almuha) est-elle: » l'endroit ou l'on
vend, où l'on fabrique du savon.»
* Enfin almona se prend encore dans le sens de: «la pesqueria, sitio,
ù armada donde se cogen los sâbalos. » Je me tiens persuadé que dans
l'origine c'était: «l'endroit où l'on vendait les aloses.»
* Quant à l'étymologie de almona proposée par M. de Gayangos (dans
le Mem, hist. esp., X, 183), il est presque inutile d'en parler, car
iCJ^Lo (mâ'ouna), auquel il le compare, n'existe pas du tout, et mâ'oun,
qu'il semble avoir eu en vue, ne convient en aucune manière.
Almoradux , [* amoradux , vaL moraduix] (marjolaine) , de ^ji^J^Jî
(al-mardacouch) , « amaracum. »
^ J'ai déjà eu l'occasion d'observer ailleurs que ce mot ne vient pas
directement de al-mardacouch. Ce sont les Arabes qui ont altéré le
nom de cette plante; déjà au X^ siècle ils écrivaient J;j^ôù>y^\, car cette
forme se trouve dans le calendrier d'Arîb ibn-Sa'd que cite Ibn-al-Auvvâm
(II, 439), et dans le man. de Leyde du Mosta'inî (à l'art. (j:^,»5^y>) elle
est écrite avec ces voyelles: ^.ô^y» (mordadouch) (ui^'.OJ^^^^ {Jj-'î-^jA «.3 JLiïj^).
On voit que, dans le mot esp., la seule altération est l'élision du premier
d. P. de Alcala, sous amoradux, écrit mardadouch , et c'est ainsi qu'on
prononce encore aujourd'hui au Maroc (Dombay, p. 72).
175
Almori, alnuiri («cierla composiciùn que se liacia de farina, sal,
miel, palmitos y otras cosas » Acad.)?
* C'est en arabe (^jJî (al-morrî), al-morî dans la langue du peuple
(dans les deux man. du Mosta'im c'est ^^^-^ sans teclidîd) , et cette
forme est meilleure, car c'est le latin muria y fr. muire , ital. moja;
mots composés: ilal. sala-mojay esp. sal-muera, pg. saUmouray fr. sau-
mure y grec d^-f^uplç (cf. Diez). Voyez Ibn-al-Bailâr, II, 504, et les
médecins arabes, chez qui ce mot est Irès-fréquent. L'esp. murria vient
directement du lalin.
Almorrepa («cierto modo de enladrillar los suelos con azuléjos enla-
zâdos» Acad.)?
* Almostalaf h. lat.y vaL almotalaf, esp. motalafe, mudalafe, alraola-
lafe, almotalefe, almolafa, almolafaz, alniotazaf. La forme almostalaf,
qui se trouve dans un document publié dans VEspaha sagrada (XLII,
294), est la plus correcte. C'est l'arabe Uil^i:>ww.JI (aUmostahlaf) y par-
ticipe passif de la 10*^ forme du verbe halafa, jurer. La 10* forme est
faire jurer, et le participe passif signifie par conséquent: celui qu'on a
fait jurer, celui qui a prêté serment y un jure, en esp. jurado. Par son
origine même, le sens de al-moslahlaf, qui est employé substantivement
et qui ne devrait pas manquer dans les lexiques, est très-vague, de
même que celui de juré, car une foule de personnes sont obligées, dans
certaines circonstances et pour obtenir certaines charges, de prêter ser-
ment. En Sicile, p. e. , le mostahla f élsiii un employé du roi, chargé
d'interroger les étrangers qui abordaient dans l'île; voyez Ibn-Djobair,
p. 354, 1. 16, 355, 1. 4, 343, 1. 3 a f. (l'éditeur, M. Wright, a eu
grand tort de changer la leçon du man. et de substituer un hhâ au
ha). En Espagne, sous le règne des Omaiyades, le mot mohallaf, qui
est absolument le synonyme de mostahlaf^ et qui manque aussi dans
les lexiques, désignait un employé chargé de prendre connaissance de
1) La 2' et la 10*^ forme de halafa t'emploient sans aucune diflerence. Nowairî dit
(man. 2 A, p. 476): juk^àâJ (j^IàJ! v.rI>, «il se fit prêter serment d'obéissance,» et
ailleurs (man. 2 i, fol. 80 r") : ôy^^^ L^cVJjJ ovftl^ aa-Î , «elle fit prêter serment
d'obéissance h son fils Mahmoud, j» Si on reut prononcer t/io/i/rt/ chez Ibn-Haucal . je ne
m'y opposerai pas: c'est toujours la même chose.
176
loules les choses qui pouvaient intéresser le monarque et de le renseigner
là-dessus; c'est ce que nous savons par Ibn-Haucal qui, dans son cha-
pitre sur l'Espagne , parle des ^l^s>^\ ^j ^^i^ ^^x&JL^vJt^ bLa^ôj!^ é^^l\
Jtj.^*^! J^l-j^ (avec le hâ dans le man. d'Oxford, avec le Ma, ce qui
est une faute, dans celui de Leyde). L'une et l'autre charge étaient
d'une importance trop grande, pour que les personnes qui les remplis-
saient n'eussent pas prêté serment entre les mains du monarque avant
d'entrer dans l'exercice de leurs fonctions. Dans l'Espagne chrétienne
on trouve aussi plusieurs sortes de moslahlaf. Parlons d'abord de ceux
dont l'emploi était identique avec celui des jurados à Léon ! Dans cette
dernière ville, comme nous le savons par un document très-important
de l'année 1269 (dans VEsp. sagr., XXXV, 436, cf. 452), on donnait
ce nom à des personnes nommées annuellement par le chapitre et par
le conseil municipal , et chargées de veiller à ce que le pain et le vin
se vendissent selon la juste mesure, à ce que le tarif de la viande, du
poisson et du salaire des ouvriers fut observé, et enfin à garder les
vignes ^ On retrouve ces jurados à Tudèle , où ils portaient le nom de
moîalafes ou mudalafes. Yanguas (Antig. de Navarra^ II, 455) cite un
document de l'année 1593, où on lit: «de la motalafia de los judîos,
que es goarda de las mesuras, et de los pesos falsos,» et ce savant
ajoute qu'aujourd'hui encore cet emploi subsiste sous ce nom à Tudèle.
On trouve aussi ailleurs des personnes qui portaient ce titre. Dans une
charte de 1116, donnée en faveur de Galin Sangiz, qui avait peuplé la
ville de Belchite, on lit {Esp. sagr,, XLIX, 329): «Et dono et concedo
tibi Galin Sangiz, et ad posteritas tua, ut habeas tuos almotalefes et
exeas de moros et de christianos.» Ici le vieux mot exea (= explorator)
est le synonyme de almotalefe; celui qui chez les Maures était appelé
l) Comme le dict. de l'Acad. n'a pas ce sens de jurado ^ je donne le texte de ce
passage: «Que fuero y era de Léon, é costumbre guardada de cinquenta anos acâ, é del
tiempo que ome non se podia acordar , que el Cabildo de la Iglesia de Léon , é el Con-
cejo de ese misrao lugar se ayuntaban cada ano el primero Viernes de Quaresma en la
calostra de Santa Maria de Régla, é fascian sus posturas en quai manera debiesen avenir
todo el aîîo en rason de las medidas del pan é del vino, é del precio de las carnes, 6
de los pescados, é del jornal de los obreros, e de la guarda de las vinas, é ponian co-
munalmientre Jurados, porque estas posturas fuesen raantenidas, é guardadas.
177
almoialefe portait chez les clirétiens le nom de exea, et l*un aussi bien
que Taulre était l'inspecteur des poids et mesures, etc. A Tortose il
y avait aussi un almostalaf nommé par le comte de Barcelone; mais
le texte où il en est question et où son emploi est appelé almoslalafia ,
n'est pas assez explicite pour nous permettre de dire avec précision en
quoi consistaient ses fonctions {Esp. sagr., XLII, 294). — A Valence
le almotalaf était Vinspectetir des soieries (voyez Rôs, p. 23); Nuilez
donne almotalafe dans le même sens (chez Victor c'est almotalefe), et
en outre il traduit almotafa, almotafaz et almolazaf i^^v peseur de laine.
Ces individus étaient aussi assermentés; c'est de là que leur est venu
le nom qu'ils portaient. — Je dois encore observer que ce mot se con-
fond aisément avec celui dont il est question dans l'article suivant. Le
almotalafe qui avait la surintendance des poids et mesures était réelle-
ment un almotacen, et comme ce dernier terme s'écrivait aussi almu*
tazafe, il n'est pas étrange qu'on les ait confondus ensemble. Aussi
almodacafe (lisez almodaçafe) est-il chez Yanguas le synonyme de
motalafe.
Almotacen, almulazafe, pg. almotacel (inspecteur des poids et mesu-
res) de ^^w^Xj^vJî {al-mohtasib). Voyez Maccarî, I, J34. Dans le Fuero
de Madrid on trouve la forme almutaceh , dans laquelle l'orthographe du
terme arabe s'est conservée sans altération.
Almotolia pg. (vase à huile) de al-mollî ou al-mutlî qu'on trouve chez
P. de Alcala aux mots azeitera vaso et alcuza ; [* c'est proprement a/-
motlâ, participe passif de la 4« forme]. La racine arabe ^Jiht {talâ), à
laquelle il faut rapporter ce mot, signifle chez Freytag enduire, et chez
Maccarî (I, 371) il est question d'une figure qui représentait un lion
et qui était matlt hidzahah abrtz (j-j^jÎ ««a..^â.j ^^Ua.x)) , c'est-à-dire ,
enduite d'or pur , dorée, Marcel traduit dorer par ,^^-A~bt (alla) , h 4»
forme du verbe. Je serais porté à croire qu'on a dit de même ^j^U^^
_Lj>i-j {atlâ hizodjâdj)^ y enduire d'émail^ émailler , et que pour cette
1) p. de Aloala traduit êswalte par ^l^-y [Cf. le Glossaire sur Edrîsi, p. 309, 310,
et ajoutez Maccart , I, 408, ). 2 a. f. ; la 2* forma du verbe _• dans le sens d'émailler :
Maccarî, II, 711 , I. 10, 799, 1. 7; chez H«?lot PinHnitif ,tfv^>» *"* évxail].
23
178
raison les vases à huile ont reçu le nom de almololiu, [* Le pg. ialhaj
qui a le même sens, aurait-il aussi la même origine?].
"^ Almoucavar , amoucouvar a. pg. Sous almocotivar S». Rosa cite un
passage des Coutumes d'Evora (de Tannée 1302), où on lit: « Manda-
mos aos almoucavares, e aos maioraes das ovelhas,» etc. Je ne vois
pas pourquoi ce savant en a conclu que le almoucavar était le valet
du mayorai (berger en chef) , et l'idée qu'il a eue d'en faire le almo-
(javar du Iroupeau est trop singulière pour être disculée. Je serais
porté à considérer almoucavar comme la traduction arabe de mayorai,
car dans les documents du moyen âge on trouve souvent la dénomina-
tion arabe jointe à celle qui était en usage chez les chrétiens (voyez
p. e. à l'art, almostalaf: almolalefe et exea), et mayorai peut se traduire
par -A^Uit (al-moiicabbar) , participe passif de cabbara qui signifie rendre
grand; c'est l'équivalent de cabîr , grand, qui se prend aussi souvent
substantivement dans le sens de chef; Freytag a négligé de le dire ,
mais voyez de Sacy, Chrest. ar.y II, 26, 1. 10 du texte, Ibn-Khaldoun ,
llist. des Berbères, I, 481, 1. 10, 492, dern. 1., 496, 1. 2, II, 341,
1. 12, Mille et une nuits, passim, La maîtresse de la maison s'appelle
as-sitt aUcabira {Mille et une nuits , I, 327 éd. Macnaghlen) ou simple-
ment al'Cabîra (Burton, Pilgrimage, II, 184), et dans le Cartâs (p. 225)
le titre de majordome d'Alphonse est rendu par cabir boyout Alfonch ;
d'où il résulte que, pour exprimer mayor et mayorai, les Arabes em-
))loyaient un mot formé de la racine c-b-r. Ce qui prouve que le mot
portugais désigne bien réellement le mayorai ou berger en chef, et non
pas son valet, c'est une ordonnance d'Alphonse III, de l'année 1265,
que S\ Rosa ne cite pas sous cet article, mais sous un autre (p. 57 b),
et où on lit : « Mando et statuo , quod serviciales , ortalani , et molen-
darii , et fornarii , et amoucouvares de ganalis , non vadant ad anudi-
vam. » Dans le paragraphe suivant il est question des «homines, qui
sunt in servicio dominorum suorum, de quibus habent soldadas,» mais
nullement dans celui-ci.
Almoxama, moxama, [* pg. moxama et muxama] («pedazo, û trozo de
la carne del atùn hecho cecina» Acad.)??
* Ce mot, qui désigne du poisson salé ou séché, est l'arabe «^éJi^iî
(aî-mochamma*). Ce dernier n'est pas dans les dictionnaires, mais P.
de Alcala traduit le verbe Irecharse par «^«♦«.à. A son tour ce verbe
179
espagnol mauque dans les diclionnaircs ; on le trouve loulei'ois cliez
rArchiprèlre de Hita (copl. 1079), qui dit:
De parte de Voleocia venien las anguillas
Salpresas é trechadas d grandes manadillas.
Selon Sancliez , cela signiûerait « des anguilles salées et coupées en mor-
ccaux;» mais M. Lafuente y Alcànlara, que j*ai consulté à ce sujet,
pense que trechar est proprement presser ^ serrer, et de là sécher, parce
qu'on sèche une chose en la pressant , pour en faire sortir ce qu'elle
contient de liquide. En effet, trecharse est certainement se sécher, car
Alcala le traduit aussi par ,j--wa-j, qui a ce sens, et trcchada cosa est
chez lui ^jS^. Chez l'Archiprêlre il faut donc traduire: «des anguilles
salées et séchées,» et almoxama est proprement: (du poisson) séché.
Almoxaripe, [* anciennement almoxerife], a. pg. almosarife, almozarifc
(receveur de l'impôt qui se paie aux portes des villes et à l'entrée des
ports) , de o-.ci^Ji (al^mochrif) qui signifle inspecteur , intendant. Cf.
yuatremère , Hist. des suit, maml,, I, 1, 10. A Valence on disait al-
mogarif dans le sens de cobrador de la renta del Mar.
Almoxarra [*M. E. écrit almojarra] (cruche). En arahe une cruche
s'appelle »j> {djarra)-, cf. les mots aliara, jarra. Peut-être faut-il sup-
poser l'existence d'un substantif aZ-macZ/arra , dérivé de la même racine,
qui serait l'origine du mot espagnol en question.
* J'ignore où M. E. a trouvé ce mot esp., qui n'est pas dans les dicl.
dont je me sers , et un substantif arabe aUmadjarra , dans le sens de
cruche, serait un mot monstrueux. Almoxarra, pourvu toutefois qu'il
existe ou qu'il ait existé autrefois dans le sens de cruche, est un mot
qui a perdu sa dernière syllabe, laquelle est ba. Dans un inventaire
de 1556 {apud Villanueva, Viage literario , XVII, 288) on le trouve
sous sa bonne forme et sans l'article: «Item unam moxeraham lauloni.
Item quinque escutellas de terra piclas. » C'est l'arabe iô^^iwo {rnichralm)
sur lequel on peut consulter Quatremère, Ilist, des suit. maml. y Jl, 2,
210. Chez Berggren , qui, comme Burckhardt, prononce machraba ,
c'est: «iietile cruche en forme de gobelet.» En Esp. les Arabes disaient
dans doute mochraba (cf. ma note sur almuzara).
* Almoy.na cat. Dans plusieurs documents du moyen iigi; i»ublics par
Capmany [Mcmorias sobre la marina de Barcclona, H, 79, 80, IV, 155,
196, 197, 198), ce mot signifie, soit uu impôt sur les navires marchands
180
ilonl le produit devait servir à équiper une flotte contre les Maures ,
soit un don volontaire destiné au même usage. On trouve donc les
expressions « dons è almoynes , » et « galea de la alnioyna. » C'est l'arabe
iCj^xJl (al'ma'ôna) ^ qui signifie proprement aide et qui désignait: une
contribution extraordinaire, imposée par le prince quand le trésor public
était épuisé; voyez le Glossaire sur Edrîsî, p. 351.
Almud, pg, almude (nom de mesure), de l\Jî (al-moudd).
Almuedano de Q<3^Ji {al-mouëddzin) , le crieur public qui , du haut des
minarets f convoque les croijants à la prière,
AlmuiIecar («marché où Ton vend les raisins,» Victor). Je crois que
c'est un nom propre qui est devenu un nom appellatif. La ville de
w*.<âJî {al'Monaccab) . dont les Espagnols ont altéré le nom en Almu-
necar, était célèbre pour ses raisins (cf. Maccarî , I, 125), et quand
on voulait indiquer un lieu quelconque, où se vendaient des raisins, on
semble avoir dit almunecar.
Almunia, almunha, almuinha, almuia, amuya (jardin, métairie, ha-
meau) de îCaJlJî (al-mountja) qui a les mômes significations.
Almuzara. Dans le Fuero de Madrid on lit: «Todo homine que cu-
lellum puntagudo trasieret, vel lanza aut espada, vel pora aut armas
de fîerro, vel bofordo punto agudo, in almuzara, aut in le araval, vel
in villa, aut in mercado, aut in conzeio, pectet IIII. m° â los fiadores.»
Marina, à qui j'emprunte ce passage S y retrouve l'arabe iLc^î^wo {lisez
Kc,!-* mazra'a) , «tierra de labor, el sembrado.» Cette dérivation me
semble inadmissible. Je crois qu'un passage d'Arîb nous mettra sur
une meilleure voie. Cet auteur (II, 213) nous informe que pendant
une grande sécheresse on fit à Cordoue des prières publiques dans la
cathédrale de la ville, dans l'oratoire du faubourg (rabadh) et dans celui
de la al-moçâra («.L^a-^Ji). Ce mot arabe est en tout point conforme à
l'espagnol almuzara. A en croire Freytag, il désigne «locus, in quo
ad summum cursum impelluntur equi. » Ne l'ayant jamais rencontré
ailleurs, je regrette fort de ne pas être à même de corriger cette défi-
nition vague et inexacte.
l) [* Marina n'avait donné que quelques mots de ce passage; j'ai ciu devoir le Irans-
crire dans son entier, tel qu'il se trouve dans le VIH^ volume des Mcmorias do la
Acad, (p. 44 a), où ce Fuero a été public].
181
* La moçdra de CorJoue est noiiiiuéc aussi daus le Bayân (11, 54),
où on lit que, dans Tannée 745, le Syrien Tha'laba, après avoir vaincu
les Berbères et les Arabes Baladîs, retourna vers Cordoue, et que,
lorsqu'il fut arrivé à Tentrée de la mocâray il y fit vendre ses prison-
niers à renchère. L'auteur de VAkhbâr madjmou*a (raan. de Paris ,
fol. 68 V), en racontant le môme fait, emploie le mot trois fois, mais
dans le man. il est écrit »^UmJî, avec le s, et deux fois avec les voyel-
les »^L1J! {al-masâra). Dans un autre endroit de ce livre (fol. 95 v^)
il est écrit sans voyelles, mais avec les mêmes consonnes. On y lit
qu'Abdérame P' reçut, pendant une expédition qu'il faisait, une lettre
de son affranchi Bedr, et que, l'ayant lue, JjJ ^z> jj^\ ô<^\^ Jàs
HjUm-JI, «il retourna sur ses pas et marcha jusqu'à ce qu'il établît son
camp dans la masâra.t> Chez Ibn-aUCoutîya (man. de Paris, fol. 12
r°), là où il parle de la bataille livrée près de Cordoue entre Yousof,
le dernier gouverneur de l'Espagne, et le prétendant Abdérame, on
trouve ces paroles : *J^ wR^^j ^j^\ j*-3 'ii^l^ H^l^^] ^J y^^^ ^^'^^
byai J^iA:^, «le combat ayant duré pendant une heure dans la masâra,
Yousof prit la fuite et ne rentra pas dans son palais. » Le man. offre
le mot en question sans voyelles. Dans VHistoire des cadis de Cordoue
par Mohammed ibn-Hârith (man. d'Oxford, p. 208), l'émir Mohammed
(le cinquième sultan omaiyade en Espagne) raconte à son favori Hâchim
un songe qu'il a eu. aj*ai rêvé,» dit-il, a que j'étais dans la moçâra
et que j'y rencontrais quatre personnes à cheval. » Le man. porte
bjLÔJl avec toutes les voyelles. — A Fez il y avait , selon l'auteur du
Cartâs (p. 21, 1. 7, 25, 1. 15 et 17), un ot^l k-, ♦Ji aJL> (jardin des
moçârât) et un py.o »JI ^>3«^\-s (champ * des moçârâl) , appelé aussi
al-moçârât tout court, où l'on semait le blé , en dehors du Bâb ach-Charî'a,
une des portes du quartier des Cairawânides. Ibn-Khaldoun, dans sou
Histoire des Berbères (II, 577, l. 2), raconte que le sultan de Grenade
passa en Afrique pour demander du secours au sultan de Fez contre
les Castillans. «Ce dernier,» ajoute-l-il, «accueillit son hôte avec de
grands honneurs et lui assigna pour demeure le jardin ù'al-moçâra qui
touche au palais royal,» «^b ^Jij^ b^LaûJî ^ja.^ *JjiL. Dans un passage
1) Freyiag n'aydrit {m jahç en ce scus , je dois observer que, clieî Pedro de Alcala,
il répoud aiu mots: canpo raso como vcga , canpo que so laùra.
1^2
d'Ibn-al-Kliatîb que cite Maccarî (Seconde partie, III, 48, 1. 14 éd. de
Boulac), il est aussi question de la moçdra à Fez. Chassé du trône
par son frère Ismâ'îl II, le sultan de Grenade, Mohammed V, avait
cherché un asile à Fez; mais ayant ensuite résolu, sur les instances
du roi de Caslille, de retourner dans sa patrie, ^ u^y^^ a»I-*-j *^^-^
gOjJî ^^jt^m\ Jw-ï^ y*Uii j^i^ yjl^Ji A-i>, «il s'assit dans une tente
dressée dans le jardin de la moçdra pour y passer en revue ses adhé-
rents qu'il avait fait avertir par une proclamation.» Maccarî (Seconde
partie, III, 191, I. 17 éd. de Boulac) parle d'un B^LciJî ^-xa-i, «palais
de la moçâra,» qui existait à Fez au XIV^ siècle. — A Maroc il y avait
deux moçâras, la grande et la petite, dont parle Charant (A Letler in
answer to divers curions questions, p. 47) qui écrit meserra. C'étaient,
dit-il, de beaux jardins, où l'on voyait des rangées d'orangers, de
citronniers, de dattiers, d'oliviers, de figuiers et de grenadiers, des
arbustes comme le jasmin, et des fleurs odoriférantes. Ils étaient pu-
blics; il était permis à tout le monde de s'y promener.
* Voyons à présent s'il nous sera possible de découvrir l'origine, la
bonne orthographe et la véritable signification du mot! La première
condition pour y réussir est, je crois, d'écarter tout-à-fait le moçdra
de Freytag, ou plutôt du Cdmous , car c'est là qu'il l'a trouvé. Sous
la racine y^^ {m-ç-r) , l'auteur du Câmous donne le passif mocira dans
le sens de xj^> -^;^x^\, en parlant d'un cheval, ce que Freytag traduit
par «ad summum cursuni impulsus fuit (equus), » et moçâra est chez
ce lexicographe arabe l'endroit où cela se fait (J.a.^oÎ n^h j*^4^ ^^\).
Evidemment cela n'a rien de commun avec le mot qui nous occupe,
car le verbe mocira , pris dans cette acception , appartient à la vieille
langue , non pas à celle que parlait le peuple en Espagne , et en outre
le sens du substantif moçâra ne convient pas. On voit bien, par le
passage de Mohammed ibn-Hârith, que dans la moçâra on se promenait
à cheval aussi bien qu'à pied; mais rien n'indique que c'ait été un
hippodrome. A mon avis le terme qui nous intéresse vient d'une tout
autre racine. D'après Charant, une moçâra ou meserra était une pro-
menade publique, et dans le man. de VAkhbâr madjmoua\ comme
dans celui d'Ibn-al-Coulîya, qui en général sont très-corrects, on trouve
185
masâra. En combinant celte explication et cette orthographe, j'arrive
au résultat que c'est réellement ma^ara, nom de lieu du verbe .L« (sâra),
qui signifie chez Freylag inccssit, profeclus fuit, iter fecil , mais qui
peut fort Jiien se prendre dans Tacception de se promener. En effet ,
Freylag donne en ce sens la 5* forme, qui, chez Bocthor, est aussi
se promenei'. Chez Marcel et chez Hélot on trouve la 2"" forme ; la r*
est donnée par Berggren et par Bocthor (qui a du moins Tinfinitif
^Jjji^ , «promenade, action de se promener»). Promenade ^ le lieu où
Ton se promène, est chez Berggren ^K^^, chez Hélot H^A^(strà); ce sont
des synonymes de notre masâra, et Boclhor donne allée (espace entre deux
rangs d'arbres pour se promener) »jl-^x. Il est vrai que la forme de ce
dernier mot n'est pas lout-à-fait correcte: la première radicale de la
racine concave sâra ayant pour voyelle à l'aorisle un kesra, le nom de
lieu devrait être, selon les règles de la langue classique, masîra (cf. de
Sacy, Gramm. ar,, I, 304). Mais il ne s'agit pas ici d'un mot classi-
que, et le peuple, quand il inventait des mots, ne se souciait pas trop
des règles grammaticales. Le nôtre, qui existait déjà en 743, montre
que même à celle époque reculée les Arabes d'Espagne les avaient ou-
bliées en partie, et considérée sous ce point de vue, la forme masâra
est de quelque importance pour ceux qui s'occupent de l'histoire de la
langue arabe. Ce que nous avons à dire encore, n'est pas non plus
sans intérêt pour celte histoire qui est encore à faire et pour laquelle
on a à peine planté les premiers jalons. Observons d'abord que le s de
masâra a été changé en r. Celle circonstance lient à la confusion de
sâra (aller) avec çâra (^l->o) (devenir). Sous ce dernier verbe Freytag
a noté: « inlerdum videlur pro .L>vw,» et dans les manuscrits rien n'est
plus fréquent que la confusion de ces deux verbes. Les éditeurs ont
la coutume de changer ^Lo en ^U/, quand le sens est aller; c'est peut-
être donner dans le purisme, et il est certain — notre maçâra avec le
r le montre — que le peuple a perdu de bonne heure le sentiment de
la différence assez considérable qui existe entre ces deux racines. Enfin
on a prononcé la première syllabe avec le dhamma (a ou ou), au lieu
de lui donner le falha (a): c'est ce que prouve non-seulement le Fuero
de Madrid (de 1202) (almuzara), mais aussi le man. de Mohammed ibn-
Ilàrilh qui est assez ancien (il est de l'année 1296) et fort exact. On
peut en conclure que le changement de ma en tna dans une foule de
184
mots espagnols qui sont des noms de lieu (et j'ajoute: de mi en mo
dans les noms d'instrument ou de vase) doit être attribué, non pas aux
Espagnols, mais aux Arabes eux-mêmes.
*Alnafe, anafe (réchauffoir , petit fourneau portatif). Marina a con-
sidéré ce mot comme une altération de j^JLil (athâfî) , trépied. C'est
à mon avis une idée fort heureuse et comme on n'en trouve pas souvent
chez cet auteur. En effet, le alnafe a, selon TAcad., trois ou quatre
pieds , et c'est la même chose que athâfî , à preuve que l'Acad. , sans
se douter de son origine arabe, le traduit par le mot latin que Freytag
donne sous athâfî. Au reste ce dernier mot a encore une fois passé
dans l'esp. sous la forme atifle.
*Aloque, chez Victor haloque (vin rouge-clair). De ^3JL:> , écrit
Marina, sans rien ajouter, et je doute qu'il eût pu justifier cette éty-
mologie, car il ne connaissait l'arabe que par Golius, et la définition
de ^^L:> donnée par ce dernier («nomen rei odoratae») n'était pas
propre à le conduire bien loin. Cependant son étymologie est meilleure
qu'il ne le soupçonnait peut-être lui-même, et pourvu qu'on substitue
l'adjectif ^Jé^^ [khalôqut) au substantif ^>.Jl.i> (khalôc), elle est irré-
prochable. «M. Lane,» ai-je déjà dit ailleurs (Glossaire sur Edrîsî,
p. 298), «explique khalôc par: «une sorte de parfum, composé de safran
et d'autres choses, dans lequel prédominent la couleur rouge et la
couleur jaune.» Il paraît toutefois que c'est le rouge qui prédomine,
car quand quelqu'un rougit de pudeur, on dit que ses joues sont teintes
de khalôc; voyez Maccarî, II, 175, 1. 15. Aussi l'adjectif khalôqut,
que l'on trouve dans le Bayân, I, 157, signifie-t-il rouge, comme le
montre le passage d'Edrîsî, p, 131, où il est le synonyme de ahmar,»
Pour être tout-à-fait exact, j'aurais dû écrire rouge-clair. Au reste on
voit que aloque est employé comme un substantif, le mot pour vin (p. e.
nahidh khalôqut) ayant été supprimé.
* Aloquin (enceinte de pierre dont on entoure la cire qu'on fait blan-
chir au soleil) de ^.â>Ji (al-waqut, al-oqui selon la prononciation vul-
gaire), «a noxâ quid servans» (res). C'est justement la destination de
cette enceinte.
Alqueire pg, (« medida de sôlidos, e liquides» S\ Rosa) de J^x-Cit
{al-queil) qui désigne la même chose.
* Alqueive pg. , alqueve (jachère) vient peut-être de 5^.8Jt (al-quewé) ,
terre déserte; mais je ne sais pas si la langue vulgaire avait ce mot et
en outre la forme et la signification ne conviennent pas trop bien.
Alqiiermbz [, * carmes] (graine d*écarlalc , Victor) de ^aJ^\ {al-quirmiz)
qui désigne la même chose. De ce substantif vient Tadjcclif quirmizî ,
qui a aussi passé dans Tespagnol (carmesi) et dans le français (cramoisi),
[* Carmin a la môme origine],
Alquerque , [* pg. alguergue et algarve] , de ^jJ^\ (al-quirq) qui si-
gnifie une sorte du jeu. Voyez-en la description chez Frcylag.
* En esp. et en port, ce mot a encore un autre sens, car il désigne:
une grande pierre dans un pressoir à huile, sur laquelle on place les
cabas d*olives qu'on a Fintention de presser. Je ne connais pas l'ori-
gine de ce ternie.
Alquez (nom d'une mesure) de ^j^j<sj[ (al-queis) du verbe (j^l'i {casa), mesurer.
'* Al-queis n'a pas ce sens, mais bien (_v.lAiiJÎ (al-quiyés) , qui, chez
P. de Alcala, est hraçada et medida. Le mot esp. est un peu altéré;
mais la forme arabe s'est conservée intacte dans le port, alquiés, La
bonne étymologie avait déjà été donnée dans le Dict. de l'Acad.
Alquicel, alquicer, alquice, alquiser (vêtement maure en forme de
manteau) de iL^.,Cii (aUquisâ ou al-quisé). Voyez M. Dozy, Dict. des
noms des vêt., p. 385 et suiv.
* De même que beaucoup d'autres mots qui désignent à la fois une
couverture de lit et une espèce de manteau (et c'était au fond la même
chose), quisâ est proprement le nom d'une étoffe de laine que lissaient
les Bédouins (voyez Ibn-as-Sikkît , Kilâb al-alfâdh, man. 597, p. 527;
Azrakî, p. 174 med. et 1. 2 a f., p. 181, 1. 4) et qui servait à différents
usages. Il en est de même en espagnol, car l'Acad. explique alquicel
ou alquicer de celte manière: «Texido de lana, û de lino y algodôn,
de bastante anchura, hecho todo de una pieza, para diferentcs uses:
como para capas, sobremesas, cubiertas de bancos, raantas, etc.»
* Au moyen âge les Espagnols disaient aussi quiza on^ queza sans
Tarticle arabe, car on lit chez TArchiprêtre de Hita (copl. 1193):
Quiza tenie vestida blanca c rabi-galga,
el dans rAIe.\andre (copl. 598):
Entendia Patroco enna esporonada
Qne si a t\ tornasse Ector otra vegada,
Tantôt vaidrie loriga cuemo qucza delgada;
Quisose encobrir, mas nol valid nada.
24
186
Comme dans ce dernier passage il doit êlre question d'une éloffe fine,
M. Millier pense que queza est l'arabe j-'i (quazz) ^ soie; mais je ne
crois pas que ce mot ait passé dans l'esp., et puisque les quisâ étaient
aussi de toile (voyez le passage des Orden. de Sev. que cite l'Acad.) ,
voii^ même de soie {Kitâh al-agâiiî y I, 71, 1. 1), et par conséquent
tins, je me tiens persuadé que queza est l'arabe qidsâ,
* M. E. ayant cité Farticle qiiisâ de mon Dictiotmaire , je profile de
celte occasion, non pas pour répondre aux pitoyables chicanes de feu
M. Freylag, mais pour rectifier en peu de mots deux ou trois inexac-
titudes qui s'y trouvent. 1°. Dans le sens de manteau, quisâ n'était
pas seulement en usage dans l'Ouest, mais aussi en Asie. 2°. Il est
bien féminin (cf. Becrî, p. 101, 1. 12 et 13), mais aussi masculin
(Kitâh al-agânî , loco cit.; Mohammed ibn-Hârith, Hist. des cadis de
CordouCy man. d'Oxford, p. 319; Ibn-Khallicân, I, 458, 1. 11); j'aurais
donc du dire qu'il est du genre commun. 3°. Dans la traduction du
passage de Marmol, p. 584, 1. 14 et 15,. il faut lire: «faites de laine
et non foulées,» et biffer la note 1.
Alquile, alquiler (louage et loyer) de tl^^Ji (al-quiré) que P. de Alcala
traduit par pension que se paga por alquile, et qui dérive du verbe
cârâ (louer). Voyez almogreve.
Alquimia (alchimie) de Ué^l {al-qutmiyâ),
'* Voyez sur l'origine de ce mot M. Mahn, Etym. Unters,^ p. 81 — 85,
et sur celle du nom de la plante alquimilla ou alchimilla , ibid., p. 158.
Alquinal (espèce de voile) de cUiJiJt (cil-quinâ) qui désigne la même
chose. Cf. M. Dozy, Dict, des noms des vêt., p. 377.
Alquitara, alcatara (vaisseau pour distiller), de BjLLa aJI (al-caftâra)
que P. de Alcala traduit par alanbique. Ce mot dérive du verbe cattara
qui signifie distilar.
* Alquitira (gomme adragant) de i^UiJCJI [al-cathîrâ) qui a le même
sens; voyez le Mostà'îni , Ibn-al-Baitar, II, 350, Sanguinetti dans le
Journ, asiat. de 1866, ï, 320.
Alquitran (goudron) en arabe Qt^.LiJiJt (al-quitrân) , du verbe catara ,
«stillavit, guttatim fluxit.»
*Alquival, aliquival, alquivar a. arag, L'Acad. donne ce mot en
citant un passage des Actes des Certes d'Aragon, où on lit: «Item de
aljuba, alquival, corlina .... paguen quatre dinéros. » Elle pense que
187
c*csl la mèiiic chose que alquiccl ^ mais ce dernier mot serait devenu
dillicilement alquival. C'est l'arabe tL^Ji {al-khibâ) que Freylag n'a
que dans le sens de tenlc , mais qui désigne aussi ce qu'on appelait
autrefois pavillon et ce qu'on appelle aujourd'hui couronne, c'est-à-dire,
un tour de lit en forme de tente et suspendu au plancher, ou attaché
à un petit mât vers le chevet. P. de Alcala le donne dans cette ac-
ception sous paramenlo del cielo et sous pavellon de cama. Les Acad.
semblent s'être laissé tromper par le mot aljuba qui précède; mais c'est
à cortina, qui suit, qu'ils auraient dû penser. Au reste le / dans
alquival et le r dans alquivar sont de trop, de même que dans alquiccl
et alquicer, alquilei\ alquinal , etc.
* Altamia (écuelle de terre vernissée). Il est certain que ce mot est
altéré, le / de l'article n'étant pas assimilé au t du substantif. Je crois,
quelque forte que soit la corruption , que c'est iCA3LbJU.iî {as-soltâniya) ,
que Freytag a mal expliqué en suivant un glossaire de Habicht, mais
qui signifie écuelle de porcelaine ; voyez Humbert , p. 202 , et Boclhor
sous écuelle; ,^^AaJî ikAJLbJLJl dans les Mille et une nuits, If, 66 éd.
Macnaghten. Prononcé très-rapidement , as-soltânti/a peut fort bien
devenir altamia; le / dans al est le / de sol, syllabe dont les deux
premières lettres ont été supprimées. Le mot arabe (qui vient de sultan)
signifie proprement la royale, et je pense que celte espèce d'écuelle a
été nommée ainsi parce qu'elle était faite d'une sorte de terre très-fine
et précieuse , à savoir de porcelaine. Peut-être la altamia était-elle
aussi de porcelaine, car, comme le mot n'est plus en usage en Esp.
et en Port., on suppose seulement que l'objet qu'il désigne était de
terre vernissée.
Alubia, [* val. llubi] (haricot) de tlAj^Ut {al-loubiyd) qui a le même sens.
*Aludel, alludel, fr. aludel («terme de chimie; espèce de pots ou de
chapiteaux qui sont ouverts par leurs parties supérieure et inférieure,
et qui peuvent s'emboîter les uns dans les autres, de manière à former
un tuyau plus ou moins long» Dict. de l'Acad. fr.). Le terme arabe
d'où vient ce mot, n'est pas dans les dict., mais c'est J'J^t {aUouthél),
Je le trouve dans le Glossaire sur le Mançouri par Ibn-al-Hachchà (man.
331 (>;, fol ir.2 r) avec toutes les voyelles: jwJî. L'article est conça
en
ces termes: ^^j^s>\ wiubj o^f^ O^*"^^ (^> >AAjuaxJi jU\ yS> iJi\
188
mbl^Jt ^xLi l*fUJ J^^^^ '^^^Ti*> iH^â-^^ 13"^ ^^_5V^jt j_^ft^ jà>^\ ^J-£:
J^-j JLà ^^J^û^î f^^ (^^j^ S'^^0^\ qI.=>^ ^ <A-x-A^ Us ^Uii ,_^c f^J^3
ÎJsjtAû^ ë\^ô qL^ 2;;*^> "L^ oulhél est un instrument pour sublimer.
Il se compose de deux pois qui sont creux *, et dont l'un s*emboîte
dans l'autre. Après avoir jeté la substance dans celui qui est au-dessous,
on les relie ensemble au moyen de cette espèce d'argile qui sert à faire
des creusets, et on les place sur le feu. La fumée qui provient de la
substance s'agglomère alors dans le pot supérieur; quand elle s'est
refroidie et qu'on Ta réunie, on a obtenu une substance sublimée.» Ce
terme est assez ancien en arabe, puisqu'il se trouve déjà dans le Man-
court du célèbre médecin Rhases (ar-Râzî), qui florissait au IX^ siècle.
La langue classique ne l'a que dans le sens de gloire, noblesse; mais
probablement il faut le considérer comme le synonyme de xl-ii {athla) ,
qui signifie ustensiles, appareil,
* Aluneb (pas dans les dict.) est v^-^*-^^ {al-ounnéb) , jujubier. Je
trouve ce mot dans les Libros de Astronomïa d'Alpbonse X, où on lit
(IV, 34): «et sera esta tauleta de madero fuerle de box, 6 de aluneb,
6 de otro madero que semeie â estos. »
"^Aluquete. Voyez alguaquida.
* Alvarral pg, (espèce de tamis) est une altération de iii^S {al-ghir-
bal), qu'on prononçait al-garbâl et qui signifie tamis. Cf. l'art, arel.
"^ Alvitana pg. (grand filet pour pêcher). J'ignore si iuLLiJl (al-bilâna)
a été employé en ce sens.
"^ Amapôla Voyez hamapola.
Ambar, alambar, pg. alarabrc, /r. ambre, il. ambra, de ^-A,Âjt.it (al-
*anbar) qui était à l'origine le nom d'un poisson, de la semence duquel
on tirait l'ambre gris. De là l'adjectif 'anbart dans le sens de cuir
fait de la peau de ce poisson (Maccarî, I, 271, Ibn-Adhârî, p. 35 du
Gloss.). [Ml faut modifier ce que M. E. dit ici; voyez Içtakhrî, p. 21,
passage que M. lleinaud a traduit, en y joignant quelques observations,
dans sa Géographie d'Aboulfédq, II, 242]. — Du reste je crois que M.
Mahn (Recherches ètymol, , p. 61 et suiv.) a raison d'avancer qu'on a
l) Tel est le sens du participe jXÎix; voycï Buctliur sous surface et sous crciij:.
189
transféré le nom de Tambre gris à l'ambre jaune, el que de celle
manière Tadjectif ainarillo (pour ambarillo) a reçu la signification de
jaune,
* Ambixa , amexa pg. (prune) est une altération de ji-#..iUii (al-mech-
mach), comme Sousa Ta observé avec raison. Il est vrai que ce mot
arabe signifie ordinairement abricot; mais les lexicographes arabes (voyez
Freytag) ont déjà observé que quelques-uns appellent ainsi la prune, et
en outre les Arabes confondent ces deux fruits ; voyez ma noie sur
ALBARICOQUE.
Anacalo (garçon de boulanger qui porte le pain) de JiiUil (an-naccâl)
qui dérive du verbe tiacala, transporter,
*Le mot arabe an-naccâl, qui manque chez Freytag comme substan-
tif, signifie proprement porte-faix (voyez Bombay, p. 103; Humbert,
p. 88), et M. de Gayangos (dans le Mem, hist, esp. , V, 435) donne en
ce sens Tesp. annacdl ou ahagdl. Voyez aussi ahacal chez Nuûez et
anacala chez Cobarruvias, et comparez anaquel.
Anadel, anhadel, annadem a. pg. («chef, capitaine» S*. Rosa) de
— ^LjlJI {an-nâdhir) (du verbe nadhara, regarder, inspecter) qui signifie
inspecteur, intendant et en Espagne almirante (Aie.)'.
'^Anafava est en port.: le fil que fait la chenille avant de commencer
à filer le cocon. C'est sans doute jLjLÂjJt (an-nafâya) , qui signifie la
mauvaise partie d'une chose, le rebut, car on sait que les premiers
fils du ver à soie sont rudes et grossiers. (Comparez l'art, aûafea).
Cependant cette bourre ou strasse, comme on l'appelle, sert à faire
une étoffe, et en esp. anafaya est réellement le nom d'une étoffe. A en
croire Cobarruvias (chez qui le mot est altéré en anafalla), c'est une
étoffe de coton, et l'Acad. dit qu'anciennement elle était de coton, mais
qu'à l'époque où elle composait son dictionnaire, elle était pour la
plupart de soie. L'élymologie du mot et le sens de anafaya en port,
me fout douter que l'explication de Cobarruvias, reproduite par TAcad.
pour ce qui concerne les temps anciens, soit tout-à-fait exacte. Ana-
1) Dans le mot noté par P. de AlcaU, H. Mahn (p. 7) a trouve un «legatus, decotus
deo,n c'est-JMlire , un nasiréen. Il est k peine besoin de remaniuer que le savant alle-
mand, au lieu do lire ^UJt, a lu -jÂjJt > luot qui dûrÎTe de la racine .JU (nadtara),
en hébreu "VJ, /aire un cvctt.
190
faya doit toujours avoir désigné une étoffe de soie; mais comme elle
était faite de bourre de soie, elle était grossière; peut-être aussi était-
elle un mélange de bourre et de coton, et de cette manière l'explication
de Cobarruvias serait bonne jusqu'à un certain point.
*Anafega/?^. Maça d'anafega, jujube, maceira (Tanafega, jujubier,
de iCftx;.]! (an-nabica), mot qui désigne 4e fruit du jujubier lotos (Zizy-
phus lotus), que les Arabes appellent ^Jv.^ (sidr).
* Anaquel (tablette sur laquelle on met les verres, les plats, etc.)
doit être JLaJJi (an-naccâl ou an-nacquél) que nous avons déjà rencontré
sous ANACALO. Désignant dans l'origine la personne qui porte une chose,
ce mot a aussi été appliqué à la planche sur laquelle on la portait, car
chez Nuûez ahacal est: «celui qui portait du blé au moulin,» et le
plur. anacales, «planches sur lesquelles on portait le pain cuit du four
à la maison. » Notre anaquel montre qu'on avait tout-à-fait perdu de
vue l'origine du mot, qui vient de nacala, transporter,
* Anatron (nalron) de q^j^jÎ {an-nalrôn). Millier.
*Andaime, andaimo pg, (échafaud pour les maçons) (l'accentuation
est: andâime) , esp, andâmio, de ^«.jLcAiî {ad'da'âïm), les poutres, plur.
de K4.cc\Jî {ad'di*ma) et de iC^U^xJ! (ad'di'âma).
* Anexim pg.f a. esp, anexir, anaxir (pas dans les dict.). Anexim est
adage , sentence populaire» Anexir se trouve dans le Cancionero de Baena
(p. 155), où on lit:
Senor de Val de Corneja,
Ssi vos plase, mis deitados
E anexires asonados
Non son en cada calleja.
Le même mot se trouve encore deux fois dans ce livre sous la forme
anaxir (p. 176, 188) (ce que les auteurs du glossaire ont négligé de
remarquer), et le second passage, qui se trouve dans un poème adressé
au roi de Castille par Alfonso Alvares de Villa Sandino, est conçu en
ces termes:
Vestra persona ensalçada
Biva luengamente onrrada,
Por que yo vea en Granada
Cantar un lindo anaxir,
Fa dayfy çuUan quevyr , *
l) C'est: .j,jS ^[Am Lg.âA>to Lj, «ô mon liotc, {;raad suUau!»
191
Desque la ovieredes ganada
E cobrada.
Ces «ancxirs assonnanls» et cet anaxir qu'on chante, nous exiilicfuenl
l'origine du mot. C'est évidemment Tarabe Jc^JLii (an-nachid ou an-
nechtd), chez Freylag «inter homines recilatuni carmen,» chez. P. de
Alcala cancion , et tel est le sens que je crois devoir assigner à aneocir
où anaxir dans les vers que je viens de citer; mais comme les adages
étaient également rimes , ou du moins assonnants , on leur a aussi
donné ce nom.
* AiNPiao pg, (opium) de q^-^I (ajiyoun). Les Portugais ont entendu
et adopté ce mot dans les Indes, où ils l'ont transmis aux Hollandais
qui y disent amfioen (prononcez en français: amCoun). Voyez les remar-
ques de mon excellent ami M. Veth, dans la Revue intitulée de Gids,
de 1867, I, 428, 429.
* Anifala (du pain qui est fait de son) de iJL^wLJÎ {an-mkhâla) , du
son. Mùller. — Ce mot n'est pas dans les dict. esp. dont je me sers.
^An.nafaca, annafaga, annaffaga, ailafaga, anafaga, nafaca (dépense;
voyez le Glossaire de Bergauza dans ses Aniig, de Esp., II, à la On,
Cortes de Léon y de Castilla, II, 8o, 1. 6 et 12, et le Mem. hisl. esp.,
V, 435), de 'fjuùl\ (an-nafaca) qui a le même sens.
Annuduva, anuduba, anuda, adnuba, anubda, anudiva , adua [* et
une foule d'autres formes]. Suivant S^ Rosa ces mots désignent «une
sorte d'impôt dont le produit servait à réparer ou à améliorer les
ouvrages de forliCcation,» et encore «les gens qui devaient travailler
à ces ouvrages par manière de corvée.» Est-ce qu'il y a du rapport
entre ces mots et la racine arabe v^ nadaba « mettre (des troupes) en
garnison » (cf. le Gloss. sur Ibn-Adhârî) ? On trouve encore nadb (gar-
nison) , mandoub (pourvu d'une garnison) Ibn-Djobair , p. 70 , nudba
(«llamamiento para la guerra » Aie).
'C'est en vain que heaucouj* de savants, tels que Burriel, Berganza,
les continuateurs de Ducange et M. Muûoz , ont tâché d'expliquer le
sens de ce mot qui est très-fréquent dans les chartes et aussi fort inté-
ressant sous plusieurs points de vue. «No ha sido esplicada esta pécha
hasta hoy,» dit Yanguas, et c'est vrai; mais heureusement ce qu'il
ajoute: «ni acerca de su naturaleza dan ninguna luz los documentos,»
ne Test pas. Quant à son étymologie, je ne sache pas qu'avant M. E,
102
il en ail été proposé une, excepté par M. Muiloz (Fueros, I, 14, n. 3),
et elle est fausse (de xj^^t, an-nauba). C'est donc à M. E. que revient
riionneur et le mérite d'avoir été le premier qui ait indiqué la racine
arabe d'où il dérive, et même le substantif arabe auquel il répond et
qui n'est pas dans les lexiques; mais s'étant laissé tromper par l'expli-
cation de S\ Rosa, qui est erronée comme les autres, il n'a pas poussé
plus loin sa découverte. Je suis donc obligé d'achever la tâche qu'il
a seulement ébauchée, et j'expliquerai en premier lieu le terme arabe.
"^ Le verbe nadaha signifie appeler, et nadaha lil-mogâwara est llamar
para la gtterra (Aie). Le substantif noudba (iC-cV-i), joint à un autre
mot , signifie appel à la guerre ; P. de Alcala donne maherimiento de
gnerra, nûdbe lai mundâriba (c'est-à-dire, îô^AïaÂ^U ajA3) *. Mais il n'est
pas nécessaire d'ajouter un autre mot pour exprimer cette idée; il est
sous-entendu. P. de Alcala donne simplement nadaba à l'article aper-
cebir para la guerra ; voyez aussi Kitâb ahhbâr al^'açr (dans Miiller,
Die letzten Zeiten), p. 24, 1. 5, 9, p. 25, 1. 5, et M. de Goeje dans son
excellent glossaire sur Belâdzorî , p. 101. Noudba seul signifie donc
aussi: appel à la guerre, l'action d'appeler les bourgeois sous les dra-
peaux afin qu'ils fassent une expédition militaire, et de là: celte expé-
dition même. C'est en ce sens que le mot se trouve souvent dans les
chartes. On lit p. e. dans un Fuero donné à Tolède {apud Muûoz, I,
364): «Et milites illorum (les gentilshommes qui demeurent à Tolède)
non faciant abnubdam , nisi uno fossato in anno , et qui remanserit ab
illo fosato sine veridica excusacione, solvat régi decem solides.» Et
dans un autre Fuero {ibid, , p. 486): «Adhuc et milites non facialis
anubda, nisi uno fosado in anno.» Le sens de ces ordonnances est
que les habitants des endroits dont il s'agit, ne seront tenus qu'à faire
une seule expédition par an, et le terme en question y est l'équivalent,
ou à peu près, de fossafum. Ce dernier mot, que Ducange n'a pas
compris, est expliqué dans l'excellent article fossado de S\ Rosa^.
1) C'est par erreur que M. E. a donné llajnamiento para la guerra; Alcala n'a que
Uamamiento por nonhre, nûdbe.
2) Aux passages nités par l'éminent savant portugais, on peut ajouter ceux-ci: « Expe-
ditiones, quae dicitur fosata, nec abnubda» (privile'ge de Ferdinand P"", dans Sota, Chro-
nica de los principes de Asturias, p. 6é9); « nulla expeditio qui dicitur fondsado» (Fuero
donné par Alphonse VII, dans Munoz, I, 398).
193
C'était une expédition, une razzia, entreprise, non-seulement par des
soldats de Tarniée régulière, mais aussi par des citadins et des villa-
geois, afin d'aller couper les l»lés de rennenii. Celle bcsrrgne était
confiée à quelques-uns de la troupe, tandis que leurs camarades, re-
tranchés derrière des fossés (de là le nom de fossa(um) ^ leur couvraient
les flancs. On trouve donc souvent les expressions: ire in auuduvam; —
«et quod eant in exercituni meum, et in meani anuduvani» {apud
S'. Rosa , p. 56 6) ; — ire ad annuluha ; — «vos vel succesores vestri
non eant ad fiscale fabricandi iu)perium, castella, seu annuluba, aut
fossalura» (opud Mufioz, p. 261). Appeler les sujets à faire une telle
expédition était un des droits exclusifs de la couronne; — «salvo hoc,»
dit Alphonse III de Portugal (apud Ducange), «quod mihi et successo-
ribus reservo in perpeluum, videlicet colleclam , nionetam, hoste, anna-
duam, apellidum, fossalum , juslitiam,» etc. — Aujourd'hui encore,
comme on peut le voir dans S^ Rosa, adua s'emploie dans TAlenlcjo
et ailleurs, et c'est toujours une expédition, une razzia; mais l'appli-
cation qu'on fait de ce terme est assez comique, car ce n'est plus une
razzia entreprise par des hommes contre d'autres hommes , mais une
razzia que fait une meule de chiens contre les lapins et dans laquelle
ils se secourent mutuellement,
*Le sens di'annuduvay expédition militaire, s'est modifié au moyen
âge; mais avant de parler de cette modification, je crois mieux faire
d'expliquer d'abord une autre acception qu'il a , et qui , bien qu'elle
soit assez rare dans les chartes chrétiennes, l'est moins chez les auteurs
arabes.
*En arabe on disait (voyez M. de Goeje, loco cit.): ^\ lJc^> v-ij.i
^Aa> , littéralement: c appeler [nadaha) une division à une forteresse,»
et cela signifiait: «l'y envoyer pour y tenir garnison.» Plus tard l'idée
d*appeler disparut tout-à-fait, et l'on disait Lix>> ^.ykOj^Ji ^^ v'^-i »
voire même Ix*^^ v^j» «mettre garnison dans un château» (de Goeje).
De là le substantif noudba signifie garnison; Belâdzori l'emploie trois
fois et il se trouve aussi chez 'Arîb, qui écrivait à Cordoue au X* siècle.
Je ne connais, dans les chartes latines, qu'un seul passage où amtpda
ait clairement ce sens (il y en a d'autres qui sont douteux): il se trouve
dans la confirmation du Fuero de Nagera par Alphonse VII, document
qui est de l'année 1156 et où on lit [npud Yanguas, Antig. de Navarra,
25
194
n, 452): «Infanciones de Nagara, qui sunl hereditarii in Nagara, de-
l)ent accipere in exitus, tantum unus infancion, quanlo duo burgenses,
et debent isli infanciones ponere unum mililem qui leneat anupdana,
ubi homines de Nagara necese habuerint, cum caballo et omnibus armis
ligneis et ferreis. » Si je comprends bien ces paroles, elles contiennent
deux dispositions parfaitement distinctes, à savoir; l^. quand il y a une
expédition militaire , la solde d'un gentilhomme doit être le double de
celle d'un bourgeois; 2°. quand il est nécessaire de veiller à la sûreté
de la ville — et ici il ne s'agit pas d'une expédition — le corps des
gentilshommes est tenu d'équiper à ses frais un cavalier qui y iietine
garnison.
"^ Revenons maintenant à annuduva, expédition militaire. Ces expédi-
tions étaient extrêmement incommodes et onéreuses au peuple qu'un
ordre du roi pouvait enlever à tout instant à ses occupations, aux tra-
vaux agricoles, a^ix métiers qui fournissaient des moyens de subsistance.
Aussi l'obligation d'y prendre part est-elle comptée invariablement parmi
les mauvaises coutumes, les fueros malos, et nous avons déjà vu que,
pour alléger ce fardeau, les souverains ordonnaient, dans les privilèges
qu'ils accordaient aux villes et même aux villages, que les habitants de
ces endroits ne seraient tenus de faire l'annuduva qu'une fois par an.
Ils exemptaient aussi de ce service certaines classes de leurs sujets.
Dans une ordonnance d'Alphonse III de Portugal {apiid S*. Rosa) ces
classes exemptées — « non vadant ad anudivam » — sont extrêmement
nombreuses, et le roi ajoute: «Mando et statuo, quod omnes alii homi-
nes Regni mei non vocemus eos ad nudivas, nisi tempore guerrae,
aut tempore magnae necessitatis, et ad frontariam Regni, quod habea-
jnus cos multum necessitate. » Mais les souverains allaient plus loin:
ils permettaient aux habitants de certaines localités de se racheter de
ce devoir en payant une certaine contribution. Déjà dans le Fuero de
Braûosera , qui est de l'année 824, on lit (apud Muûoz, p. 17): «Et
ornes, qui venerint ad populandura ad villa Brano Ossaria non dent
anupda, non vigilias de castellos, nisi dent tribulum;» ce qui signifie
que ceux qui viendraient s'établir à Braûosera ne seraient pas tenus de
prendre part à l'expédition appelée anupda , ni à être de garde dans les
chfiteaux, mais qu'en revanche ils payeraient une contribution. Celte
dernière reçut également le nom à'anvpda. Dans le Fuero de Lara on
lil {apud Mutloz, p. ââl): » Qui heredilarius fucril in Lara, aul iii sua'S
aldeas, et inde vicino, pechet anuda in cada uno anno una enmina de
trigo, et alia de cebada, cl duas ferradas de vino;« et plus loin: «Sed
de campo alcaldes, et arrcndadores, et niulier qui Oliuni non liabuerit,
non pèchent anuda.» Quand elle se payait, non pas en nature, comme
à Lara, mais en argent, les rois employaient cet argent à réparer et
à améliorer les ouvrages de fortification. C'était dans Pordre des choses:
au lieu de soldats, le souverain recevait de l'argent , et il le faisait
servir aux besoins de la guerre ; mais c'est précisément cette circon-
stance qui a induit en erreur le savant S'. Rosa , et qui Ta engagé à
donner de ce terme une explication qui n'est pas la véritable.
Anoria, aûoria, noria (machine hydraulique) de a^^j^UJi {an-nâ'ôra)
qui désigne la même chose.
* Au moyen âge on avait des formes tout-à-fait correctes ; sans l'ar-
ticle: naora (Yanguas, Antig. de Navarra, I, 79, II, 457); avec l'arli-
ticle, mais sans que le / soit assimilé: alnagora (Muuoz, Fueros, I, 365).
*Ante, dante, pg. anta, danta (selon les dicl.: buffle, aussi peau de
buffle). Il y a déjà' longtemps que Quatremère, dans sa Notice sur
Becrt (p. 200 du tirage à part), a observé que le mot port, anta ou danta
vient de Ja-4^ {lamt) , nom que porte , dans les déserts africains , un
animal du genre des antilopes, et M. Millier (qui cependant ne semble
pas avoir connu la noie de Quatremère) attribue avec raison la même
origine à l'esp. ante. En effet, Marmol {Descripcion de Affrica) , qui
écrit quelquefois ante (II, 67 a, 89 c, 97 c) , dit formellement (I, 24
d): «El Dante, que los Alfricanos llaman Lamt.» On se servait de la
peau de cet animal pour en fabriquer des boucliers excellents et fort
estimés, qui s'appelaient en arabe daraca lamt (Maccarî, II, 711, 1. 13),
et en esp. adaragadante (Alcala in voce) , adarga danlc (inventaire chez
Saez , Valor de las monedas , p. 531), adarga de ante (Marmol, I, 42(i),
dargadanle {Catàlogo de la real armerîa , Glosario, p. 6).
A.NZAROTKS (Victor), azarote, azaro, pg, lançarote avec l'article arabe
(sarcocolle). de o^,^JLc ou mieux o.^^i (anzarôt) qui désigne la môme
chose.
''.\riACKA, aûaza. Le premier mot est donné par Tamarid et par
Victor dans le sens de plaisir, divertissement. C'est l'arabe x^îjjJ! (an-
nazdha ou an-naséha) (pas dans Frcylag en ce sens) , qui rst empln\ ô
196
de la même manière par Ibn-Batoula (I, 92), où on lit iL^lj.i j-Ai»^,
«lieu de divertissement.» Chez un chroniqueur anonyme (man. de Co-
penhague, n*'. 76, p. 101) on lit: ^-♦-^ ^î ^t^-A^^^t ^ ^yn* vJU» jj^
o'wPliiJLi ^î , «Le peuple de chaque bazar se réunissait pour se livrer
aux divertissements. » P. de Alcala donne aussi anazea cosa de plazer,
en arabe neziha. Il faut se garder de penser que c'est i^jji; ce dernier
mot n*est jamais autre chose que le féminin de l'adjectif ^-^^ ; c'est
'iJ>\y prononcé à la manière espagnole. En outre ahacéa signifiait foire
selon Nebrixa. C'est encore au'nazéha, qui signifiait en général fêle
(pas dans Freytag) ; Alcala; fiesta de alegria, neziaha (sic), et jusla
por plazer j nezilia. — Ahaza est donné par Victor, «foire qui se tient
tous les ans.» C'est l'arabe K^jJlJî (an-nazha) (pas dans Freytag), fêle,
partie de plaisir; voyez al-Fath, Calâyid, p. 241, 1. 5 a f . éd. de Paris;
Maccarî, I, 437, 1. 10; 585, 1. 3 a f. ; II, 532, 1. 3; Kilâb ahhbâr
al'ùçr dans Miiller, Die lelzten Zeilen von Granada, p. 4 , 1. 6.
*AûAFEA. Papel de ahafea (strasse, papier brouillard, papier gris,
etc.). Plus haut nous avons rencontré le port, anafaya dans le sens de
strasse ou rebut de la soie, et j'ai dit que c'est )kÀjùl\ (an-nafâya ou
an-naféya) , la mauvaise partie d'une chose, le rebut. Ahaféa est le
même mot, et l'on voit que, de même que strasse, il s'employait en
parlant du rebut de la soie, et aussi en parlant du rebut du papier.
AilAFiL,/?^.anafil (trompette), de ^arJ! {an-nafir)({m désigne la même chose.
"^ Aussi anafim (pg.) et danafil (pg.) ; voyez Moraes et Ducange sous
ces mots. — Les Port, donnent le nom de Irigo anafil à une espèce de
froment, parce que la ville d'Anafé (= Dâr-baidhâ), située dans le
Maroc, leur en a fourni la semence (voyez Moraes).
AuÂZMES (bracelet d'or, Cob.) de j*Ji.ÀJi {an-nadhm) qui signifie une
rangée, p. e. de perles.
AûiL, ailir, pg. anil (indigo), de ^-a-âJI (an-n'ir) (du persan nïla).
Même sens.
"^Arac, erraca, pg. araca, araque, orraca, rak (arak). Dans l'arabe
classique ^j-c Çarac) est proprement sueur, et 'arac at-tainr , «la sueur
des dattiers , » est le suc des dattiers. On l'obtient en étêtant l'arbre
et en creusant le sommet du tronc. Le suc qui se décharge dans celte
espèce de bassin, est encore plus doux que le miel et assez liquide;
197
mais en peu de temps il devient épais et acre, el quand on Tu distillé,
c'est une boisson enivrante; voyez Sliaw , Reisen door Barbarijen, I,
221, Hicliardson, Travels in Morocco , II, 208. Ceci est le *arac ou
*araqui proprement dit ; mais par laps de temps ce root est devenu (et
c'est ce qu'il faut ajouter au\ lexiques) le nom général que les Arabes
donnent à toutes les liqueurs fortes; voyez Sbaw, loco cit. Chez Browne
{Reize naar Afri/:a , I, 109) on lit; «On a encore en Egypte une autre
boisson, nommée araki, que les chrétiens tirent des dattes et aussi des
raisins de Corinthe» (comparez p. 114). Diego de Haedo (Topographia
de Argel) écrit (fol. 17 rf, 58 6) arrequi et arrequin , ce qu'il explique
par agua ardienle. Werne (Reise nach Mandera , p. 78) donne araki,
«eau-de-vie;» chez Bocthor on trouve eait-de^vie, 'arac et 'araqui ; la
dernière forme est aussi dans iMarcel, dans Humbert (p. 17) el dans
Hélot. — - Ce mot n'est pas ancien dans les langues européennes ; les
Portugais, les Hollandais et les Anglais l'ont adopté dans les Indes
orientales, où on appelle ainsi une boisson spiritueuse préparée avec
du riz fermenté, du sucre et du suc de noix de coco.
Ara^ickl, [*alanzel, Corles de Léon y de Caslilla, III, 175, 349] («el
décrète, à ley que pone tassa en las cosas que se venden, y en los
derechos de los ministros de justicia » Cob.), de iCJLw-Jl (ar-rtséla) qui
signifle une missive officielle. (?)
* Je crois que M. E. a eu raison de faire suivre cette étymologie d'un
signe de doute, car risélay qui vient de rasala, envoyer, signifle simple-
ment lettre, missive, el ne s'emploie jamais dans le sens de décret ou
loi. Pourtant le mot arabe, d'où vient arancel , doit avoir ce sens.
Je pense que le mot esp. et pg. a perdu sa première lettre, que le n
est de trop (ce que M. E. suppose aussi), et que le / remplace le m,
lettre du même organe. De cette manière nous obtenons maracem, ce
qui répond fort bien à («^U^ (marâsem), plur. de marsoum, qui est le
mot qu'il faut, car il signifie décret, ordonnance; voyez Berggren sous
décret, Humbert, p. 205, Fleischer, De glossis Habicht,, p. 16, Ibn-
Balouta, III, 199, Ibn-Khaldoun, Hist. des Berbères, \, 631, 1. 6 a f.,
H, 535, 1. 8, de Sacy, Chrest. ar., I, 157, l. 6 a f. du texte, etc.
De même que beaucoup d'autres, ce mot arabe a donc passé dans l'esp.
et dans le port, sous la forme du plur. , et comme les arancels ou
décrets, qui fixaient le prix d'une joule de choses (cf. l'Acad.), étaient
fort nombreux, cette circonstance n'a rien (rétranirc.
198
Arcaduz. Voyez alcaduz.
* Arel (grand crible) de JLj^£ {ghirhâl) , crible, tamis, qu'on pronon-
çait garbél; cf. l*art. alvarral.
Argel, fr. arzel (cheval noir ou bai qui a des marques blanches aux
pieds) de J,>,! {ardjel) qui se dit dans la même signification.
* Argolla , pg. argola (grand anneau de fer), de J.-xJi {al-goU) qui a
le même sens. Miiller.
Arraax, errax («los oseçuelos de las azeytunas, quebrantados en la
rueda de\ molino del azeyte, que exprimido dellos y del hollejuelo, los
suelen secar, y se gasta en los braseros de las damas» Cob.)?
Arrabal, [* raval , Sanchez , II] (faubourg), de (j^a-Oi (ar-rabadh).
Je serais porté à croire que la forme primitive de ce mot a été arra-
balde. Comparez alcalde , alvayalde, etc., et p. 23, n". 4 de l'Intro-
duction. [''^ La forme port, est en effet arrabalde],
* Arracadas. Voyez alcarradas.
Arracife, arrecife (chaussée), de ^.A-^^^^ii {ar-racif ou ar-rectf). Ce
mot arabe étant mal expliqué dans les lexiques , il est nécessaire de
citer quelques passages d'auteurs arabes pour en établir la signification.
Dans un passage d'Ibn-Djobair, p. 61, où il est question d'un village
situé sur le bord du Nil, on lit: «Entre ce village et le fleuve il y a
un racif élevé, bâti en pierres, comme une muraille; les vagues s'y
brisent sans pouvoir l'inonder, même au temps de la crue.» Il est
clair qu'il s'agit ici d'une levée au bord d'une rivière y un quai. Voyez
encore ibid., p. 49, Ibn-Adhârî, II, 229, Maccarî, I, 124. Dans le
Cartâs, p. 138, on trouve raçaf dans la même acception. ['^ Ceci est
une erreur; roc fan dans ce passage du Cartâs est le plur. de ractf; cf.
de Sacy, Gramm. ar., I, 367, § 858]. — En outre rectf désigne une
chaussée, comme le dit P. de Alcala au mot calçada camino , et il est
employé en ce sens par Maccarî, I, 305. C'est dans cette signification
que le mot a passé dans l'espagnol.
* M. E. aurait peut-être pu s'épargner la peine d'établir la significa-
tion de ce terme arabe: je l'avais fait dix-sept ans avant lui, dans le
Journ, asiat. de 1844, I, 413. Il se peut aussi qu'il ait négligé un
peu trop de faire sentir le rapport qu'il y a entre les deux significa-
tions du mot, car racif répond tout-à-fait à chaussée, qui, comme on
sait, désigne une levée qu'on fait au bord d'une rivière, et aussi une
199
levée qu'on fait pour servir de chemin de passage. Le catalan avait
la forme assez corrompue raxiha (voyez Capmany, Memorias sobre la
marina de Barcelona, IV, 85). Comparez en outre le Glossaire sur
Edrîsî , p. 306 , et M. Diez , II , 94 , qui observe avec raison que arre-
cife dans le sens dV'cMeiï, fr. récif, a la môme origine. Quant au nom
de la plante cardo arracife, qui a été corrompu en arrafiz , il répond
au terme latin cardmts vulgalissimus viarunif en hollandais wegdistel
(cf. Dodonaeus, Cruydl- Boeck , p. 1249 b)\ comparez l'art, arrecafe.
Arraez, pg, arrais, arraes (capitaine de vaisseau, patron d'une barque),
de jj^j^yi {ar-râïs) qui se trouve dans la même signification chez Ibn-
Batouta, Ibn-Djobair et d'autres voyageurs, bien qu'elle manque dans
le lexique de Freytag.
* Arrafiz (chardon, plante) est une altération de arracif, qui est pour
cardo arracife. Voyez ma note sur l'art, arracife.
ARRAmAiN, arrayan (espèce de plante), de QL:5=\jJi (ar-raihân), « herba
odorata , cui nomen ocymum est. »
*En Espagne, toutefois, ce mot ne désignait pas l'ocymum, c'est-à-
dire, le basilic; du moins ce n'était pas sa signiOcation ordinaire, ni
chez les Arabes, ni chez les Espagnols. Dans l'origine sa signification
était fort vague, car il désignait en général toute plante odoriférante;
mais déjà dans la langue classique j^y^\ o'^^H) {''^(iihàn des tom-
beaux») est le myrte (voyez Lane). En Espagne et dans le nord de
l'Afrique, raihân seul avait ce sens, sinon chez les botanistes (cf. Ibn-
al-Bailâr), du moins chez le peuple. Dans le Glossaire sur le Mancourt
par Ibn-al-Hachchâ (man. 531 (5), fol. 151 r°) on lit à l'article (jTj
{as, le nom classique du myrte): v^i^t ^ (jo^AOjS'^'i ^^^^\ ^
^^L^oJb, «c'est l'arbre qui, dans le Magrib, porte le nom de raiLln »
et plus loin à l'article raihân (fol. 160 r«) : J^\ ^jx^\ J^l ^ ^^-^^
\o3y Lxa.-^.ja-i=".-j" , «les Magribins appliquent exclusivement ce mol au
myrte, ce qui est un néologisme.» Dans les Mille et une nuifs (F, 116
éd. Magnaghlen) c'est aussi le myrte. Aujourd'hui cet arbre porte encore
ce nom au Maroc (Dombay, p. 72), en Algérie (Humberl , p. 50) et au
mont Liban (Berggren, p. 864). On sait qu'en espagnol arraihan ou
arrayan désigne aussi le myrte.
• Arrayaz est oînployé pnr les rhroniqueurs du moyen Age 1". dans
200
Je sens de gouverneur (Barrantes Maldonado, dans le Mem, hisl, esp., IX,
260: «el Arrayaz de Mâlaga , » «el arrayaz de Giiadix,» etc.), ou 2^
dans celui de capitaine de vaisseau (Chron. de D. Alonso X, fol. 44 a), et
alors c'est l'arabe (j^j'^^i (ar-râïs) qui a les mêmes acceptions; 3*^. dans
celui de district, gouvernement (Barrantes Maldonado dans le Mem. hist.
esp. , IX, p. 257: «la tierra de la Arrayaz de Mâlaga), ce qui en arabe
serait iC_A*,LJ^_ii (ar-riâsa) ; mais peut-être faut-il lire : « del Arrayaz. »
* Arre. Voyez arriero.
*Arreas, arreaz, arriaz pg. («boucles sans pointe mobile, par les-
quelles passent les étriviéres» Moraes). Comme cet arreàs est un plur.,
et que par conséquent le sing. , s'il était en usage, serait arreà, je
présume que c'est h^jC Çorwa) , que P. de Alcala (sous lazo de çapatos)
prononce argua.
* Arrebate (pas dans les dict.). Dans la Cronica de D, Alonso XI
(p. 550) on lit que, lorsque le comte de Derby et celui de Salisbury
furent arrivés auprès de ce roi, celui-ci «dixoles, que las sus gentes
dellos non eran sabidoras de la guerra de los Moros, et por eslo que
era menester que mandase cada uno à los suyos que non saliesen à los
arrebates de los Moros, salvo quando viesen salir alla el pendon del Rey
de Castiella. » C'est l'arabe ^b Jî (ar-ribât) , poste, lieu où l'on a placé
des troupes,
*Arrebique, arrabique, rebique pg. (rouge, fard). Ce mot a toute
l'apparence d'être d'origine arabe, et le terme **î5^-a-j^ (rabic ou reine)
existe dans cette langue. Il est vrai qu'il désigne plusieurs espèces de
mets composés de divers ingrédients; mais comme il dérive de la racine
rabaca, mêler, il ne signifie dans l'origine rien autre chose que mélange,
et il se peut qu'on l'ait appliqué à une composition comme le fard.
J'avoue toutefois que je ne puis pas prouver qu'on Ta employé en ce
sens ; ce que je viens de dire , n'est donc qu'une simple conjecture.
* Arrecadas pg. Voyez alcarradas.
* Arrecafe (espèce de chardon). L'Acad. cite pour ce mot un passage
de l'Hisl. de Charles-Quint par Sandoval, où on lit: «unos cardos que
llaman arrecâfes. » Je me tiens persuadé que ce doit être un c cédille,
et que ce mot a la même origine que cardo arracife el arrafiz; voyez
ma note sur arracife. En effet, Tesp. a eu aussi le mot arrezafe dans
le sens de: lieu plein de chardons, de ronces, etc.; et l'Acad., comme
Pavait déjà fait Cobarruvias, compare ce terme à celui qu'a employé
Sandoval.
Arrelde, [*arratc, arrel] , pg. arralel (espèce de poids) de ^hjJ\
(ar-rad).
* Arrbquife (pointe de fer pour éplucher le colon) semble être une
altération d'un mol berbère, car dans cette langue la pointe d'un instru-
ment trancbant s'appelle ^~^^^} (ikhf). On aura dit avec l'arlicle al-
tkhf; puis, le / ayant été cbangé en r par des ouvriers arabes qui ne
connaissaient pas l'origine du terme, ar-rtkhf-, ce qui à la fin est
devenu arrequife,
Arreqcfve (espèce de garniture d'habit). Dans les lexiques v*-ts-^^
(regutb) n'a que la signification très-générale de impositus, inserlus;
mais comme le mot tarqutbaf qui vient de la même racine, désigne
une bordure (Tune éio/fe di/fcrente appliquée sur une robe (cf. Quatremère,
Htst. des suit, maml, , II, 2, 78), je serais porté à croire que rcquib a
élé employé dans un sens analogue, et que par conséquent le mot
espagnol en question est l'arabe ar-requib,
Arrexaque, arraxaque (fourche à trois pointes) de KïUiyi (ar-rcchâca)
qui manque dans les lexiques. Voyez P. de Alcala aux mois arrexaque
et tridente arrexaque. Le mot espagnol en question désigne encore une
espèce d'oiseau [*le martinet noir], auquel on aurait donné ce nom
■ por lener las garras como garfios» Cob. (?).
* Arrezapb. Voyez arrecafe.
Arriates « los encailados de los jardines, de arnad que vale jardin.»
Ce renseignement du P. Guadix {apud Cob.) est exact, car P. de Alcala
traduit arriate et jardin par (jrLj, riâd, pi. aritda. Ce riâd est, à
l'origine, le pluriel de raudha,
* Il est fort remarquable que le plur. riâdh est devenu un singulier ,
non-seulement dans la langue parlée , mais aussi dans les livres. On
lit p. e. dans une Histoire des Hafcides (dans le Journ. asiat, de 18hil.
], .S6): »;j>tn<->^ S\^ e5^l «^4; j^^ O^*^^^ "^ c>J3o , «j'allai lui
faire une visite dans le doccân , qui était son jardin en dehors de Con-
slantine. • Plus loin (p. 62): .aJCI tjio^^ ^ ïLPjJ ^^J ^^U', «il était
pour son amusement dans son grand jardin. » El de même dans le
Carias (p. 161, I. 8 a f.) : ^^^t «^b; » «son grand jardin.» Alais en
Andalousie il n*a pas conservé ce sens. Je ne sais s'il a réellement
2G
eu celui que lui allribuent Tamarid dans Cobarruvias («calçada, ca-
niino, à passo») cl Viclor («une chaussée, un clieniin étroit»), mais
que TAcad. n'a pas admis. Elle ne lui donne que celui de: «sepinien-
liim, virgullis el floribus refertum, hortos muniens et cingens. » Com-
parez avec celte acception celle que riâdh a aujourd'hui en Algérie:
parlerre de fleurs (Hélol ; Delaporle, Dialogues, p. 145, 175).
Arriaz, arrial (garde d'épée) de o^LjJt (ar-riâs), «capulus ensis. »
* Arricaveiro a. pg. S\ Rosa donne ce mot; mais l'ayant confondu
avec un autre, il ne l'a pas compris. Le texte qu'il cite est un docu-
ment de l'année 1590, dans lequel le roi Jean P"^ donne à Diogo Affonso
l'emploi de «anadel (^^l^i) das gentes de cavallo, e pioens, besteiros e
arricaveiros. » Ce mot, dans lequel eiro est la terminaison port., répond
à l'arabe ^çi^J^ (ar-iicâbî) , de ar-ricâh, élrier , celui qui tient rétrier;
voyez Freytag et comparez Diego de Torres, Relation des Chéri fs, p. 516:
« Il y a aussi à la cour d'autres gentilshommes comme ordinaires, ou
de la garde à cheval, qu'on nomme Riqueves , qui sont de l'élrier du
Roi ou écuyers, et ont leurs chevaux dans son écurie.»
* Arricises (courroie courte qui est au-dessus de la selle et à laquelle
on attache les étrivières) doit venir de sjJ! (ar-razza), qui signifie pro-
prement ganse. Le plur. de ce mot est ar-rizâz (Aie. sous visagra de
mesa) y ar-riztz par suite de Vimâla, et c'est à celle forme (la termi-
naison es étant le plur. esp.) que répond en tout point arricises.
*Arriero, pg. arrieiro (muletier). On sait que dans le midi arre^
harrCf prov. mod. et ital. arri, est le cri des muletiers pour animer
leurs bêtes, et que de ce cri on a formé le mot qui sert à désigner un
muletier. Selon Marina, c'est «^ -.^ (harr^ harr)» (dans Freytag ..p
(harr) est « modus quidam increpandi camelum »). Diego de Urrea et
le P. Guadix {apiid Cobarruvias sous harre) disent que c'est ij^.s> (harric)^
impératif de harraca, «que vale miieveter> (ce verbe signifie bien mouvoir,
mais non pas se mouvoir). M. Mliller, enfin, pense que c'est kôLo i^L=>
{harêc, haréc) , c'est-à-dire, l'infinitif employé au lieu de l'impératif (un
tel infinitif n'existe pas; il n'y a que le substantif harâc qui signifie
mouvement, et à la T*^ forme on ne trouve que haroca, «motus est»).
Toutes ces étymologies sont erronées. Sousa semble être plus près de
la vérité quand il dit que c'est ^j,t, car un orientaliste de mérite, qui
a entendu ce cri en Algérie, M. l'abbé Barges, s'exprime en ces termes
203
(dans le Joui H, asiat. de 1845, II, âl6): «Les muletiers africains rcpo
leul le mol etrih quand ils veulent précipiter la marche de leurs bêles. »
Est-ce que nous chercherons à présent l'origine de ce raot"^ Je crois
que ce serait de la peine perdue , car à mon avis c'est un cri comme
il y eu a tant et qui ne signifie absolument rien. Les mulets le com-
prennent , et cela suilît.
' Arrims (art, manière, action d'approcher du but, en jouant au
boulet) de éL/«-J| (ar-rimé), TinGnilif de la 3* forme du verbe rama,
«cum altero jecit, jactu ccrlavit,» Millier.
• AiRioz pg. (petit caillou rond dont se servent les enfants dans le
jeu appelé alguergue) rappelle le mot qu'emploient les voyageurs pour
désigner les petites pierres dont on se sert dans ce jeu ou dans un
autre qui lui ressemble, à savoir ,j^,^ {dris)\ voyez Niebuhr, Reize naar
Arabie, I, 160, Brownc, Reize naar Afrika, II, 78, Berggrcn, p. 515,
Carterou , Voi/agc en Algérie, p. 456, 479. Comparez aussi l'art, i-j^
dans Freylag.
Arrizafa (jardin royal, Victor) de iCsLoJt {ar-roçâfa) qui était le nom
d'un jardin magnitiquc auprès de CordoQe. Il y en avait aussi un à
Valence [* dont le nom, Uusafa, s'est conservé jusqu'à nos jours; voyez
Fischer, Gemâlde von Valenciaf I, 59]. Cf. Maccari, I, 111; II, 149;
[*cf. rindex].
Arroba (nom d'un poids et aussi d'une mesure) de ^^J^ (ar-rob*),
le quart.
• Arrocabe (pas dans les dict.) a deux sens selon la Carpinieria de lo
blanco, à savoir 1°. le madrier qu'on place sur la muraille en forme de
frise; S*, loul ornement en forme de frise. Je pense que c'est v^j-^^
{ar-roccâb), plor. de ^^J\ (ar-râquib), littéralement inequilantes , c'est-
à-dire, les madriers qui sont au-dessus de la muraille comme un cava-
lier est sur son cheval; seulement les charpentiers espagnols se sont
trompés en donnant à ce mot le sens d'un singulier.
• Ariukoba (pas dans les dict.) est, d'après la Carpinteria de lo blanco:
un madero |>erpendicular que sobresale de las limas, y sirve de punto
de a|>oyo al tejado, et je jKinse que c'est ,^k^^\ {ar-rocob) , plur. de
w'J'Jt (ar-ricdb). Ce mot signifie ctrier, mais il s'emploie llgurément
|K)ur imni d'appui, signification qui man(|ue dans les dict., mais qui
est précisément celle qui convient pour Pesp. arrovoba. En voici quel-
204
ques exemples: Ibn-Khaldoun , ïlisl. des croisades, p. 46 éd. Toruberg:
LiL5\ [lisez LP^Âi^jj) \.?^<X>^^Xi^ L5>^iCJL^j ^i ^ ^h IxJ^ J^U/oAj ^^O^g.\^^
K2^ ^^^-s^ s^aX^^ , «ils leur donnèrent rendez-vous à Damietle, dans
Tespoir qu'ils réussiraient à s'emparer de cette ville et afin qu'ils s'en
servissent comme d'un point d'appui pour conquérir l'Egypte.» Le même,
Autobiographie y raan. 1550, t. V, fol. 212 v°: «Alors il envoya une lettre
à Omar ibn-Abdallâh, le priant de lui céder une des villes que les
Merinides possédaient dans l'Andalousie ^i ^j*Jî ^^JIJ LjLi'^ ^^S ^^xiî
^^S^.=>- «et qui leur servaient de points d'appui toutes les fois qu'ils
entreprenaient la guerre sainte» (traduction de M. de Slane dans les
Prolégom,, I, p. xlii). Voyez aussi son Hisl. des Berbères, I, 245, 1. 16,
II, 179, 1. 14, p. 548, 1. 12, p. 495, 1. 14; Maccarî , II, 716, 1. 18.
L'observation que j'ai faite sur le mot qui précède s'applique donc aussi
à celui-ci: c'est proprement un pluriel.
* Arrogovas ou arrotovas, b.-lat. S*. Rosa (p. 159 b) cite ces paroles
qui se trouvent dans le Forai de Soure, de l'année 1111: « Sculcas omnes
ponamus nos intégras per totum annum , et vos omnes arrocovas,» et
il ajoute que, dans la confirmation, laquelle est de l'année 1217, on
trouve arrotovas. Il est fort difficile de choisir entre ces deux leçons ,
car, par un hasard singulier, l'une et l'autre nous présentent un mot
arabe qui est l'équivalent de sculcae (sentinelles avancées). Arrocovas
serait i-lj:i^i\ (ar-rocabâ) , plur. de ar-raqutb , et arrotovas serait ^-.^j'Ji
(ar-rotlab) , pi. de râtib, terme sur lequel il faut consulter M. de Goeje
dans son Glossaire sur Belàdzorî, p. 42. Ces deux mots sont synony-
mes, car Zamakbcharî, que cite M. de Goeje, écrit: «On dit: il a posté
des atalayas dans les marâtib et dans les marâquib, ce qui signifie, les
endroits où sont les rocabâ sur les montagnes. » Nous nous voyons
donc dans un étrange embarras, et même si nous connaissions parfai-
tement la différence entre les sculcae et l'autre terme, l'arabe ne nous
en tirerait pas.
Arrope, rob, pg. robe (du moût cuit, sirop de raisin, de miel, de
mûres) , de ^J\ (ar-robb) qui désigne ; le suc des fruits qu'on fait cuire
jusqu'à ce qu'il s'épaississe.
Arroz (du riz) de ^ Jî (ar-rozz).
^ Arruda pg. (rue, plante). L'auteur du Mostaini (man. 15, art.
205
\^\X^) donne rula, qui csl cxaclemenl le mot laliu, couiuie le lenuc
qui, de son temps, désignait la rue chez les Espagnols {xb^^ iU.tJf\ià\S) ;
mais déjà dans la première moitié du X11I° siècle c'était chez les Ara-
bes d'Espagne le terme ordinaire par lequel ils désignaient celte plante,
car Ihn-aUHachchâ , qui écrivait dans ce temps-là à Tunis, dit à Far-
licle s-»'J^: *-j^^-^t ».AxJi m'^ \^^^^ ^^^^xâJi ^4-MM.^ii o'--^l j^, oc'est
la planle qui s'appelle faidjan et à laquelle le peuple en Espagne (c'est-
à-dire, les Arabes d'Espagne) donnent le nom de rular> [Glossaire sur
le Mançourî, man. 351 (5), fol. 171 r"). P. de Alcala (sous ruda yerva
coHocida) donne aussi rûla comme le terme arabe, et ce mot est encore
en usage dans le Maroc (Dombay, p. 73). Le port, arruda est donc
iLb.yt (ar-roiiia) ; seulement le t a été adouci en d, comme dans ruda
(pg. et esp.) qui vient directement du latin.
Arsëwal, atarazana, [* darsena] (arsenal), de iCcLÀ->o .ÎJ (dâr-cinâ'a)
qui désigne en général maison de construction , fabrique. Chez Edrîsî
(fol. 14 r"") il se dit en parlant d'une fabrique de maroquin. Dans un
passage d'Ibn-Khaldoun (Prolcg., man. 1350, fol. 96), le calife Abdal-
melic ordonne à llasan ibn-No'màn de bâtir à Tunis « un dâr-cinâ^a
pour la construction de tout ce qui était nécessaire à l'équipement et
l'armement des vaisseaux.» C'est dans cette acception spéciale que le
mot a passé dans presque toutes les langues européennes. Voyez Jal ,
Gloss, naut.
* M. Millier accepte cette étymologie pour arsenal, mais non pas pour
alarasana, qui, à son avis, est 'xJl^^J {larskliâna) , mot qu'on trouve,
avec le sens à.' arsenal, dans les Mille et une nuits (Glossaire de Habicbt
sur le VIP volume de son édition) ainsi que chez M. Lane {Modem
Egyptians; dans l'édition dont je me sers et qui est la 3% celle de
1842, c'est t. 1, p. 165: «The Council of the Tarsldiàneh, or Navy-),
et qui , dans les journaux égyptiens , s'écrit xiL^J (tarsâna). Je dois
avouer que je ne suis pas de cette opinion et qu'à mon avis la dériva-
tion proposée par AI. E. est la véritable. Voici mes raisons: 1^. alara-
zana a conservé en espagnol le sens de fabrique, tandis «jue le terme
dorni.' par M. Mullcr n'en a d'autre que celui d'arsetuiL En Espagne,
atarazana est: le hangar sous leciuel les cordiers travaillent à
couvert, «rudior aula, oblonga tamen , a pluvia lecta, in qua funarii
206
opifîces funes fabricant» (Acad.). C'est évidemment /a^n-^ue, et j'ob-
serverai en passant que «seda arsanayada,» dans un inventaire publié
par Saez (Valor de las monedas, p. 527 a), est aussi: de la soie fabri-
quée dans le dâr cinâ'a. 2^. Pedro de Alcala traduit ataraçana par dar
a cinââ ; selon toute apparence, c'est donc aussi le même mot. 5°. Le
terme donné par le savant bavarois n'était pas en usage parmi les Ara-
bes d'Espagne; du moins je n'en ai jamais trouvé la moindre trace.
Voyous à présent ce que c'est! M. Miiller avoue qu'il n'en connaît pas
l'origine, et en effet, on ne peut en expliquer, par l'arabe, le persan
ou le turc, que les deux dernières syllabes khâna, car c'est un mot
qui , en persan , signifie maison ; encore ce mot a-t-il disparu dans l'au-
tre forme, tarsâna, et quant à la syllabe tars, il est impossible de l'in-
terpréter. Le fait est que le terme n'est pas ancien et qu'il n'est usité
qu'en Egypte. Or, «on a fait en Egypte, pour ce qui concerne les
termes de marine, de larges emprunts aux langues d'Europe, principa-
lement à l'italien,» dit avec raison M. d'Abbadie (dans le Journ. asiat.
de 1841, 1, 585), et je pense que le mot en question est aussi d'ori-
gine italienne. L'arabe dâr cinâ'a, dâr-aç'cinâ'a (Ibn-Batouta, IV, 356),
dâr''aç'çan''a (Ibn-Batouta, IV, 557, Maccarî, II, 741, 1. 2), ou dâr
çan'a (Ibn-Djobair, 331, Ibn-Batouta, IV, 356, Ibn-al-Khatîb dans le
Bulletin des séances de l'Acad. de Municb, année 1863, II, 7, 1.6 af.),
a passé dans l'italien sous la forme darsena, et les Egyptiens, qui n'y
reconnaissaient pas un mot arabe, en ont fait larskhdna. Ils étaient
accoutumés à ce mot khâna, qui, joint à un autre, désignait chez eux
une foule d'établissements publics , et de cette manière le terme ne
manquait pas absolument de sens; plus tard toutefois, comme ils sen-
taient que le kh n'est pas dans le mot italien, ils ont dit tarsâna.
C'est donc un de ces mots très-nombreux qui sont d'origine arabe, mais
qui, après avoir passé par une langue européenne, sont retournés aux
Arabes, chez lesquels ils ont reçu une forme qui les rend presque
méconnaissables <.
1) Le terme en question est aussi en usage à luni» , mais ce que j'ai dit des termes
nautiques de l'Egypte s'applique aussi à ceux de la Tunisie. Selon Naggiar ioL.^A«J)
[terskhâna) est à Tunis chantier, et KÂ/gv.i,> (darsna), la darse. Ce sont deux corrup-
tions du même mot arabe. — Quant au mot [j^S.^ (tarrâs) que compare M. 3Iùller et
207
* AsBQUi (droit que payait, dans le royaume de Murcie, celui qui
possédait plus de cent têtes de petit bélail) de ëLi'p! {az^zecât ou az-
zequti), nom d*un impôt sur le béfail. Aux lermes de la loi musulmane,
le contribuable doit un mouton sur cent, une chèvre sur cent, un bœuf
sur trente, un chameau sur quarante. Comparez azaqui.
*AsBSLNO, pg, assassino (assassin). Tout le oaonde sait aujourd'hui
que c'est j^Li.r> (hachchàchi) ou ^_^^iwJi.> {hachtcht) (Edrîsî , 1 , 359
trad. Jaubert, Ibn-Khaldoun, Prolégom., I, 122, 1. 4), et que les ter-
ribles Ismaéliens ont reçu ce surnom à cause de Tusage qu'ils faisaient
du hachich. En esp. et en port, le terme est relativement moderne et
ne semble que la transcription du mot français.
* AssARiA pg, (espèce de raisin; Taccenlualion de Vieyra: assarîa, est
vicieuse; il faut prononcer: assâria, comme on trouve chez Moraes).
Par allusion aux doigts effilés des jeunes filles, les Arabes ont donné à
une espèce de raisin de forme allongée le nom de: «les doigts des jeunes
filles,» des j^^^Jvc Çadzârt), On l'appelle aussi par abbrévialion al-'inah
aWadzârt (le raisin 'adzdrï) , ou 'adzâri tout court , et c'est de là que
vient le mot port. Voyez le Glossaire sur Edrîsî, p. 344, 5S9.
Atabal, [*alambal, Sanchez, IV] (sorte de tambour), de J..-*^LiJ! {al-
tahï), «tympanum.»
* Atace.na. De même que les éditeurs du Cancionero de Baena, j'avoue
que je ne comprends pas ce mot, que Baena emploie deux fois, p. 442
cl 471.
* Atacir n'est pas dans les dict., mais il semble avoir eu droit de
cité au XIII* siècle. Dans les Lihros de Astronomia d'Alphonse X on
trouve (I, 206—208) un petit traité intitulé: «De saber cuemo se fazen
las armillas del atacyr en la espéra , et egualar las casas segund la
opinion de Hermès , et cuemo obren con ellas. » Le mot est écrit atazir
t. II, p. 67, 68, 155, et plus loin (II, 295 et suiv.) on rencontre le
Libro dell ataçir, dont le Prologue commence ainsi: «Este es el prologo
del libro en que fabla del estrumente del levantamiento, et dizenle en
qui se trouve dans les Hille et une nuits avec le sens de chargeur et dèchargeur de
marchandise i t il n'a rien à faire avec celui dont nous avons parlé dans le texte. M. Fleî«
scher [De glotri$ Ilahichtianis , p. 74, 76, n. S) a démontré, il y a longtemps, qu'il
faut le mettre en rapport avec (jmJjLa et le grec d'VçeôÇf et que c'est proprement: un
homme qui se sert d'un lerier pour soulever des fardeaux.
208
aràvigo alaçir. Porque vemos et enlendemos que non pucde orne llegar
â saber las cosas granadas de los fechos desle miindo, assî cuemo la
quanlia de la vida dell ome et de las cosas que acaescen de mal et de
l)ien, à menos de saber el levantamiento â que dizen alaçir.» C'est
l'arabe ^.-A-SLxJî {al-iathir) , qui signifie influence; mais avec ou sans
^Ay:f^\ {^y^^\ ^-aSUJî, Ibn-Khaldoun, Prolégom., I, 203, 1. 1, 209,
1. 2 a f.) c'est spécialement: l'influence qu'exercent les étoiles, soit sur
d'autres éloiles, soit sur des objets différents, p. e. sur les choses d'ici-
bas, sur la destinée des individus, etc. Voyez mon Glossaire sur Ibn-
Badroun, p. 80. Ce terme est fréquent dans les livres qui traitent de
l'astrologie (comparez, p. e. , le Catalogue des man. orient, de Leyde,
III, p. 128). Dans celui de Fakhr-ad-dîn Râzî (as-Sirr al-mactoiim,
man. 986 et 810) on trouve un chapitre intitulé: «..l-ïi ^^c^ vl>'^^ i_^
JLxit lÂ^ ^i y^S^\j,<.\\ .^il'J Si\ ^xî , f Réponse aux objections de ceux
qui nient l'influence des astres sur ce bas monde.»
Atafarra , ataharre, ['^ arag. atarréa], pg. atafal (croupière), de ^àiit
(alh-thafar) que Boclhor traduit par croupière.
* Atafea (trop grande quantité d'aliments dans l'estomac et l'indiges-
tion qui en résulte). Le verbe ^ih (lafaha) signifie: «plenus ad redun-
danliam fuit,» et il est certain que aiaféa vient de cette racine; seule-
ment la forme qui convient n'est pas dans les lexiques. Aiaféa doit
répondre à K>Uyi (at-taféha); mais dans ce cas il faut supposer qu'on
a dit au prétérit iafoha, ce qui n'est pas impossible, car ce verbe est
réellement un verbe neutre. Le mot esp. serait donc le nom d'action
(forme icJL*J ; cf. de Sacy, Gramm. ar,, I, 285, § 633). Il se peut
aussi que ce soit le nom d'action ordinaire, al-tafh, prononciation adou-
cie al'tafah ; comparez le mol qui précède (ath-thafar, atafarre, arag.
atarréa) et azolea.
* Atafera pg. (cinla de esparlo para fazer azas aos ceirôes, Moraes)
de Sj-A-â-A^a-iî (adh-dhaftra) qui désigne toutes sortes de choses qui sont
tressées, la racine dhafara signifiant tresser.
Atahona, tahona, pg. atafona (moulin), de xly^\L.l\ (ai-lâhôna) qui se
trouve chez P. de Alcala dans la même signification. De aiahona s'est
formé le verbe atahonar ; on a eu tort de le dériver directement de
Tarabc tahhana (moudre).
Atahorma» pg. allaforma (espèce d'aigle qui a la queue blanche). Le
substantif x^yL» (laforma) de P. de Alcala m'élant tout-ù-fait inconnu ,
je ne suis pas à même de décider s'il est l'original du mot espagnol en
question, ou bien s'il n'en est que la transcription en caractères arabes. —
Est-ce que ta forma serait un mot berbère, comme semble l'indiquer le
préfixe ia^
Ataipor (écuelle) de^ji-^^i {at-taifôr). Ce mot arabe, qui manque
dans les lexiques, désigne, suivant M. Cherbonneau [* dans le Journ.
asiat. de 1849, I, 67], un basshi en cuivre. En effet, il se trouve plus
d'une fois chez les auteurs arabes dans cette signification. Voyez Ibn-
Batoula, H, 54, 76, Maccari, II, 534, 799, etc.
* J'avais déjà traité de ce mot dans le Journ, asiat. de 1848, 1, 100 — 102.
Ataire (chambranle, moulure). En arabe SjJiA-iî (ad-dâïra) signifie
res ainbiens alteram. Ce mot aurait-il été usité comme terme d'archi-
tecture dans un sens analogue à celui de l'espagnol ataire?
* Oui , on le trouve en ce sens chez Edrîsî, p. 209, l. 5 de l'édit.
de Leyde.
Atalaya (tour où l'on fait le guet) de iUiLiail {at-tâWa), mot qu'on
trouve chez P. de Alcala dans une signification analogue à celle que
les lexiques donnent à matla\ savoir celle de spécula. L'un et l'autre
mot dérivent de la racine lala'a (épier) [* lisez: être sur une hauteur;
pour exprimer l'idée à'èpier on emploie la 8^ forme ; voyez Alcala sous
atalayar et especular],
* M. Defrémery aime mieux faire venir ce mot de A^JlLii! {al-talVa) ,
«ce qui rendrait compte,» dit-il, a de la lettre y qui se trouve dans
l'espagnol ; » mais ni at-talVa ni al-tâlVa (comme chez M. E.) n'aurait
donné atalàya. Le fait est qu'on n'a pas bien compris ce dernier mot
et qu'on s'est laissé tromper par les dictionnaires esp. et port. Tous
ceux que je puis consulter donnent d'abord : l'endroit où l'on fait le
guet; ensuite: l'homme qui fait le guet. Sous un point de vue prati-
que, cet ordre est bon, le second sens ayant vieilli et le premier étant
encore eu usage; mais pour pouvoir donner l'étymologie du mol, nous
devons nous attacher au second, car autrefois atalaya signifiait con^
blamment l'homme qui fait le guet. Ainsi on lit dans la traduction
du Forai de Thomar, de l'année 1162 (apud S*. Rosa): «Alalayas pon-
hamos nos a raeyadade do anno, e vos a meyadade. » Dans les Parlidas
27
no
(l'Alphonse X (Pari. H, Ti(. xxvi, Ley x) : «Et como quicr que sea
imiy peligroso el oficio de las alalayas porque lian â estar lodo el dia
cataiido â cada parle,» etc. Dans les Opùsculos légales du même roi
(I, 115): oE dezimos, que asi como las atalayas son puestas de dia
para fazer estas dos proes , para guardar por vista los que son en
gucrra que no reciban dailo de los enemigos, é para mostrarles como
les puedan fazer mal , asi las escuchas los guardan de noche por oyda
dosa misma manera.» Chez Mendoza [Gmrra de Granada, p. 65): «Lo
que ahora llamamos centinela , amigos de vocables eslranjeros, llamaban
nuestros Espailoles, en la noche, escucha, en el dia, atalaya ; nombres
harlo mas propios para su oficio. » Un demi-siècle après la mort de
Mendoza, un auteur murcien, Cascales, employait encore atalaya dans
cetle acception (Discursos hist. de Murcia , fol. 136 h : «pusieron guardas
i alalayas en diversas parles»). C'est l'arabe ^j^bJt (at-talâyi'), qui,
quant à la forme et quant à la signification, répond en tout point à
alalâya, car c'est le pluriel de iC-».^.LLiJî (at-taWa), qu'Ibn-Batoula
(IV, 17) emploie dans le sens de sentinelle; mais au sing. ce mot est
rare; ordinairement on dit au plur. at-talâyi', les sentinelles; voyez
p. e. le passage de Zamakhcharî cité par M. de Goeje dans son Glos-
saire sur Belàdzorî, p. 42 (sous v-j;). Il n'est donc pas étonnant que
ce mot ait passé dans l'esp. et dans le port, sous la forme du pluriel.
Il est vrai qu'on lui a donné le sens du singulier, mais c'est parce
qu'on n'en comprenait pas l'origine; en outre cela est arrivé à beaucoup
d'autres mots, et arrocova est un exemple lout-à-fait analogue. C'est
aussi par calachrèse que les Esp. et les Port, ont donné le nom à'alalaya
à la tour, au beffroi, où se trouvent les sentinelles. Pour désigner
cette tour, les Arabes avaient un autre mol, mais dérivé de la même
racine ; c'était iCxill? {tâli'a) , au plur. ^lKk> {tawdli'), P. de Alcala le
donne sous atalaya (qui chez lui est tour, car pour sentinelle il dit
atalayador)y et on le trouve chez Maccarî, H, 714, I. 4.
Atalvlna, talvina (espèce de bouillie faite de son et de lait), de
isÂAAJlxit (al'talbina) , mot qui dérive de laban (du lait), et que P. de
Alcala traduit par cahinas de levadnra, talvina de qxialquier cosa.
Atanor (tuyau de fonlaine, orifice) de ^^^ii (at-tannôr) , mot qui est
expliqué chez Freylag par lociis quiUhet uhi scaltirit aqua , alque uln
se colligit in, valle. P. de Alcala le traduit par alanor et par boca de
211
fiozo. En eti'ul, il se trouve dans celle sigiiilication chez Ibii-Haloutîi ,
1, 518.
* Le terme tannôr est d'origine araniéenne ; il est composé de deux
mois, à savoir |n (/an), en chaldéen finx {alloun), qui signifie fourneau y
et "Hj [mur), qui signifie feu (voyez liesenius, Thcsaurus, p. 1515);
c'est donc fourneau du feu. Les Hébreux disaient iian (lannour) pour
four, et c'est d'eux que les Arabes ont reçu ce terme, qu'ils emploient
dans le même sens. On trouve aussi alanor dans cette acception chez
Duarle Nunes de Leîîo, mais comme un mot arabe, et Ton sait qu'au
moyen Age les alchimistes donnaient le nom de alanor (ou alhanor) au
fourneau dont ils se servaient II semble étrange au premier abord que
ce terme ait reçu une acception tout-à-fait différente , à savoir celle
qu'a indiquée M. E.; mais cette circonstance paraîtra moins singulière
quand on saura 1**. que les Arabes n'ont jamais connu la véritable
signilication de ce mol qui n'appartenait pas à leur langue; 2^. qu'ils
ont été frappés par la forme particulière de celle espèce de four, cl
que c'est par allusion à cette forme qu'ils ont détourné le sens du mot.
En effet, le tannôr dans lequel on cuit le pain, est souvent un trou,
pratiqué dans le sol, qui est large à sa base, mais qui se rétrécit vers
son orifice (voyez Lane), de sorte que cet orifice ressemble assez à celui
d'une source ou d'une fontaine. On a donc appliqué le mot à « Ten-
droil d'où jaillit l'eau» (Lane), et je crois qu'il faut lui donner le même
sens dans deux passages parallèles du Coran (XI, 42 et XXIII, 27),
que les commentateurs musulmans ont expliqués de diverses manières,
dont quelques-unes sont assez ridicules (voyez Lane). Il y est question
du déluge; Noé a construit son arche, on le raille, il répond à peu
près: «Rira bien qui rira le dernier,» «<et il en fut ainsi,» dit le
texte, «jusqu'au moment où notre ordre (l'ordre de Dieu) fut donné,
et où ^y<jù\ .Ls.» Je traduis: «et où l'ouverture fit jaillir les eaux.»
Celte locution correspond à cette autre: «les cataractes du ciel s'ouvri-
rent,» comme l'a fort bien observé M. Kasimirski dans sa traduction
du Coran (quoiqu'il n'ait pas compris le véritable sens de tannôr) , car
Ibn-aUKhatib (dans Millier, Beilrùge , p. 29) l'emploie en parlant d'une
averse, et cette interprétation me paraît plus naturelle que celle de
((uelqncs commentateurs musulmans (cf. aussi Ibn-Baloula, II; 95) qui
font jaillir l'eau du déluge de l'orilice d'une .source; c'est bien la vcri-
212
table signilicalion du mot, mais je pense que dans le Coran il est em-
ployé métaphoriquement. Au reste, voici encore quelques exemples de
Tacceplion hoca de pozo (Aie): Ibn-Djobair, p. 86, 1. 18, p. 87, 1. 10
et suiv. , p. 127, 1. 1, p. 139, 1. 17, p. 140, 1. 8 et 13. Dans le Carias
(p. 41) on trouve Tadjectif tannôri ; on y lit: ^^^^IS ^ sUit z>\ '"^s
Xjj^IaJI (joLa^jJ! ,j^.j^Î^-s ^.s. Le traducteur, M. ïornberg, n'a pas
compris celte phrase, parce qu'il ne connaissait iannôr que dans le sens
de four (voyez sa note, p. 352); mais elle signifie peut-être: «Ensuite
il fit sortir Teau du réservoir dans des tuyaux de plomb ouverts aux
deux extrémités.» Il est vrai que cette manière de s'exprimer est un
peu étrange, et comme en esp. atanor s'emploie dans le sens de tuyau y
conduit (voyez l'Acad.) , il se peut que iCj,jJuJî ^j^piyiit signifie simple-
ment tuyaux; mais dans ce cas c'est une espèce de tautologie, car
jj/^j^î^aJî (arcaduces) suffisait.
Atanquia (espèce de dépilatoire) de iUaÂAJt {al'tanquiya) qui est l'infi-
nitif de la 2^ forme du verbe nacâ (nettoyer). C'est P. de Alcala qui
le donne dans la signification spéciale de l'espagnol atanquia,
"^Suivant le Glossaire sur le Cancionero de Baena, Richard Percyvall,
dans son dictionnaire anglais-espagnol, imprimé à Londres en 1592,
donne atanquia dans le sens de: pincettes pour arracher le poiL II
peut avoir eu le même sens en arabe. — En outre atanquia signifie
aussi: la bourre ou strasse de la soie. Dans l'arabe classique on l'aurait
probablement appelée nacât , nocât ou nocâya, mots qui viennent de la
même racine (chez Freytag: parles reiectae frumenti aliusve rei; partes
détériores rei); mais le peuple disait certainement tanquia, car Alcala
donne ce mot dans le sens d'immondices {alimpiaduras , mondaduras
como de pozo).
Ataracea, alarace, laracea (marqueterie, mosaïque), de ^./o.xJI (at-
tarcV), l'infinitif de la 2^ forme du verbe «.o^ (raça'a) qui signifie twcrw^/er.
Atarfe (tamaris, arbre) de s^\ijal\ {at-tarfé), «tamarix gallica,» Ibn-
al-Bailâr, II, 153. [* Taray , qui a le même sens, a aussi la même
origine ; voyez ce mol].
* Atarragar pg.\ En port, atarracar est: «bâter a ferradura con o
* Atarragar l martello » (Moraes) , et atarragar esl de même eu
* Atahraga ) esp.: « dar la forma con el martillo â la herradura,
215
para que se acouiôde al casco de la beslia» (Âcad.). Ce verbe esl évi-
demment d'origine arabe, car o^--b {(araca) signifie: frapper avec un
marteau ; seulement il faut se demander s*il vient directement de ce
verbe, car ordinairement les mots dont nous traitons dérivent de sub-
stantifs, et le premier a dans le verbe port, et csp. en question semble
rarticle. Je trouve en elfet un substantif atarraga dans le Cancionero
de Baena, où on lit (p. 105):
Non querades mas fablar,
Sy non fazer vos lie andar
Como anda el atarraga.
«Ne parlez pas davantage, si vous ne voulez pas que je vous fasse aller
comme va Vatarraga.^^ Evidemment il s'agit ici d'une chose qui est
toujours en mouvement; aussi les éditeurs ont-ils pensé à une toupie ^
Je présume que c'est K.iL-bJl (at-tarrâca) , et qu'on a employé ce mot
dans le même sens que x3_jby« {mitraca) , marteau, la forme iciui servant
souvent à indiquer des noms d'instrument. C'est donc par allusion au
mouvement incessant du marteau dans la main du maréchal, que le
poète a dit: «como anda el atarraga.» — Un autre atarraga, dans le
sens de fourrure *, est donné par Victor. C'est arabe ^y^iî (at-lirâc) ,
«corium vel pannus, qui soleis duplicando subditur. »
* Atarrava , /î^r. atarrafa, tarrafa (épervier, espèce de filet pour pêcher),
de iLs^^l^isJî (at-tairâha). Les formes ne présentent pas de difficulté:
atarrafa est en tout point at-tarrâha avec le changement ordinaire de h
en /*, et dans atarraya le ^ a été élidé pour faciliter la prononciation ;
mais on ne soupçonnerait pas, en consultant les lexiques, que le mot
arabe en question puisse désigner un filet. Il en est cependant ainsi,
car chez Roland de Bussy et chez Hodgson (Notes on Northern Africa,
p. 93 6) -<i? (tatrâh) est filet, et il n'est pas difficile d'expliquer com-
ment ce mot a reçu ce sens. Le verbe -^h (taraha) signifie Jeter; on
1} Il est «1 peine besoin de dire qu'il n'y a aucune trace d'une telle signification ni
•D arabe, ni en espagnol. Les auteurs du glossaire ont aussi pensé à terraja (filière}.
Ils disent que ce mot s*écriTait anciennement terraga j j'ai de la peine ù le croire et
je Toudrais qu'ils eussent prouve' cette assertion.
2) 11 a ferrure i mais la comparaison do l'explication italienue (Jodera o foderatura)
montre que c'est une faute d'impression pour fourrure.
214
remploie, p. e. , en parlant de filets (Mille el une nuits , I, 21, 59,
306 , etc. éd. Macnaghlen) , et les mots esp. et port, désignent une
espèce de filet qu'on lance subitement («lança-se de pancada» Moraes,
a la arrojan de golpe» Acad.), Dans les langues du Nord on l'appelle
de même: casting net, Wurfgarn, werpnet, Kastegarn, kastnàl.
Atarxëa («aquella caxa de ladrillo, que se hace para defender de las
aguas las cailerias» Acad.)?
* D'après M. Diez (I, 408) ce mot est d'origine germanique.
Ataud, alaut, atahud (cercueil), de o^jUit (at-iâbout) qui a le même
sens.
* Biffez dans Nuilez la seconde signification : « sorte de mesure ancien-
ne pour les grains. » Je présume qu'il a trouvé cela dans le petit
vocabulaire de Berganza {Aniig. de Esp., II, à la fin), mais il est clair
que si ce dernier a lu quelque part ataud en ce sens, la véritable leçon
était almud.
Ataurique, [* taurique dans le Cane, de Baena, p. 426J («paréce ser
espécie de labor de lazo, que es un adorno morisco, que se usaba por
la parte exteriôr de las puertas en los frisos » Acad.). L'arabe naj^^XjÎ
{at-taurica) , auquel Mar. compare le mot espagnol en question, m'est
inconnu. Cependant, suivant l'étymologie, il pourrait signifier «un or-
nement en feuilles» {yoarac). Je ne suis pas à même de décider si celle
signification correspond à celle de ataurique, la définition que donnent
de ce mot les Académiciens de Madrid étant trop vague pour en préci-
ser le sens.
* Celte explication (oô^^ii) est bonne, et le doute de M. E. est levé
par le témoignage positif de P. de Alcala: pintura de lazos morisca ,
tavriq. Muller. — J'observerai à mon tour que ce mot se trouve aussi
en ce sens chez les auteurs arabes, p. e. chez Ibn-Djobair, p. 85,1. 14,
et chez Maccarî, I, 601, 1. 12, où il faut lire, avec l'édition de Boulac:
vjb.^il îCcLÂAaj ULc — o^^5* L'auteur du glossaire joint au Catàlogo
de la /?. Armeria dit après avoir cité la définition de l'Acad. : « Hoy
ademàs se ha estendido esta palabra à significar tina especie de labor
morisca raenuda en forma de hojas ; » mais ce sens, loin d'être nouveau,
ou d'être l'extension d'un autre sens, est le sens primitif.
Atauxia (daraasquinure) de i;.j^.iij-xJî {at-tauchiya) , l'infinitif de la 2«
forme du verbe wacha, auquel les lexiques ne donnent d'autre signifi-
21a
calion que celle de coUravil^ pulchrum reddidit. Il est clair qu'en Es-
pagne ce mol doil avoir admis un sens plus limité.
* Atbouipbras pg. (excellente espèce de poires). Cet alei^iu est sans
doute l'adjectif arabe qui désigne celte espèce de poires, et Ibn-al-'Au-
wâm (I, 260) en nomme une qui, dans Tédition , est ^/ôsM Ce nom
esl altéré, comme i*a vu l'éditeur qui y a substitué ^jia^L^Jt, ce qui
malheureusement n'y ressemble pas du tout, et la leçon de notre man.
(n®. 546), ,^;tjjî, esl aussi mauvaise; mais si nous lisons ^Ai! (adz-
dzequï) , ce qui se rapproche fort de j^^i^vÂit , alors c'est la poire mus-
cade, espèce de poire sucrée (remarquez que celle-ci, ^—^-w^J^ , est
nommée immédiatement auparavant par Ibn-al-'Auwâm) et réputée la
plus noble de toutes, car cet adjectif arabe est l'épithète du musc. Si
cette opinion paraissait admissible, l'origine de atequi serait expliquée
aussi.
* Atifle (trépied de terre) de ^Ji-i^ ialhâfi^ athift selon la pronon-
ciation grenadine), |)1. de KxàSÎ {alhfiya)\ même sens. Miiller. — Plus
haut nous avons déjà rencontré le même mot arabe sous les formes
alnafe et anafc. Dans la forme atifle le /, qui est de trop, ne doit pas
surprendre, car les Espagnols l'ajoutent dans ce mot même quand ils
traduisent un texte arabe. Ainsi trois étoiles de la constellation du
Dragon s'appellent ^^Li^t, le Trépied, et dans les Lihros de Aslronomia
d'Alphonse X (I, 21) elles sont nommées: ^^allephil, que son las trebdes. »
Atijara. La signification de ce mot espagnol ne m'est pas claire.
L'arabe »^L$^vaJ! (at-tidjâra) , par lequel le traduit P. de Alcala et dont
il semble dériver, signifie mercatura.
* Dans les Opiiscitlos légales d'Alphonse X on lit (II, 185): «A lo de
los alijareros en razon que toman precio por levar las cosas de un lugar
â otro," etc. Ce passage montre clairement que le terme atijara y qui
n'est pas dans les dictionnaires, signifie precio y salaire y recompense.
Aussi les auteurs du glossaire sur le Cancionero de Bacna l'ont-ils ex-
pliqué de cette manière en le dérivant de la racine arabe ^! (adjara).
C'est sans doute de cette racine que vient le mot en question, et atijara
ne peut guère être autre chose que ^L^uJt (itidjâr) ou ^l.=^3i [ittidjàr) ,
Pintinitif de la 8* forme qui signifie mercedem mentit et mercedc con-
ductus fuit, bien que le mot ordinaire pour salaire soit »' >l (pdjra).
216
Dans le Cancionero de Baena il se trouve deux fois (le glossaire ajoute
à ce livre ne donne qu'une seule citation, qui est fautive). On y lit
d'abord (p. 269):
Jhoan Àlfonso, alçad la cara,
E fablad sy algo sabedes,
Pero non vos atufedes
Faziendo grand algasara;
Sy non, el sefïor de Lara
Con toda su meryndat
Ternâ que faser, catat,
En quitar la enemistad;
Pues por Dios manso fablat,
E sera vuestra atyjara.
Ici le terme doit avoir à peu près la même valeur, et le sens est: vous
y gagnerez. L'acception de gain me semble aussi assez claire dans
l'autre passage (p. 539), où on lit:
Vasco Lopes amigo, Dios vos consuele,
E mas vos ensalçe en onrra é bien,
Que vos me digades de quai parte vien
Désir sienprej ay! é nada non duele;
Ca coraunalmente el que gémir suele
Monstrar sus dolores sy quiera en la cara,
E sy esto non falla por su atijara,
Sofrir é callar que fama non buele.
Mais ce mot a encore un autre sens, celui de commerce, et alors il
représente le terme arabe sjL;^»xii (at-tidjâra), P. de Alcala, comme l'a
déjà observé M. E., traduit atijara par tijâra, plur. titjdr, et Ton trouve
ces passages dans le Fuero de Madrid (dans les Memor. de la Acad.,
Vill): p. 38 b: «Qui civera compararet. Todo orame de Madrid qui
civera compararet per ad aligara , pectet IL m°. à los fiadores. Et todo
el vczino qui civera levare foras de villa ad atigara vender, pectet IL
m^. si lo potuerint firmare ; et si non, salvet cum II. vicinos;» —
p. 43 a: «Qui coneios vel liebres 6 perdizes comparare per ad aligara,
pectet IL m°. à los fiadores.
* Atlncar , pg. atincal, lincal (chrysocolle), de ^KâaJI (at-tencâr) qui
a le même sens; Ibn-al-Bailâr, I, 214.
Atocha (sorte de jonc, sparte). Le P. Guadix dit que c'est un mot
arabe, « faucha^ que vale lo mesmo que esparto,» Quel est ce mot arabe?
Je ne le connais pas, et ce qui me fait un peu douler de Tasserlion
du P. Guadix, c'est que P. de Alcala traduit alocha par cauchîl ou
cnchU (voyez les articles alocha y esparlo seco alocha et hacho de sparte).
r/esl aussi un mot que je n'ai pas trouvé ailleurs.
Atriaca (tl)ériaque) de ^Lj^jcJi (at-tinjâc) qui dérive à son tour du
grec êffptaK)i.
Atramuz, altramuz, ["* pg. tremoco] (lupin, plante), de ^J^.A^l\ (al-
tormos) qui vient à son tour du grec ôépf^cç.
Atutia , alucia, tulia (lutie) , de Lj^I {al-louiiyâ).
Auge (terme d'astronomie, apogée) de -^t {audj), «absis sumnia (solis
seu planetœ). »
*AvERiA, pg. et liai, avaria, fi\ avarie (dommage arrivé à un vais-
seau, à des marchandises). La vraie dérivation de ce mol n'a pas encore
été donnée; on en peut trouver, si l'on veut, de fort singulières chez
Ducange , Diez, Jal {Glossaire nautique), etc. Il est très-certainement
d'origine arabe. Bocthor traduit avarie par ^^^-^ Çawdr), avarié par
j'^xA {tno'amvar) , et il ne faut pas croire que 'awâr, pris en ce sens,
est un néologisme; il appartient au contraire à la langue arabe classi-
que, dans laquelle on dit sil'a dzât 'awâr, c'est-à-dire, «une marchan-
dise qui a un défaut Çaib),* ce qui naturellement est applicable à une
marchandise endommagée. La S*' forme du verbe, 'auivara , signifie
aussi endommager, gâter, p. e. deux fois chez Maccarî, II, 249, 1. 4
a f. et 3 a f. Les marchands italiens, par suite des relations fréquentes
qu'ils avaient avec les Arabes, ont adopté le mol 'aivâr , qui était fort
en usage dans le commerce ; ce qui le prouve , c'est que les passages
que Ducange donne sous avaria, sont empruntés à des documents génois
et pisans. C'est aussi par l'entremise des Italiens que ce mot s'est
introduit dans presque toutes les langues européennes. — La transcrip-
tion avaria est bonne; ta est la terminaison italienne. On trouve cette
forme dans un document catalan de 1258 (apud Capmany , Mcmorias
sobre la marina de Barcelonay II, 27).
AxABEBA, xabeba (espèce de Hùte), de *j.A^-i {(uk-chnhhcba), que P.
de Alcala traduit par flauta fistola , citola,
AxAQUECA, xaqucca, pg. enxaqueca (migraine), de XiuiùiJ! (ach-chaquka)
qui se dit dans la même signification.
28
, 218
* AxAQUEFA. L'Académie, bien qu'elle n*ail pas ce mot là où il devrait
se trouver, cite, sous l'article alfarge, ce passage des Ordenanzas de
Sevilla (Tit. Albauies): «Sepa facer un molino de azeite, haciendole su
torre é almazen , é axaquéfa, é alfarge, é hornillas, é todo lo que le
pertenece. » Nuilez le traduit par cave ^ caveau, j'ignore sur quelle
autorité. Je ne vois pas que ce puisse élre autre chose que (^Lft_-i.Jt
(ach-chiqiiéf) , plur. de ach-chacaf (cette forme du plur. se trouve dans
les Mille et une nuits y I, 22, 1. 6 éd. Macnaghten), qui signifie pot
(de terre), et aussi, ce que Freylag n'a pas, tuile, iuileau (voyez Alcala
sous lejuela , et le Mosta*mt sous sJji> , où on lit : j.^^ 5j^^^ <3jà> ^^
^ CJ.3 ,^1 ^L<^;Ài! ^a^ ; les trois derniers mots ne sont que dans le
man. de Naples).
AxARABE , axarave , xarabe (sirop), de ^t^-ciJî {ach-charâh) qui désigne
en général potion (de chariha, boire) et qu'on trouve chez Boclhor dans
la signification de sirop.
* Charâb y dans le sens de sirop, se trouve chez Becrî, p. 3, dans le
Mosta'înî à Tarlicle J-vva:, où on lit: j^U^^oî *J JU^ J.M01JI ^\,JJ:,^, «le
charâb de miel s'appelle hydromel,» chez Ibn-Djobair, p. 48, 1. 7, chez
P. de Alcala sous julepe 0 xarope et sous lamedor que lame et doliente,
et il est très-fréquent chez les médecins arabes, car c'était proprement,
comme Alcala l'indique aussi, une sorte de looch ou d'électuaire. En
esp. on trouve aussi xarope , axarope (Cane, de Baena). Dans la basse
latinité le mot est devenu syrupus , siruppus » syruppus (v. Ducange);
mieux en prov. eissarop, issarop, yssarop; en ital. sciroppo, sciloppo ,
siroppo ; en fr. syrop, sirop, La dernière forme a aussi été adoptée par
les Espagnols.
AxARACA. (lacet) de iC^=>,AJî (ach-characa) , « laqueus. »
AxARAFE (galerie) de iC-j^^Jt (ach-chorfà) qu'on trouve chez Boclhor
aux mois galerie, balustrade.
'* Le plur. choraf se trouve en ce sens chez Ibn-Djobair, p. 254, 1. 7
et 18; mais la forme axarafe fait soupçonner que le peuple disait ach^
charafa ; comparez le passage du Traité de mécanique cité dans le Glos-
saire sur Edrîsî, p. 294.
* AxATABA esl très-fréquent dans les Libros de Astronomia d'Alphon-
se X, et il y est expliqué de cette manière (II, 247): «Las dos axatabas,
que son las dos tabletas pequennas foradadas que eslan fincadas en la
alhidada. * Eu arabe le vrai terme esl jukxiJt {ach-chadiuya) , au duel
ach'chadhvjatdni y les deux éclats de bois. Dans le Traité sur fastrolabe
par lbn-abî-*v-Çalt (man. 556 (2), chap. 1) on lit: L»«» ^l.y, ,« h :U\
iOw^^sA.'! ^Jo ^^^ ^Ijujjiît ^Lï^Aixail ^^U^w^Aail, « cc qu*on appelle les
deux chadhtya sont les deux petites tablettes qui se trouvent sur les
deux bouts de TAlidade. » Le mot est écrit de la même manière dans
les autres traités sur Tastrolabc que nous possédons ici; mais dans ceux
dont se sont servis M. Sédillot et M. Dorn (voyez l'ouvrage de ce dernier,
intitulé: Drci aslron, Inslnim. mil arab, Inschr.^ p. 79) il est écrit
quelquefois X a h ;i> il. G*est une faute des copistes (on voit que dans
récriture arabe jc^^^x^t et «Lâ^^t ne diffèrent que par les points diacri-
tiques), et les astronomes d'Alphonse Payant trouvée aussi dans les man.
arabes sur lesquels ils travaillaient, ils ont écrit: axataba.
AxBBE, enxebe, [* xepe] (alun), de w^_.;i.-iî [ach-chebb) qui désigne la
même chose.
AxBDREA (espèce de plante) de '»jJlx^\ {ach'chalriya)y «satureia horlen-
sis,» Ibn-al-Bailâr, II, 97. Ce mot, qui manque dans les lexiques, se
trouve chez P. de Alcala à Tarlicle axedrea.
* Ce nom de la sadrée, sarriette ou savorée , qui se trouve aussi dans
le Mosla'ini (à Tart. ^***;LJ jSju/o: xj^kciJî ^.) , n'est autre chose que
la transcription du nom latin satureia. On sait que les Arabes changent
constamment le s latin ou esp. en ch,
AxEDREz, [*axadrez, Sanchez, III], pg. xadrez, enxadrez (jeu d'échecs),
de ^ixiJl (ach'chitrendj) y mot que les Arabes ont reçu des Persans,
mais qui est d'origine sanscrite; voyez M. Vullers, Lex. Persic. [* Con-
sultez surtout l'opuscule de M. Bland, Persian chess , illuslrated from
oriental sources].
* AxiNEiNBz («abri au soleil, al sole,» Victor; «= solana, galerie à
jour où les Espagnols jouissent du soleil en hiver,» Nuûez) semble dérivé
de ^j-.-é-iJï {ach'chams) y soleil, de môme que solana vient de sol; mais
la forme est très-singulière. Le mol classique pour désigner une telle
galerie est xiyi^\ (al-machraca) , et P. de Alcala le donne aussi sous
abrigano lugar et sous solana o corredor para sol; mais le terme esp.
ne peut pas venir de là.
AxiMcz (fenêtre en arc, soutenue au milieu par une colonne) de
iJî (ach'chamsa) qui se trouve chez Ibn-Batouta , I, 199, dans la
même signification que Xxj^^ (chamsiya). Voyez sur ce uiot, qui se
trouve chez P. de Alcala {yentana de yeso como rexada, ventana vedriera),
la noie de 31. Dozy, Dict. des noms des vêt. y p. 157.
* Aximéz y qui est un mot andalous^ vient de iU«U-ciJi (ach-ch-mése) ,
forme qui a le même sens que chamsa et chamsiija; voyez Quatremère,
Hisl. des suit, maml., II, 1, 280, et Wright, Glossaire sur Ibn-Djobair,
p. 26. J'ignore quelle est la voyelle de la première syllabe; Hœst ne
lui en donne aucune {schmàsa),
AxoBDA (centinela). Suivant Sanchez «del verbo arabigo xabad, que
significa guardar, observar. » Un tel mot arabe m'est inconnu. Je n'ose
pas décider si le mot espagnol en question est d'origine arabe.
^ L'auteur de la Chanson du Cid a sans doute pensé à un terme
arabe, car il emploie trois fois axobda et toujours en parlant des sen-
tinelles des Maures; mais il semble avoir mal entendu^ et le mot qu'il
a en vue est peut-être ar-rocahâ ou ar-roltab ; voyez l'article arrocovas.
AxoRCA, val. aixorca (bracelet), de K==v.xiJi (ach-chorca) qui désigne
la même chose.
* Fort bien; mais comme il n'y a pas la moindre trace de ce mot
dans les dictionnaires, M. E. aurait bien fait d'être moins laconique. —
P. de Alcala traduit axorca par xôrca, au plur. xorâq , et dans le BicL
berbère on trouve: «Collier (de pièces de monnaie), \^ ^Jh {cherka),»
C'est évidemment le même mot, quoique la signiOcation , et même la
prononciation, difl'èrent, et je pense qu'il peut servir à expliquer l'ori-
gine de axorca ou (corrompu) alsorcua , en port, aussi xorca sans l'ar-
ticle. Dans l'arabe classique 'iSJi^S (ach-characa) , que nous avons ren-
contré sous AXARACA, cst lacjiieus , lacet y et l'on peut assez bien donner
ce nom à un cordon passé dans des pièces de monnaie trouées et servant
de collier ou de bracelet. Il est vrai que l'on entendait sous axorca un
bracelet d'or ou d'argent ; mais c'est parce qu'on ne faisait plus atten-
tion à l'origine du mot. — Je dois encore faire observer que, dans le
Cancionero de Baena (p. 242 b) , on trouve la forme axuayca. C'est le
diminutif ach^chouraica ; le r est élidé.
* AxuAGAs (malandres, fentes aux genoux du cheval) de ^^U-ci-ii (acA-
choucâc), «fissura, quâ iunientorum tarsi afficiuntur. » «Les maladies
des pieds les plus communes sont les cheggatj , gerçures,» Daumas,
Jlœuis et coutumes de r Algérie, p. 265.
221
ÂxuAR, val. eixovar («lu ((uc la luugcr lleva quando se casa, de ala-
vios, assi de su persona cwno del adorno, y servicio de su casa» Cob.),
de j^j-^S {at'h'Chouàr) que P. de Alcala Iraduit par casamienlo el dote,
* C'est le u-^yiit j\^ (ibn-Klialdoun, Ilist. des Berbères, II, 396, 1. 2),
eu arag. axovar (cf. TAcad. et Ducange) , exovar dans un testament de
1215 {apttd Villanueva, VII, 245), enxoval en port.; mais ordinaire-
ment aantar signiGe ameublement , mobUier, de même que ach-chouâr en
arabe («supellex domeslica»),
* Ayadi.xo. Saez {Valor de las monedas , p. 315) cite un document
aragonais de Tannée 1215, où on lit: «morabetinos alfonsinos, et lupi-
nos, el ayadinos, et quoslibet alios raorabis. » Ces monnaies avaient été
frappées par Ibn-'Iyàdh (jslxc), qui, après la chute des Almoravides,
régna sur Valence, Murcie et toutes les autres provinces de Test. Voyez
*Abd-al-wâhid, p. 149, Maccarî , II, 755, etc.
AzABACuE, pg. azevicbe (jais, bijoux de deuil). C'est Tarabe ,^^.^.^1
{aS'Sabadj) qui a précisément la même signiflcation. Voyez P. de Alcala
et la note de M. Dozy dans les Loci de Abbad. , 1 , 32.
* Dans les villages on donne le nom à'azabaches aux bijoux de jayet
taillé qu'on met au cou des enfants. Je ne sais si en Espagne on
connaît encore l'origine de cette coutume, mais voici ce qu'on lit à ce
sujet dans le man. de Naples du Mosta'îni (art. a>j^\ j^F^)'- *-i^-^-*^5
ty^\ ^^^xxU ^UboJf f^>>%\ f^ wyi.^ L^V^ r^y^ (j^Ai^l iûU, «En
Espagne le peuple (arabe) dit az-zabadj , avec le z (au lieu du s), et
l'on y met les sabadj au cou des petits enfants afm de les préserver du
mauvais œil.»
AzACA.H, p(j, açacal, açaqual (porteur et vendeur d'eau), de ^La-^Jt
{aS'Saccâ) qui a la même signification. Azacan se dit encore dans le
sens de portador de cargas. xMarina le dérive dans cette signification du
verbe zacaiia {^j)t «porter» un fardeau. Je croirais plutôt que, ne
saisissant plus le véritable sens du mot en question , on en a élargi la
signification au i)oint de faire d'un porteur d*eau un porteur de fardeaux
et de toute autre chose.
* Il va sans dire qu'il ne faut pas penser au verbe ^\ ; la langue
du (>euple ne l'avait pas; mais en outre la signification du mot azacan,
porteur d'eau, est si constante, qu'il faudrait des passages très-décisifs
pour lui en attribuer une autre. Celui que cite Marina Test-il ? 11 est
tiré du Fuero de Plasencia, où on lit dans le paragraphe sur les car-
pinleros é menestrales: «Todos los azacanes é leileros que carga traen. »
Il se peut que la signification de porteur d'eau ne convienne pas ici ;
mais pour pouvoir en juger avec certitude, il faudrait connaître le pas-
sage dans son entier. — Le mot azacan signifie encore: outre, peau
accommodée pour y mettre des liqueurs. C'est l'arabe ^U^Jî (as-sicâ)
qui a le même sens.
*AzACAYA (tuyau, canal, conduit pour les eaux; grand puits) de
KjUu^il {as'sicâya). Miiller. — Ce mot grenadin prouve qu'il faut modi-
fier ce que M. de Goeje a dit sur le mot arabe dont il tire son origine,
dans le Glossaire sur Belâdzorî, p. 52. Chez Becrî, p. 26, 1. 3, c'est
aussi puils, citerne.
* AzACHE. La signification de ce mot, qui a vieilli, est incertaine.
Chez Victor c'est un substantif: « de la soie. » Selon l'Acad. c'est un
adjectif, et elle cite un passage du tarif de 1629, où il est ordonné:
« que la libra de seda azache se venda la mejor à doce reaies. » Ce
texte ne justifie pas la supposition des Acad., selon laquelle c'aurait été
une espèce de soie très-noire. Enfin Nuilez, qui dit aussi que c'est un
adjectif, le traduit par: «finâlre; on le dit de la soie d'une qualité
inférieure. » En arabe je ne connais pas de mot qui ressemble à azache
et qui désigne une étoffe.
* AzADECA («parece ser una pécha que se pagaba por los moros de
Certes sobre los huebos y cabras: dice que por la azadeca de los huebos
y cabras pagaba cada casa un dinero en marzo,» Yanguas, Anlig, de
Navarra , I, 77) de x.'5L\-<^aJî (aç-çadaca ou aç-çadeca) , « quicquid datur
Deo sacrum: ut pars opum, ceu decimae;» mais ces dons étaient obli-
gatoires, c'étaient de véritables impôts; voyez p. e. le Bayân, I, 38,
1. 6 a f.
*AzAFAMA, azaferaa pg. (presse, foule de personnes qui se pressent;
l'accent tombe sur la seconde syllabe) de iC^oJi {az-zalima^ prononcia-
tion adoucie az-zahema ou az-zakama). Même sens.
AzAFATE (panier, corbeille) de ia-a->^l (as-safat) , «panier en feuilles
de palmier. »
AzAFEHA (chez Marina qui l'a trouvé dans les Œuvres astron. d'Al-
phonse X; instrument astronomique) de :\.^xàAai! (aç-cafîha).
223
AzAPnAN, pg. arafrao, de ^^y^^î (aZ'Za*ferân), du safran.
AzAGAYA , azahaya (espèce de javelot, zagaie). P. de Alcala traduit
azagaya et azcona tiro par zagihja , pi. zagaytt , mot que D. de Urrea
dérive du verbe czegaye que vale arrojar.^ Quels sont ces mots arabes?
Les racines zaddja -; et ^^^j zaddjâ, bien qu'elles présentent quelque
rapport quant à la signification, sont ici bors de la question, le dj
arabe n'étant jamais rendu par ga en espagnol.
'Comme en effet ces deux racines n*ont rien à faire avec azagaya,
je laisserai de côté la dernière assertion de M. E. ; comparez toutefois
rintrod. , p. 17. — Quant à azagaya, M. Defrémery a observé avec
raison que c'est le mot berbère iC-jL£j (zagâya) , avec l'article arabe
iC^UJI (az-zagâya), et que, selon Boclhor, il signifie aujourd'hui bâton'
nette. En espagnol il est ancien , car on le trouve déjà dans les écrits
du XIV« siècle. Je crois qu'on le cherchera en vain chez les auteurs
arabes du moyen ûge; mais il est fréquent chez les voyageurs européens.
Aux passages de ces derniers cités par M. Defrémery, on peut ajouter:
Dan, Histoire de Barbarie , p. 248: «Ds ont pour armes une demi-pique,
ou un javelot, qu'ils appellent une agaye, ou une azegaye;» Mouette,
Hist, des conquêtes de Mouley Archy , p. 364: «demi-piques ou zagayes;»
Laugier de Tassy, Ilist. du royaume d* Alger, p. 58: «Leurs armes sont
l'azagaye, qui est une espèce de lance courte qu'ils portent toujours à
la main.» Dans une liste de mots de la langue des Kailouee (les Kcl-
owl de Barth), qui sont Berbères, Ricbardson {Mission to Central A f ri ca,
I, 318) donne azegheez dans le sens de poignard. ]\ paraît que c'est
le même mol , ou du moins un mot dérivé de la même racine.
AzAGUAH [, * zaguan , pg. saguâo] (entrée couverte d'une grande mai-
son ; sorte de vestibule ou de grande allée), de Qt^Ja.*.! (ostowân, en
Espagne istiwân) que P. de Alcala traduit par antepuerta, portai pe-
gueno, portada. Ne faisant pas allention à l'adoucissement de si en z
(cf. p. 23, n^. 3 de l'Introduction), on a mal à propos dérivé ce mot
de ^^-^^ (aç'çahn), «impluvium.»
AzAiiAR (fleur d'orange) de ^^1 (az-zahr) qui désigne la même chose.
Cf. Boclhor.
•Comme l'accentuation est: azahar, jt; incus plutôt venir ce mol de
U;^ azhdr , prononciation adoucie azahâr. En effet, ce dernier mot,
qui est proprement un plur. , mais qui est employé comme un collectif
224
singulier, signifie encore anjourdliui fleur (Toranger; Hélot le donne en
ce sens avec le plur. ^\Ji (azâhtr).
AzALATO (dévotions, Victor) de s^lciJi (aç-çalâl), la prière.
AzANEFA , zanefa, cenefa, pg. sanefa (houppe ou frange de lit, bord
en tapisserie), de KâJLciii (aç-çanifa) , « ora vestis. »
'^AzANORiA, zanahoria , azahanoria, acenoria, cenoria (panais, pasle-
nade , plante potagère), répond en tout point à iC-j,Ljuft->wi (isfanârya) ,
«pastinaca;» chez P. de Alcala : çanahoria, izfernta. Millier. — La
meilleure forme est donc azahanoria, en val. safanoria (Fischer, Gemdlde
von Valencia, I, 228). Au reste ce mot, qui n'est pas d'origine arabe
et qu'il faut considérer peut-être comme une très-forte corruption de
paslinaca, a été altéré de diverses manières par les Arabes eux-mêmes.
Chez Humbert (p. 48) c'est X-j^Là^â^ [safnâriya) , chez Dombay (p. 59)
AjôLâ^ {safrâniya), chez Marcel L.Uà^ {safonâriyâ) , chez Cherbonneau
et chez Martin {Dialogues, p. 100) Kj,U/^ (^awjîanya), et M. Prax (dans la
Revue de VOrient, et de VAlg., VIII, 548) donne j^a-^-j s^Ljl^w (sannâra
hahtm), carotte de l'âne, daucus glaberrimus.
AzAQUi pg, (nom d'un impôt) de BL^rjyt (az-zacât ou az^zaqutl) qui
désigne la même chose. [* Comparez asequi].
AzAR («l'as, le point seul du dé, on le peut prendre pour le hazard
du dé, quasi azard,» Victor; — malheur au jeu, guignon; — figur.
coup de malheur, accident fâcheux). Suivant Cobarruvias azar chez les
Arabes «es iino de quatro puntos que tienen sus dados, y es el desdi-
chado que los Latines llaman canis, y elles azar, el punlo ; los demas
son chuque, carru , taba,i> Quant à azar, dont il faut dériver l'italien
azzardo et le français hasard, peut-être faut-il en chercher l'origine dans
-^Ji (aZ'Zahr), mot qui dans l'arabe vulgaire signifie dé (Bocthor). Voir
M. Mahn, Bech, élym., p. 6, 7, N'étant pas à même d'expliquer d'une
manière satisfaisante les mots chuque, carru el taha, je ne puis que
recommander aux recherches des savants ce passage du lexicographe
espagnol.
* Ces trois mots, qui, avec azar, désignent les quatre côtés d'un
osselet, ont passé dans l'esp. sous les formes chuca, carne (le carru de
Cob. semble une faute d'impression) et taba. Je consacrerai des articles
à chacun d'eux.
[* AzARBE , cf. le Glossaire sur Edrîsî , p. 515], azarba (canal, con-
duil de Peau), de vy^Jt (as-sarab) qui se dit dans la même significalioii.
Voyez Ibn-Batoiita, I, 127; [* d'autres exemples dans le Glossaire sur
Edrîsî].
AzARcoN («tierra de color azul, que se haze del plonio qucmado»
Cob.). C'est de sa couleur bleue (tlji^j zarcd) que celle substance a tiré
son nom. Du resle la forme zarcôn q>-3;j était déjà usilée cbez les
Aral>es {voir P. de Alcala et le Mosia*tnt).
*Ce terme, comme je l'ai déjà dit dans le Glossaire sur Edrîsî, donne
un curieux exemple d'un mot qu'on a mal expliqué parce qu'on s'est
laissé tromper par une fausse élymologie. Victor, qui publia son Dic-
tionnaire en 1609, explique azarcon de cette manière: adu plomb brûlé,
céruse rouge ou brûlée, minium.» Cette explication est bonne, et les
dictionnaires port, donnent le même sens sous azarcao ou zarcao. Mais
deux années après Victor, Cobarruvias publia son Tesoro, où il n'est
pas question de céruse rouge, de minium, mais où on lit au contraire
qu'azarcon signifie: «une cendre ou terre de couleur bleue, faite de plomb
brûlé, car il ne peut être douteux que, chez les Arabes, zarcon ne
signifie bleu, attendu qu'en espagnol on nomme zarco celui qui a les
yeux bleus.» L'Acad. reproduit celle explicalion et celte élymologie de
Cobarruvias, qu'elle cite, mais il est remarquable qu'elle ne donne pas
d'exemples d'où il résullerait que le mot a été employé en ce sens,
et qu'immédiatement après elle dit* que, dans la peinture, ce mot si-
gnifie: tel color naranjado mui encendido, lat, color aureus,^^ significa-
tion qu'elle prouve par des cilalions. A son tour M. E. a adopté l'opi-
nion de Cob.; cependant le Moslà'tnî, qu'il cite lui-même, aurait pu lui
montrer qu'il se trompait. Voici ce qu'on lit dans ce livre (man. 15)
à l'article gJ^i : y^'^J o^ ^^^ j-f^^' ^^3 o^h^^ ^^ O^H;^^' ^
^UJi^; et ensuite: ^^^^sA^ ^U)! jô-wM \^\ ^^^\ ^ ocV.^,j é^^^' j^^
fc^^^Jl ^\ ,*JA^,^ J-^.?^z*«.>i ikJLc. Ainsi c'est la couleur rouqe, et non
pas la couleur bleue , qui est indiquée par q>»^. D'autres témoignages
prouvent la même chose. Ibn-al-Baitàr dit sous ^y^^y- ^^-aLa^**]! ^p
^^jo'i! ^\ JU* ff^f^^^ y»i\ dans le Mhâyato W-rotba f\ talabi U-hisba
(dans le Jwrn, asiat. de 1861 , I. 49) , où Ton trouve: tle rouge est
teint avec la craie rouge (ri^Ju^Jt),* un autre man. a, au lieu de ce
dernier mol, ^^yJ^J^'^\; Boclhor donne: vermillon ^JyJU^^ , ^^^bbL*-. ;
29
220
Iferggrcn: vei'millon q>Ïjî?;'. Mumheii , p. 171 : vermillon q^OL. — Q^^yj
(Alger); Sanguinelli (dans le Jotirn. asiat, de 1866, I): q^-JL^»* et
^^-j^-ILLa-am, mimttin , Sanih/x. Je crois donc pouvoir dire que Cob. n'a
pas connu le véritable sens du mot azarcon, et que lui et ceux qui
l'ont suivi ont été induits en erreur par la racine arabe ^^j, d'où le
mol Q>S;j ne dérive pas. En efl'et, on le retrouve en araméen. Le
Mosla'înî, comme on Ta vu, donne la forme ^^^ybjA^, que Ricbardson
a notée aussi, sur l'autorité du Borhâni câti\ comme un mol syriaque,
et Buxlorf (p. 1558) donne j^pTD, minium. Dans le grec du moyen Age
on trouve (rvpiKov ^ nibri coloris pigmentum (voyez Ducange et le Trésor
d'Henri Etienne), et on lit chez IMine (XXXV, 6): «inter faclilios (colo-
res) est et syricum , quo minium sublimi diximus; fit aulem synopide
et sandyce mixtis,» avec les variantes strucum, sirycum, siriatm (voyez
l'édition de Sillig). De tout cela il résulte que le mot en question était
en usage, non-seulement en Asie, mais aussi en Europe, longtemps
avant que les Arabes apparussent sur la scène du monde et commen-
çassent à se civiliser. Ce n'est donc pas dans leur langue qu'il faut
en chercher l'origine, cm* ils n'ont fait que l'emprunter à un autre
peuple ; mais celte origine reste douteuse. On pourrait sans doute
comparer des racines sémitiques (voyez p. e. le Thesaunts de Gesenius
sous p'^^, p. 1342), mais la terminaison oun devrait être expliquée, et
d'un autre côté nous avons le mot persan q>^3;^ (âsarcom) , couleur
de feu, qui conviendrait fort bien. — Je dois encore observer que, chez
Victor, ararcon est aussi: ^un pot de terre à mettre de l'eau ou du
vin, une cruche, un coquemarl. » C'est peut-être à cause de sa couleur
rouge que ce pot a été nommé ainsi.
'^ AzARiA. Ce mol, dont S*. Rosa donne plusieurs exemples, mais qu'il
n'a pas compris, est l'arabe aj^^î (as-sariya), troupe de cavalerie. Dans
les chartes c'est l'expédition, la razzia, que fait une telle troupe, et
aussi la cinquième partie du butin qu'elle était tenue de donner au roi
(voyez les lexles chez S'. Uosa). Le Fuero de Caseda, toutefois, fait
une distinction entre cette cinquième partie et la azania, car on y lit
{apud Yanguas, Antig. de Navan'a, I, 205): «Vicinos de Càseda, si
fuerit (fueriiil) in fonsado cum rege vel cum suo seniore, non dent
nisi una quinta, uec dent azaria.»
* VzAiRJA ^es[)cccde lour pour la soie crue). J'ignore si ^^*^l\{as'sard/),
ipu signifie proprement selle, s^cmployait dans celle acception.
ÂzARNBFE (orpiment, arsenic jaune) de :.\^jj^\ {az-sirnikh) [* en Es-
)>agne az^gamikh, Aie] qui désigne la nu^me chose.
* AzBRVK pg. («paravento feito de ramos para eniparar as eiras,»
Moraes) de ^jj^\ {az-zerb), «sepes. » Avec la terminaison port, ada:
azenada: «palissada, reparo feito de ramas, troncos, c pâos, eslacada»
(S*. Kosa dans le supplément).
Azimut. Ce terme d'astronomie fort connu dérive de c>.4^it (as-saml),
«plaga punctumve horizontis, et a vertice cœli ad illud pertingens cir-
cul us. • Le mot arabe en question a passé encore une fois dans les
langues occidentales sous les formes ccnit , zénith , de saml-ar-ras, «plaga
capilis,» c'est-à-dire, le point du ciel qui est au-dessus de la tcle y le
f)oint vertical, le zénith.
* AziMHAGA pg. (chemin élroil) de iCiii^î {az-zanca) , rue étroite.
' AzLNUAVRK pg. (vert-de-gris) est une altération de ^L^^ijil (ai-zindjâr)
i\\ii a le même sens ; cf. Voyage au Ouadây , p. 555.
AzoFAR (laiton) de jsu^\ (aç-çofr) qui désigne du cuivre jaune. C'est
de sa couleur que ce métal a tiré ce nom , açfar en arabe signiliant
jaune.
* Les Arabes d'Espagne prononçaient ac-çofar, comme le prouve la
mesure d'un vers chez Maccarî, H, 201, dern. I. i\ de Alcala donne
la même forme sous ataton et sous herrumbrc, et aujourd'hui encore
on prononce ainsi au Maroc (I)ombay, p. 101),
AzoFRA. M. Dozy (Gloss. sur Ibn-Adhâri, p. 21 — 23) a démontré
que ce mot se trouve dans quelques documents du moyen âge dans le
sens de corvée, et que l'arabe s^i^uJI (as-sokhra) (Ibn-AdhArî, II, 77)
se dit dans la même acception.
'Chez Bocthor, Hélot et Marcel, sokhra répontl aussi à corvée, et le
mot est ancien en ce sens; voyez M. de Goeje, Glossaire sur Belûdzori ,
p. 49; on le trouve aussi dans les Mille et une nuits, \l, 232 éd. Ha-
bichl. Sakhkhara, la 2* forme du verbe, est chez Bocthor: faire tra-
vailler a la corvée; de môme: Ibn-Djobair, p. 47. 1. 17, Ibn-Khaldoun,
Prolégom., II, 98, l. 8, Maccarî, 11, 717, I. 8. La 5'' forme signilie:
ire pris de corvée (Bocthor). Quant à azofra voyez encore Ducange sous
ofra (où Texplication cœna est lout-à-fait fausse), Muiloz, Fueros, 1,248
228
(azofra), 546 (azofora). De ce mot vient le verbe açofrare, qui, dans
Ducange, est expliqué d'une manière assez ridicule.
AzoFAiFA, azufaifa (jujube). Ce mot est une altération de oj-A-jjJt
{az'zofaizaf) y «zizyphum rubrum. »
AzoGUE, pg, azougue (vif-argent), de iûs^J! {az-zanca) comme Ton
prononçait en Espagne au lieu de az-zdoc ou az-zâwouCy o^UJî ou
^,,yt (Aie).
* Cbez les alchimistes ce mot est devenu azoch , azoth , asolh , azote ,
esp. azoot, «universalis medicina, pulant Mercurium corporis
raelallici» (voyez Ducange sous azoch).
Dans la signiOcation de marché (diminutif azoguejo), c'est un autre
mot arabe, à savoir ^^^1 (as-soiic ou as-sôc), qui a le même sens.
*Dans le Fuero de Madrid (Memor. de la Acad., VIII, p. 29 b) azoche.
En port, açouque (anciennement aussi açougui) , qui signifiait autrefois
marché en général, mais qui plus tard désignait spécialement: le marché
où Ton vendait de la viande, boucherie. De ce mot vient le terme
açoncagem, sur lequel on peut consulter S*. Rosa.
AzoR b.'lat. (mur qui entoure une place ou une forteresse) de ^^^1
(aS'Sôr) , muraille,
*M. E. a trouvé ce vieux mot chez Marina, qui cite deux passages
du Fuero de Madrid. Dans celui de Nagera [apnd Yanguas, Anlig, de
Navarra , II) on lit (p. 452) : « Plebs débet in illo caslello operari in illa
azor de foras cum sua porta, et nihil aliud;» de même ibid., 1. 8 et
p. 455, 1. 12. Dans le Fuero de Madrid c'est plutôt: l'argent destiné
à l'entretien des murailles, «dineros de los muros,» comme on lit dans
un autre document (Esp. sagr,, XXXV, 449 et suiv.).
Azote, pg. acoute (fouet), de i?j..*v^Jî (as-saut) qui se dit dans le
même sens.
AzoTEA, azutea, pg. açotea, çotea (terrasse, plate-forme) de g^b.^J!
(aS'Sath), qui a le même sens, ou peut-être de la forme diminulive as-
soteiha. [* Comparez cependant atafea].
AzucAR (sucre) de ^jL^Î (as-soccar ou as-souccar), qui vient à son
tour du persan ^<^ (chacar), [* Cf. Mahn, Etym. Unters., p. 154].
AzucE^A (lis blanc) de xjU^wM^il (as-souséna) .
Azi;da. En arabe js-^Ji (as-soudd) désigne une represa de agua (Aie),
229
une écluse, une di^juc pour contenir l'eau. C'était la primitivement
le sens ilu mot espagnol. Plus lard on a élargi cette signification
jusqu'à prendre azuda dans le sens de machine hydraulique, roue à
l'aide de laquelle on arrosait les terres. Cf. S*. Kosa.
* Cet article doit être modilié (comparez le Glossaire sur Ëdrîsî ,
p. 314, 315). L'espagnol a ce mot sous deux formes: azud (que M. E.
a négligé) et azuda. Le premier signifie écluse; c'est o^^\ (as-soudd) ;
mais en Andalousie on dit azuda , et cette forme , sA^JI [as-soudda) ,
se trouve aussi en ce sens chez Ibn-Khaldoun , Ilist. des Berbères , I ,
439, 1. 10. Anciennement on disait aussi azuda dans d'autres provin-
ces, car on trouve trois fois cette forme dans le Fuero de Molina {apud
Llorenle, Nolicias de las très prov, Vascong., IV, 146). Quant au
sens de machine hydraulique y ce sont les Esp. qui Tont donné à azuda:
il était inconnu aux Arabes. Marmol signale azuda en ce sens comme
un mot tolédan , car après avoir décrit les naoras de Fez , il dit (Des-
cripcion de A/frica , II, fol. 95 6): «c'est ce que les Tolédans appellent
oçudas, »
AzuL. Ce mot semble être une altération de Tarabe-persan ^jyj^
(lâsouwerd), «lapis lazuli.» De azul les Espagnols ont fait \e\iv azulejo
(a. pg» aussi azorecho), mot qui est retourné dans l'arabe sous la forme
de ^j zoulaidj. Voyez P. de Alcala et cf. Ibn-Batouta, I, 415.
AzuLAQUB, zulaque («cierto betun de estopas, cal y azeite con que se
travan los caûos» Tamarid apud Cob.). P. de Alcala traduit ce mot
par çuldca, qui m'est inconnu et dont je ne saurais donner la trans-
cription en caractères arabes.
* A la rigueur ce mot pourrait bien venir de la racine vjiJ^ («-/-c) ,
qui n'exprime pas seulement l'idée de glissant, mais aussi celle de vis-
queux, gluant; voyez M. Fleischer, de Glossis Habicht., p. 97 à la fin.
\]n substantif XJs'ijJî (az-zoulâca) pourrait donc signifier bitume y parce
que celte substance est visqueuse. Cependant une autre étymologie me
parait préférable. P. de Alcala a sans doute écrit le mot en question
de la manière dont il l'entendait prononcer par les Mauresques; mais
je crois qu'il est altéré, et que, comme cela arrive très-souvent dans
ia langue vulgaire (voyez les remarques de M. E. et les miennes dans
rintrod., p. 24, 25, n^. 7), Tordre des lettres radicales a été interverti.
La véritable forme me semble étrc> non pas çuldca ^ mais luçâca, de
±Ô0
la racine ^J (lazica) , qui, dans Tarabc classique, signifie adhaesil, et
dans l'arabe vulgaire (lezac) , unir, réunir , souder (Hélot), coller (Marcel),
ce qui chez Boclhor est la 2^ forme. Le substantif ^hJ (lizâc) , qui
vient de cette même racine, est colle, chnjsocolle, et la preuve qu'on
peut fort bien donner le nom de colle au bitume, c'est qu'en hollandais
on l'appelle ainsi; colle y est lijm, et bitume, jodenlij m, litt., colle des
juifs. En outre, l'espèce de bitume en question sert à ^.juntar los caûos
y arcaduces unos con otrosn (Acad.). Je pense donc que azulaque vient
de xïLJLJt {al-louzâca) , forme qu'il faut ajouter aux lexiques.
AzuMBAR (nom d'herbe) de Jwaâ,»*Jî (as-sonbol), «andrapogon nardus. »
* Sous le mot sonbol les Arabes entendent le genre de plantes que
nous appelons valériane, et qu'ils divisent en trois sortes, dont une est
le sonbol indien , qu'on appelle aussi sotibol tout court ; c'est le spica-
nard ou nard indien (cf. Ibn-al-Baitâr, II, 58). C'était le sens que
azumbar avait autrefois parmi les Espagnols (voyez Victor et Dodonaeus,
Cruydt-Boeck , p. 1567 b) ; mais ce mot ne vient pas directement de
QS'Sonbol. Ce dernier avait déjà été altéré par les Maures qui disaient
as'sounbar , ou plutôt as'soiimbar, le n se prononçant comme m avant
b; voyez Alcala sous espica celtica, espica nardo et nardo. On voit donc
que la forme espagnole est lout-à-fait correcte ; mais la signiûcation
s'est peu à peu modifiée. Selon l'Acad. , azumbar est une espèce de
gomme qui s'appelle aussi almea. Quand on compare ce que j'ai dit
plus haut sur ce dernier terme, on comprendra ce changement de sens,
qui, au premier abord, semble assez étrange; car de même qu'on a
donné le nom à'almea, qui est proprement le storax , au nard indien,
on a donné celui de azumbar, qui est proprement le nard indien, au
storax. Aujourd'hui on donne l'un et l'autre au fluteau ou plantain-
d'eau, tandis que parmi les Arabes sonbal désigne actuellement, entre
autres choses, la jacinthe (Humbert, p. 50, Roland de Bussy).
AziiMBRE (mesure pour les liquides, la huitième partie d'une arroba).
L'arabe J^AJJi [az-zunbel), auquel le compare M. de Gayangos (trad. de
Maccarî, I, 501), m'étant totalement inconnu, je ne suis pas à même
de prononcer une opinion sur cette étymologie.
*I1 est presque inutile de dire qu'un tel mot n'a jamais existé que
dans l'imagination, parfois un peu trop fertile, de M. de Gayangos.
Quant à azumbre, comme il désigne la huitième partie d'une arroba,
231
il faul bien que le mol arabe d'où il vient, signifie aussi huitième partie ;
telle est l'opinion de M. Defréinery, qui dit que c'est une altération
de ^y^\ (ath'thoumn) , et je radopte volontiers. Il est vrai que açumbre
est chez P. de Alcala riimn, au plur. cumîri; mais comme Tarabe n'a
pas un tel mot, je ne puis y voir rien autre chose qu'une altération
de azumbre. Les Esp. ont donc reçu des Arabes le mot alh-lhoumn ,
dont ils ont fait azumbre, et ils ont rendu ce dernier aux Mauresques,
qui en ont fait r«mri.
^AzuRRACHA, zurracha pg. (espèce de barque) de ^.^jJi [az-zalUidj).
Ce mot manque dans les lexiques, mais il désigne selon Becrî , p. 26'
I. 9, une espèce de barque. La racine gsjj (zaladja) signifie: «leviter
et celeriter latus fuit per superficiem terrae (ut per glacieni) ; » az-
zatlâdj est donc une barque qui va vite, qui glisse sur l'eau, et selon
toute apparence cette dénomination est applicable à Vazurràcha dont on
se sert sur le Douro, car c'est une barque que l'on fait voguer au
moyen de deux rames en la gouvernant avec une troisième. — Le chan-
gement de // en rr est régulier; voyez l'Introd., p. 22.
B.
Babucua (sorte de pantoufle). Ne trouvant ce mot que dans des
dictionnaires espagnols relativement modernes, je le crois postérieur à
l'époque de la domination arabe. Peut-être est-il tiré du français ta-
bouche. Toutefois son origine orientale est incontestable. L'arabe u^^b
{bâbouch) lui-même dérive du persan lP^Ij {pâponch), composé de pâ
(pied) et du verbe poxichxden (couvrir).
Bacabi (adjectif qui s'appliquait à un petit bouclier couvert de peau
de bœuf) de ^Jh {bacarï) , fait de cuir de bœxif {bacar),
' Cet adjectif s'appliquait aussi à d'autres choses qui étaient faites de
cuir de boeuf. Dans un inventaire publié par Saez {Valor de las mone-
das, p. 530), on lit: «Ocho pares de cubiertas blancas vacaris;» et
plus loin (p. ij35) : < Otro cinto vacari de armar. > Voyez aussi S'. Rosa
sous vacaris.
Badaka, ['/"r. basane, bedana dans un arrêt du parlement de Paris
cité par Ducange] , (peau de mouton préparée), de io.Iaj (hitam) , mot
auquel les lexiques ne donnent que la signification de douf>lure : V. de
'■^,^i>.
Alcala le traduit par baldresy [* Berggren par basatie], et c'est là pré-
cisément le sens du mot espagnol; mais il y a du rapport entre ces
deux significations, car la badana servait à doubler les chaussures et
d'autres objets faits de cuir (cf. Cob.).
Badeha , badea (espèce de melon), de x^aLj {baiîkha). Voyez albudega.
*Baden (ravin cave par les eaux, ruisseau à sec) de ,^Iaj (batn)» Le
batn d'un wâdî est: «the interior of a water-course or river-bed or
Valley; i. e. its boltom, in which flows, occasionally or constantly, its
torrent or river» (Lane). Chez Ibn-Khaldoun (Hist. des Berbères, II,
258, dern. 1.) il est question d'un combat qui eut lieu dans le lit de
la rivière Omm-Rebî', batfi al-wâdî.
* Badina (mare, flaque, eau stagnante qui reste sur les routes) doit
venir de la même racine que le mot qui précède. Je pense que c'est
^bli (bâtin), qui, de même que bain, signifie: «the low or depressed
tract of land, of the plain, where water rests and stagnâtes* (Lane).
Baiiari, pg, bafari (espèce de faucon), de ^j.^.^i (bahrî), qui est
l'adjectif de bahr , la mer. Suivant Tamarid ce faucon aurait reçu ce
nom , parce qu'il est un « balcon que passa la mar. »
"^Le mot bahrt, que les dictionnaires n'ont pas en ce sens, est encore
en usage en Algérie; voyez M. Daumas dans la Revue de r Orient et de
rAlg,, nouv. série, III, 235, qui écrit el bahara. Chez Cobarruvias
on lit: «El padre Guadix dize, valer lanto, como ultra marine; porque
los primeros que vinieron à Espaila se Iruxeron de las islas Selentrio-
nales , navegando con ellos por mares tan remolos. »
Baladi (adjectif, de peu de valeur). Suivant le P. Guadix c'est l'arabe
,^Os.JLj baladi «que vale tanto como ciudadanon (de balad, ville). Les
Mauresques dans les villages auraient ainsi nommé les choses qu'ils
achetaient dans les villes, parce qu'on les trompait, «dandoles las cosas
falsificadas. » Je ne sais pas si cette assertion est conforme à la vérité;
mais il est de fait qu'il a existé en arabe un adjectif baladî dans un
sens analogue à celui du mot espagnol en question, car P. de Alcala
traduit gengibre valadi par zengebtl beledt,
* L'explication du P. Guadix n'est pas tout-à-fait fausse , mais elle
est inexacte et incomplète. — L'adjectif baladî, qui vient de balad dans
le sens de grande étendue de pays, province, signifie, en parlant d'hom-
mes, regnicole, l'opposé de garîb, étranger; voyez Ibn-Batouta, II, 428,
m, 237, el coiuparez Carlcrou, Voyage en Algérie, p. 175. En parlant
^' monnaies, il désigne celles qui ont été frappées dans le pays même
i non pas à l'étranger. Ainsi on donnait le nom de dohlas de oro
iladies aux doubles d*or frappés par le sultan de Grenade, par oppo-
iliou aux «doblas marroquies» el autres, que Ton frappait en Afrique;
voyez le traité de paix conclu entre le sultan Mohammed de Grenade
cl Jean II de Castille , Tan 1443, chez Saez, Valor de las monedas ,
p. 323. Eniîn , en parlant de plantes, c'est indigène, l'opposé iVexoli-
que, el un grand, nombre de noms de plantes sont composés avec cet
adjectif. On trouve p. e. le lift baladî, «le navet indigène» (Dombay,
p. 59), le nabic baladî (Burton, Pilgrimage, I, 388, qui traduit native),
le cannellier baladî (Tvoyage van Mher Joos van Ghistele, p. 255: «een
Canneelboom , die men daer noemt Velledijn») , le gingembre baladî ,
que M. E. a trouvé chez Alcala ; c'était, selon Ibn-al-liailâr (I, 540), la
même plante que le gingembre châmî (de Syrie) ou râsan, c'est-à-dire,
raunée (Inula Helenium). C'est sans doute en Syrie qu'on lui a donné
ce nom, pour la distinguer du véritable gingembre qui venait des Indes
orientales; mais en Espagne aussi il élait fort convenable, attendu que
Tannée y venait, tandis que le gingembre n'y croissait pas, el c'est
justement le nom de cette plante qui explique pourquoi l'adjectif baladi
signiGe en espagnol: de mince valeur. En lui-même, comme nous l'avons
vu, il ne le signifiait pas; mais quand l'acheteur recevait des. produits
indigènes pour des produits exotiques, p. e. de l'aunée pour du gingem-
bre— el ce qui prouve que cela avait lieu, c'est un article de Victor,
qui traduit «gengibre valadî» par «du gingembre,» et le témoignage
du négociant llorentin Balducci, qui écrivait en 1540 et qui compte le
belledino parmi les espèces de gingembre {apud Capmany, Memorias,
III, 164) — alors il recevait en effet une chose de mince valeur au
lieu d'une chose précieuse. C'étaient surtout les simples et crédules
villageois qu'on trompait de celte manière dans les villes ou ils venaient
acheter leurs provisions; il n'est donc pas étonnant qu'ils donnassent le
nom de baladi a toutes les choses falsifiées, comme le P. Guadix , qui
pouvait le savoir, raffirme très-positivement («los Moros aldeanos le
usurpan por toda cosa falsa y engaûosa»). Le mot est même devenu
un substantif, car Victor traduit baladi par fripon, débauché.
*Baux, balaja, balaxo dans Oclioa, Rimas dcl siglo XV, fr. rubis
30
234
balais (sorte de ru])is île couleur de vin paillet) de l'arabe-persan ^^Xi
{halakhch). Ce mol se trouvait déjà chez Marina ; M. Mliller et M.
Defréinery reprochent avec raison à M. E. de Tavoir omis. M. Defré-
mery renvoie à Quatremère, Hist. des suit, maml., If, 1, 71, et à sa
propre traduction du Gulisian, p. 524, n. 2. En esp. le mot est ancien;
voyez TAcad. et Yanguas, Aniig. de Navarra, I, 82.
* Baldaqui et BALDAQUIN. Lc premier mot , qui n'est pas dans les
dictionnaires, se trouve une infinité de fois dans l'inventaire des meubles
de la cathédrale de Barbastro, dressé dans Tannée 1325 et publié dans
VEsp. sagr., t. XLVIII ; voyez p. 226, 227. Il y désigne une espèce
d'étoffe précieuse et c'est l'arabe i_5J>ÎAJt.j {hagdadi), de Bagdad ^ ville
dont le nom s'écrivait Baldac au moyen âge, et où l'on fabriquait des
brocarts très-renommés. Chez Gonzalo de Berceo [Signas del juicio,
copl. 21) c'est balanquin:
Ardra todo el mundo, el oro et la plata,
Balanquines é purpuras, xamit et escarlata,
et dans une donation de 1289 {Esp, sagr., XXXVI, p. clxi) halduquin;
« capas sericas de xamito et balduquino. » — Baldaquin dans le sens
de dais (mot qui n'a pas échappé à l'attention de xMM. Defrémery et
Millier) a la même origine, les dais ainsi nommés étant faits de brocart
de Bagdad.
'*Balde, de balde (gratis, et comme) en balde (en vain), baldo ;j(/.
(dépourvu), baldîo (inculte, vain, sans motif, vagabond), baldero (oisif,
vagabond, inculte), balda (chose de peu de valeur, de peu d'utilité),
baldar (estropier), baldon, pg. baldao (affront), baldonar, baldonear (in-
jurier). H est impossible qu'un mot comme J^bU hâlil manque parmi
ceux que les Esp. el les Port, ont empruntés aux Arabes, et je
m'étonne que M. E. l'ait passé sous silence , car s'il élait permis de
changer un peu les paroles de Figaro, je dirais avec lui: on sait
bien que les Arabes mettent encore dans le discours quelques mots
par-ci par-là; mais il n'est pas difficile de voir que hâlil est le fond
de la langue. Le voyageur Richardson dit la même chose, mais d'une
manière moins piquante, quand il s'exprime en ces termes (Travels in
Ihe Greal Désert of Sahara, I, 153): «Perhaps no word is so much used
in Ghadames and The Mountains as the epithet />a/e/ — J.Hj — vain,
tiselcss etc, and really answers in its use to something like our ire-
lutinJuus humbuij. Il cspccially deiiolcs ovcrylliiiiy bail, lalse, aiiii
wrong, in aiiy inalter aiul in any body.» Sans parler de Taniarid, de
Cobarruvias et de Sousa, Marina avait déjà nolé (en, dé) baldc comme
un mot arabe; M. Millier en a fait de même; mais avant lui M. Diez
avait dérivé tous les mois qui se trouvent in la lôle de cet article, de
la racine arabe batala (voyez p. 40 de la r*, I, 48 de la 2**'' édit.).
Je crois que son opinion est parfailement fondée. En effet, baldado de
balde est chez P. de Alcala bâtil; de môme debalde cosa baralo y debaldc
cosa sin precio, gracioso por debalde, gtaciosamente de balde. En gros
tlymologie est donc certaine; mais il est de notre devoir d'examiner
iissi en délail les formes et les significalions de lous ces mois.
Dans balde pour bâlil M. Millier ne voit pas une Iransposilion de
lettres; à son avis, le / est celui qui sert à indiquer le son emphalique
(i Jb ou du ^<o, et la dernière lettre de bâiil a élc retranchée. Celle
explication est peul-élre la véritable (comparez altabaque) ; mais dans
Texemple arrelde (pour ar-rell), que cite M. Millier, je ne puis voir
qu'une transposition; les autres formes, arratel, arrale, le démontrent;
et Ton pourrait aussi croire avec M. Diez, qui compare spalula zz: espal-
da, rotidus •=: rolde y qu'on a dit par euphonie balde pour badel o\\ bat cl ;
il serait facile de citer beaucoup d'exemples d'une telle transposition
dans des mots esp. dérivés de l'arabe. — La signification des termes
de balde et en balde y en vain y inutilement, est indiquée dans les lexi-
ques pour bâtil: «vanus, irritus, frustraneus. « Celle de gratis y gra-
ttement, pour debalde et baldado, est donnée, comme nous Pavons vu,
par P. de Alcala, et aussi par Roland de Dussy, par Marlin {Dialogues,
p. 190) et par M. Cherbonneau {Dialogues y p. 39, 62). Baldo, balda y
baldioy baldero sont aussi bâtil avec des terminaisons romanes. Pour
les signilicalions on peut comparer des phrases comme celles-ci: «The
counlry is batcl (good for nothing), >» Uichardson , Sahara, 1,61; « Soudan
is bâtai (worthless) , » le même, Central Africa, il, 235; «naus batâl ,
bôses Volk,» Werne, Heise nac/i Mandera y p. '/9. Pour vagabond il
faut comparer la 5' forme du verbe , qui , chez Alcala , est vagabonder
(andar vagando) ; pour oisif la !'• forme, «oliosus vel sine opère fuit,»
I batlâly «valde otiosus et iners» (Freylag). Le verbe baldar, estropier,
:iemble venir directement du verbe fjatala, P. de Alcala (sous mancar
ité- ,n,nut< donne la 4* forme en ce s<*fi^ m.Hx <iiii< hw iniirl.'v numcit
256
de manos, çopo, lisiado et (ollido , il donne le participe passif de la V^.
On lit de même dans le Cartâs (p. 10, 1. 4); ^JUaJI «j^ 'sJjhuA «ij,
« il vit que l'autre avait la main droite estropiée , » et chez Maccarî
(Seconde partie, III, 135, 1. 11 éd. de Boulac): Jj-Lx/o iJiy *1>.^ y$\j -Las,
«il se leva en traînant la jambe, comme s'il était estropié.» Enfin
baldonar , injurier , est proprement: déclarer à quelqu'un qu'il est bâlil,
c'est-à-dire, bon à rien; et baldon , a/front, est: faire une telle décla-
ration.
* Bandullo (ventre) , bandujo (andouille) , paraît être ^-h,j (batn) ,
ventre, par transposition. En effet, P. de Alcala traduit bandujo par
bâtan mtiaxî, c'est-à-dire, ^^^-ci^^^u ^Lij. MuUer.
* Baraço pg, (corde) de u^wo (jnaras), comme l'a fort bien observé
Sousa. Toutefois, comme Freytag donne seulement maras comme le
plur. de marasa {corde), je ferai observer qu'il se trouve comme un
sing. dans un vers que cite Ibn-Khaldoun, Hist. des Berbères, I, 392,
dern. 1., chez Boclhor sous corde, et chez Berggren sous cordeau.
'^ Baril (pas dans les dict.) est à Grenade un mot populaire « que se
dice de una muger ù olra cosa de mucho merito,» comme me l'apprend
M. Simonet, qui pense que c'est l'arabe c^b {bâri'), excellent.
*Barraca, ital. baracca, fr. baraque (hutte que font les paysans dans
les campagnes, les pêcheurs sur les bords de la mer, les soldats quand
ils n'ont pas de tentes). On a cherché l'origine de ce mot dans les
langues romanes, et selon M. Diez (I, 51) il vient de barra (en fr.
barre), «comme en ital. trab-acca de trabs.» Cette étymologie me paraît
peu satisfaisante, et d'un autre côté je lis chez Dan, Histoire de Bar*
barie, p. 59: «Ils (les Arabes) demeurent sous des tentes avec tout leur
ménage, poules, chevaux, bœufs et autre bétail, ce qu'ils appellent en
leur langue une Barraque ; et toutes ces tentes jointes ensemble un
Douar ;n et plus loin (p. 246): «Chaque tente s'appelle une Barraque» K
11 paraît donc que c'est en Afrique qu'il faut chercher l'origine du mot.
]) Dans le Voyage dans les Etats harbaresques , public à Paris en 1785, on lit de
même (p. 127): «Ils appellent cette habitation Douar, et chaque tente, baraque, y» Hais
ce livre, qui a été jugé très-sévèrement dans les Nouveaux Voyages sur toutes les côtes
de la Barbarie t etc. (Paris, An VII , t. I , p. 97), inspire peu de confiance, et dans cette
circonstunco comme dans d'autres , l'auteur semble s'être borne à copier le Père Dan.
Remarquons à présent que Tancienne forme élail en esp. barga. On
la trouve dans le petit vocabulaire de Berganza {Anlig, de Espaha , II ,
à la lin), où barga est expliqué par «casa pequeûa con coberlizo de
paja.» Cette forme ancienne prouve que Tétymologie de M. Diez, barra"
acca, est inadmissible, et que môme le mot ne peut pas venir de barra.
En second lieu il faut observer que ce barga est donné par P. de Alcala
comme un mot dont les Mauresques se servaient , car il traduit casa pagiza
pequeha par barga, plur. barguât. Est-ce donc un mot arabe? Je ne
le connais pas dans cette langue; mais il faut se rappeler que beaucoup
de mots qui se trouvent cbez Alcala sont berbères, et Ton peut se
demander si barga ne le serait pas aussi. Cela ne serait nullement
impossible, car ces huttes construites de paille, de roseaux, de brous-
sailles, que les anciens appelaient mapalia, ont été de tout temps les
demeures des Berbères, et comme ceux-ci étaient très-nombreux en
Espagne et en Italie, ils peuvent fort bien avoir fait adopter par les
habitants de ces deux pays le nom par lequel ils désignaient ces caba-
nes. Il est vrai qu'en berbère je ne connais pas barga ^ mais j'y ai
cependant trouvé des formes qui y ressemblent beaucoup. Ainsi biigu
est, dans le dialecte des Auelimmides, «Tinlérieur d'une tente» (Bartb,
Reisen, V, 712), et bugô, «boutique, en ital. tenda,y> c'est-à-dire, ce
que nous appelons baraque {ibid, , p. 713). Chez les Tibbos de Bilma
tente est pogadee (Hodgson, Noies on Northern Africa, p. 106), et dans
un article de la Revue de l* Orient et de VAlg. (nouv. série, X, 548),
où il est Question des Touaregs, on lit: «Leurs modesles gourbis ou
bogâf humblement couverts en ksob ou maïs.» Voilà justement de véri-
tables baraques! — On voit qu'il n'y a pas de r dans le mot berbère;
mais l'insertion de celle lettre dans barga s'explique facilement par la
manière grasseyante dont les Africains prononcent le g ou gain. Au
commencement on écrivait en Europe ce barga sans y rien changer;
puis on a changé le ^ en c, et, pour adoucir la prononciation, on a
inséré une voyelle entre les deux syllabes: bareca, baraca (chez Ducange).
Enfin la seconde syllabe a reçu l'accent (ital. et fr.), tandis qu'en esp. et
en port, on a en oulre doublé le r , de sorte que le mot est devenu barràca.
Baiiba645, pg. barregana, //-. bouracan (sorte de gros camelot), de
^^L^^ (barracân) qui a le même sens. Voyez plus de détails sur ce
root chez M. Dozy, Dict, des noms des vclem.t p. 68 et suiv.
i58
Batafalua, Lalafaluga (anis), de Tarabe »^Jl> iC/.s> (habba-halwa) qui
se (lit dans la même acception. Evidemment les formes malafaiua ,
matafaluga, ont la même origine. Pour la permutation du b et du m
voyez p. 20 de l'Introduction.
* Batea pg. (vase de bois dans lequel on lave l'or). Moura dérive ce
mot de K-A-iol-j (bâliija) , qui désigne en effet un vase de terre ou de
verre (Lane), ou un «baquet de bois» (Voyage au Ouadây , trad. par
Perron, p. 62). La forme de ce vase est aussi la même, car selon
Moraes le fond de la balea est de forme conique, et selon Freytag la
hâliya est « supra amplum infra angustum ; » d'après les lexicographes
arabes (voyez Lane) le mot arabe vient même de la racine balâ, s'élar^
gir. Cette étymologie me semble donc assez plausible, mais à une
condition: c'est que l'accentuation soit bàtea comme chez Vieyra, et
non pas baléa comme chez Moraes. Comparez aussi l'article suivant.
* Batega pg, (plat , écuelle). L'accentuation étant bàlega , ce mot
semble être bâliya , dont j'ai parlé dans l'article qui précède ; mais
l'insertion du g est singulière. — Au reste, Télymologie de balea et
de batega est loin d'être certaine (cf. S*. Rosa) , et peut-être ai-je eu
tort de les admettre.
* Bedem pg. dans ce passage de Barros: «Vinha vestido a moda Mou-
risca, camiza branca, e seu bedem em cima,» ne signiGe pas une
espèce de manteau, comme on lit dans les dict. port., mais une courte
tunique sans manches. C'est l'arabe qJs.j [beden); voyez mon Dict. des
noms des vêtem. , p. 56 et suiv. Si c'est aussi un manteau contre la
pluie, fait de cuir, de sparte ou de jonc, comme le dit Moraes en
citant Bento Pereira, la véritable signification du mot s'est sensiblement
modifiée en Portugal.
"^ Bedouln, beduino pg., fr. bédouin, de ^^O^ (bedawî) qui a le même
sens et qui vient de ^u\.-j {bedou dans la langue vulgaire) , « campagne
où il n'y pas de demeures fixes, désert.»
""Behen, /r. béhen, bechen, béchen (nom de plusieurs espèces de
plantes de différents genres), de ^.♦.^-j (behmen). Voyez Ibn-al-Baitâr ,
I, 182.
*Belis, beliz pg. «ne s'emploie que dans cette expression: Hé uni
beliSf c'est un homme circonspect, clairvoyant, ayant le jugement et
rintelligeucc prompts; aussi: coquin, fripon» (Vieyra), C'est ,J^^.A.LJt
259
(ibtU) y dans Tarabe vulgaire bits (Huniberl, p. 149, Hélol), le nom du
diable. Dans toutes les langues on dit: «c'est un diable,» quand on
parle d'une personne remarquable soit par la pénétration de son esprit,
soit par sa mécbauceté.
RiLLOTA (gland) de xb^ (bellOta) qui désigne le même fruit.
* Bbxjoi.m, beijoini et beijuim pg., esp. benjui et menjui, i(al. belzuino
el belguino, fr. benjoin (sorte de baume qui découle d'un arbre des
Indes orientales). Ainsi que l'ont observé dernièrement M. van der Tuuk
el M. Veth , la véritable étymologie de ce mot a déjà été donnée par
Valent ij n (^e^t'Any VI «(/t'fln ^roo/ /ai'o, p. 67), qui le dérive de j^.L> ^^Li
(lûubân djâwl ou loubén djâwt selon la prononciation africaine), litté-
ralement, encens javanais, c'est-à-dire, encens de Sumatra, car on sait
que les Arabes donnaient à celte dernière île le nom de Java, et que
c'est elle qui produit le benjoin le plus blanc et le plus beau. Tel est
en effet le nom que le benjoin porte chez Ibn-Batouta (IV, 228). Selon
Valentijn, les Portugais dans les Indes orientales ont fait de loubén
(Ijâwt, en supprimant la première syllabe, benzawi, et plus tard, benzoin.
Les dict. port, ne donnent pas ces deux formes (Moraes a toutefois
l'adjectif benzoico) ; benjoim y est la forme la plus pure. Dans les
langues européennes le terme est sans doute altéré, mais du moins
elles ont conservé les deux mots dont il se compose. Chez les Arabes
au coitraire il n'en est pas ainsi. Ils disent bien encore bakhottr djâwî
(parfum javanais) (Humbert, p. 57, Bocthor et Marcel); mais ordinai-
rement ils disent louhân tout court (Ibn-Batouta, IV, 240, Barlh,
Iteisen , IH, 328), ou bien, ce qui est encore beaucoup plus commun,
djâwt tout court (Ibn-Batouta, III, 234, Dombay, p. 102, Humbert,
p. 57, Berggren, Roland de Bussy, Dict. berbère, Cherbonneau, Lane,
Modem Egf/pttans, I, 208 dans la note, Richardson, Mission to Central
Africot II, 173, 182, Daumas, Mœurs el coufumes de r Algérie, p. 78,
Frax, Commerce de l'Algérie , p. 29).
BBBSRGBif A , pg. beringela, bringella (mélongène, aubergine) de^l.:^oU
(bédindjén) y csolanuni melongena , • Ibn-al-BaitAr , I, 116. On trouve
aussi albercngena avec l'article arabe.
*Bkzar, bezaar, bezoar, fr, bézoard (concrétion pierreuse qui se forme
dans le corps de certains animaux). Le root persan j^)^^ (pâdzahr)
est composé de pâd , qui, placé devant un substantif, signifie préservant
-240
de ou expulsant, et tic zahr (ou zahir), poison. On a donne ce nom
à celle concrélion pierreuse parce qu'on la considérait comme un anti-
dote. Chez les Arabes ce terme est devenu ^jv>Lj {bâdizahr) ; mais
quelquefois ils oraellent la syllabe di (voyez Freytag, I, 79 h; dans le
Mosla'tnî on lit aussi j^jL^îi y^^)y de sorte qu'il ne reste que bâzahr,
ou, selon la prononciation esp., hézahr.
"^BizNAGA, pg. bisnaga (gingidium , fenouil sauvage, persil sauvage).
Marina et Moura disent que c'est -.Lji-aJ:..v^.j {hastînâdj), qui désigne la
même plante, et cette assertion, pour être tout-à-fait vraie, n'a besoin
que d'être modifiée un peu. Voyons d'abord quelle est l'origine de ce
hastînâdj lui-même! C'est un mol latin; mais il est à peine besoin de
dire que ce n'est ni bis nata, comme le prétend Cobarruvias, ni bis
aculum, comme le veut Dodonaeus (Cmydl-Boeck , p. 1189 a). 11 est
vraiment étrange que ce dernier, qui avait l'esprit si sagace, n'ait pas
trouvé la véritable étymologie, car il commence son article sur le gin-
gidium en disant que les feuilles de cette plante ressemblent à celles de
la pastinaca (pastenade) ; puis il dit que la seconde espèce est aussi
presque semblable à la pastinaca sauvage; ce qui aurait dû le conduire,
ce semble, à la conclusion que l'arabe bastinddj n'est autre chose que
le latin pastinaca. Pour mettre cette dérivation hors de tout doute ,
j'ajouterai: 1^. que les Esp. appellent celle plante, non-seulement biz-
naga^ mais aussi zanahoria montesina ou silveslre; or, zanahoria répond
à pastinaca; 2^, qu'en arabe on trouve parfois ce mot écrit d'une
manière qui représente fidèlement pastinaca. Ainsi l'auteur du Mosta'tnî
dit à l'article \yuc> (daucus) : ïcïUa^Jî y9 J^-xjj^ — _LÂX**^iî ^ii J^xi^ ,
«On dit que c'est le bastinâdj ou bachlinâca,y> C'est pastinaca ^ car chez
les Arabes, qui n'ont pas de/?, cette lettre devient régulièrement 6,
et ils changent aussi presque constamment le s latin en ch. —
Telle est donc l'origine du mot; maintenant nous devons exposer com-
ment il est devenu biznaga en esp. Ce sont les Arabes eux-mêmes qui
ont supprimé la syllabe ti ; c'est ce qui résulte du man. de Naples du
Mosta^îm, car dans le passage que je viens de citer, il donne A.isL-Â.^.j
[bachnâca), au lieu de bachtinâca, comme on lit dans le man. de Leydc.
Il ne faut pas croire que c'est une faute du copiste ; c'est la forme
vulgaire; ce man, donne souvent celles qu'employait le peuple au lieu
de celles dont se servaient les savants et qui se trouvent dans le man.
24 1
ie Leyde. Peul-élre faut-il même prononcer bichnâcay cl alors c'est
exactemenl l'espagnol biznaga ou bisnaga, comme on écrivait autrefois
(voyez Cobarruvias et TAcad.), avec radoucissement de ch en * (cf. Tln-
(rod., p. 18) et de ca en ga. En effet, la première voyelle est t chez
P. de Alcala, qui traduit çanahoria silvestre par bxznàch , c'est-à-dire,
^JUo. — Ce mot est donc un de ceux que les Arabes ont reçus des
Latins, et qu'ils ont donnés à leur tour aux Esp. et aux Port. Je di-
ai en concluant qu'il ne faut pas songer à faire venir biznaga directe-
inenl du latin pastinaca, car alors ni le b au lieu du p, ni la voyelle i
ne s'expliqueraient, tandis qu'ils s'expliquent à merveille quand on ad-
met que le mol a été transmis aux Esp. et aux Port, par les Arabes.
* BoAL pg. (adjectif, uva boâl, excellente espèce de raisins). Ce mot
semble d'origine arabe, car parmi les espèces de raisins qu'on cultive
au Maroc, Hœst {Nachrichten von Marokos, p. 303) en nomme une dont
il écrit le nom ainsi : « [^ac Aebûa. » Ce mot n'est pas dans nos dic-
tionnaires, et peut-être le voyageur danois ne l'a-t-il pas écrit correcte-
ment, ce qui lui est arrivé plus d'une fois,
BoDOQUE (jalet, espèce de caillou propre à être lancé avec l'arbalète)
de y^O^i {bond oc) y «glans missilis, globulus qui ex balistario iacitur. »
[* C'est proprement aveline; on a donné ce nom au jalet parce qu'il
est de la grosseur de ce fruit; cf. de Sacy, Chrest. arab. , III, 68].
Borax de ^j^ (bôrac), qui vient à son tour du persan bourah,
*BoRCEGUi, pg. borzeguim, fr. brodequin. «La forme du mot,» dit
M. MOller, «montre que ce doit être un adjectif relatif. Faut-il penser
à *u«i^, Brousse, et le terme serait-il par conséquent (^.U-.jJ (borou-
sâwî)? — Je ne crois pas que ce soit dans l'Asie mineure qu'il faut
hercher l'origine de ce mot. Jamais je n'ai rencontré chez les auteurs
espagnols ou africains un adjectif j^^U^j, et je me tiens persuadé que
M. Mùller sera obligé d'en dire autant. Ce qui au contraire est cer-
tain, c'est que le mot en question a été en usage chez les Maures et
spécialement à Maroc, car voici ce que dit Cobarruvias: «Deste caiçado
isan los ginetcs, y particularmente los Moros, y los de Marruecos han
t^nido fama ; y assi dize el Homance viejo:
Hele hele por do vienc
£1 More por la caiçada,
Borïfgiiics Marroquic»,
Espoela de oro cal(^ada.''
31
Si Ton savait seulement que le terme désignait une espèce de chaus-
sure, il serait fort difilciie de l'expliquer; mais heureusement nous sa-
vons que, dans l'ancien français, il signifiait une sorte de cuir, comme
dans ce passage de Froissart: «Le roy Richard mort, il fut couché sur
une litière, dedans un char couvert de brodequin tout noir.» Cetle si-
gnification, qui est sans doute la primitive, nous met à même d'expli-
quer Torigine de borcegui, qui est altéré, mais non pas d'une manière
trop forte pour qu'on ne puisse pas le reconnaître. Les dictionnaires
arabes ne nous sont ici d'aucun secours ; mais Marmol {Descripcion de
Affrica, I, fol. 31 a) dit en parlant des moutons de l'Abyssinie: «De
estos animales se hazen los cueros muy preciados que llaman Xarequies,
que se curten en pelo con rayzes de alheila.» Chez Diego de Terres
{Relation des Chéri fs, p. 384) on lit: «Et s'y courroient aussi (dans la
province de Tafilele) les cordouans de datiles, qu'on nomme Xerqms,
qui sont de mouton, lesquels on courroie avec les coques des dattes.»
Ce mol se trouve aussi chez les auteurs arabes. L'animal est nommé
par Maccarî , quand il énumère , parmi plusieurs autres présents (II ,
711, 1. 13): iàS.X;^\ yxlj>- ^^^, «trente peaux d'acAerc. » L'adjectif
^y^ (cherquî), pour désigner le cuir de cette espèce de mouton, se
trouve chez Edrîsî, qui dit en décrivant le costume du roi de Gâna
(p. 7): mXî ^i \^ :i^ i}-»J^> «il porte des sandales cherqui^» (corrigez
cet article dans le Glossaire). Enfin Ibn-Khaldoun {Ei$t. des Berbères,
II, 283) nomme parmi les présents que le sultan de Maroc envoya à
celui de Tiemsen: fj-^^ii ».i:Ljj> Li^ytjî {*.j^^Î ^^ ^Ur>t. Celte leçon,
qui se trouve dans deux man., est la bonne, tandis que celle que l'édi-
teur a placée dans le texte (j^A^^.xiJLj) , ne donne aucun sens. Je tra-
duis donc: «plusieurs ballots de celte sorte de cuir qu'on nomme cher-
cjui.» — Ce cherqut, désignant une espèce de cuir qui se fabriquait à
Maroc et dont on faisait des chaussures, a été altéré par les Espagnols
en borccgtd. Mais d'où viennent les deux lettres bo par lesquelles le
mol commence? L'ancien portugais nous met à môme de répondre à
cette question. Dans un document de 1418, cité par S^ Rosa (dans le
Supplément, à l'article bracclloens) , le mol est écrit morsequill , et dans
un aulre de 1359 (chez S\ Rosa à l'article camalho) , mosequin l. Ajou-
]) On y Ht huuns viosequinrs , mais je pense que le r est de trop, ou Lien qu'il
faut lire 7nosequims, ce qui serait pour vioscqiiins.
lanl mal ù propos un mOf comme ils Toiil fail aussi dans d'autres ter-
mes empruntés à l'arabe (voyez-en des exemples dans mon article mo-
iiarra) , les chrétiens ont donc dit, au lieu de chcrquî y niocherqui, par
transposition morchequi, morsequi, et, par le chanf^ement ordinaire de
m eu 6, borcegui.
BoRM, alborni (espèce de faucon), de Tarabe bornt, pi. baràni y ({u'ou
trouve chez P. de Alcala. A en croire Cobarruvias, ces faucons seraient
originaires de la province de Bornou en Afrique, et pour celle raison
on leur aurait donné le nom de borni,
*Ce mol, qui manque dans nos lexiques et dont j'ignore l'origine
(car ce que dit Cob. ne me semble être qu'une conjecture), est encore
•n usage en Afri(|ue. M. Daumas a décrit ce faucon , qu'il appelle cl
herana, dans la Revue de rOnetU cl de l'Alg., nouv. série, 111, 235, et
Fristram (The Great Sahara ^ p. 392) parle aussi du v^El-Bourni, Bar-
bar y falcon , falco Barba rus. »
* BoTOR (bube, aposlème) de ^y^ [holhôr), plur. de bathv, qui a le
même sens. Millier.
*BuGiA, fr. bougie (chandelle de cire), de iô'wjs^o, vulgo Bougie, esp.
Bugia, d'où Ton exportait jadis de la cire. Defrémery.
* BuLEBULE pg. (nom d'une espèce d'herbe, dont la Heur s'agite au
moindre souffle de vent; — celui qui est toujours en mouvement, qui
n'est jamais tranquille). La racine J^Jj [balbala) exprime la même idée,
tcommovit,» «i la 2*^ forme acommolus fuit,» et belbâl est chez Prax
[Revue de VOrient cl de l*Alg., IV, 196) «ephedra.» C'est du moins
une plante, quoique ce ne soit pas la même que celle que les Port,
nomment bulebule. Il se peut donc que ce dernier mot soit d'origine arabe.
BuRDO. Cet adjectif, qui signifie grossier, en parlant des étoffes,
semble dériver du substantif jy (bord) [* qui désigne proprement une
espèce d'ctolfe grossière (voyez Ibn-as-Sikkit, A'f/a6 a/-flf//a(//t , man. 597,
p. 527, Beiske, Aboulfeda, I, Ann. hist., p. 10), et ensuite] une pièce
oblongue d'une étoffe de laine épaisse , dans laifuelle on s'enveloppe et
qui sert également de couverture pendant la nuit. Voyez plus de détails
sur ce mot arabe chez M. Dozy, Dict, des noms des vcL, p. 59elsuiv.
* Hr/v (esj)ècc de bière en Egypte) du turc s^^j, passé dans l'arabe
iorme \i\^ {bouza). Le dict. de l'Acad. française donne ce mot sous
la forme bosan. Il serait plus correct à^écvïva bonza o\x bousa. Defrémerv.
244
c.
* Cabaya pg. (espèce de vêtement) de ^Lï (cabd) ; voyez mon Dict. des
noms des vêtem,, p. 352 et suiv. La forme iôLy (pour \jUi) (cabâya)
se trouve dans les notes d'un imam de Constantine que M. Cherbonneau
m'a procurées, et M. Daumas {La grande Kabylie, p. 400) écrit aussi:
tikabaya, chemise de laine.»
*Cabilda, cabilla pg, («associaçao de familias, que vivem no mesmo
lugar,» Moraes), de »X^è {cabila), tribu. Ce mot se trouve très-souvent
chez le voyageur portugais Teixeira , qui a écrit en espagnol son Viage
de la India hasta Ilalia,
* Caciz pg, de ^J^^ (casîs) , prêtre chrétien. Chez Clavijo [Vida del
gran Tamorlan) caxix , ermite, p. 101, I. 11 {caxic 1. 15 et 3 a f.) et
1. 26, caxis, prélat, p. 134, 1. 14.
"" Cadae , cadahe (pas dans les dict.) désigne à Grenade une mesure
agraire, comme me l'apprend M. Simonet. Dans les lexiques arabes
-v^5 {cadah) est seulement le nom d'une mesure de capacité.
* Cadi pg, de j^tï (câdhî) , juge,
* Cadimo pg, («exercitado na sua arte, ou proBssao,» Moraes) de
j^jA'i, vieux, comme Moura l'a observé avec raison ; ladrao cadimo,
poeta cadimo, jogador cadimo, etc., comme on dit en parlant d'une per-
sonne qui exerce une profession, un métier, qui mène un certain genre
de vie depuis longtemps: vieux magistrat, vieux capitaine, etc. De même
boca cadima em mentir, etc.
* Café , /r. café , de Hj.^ (cahwa ou cakwé), qui a été longtemps un des
noms du vin. Les étymologies données par les Arabes sont inadmissi-
bles; mais quand on considère que le vrai moka est une boisson eni-
vrante, on s'explique aisément pourquoi on lui a donné ce nom. Au
reste les Esp. ont emprunté ce terme aux Français. Teixeira , qui pu-
blia son livre en 1610, écrit encore kaoàh {Viage de la India hasta Ita-
lia, p. 116, 117).
Cafila (troupe) de icUli {câfila) qui désigne une troupe de voyageurs,
une caravane.
Cafiz, cahiz, [" pg. cacifo; voyez S^ Rosa] (nom d'une mesure pour
les grains) , de jJH {cafîz).
245
Cafrb (cruel , barbare) de yL==> (câ/ir) ([ui signiûc un in/idèlc , un
mécréant.
* Caftajj de ^l-i^âi». (khaftân) ou q^w*. y^ufliin). Voyez mon Z)jc/. f/e^
noms des vélem., p. 162 et suiv.
^Caimacaiv (lieutenant) est ^Ji^ ^\Ji {câim macâm). Mûller.
*Cairo pg., fr, caire, angL coir, koir, kyre (les fibres de la noix
de coco, dont on se sert aux Maldives pour en tresser du fil avec le-
quel on coud les navires). Eu arabe ce mol s'écrit ^Uki , ,jJ^ ou ^t^,
que Ton prononce kimbâr, cambar ou combâr; voyez M. Wright, Glos-
saire sur Ibn-Djobair, p. 29, 30, et M. Defrémery , Mémoires d'hist,
orient,, p. 295 , n. 2. J'ignore si la forme du mot port, ressemble plus
au terme qui est en usage aux Maldives.
*Calahorra («forteresse, mot arabe,» Victor). Ce mot n'est pas
arabe d'origine; il paraît qu'il est basque = Calagurris, qui est bien
connu comme nom propre, et qui, chez les Arabes, est s^^» de même
que chez les Espagnols (Calahorra). Cependant les Arabes remploient
comme un nom appellatif dans le sens de forteresse ou de tour d'une
forteresse: voyez Ibn-al-Khalîb dans MuUer, Beitrdge, p. 3, et les arti-
cles de P. de Alcala que cite Fédileur. Selon TAcad. ce mot s'emploie
encore dans quelques districts, mais dans un autre sens, puisqu'il dé-
signe: la maison où l'on distribue le pain au public en temps de disette.
*Calaim pg. (étain indien) de ^^^ {cala*t), qui vient à son tour du
malai iSS [kélang), étain y ou bien qui est dérivé de Cala'a (K«Jlâ ou ôSS),
nom d'une ville dans l'Inde d'où l'on lirait Tétain ; voyez Quatremère
dans le Journ. des savants de 1846, p. 731; Djawâlikî, p. 125 du texte,
et p. 56, 57 des notes. Chez les Arabes cala'î est à la fois un adjec-
tif et un substantif. Edrîsî (Clim. I, Sect. 6) nomme ^^»i^^ u^Lo^JI ,
«Tétain cala'i ,» parmi les produits de la Chine, et la même expression se
trouve dans le man. de Naples du Mosta*înî à l'article iû^l ^jJU^ ,jfT^>.
Ailleurs on lit dans ce livre (art.^-jjuaji) : ^«ii o^l^j JJu^ t^s*^^ ^
Califa de AflAii> {kkalifa) qui signifie successeur (du prophète de
Cambl'x (masque ou voile à couvrir le visage) deo^^^JL^ (canbouch) qui
désigne une e8|)ècc de voile, comme le dit P. de Alcala aux mots toca
246
de muger, antifaz et vélo de mugcr ; voyez M.'Dozy, Bicl. des noms
des vôtcm.y p. 390. Le mot cancabux semble avoir la même origine.
"^M. Millier observe avec raison que gambux (bonnet d'enfant) n'est
qu'une autre forme de ce mot. Ajoutez aussi gamhox et gambo.
""Camocan, camucan (pas dans les dict.). Camocan se trouve souvent
chez Ciavijo (Vida del gran Tamorlan) comme le nom d'une étoffe pré-
cieuse, p. e. p. 113, 1.23, p. 118, 1. 30, p. 119, 1.3 a f., p. 123, 1.30,
et il faut lire camucanes dans une ordonnance de 1348, où le texte,
publié dans les Cortes de Léon y de Castilla (I, 623), porte: «Las del
comun de la villa que non trayan pannos de sirgo nin de can-
nucanes nin de tapetes.» Dans le Cancionero de Baena (p. 99) on
trouve :
De Milan con grant afan
Viene agora Sancho el page,
Balandran de çamoçan
Non sabemos sy lo trage.
Les auteurs du glossaire expliquent ce çamoçan par peau de chamois ;
c'est une grave erreur et la véritable leçon est camocan. C'est L^^4.5^,
que Freytag a noté d'après un des glossaires de Habicht sur les Mille
et une nuits (cf. Fleischer, de Glossis Habicht., p. 94) , et qui se trouve
souvent chez Ibn-Batouta. Selon le dictionnaire persan de Richardson ,
il faut prononcer kimkhâ. Chez Bocthor, sous chenille ^ tissu de soie
velouté et sous damasquète , étoffe de soie, or et argent, de Venise, du
Levant, à fleurs, le mot est ^^ (pas de voyelles). Berggren et Nag-
giar, sous damas, ont camkhd. Le mot est d'origine chinoise, car se-
lon M.Hoffmann, kincha ou kimcha signifie en chinois brocart (voyez le
Glossaire de M. de Jong sur le Latâif al-ma'ârif de Tha'âlibî , p. xxxv).
La forme camkhâ s'approche le plus de camocan ou camucan; mais
M. de Jong a trouvé dans un man. de Tha'âlibî ^li^^-^/ et dans un
autre ,L^-*^ ou .L^^-^s. Ne faudrait-il pas lire qI:^^^? Prononcé
comme cammokhân, cette forme répondrait fort bien à camocan.
*Cancano (pou) serait j.LiUi (camcâm), selon Marina. La signification
est bien la même; mais si cette étymologie était bonne, l'accent aurait
été changé dans le mot esp. (câncano) , et en outre je doute que cam^
cdm, qui n'est ni dans Alcala ni dans Bocthor, ait été en usage dans
247
la langue ordinaire. Je dois donc avouer que celle dérivalion m'est
suspecle.
*Ca>db, candi, pg. aussi candil et cadde, en parlent du sucre, de
Tarabe-pcrsan Jùi {cand) , qui vient à son tour du sanscrit khanda. Cf.
Malin, Eitjm, Unters,, p. 47.
Candil. 11 est difficile à décider si ce mot espagnol est Tarabe joJoLï
(canâtl) ou bien le latin candela. Le portugais candca se rapprocbe
plus de la forme latine.
* «M. E. semble avoir eu lort de ne pas se décider. Le lai in candela
est resté candela, cbandelle ; candil y lampe, est le mot arabe.» Mïiller. —
Cette observation me paraît juste. Au reste ce candîl vient de x^vr^Aa;
vovez Fleischer, de Glossis Habicht,, p. 72.
' CaiMbo pg, \ (chanvre). On s'étonnera peut-être de trouver ces
^Cakoamo pg. > mois ici, attendu qu'ils viennent de kxvvx(3iç, can-
*Cauamo J nabis. Aussi ne les ai-je notés que parce que ce
<ont les Arabes qui ont altéré de celte manière le mot grec-latin. Dans
le Mosta'im on lit: ^^isù\ ^ g.iick^.ii, et le mau. de Naples ajoute:
jj-Jjo^l iUU qL*»^ (J^^^ , c.-à-d.: ^Chahdânedj est le kinnab [telle est
la forme que xâvvccfSig a reçue en arabe], ou le kinnam, comme dit le
peuple en Espagne.» Or, l'auteur du Mosta^mî entend toujours sous
cette dénomination, non pas les chrétiens, mais les Arabes d'Espagne;
il est donc certain que c'est à ces derniers qu'il faut attribuer le chan-
gement du h en m. Le témoignage de P. de Alcala confirme celle as-
>crlion , car il traduit canamo par qmnnam. Toutefois le peuple arabe
en Espagne n'avait pas perdu lout-à-fait la coutume de prononcer ce
mot avec le b; l'adjectif alcanavy , que nous avons rencontré plus haut,
le prouve. Quant à canibo, que Ton rencontre à plusieurs reprises
chez Barros (voyez Moura), il semble aussi représenter (mais d'une
manière peu e.\acte) Tarabe kinnab.
Carabe, [*pg» aussi charabé, karabé] (ambre jaune) , de U^i' (cahrabc),
• jui est le persan câh-robâ , «ce qui allirc la paille.»
Carabia. Dans un passage des Ordonnances de Tolède, cité par
Marina, on lit: « Qualquier home que quisiere cavar para facer pozo,
n canal, ô carabia,» etc. Marina dérive ce mot de iHi/ (caraba) qui
désigne chez Freytag locus , cjuo per vallem aqua finit. N'ayant jamais
248
rencontré ce mot arabe, je ne saurais confirmer cette étymologie, bien
que je n'aie pas à en proposer de meilleure.
^Dans le Glossaire sur Edrîsî (p. 315, 316) j'ai déjà dit que cette
étymologie est fausse. Elle n'explique pas la terminaison ia , et le mot
caraba n'a jamais été en usage en Espagne ; c'est un vieux mol qui
appartient à la langue du Désert. Il y a dans carahia une faute légère
et extrêmement fréquente dans les écrits esp. du moyen âge; la cédille
a été omise et çarabia est l'arabe y^^i.**^ {sarahtya) zzz ^jm (sarab) , en
esp. azarbe, canal, conduit de Veau,
*Caraca b.-lat,, esp. et pg. carraca , ital. caracca, /r. caraque, b.-lat,
CARACORA, pg, coracora ou corocora, esp. caracoa, fr, caracove (espèce
de vaisseau grand et d'une marche lente]. M. Diez a noté caracca etc.,
qui a aussi passé dans les langues du Nord, mais sans en expliquer
l'origine. En esp. carraca est ancien , car on le trouve déjà dans la
Cronica gênerai (Acad.), et je crois que les Européens ont emprunté ce
mot aux Arabes, de même que caracora. En effet, on trouve dans les
dictionnaires de la langue classique ^yijé {corcôr) , et chez les auteurs
ir,yi^5 (corcôra) (Ibn-Batouta, II, 254 , IV, 327, Maccarî, II, 725, 1.5),
pour désigner un vaisseau marchand qui parfois était d'une grandeur
énorme (voyez le CartdSy p. 225, 1. 1 et 2). Ce corcôra a donné nais-
sance à caracora y etc. Quant à caraca etc., je serais tenté de le déri-
ver du plur. de ce même mot, à savoir de yilyi {carâquir) (cette forme
du plur., qui n'est pas dans les dict., se trouve chez Ibn-Batouta, II,
453, dans le Carias ^ p. 224 du texte, p. 228, n. 3 de la trad., chez un
chroniqueur anonyme, man. de Copenhague, n». 76, p. 41), car plu-
sieurs mots arabes ont passé dans l'esp. sous la forme du plur., et en
outre, comme les corcôra s ou carâquir étaient souvent réunies eu flot-
tes, il était facile de prendre le plur. pour le sing. On entendait par-
ler des carâquir, et Ton pensait que chaque navire, pris séparément,
s'appelait de même. Quant au changement de carâquir en cardca, il
est si simple et si commun, qu'il serait inutile de s'y arrêter». Une
autre question serait de savoir d'où vient ce mot corcôra. En arabe il
l) Cet article était écrit depuis longtemps, lorsque j'ai reçu le numéro du Journ.
asiat. de 1867, où M. Defrémery, en rendant compte de la seconde édition du livre de
M. Pihan, donne la même étymologie du mot carraca.
I'i9
esl ancien , mais il tt*a pas de racine dans celle langue. Ne viendrait-
il pas de carricare (= charger), qui se trouve déjà chez saint Jérôme
et qui s'emploie précisément en parlant de navires («perierunt très
naves quae pergebant carricatae Constantinopoli » chez Ducange)!^
^ GABAOïOi'^ (pas dans les dictionnaires). Dans le Libro de la Monteiia
d'Alphonse XI (fol. 25 b) «una melezina que le dizen raradion » est
• minée comme un remède propre à faire mourir les vers chez les
1. JUS, et c'est en se fondant sur ce passage que l'Acad. a donné un
article saradion. Je crois que la cédille est de trop, que par conséquent
il faut lire caradion et que c'est ^^^\ôjJ5 {cardâyôn). Ce mot manque
dans les dictionnaires, mais M. Sanguinetti Ta noté (dans le Jotirn. asial.
de 1866, I). Il signifie cardamome, et celle plante était en effet con-
sidérée comme un vermifuge; voyez Dodonaeus, Crutjdt'Bocck, p. 1538 a.
Je pense aussi qu'il faut restituer le même mot un peu plus loin (fol.
25 c), où Tauleur dit: «é despues tomen de una melezina que dizen
çaradique e amassenlo con del vinagre, é del agua é pongangelo sobre
las yjadas é atenlo» (de là rarlicle zaradique dans le Dict. de l'Acad.),
car on employait le cardamome contre la goutte aux hanches ; voyez
Dodonaeus, ibid.
* Caramo boh. (vin) de ^.^ (khamr). Miiller.
GABAVAiNA (troupe de marchands ou de pèlerins voyageant ensemble)
de q'^-wî (cairawân), mot d'origine persane (q^^/) qui désigne la même
chose que l'arabe câfila. Voyez ce mot.
* Carcajada (éclat de rire) , chez Victor le verbe carcajear (rire à
gorge déployée). Tamarid (voyez l'Acad.) avait déjà dit que c'est un
mot arabe, et Marina compare avec raison x^i (cahcaha), l'infinitif du
verbe «J^jj, qui a le même sens. En effet, P. de Alcala traduit carca-
/ida de visa par tacahcûha , l'infinitif de la 2* forme de ce verbe. Le
^on que l'on produit quand on rit aux éclats, est aussi rendu par les
lettres f^Ji^^ {cahcah); voyez Maccarî, II, 203, 1. 12.
* Carcajbs chez Cervantes, Dan Quijole, I, cap. XLI, t. III, p. 215
• d. Clemencin, est JL5^JLi> [khalkhâl) z= axorca. Millier. — Cervantes
mploie aussi ce mot dans ses ^'ovelas ^ I, 156 éd. de Perpignan de
1816 (Novela del amante libéral).
* Carcavo («el concavo y hondura del vîenlre del animal, segun dice
Nebrixa» Acad.) de wëyi (carcab), ventre, comme l'a déjà dit Marina.
250
Eîi effet , P. (le Alcala traduit carcavo par deux mots arabes qui
signifient ventre.
* Carcax , fr. carquois. « Ce mot nous est venu du persan ^^i^jJi
(tarcach), d'où les Arabes ont fait j^\S'jj (tarcâch) et les Italiens tarcasso.
Au XV" siècle, on disait targuais, et Ton n'ignore pas que les lettres
c et t permutaient souvent entre elles dans les langues néo-latines
(voyez la BibL de l'école des chartes, 2^ série, IV, 402 et suiv.). C'est
ainsi que de carcer on a fait charlre; de flaccere, flétrir; de tremere,
cremere, et ensuite craindre (cf. Chevalet, Orig. de la langue franc., I,
208, II, 98, 104).» Defrémery. — M. Miiller a aussi signalé l'omission
de ce mot et il renvoie à Quatremère, Hist. des suit, maml., I, 1, 15.
* Carmel («espèce de plantain qu'on appelle long plantain ou lancelée,»
Victor). En arabe cette plante s'appelle J^^j^^j; ^^\,^l {lisdn al-hamal),
ce qui, quant à la signification, répond exactement au grec arnoglossa
cl à Tesp. lengua de cordero; mais les Arabes d'Espagne disaient hamil
au lieu de hamal (Aie. sous lengua de cordero yervà) , et je crois que
ce hamtl a été altéré en carmel. Les Esp. ont donc supprimé le premier
mot, et ils ont corrompu l'autre; mais comme il s'agit du nom d'une
plante, celte circonstance n'a rien d'étonnant, car dans toutes les langues
ce sont les noms des plantes qui ont subi le plus d'altérations.
''Carmen gren, («huerto ô quinla con jardines, que se hace para
recréo,» Acad.) de *jS {carm) , vigne, étendue de terre plantée de
vigne, selon Marina et M. Miiller. En effet, l'expression oLoji'^ oLL>
{Cartâs, p. 251, 1. 3 a f., Mûller, Beitrdge, p. 42), ou olJL>.^ oLo^-f
{Carias, p. 238, 1. 9 a f.) , ou ^y.^L^^i^ ^^^S (Mille et une nuits, II,
109 éd. Macnaghlen), n'est pas rare chez les écrivains arabes, et elle
répond tout-à-fait à celle qu'emploie Marmol (Eehelion de los Moriscos,
fol. 8 h)\ «cârmenes y huertas.» Le sing. ^^ se trouve dans le Kitâb
akhhâr aWaçr (dans Mijller, Die letzten Zeiten), p. 52, 1. 4, et dans les
Mille et une nuits, ï, 734 éd. Macnaghlen. Freylag n'a pas le mot en
ce sens.
* Carmes, carmesi, carmin. Voyez alquermez.
"* Carne (celui des quatre côtés de l'osselet qui est un peu concave
et qui forme une figure comme un S) est probablement ^y& (carw) qui
signifie proprement cor^ie. Ce nom est bien choisi, car sur les osselets
25 1
que j'ai sous les yeux , la ûgurc eu queslion ressemble encore plus à
une corue qu'à un S.
* Cazuz. On lit dans le Libro de la Monteria d'Alphonse XI (fol. 25 ci):
• Una yerva que le dizen caruz, é esla yerva non ha mas de una rayz
sola que se va derecha ayuso, é es assi como soga , é apegase â las
paredes, é sube contra arriba. > C'est l'arabe ^^jh^, qu'il ne faut pas
prononcer casous, mais kissous, car c'est la transcription du grec Ki77Ôq ,
lierre, — Chez Nufiez le mot esp. est écrit cazur; c'est une faute.
* CuoBO. Victor: *Zeb6ho, espèce de chausson morisque. » ?
CiBRATANA, [*cerbatana, zarbatana, pg. sarabatana ou saravalana ,
itaL xarabolana,] /r. sarbacane, de xiUuj (zabalâna) qui désigne une
sarbacane dont on se sert pour tuer les oiseaux.
* Les Arabes ont emprunté ce mot aux Persans. Le r, qui est de
trop, était déjà dans le dialecte des Arabes d'Espagne, car P. de Alcala
traduit zebralana par zarbatana,
*Cbca (monnaie, lieu où l'on bat la monnaie) de K^.^ (sicca). En
arabe c'est ddr as-sicca.
Cedoaria de ^^J^-^^ {djedwdr) que Bocthor traduit par zédoaire.
Voir Sousa.
* Voyez Ibn-al-Baitàr, I, 245. En arabe, comme on peut le voir
chez cet auteur (!, 523) et chez Freytag (I, 255 a), la première lettre
de ce mot est soit un djim , soit un zâ (s) ,• il vaut donc mieux dériver
cedoaria de la forme j\^ô^ (zedwâr). En esp. et en cat. on trouve les
formes anciennes celoal (Alexandre, copl. 1501), siloval (tarif de 1252,
dans Capmany, Memorias sobre la marina de Barcelona, II, 20), siloiiar
{ibid., III, 178, n. 38).
* Cegatbro (revendeur, fripier) de ^'JU (saccâl)^ qui a le même sens,
avec la terminaison esp. ero. Mûller.
* Ckmimb. Ce mot qui n'est pas dans les dicL, se trouve (avec le z)
dans la Gtrpinteria de lo blanco , et M. Lafuenle y Alcûnlara m'écrit à
ce sujet: «Ni N. Mariategui ni moi, nous n'avons encore pu déterminer
Tune manière précise ce qu'il faut entendre sous zemime. C'est évidem-
ment une pièce de bois qui sert à en lier ou assujettir d'autres; mais
Lopcz Arenas n'en explique ni la forme ni les dimensions d'une manière
intelligible. Je crois que c'est (»'w«j. » Il se peut bien, en elfol . que
«.43 {zimâm, simém, fimlm) ail désigné une telle pièce de bois.
252
* Ceni. En arabe l'adjectif ^^^t^ {cint), qui signifie propremert chi-
nois, est aussi employé comme un substantif pour désigner une sub-
stance métallique. Freytag n'a pas du tout ce mot, qui cependant a
encore plusieurs autres significations; il donne seulement ^-JLA.Ai>.L«i>
(khârcint) , qui désigne soit la toutenague , soit le zinc (voyez l'art.
KAziNi) ; mais on trouve dans le Mosta'înî à l'article Qj-ail^ j^> (ce
mot tâlicoun, qui n'est pas dans Freytag, mais qui est une altération
de catholicon, signifie selon M. Sanguinetti, dans le Journ, asiat. de
1866, I: «une sorte de cuivre jaune, très-dur;» comparez cependant
de Sacy, Chrest., III, 457, à la fin): ^^Aoit yS> , «c'est le ctnî,^ Chez
P. de Alcala cint est fuslera, et on lit chez Marraol {Descripcion de
Affrica, III, fol. 3 d): «Las minas del cobre, de que se haze el alaton
finissimo, que Uaman Ciny*^> Dans les Libros de Aslronomïa d'Alphon-
se X, ceni est signalé comme un mot arabe, car on y lit dans l'endroit
où il est question des métaux dont on fait la sphère (I, 165): «Et si
deslos melales la fiziessen buellos unos con otros, assi cuemo uno à
que Uaman en aràviguo ceni, de que fazen bacines, et aguamaniles, et
acelres; et demâs es tan flaco por si este métal assi buelto, que quie-
bra cuemo vidrio. » Toutefois on le trouve aussi employé dans cette
collection comme un mot castillan, car on y rencontre ce passage (II,
117): «Las cosas de que se puede fazer ell espéra son todos los racia-
les, assi cuemo oro, plata, arambre, lierro, estanno ô plomo, et quan-
tas mezclas se fazen destos metales cuemo son el ceni et la fuslera. » —
De ces deux passages il résulte que le ceni est un alliage, une compo-
sition artificielle; mais j'ignore comment il faut l'appeler en français,
et les témoignages que j'ai rassemblés ne suffisent pas, ce me semble,
pour l'identifier avec un des alliages que nous connaissons. Tout ce
que l'on peut dire, c'est que le cuivre y entre en premier lieu, et
que, malgré le témoignage d'Alcala, ce n'est pas =: fuslera, car les
astronomes d'Alphonse X distinguent très-nettement le ceni de la fuslera,
non-seulement dans le second passage, mais aussi dans le premier.
*Cepti, ceuli, pg. ceitil , de ^^*^ (sebtî), l'adjectif de iLUm* (Sebta) ,
nom par lequel les Arabes désignent la ville de Ceuta. Ceuti est un
adjectif pour une très-belle espèce de citron de Ceula, et aussi, sous
la forme cepti ou cebli , pour du papier fabriqué dans cette ville. En
Espagne les doblas ceplis , cal. bizancios ceptils , étaient des monnaies
255
d'or (voyez Saez, Valor de las monedas , p. 321 el ailleurs; Capmany ,
Memorias y IV, 8) et selon toute apparence on les frappait à Ceuta ;
mais ce qu'on appelait ceilil en Portugal était une monnaie de cuivre
que Jean l" lit frapper en mémoire de la conquête de Ceuta (voyez
S*, llosa).
*Cequi, itaL zecchino, fi\ sequin, dérivé de )i.^M, (sicca), monnaie. Miiller.
* Cbreceda boh, (chaîne de galériens) de kJUJ^ (silsila), chaîne. Mill-
ier. — Comparez ce que j'ai dit dans Tlntrod., p. 22.
*Cero, ilaL zéro, fr. zéro, de Juo (cifr), vide (cifro, ciro , cero) , et
substantivement comme terme technique zéro. Le môme mot cifr est
aussi devenu cifra, chijfre, les Européens ayant appliqué le nom du
zéro, comme celui du caractère le plus général, aux neuf autres.
Voyez Mahn, Elym. Unlers., p. 46.
* Charel pg. Voyez girel.
* Cherva (ricin, Palma-christi, = higuera infernal) de c^^i> {khirwa')
qui désigne la même plante. Ce mot, que Marina a déjà noté, est un
exemple frappant et irrécusable du changement du khâ en cA, dont j'ai
parlé dans Tlntrod. (p. 13). En effet, ni l'origine orientale de khirwa\
ni son identité avec cherva, ne peuvent être révoquées en doute. Lagu-
no, que cite l'Acad. , avait déjà écrit dans ses notes sur Dioscoride:
« El Ricino ô Cicino es la misma cherva 6 catapucia mayor de los
Arabes,» et: «El oleo Ricino 6 Cicino es el azeite de cherva» (^j-^v>
cj^-i^Ji chez Ibn-Djobair, p. 68, 1. 5). Il est aussi très-certain que
kerva a été la forme intermédiaire, car Dodonaeus dit {Cruydt'Boeck ^
p. 648 a): «On appelle quelquefois cette plante kerua ou cherva maior.y»
* CmBO (fosse où Ton jette le marc des olives) de ^>. {djoubb), puits,
fosse t que nous avons déjà rencontré plus haut sous la forme algibe.
*Chiparote (épée courte et droite), et
* Chifra pfj,f esp. chifla (racloir, outil de relieurs et d'autres ouvriers
pour amincir le cuir dont ils couvrent les livres, les coffres, etc.).
Freytag a »^ (chafra et chofra) , « culter magnus, pec. scalprum su-
lorium. » En Espagne on prononçait chifra, et ce mot y désignait un
outil semblable à la chifra des deux langues romanes ; P. de Alcala le
donne sous tranchele de çapalero ; il a aussi navaja de barvero , chifra
al-mous. Chifarote a la même origine ; mais otc est une terminaison
romane,
254
* CiiiRiviA , ;j^. cherevia, alcherevia, alquirivia, fr. cliervis, chiroui,
de \^.*)^jS (carâwiyâ ou cartwiyâ) qui, chez Bocthor, répond à chervi.
Sur le changement du c en c/i voyez Tlntrod. , p. 15. Les Espagnols
ont rendu ce mot, sous la forme qu'ils lui avaient donnée, aux Mau-
resques, car chez P. de Alcala chirivia rayç conocida est girivia.
* Choca pg. (boule avec laquelle jouent les enfants et qu'ils frappent
avec un grand bâton ; le jeu a le même nom , Moraes) de l'arabe-persan
qI^^> {djôcân) y le jeu de la paume à cheval, mais proprement: l'espèce
de raquette avec laquelle on poussait la balle. Le voyageur portugais
Antonio Tenreiro dit en parlant des Arabes: «Ils sont si grands cava-
liers , qu'ils jouent la paume à cheval , que jogao a choca a cavallo, »
Voyez la savante dissertation de Quatremère, Hist, des suit, maml., I,
1, 122 et suiv. On voit que les Portugais se trompent quand ils pensent
que choca est la balle, car c'est la raquette.
* Choza, pg. choça (hutte , cabane). L'origine de ce mot ne s'expli-
que pas par le latin. Il est vrai que M. Diez (II, 114) le fait venir
de plulea, qui serait pour pluteum, en assurant que le changement des
lettres est régulier; mais il faudrait prouver l'existence de cette forme
plîitea, et en outre ni les Romains ni les peuples néo-latins n'ont jamais
employé pluteum dans le sens de cabane faite de bâtons fichés dans la
terre et couverte de broussailles ou de paille; tout le monde sait qu'il
a une tout autre signification. Je crois donc que l'étymologie arabe,
proposée par Marina et par Moura , n'est nullement à dédaigner. Ils
font venir choza de ij^oi* (khocç). C'est un mot très-fréquent et qui a
absolument le même sens. Le changement du khâ en ch n'a aussi
rien d'extraordinaire. Le kh devient c en esp., et les peuples néo-latins
changent souvent le c en ch. Voyez l'Introd., p. 15.
* Chuca (celui des quatre côtés de l'osselet qui présente un creux) ,
chuque chez Cobarruvias sous azar , semble être iC-îL^ (choucca), La
racine vJLii (chacca) signifie fendre; chacc est fissura, et chez Bocthor
Xô-à répond à crevasse. C'est donc par allusion au creux qui le distin-
gue, que ce côté de l'osselet a reçu ce nom.
*Chué, xué pg. Ce mot qu'on emploie comme un adjectif ou comme
un adverbe, a un sens peu précis; il signifie maigre, mais en général
c'est tout ce qui est mesquin, mal arrangé, mal apprêté, etc.; vai
chue, en parlant d'une femme qui porte peu de jupons ou des jupons
Irès-serrés; ttm janiar chue y lumtnartas chues, etc. Je crois que c'est
un raot arabe dont les Portugais font une application qui n'est pas
tout-à-fait exacte, parce que naturellement ils n'en sentent pas la force
et la véritable signification. Aujourd'hui on emploie dans les pays
arabes le terme x j^ , qu'on prononce choueiyè ou choxiyèh et qui est
proprement le diminutif de t^ {chai), chose, comme un adverbe dans
le sens de peu, un peu; voyez Caussin de Perceval, Gramm. ar, vul*
gaire, p. 128, Tantavy, Traité de la langue ar. viilg., p. 86, Bocthor,
Hélot, Berggren et Marcel sous peu. Les Arabes d'Espagne disaient
chouei (c'est-à-dire ^y^) ; ainsi P. de Alcala donne poco mas ^y^ ^i\
(xuà\j) y poco menos (^yi. JJsî , et la même forme se trouve chez Berg-
gren. Je pense que c'est de ce chouei que les Port, ont fait leur chue.
* Chulamo boh. (jeune homme). Selon Marina , ce serait une altéra-
tion de J^à (golâm) qui a le même sens; mais peut-être y a-t-il du
rapport entre ce mot et chulo.
* Chulo. Dans le sens de plaisant, croustilleux , ou de qui a de la
grâce (comparez chusco qui a les mêmes sens), ce mot n'est sans doute
pas d'origine arabe, car l'italien a aussi zurlo et zurro, gatlé , badinage,
et zurlare , plaisanter, badiner. Mais dans ses autres significations, ce
terme me semble venir de l'arabe Jj— ib {chaul , ou , puisque la diph-
Ihongue au devient ou dans la langue vulgaire, choul), La langue clas-
sique n'a ce mot que comme un adjectif dans le sens de «agilis in
opère peragendo; » nous verrons qu'il en a reçu d'autres. — . Le mieux
sera de commencer par le sens que chulo a chez les bohémiens. C'est
jeune homme, et chula, jeune fille. En outre, chula est en esp. =
meretricula; il est à peine besoin de dire que c'est encore jeune fille,
fille dans un mauvais sens. On retrouve cette acception chez P. de
Alcala qui traduit mancebo par mêchual , au phir. mechulin. C'est évi-
demment un mot qui vient de la même racine, une autre forme du
même mot. Il paraît être encore en usage en Algérie, car un officier
oldenbourgeois , Lamping, qui a servi en Algérie dans la légion étran-
gère, donne à plusieurs reprises le mol jaule {Erinnerungen aus Alge-
ncn y 1, 8, 17, 96, II, 44), en ajoutant qu'il signifie camarade, et
que les Arabes appellent ainsi tous ceux à qui ils adressent la parole.
Je suppose que c'est jeune homme et qu'on ne se sert de ce terme qu'en
256
parlant aux jeunes gens. Quoi qu'il en soit , choul était en Espagne
jeune homme, et ce sens explique chulo dans racceplion de valet de
boucher et dans celle qu'il a dans les courses aux taureaux, n Chulo, i>
dit TAcad., «est celui qui assiste dans la boucherie pour amener, enfer-
mer et tuer les bœufs; et comme ces gens, qui accompagnent sans
cesse les taureaux, les vaches et les bœufs, apprennent ordinairement
à les combattre et à les agacer, on donne aussi le nom de chulos ou
toreros à ceux qui, pendant les courses aux taureaux, agacent ces ani-
maux et fournissent des dards à ceux qui sont à cheval.» Il va sans
dire que, pour de telles choses, on choisit des jeunes gens forts et
agiles, et Ton voit en même temps qu'il y a du rapport entre chaul ,
le substantif, et chaut, l'adjectif, «agilis in opère peragendo. » — En
arabe l'emploi de chaul comme substantif est assez ancien ; seulement
c'était un collectif, jeunes gens. Ainsi le poète Ibn-'Abdoun, qui floris-
sait vers l'an 1100, dit dans une élégie (apud Ibn-Bassâm, man. de
M. Mohl, fol. 215 V^):
« O « r O i
ù\\Xxi J^^ JsJ "^^ *Iit Ak^MiS '»^^^^ iy^ * f*-^-^ q^^ t*?*^^
«Un prince toujours passionnément amoureux, qui était la brillante
étoile parmi les jeunes gens de Cordoue; je devrais dire plutôt: parmi
ceux de Bagdad.» Chez Ibn-Khaldoun {Hist, des Berbères, I, 501) on
lit: ^^y^ J^-^^3 i^Lj; u^^-^*^^ «Igs princes de Zenâta et les plus braves
jeunes gens de celle tribu» (cf. 1. 9). Ailleurs (I, 652): ^^^ viA.-*-j
»Jij^ ^J> pL^ o'i^l J-:v-^-^ qUaJlaw, «il fit venir Solaimân, le chef des
Aulâd-Sebâ', avec ses jeunes gens.» Plus loin (11,157): « 'Abd-al-hacc
ibn-Othmân, le plus brave parmi les jeunes gens {iy.j^l\ ^.^S) de la
famille de Merîn. » De même t. II, p. 545, 1. 7 a f., p. 544, 1. 8 a f.,
p. 555, 1. 11. Si dans ces passages on veut iYdiàwxYQ jeunes guerriers,
ou guerriers tout court, je ne m'y opposerai pas; seulement je crois
que jeunes gens est l'acception propre du mot.
*Chumeas, chimeas, chùmbeas pg. («peças de madeira, com que se
guarnece o mastro estalado, unindo-se-lhe com cavilhas ou pregos, para
nao quebrar,» Moraes, qui donne chùmeas, et non pas chuméas comme
l) Maccarî, qui cite aussi ce vers (il, 58l), donne çAi><^ ...ly yi^Jl^^. Ces leçons
sont mauvaises.
257
Vieyra) de iôwL> (djdmi'a) , que nous avons rencontré plus haut sous
la forme algémas, de la racine djama*a qui répond à unir.
* CiPAc , cifaque (péritoine), de v^L-*-^ (cifâc) qui a le même sens.
Mùller. En pg. sifac.
CiFBA (chiffre) de Jua (ci/r), vide; c'était d'abord le nom du zéro et
ensuite on Ta transféré aux autres nombres. Voir Mahn, ElymoL
Unlers,, p. 46.
* CoiMA pg. (cooma chez Moura) (amende, peine pécuniaire) de a^as
(quîmà), Freytag n'a ce mot que dans le sens de «valor, prelium
(rei) ; » celui d'amende est ancien en arabe , et M. de Goeje Ta noté
dans son Glossaire sur Belâdzorî, p. 92, en remarquant que c'est pro-
prement: reslitulio pretii rei. Le port, a aussi coimeiro comme adjectif
et comme substantif; voyez S^ Rosa et Moraes.
*CoLcoTAR, pg. colcolhâr, /r. colcotar («a caparrosa dislillada, ou
calcinada, de sorte que jà nao tenha que dar de si; hoje chama-se oxido
de ferro rubro , » Moraes) de ^Lbàls [colcotar) , « vitriolum flavum , chal-
cilis;» voyez le Mosta'tnt sous Jj, Ibn-al-Baitâr, I, 510, Alcala sous
caparrosa. Il résulte de ces citations que M. Liltré, dans son savant
Dictionnaire de la langue française, s'est gravement trompé en soup-
çonnant que ce terme a été inventé par Paracelse. Il est sans doute
d'origine grecque et selon toute apparence c'est une corruption de %^a-
xavôoç , ^«Axav^î^ ou ;tfl{Axai/^5i/ , car une autre espèce de cette substance
porte en arabe le nom de calcant,
CuBEBA (espèce de poivre) de 'x^LS (cabâba).
*CuRcuMA (souchet, safran d'Inde) de ^S [courcoum), qui désigne
la même plante, en sanscrit kunkuma (safran), comme me l'apprend
mon savant ami et collègue M. Kern. KpÔKog-crocus a sans doute la
même origine.
D.
Daifa (concubine) de 'xkj./û {dhaifa), chez Freytag «quai hospitio con-
vivioque excipitur (femina).»
Damque (nom d'un poids) de \JL^\ô (dânic) , la sixième partie d'un
dirheni.
* Ce danique, qui n'est pas dans les dicl., est donné par M. de Gayangos,
trad. de Maccarî, I, 500.
33
258
^ Debo (oulil tic mégissier). M. Mûlier dérive ce mot de la racine
<jv> (dabaga) qui signifie en effet tanner et passer en mégie; mais je ne
connais pas de substantif, venant de cette racine, qui désigne un outil
de mégissier. Le savant bavarois semble l'avoir trouvé dans dibg ou
dihâg f qu'il traduit, comme Freytag Pavait fait, par «res qua paratur
pellis coriumve;» je suppose donc qu'il a cru reconnaître un outil dans
ce res; mais s'il en est ainsi, il s'est trompé. Dibg et dibâg désignent
le tan y l'écorce avec laquelle on prépare le cuir (voyez Lane, Espina
dans la Revue de V Orient et de l'Alg.^ XIII, 155, et les dicl. de la
langue moderne sous tan), et je ne sache pas qu'ils aient jamais signiûé
autre chose. Je doute donc un peu de cette élymologie, qui, au premier
abord , semble cependant assez plausible.
'*' Derrama (impôt , tribut). S^ Rosa dérive ce mot du verbe derra-
mar, répandre , parce que c'est une contribution «derramada por todos.»
Celle explication me paraît peu naturelle, et j'aime mieux voir dans
derrama, avec Cobarruvias, l'Acad. et Marina, une altération de iCoL-i:
(garâma) qui a le même sens et qui a encore une fois passé dans l'esp.
sous la forme garrama.
DiNERo [, ^pg. dinheiro]. Bien que l'arabe ^Loo {dinar, dîner) lui-
mcme ne soit qu'une altération de ly^vàpiov, du latin denarius , la forme
du mot espagnol semble approcher plus de l'arabe que du latin.
E.
EixoRTiNS vaL Suivant Ros ce mot signifie hombres de guarda del
Bey. C'est l'arabe K-K-i^JÎ (ach-chorta) qui signifie de même les gardes
du corps.
" Celte élymologie n'est pas tout-à-fait exacte. Eixorlins vient de
Jd^^\ , mot que Freytag prononce ach-chorali («praitorianus satelles»),
mais qui en Espagne se prononçait ach-chorli, car c'est ainsi qu'il est
écrit, avec toutes les voyelles, dans l'excellent man. de V Histoire des
cadis de Cordoue j par Mohammed ibn-Hârith, que possède la bibliothè-
que d'Oxford (p. 281), et P. de Alcala (sous sayon et sous verdugo)
prononce de la même manière.
Elche (barbare) de ^Ic ÇHdj) qui se dit dans la même acception.
* En arabe '//<// signifie; un étranger qui n'est pas de la religion
259
inusulûiaue , chez Freylag «barbarus religioncm Muhammcdis non pro-
fllens;» et quant à elche, il ne signifie nullement barbare. Chez Victor
c'est: «fugitif qui va se rendre aux ennemis et lient leur parti, Maure
de Grenade ainsi appelé par ceux de Fez;» dans les dicl. modernes:
«apostat, renégat, celui qui a renoncé à la foi catholique.» Le fait
est que, vers la fin du moyen âge, on donnait le nom de *ildj ou elchc
à tous ceux qui avaient changé de religion, aux musulmans qui s'élaient
fails chrétiens (Alcala: elche tornadizo z= yaXX/», cf. Victor), aussi bien
qu'aux chrétiens qui avaient embrassé Tislamisme (voyez les auteurs
cités dans mon Ilisl. des musulmans d'Espagne, I, 338, n. 1).
*Elemi, pg, gumileme, de ^^^^^ {Idmî ou létnî) qui manque chez
Freytag, mais qu'on trouve chez Boclhor («Élémi, gomme, ^^a"^ k^^»).
M. Sanguinelti, dans le Journ. asiat. de 1866, I, 522, remarque sur
ce lerme ce qui suit: «^^"^ Elémi, Elemi résina. L'élémi oriental, ou
vrai élémi, provient de VAmyris Zeylanica, Balsamier de Ceylan. On
l'employait en fumigations, et comme masticatoire. On s'en servait
aussi dans les cas d'hémorrhagie de la matrice, suite de couches, etc.
On nomme encore cette résine ^'^ j«^ et ^id^ Is^y » Chez M. Prax
{Commerce de V Algérie, p. 20) on lit: «L'encens du Soudan, bokhor
soudani , appelé aussi laïmni, est une résine noire tirée d'un arbre
appelé 0mm an-nâs. » Hœst {Nachrichlen von Marokos, p. 275) écrit enémi.
Elixir àQ ^i^^\ [el'icsir) , elixir, lapis philosophorum.
* Ordinairement on se contente de dire que al-icsfr est un mot arabe,
ce qui est vrai jusqu'à un certain point, attendu que les Arabes l'em-
ploient. Cependant il ne peut pas appartenir à leur langue, car en
premier lieu on ne s'explique pas comment il pourrait avoir du rapport
avec la racine casara, qui signifie briser, et en second lieu la forme
n'est pas celle d'un mot arabe , celte langue n'ayant pas la forme if*U
excepté dans les mots d'origine étrangère. Le fait est que c'est une
altération du grec ^>ipôv, qui signifie proprement médicament sec, et
qui plus tard a reçu un sens plus large; voyez M. Fleischer, de Glossis
Uahichl.y p. 70. Le grec ^lîpm, qui a le môme sens, a aussi passé
dans l'arabe sous la forme icslrain (pas dans Freytag), car je trouve
dans le Glossaire sur le Mançourt (man. 551 (5), fol. 152 r") : ^^>^^l
^^yfoàl ^f *-!^^> ^icsîrain est un remède composé dont on se sert
260
O « û
dans les ophthalmies. » Il est facile de voir que cet ^j-.A«M*.-lt est une
prononciation inexacte de ^^^x^-^i^t (^jipiov),
*Ema pg. (autruche) est, selon les Portugais (voyez Sousa et Moraes),
une corruption de iCxUi (îia'âma ou na^éma) qui désigne le même oiseau.
*Emxara o. pg. (hallier, buisson) de s-\^^\ {ech-chaWâ), Même sens.
Enxaravia a,pg, («mouchoir de soie rouge que les maquerelles étaient
obligées de porter sur la tête» S^ Rosa) de '^.^\ {ech-charhiya) qui
signifie au Maroc strophium capUis (Bombay, p. 82).
*Dans mon Dicl, des noms des vêtem,^ p. 219, j'avais déjà noté ce
mot arabe, qui manque dans les lexiques, en citant Bombay. Je puis
ajouter à présent qu'on le trouve aussi dans l'inventaire des biens d'un
juif marocain décédé en 1751 (man. 1576), où on lit: j^-jÎ~^ ^^^
iCS-^- oIaav.5, «trois charhiyas de Fez,» et dans l'intéressant voyage du
baron de Pflugl au Maroc, qui s'exprime en ces termes (dans les Wiener
Jahrhûcher y LXVII, Anzeige-Blatt , p. 7): «Les femmes séparent les
cheveux sur le front, les tressent par derrière et les enveloppent d'un
mouchoir de soie. Sur celui-ci elles en portent un second {sherbia) de soie
noire, dont les deux bouts, qui retombent sur le col, sont garnis de
houppes d'or, et qui est attaché au derrière de la tête au moyen d'une
aiguille d'or.» En Portugal la enxaravia (telle est l'accentuation de
S^ Rosa; Moraes a mal à propos: enxaravia) ne servait pas seulement
aux misérables dont parle S^ Rosa ; c'était au contraire une coiffure
très-distinguée et qui était même portée par les reines, car dans un
passage cité par Moraes on lit: «ia a Rainha abafada com huma enxa-
ravia.» Dans un autre passage, que rapporte le même lexicographe,
on trouve: «veos, beatilhas, enxaravias, e outros toucados de seda. »
J'observerai encore que eyxarvia, que S^ Rosa, dans son supplément,
traduit sans aucune raison par pierre précieuse, est indubitablement le
même mot. — Quant à l'origine du terme, il vient évidemment de
charb qui désigne une espèce de tissu, «linum tenue» selon Golius,
mais je doute que cette explication soit exacte, car le charb est toujours
nommé parmi lés étoffes précieuses (voyez le Glossaire sur Edrîsî,
p. 526) , et d'un autre côté nous avons vu que la charbiya est de soie ,
au Maroc aussi bien qu'en Portugal. Je crois donc plutôt que charb
est une espèce de soie. En effet, dans un passage des Mille et une
261
nuits, où il est question d'une chemise de charb , comme on lit dans
rédilion de Habicht (VII, 20, 1. 4), le texte publié par Macnaghten (II,
46, 1. 7) porte: «une chemise de soie» {harir).
* Enxavbgo a. pg. (tilet pour pocher) , enxavegua a. pg. (pésca de
solhas, e outro peixe miudo,» S\ Rosa dans le supplément, filet selon
Moraes), de i^C^àJi (ech-chabeca) , filet, et aussi, ce qu'on ne trouve pas
dans Freytag, pêcherie; Edrisî (dans Amari , Bibl. Arabo-Sicula , p. 32,
1. 7) emploie le mot en ce sens.
Enxkco (eyxeco, eyxequo, yxeco) signifie en vieux portugais damno ,
perda, desgraça, queixa, moleslia, etc. C'est l'arabe vJUiJt (ech-checc),
«labor, molestia. »
*Enxerca, enxerqua, enxerga a. pg. Dans le Brésil méridional on
donne encore le nom de xarque à des morceaux de viande saupoudrés
et séchés au soleil (Moraes). Ce terme est évidemment d'origine arabe,
car dans celte langue le verbe ^j»j^ à la 2* forme (charraca) signifie:
«in partes longiores diffissam (carnem), ut siccaretur, soli exposuit. »
En Portugal on disait en ce sens carne de enxerqua; le verbe était
enxercar , et une femme qui vendait cette viande s'appelait enxerqueira.
Comme elle ne se vendait pas au poids, mais seulement à vue d'œil,
a olho comme disent les Portugais, vender à enxerca a reçu le sens de
vender a olho.
*EscABECHE, pg. aussi escaveche (sorte de saumure pour conserver
longtemps le poisson; elle se compose de vinaigre ou de vin blanc, de
feuilles de laurier, de citrons coupés et d'autres ingrédients), de _LoCw
{sicbâdj ou sicbédj) , qui désigne chez Freytag un mets aigre, fait de
viande avec du vinaigre, ou de petits morceaux de [viande avec du
vinaigre, du miel, du sirop aigre, ou autres ingrédients. Il y a plu-
sieurs espèces de sicbédj , mais le vinaigre entre dans toutes; voyez la
traduction des Mille et une nuits par M. Lane, II, 495, n. 15.
* EscAQUES pg. Voyez xaque.
* EsPAV (spahi) du turc-persan ^^Lj^^ {sipâht) ; peut-être les Esp.
ont-ils reçu ce mot des Africains, mais il se peut aussi qu'ils l'aient
reçu directement des Turcs. En Algérie on écrit ïLa-j^^La-a^ (Martin,
Dialogues, p. 133). Miillcr. En esp. on écrit aussi cipayoK
l) Dans le Cancionero de Bacna un poème commence par ces mots (p. 459):
Senor vénérable, yo non so cobaye,
262
EsTOL en valencien et en provençal désigne une (lotie (voyez Kôs ,
[*Raynouard, Lexique roman] et Honnorat, Dictiomi, provençal). Il
me semble dériver plutôt de l'arabe d^.hi^\ (oslôl) que directement du
grec cTTo^oç.
* L'opinion de M. E. est confirmée par la forme catalane hostol {Crô-
nica de D, Pedro IV el Ceremonioso , p. 345 éd. Bofarull).
F.
* Falaca pg, de XaU (falaca). C'est dans les états barbaresques , et
notamment à Alger, que les Portugais ont entendu le nom de cet in-
strument redoutable. Nos dictionnaires n'ont en ce sens que falac;
mais on lit falaca dans plusieurs relations; voyez p. e, Wild, Reyshe-
schreibung eines gefangenen Christen, p. 33, Emanuel d'Aranda, Rela-
lions particulières y p. 194, 195, Laugier de Tassy , Histoire du royaume
d'Alger, p. 120, Several voyages to Barbary, p. 56. Selon M. Cherbon-
neau (dans le Journ. asial. de 1849, I, p. 546), c'est: «un instrument
composé d'un morceau de bois , aux deux extrémités duquel une corde
est attachée de manière à former un arc. Les maîtres d'école et les
chefs d'atelier ont tous une falaca, et s'en servent pour châtier les
enfants. Ils passent les jambes du patient entre le bâton et la corde,
puis tournent l'instrument plusieurs fois sur lui-même pour les étreindre
fortement et le réduire à l'immobilité. Dans cette posture, ils lui assè-
nent des coups de bâton sur la plante des pieds.» En Egypte ce mot,
qui vient du verbe falaca, fendre, est aussi en usage; voyez Coppin,
Le bouclier de V Europe, p. 233, M. Lane, Modem Egyplians , I, 156
dans la note.
Nin raoro, nin elche , tan poco Farfan;
Nin creo en Mahomat nin creo al Çatau
Que tiene por arco la puente San Payo.
Les auteurs du glossaire disent que c'est peut-être cipayo , «quoiqu'on suppose»» ajou*
tent-ils, «que ce mot est plus moderne.» En effet, ce terme n'ayant commencé à être
en usage à Alger qu'après la conquête de cette ville par les Turcs , il ne peut pas se
trouver chez un poète espagnol de la première moitié du XV^ siècle. Mais en outre lo
sens de soldat serait tout-à-fait déplacé ici; le poète a évidemment en vue le nom d'une
personne attachée à une opinion regardée comme hérétique, et il est facile de voir qu'il
a voulu dire: je ne suis pas Sabéen.
263
'* Falacua , falâxa pg. (gâteau rond de chiUaignes) vient peut-être de
la racine ,cJL> (haladja) qui signifie arrondir une pâle de farine au
moyen d*un mihlâdj ou rouleau ; mais les dict. n'ont pas de substantif
qui réponde à falâcha.
* Falca. Ce mot a des significations très-diverses, parce qu'il re-
présente deux mots arabes qui n'ont rien de commun ensemble. C'est
1°. «un petit coin de bois que Ton met au bout plus menu -d'une che-
ville, après qu'elle est fichée, pour la faire tenir; un clou, cheville ou
crampon» (Victor). En ce sens c'est l'arabe iciii^ {halca), qui signifie
proprement anneau (nous l'avons rencontré plus haut sous la forme
alhelga), mais qui chez Berggren est aussi crampon, 2°. Comme terme
de marine falcas est: «las tablas que se ponen de galon à galon sobre
la borda, para mayor adorno y seguridad de la gente» (Acad.) ; et
comme terme d'artillerie 3^. «dous tabuoens do reparo, parallelamenle
unidos pelas taleiras; nas falcas se fazem as munhoneiras dos canhôes»
(Moraes). Dans ces deux acceptions, qui sont au fond identiques, falca
vient aussi de la racine halaca qui, entre autres significations, a celle
à*en(ourer; chez P. de Alcala la 2« forme répond à cercar de vallado ,
cercar en derredor , cerrar en deredor , cerrar de seto , enredar en redes ,
cstar en derredor, rodear. Chez Ibn-Djobair le substantif haie signifie
clôture, mur d'enceinte; voyez le Glossaire de M. Wright, p, 20 (il faut
lire de même chez Ibn-Djobair, p. 209^, 1. 1, et p. 214, 1. 21, ce que
l'éditeur a négligé de remarquer). C'est de ce mot , ou d'une forme
halca , que vient falcas. — 4°. En port, falca est: «un morceau de
bois carré, qu'on a coupé avec la cognée du tronc d'un arbre « (Vieyra).
11 vient de la racine vjULâ (falaca), qui signifie fendre (p. e. du bois
avec une cognée). Freytag n'a pas la forme falca en ce sens, mais
bien filca, « fragmentum , pars (rei).» De ce substantif port, viennent
les verbes falquear et falquejar, dont la signification est à peu près la
même que celle du verbe arabe falaca,
Falifa. Suivant S\ Rosa ce mot se trouve dans un document de
1507 avec le sens de pelisse («o mesmo que pelica»). Je crois y re-
connaître l'arabe 'ijuj<à> {Jshanifa) qui désigne un manteau grossier. Voir
M. Dozy, Dict, des noms des vélem,, p. 175, 176.
' Cette élymologic me paraît fort heureuse. Le port, a le même mot
sous mi forme moins altérée, à savoir ganinfa, «manteau maure» (chez
264
Vieyra). Quant à l'explication de S^ Rosa, elle est erronée: il a cru
que falifa était une altération de pelica, Falifa signifie proprement
peau (Tagneau, car on lit dans une ordonnance d'Alphonse X {Cortes de
Léon y de Castillan I, 70): «piel de corderos que ha nombre falifa;»
plus tard on a appliqué le terme khantf ou khanifa à un manteau qui,
comme je Tai démontré ailleurs, était fait de laine ou de poil de chèvre.
Est-il d'origine arabe? J'en doute; Freytag a bien khanîf, mais dans
le sens de «linum vilissimum, vel vestis alba, dura ex lino,» ce qui
est tout autre chose , et en outre la racine kh-n-f est tellement inusi-
tée, que M. Lane l'a omise dans son Lexique. Je serais donc plutôt
porté à croire que le terme en question est d'origine berbère, et la
circonstance qu'il n'a été en usage qu'au Maroc et en Espagne me con-
firme dans cette supposition.
Faluca, it, feluca, fîluca, fr. felouque («petit navire à voiles et à
rames» Jal). Il est difficile de retrouver l'origine de ce mot fort usité
chez tous les peuples commerçants de la Méditerranée. Au Magrib on
dit '2L^=3j)J) (falouca) ; mais cette circonstance ne nous donne pas encore
le droit de lui assigner une origine arabe, car il se peut très-bien que
les Magribins l'aient emprunté à l'italien ou à l'espagnol. M. Jal le
met en rapport avec l'arabe j^U (foie), navire, mot qui est aussi usité
en turc. N'ayant pas de meilleure étymologie à proposer, je ne puis
que reproduire celle du savant marin.
* Celte étymologie se trouve aussi chez Sousa , Diez et Pihan ; mais
je m'étonne qu'un savant qui connaît l'arabe comme M. E. le connaît,
ne l'ait pas rejelée immédiatement et sans réserve, car foie n'appartient
pas à la langue qu'on parlait au moyen âge; c'est un vieux mot, qu'on
rencontre bien encore quelquefois chez les poètes, parce que ceux-ci
recherchent précisément les termes surannés, mais jamais chez les
prosateurs, ni dans la signification générale de navire, ni comme le
nom d'une certaine espèce de vaisseau *. Le peuple et les marins ne
l) Les trois passages dans les Mille et une nuits (voyages de Sindbad), III, 31 éd.
Macnaghten (il, 14 éd. de Boulac, IV, 29 éd. Habicht), III, 67 (il, 30 Boul., IV,
105 Hab.) et III, 76 (il, 34 Boul., IV, 121 Hab.), ne réfutent pas ce que j'ai dit
dans le texte, car au lieu de t^i^ls il faut y lire t»5sJl5^, radeau, comme on trouve dans
deux autre» éditions; voyez la traduction de M. Lane, III, 97, n. 40, 109, n. 80, 113,
26i>
le connaissaient pas ; il ne peut donc pas avoir passé dans les langues
romanes, car il va sans dire que tous les mots arabes qu'elles ont
admis, appartiennent à la langue telle qu'on la parlait. — Le ternie
en question est bien d'origine arabe, mais il a subi une foule d'altéra-
tions qui, bien qu'assez fortes, ne sont cependant nullement irrégulières.
En arabe c'est iCïlp- (harrdca). Dérivé de la racine haraca, qui signi-
fie brûler t ce mot ne désigne pas toutefois ce que nous appelons un
brûlot, mais une barque, de dessus laquelle on pouvait lancer le naplile
sur les vaisseaux ennemis. Telle est la signification primitive du mot;
mais ordinairement on entendait sous harrâca une barque ou petit
vaisseau, une espèce de galère, qui s'employait également sur la mer
et sur les fleuves, sans aucun but hostile. Voyez la note de Qualre-
mère, Ilist. des suit, maml. , I, 1, 145, 144. Ce mot a passé dans
l'ancien espagnol, mais sous une forme un peu différente. Le a long
devient plus d'une fois en esp. le o long (cf. Tlntrod., p. 26), et le r
se change très-souvent en l (ibid., pv 22). Harrâca peut donc devenir
régulièrement en esp. haloque, et je trouve ce mot dans les Siete Par-
lidas d'Alphonse X (Part. II, tit. 24, ley 7), où les «leilos, et balo-
ques et barcas» sont nommés parmi les petits bâtiments de mer. C'est
évidemment le même mol que harrâca. Remarquons à présent que les
lettres h et f permutent entre elles en esp. Au lieu de haloque on
peut donc écrire aussi faloque; c'est une différence dans l'orlhographe,
mais non pas dans la prononciation. En France aussi on écrivait au
XVII^ siècle falouque (voyez Jal sous ce mol); en vieux esp. faluca;
dans ces deux formes le o a été changé en u (ou). Les changements
dans les formes ital. felvca , filma, filxicca, fr. felouque, sont légers.
En esp. et en port, on dit à présent felua, — Enfin le mol est retourné
aux Arabes, qui cependant n'y reconnaissaient pas leur harrâca et qui
le prononçaient comme ils l'entendaient prononcer eux-mêmes. On
trouve ce felouca i»Sy)à) chez Bombay (p. 100) (phaselus) , chez Humbert
n. 1, Ne connaissant pas ce mot v^JsJLl' , quelques copistes y ont substitué un autre,
qui, du reste, ne convient nullement, cor les récits eux-mêmes montrent qu'il s'agit
d'un radeau et non pas d'un navire; voyei surtout III, 68, La même remarque s'ap-
plique, comme BL Lane l'a remarqué, au texte de Macnoghten , III, C24, 635, où
l'édition de Ilabicht (iV, 245, 264} a la bonne leçon.
34
260
(p. 127) {barque de pécheur), chez Boclhor et chez Marcel sous felouque ,
dans le Dicf. berbère sous barque j etc.; mais c'est un mot nouveau,
tout-à-fait inconnu au moyen âge, et que les habitants arabes de la
côte de la Méditerranée ont emprunté aux Européens. — Au reste il est
certain que la harrâca et la felouque sont la même espèce de navire,
car les felouques étaient comptées anciennement parmi les galères;
c'étaient de petits navires à rames, avec un seul mât et un grand voile
lalin (voyez Jal sous falouque, falua^ felouque et filuca). Plus tard el-
les sont devenues plus grandes.
*Fanega, a, pg. fanga (boisseau, mesure pour les grains, le sel, etc.).
La forme fanega vient de KilyLj [fariîca) qui désigne un grand sac. Chez
les écrivains arabes je n'ai pas rencontré celte forme comme le nom
d'une mesure de capacité ; mais bien XSâ» (fanca) , qui n'est pas dans
Freytag et qui répond à l'ancien port, fanga. Il se trouve chez un au-
teur du XP siècle, Becrî (p. 113, 1. 1), qui dit que la fanca de Cor-
doue contenait de son temps vingt moudd (en esp. almud).
Farda. Voyez alfarda [* et l'Appendice].
* Farrachador («celui entre les Morisques qui visite les filles pour
connaître si elles sont pucelles,» Victor). Evidemment les Mauresques
ont formé du substantif -^ (fardj), pudendum muliebre, le verbe /arra-
char, et de ce verbe le substantif farrachador.
* Fatel ou fatol b.'lat. Ce mot se trouve dans deux chartes du X«
siècle, publiées par Yepes (Coronica de la Orden de San Benito, V, fol
424 r*» et 444 y°). Dans Tune on lit: «Adiecimus etiam estramina lec
lulorum : gagnapes paleas antionum Vil , subminores VIII , plumatios di
gniores paleos X , alios subminores VIII , aliphafes vulturînos V, almoçal
las morgomes VI, fatoles paleos II;» et dans l'autre: «Et donamus libi
veinte lectos cum suos tapetes, et almoçalas de paleo et de grentisco,
cum suos plumatos paleos et greciscos, et suas sabanas literatas, et fa-
leles alfanegues in panos gratiscos. » Berganza, dans son petit voca-
bulaire {Anlig. de Esp., II, à la fin), explique fatel par saija conplieges.
Je ne crois pas qu'il ait trouvé cela quelque part; à mon avis ce n'est
qu'une conjecture sur le sens de ce mot dans la seconde charte. Deux
questions se présentent donc: que signifie ce mot? Est-il d'origine ara-
be? M. de Gayangos (dans le Memor. hist, esp., IX, 352), qui ne cite
que le second passage, l'a cru; il a dit que c'est l'arabe J^aa» (fattl)
267
cl ijue ce mol signifie ce qu'on appelle ruedo, c.-à-d. , bord mis autour,
roue qu'on met au bas d'une robe; mais ce sens, supposé que fatil
l'eut, ce dont je doute, ne conviendrait point du tout, car il est 1res
certain que fatel ou fatol n'est nullement le bord d'un autre objet, mais
que c'est un des objets qui composent le lit, tels que la paillasse, le
matelas, le lit de plume, le traversin, les draps, la couverture, la courte-
pointe. Le mot en question ne vient pas de la racine arabe fatala, qui
signifie tordre, mais de la racine J^oai (fadhala). Il n'est pas dans nos
dictionnaires, mais on le retrouve chez Maccarî (II, 711, 1. 6). Dans
la liste des présents que le sultan de Maroc envoya au sultan d'Egypte,
cet auteur nomme j^L^uiî^ u^^^^ Kc^âJI ^IkoàI], «les fadhélî de di-
verses sortes, les lits de plume et les oreillers (almohadas) ,y> et ensuite
les ^,Ju^, pi. de kJI^ (lihâf) , qui sont les aliphafes de la première
charte. On voit donc que les fadhélî sont nommés parmi les objets qui
composent le lit, de même que les fateles (la leçon fatales est fautive)
dans les chartes , et je crois pouvoir dire lequel de ces objets est désigné
par ce mot. Le plur. fadhélî ou fadhélâ peut venir d'un singulier iioaà
{fadhlâ); voyez de Sacy, Gramm. ar.y I, 569. Or le chevalier d'Ar-
vieux {Mémoires, III, 25 et 73) dit que falta est chez les Bédouins un
grand drap de toile de lin rayé de blanc et de bleu , qui sert de drap
de dessous quand on fait le lit. Un tel mot m'est inconnu; mais si
Ton suppose que falta est une faute d'impression pour falla^ alors c'est
fadhlâ et dans ce cas fatel est expliqué.
*Fatexa, fateixa pg, (instrument à pointes recourbées, croc, petite
ancre), de olbi* (khottâf dans la langue classique, khallâf ou hhatléf
(voyez Hélol) dans la langue vulgaire), qui a le même sens. Le chan-
gement de khatté en fatè est parfaitement régulier, car on sait que le
kh devient f; celui du / en a: ne l'est pas, mais il faut appliquer ici
ce que j'ai dit dans l'Introd. (p. 24, n°. 6), à savoir que la dernière
consonne, qu'on entendait mal, est souvent changée arbitrairement.
* Fatia pg, (tranche de pain ou de fromage) est pour falUa , le por-
tugais aimant à retrancher les consonnes qui se trouvent entre deux
voyelles, et vient de iuUà {faléla) ou de tJJJ3 (fattta) (comparez l'arti-
cle alfitbte). Berggren et Marcel donnent iUs (falta), qui vient de la
môme racine, pour tranche; le Did. berbère a ejUâî (afthâth) ; c'est la
forme berbérisée de oU;^ {fatal ou falct). Chez Docthor c'est
268
(hatla)\ je serais presque lente de croire que c'est pour faltay et s'il en
est ainsi , il faut dire que la permutation du f et du h , qui est
constante en espagnol, n'est pas étrangère à l'arabe; comparez chez
Hœst, Nachrichlen von Marokos , p. 142, ^aaà^, eunuques, au lieu de
*Fatila. 31. Millier remarque avec raison que dans le Libre d'Appo-
lonio f copl. 445:
ricos vestidos,
De que fagamos fatilas los que somos feridos,
ce mot signifie charpie , et que c'est l'arabe xLxs (faltla) , dont le plur.
folol se. trouve en ce sens chez de Sacy, Chresl. ar, , II, 157, I. 1.
J'ajouterai seulement que Bocthor, Marcel et Hélot donnent falîla dans
la même acception, qui manque chez Freytag.
*Fervion. Dans le Libro de la Monleria d'Alphonse XI on lit (fol.
19a): «fervion é cortezas de acienço,» et plus loin (fol. 20 6): «piedra
çufre, et fernion {lisez fervion) todo molido. » C'est q>aj^-s {[orbiyôn) ,
la forme arabe de euphorbium. Plus haut nous avons déjà rencontré ce
mot sous la forme port, alforfiao.
FiLELi (étoffe légère de laine mêlée avec de l'herbe) de J.^1^ (Jialhal),
«tenui textura praeditus (pannus).»
* M. E. n'aurait pas du emprunter à Marina cette étymologie qui est
malheureuse au plus haut degré. M. Defrémery observe avec toute rai-
son que fileli est ^l^ {fîlâlî ou fîléli), l'adjectif du nom propre Ta-
filelt ou Tafilalet, dans l'empire de Maroc. «Actuellement encore,»
ajoute-t-il, «on donne ce nom au maroquin.» En effet, Cobarruvias
atteste que l'étoffe appelée fileli venait de Barbarie, et pour prouver que
Texplicalion de M. Defrémery est la véritable, je citerai les passages sui-
vants: Marmol, Descripcion de A/frica (II, fol. 33 6): «finos albornoses
Mequinecis, 6 filelis de lana y sedaj» ailleurs (II, fol. 102 c): «por ca-
pas traen albornozes Filelis, 6 Mequinecis de lana fîna;» et plus loin,
en parlant de Tafilelt (III, fol. 8f/): «hazen hermosos lienços listadosde
seda à la morisca, y los ricos albornozes que llaman filelis, y alhom-
Lras, y alquiceles muy finos;» Jackson, Account of Maroeco (p. 24):
«on fabrique ici (dans la province de Tafilelt) des haiks de laine et
d'un lissu curieux, qui sont extrêmement beaux et légers; on les ap-
pelle El Ilaik Filellu» (cf. p. 24a) ^ le même, Account of Timbucloo
(p. 217): «Le hayli Filclly est une étoile de laine belle, élégante et
mince comme de la mousseline ; » Carette , Géographie de V Algérie
(p. 94), en parlant de Talilelt: «l'industrie des habitants consiste dans
la culture des arbres, la fabrication des étoffes de laine et la préparation
des cuirs appelés filàli. » La forme port, est filèle ; mais Tesp. a en ou-
tre la forme lilailay et TAcad. explique ce mot de cette manière: oTexido
de lana mui delgado, claro y estrecbo, del quai se bacen en Andalucîa
manlos para las mugéres pobres ù rûsticas: y tambien se bacen mantes
capitulares para los Caballeros de las Ordenes Militares. Parece se tomô
la voz de los Moros, que llaman Filali la lela de lana delgada y clara,
que sirve para mantos de las Argelinas, en los quales se envuelven. »
* Fin. m. Millier observe: « Dans la Danza de la muerie (Gayangos-
Ticknor, Ilist. de la liter, esp., IV, 385, éd. Janer p. 17), le médecin
dit à la mort:
mintiome sin dubda el fin de Abicena ,
ce que M. de Gayangos explique par: el fino de A.; mais peut-être faut-il
penser à ^5 {fenn), le nom que porte chaque partie du Canon d'Avi-
cenne. »
*FoDOLi («homme qui se fourre partout et en lieu où il n'a que
faire,» Victor), val, fodeli («hombre que se mete donde no es parte,»
Rùs) ; chez Alonso del Castillo (dans le Memor, hist. esp,, III, 24) on
lit: «Acordé luego de dar parte desto al Exe'"'', seilor duque de Sesa,
aunque con miedo é recelo é verguença, no me tuviese como dizen por
fodoli é atrevido en las cosas que no me es dado hablar en ellas, por
ser este negocio, como entendeis, grabe é de mucho peso é calidad; »
et plus loin (p. 65): «E no querria que nadie me culpase por que los
fodolis son munchos é diran: quando su hermano era rey, estava con
él, é agora lo ha dexado é venido se.» Ce mot, qui n'est plus en
usage, est l'arabe ^^^'^ (fodhôlt), chez Freytag «rébus ad ipsum non
speclantibus occupalus;» chez P. de Alcala «mandon que mucho man-
da;» chez Ilumberl (p. 239) «bavard;» comparez Maccarî, I, 313,1.6',
Mille el une nuits, I, 244, I. 5 et 2 a f. éd. iMacnaghlen , etc., XI, 151
éd. Fleischer. Ce terme vient de fodhôl, qui est lui-même le plur. de
fadhl ; c'est proprement: ce qui est superflu; mais c'est aussi: remar-
1) Je profite de cette occasion pour rétracter rcsplication. que j'ai doiincc, dans la
nolu d, de la sccuudc moi tic de ce vers.
270
ques impertinentes ou bavardage; voyez Maccarî, I, 97, 1. 21, 654, 1.2
a f., II, 506, 1. 14, Ibn-Batouta, IV, 157, Mille et une nuits, I, 66,
87, 238, etc., éd. Macnaghlen, Burckhardt, Proverbs, p. 7, Burlon,
Pilgrimage, II, 287.
FoLuz, pg, fuluz (petite monnaie, «cornado, tercio delà blanca»),de
^yiô (folous) f le pluriel de fais, qui désigne une petite monnaie d'ar-
gent ou de cuivre,
*Ce y-^wJLs est (péK\tç\ voyez le Journ. asiat. allemand de 1867,
p. 672—674.
*FoMAHANT, fomahante (étoile de la première grandeur dans le signe
du Verseau) est une altération de oj.:s^i ^ (fom al-hout), littéralement
la bouche du poisson,
* Fonda (hôtel garni , restaurant). « Ce mot ne viendrait-il pas de
Tarabe ^^AJ^ {fondoc) (altération du grec ttûcv^oxsTov) , plutôt que de
funda, bourse, comme Diez le suppose?» Miiller.
*FoQUE (marabout) de ».^ {faquih).
*FoTA pg, («tela fina, listrada, com cadilhos, que se enrodilha na
cabeça, a modo de turbante,» Moraes) de ^by {fouta) ; voyez mon Dict.
des noms des vêtem., p. 342; mais comme je n'y ai cité qu'un seul
passage en avouant que je n'en connaissais pas d'autres où fouta eût
ce sens, j'ajoute ceux-ci: Richardson, Mission to central Africa, I, 67,
en parlant des Touareg de Fezzân: «a few sport a red fota/i, or tur-
ban;» Carteron, Voyage en Algérie, p. 76: afoutahy voile de femme
qui cache le haut de la figure jusqu'aux sourcils;» et ailleurs, p. 468,
en parlant des Mauresques d'Alger: «elles recouvrent leur tête, jusqu'à
moitié front, d'un long voile blanc (foutah) que leur main relient croisé
sur la poitrine. »
"^Friso, /r. frise (partie de l'entablement qui est entre l'architrave et
la corniche). C'est des Arabes que les Européens semblent avoir reçu
ce terme d'architecture. Chez Freytag ^jyl {ifrîz) est « corona et su-
percilium parietis ad pluviam arcendam,» et chez Bocthor c'est frise.
En arabe ce terme paraît être beaucoup plus ancien que dans les lan-
gues européennes ; il appartient à la langue classique. Cependant il
n'est pas d'origine arabe, comme les lexicographes arabes le disent avec
raison, et peut-être est-ce une altération d'un terme grec. Dans celle
langue frise est ^cccpôpoç. Les Arabes, si je ne me trompe, ont reIran-
271
elle la première syllabe de ce mot, et au lieu de dire (pépog, ils ont dit
ferons, fertz (comme hahiz en esp. pour hahous) et enfin ifrtz. C'est
donc un terme grec, que les Arabes ont altéré et qu'ils ont transmis
aux Européens.
FuLANO (un tel) de ^^ (foulân) qui a le même sens. En vieux por-
tugais on trouve encore les formes folam, foam, fotw, fullano (v. S\
Rosa). En espagnol on dit fulano y zutano ; l'étymologie de ce dernier
mot, qui est probablement altéré, m'est inconnue.
* Selon M. Mabn (Elym. Unters,, p. 63) ce zutano est l'allemand
solhan (pour: so getban, so bescbaflen , solch) ; selon M. Diez (supplé-
ment, p. 23) ce serait le latin scitus.
* FuNDAGo (entrepôt, espèce de magasin public) de vl\»â.5 (fondoc).
Comparez l'art, alhondiga.
G.
* Gabilla («gabilla de vellacos, troupe de vauriens,» Victor), val.
gabèlla («ser de una faccion, parcialidad, ô esquadra,» Rùs) , de kJIaajj
(caMla), tribu.
*Gacel, gacela, gacele, pg. gazella, fr. gazelle, de Jt^£ (gazél) et
iki|^ (gazéla). Sur la seconde forme, qui manque dans Freylag, on
peut voir mes Loci de Abbad., I, 102, n. 156. Algacel, avec l'article
arabe, se trouve dans les Libros de Aslronomia d'Alpbonse X, I, 19.
* Gafete. 1°. crochet; par transposition de LJLLi> (khatté f ^our khot-
léf; voyez fatexa) , qui a le même sens. Ce mot est surtout en usage
dans l'Aragon , où il signifie aussi 2°. chien pour la chasse aux lapins.
C'est aussi khaltéf. Le verbe khatafa signifie saisir rapidement une chose
et l'emporter. De là khotléf, voleur, abou-l-khattéf, surnom du milan,
al-khélif, le loup, parce que ces animaux saisissent rapidement leur
proie (voyez Lane). Khaltéf ou gafete est donc un nom très-convenable
pour un chien de chasse.
Gafbtk Voyez algaphite.
*Galanga, galangal dans un document de 1252 (dans Capmany, Me-
mor. sobre la marina de Darcelona, II, 20), garengal dans l'Alexandre,
copl. 1301, calanga dans des ordonnances de 1271 (Capmany, III, 172,
n. 28) (racine qui vient de la Chine), de QL^wJli> (khalandjân).
272
Galima (petit vol) de x^x^J^ (gain ma) y «pracda, rapina.» Pour le
changement du n en / voyez p. 21 de rjntroduclion.
* Galls vaL («cuando yerbe una cosa à borbollones , decimos en Va-
lenciano: bull à galls , yerbe à borbollones,» Rôs) de la racine ^Lc
{gala) , « bullivit (olla) , » chez P. de Alcala holliciar et bullir. Le mot
val. vient de iCxiè {gahja) , «bullitus unus,» et l'expression oLU ^J^.^
qu'on trouve chez Checourî [Traité de la dyssenterie catarrhale, man.
551(7), fol. 215 r**) , répond tout-à-fait à biill à galls,
* Gancho. Dans le Cancionero de Baena (p. 493) on trouve l'expres-
sion remirar de gancho dans le sens de regarder du coin de l'œil. C'est
l'arabe ^Xà [gondj) , qui signifie: regarder du coin de Vœil.
* Gandul de ^^\XXc. (gaiidour). Voici un mot qui n'est ni dans les dict.
espagnols ni dans ceux de la langue arabe classique, et qui cependant
s'emploie aussi bien parmi les musulmans de Maroc, d'Egypte et d'Ara-
bie, que parmi les chrétiens de Malle, de Grenade et de Valence. J'ai
déjà donné ailleurs {Dict. des noms des vêtem, , p. 98) quelques rensei-
gnements sur le mot arabe; mais comme je puis à présent y ajouter
quelques autres et que je suis obligé de comparer gandour avec le mot
espagnol, qui m'était inconnu à l'époque où j'écrivais cette note, je crois
bien faire de les incorporer dans cet article.
Le terme est Irès-caractérislique: il n'existe dans aucune autre lan-
gue , il peint toute une classe de la société arabe ou de la société an-
dalouse. Le gandour ou gandul est un jeune homme de basse condition,
qui, dans sa mise et dans ses manières, affecte une certaine élégance
allant jusqu'à la recherche; ceux qui ne l'aiment pas l'appellent un
fat, un muscadin. Il s'évertue pour plaire aux jeunes filles; il est gai,
et, pourvu qu'il ait de l'argent, il est généreux et libéral. Il est brave
ou du moins il veut le paraître; quand l'étranger opprime sa patrie, il
s'arme et se joint aux mécontents. Dans sa vieillesse, quand il ne peut
plus goùler lui-même les plaisirs, il- procure des jeunes beautés à ceux
qui en cherchent. Ce qu'il est parmi les jeunes hommes, h gandoura,
motagandira ou gandulera l'est parmi les jeunes filles. Comme lui, elle
aime passionnément la parure; elle est coquette comme il est fat; tou-
jours on la voit là où l'on s'amuse; ce qu'elle hait le plus, c'est le tra-
vail, et quand elle est sur le retour, elle se fait entremetteuse. Tels
sont le gandul et la gandulera, ces vrais enfants de l'Orient et du Midi.
275
Voici à présent les preuves de ce que je viens d'avancer: Burton ,
PtlgrimagCy II, 101, en parlant des Bédouins du Hidjâz: «Slain in raid
or fora y , a man is said to die ghandur, or a brave.» Burckhardt,
Arab. Proverbs, n"*, 101: «In the Egyptian dialect \ijJJJô\ (cd-gandara)
ineans high gaiety , fashion , liheraliiy , hearliness , jollily, Tlie v^ords
gandour and gandoura are very comraon; being applied also to low peo-
ple who in their station and among tbeir own acquaintances affect to
be Smart and dasbing. >» Dans les Mille et une nuits (III, 452 éd. Mac-
nagblen) un jeune bomnie qui rencontre une dame dans la rue, lui dit:
«Que vous êtes belle! A qui appartenez-vous?» Et comme elle veut
Tallirer dans un guet-apens, elle lui répond: «A un gandour tel que toi.»
Humbert, p. 239: '.^gandour et molagatidir, coquet, muscadin, fat;
gandara , coquetterie , fatuité.» Boctbor : « gandour , adonis , très-beau gar-
çon ; coquet, qui fait Tagréable, qui est recberché dans sa parure; da-
nieret, coquet; faquin, élégant; homme galant, bomme qui chercbe à
plaire aux dames; godelureau; pelit-mae/re , jeune élégant; merveilleux,
personne à prétentions; minaudier; mirliflore, agréable, merveilleux;
muguet, galanlin; pimpant, élégant et recberché; gandara, coquetterie,
parure affectée; galanterie, manières agréables, empressement auprès
des femmes; minauderies, mines et manières affectées pour plaire; toi-
lette, habillement soigné; tagandar, coqueter , faire le coquet; minaude-
ries, mines et manières affectées pour plaire; mugueter, faire le mu-
guet; se requinquer, se parer; molagandir, galanlin, ridiculement ga-
lant; muscadin, fat musqué; motagandira, précieuse.» Dans le dialecte
arabe de Malte gandour signifie «élégant» (Vassalli, Lexicon Melitense,
col. 519). Diego de Terres {Relation des Chéri fs, p. 572) parle de cin-
quante mille Maures qui s'assemblèrent à Fez, et qu'on nomme, dit-il,
uGandores, c'est-à-dire, vaillants, qui s'estiment comme députés et dé-
fenseurs de la république; c'est pourquoi on leur baille ce surnom de
vaillants, ores qu'ils ne le soient.» P. de Alcala; «^'anrfowr, garçon
que se quiere casar, barragan valiente, allegado en vando, rofian; gan-
doura, barragana, rofiana ; ^aw^/ara , garçonia, allegamicnto, rofianeria;
tagandar , garçonear, rofîanear. » Marmol, Rebelion de los 3Ioriscos, fol.
57a.- «que los mancebos y gandules del Albayzin acudirian luego con
sus capilanes ; ' fol. 64^.- «los nioços gandules;» fol. 65 c; «los man-
cebos gandules; fol. 77c; «los raonfis y gandules deslruyeron y roba-
35
274
ron la yglesia;» fol. 150(/: «y que eslavan con êl muchos vallesleros,
y escopeleros, monfis, y gandules, y otros;» fol. 145 c.- « todos los
uiancebos y gandulcs.» Rôs: «Gandulèra se dize à la muger que es
amiga de correr coiiijos, ir à huréos, y no Irabajar. »
* Ganinfa pg. Voyez falifa.
Garbillo (crible). Bien que M. Diez préfère la dérivation de crihel'
Ittm , je crois que Tarabe J^jê {garhâl, garbél, garhil) a exercé quel-
que influence sur la forme esp. Si Ton s'allacbait exclusivement au mol
lalin , on aurait de la peine à expliquer la première syllabe gar. [*Gr.
AREL et ALVARRAl].
Garbino (vent du sud-ouest) de ^M (garh) , V ouest.
* Garrafa , Hal, caraffa, fi\ caraffe, vient certainement de la racine
arabe ^J^ê [gara fa), qui signifie puiser. Freylag donne gorof, «pocu-
lum parvum,» et M. Cberbonneau (dans le Journ, asiat, de 1849, I,
68): '^gorf, petit vase avec une anse qui sert à puiser de l'eau.» Ceci
n'est pas encore une caraffe; mais en décrivant les repas des Marocains,
Jackson {Account of Timhucloo, p. 231) s'exprime en ces termes: aWhen
Ibe Company bave seated Ibemselves, a slave or a servant comes round
lo Ihe guesls, to perform tlie ceremony of washing of Ihe hands; a
brass bason or pan is brought round to ail the company, the slave hol-
ding it by bis left band , wbile, witb the right band, he pours waler
on tbe hands of the guesls from a (garo/f) pilcher, in the form of an
Etruscan vase, baving a tovvel throvvn over bis shoulders to dry tbeir
hands.» Cette cruche qui a la forme d'un vase étrusque ressemble fort
à notre caraffe, excepté que celte dernière est de verre. En outre garof
n'est pas la forme d'où vient l'espagnol garràfa; ce dernier montre
que le terme arabe doit être \i\jà{garrâfà). Il n'est pas dans nos dicl.,
et je ne puis pas prouver qu'il a été employé dans le sens de caraffe;
mais garrâf est chez Berggren (sous roue) «une roue tournée par des
bœufs ou des chevaux, à puiser l'eau d'une rivière, pour arroser les
champs et les jardins,» et celte machine hydraulique s'appelle aussi
garrâfa ; voyez le Glossaire de M. de Goeje sur Belâdzorî, p. 77. La
forme" dont nous avons besoin existe donc, et c'est justement celle qui
est en usage pour désigner des vases de celte espèce ; comparez p. e.
harrâda, en esp. alharràda.
:27î)
Garbama (tribut, impôt) de m\J:, (yarâina). Voyez M. Dozy, Gloss.
sur Ibn-Adhàrî, p. 56, 37.
* Gazi signiiierait, selon les dictionnaires, esclave harbaresque converti
à la foi chrétienne, et M. 3Iuller explique Torigine du mot de celte
manière: «Gomme les esclaves arabes avaient été faits prisonniers dans
la guerre, et que les soldats qui prenaient part à la guerre sainte s'ap-
pelaient ,3jU (gâzt) , il est présumable que ce nom leur soit resté, après
qu'ils avaient été réduits en captivité.» Cette explication ne me paraît
pas lout-à-fait bonne, et le sens que les dictionnaires attachent au mot
gazi n'est pas non plus le véritable. L'idée de gazi n'implique pas né-
cessairement celle d'esclave, car la commission nommée par Gharlcs-
Quiat voulait que les Mauresques «no tuviesen entre elles Gazis de los
Berberiscos, libres ^ ni caplivos» (Marmol, Rehelion de los Moriscos y fol.
55 c). Le mot signitie donc simplement barbaresque, et il est facile
d'expliquer comment il a reçu ce sens dans le royaume de Grenade.
L'armée des sultans de Grenade se composait en partie d'Africains qui
portaient le nom de gâzt ; il n'est donc pas étrange que ce mot soit
devenu le synonyme d'Africain.
Gazua pg, (expédition militaire) de bliê ou »^tj£ {gazai ou gazâwa)
qui signifie « une expédition militaire contre les infidèles. » De ce mot
arabe les Français ont fait leur razzia. — Le gazu de S". Rosa, auquel
correspond l'arabe ^ic (gazon), désigne exactement la même chose, et
non carnagem, malança.
* Gazua vient d'une forme qui est très-fréquente, quoiqu'elle manque
chez Freytag , à savoir s»j£ (gazwa) ; voyez le Glossaire de M. de Goejo
sur Belàdzorî, p. 77. Algazu de ^jx^\ {al-gazii) se trouve dans le Mem.
hist. esp, y IX, 74. Le port, a aussi en ce sens gazia et gaziva.
Geliz (marchand de soie) de ^j^^ {djallâs) qu'on trouve chez P. de
Alcala au mot mercader de seda, — [* Dans les Additions] : Le geltç de
P. de Aie. n'offrant aucun rapport étymologique avec la racine arabe
^j.JL:> {djalasa)y je ne suis pas sûr d'avoir bien transcrit ce mot. Peut-
être n'est-il pas arabe. Nuilez de Taboada assure qu'il appartient à la
langue des bohémiens.
* Nuilez s'est trompé; il est certain que ce mot appartient au dia-
lecte des Mauresques de Grenade, car on lit chez Marmol {Rebelion de
ln.< ^fo}^scos, fol, 54/'): « porquc le avian conocido en Granada, siendo
276
Geliz de la seda,» et chez Alonso del Castillo (dans le Mem. hisl, esp,,
III, 42): «y que era un Iiombre natural de Granada que vivia en Sant
Salvador, é munchas vezes le avia visto residir en los geliçes y otras
vezes en los tintoreros, que son los dos offisios que este Iraidor usava
antes que por muchas deudas se absentase é se hiziese monfi en el Al-
pujarra.» Je crois aussi qu'il y a bien quelque rapport entre ce,jM.xJL>
(djelis) , marchand de soie, et la racine (j*->JL> [djalasa) , être assis,
JDjelzs est proprement celui qui est assis à côté d'un autre (cf. Lane).
Or Edrîsî, pour dire que Bougie est le rendez- vous des marchands étran-
gers, s'exprime en ces termes (p. 90): q^.^JL.5^-j ^L-:^j j^^j^I^ t^î^
^^wàsjl j^^'^^ ^\j^\*^l\ ^L:fV-j'^ f^*^^^^ ^jX4j\ ^L:>\j, «les marchands de
celte ville, qui sont très-riches, sont assis à côté de ceux du Magrib oc-
cidental, du Sahara et de l'orient.» Chaque marchand est donc le
djelts des autres marchands, et il est assez naturel qu'on ait désigné
par ce mot les marchands, et en particulier les marchands de soie, qui,
dans les bazars, étaient assis les uns à côté des autres.
""Gelva, gelba pg, (petite barque en usage dans la mer Rouge) de
îCaJL^ (djelba) , qui manque dans les dict., mais sur lequel on peut con-
sulter M. Wright, Glossaire sur Ibn-Djobair, p. 19, et la note dans la
traduction d'Ibn-Batouta, II, 158.
* Gergelim pg. (sésame) a la même origine que aljonjoli. Voyez l'ar-
ticle sur ce mot.
*GiFA, jifa (ce qu'on jette des animaux lorsqu'on les dépèce dans les
boucheries), deK-«-A-> (djîfa), « cadaver se. cum fœtescit,» chez P. de
Alcala carne mortezina, Acad. , Marina, Millier.
* GiNETA , fr, genette (espèce de civette , dont la peau s'emploie en
fourrures), de ^a3^> (djarneit), mot qui n'est pas dans les dictionnai-
res, mais que donne M. Cherbonneau (dans le Journ, asiat. de 1849,
I, 541).
* Glnete (cavalier armé d'une lance et d'un bouclier). Ce mot, que
M. Diez (II, 134) dérive du grec yuf^v^jTyj^ (! !) et M. Diefenbach de
yivvoç (!!), vient du nom propre wUj, Zenéta. La grande tribu ou plu-
tôt la grande nation berbère des Zenéta, à laquelle appartenaient les
Merinides, a fourni constamment aux sultans de Grenade des cavaliers
qui étaient les plus fermes appuis de ces princes. «Après la chute des
Almohades,» dit Ibn-Khaldoun {Hist. des Berbères y II, 541, 542), «l'An-
-277
(lalousic aurait bienlol succombé sans l'iiilervenlion de la providence
divine , qui inspira aux tribus zenétiennes la passion de la guerre sainte.»
Selon Villaizan, dans sa Chronica de Alonso K (fol. 6f/), les premiers
cavaliers gineles arrivèrent en Espagne, au nombre de mille, dans Tan-
née 1265. Voici ses paroles: «El rey de Granada, veyendo el gran
aflncamiento de la guerra en que estava, embiù à rogar Aboyufat {lisez
Aboyuçaf) que le embiasse alguna gente en su ayuda, y embiôle mil
cavalleros, y vino por caudillo dellos un Moro que era tuerlo de un ojo,
y dezian que era de los mas poderosos que avia en allende el mar; y
segun lo que se halla escripLo, dizen que estos fueron los primeros ca-
valleros ginetes que passaron aquende la mar despues que el mirama-
iflolin fué vencido. » Les chroniqueurs musulmans disent de même que
les Zenétiens débarquèrent celte année-là en Espagne; mais ils entrent
dans plus de détails, et selon eux ce corps, que commandait *Amiribn-
Idrîs, se composait de plus de trois mille cavaliers; voyez le Carias ,
p. 202, 205, et Ibn-Khaldoun; un historien anonyme (man. de Copen-
hague, n°. 76) raconte leur arrivée une année trop lard "(en 662 de
l'Hégire), et selon lui ce corps était d'environ trois cents cavaliers. Un
écrivain du XIV^ siècle, Ibn-al-Khatîb (man. de M. de Gayangos, fol.
14 v), nomme aussi les Zenétiens parmi les tribus dont se composait
l'armée berbère de Grenade, et Ton peut trouver sur eux beaucoup de
renseignements chez les historiens arabes. Leur lance courte était ap-
pelée par les Esp. gineta (ital. giannetla) , et dans le testament de Pierrc-
le-Cruel (p. 546, 1. 16 et 18) il est question d'une «espada gineta,»
ainsi que d'une «siella gineta,» (de même dans le Cancionero de Baena ,
p. 477). Aller à cheval à la genette, à la ginela , est aller à cheval
avec les étriers fort courts, comme le faisaient les Zenétiens et comme
les Maures le font encore. C'étaient des cavaliers excellents, au point
que ginele a reçu le sens de «dexter equitator. » En catalan on les ap-
pelait «cavalers janetz» {Mem. hist, esp., III, 452). Les Espagnols, les
Italiens et les Français ont aussi donné le nom de cavallo ginele {Corics
de Léon y de Castillan I, 619), ginnello, gianneUo, genêt, à une espèce
de cheval d'Espagne entier. — Le changement de la première syllabe
ze en gi est le même que dans girafa de zerdfa.
*GiNy cal. Dans un traité de paix conclu en 1509 entre le roi de
Bougie et Jacques II d'Aragon {apud Capmany, Memonas sobre lamarmi
278
de Barcelona, IV, 40), il est question de galères et do gintjs. C'est
l'arabe ^^^ {chîni) qui désigne une espèce de galère; voyez le Glos-
saire sur Edrîsî , p. 331.
GiRAFA de xiî^j {zarâfa ou zerâfa) , giraffe.
*Chez quelques voyageurs du moyen âge, la première lettre de ce
mot est encore un z ou un s; mais chez d'autres c'est déjà un g (voyez
les passages cités par Quatremère, Hist, des suit, maml.y I, 2, 108,
273). L'ancienne forme azorafa, dans la Chronica de D. Alonso X{i(A.
6 h) y est exactement l'arabe az-zorâfa ; mais les Arabes eux-mêmes disent
aujourd'hui, non-seulement zorâfa, mais aussi xst ^, rf/om/a (Humbert,
p. 63).
* GiREL (sorte de caparaçon très-riche) de Jbl> (djilél) , ^lav.de djoll,
dit M. Millier. Cette dérivation est bonne, et le port, charel ou xarel,
qui a le même sens, a aussi la même origine. Seulement il faut ob-
server que, dans la langue moderne, ce djilél n'est pas un pluriel,
comme dans la langue classique, mais un singulier; voyez Humbert
(p. 60), Hélot , Bocthor sous les mots banielle, batine, selle et torche.
Chez Daumas {Mœurs et coutumes de l'Algérie y p. 286, cf. p. 270) on
lit: «djellale, couvertures en laine plus ou moins ornées de dessins,
très-larges, très-chaudes, et enveloppant le poitrail et la croupe du che-
val.» Ailleurs (p. 106, 395) il écrit chelil (pour djelâl on djelél par
suite de Vimâla), «ornement de soie que l'on étend sur la croupe des
chevaux aux jours de fête.» Ormsby [Autumn rambles in North Africa ,
p. 222) prononce le mot de la même manière, quand il dit: ashelil,
clolh with which on great occasions Ihe Arab always covers the croup
of his horse. » Tristram (The great Sahara, p. 94) écrit djellali, qu'il
explique par «horse-housings. »
"^Gis, giz pg. (espèce de chaux dont les tailleurs font usage pour
dessiner la taille des habits) vient peut-être de (j^*> [djibs) , la forme
arabe de gypsiim {Loci de Abbad. , II, 253, Humbert, p. 191), plutôt
que de gypsum lui-même, comme le veut Moraes.
* Gît, gith pg. (nielle, plante) est, selon Vieyra, d'origine arabe. En
effet le Mosta^im (man. 15) donne sous ô^m\ q^^^: ^^^.4.^ _^S> <^^ï^^yî
jx4Xû-^, «Selon Zahrâwî on l'appelle aussi chemilh et chetmîz.» Si ces
mots, qui ne sont pas dans nos dictionnaires, sont écrits correctement,
le mot port, doit être une altération de chemilh. Le ch a été changé
279
en g y couinie dans le catalan giny. Au reste il faut se rappeler qu'il
s'agit ici du nom d'une plante, et que les mots de cette espèce subissent
les altérations les plus graves.
* GoLO. «Je ne connais ce mot que par le Voyage en Espagne de
Lorinser (p. 105), où il signifie: «métamorphosé par enchantement dans
un autre.» Si ceci est exact, on ne peut penser qu'à l'arabe iyt{goul
ou gôl),* Millier. Il est du moins certain que, selon les croyances
arabes, les mauvais génies désignés par ce nom, prennent souvent une
forme humaine; voyez Lane, The thousand and one nighls, I, 56.
GoRAB vaL («cuervo,» Ros) de yLc (gorâb) , corbeau.
*GoRGUz (espèce de dard, de javelot, de lance courte) doit être un mot
qu'employaient les Maures, car dans un passage d'Ocampo que cite
TAcad., on lit: «Estas eran como dardos crecidos, â manera de las que
ios Moros llaman azagayas ô gorguces.» Je crois qu'il est d'origine
berbère, de même que azagaya. En effet, Marraol [Descripcion de Af-
frico, II, fol. 72 6) dit en parlant des Berbères-Zenéga; «Andan de con-
tino armados de gorguzes, ô lançuelas cortas ; » en outre, on retrouve
en berbère des mots qui y ressemblent beaucoup et qui dérivent, je
crois, de la racine ^.i" (guer), jeter. Ainsi agôr signifie lance dans le
dialecte des Auelimmides (Barlh, Reisen y V, 707), D'autres tribus em-
ploient la forme ^^iso^ {gtiergtiît). C'est selon le Voyage au Ouadây
Irad. par Perron (p. 431), où l'on trouve guirguit , «une javeline dont le
fer est en manière de broche ou de grosse alêne tout hérissée de pointes
... O.' *
ou piquants. » Dans le Dictionnaire berbère Jaxir^ifî est lance ; de même
dans le vocabulaire berbère de Hodgson (Notes on Northern A frica, p. 81).
Chez les Touareg c'est une très-grande lance, car on lit dans la Revue
de r Orient et de rAlg. (nouv. série, X, 559): ^<Vaguerguit , \emezrag,
la terrible lance en fer, longue de six pieds, à pointe empoisonnée, à
barbes ou crochets hérissés en arrière et à l'extrémité inférieure apla-
tie, large et taillée en biseau, afin de se ficher en terre et de trancher
la racine des plantes ou de dégager les abords des sources. » — Dans
un document cité par S\ Rosa, on rencontre la ïovmc guarguz ; gorguez
cl gurguez se trouvent chez Moraes; je serais donc porté à croire que
le mot esp.'pg. vient directement de guergutl,
* GrADAFiONRS (cntravcs pour les chevaux). P. de Alcala traduit ce
280
mot par guadâfa, pi. gtiadâf. C'est, je crois, x^ilJà^ {wadhâfa), qui
n'est pas dans les dictionnaires; cependant on y trouve le substantif
oi-A-bj (tvadhtf) y «la partie mince des jambes des bêtes de somme,»
c.-à-d. , celle où l'on attache les entraves, et le verbe v^^ {wadhafa) ^
«raccourcir les entraves» d'un chameau.
*GuADAMACi, guadamacil, guadameci, guadamecil («cabritilla adobada ,
en que à fuerza de la prensa se forman por el haz diferentes figuras
de diversos colores,» Acad. , «tapisserie de cuir doré,» Victor) , ;?(/.
guadamecim, guadamexim («sorte de tapeçaria antiga de couros pinta-
dos, e dourados,» Moraes). Ce mot ne se trouve chez aucun de mes
devanciers, et comme il a une physionomie arabe très-prononcée (aussi
l'Acad. déclare-t-elle qu'il est arabe), j'ai de la peine à croire qu'ils ne
l'ont pas remarqué; je suppose plutôt qu'ils l'ont cherché dans le dic-
tionnaire arabe sans le trouver. Aussi n'y esl-il pas, et il n'est pas
nécessaire qu'il y soit. C'est ^M*^\0^à {gadâmesî) , l'adjectif relatif de
Gadâmes, qui est le nom d'une ville et d'une oasis dans l'état de Tri-
poli, au S. 0. Les cuirs que préparaient les habitants berbères de cette
ville au moyen de l'euphorbe el qui s'appelaient al-djild al-gadâmesi ,
jouissaient d'une très-grande réputation. «Il n'y a pas d'autres cuirs
qui les surpassent en beauté,» dit un auteur arabe, «car ils ressem-
blent à des étoffes de soie, tant ils sont moelleux» Voyez Becrî , p. 152,
1. 17 et 18, Aboulfeda, Géographie, p. 147, Cazv^rînî, II, 58. Ancien-
nement le mol esp. désignait cette espèce de cuir, car on lit dans le
Fuero de Molina (apud Llorente , Noticias de las très provincias Vascon-
gadas, IV, 120): « Mercador que viniere à Molina pèche de portazgo
por carga de cordoban ô de guadameci, un maravedi. » Dans un in-
ventaire publié par Saez [Valor de las monedas , p. 542 6) le nom de
guadamecies est donné à plusieurs morceaux de cuir de couleur. Mais
peu à peu on a désigné par ce mot presque exclusivement une espèce
de cuir doré, qu'on fabriquait, sinon à Gadâmes, du moins à Fez, car
Marmol dit en parlant de cette dernière ville (Descrîpcion de Affrica,
H, fol. 87 d): «Ay olros que hazen unas çofras de cuero de guadame-
cil labradas de oro y seda, que usan los Fecis como por manteles, y
las tienden en el suelo para comer sobre ellas, y para assentarse el ve-
rano.» Dans l'inventaire que j'ai cité tout-à-l'heure, on trouve aussi;
«Treinta é dos almohadas de guadameci, las quatre doradas.^> Ces cuirs
281
ilorés servaient de tapisseries, et Ton a vu que, d'après Victor et Mo-
raes, le mot en question signifie «tapisserie de cuir doré.» Le guada-
meci se fabriquait aussi en Espagne, p. e. à Barcelone (déjà dans Tan-
née 1316; voyez Capmany, Memorias sobre la marina de Barcelona ,
t. I, part. 3, p. 119) et à Valence (voyez Escolano, Hist. de Valencia,
I, 695). — Dans le mot esp. , ^wa est une mauvaise prononciation, car
ce serait Tarabe wa; il faudrait ga; mais les Esp. étaient si accoutumés
aux noms propres commençant par ^warfa (Guadalete, Guadalquivir, etc.),
qu'ils voyaient dans gadâmesî un nom de la même nature.
*GuAHATE, guahete. Ce mot n'est pas dans les dict.; mais M. Simo-
net, qui écrit guajate, guajete, selon la prononciation andalouse, m'a
communiqué celte note: «En Andalousie on dit encore: guahate por giia^
hâte, ou guahete por guahete, dans le sens de iino por otro, de l'arabe
A>|^ kX^\^ (wâhid biwâhid).»
* GuARAPus b.-lal. (pas dans Ducange) se trouve comme le nom d'une
espèce de navire dans un règlement de 1243, publié par Capmany (¥e-
morias sobre la marina de Barcelona, II, 16: «omnes naves^ Guarapi ,
Xalandri , Bucii,» etc.). C'est peut-être l'arabe ^\jà {gorâb) , avec le
changement de ga en gua , comme dans guadamaci. Ce mot se trouve
souvent dans les auteurs arabes-espagnols; chez P. de Alcala c'est na-
via et galera.
* GuEDRB pg, (espèce de fleur, sambucus feraina, Moraes). Comme la
fleur de celte espèce de sureau ressemble à une rose blanche et qu'on
l'appelle aussi en latin sambucus rosea, en hollandais rose de Gueldre
(voyez Dodonaeus, Cruydl-Boeck, p. 1419a), je n'hésite pas à recon-
naître dans guedre une transposition de ôj^ (werd), qui signifie en gé-
néral fleur et spécialement rose,
*GuEicE pg, Moraes cite un passage de la Chronique de Jean III,
où on lit: «E como os muros erao de gueice, os polouros ficavao embe-
bidos nos muros,» et un autre de Coulo, où l'on trouve: «Os muros
erâo de gueice. -• Ce mot signifie bien boue, comme il le dit et comme
Moura, qui cite le premier passage, le dit aussi; mais ce n'est nulle-
ment, comme ils l'assurent, l'arabe vi>.^,c (geith) qui ne signifie que
pluie. C'est au contraire un mot qui n'est pas dans les lexiques, mais
dont on se sert en Afrique, à savoir i^^^^a^ (g^^s), 11 se trouve chez
Dombay (p. 55, lutum) , Jackson {Account of Marocco , \}. 178, mmi),
36
282
Boclhor {houe) cl Hélot {houe, vase, fange, limon , terre). Selon loule
apparence il est d'origine berbère.
GuiLLA (récolle, Cob. , récolle abondanle, Acad.) de idc (galla), récolle.
En Espagne on prononçail guilla, comme on peut le voir dans P. de
Alcala au mot cosecha.
*GuMiA, pg. gomia, agomia, agumia (couteau courbe en usage chez
les Maures, Moraes; espèce de poignard). On retrouve ce mot chez
plusieurs voyageurs qui ont visité le Maroc. Dans Diego de Torres
{Relation des Chérifs, p. 256) on lit: «une gomie, c'est-à-dire, une
dague;» plus loin (p. 272): «gomies qui sont certaines dagues;» et
ailleurs (p. 327): a un poignard qu'ils nomment gomia,* Le père Fran-
cisco de San Juan de el Puerto {Mission historial de Marniecos, p. 45 6,
419 a) explique go7nia par «puilal corvo.» Jackson {Account of Tim^
huctoo, p. 152, cf. 286) écrit kumàya, « curved dagger, about tvvelve
inches long.» Chez Davidson {Notes taken during travels in Africa,
p. 104, 129, 140) c'est kummiyah, «dagger.» Hœst {Nachrichten von
Marokos, p. 117) écrit «*âa4.^ komîa,» et Dombay (p. 81) i^tk^ kum-
mija.» Le mot n'est pas dans les dictionnaires; mais je pense que c'est
KÂli' {commiya) et qu'il vient de ^ {comm) , manche d'un habit. Dans
ce cas celle espèce de poignard aurait reçu ce nom , parce qu'on le
portait dans la manche de son habit.
H.
IIaarraz val, (arador) de oL> {harrâth), laboureur,
* Habiz. Dans la capitulation de Grenade {apud Marmol, Rehelion de
los Moriscos, fol. 24 a) on lit: «Los habices, y renias de las mesquilas. »
C'est tj^-A.> {hohos) ^ ou comme on dit en Afrique, hahous, «donation
d'immeuble faite à une institution religieuse, avec maintien de la jouis-
sance usufruitière pour les héritiers du testateur» (I)aumas, La grande
Kabylie, p. 66).
Hacino (pauvre, misérable) de ^j^> {haztn) qui, chez P. de Alcala,
répond à hazino triste,
"* En arabe haztn signifie triste, abattu de chagrin, et rien autre chose.
Ce sens convient fort bien pour le hazino triste d'Alcala et même pour
le te hazino ô mezquino, pauvret, pauvre, petit malheureux, misérable»
285
lie Victor; ainsi on lit dans les Mille cl une nuils (IV^ 327 éd. Habiclil)r
^;5> L) |»^j5=^vo vi>ot , otu joues de malheur, pauvre homme !» Mais
le hacino esp. se prenait aussi dans des acceptions loul-à-1'ait différentes.
Alcala donne hazino por escaso qu'il traduit par c>^.AJLy<j et par J^^i^o ;
le mot signifiait donc aussi avare. Dans le Cancionero de Dacna il doit
signilier vilain, laid, honteux, car on y lit (p. 447):
Johan Garcia, serpentina
Es mi lengua de Tancredo,
E la non ovo non credo ,
Atan dulce 6 paladina;
Mas la vuestra que es hasina
Desdonada de Cepedo, etc.
El ailleurs (p. 429) :
Pues que sus denuestos non valen meaja,
Mendat le que calle el tuerto hasino.
Il est impossible que, dans ces deux acceptions, ce soit aussi Tarabc
hazin ; ce doit être un tout autre mot. L'explication des auteurs du
glossaire sur Baena, qui ont vu dans cet adjectif le substantif latin
faciniis, est trop curieuse pour ne pas elre notée en passant, mais ne
mérite pas d'être réfutée. Je crois bien que ce second hacino est aussi
arabe: c'est, si je ne me trompe, ^j^j^^à^ [hhasis). En esp. ce mot
aurait dii devenir hacizo; mais il a été altéré en hacino par rinfluencc
de hacino, triste, avec lequel on l'a confondu. En effet, khasts a abso-
lument les mômes acceptions que le second hacino; c'est: « ignobilis ac
vilior» (Freytag), « floxo en el animo, haragan, perezoso, vil hombre^
vellaco» (Alcala), «avare» (Humbert, p. 245, Boclhor, Marcel), «chiche,
crasseux, ladre, pince-maille» (Boclhor).
Hafiz, [*haiz, afice] (inspecteur de l'impôt sur la soie à Grenade),
de ia-sL> (hâfidh) qui signifie en général inspecteur, [/ Aussi Viclor
donne-t-il un sens beaucoup plus large à a/ice, qu'il traduit par «maître
revisileur en quelque métier que ce soit;» de môme dans le Dicl. de
TAcad. : « el Veedor de las maestranzas»].
* Halia «se trouve chez Parchiprélre de Hila, copl. 1010, vraisem-
blablement dans le sens de parure :
Et dam' buenas sartas
De cstano 6 fartas,
284
Et dame halîa
De buena valia,
Pelleja delgada.
C'est donc l'arabe ^> (halî) ou jjjb> {holt).r> Millier.
Halifa. Voyez califa.
*Haloch vaL Selon Fischer {Gemdlde von Valencia, I, 227) ce mot
désigne le bupleurum. Sans doute il n'est pas d'origine latine, et je
crois qu'il est possible de l'expliquer au moyen de l'arabe. Plus haut
nous avons déjà rencontré le mot aloque ou haloque (vin rouge-clair) et
nous avons dit que c'est l'arabe khalôquî, rouge-clair, l'adjectif du
substantif vjj>J^ [khalôc), qui désigne une sorte de parfum d'une couleur
rouge-clair. Or les Arabes donnent le même nom au bupleurum et à
la cynoglosse ou langue-de-chien, à savoir u^j^^î q^^î, oreilles-de-lièvre
(voyez Berggren, p. 835 et 846), et Ibn-al-Baitâr (I, 23) dit, en
parlant de la racine de cette dernière plante, que si l'on s'en frotte le
visage pendant qu'elle est encore fraîche, elle le rend rouge (s^Is*) et
embellit le teint. Il est donc assez vraisemblable qu'on a donné à cette
plante le nom de khalôc à cause de la couleur que sa racine donne
au teint.
*Hamapola, amapôla, ababol, ababa, papôla (coquelicot). L'étymolo-
gie basque de ce mot, donnée par Larramendi, est tout-à-fait inadmis-
sible, comme l'a démontré M. Mahn {Etym. Unters,, p. 125); mais
celles qu'il propose lui-même le sont également. Le mot est d'origine
arabe. Chez P; de Alcala hamapola est Sj^-j iLA.s> (Jiabha haura), terme
qui manque dans les lexiques, mais qui signifie: graine de jachère y et cette
dénomination est fort appropriée, car on sait que les coquelicots pro-
viennent en profusion sur les terres qu'on laisse reposer. Hahba haura
devient régulièrement hamapola, attendu que le h se change en m et
le r en /; les autres formes n'en sont que des altérations.
"^Hamarillo, dans le Cancionero de Baena, p. 109:
Yo serya denostado
Eu pensar tal hamaryllo ,
est, comme les auteurs du glossaire le disent avec raison, une trans-
position de haramillo, le diminutif esp. de j.^> {haram) ou j.5^s> {harâm),
ce qui est illicite , défendu , — péché.
* IIamec a, pg. (électuaire de coloquintes) paraît être un mol que les
28o
Port, ont reçu des nicdecins arabes sous une forme altérée. La graine
lie la coloquinte s'appelle en arabe a^xP {hahid); mais dans un man.
ancien et très-exact du Dict. des médicaments simples et composés par
Ibn-Djazla (man. 576, art. JJâÀ^) , ce mot est écrit '^i^,^ {habîc). Il
est vrai que sur la marge on trouve la correction habîd, ce qui est
aussi la leçon de nos man. 34 et 368 ; mais il est possible que quel-
ques médecins aient dit habic, ce qui, en portugais, devenait réguliè-
rement hameCy attendu que le b se change en m.
* Hamez (rognure ou rupture des plumes des oiseaux de proie mal
nourris ou mal soignés). «C'est un mot arabe,» dit Cobarruvias, «mais
dont je ne connais pas la racine. » Cette racine est ^\J> {hâdha) , qui
signiBe rompre, briser, en parlant des plumes ou des ailes d'un oiseau;
x>L>L5* j^.*.^> «ses ailes sont brisées,» est même une expression pro-
verbiale; voyez mes Loci de Abbad., I, 236, n. 61. Hamez est une
transposition de (j:a-A-^-xi (mahîdh) , le participe passif de ce verbe ;
^v-n.A,^.^ ^Lij:>, «ala fracta,» est une expression qu'on rencontre assez
souvent; voyez p. e. le Câmil de Mobarrad, p. 7, 1. 12, Maccarî, I,
795, l. 6; je crois qu'il faut lire le même mot chez Ibn-Khaldoun,
Ilist. des Berbères, I, 380, 1. 16, où le texte porte; Kxilè ,^^ LJyaiî^
* Haren, /r. harem, de j.^ (harem).
* Haro> (paresseux ; proprement en parlant d'une bête de monture ;
«beslia harona, une bêle lâche et pesante, rétive, une rosse,» Victor).
a On donne à ce mot une étymologie arabe,» dit M. Diez (II, 137),
«mais il ne semble point du tout appartenir à cette langue.» Si M.
Diez était moins étranger à l'étude de l'arabe, il se serait bien gardé
d'écrire une telle phrase, car harôn est un mot arabe tout pur et qui
n'a pas éprouvé le moindre changement. C'est, comme Marina l'a dît
avec raison, q^^ (harôn). Chez P. de Alcala harona beslia est harôma;
le m est ici pour le w, et dans la langue vulgaire cette substitution
est loin d'être rare quand il s'agit de la dernière radicale; ainsi Alcala
donne, sous hazino, mahzùm pour mahzùn, et Berggren a sous drome-
daire: «j„a,^, on dit aussi ^^^x:^;» cette dernière forme est justement
la bonne. Harôn, de la racine harana, être rétif, est proprement rétif,
qui i'arrélç ou qui recule au lieu d'avancer; voyez Lane, Maccari, II,
286
543, I. 11, Ibn-KIialdoun , Prolégomènes y II, 28, 1. 5; lbn-al-*Aiiwùm
(II, 535 et suiv.) parle fort au long du cheval qui a ce vice, faras
harôn (caballo harôn). Selon toute apparence l'esp. a aussi eu alharôn
avec l'article arabe, car chez l'archiprêtre de Hita (copl. 850) on trouve
le verbe alhaonarse (pour alharonarse).
Hasta, fasta (jusqu'à), de ^jJ.s> (hattâ).
* D'autres formes approchent encore plus du terme arabe: adla, ala ,
fata (dans le vocabulaire de Berganza), hâta (Marina donne des exem-
ples), pg. aie, a. pg. atha , val. hatti»
* Hegira , hixara chez Marmol {Rehelion de los Moriscos , fol. 7 a) , fr.
hégire, de »j^^ {hidjra), départ , fuite ; le départ, la fuite, de Maho-
met, lorsqu'il quitta la Mecque pour se rendre à Médine. On sait que
c'est l'époque d'où les musulmans commencent à compter leurs années.
Helga. Voyez alhelga.
* HizAN (ftlugar de defensa,» Berganza, Antig, de Esp., II, à la fin)
de .^*^^ (hiçn) , forteresse.
HoBERO (color de cavallo) de ^^^Ia^ (hobérî) que P. de Alcala traduit
par hobero color de cavallo.
* Actuellement on écrit cet adjectif overo, parce qu'on a eu la mal-
heureuse idée de le dériver du latin ovum (œuf) (Acad.) , pg. fouveiro,
fr. aubère. Il se dit d'un cheval dont le poil est couleur de fleur de
pêcher, entre le blanc et le bai. La manière dont P. de Alcala l'écrit,
prouve que le Père Guadix (apud Cobarruvias) a eu raison de le dériver
de (^W^ {hobérâ) , outarde ; il ajoute qu'on a appliqué cet adjectif au
cheval aubère, moins à cause de la ressemblance de sa couleur à celle
du plumage de l'outarde, qu'à celle de la chair de cet oiseau quand
elle est cuite.
* HOAIARRAGHE. VoyCZ MASCARA.
* HoQUE (pourboire, petite libéralité en signe de satisfaction) de Ui>
(hacc), proprement: ce à quoi quelquhm a droit, et de là rétribution
(Ibn-Khaldoun , Prolégomènes , II, 98, 1. 8), présent, cadeau. Selon MM.
Sandoval et Madera (Memorias sobre la Argelia, p. 322), le présent que
les fonctionnaires devaient donner à Abd-el-Cader à cause de l'investi-
ture, s'appelait hacc al-bournous ; ils se faisaient restituer cet argent
par leurs sujets, et les présents que donnaient ceux-ci, s'appelaient
barouc al-bournous. Uemarquez que, selon i'Acad, , hoquc est le syno-
287
nynie de allporôque. Chez M. Lane , Modem Egyplians, I, 257, on
trouve Texpression hacc cachf ahvadjh, qui signifie: «a présent of money
vfhkh the hridegroom must give to Ihe bride before he altempts to
remove the shawl thrown over her head. »
HonRo, [*pg, forro] (libre), de «> (horr) qui a le même sens. De
horro on a formé le verbe ahorrar, [* pg. forrar],
* Le féminin Sj> {horraj , employé substantivement , a reçu vers la
fin du moyen âge le sens de princesse ou reine; P. de Alcala sous pinn-
cesa, reynay enperatriz, Ibn-Batouta, IV, 570, Carias^ p. 230, 1. 5 a f.,
p. 270, 1.9 a f., p. 280, 1. 4, et dans la traduction, p. 297 , n. 5, Mac-
carî, II, 711, 1. 19, p. 712, 1. 5, 15, 20 et 3 a f., p. 801, I. 7;
chez un chroniqueur anonyme (man. de Copenhague, n°. 76, p. 98)
on lit : yX^j^\ j»! '^,:<^\ ^Aûiiib c^^iL^^ , « dans le palais se trouvait la
princesse, mère d*ar-Rachîd ; » ailleurs (p. 101): 'sk^lAi» •^^^^\ ^o-.: ^a
^.j^/iUJt ^A>L/e^4.il jjJi u>^j, «avec son épouse, la princesse Fâlima, fille
du prince des croyants al-Mamoun. » L'esp. horra se trouve avec la
même acception dans la Crônica de D. Alfonso XI, p. 406, 1. 8, et chez
Barrantes Maldonado (dans le Mem. hist, esp. , IX), p. 352.
* HuRi , fr, bouri. Ce mot est très-récent dans l'espagnol; aussi les
dict. ne Tont-ils pas et ce n'est rien autre chose que la transcription
du français houri. En arabe une femme du paradis s'appelle ^îj>->
(haurâ), et les Mauresques écrivaient alhaura {Mem, hist. esp,, V, 432).
Le plur. en est hour; mais les Persans, les Turcs et même les Arabes
modernes (voyez p. e. Mille et une nuits, II, 270, 1. 8 éd. Macnaghteu)
emploient ce plur. comme un sing., et les premiers y ont ajouté le %,
qui, dans leur langue, sert à former le nom d'unité; de là hourz
U3)y^), une femme du paradis. L'arabe moderne a aussi is^>> {hourhja)
{Mille et une nuits, I, 166, 558, [I, 649, IV, 183 éd. Macnaghlen).
I.
* Irake, iracha, iraga, etc., h,-lat., de ^^f^ Çirâkî), l'adjectif relatif
du nom propre 'Irak. 11 y avait dans celte province, la Babylonie des
anciens, des verreries très-renommées, où l'on soufflait une espèce de
verre qui ressemblait au cristal et qui s'appelait ^ïL^Jî z^^j^^> "^^
288
verre 'irâkî;» voyez Ibn-Djobair, p. 275, 1. 18 et 19. Le mot manque
chez Ducange, mais on le trouve quelquefois dans les chartes latines
de TEspagne. Ainsi on lit dans VEsp, sagr. (LX, 409): « vasos vitreos,
eouza {lisez couza) Irake,» et plus loin: «oranes hos vasos irakes pre-
tiosos. » Dans une autre charte {ihid. , XXXVI, p. lx): oet concham
iragam,» et plus loin: «et très fîalas quas dicunt rotomas irachas. »
Dans une donation publiée par Yepes {Corônica de la orden de San Be-
nito, V, fol. 424 r°), on trouve: «vasa vitrea: concas aeyralis II, arro-
domas sic» aeyralis IX.» Un des continuateurs de Ducange a noté cet
aeyralis en disant qu'il signifie d'airain; mais puisque c'étaient des
«vasa vitrea,» il est clair comme le jour qu'ils n'étaient pas d'airain.
Pour ma part je ne puis y voir qu'une corruption de ce même mot
'irâkî, car on a vu que, dans les autres chartes, cet adjectif est joint
aussi aux mots coucha et rotoma. Par conséquent je lis deux fois aey-
raids y ce qui représente assez bien le pluriel de Hrâki.
J.
Jabali (sanglier) de ^J,.j^=>- (djabalî) , l'adjectif de djabal, montagne,
P. de Alcala traduit [*javali puerco par djabalî , et] puerco montes o
javalin par khinzir djabalî.
* Cf. Rojas, Relaciones , fol. 74 r°: « Llamamos en Espaila labalin à
lo que el Moro llama Gibeli, que es puerco montes.»
"" Jabalon (bois employé pour former la pente d'un toit) de q^-L^_>
(djamalôn) f mot qui manque chez Freytag, mais non pas chez Lane,
et sur lequel il faut consulter une note de Quatremère, Hist. des suit,
mamLy II, 1, 267. Cet illustre savant, qui cite plusieurs passages où
on lit qu'un toit était de djamalônât , explique le terme djamalôn par
voûte en ogive; il fait aussi observer que chez Bocthor c'est toit en dos
d'âne^ et il ajoute fort judicieusement que le mot vient de djaml,
chameau; «il désigne,» dit-il, «une partie d'édifice, qui présente la
forme du dos de cet animal; c'est ainsi que nous disons qu'une chose
est faite en dos d'âne. » Cette opinion est confirmée par le grand dict.
arabe dont s'est servi M. Lane. — La forme jabalon est correcte , le
l) Il faut biffer ce sic, qui est du c^opiste.
289
m se changeant régulièrement en h; jahalconcs (esseliers, goussets) et
jahalconar (dresser un toit, y poser la charpente pour le couvrir) le
sont moins , mais on dit jahalonar dans le môme sens.
* Jack.na (tasseau , poutre de traverse sur laquelle les solives sont
assises). Serait-ce jjL> (djâïz), poutre, avec la terminaison esp. enaF
Jacerina, pg, jazerina , it, ghiazzerino (colle de mailles). Ce mot
semhie être un adjectif formé de y^fF^^ [al-djazâir) , le nom arabe de
la "ville d'Alger, d'où l'on semble avoir exporté de telles armures. Voyez
Diez, p. 171 [*2« édit. I, 210, 211].
* Celte élymologie manque de base. Un malheureux hasard ayant
voulu que jazarino signiOât algérien en espagnol , Cobarruvias en a con-
clu que jacerina est le même mot et qu'anciennement on fabriquait
les cottes de mailles à Alger (voyez ses articles Alger et cota). Celte
supposition, que le lexicographe espagnol présente hardiment comme un
fait incontestable, est sans fondement: chez les écrivains arabes on ne
rencontre pas la moindre trace d'une telle industrie à Alger. Je crois
bien, toutefois, que le mot en question est d'origine orientale, car
comme il est certain que les Européens ont reçu des Orientaux les
colles de mailles composées simplement de petits annelets de fer qui
n'étaient pas cousus sur une pièce d'étoffe (cf. le glossaire sur le Ca-
tàlogo de la real Armeria, p. 66) , il est assez vraisemblable qu'ils aient
reçu d'eux en même temps le mot qui servait à les désigner; mais
pour expliquer -l'origine de ce dernier, il ne faut pas s'en tenir à la
forme dérivée jacerina; c'est au contraire à la forme jaccran (Saez,
Valor de las monedas, p. 528 b) , jaseran {ihid., p. 209), jasaran (Can-
cionero de Baena, p. 457), a. fr. jazerant, jazerenc , qu'il faut avoir
égard. Je crois que dans les deux dernières syllabes le mot arabe pour
mailles^ et cotte de mailles, à savoir ôj\, zarad ou zerad, qui vient du
persan ^j\, zirh ou zirah , est encore assez reconnaissable; et quant à
la première, comme on disait aussi jaque de mailles, jaco de malla ,
je crois que l'opinion de feu M. de Reiffenberg, selon laquelle ce ja
serait jaque ^ mérite d'être prise en considération. M. Diez prétend.
1) Frey(ag et Lanc n'ont pas cette signification; mais voyez Quatremère, ffist. des
^ult. maml., l, 2, 114, n. 138, le dernier passage, Alcala sous malla, Bocthor et
37
290
il est vrai, que jazcrani est plus ancien que jaqtiè, et selon lui ce
dernier terme n*aurait commencé à être en usage que vers Tan 1358;
mais ce n*est là qu'une conjecture de Ducange et à laquelle il ne
faut peut-être pas allaclier trop d'importance, car dans un document
espagnol de 1369 {Corles de Léon y de Caslilla , II, 178) je trouve
jaque employé comme un mot que tout le monde connaissait.
Jaez, [*jahés dans le Cancionero de Baena, p. 159] (harnais, l'équi-
page d'un cheval de selle). On disait aussi jaéces de cama dans le sens
de «garniture de lit» (Victor). L'un et l'autre dérivent de l'arabe
jl^> (djahéz) qui désigne en général apparatus.
* Les Arabes emploient aussi djahéz dans le sens spécial de harnais ;
voyez Freytag, Lane, Ibn-Batouta, III, 222.
^ Jaharrar (crépir une muraille avec du plâtre), jaharro (crépissure,
enduit de plâtre), du substantif ^La> {djaiyâr) ou du verbe ^js^^ {djaiyara),
dit M. Miiller. Ce verbe existe bien (voyez P. de Alcala sous encalar
con cal et sous encaladura) , mais comme il vaut toujours mieux
dériver les mots esp. des substantifs arabes, je crois que le substantif
djaiyâr y chaux, mérite la préférence.
^.Jambette. Ce mot n'est pas dans les dict. dont je me sers; mais
M. Defrémery dit: i^Jambette qui est employé quelquefois comme syno-
nyme de navaja, couteau de poche, et qui se rencontre aussi dans notre
langue avec le sens de petit couteau de poche, dont la lame se replie
dans le manche. Je le ferais venir de l'arabe iC-A-A-;-> (djanbîya) , qui
manque dans les dict., mais que l'on trouve souvent dans les relations
de voyage avec le sens de poignard,» Il cite les relations d'Arnaud,
de Niebuhr, de d'Escayrac, de Haines et de Botta. Je ferai remarquer
à mon tour que le mot en question , qui vient de dja7ib , côté (ce qu'on
porte au côté), se trouve déjà chez Ibn-Batouta (I, 554) comme un
terme dont se servaient les Mecquois. Browne (Reize naar Afrika, I,
230), Burckhardt (Travels in Arabia , I, 358, II, 243) et Burton {PU-
fjrimafjc , I, 208 n., 230, 241, II, 104) le donnent aussi. Quant à
jambelte y les Esp. ne l'ont sans doute pas reçu directement des Orien-
taux, mais des Français.
* Jamila (eau qui découle des olives amoncelées) de Jw.x-^> (djamU) ,
fl rai s se fondue,
Jarra , a. pg, zarra , ilal. giara , fr. jarre, masc. esp, pg, jarro, ifal.
201
giarro (pot à goulot et à deux anses) , de »^> (djarra) qui désigne la
luèiue chose.
*Jazmin, pg. [r. jasmin, de l'arabe-persan ^^^a^wwwLj (yâsemîn).
* JiLEco «chez Cervantes dans Don QnijolCy 1, cap. xli , dans
l'édil. de Clemencin , III, 248, de i^<JLj. Cet éditeur pense, avec raison
ce semble , que ce mot a donné naissance à clialeco ; le français gilet
semble avoir la même origine. »» Mliller. — y5ULj {yelec) est un mot
d'origine turque, mais que les Arabes ont adopte; voyez mon Dict, des
noms des vétem.y p. 451 , et les Mille et une nuits ^ IX, 209 éd. Fleischer.
Chez Delaporle {Dialogues, p. 99) on trouve )>^A=>. Quant au fr. gilet,
on le dérive ordinairement avec Ménage de Gille , le nom du tailleur
qui a inventé les gilets.
*JoFOR («pronostic, mot arabe,» Victor; cf. Marmol, Rebelion de
los Moriscos, fol. 32 a, 44 c et suiv.) de ^> (djafr); cf. Ibn-Khallicân,
I, 452 éd. de Slane, Ibn-Khaldoun, Prolégom., Il, 184, d'Herbelot sous
gefr , Shaw, I, 545 de la trad. holl.
* JoRRo. Le verbe arabe -> (djarra), entraîner, emporter en traînant,
est devenu un terme de marine, car Ibn-Batouta (IV, 247) dit: «Il
n*y a point de vent dans cette mer, ni de vagues, ni de mouvement
d'aucune sorte, malgré sa grande étendue. C'est à cause de cela que
chaque jonque chinoise est accompagnée par trois bâtiments qui servent
à la faire avancer en ramant et à la remorquer (ladjorroho).» Dans un
passage des Mille et mie nuits (I, 582 éd. Macnaghten) on lit de même:
U>.y>3 w^^Xii L^as \jj^^*) s^Sj4^\ ui5^i.j j^iî îj-i/o^, «les pirates lancè-
rent les grappins sur ce navire et le prirent à la remorque.» De là
vient Tesp. jorro, que Marina et M. Millier ont noté, car, comme Ta
observé ce dernier, P. de Alcala traduit navejar a jorro par djarra.
Les expressions llevar à jorro , navegar à jorro (l'une et l'autre chez
Victor), Iraer à jorro (Barrantes Maldonado, dans le 3fctn, hist, csp. ,
IX, 141), en pg. levar a zorros , signilient prendre à la remorque,
Cobarruvias connaissait déjà l'origine arabe de ce mot, car il dit: » Jorro,
llevar una cosa a jorro es sacarla y tirarla con guindaleta arraslrando,
ora sca del agua, ora sea de la tierra ; dizen ser Arâbigo de churr ,
(|ue sinifica lo mesmo. » Le verbe ajorar, emmener de force, a la même
origine, ainsi que /orro dans l'ancien port., comme Moura l'a observé
292
avec raison. Pào de jorro était une énorme pièce de bois, qu'on ne
pouvait transporter qu*au moyen d'une charrette nommée zorro, zorra,
OM jorrao. De là zotreiro, lent, paresseux, en parlant d'une charrette,
d'un navire, d'une bête de somme, d'une personne.
JoRFE (muraille de pierres sèches) de kJj=>- (djorf) , « agger. »
"^JovADA, juvada arag., «le terrain que peut labourer une paire de
mules en un jour,» Acad. 6« édit. ; — i^jova, jovata, Majoricensibus
voces familiares, quas ii ab Arabibus Balearium incolis acceptas reti-
nuere, apud quos iia jugerum, seu modus agri dicitur, tametsi raaioris
quantitatis,» Ducange; — «jovata, jovada, jova (jugerum, seu modus
agri) Majoricensibus et olim Valentinis voces familiares, ab Arabibus
utriusque regni incolis acceptae, » Villanueva, Viage lilerario , IV, 266
(je respecte trop ce savant éminent pour ne pas supprimer l'étymologie
arabe qu'il donne). Ce mot, que nous trouverons aussi sous d'autres
formes et avec d'autres signiflcations dans les documents du moyen âge,
est la transcription plus ou moins inexacte d'un terme arabe qui manque
dans les dictionnaires, mais qui est encore en usage en Algérie. Ce
terme dérive de la racine â_a-> (djabadha) qui signifie tirer et qu'on
peut employer p. e. en parlant de bœufs qui tirent la charrue. Je n'ose
pas décider quelle est la signification primitive du substantif. Selon
M. Cherbonneau (dans le Journ. asial. de 1849, I, 65; cf. ses Dialo-
gues, p. 12, et voyez aussi ceux de Martin, p. 135), »JoL>, qu'il
prononce djehda, au plur. vÂj'j.> (il prononce djouahed), signifie propre-
ment charrue, et par extension, une paire de bœufs. C'est possible;
cependant il se pourrait aussi qu'il désignât proprement la charrue et
les bœufs ensemble. Quoi qu'il en soit, le substantif /ovenW om juve-
rius (dérivé de la forme jova) signifie valet de charrue dans une charte
aragonaise de 1192, citée par Carpentier (dans Ducange), où on lit:
« Constituenles ne boves aratorios aut caetera quaelibet animalia arato-
ria, vel aralrum cum suis apparalibus, et joverio sive bubulco laederc
vel invadcre quoquo modo praesumat.» Dans un autre document ara-
gonais do l'année 1291, le sens est moins clair. On y lit: «Item quod
porlarius vel aliquis alius oIBcialis noster non possit pignorare aliqua
animalia aratoria, nec juverios, nec instrumenta laborandi seu colendi.»
Une main plus récente a noté sur la marge al. boves, et Carpentier n'ose
pas décider si celte explication est bonne , ou bien si les juvcrii sont
295
ici également des valets de ciiarriic; j'imiterai sa prudence. — En
outre, le mot arabe signifie, de même que c/tarrwe en français: retendue
de terre qu'on peut mettre en valeur avec une charrue. « En Algérie , »
dit M. Cherbonneau {loco citato) , «on n'évalue jamais une terre en
culture par mesure; on dit seulement: Celte terre, ce douar a tant de
djehdas, c'est-à-dire, fournit du travail pour tant de charrues.» Selon
M. Prax (dans la Revue de V Orient et de VAlg., VII, 159), djehda est
à Constantine «le terrain qui peut être labouré, en un jour, par une
paire de bœufs ; » comparez dans le même recueil t. XII , p. 393. Ce
sens est assez fréquent dans les chartes latines et espagnoles, et comme
Ducange n'en a donné qu'un seul exemple (sous alcheria), j'y ajoute
ceux-ci: Fuero de Molina (apud Llorenle, Noticias de las très provmcias
Vascongadas, IV, 124): «Vecino de Molina que hobiere dos yovos de
bueyes con su heredat,» et plus loin (p. 125): «Qui hobiere un yovo
de bueyes con su heredal;» Carta de poblacion d'Ejea, donnée en 1180
parle roi d'Aragon Alphonse-le-Batailleur {apud Munoz y Fueros , I, 299):
«Et illa Torre de Escoron non avet nisi sex jubattas, similiter
illa Torre de Canalla VI jubattas, et illa Torre longa dos jubat-
tas,» etc., car le mot s'y trouve plusieurs fais; charte de 1275, publiée
par Villanueva {loco citato): «Item pro una jovata vineae, quam habemus
in Alcudia Xativae , contigua vineae Joannis Martiniez de Heredia. » —
Le mot en question désignait aussi, comme Carpentier l'a observé avec
raison, une espèce de corvée, l'obligation pour le paysan de labourer,
pendant un seul jour, la terre du seigneur. On trouvera trois exem-
ples de cette signification chez Ducange et Carpentier. Enfin il désigne
aussi en Algérie une redevance annuelle que paient les Arabes pour les
terrains qu'ils cultivent; «elle est ici,» dit M. Carteron {Voyage en
Algérie y p. 175), qui écrit djbda, «de 25 francs par huit hectares,
c'est-à-dire , ce que peuvent labourer deux bœufs. »
* JucEFiA était au moyen âge une monnaie d'or = mazmodina ; on
disait aussi «mazmodina jucefia;» voyez Saez, Valor de las monedas,
p. 514,515. C'est la '!>^^Jo^^, {youso/ia)y frappée par le sultan almohadc
Abou-Va'coub Yousof (1162 — 1184). Même dans le Dict. valencicn de
Kôs on trouve encore jusasives (sic), « monedas antiguas. »
JuLBPE,i7a/. giulebbe, /"r.julcp (potion adoucissante), de *-»^ {djouléb),
«lui est composé de deux mots persans: ^ {fJoul)y rose y et uJî {lïb), eau.
[*Cf. de Sacy, Abdallatify p. 517, n. 12].
294
K.
* Kazim b.'lat. S^ Kosa (II, 69, 70) cite Irois passages où ce mot
se trouve, mais écrit d'une manière un peu différente. Le premier
est dans un acte de vente de 893 ; je ne sais pas ce que porte le texte
latin; le savant antiquaire dit seulement en portugais (II, 46): «Foi o
preço 45 soldos KazimoSy» et je crois qu'il s'est mal exprimé. Le second
est dans un acte de 1016; dans cette année, dit S^ Rosa, «vendeo a
Lorvao o Mouro Zuleimao Iben Giarah Aciki huma grande fazenda em
Villela por 20 soldos de argento Kazimi. » Le troisième est emprunté à
VEsp. sagr,, XXXVIII, 89. On y lit que la noble dame Mayor Froylaz
vendit, dans Tannée 1078, une terre dans les Asturies à Tévêque d'As-
torga; puis le texte porte: «Pro quo accepimus de vobis GGGII. solidos
de argento Kazmi, et una pelle alfanege in obtingentos solidos
de Kazmi, et uno caballo praeciato in centum quinquaginta solidos
de argento Kazmi, et uno vaso de purissimo argento pensante septua-
ginta quinque solidos.» S\ Rosa a pensé que ce mot signifie pur, sans
alliage; la charte asturienne, où le purissimum argentum est autre chose
que le argentum kazmi, n'est pas favorable à son opinion. L'étymolo-
gie du mot est aussi obscure que sa signification , car il est inutile de
parler de celle qu'a donnée Moura, qui le fait venir de j«-jAJf (cadîm) ,
vieux, ancien; S^ Rosa avait déjà réfuté d'avance cette dérivation, et
en outre le d ne se change pas en z. Pour ma part, je crois qu'il
faut lire partout Kazini. G'est réellement la leçon du document astu-
rien, car on sait qu'anciennement le i s'écrivait sans point. Qu'est-ce
donc que argentum kazini F Je crois qu'un passage du testament de
Ramire, roi d'Aragon, qui est de l'année 1061, nous mettra en état de
répondre à cette question. On y lit [apud Briz Martinez, Uisl, de San
Juan de la Pena, p. 439): «Et illos vassos (= vasa) , quos Sanctius
filius meus comparaverit et redemerit, peso per peso, de plala aut de
cazeni, illos prendat etreddimat,» etc. Ge ca^ewt doit être, comme on
voit, une espèce de métal, qui n'est pas le même que l'argent, mais
qui cependant y ressemble. Je pense que c'est l'arabe j^ÂAO^li> {/char-
cini). Ge mot, qui signifie littéralement pierre de la Chine, désigne en
effet un métal ou un demi-métal; selon de Sacy, qui a écrit une longue
29S
disscrialion sur ce sujet {Chrest. ar., III, 452 — 464), c'est la loiilena-
gue; chez Huniberl (p. 171) c'est le zinc; chez Boclhor c'est le zinc
aussi bien que la toulenague. Je n'hésite pas à identifier ce cazeni
avec kazini dans argenium hazini , et à considérer ce dernier comme un
mélange d'argent et de khârchn^.
i.
' Laça, fr. laque (sorte de gomme)! Sous le nom de laque les Arabes,
* Lacrb (cire d'Espagne) Jles Persans et les Indiens (/rtAc^a)
semblent avoir entendu plusieurs drogues qui teignent en rouge. Selon
les dictionnaires arabes dont Golius et Freytag ont fait usage, \^^ {lace)
est le nom d'une plante avec laquelle on teint la peau de chèvre, et
l) Puisque dans cet article j'ai cité le testament de Ramire, je profiterai de cette
occasion pour remarquer qu'il peut aussi servir à corriger et à expliquer un mot qui se
trouve chez Maccart et qui a embarrassé le savant éditeur, M. Wright, tandis que le pas-
sage de l'auteur arabe peut servir à son tour à réfuter une conjecture mal fondée de
l'illustre Ducange. Le passage en question est d'Ibn-Haiyân , auteur du XP siècle et con-
temporain de Ramire d'Aragon; il a été copié par Ibn-Khaldoun et c'est d'après ce dernier
auteur que Maccarî (l, 247 in fine) le cite. Ibn-Haiyân nomme donc parmi les objets
dont se composait le présent offert par Dja'iar l'Esclavon au calife Eacam II, alors qu'il
avait été promu à l'emploi de hudjib par ce monarque: .^a aaa>wwÔ» iîi34j> ...^^^^:^
'i^\}a^ifliA l^J^Aw>.j v.^«Cv«..^Ji j*.L ..wQ &:^\i,Âit oLa^aJ. Je ne sais que faire de
ce •îV^» qui a paru altéré à M. Wright, qui se trouve cependant aussi dans l'édition de
Boulac, et auquel M. Fleiscber veut substituer ^z> ; j'omettrai donc les mots -a£ ..^a
v»A.>i>.^Jl; les autres signifient: «cinquante casques de bois, comme en portent les Francs
et qu'ils appellent tcchiâna»y> M. Wright dit dans une note que les man. d'Ibn-Khaldoun
portent iûôUoi^I^ [techtânia], et que le mot en question lui semble appartenir à la langue
provençale; il le dérive de testai mais il ajoute qu'on le cherche en vain dans les diction-
naires romans. Je le trouve dans le testament de Ramire où on lit ceci: «De meas
autcm armas et espatas, et adarcas, et gelmos, et testinias , et cinctorios, et
sporas,» etc. La leçon des man. d'Ibn-Khaldoun est donc la bonne (on voit que le i
est rendu par L»), et grâce au passage arabe , nous savons à présent ce qu'il faut entendre
sous tcstinia , qui vient en effet àd testa. Ducange, en donnant le testinia du testa-
ment, a soupçonné qu'il fallait lire testiria = têtière; mais on voit que celte opinion
est crronér.
296
locc, le suc de celle plante; comparez Trislrani, The great Sahara,
p. 155: «Pour les leinlures rouges on se sert d'un bois venant de l'in-
térieur de l'Afrique et nommé l'uhk ; » Daumas , Le Sahara algérien ,
p. 200, donne seulement: alouk, substance rouge pour teindre,» et
Marmol {Descripcion de Affriea , III, fol. 5 d) dit en parlant de la ville
de Quiteva dans la province de Dar'a (dans le Maroc): «C'est de là
que vient l'indigo, avec lequel on teint les étoffes déliées, et le lie, dont
on fait en Afrique, pour la laine très-fine, une teinture rouge clair qui
est fort en faveur chez les Africains.» Chez Carette [Géographie de
V Algérie, p. 255) on lit: «ZeA;pour la teinture, ilex (coccifera;» ailleurs
(Eludes sur la Kabilie , 1 , 329) : « couleur rouge que les Arabes appel-
lent le/c, et qui a été reconnu sur échantillons être Vilex coccifera;r>
et enfin (p. 380): «Le lek est le kermès {cocca-ilicis) , que Ton trouve
sur le chêne nain {quercus coccifera) en Espagne, en Provence et en
Grèce.» Dans le Mosta'înî l'article lace est conçu en ces termes: «En
syriaque laca^; c'est la gomme d'un arbre qui croît dans l'Ouest^;
suivant d'autres, c'est le kermès; il y en a aussi qui disent que c'est
la gomme du kermès.» Boclhor en Berggren (p. 856) donnent: laque,
sorte de gomme, zamag al-lacc. Chez Richardson le persan lac (y^*:^)
est expliqué de cette manière: «lac, a kind of lake produced frora lac
used for dyeing red,» et aussi «wax,» tandis qu'on trouve sous lue :
«The substance commonly called gum-lac, being the nidus of an insect
found deposited on the twigs of certain Irees in India , and from which
a beauliful red lake is extracted, used in dyeing.» — Lacre, cire d'Es-
pagne, a reçu ce nom parce que la laque y entrait (voyez Dodonaeus,
Cruydt-Boech , p. 1468 h). Aujourd'hui les Arabes emploient lecc, locc
ou loue dans le même sens; voyez Bombay, p. 78, Bocthor et Berggren
sous cire (d'Espagne), Cherbonneau, Roland de Bussy.
Laud. Voyez alaude.
"^ Leila. iCjk-xJ (leila) signifie nuit en arabe; mais chez les Mauresques
leila était une soirée ou nuitée, où l'on faisait de la musique. La
1) La langue à laquelle l'auteur du Mosta'înî donne le nom de syriaque, est toujours
chez lui le chaldéen ; aussi laça se trouve-t-il chez Buxtorf, p. 1142.
2) C'est-à-dire, dans l'ouest de l'Afrique; telle est du moins la leçon du man. de Na-
ples (wJ.iii ij^Xi); mais celui de Leyde porte: uj.*i! Obb ^-5 , «en Arabie.»
297
commission nommée par Charles-Quint voulait que les Mauresques ^no
usasen las leylas y zambras à la morisca» (Marmol, Rebelion de Los
Monscosy fol. 33 c), et plus lard Philippe II ordonna «que no hiziesen
zambras ni leylas, con inslrumenlos , ni cantares moriscos» (ibid.). A
Alep on dit aujourd'hui leiltya en ce sens (voyez le Journ. asiat. alle-
mand de 1868, p. 146), et en Algérie mehîta, de la racine \:::L{bâla),
passer la nuit y tandis que leita s'y dit d'une réunion des khouan pen-
dant la nuit (Cherhonneau, Dialogues , p. 187).
*Leliues {Don Quijole, II, c. 34), lelies {Cran, gen., fol. 204), lili-
lées, lililies (les cris des Maures quand ils commencent le combat), de
M ^\ k1\ ^ {lé ilâh illa Hlâh), «il n'y d'autre dieu que Dieu.»
*LiLAc, fr, lilas (syringa). «N'y aurait-il pas du rapport entre le
nom de cet arbrisseau, dont les fleurs sont bleuâtres, et le mot ^xi ,
qui désigne VindigoF» Muller. — Je suis du même avis, mais avec
une légère raodiGcalion. Comme les Arabes donnent aujourd'hui au li-
las le nom de ti5^JLi {Itlac) (Berggren, p. 878, Boclhor) ou w^bUJ {lîlâc)
(Marcel) , je crois que c'est le persan ^aJ {Hladj) ou ti^UiLJ {Hlang) ,
indigo.
*LiLAiLA, voyez fileli ; mais ce mot a encore un tout autre sens,
à savoir celui de bagatelle» fadaise, niaiserie, et l'Acad. l'explique de
cette manière: «Voz con que se explica lo impertinente, inùtil, ridicu-
lo, ô importuno, que dice ô hace quien intenta estorvarnos, interrum-
pirnos ô engailarnos: y suele decirse con buena Lilàila se nos viene.
Parece es lomado de lo que dicen frequenlemente los Moros en sus fies-
tas y necessidades Hilha hilahailay de donde tambien se dice por hurla
Santa Lilàila, ^^ Je ne sais pas quelle expression arabe l'Acad. a eu en
vue; mais je serais tenté de voir dans ce lilàila l'expression arabe que
nous avons rencontrée sous lelili et que les musulmans ont sans cesse
à la bouche. Les Mauresques l'écrivaient leileha ou Icale (Mem, hist.
esp.y V, 443).
* Lima , fr. lime (sorte de petit citron qui a une eau fort douce) , de
k4.aJ (Itmà), nom d'unité du collectif ^l {lîm). Voyez sur ce mol, qui
manque chez Freylag , Quatremère dans les Notices et Extraits, XIII,
174; mais comme ce savant s'est borné à citer Marcel, je remarquerai
qu'on le trouve aussi chez Ibn-Baloula, III, 126, 128, chez Ibn-Khal-
doun, Prolégomènes, II, 259, 1. 11, et Hist. des Berbères , I, 415,
38
298
dans P. de Alcala sons lima, chez Hœst, Nachrichten von Marokos,
j). 505, chez Domhay, p. 70, chez Martin, Dialogues, p. 103, chez
Blaquiere, Leiters from the Mediterranean , II, 78, etc.
Lfmon de Q>*j^ (leimôn) qui est le persan lîmoiin, «malum citriura.»
* LoocH, pg. et a, fr. lohoc, fr. looch et lok (sorte d'élecluaire) , de
^^*i {la'ôc), comme le disent avec raison Soiisa et M. Defrémery. La
racine laHca signifie lécher, et la'ôc est: «eclegme, /twc^w5; médicament
liquide, que Ton fait prendre à petites doses, dans les maladies des
voies respiratoires» (Sanguinelli dans le Jonrn, asiat. de 1866, I, 325).
Ce mot est très-fréquent chez les médecins arabes.
"^LuQUETE, voyez ALcuAQurnA; mais ce raol signifie en outre ^e^/e, mor-
ceau d'écorce de citron ou d'orange, qu'on met dans le vin. En ce
sons, c'est peut-êlre l'arabe J^Ui [louquèl) ou écJbUJ (louquéla) , «res
quac de humo legitur, quisquiliae, res nullius prelii.;) Ces morceaux
d'écorce n'ont en effet aucune valeur, et pour cette raison on dit en
français: cela ne vaut pas un zeste, je n'en donnerais pas un zeste.
Mais selon Cobarruvias ce luquete a la même origine que luquete dans
le sens d'alhtmeUe ; ses paroles sont: «dixose assi, porque si la espri-
mimos à la vêla se enciende aquel humorcillo, y se torna fuego. »
M.
* Macabes (pas dans les dict.). Voyez almocavar.
"" Maciiumacete , maginacete («certain opiat des Maures, dont ils usent
pour se mettre en appétit,» Victor) est composé de deux mots, dont le
premier est sans aucun doute ^^:f\3w {ma'djoun), élecluaire; mais le
second {aceié) est plus difficile à trouver, car parmi le grand nombre
de ma^djouns ou électuaires, que l'on trouve énumérés chez Avicenne
(II, 241 et suiv.), chez Ibn-Djazla (man. 576), etc., il n'y en a aucun
dont le second mot ressemble à acete.
'^ Macio pg. (lisse, uni) de g.AA%^/» {masth)\ même sens. Sousa, Diez.
* Magran. Voyez almagran.
* Mahaler (bois de Sainte-Lucie , espèce de cerisier sauvage) de ^^is^A
(mahleb), Mûller.
'' Maharon (malheureux) de j»^^.r^^ (mahrôm) ; même sens. Millier.
299
* Mauona (sorte de navire turc). L'arabe q^Lxi (mà'ofl) , ra^c , a passé
dans le turc où il a reçu le sens de galère. Muller.
* AIalecon. Chez Fernan Caballero, Relaciones , II, 284, on lit; «los
iiialecones que son una porcion de gracias elevadas para precaver la ciu-
dad (Séville) de las inundaciones del rio (du Guadalquivir).» Ce mot est
peut-être hLï^^ (marcât), degré, escalier, Muller. — Ce qui m'engage à
adopter celte étymologie , c'est qu'une telle levée de pierres contre les
inondations s'appelle en arabe r-;'^^ (madâridj) , ternie qui signilie aus-
si, quoique Freytag ait négligé de le dire, degrés, escalier (voyez p. c.
Alcala sous escalera) , et qui se trouve dans le sens de malecones chez
Ibn-al-Khatîb, dans Muller, Beilràge , p. 6, avant-dern. 1.; comparez
aussi x^/jwii Q^^^^î dans le Cartds, p. 138, 1. 6 a f.
" Mamarracoo, etc. Voyez mascara.
* Mameluco de w5^Ux» {inamlouc), esclave; mais en esp. et en port, ce
mot a perdu celle signiOcalion; on remploie pour sot, imbécile (Nuûez,
Vieyra), et au Brésil c'est le fils d'un Européen et d'une Américaine
(voyez Moraes).
*Manchil pg. (couperet, couteau de lK)ucher; anciennement c'était
une arme) de y^i^A (mindjal) selon Moura, et je crois que cette éty-
mologie n'est nullement à dédaigner. Il est vrai que Freytag n'a min-
djal que dans le sens de faux, faucille; mais Berggren l'a dans celui
de «couteau recourbé de jardinier,» et ce qui est encore plus décisif,
c'est que le verbe nadjala s'emploie en parlant des bouchers, «excoria-
vit (animal) a suifraginibus inceplâ fissura. »
*Mandil. m. Muller compte ce mot parmi ceux que M. E. a oubliés ^
mais comme Sousa , Marina et M. Diez lui avaient attribué une origine
arabe, je crois plutôt que M. E. l'a omis à dessein et parce qu'il était
d'une autre opinion. En effet, le mot manlus, pour désigner une espèce
de vêlement, appartient à la basse latinité; on le trouve déjà dans un
document de 542, et Isidore de Séville le signale comme un terme es-
pagnol (voyez Diez, I, 265). Le diminutif est mantellus ou manicllum
(voyez Ducange) ; de là et de mantile l'esp. manicl et manlilla. Toute-
fois je crois aussi, à cause du d, des significations et des amandilia
Saracenica» (chez Ducange), que mandil ne vient pas directement de
ce mol, mais de l'arabe Joaâ/o {inandîl). Ce dernier est arabe en ce
sens que les Arabes l'emploient ; mais il n'est pas d'origine arabe , et
500
il ne vient nullement, comme le prétend M. Diez, de la racine nadila,
être sale; la forme du mot, qui n'est pas arabe, et sa signiflcalion (ce
serait ce qui sert à salir , si c'était un nom d'instrument) s'y opposent.
C'est le terme byzantin f^ûiv^ri^^tov , qui vient à son tour de manlile. Sur
les significations de ce mandil on peut voir mon Dict. des noms des
vêtem., p. 414 et suiv.
Maquila , pg. maquia (mesure de blé avec laquelle on paie le meu-
nier), de JLaîCo (mikyâl) , «vas quo mensura definitur. »
* Maquila est proprement mesure, vaisseau pour mesurer. Dans les
actes du concile de Léon, de 1020 (Cortes de Léon y de Castilla, 1,8),
on lit: c'Quicumque civariam suam ad raercatum detulerit et maquillas
régis furaverit , reddat eas in duplo. » Dans le Fuero de Villavicencio
(a/?i(rf Muiloz, Fueros , I, 172): «Et quicunque cibaria vendiderit in
raercato, et illas macbilas celaverit,» etc. Le mot a encore ce sens en
Galice, où c'est la vingt-quatrième partie de la fanègue (voyez l'Acad.).
Maquia est aussi en Portugal une mesure pour les grains; elle contient
deux selamins (Moraes). Ce n'est pas le mot arabe donné par M. E. ,
mais son synonyme 'sSj^a, qui, dans la langue classique, se prononce
mikyala, mais dans la langue vulgaire, jd^X^ [maquila). Il désigne spé-
cialement la mesure ou portion de grains que prend le meunier pour
son salaire, et en ce sens il se trouve déjà dans la Chanson du Cid,
vs. 5392.
*Marahez, raarayce, maraice bAal,, a. pg. marraiz. On lit dans
une charte [Esp. sagr,, XXXIV, 455): «marahezes II cardenas. » Dans
une autre {ihid. , XL, 409): « kasullas duas creciscas, alia maraice car-
dena. » Dans une troisième {apud Yepes, Coronica de la Orden de Sa?i
Benito, V, fol. 424 r^): «alias casulas XIII, quinque de alchaz, sex
feraychardena, septima barragan, VIII cardena marayce;» mais pour
que les nombres soient exacts, je suppose qu'il faut corriger ainsi:
«XIP. barragan, XIIP. cardena marayce;» le copiste ou l'éditeur a pris
deux fois un X pour un V. Dans un contrat cité par S^ Rosa à l'ar-
ticle cerome, on trouve: «E pela Festa do Natal primejra que vem ,
huum çurame, e huum pelote d'uum arraiz , ou d'uma valencina ; »
mais il faut corriger: «d'uum marraiz.» C'est l'arabe ^c^-^ (mar'izz),
chez Freytag «tenues pili sub grossioribus pilis caprarum,» mais qui,
comme je l'ai démontré ailleurs {Dicf, des noms des vêtem,, p. 535,
50(
n. 10), désigne aussi une sorte d'éloUe. M. Defrémei'y {Voyages d'Ibn-
Batoula dans V Asie* Mineure , p. 60, n. 1) a déjà remarqué qu'elle se
fabriquait avec une grande perfection à Debil ou Tovin, capitale de TAr-
raénie, comme on peut le voir chez Edrîsî, li, 325 trad. Jaubert , où
l'on trouve le plur. jc\.a {inarâïz) , et il se peut que ce plur. ait donné
naissance aux formes marahez, etc., que j'ai notées. Selon Djawâlîkî
[al'Mo'arrab, p. 157) i^j^y» ou ^h^y {mir*izzâ), est un mot nabatéen,
à savoir Lc^^ {mar'izzâ), et M. Fleischer, dans une note sur ce passage
(p. 61 des notes de M. Sachau), observe fort judicieusement que c'est
Taraméen ntv idv Çamar 'izzâ), littéralement laine de chèvre. C'était
par conséquent une étoffe de poil de chèvre. Voyez aussi Ibn-al-Baitâr,
II, 508, Mille et une nuits, XII, 148 éd. Fleischer.
Maravedi (petite monnaie de la dynastie des Almoravides) de j^^^^
(tnorâbiti) , l'adjectif du nom de ces princes, appelés en Sivahe morâbitîn.
* C'était dans l'origine une monnaie d'or, un dinar, dinar morâbitî,
qu'on appelait morabilinus, en provençal maraboti ; plus tard c'est devenu
une monnaie d'argent et même de cuivre. Voyez mes Recherches , p. 470
et suiv. de la r® édit., et Saez, Valor de las monedas , passim.
* Marbete (marque, étiquette qui indique le prix, l'aunage, la qualité
d'une étoffe). Comme c'est un petit écriteau qu'on attache sur une étof-
fe, je me liens persuadé que c'est _bj,^ (marbel), de la racine rabala,
attacher; mais les dict. n'ont pas ce sens.
Marcaxita, />'. marcassite (espèce de pyrite), de Ik^^^A (marcachilâ).
Voyez Bocthor.
* M. E. a trouvé la forme marcaxita chez Victor ; elle est sans doute
la plus correcte, mais actuellement elle n'est plus en usage; on écrit
marquesita. Nuûez donne en outre marcasita, mais comme une forme
ancienne. Le mot arabe, qui n'est pas dans Freytag et que M. E.
a écrit comme il l'a trouvé dans Bocthor, doit s'écrire [jj^,a {juarca-
chithâ) ; voyez Ibn-al-Baitâr, II, 508 (avec le o dans nos man. 13 et
420 c, et non pas avec le o comme chez Sonlheimer), Maccarî , 1,91,
I. 6. Les Arabes ont reçu ce mot des Persans, qui disent Lix^/XiL-*
(marcachîchâ).
" AIarchamo (marque qu'on met aux marchandises à la douane) de
^y> [marcham) (jui n'est pas dans Freytag (P. de Alcala Ta dans le
sens de hicrro paru herrar) , mais le verbe ^. (rachama) siguilie niar-
502
quer, mettre une empreinte, une marque sur une chose pour la distin-
guer; voyez P. de Alcala sous senalar , notar, plata marcada, etc.,
Bocthor, Marcel et le Dict. berbère sous marquer, Delaporte, Dialogues,
p. 100.
*MaRFAGA, MARFEGA, MARFICA. VoyeZ ALMARREGA.
Marfil, pg, marfira (ivoire). Ordinairement on dérive ce mot de
Tarabe v->'J (nâb), dent, et J-ô (fU) , éléplmnt. En effet, les Arabes se
servent de ces mots pour désigner Tivoire (voyez Edrîsî, man. de Paris,
n°. 893, fol. 14 r«). Néanmoins, tout en laissant de côté l'altération
presque incroyable de ndb en mar , l'existence des formes olmafi (S\
Rosa) et almafil (Ducange) m'engage à rejeter tout-à-fait cette élymolo-
gie. Je dois avouer que je n'ai aucune conjecture à proposer sur l'ori-
gine du mot en question.
* M. Defrémery approuve l'étymologie qu'on donne ordinairement.
«Quant au changement de n en rn,» dit-il, «autre exemple almojalre
de j^\J:J^l Pour le changement du 6 en r au milieu d'un mot, il n'a
rien de plus extraordinaire que celui du 6 en ti à la fin d'un mot ,
comme almotacen pour v-^M^x.5^il, alacran pour yyixil. » On pourrait
répondre que ce n'est pas loul-à-fait la même chose, car si la dernière
lettre d'un mot se changeait fort arbitrairement, parce qu'on l'enten-
dait mal, il n'eu était pas ainsi pour ce qui concerne les lettres au mi-
lieu d'un mot ; mais on voit en outre que M. Defrémery n'a pas répondu
à l'objection principale de M. E.: l'existence des formes olmafi et alma-
fil. Si elles n'existaient pas, marfil se laisserait expliquer aisément,
mais d'une autre manière qu'on ne l'a fait jusqu'ici. Chez les Arabes
l'ivoire ne s'appelle pas nâb-fîl, mais nâb-al-ftl, et le génie de leur
langue ne permet pas de supprimer l'article. Entendant donc dire ?m-
balfil, les Esp. peuvent avoir omis la première syllabe na , et changé
régulièrement le b en m et le / en r (marfil pour balfil) ; en effet , le
nom de l'éléphant au jeu des échecs (chez nous le fou), al-ftl, est eu
esp. , non-seulement alfil , mais aussi arfil. Mais quelque plausible que
puisse paraître une telle étymologie, les formes almafil et olmafi ^ qui
sont plus anciennes que marfil, montrent qu'elle n'est pas la véritable.
Je dirai donc avec M. E. que l'origine du mot en question m'est in-
connue.
* Marfuz (pas dans les dictionnaires). A l'article rafez M, E. a de-
503
maiulé si le mol marfuz dans Don Quijole , I, cb. 40, ne vient pas de la
racine ^j^=>^ (rakhoça). 11 faut répondre affirmativement à celle ques-
tion. Le passage que M. E. a en vue se trouve dans la lellre que la
belle Zoraida fait parvenir au captif espagnol, et il est conçu en ces
termes: «Yo escribi eslo, mira à quien lo das à leer, no te fies de
ningun moro, porque son todos marfuces.» Du temps de Cervantes ce
mot était donc encore connu en Espagne; en effet, il se trouve aussi
cbez Gongora, qui donne celle épilhète à Hérode (voyez Sanchez, IV),
cl il n'est pas rare dans des écrits plus anciens. Dans le Cancionero de
Baena il se trouve trois fois: « linage marfuz» (p. 114), — «la cayda
del falso marfuz» (p. 121), —
Manda quel pongan la cruz
A los piesjved que locura!
El alcoran, nescia escriptura
En los pechos al marfuz. (p. 133).
Chez rarcbiprélre de Hila on lit (copl. 109): «El traidor falso marfus ,»
et ailleurs (copl. 322) il nomme le renard «Doila Marfusa. » C'est l'arabe
^oy>y> (markhouç) dans le sens de(jciAi>^ (= esp. rafez), vil, sans va-
leur. Ce mot appartient à la langue du peuple et il est formé contraire-
ment aux lois de la grammaire, car le verbe rakhoça est neutre ^ et par
conséquent il ne s'emploie pas au passif; mais quelques-uns prononçaient
aussi rakhaça (voyez Lane) et dès lors il était facile de le considérer
comme un verbe actif.
* Margomar. Voyez morcum.
Marlota (espèce de vêtement, jupe, casaque) de xh^lA (mallôtd) qui
n'est qu'une altération du grec f/^x^KccT^j dont les Coptes ont fait f4>£^a}Tti;
cf. M. Fleischer, De glossis Habichtianis , p. 70. P. de Alcala, qui écrit
molôta et mollôla ^ traduit ce mot par cugulla de ahito de frayle, satja
de muger , mongil veslidura de monge. L'arabe polôt ou pollôta de P.
de Alcala (aux mots saya, hrial) n'est qu'une altération de mallôla ,
comme l'a déjà fait remarquer M. Dozy, Dtct. des noms des vélem. ,
p. 87, 412.
* M. E. , qui a emprunté (ous ces renseignements à mon Dict., m'ahi
avec plus d'attention que M. Mahn, car dans un article toul-à-fait man-
qué sur hltaut {Ehjm, Unlers., p. 40), ce dernier me reproche d'avoir
gardé le silence sur l'origine des mots arabes dont il s'agit; cependant
304
à la page 412, qu'il cite, j'avais dit qu'ils viennent de (ixKXccTVi. A
présent, toutefois, je ne vois plus dans le polôt ou pollôla d'Alcala une
altération de mallôla. Le p montre que ces mots doivent avoir une au-
tre origine, et je crois qu'ils représentent l'esp. pellote, qui, comme le
dit l'Acad., vient de pelliSf de même que son synonyme pellon.
* Maroma (grosse corde) «a vraisemblablement du rapport avec l'arabe
-.^ (barama), tordre une corde, et borm, corde,r> Miiller. — C'est l'arabe
-^^ {mabrôm) y qui est proprement le participe passif de ce verbe, mais
qui s'emploie substantivement dans le sens de corde. Il manque chez
Freylag, mais on le trouve chez P. de Alcala aux mots cordon deseda^
cordon de sirgo et forçai,
"Marras (autrefois). M. Mûller demande: « L'étymologie donnée par
Cabrera, qui fait venir ce mot de »./> {marra), serait-elle inadmissible?»
Je la crois excellente, et si nos lexiques arabes étaient moins défec-
tueux , les romanistes n'auraient pas manqué de l'adopter (M. Diez l'a
dans sa 2« édit.). Marra , qui dans la langue classique se prononce
marratan (»j^), est proprement une fois; mais il est facile de voir que
la phrase si fréquente dans les contes arabes: bJ^ ^\S , «il y avait une
fois,» signifie: «il y avait autrefois;» aussi Hélot traduit-il marra par
jadis,
* Martava val, (tour, rang successif; «turno» chez Rôs) me semble
être l'arabe iC^jy [marlaha], «ordo, classis» (Freytag) , «classe, divi-
sion» (Hélot), ce mot pouvant fort bien avoir reçu le sens qu'il a en
valencien.
* Mascara, ital. maschera, /r. masque \ L'origine arabe de 77îfl5carfl ,
* Zaharron f déjà soupçonnée par Golius,
* Mouarrache , homarrache ( admise par Castell , Sousa ,
* Mamarracho 1 Marina , Marcel et M. Pihan ,
répudiée par M. Diez au point qu'il n'a pas même daigné en parler,
a été démontrée d'une manière très-ingénieuse par M. Mahn {Etym. Un-
ters., p. 60, 61), qui a aussi fort bien réfuté l'article de M. Diez. Je
reproduirai les arguments du savant docteur, mais avec quelques addi-
tions. — Mascara vient de l'arabe v^^a (maskhara). Le verbe sakhira
signifie (aussi à la 5^ et à la 10« forme) se moquer de quelqu'un, rire.
aux dépens de quelqu'un ; sokhra est une personne ridicule et dont on se
505
moque; sokhara est moqueur, railleur. Maskhara ne se trouve chez
Freylag que dans le sens de moquerie; M. Malin observe que c'est chez
Richardson: «a buffoon, a fool, a jesler, a droll, a wag, a facetious
man; a man in masquerade ; a pleasantry , any thing ridiculous or mirth^
fui, sport. ^ Je puis y ajouter que la signification de bouffon est non-
seulement indubitable, mais aussi ancienne. Dans les Mille et une nuits
(I, 75 éd. de Boulac ; I, 204 éd. Macnaghten ; II, 135 éd. Habichl) on
lit: .^1 ^J^. ^ ^IJoi^ii JS^ ^ilA^Al H^^^ ^LT (vwX:>^0 iûl J^
w.Lâj, «on raconte que le bossu était le maskhara du sultan, qui ne
pouvait se passer un seul instant de lui.» Un auteur du XIII« siècle,
'Alî ibn-Sa'îd, raconte que le sultan Aiyoubide Al-melic al-'âdil aimait
à prêter Toreille aux plaisanteries d'hommes méprisables; puis il ajoute
(apud Maccarî, I, 658, 1.19); jJ^=> [^^^p^l y>'w**^ 20:xj.i> ^^i j^^^^,
«plusieurs maskhara' s, qu'il avait dans son service, obtinrent de la ré-
putation, nommément Khadhîr » etc. Un passage d'Ibn-al-Athîr (I,
127), sur lequel M. de Goeje a déjà appelé l'attention dans une Revue
hollandaise, est conçu en ces termes: «Pendant deux années Moïse et
Aaron vinrent matin et soir à la porte de Pharaon , demandant d'être
admis auprès de ce monarque; mais personne n'osa l'en informer, jus-
qu'à ce qu'un maskhara y dont l'emploi était de le faire rire par ses
bons mots (iJjAj iS^^jcaj qL^) , le lui apprît, et alors Pharaon ordonna
de les introduire.» Ibn-al-Athîr, comme le remarque M. de Goeje, na-
quit en 1160 et mourut en 1233 ; il n'a jamais visité les pays arabes de
l'Occident; il emploie maskhara comme un mot bien connu; nous avons
donc le droit d'en conclure que déjà au XII® siècle, ce terme avait en
Orient le sens de bouffon. Aujourd'hui il l'a encore, car Bocthor, Berg-
gren et Marcel traduisent bouffon par maskhara; le premier donne aussi
ce mot sous baladin et sous farceur; chez Hélot c'est histrion, baladin.
C'est aussi un homme do7it on se moque. Ainsi on lit dans les Mille et une
nuits, IV, 358 éd. Habicht: \ij^^^^^ B^^ ^P^ Lr"«'^W ««^ l5^^5» «Hier
cet homme était encore la risée de tout le monde;» comparez IV, 346.
XI, 79 éd. Hab.-Fleischer, IV, 685, 1. 2 a f. éd. Macnaghten, et pour
B^, qui est le synonyme de maskhara, IV, 159 éd. Hab., autre pas-
sage, I, 493, 1. 2 a f, éd. Macnaghten. Bocthor donne aussi maskhara
sous cocasse (ridicule), jouet (personne dont on se moque), marmouset,
39
506
ridicule, — Revenons à présent à rargumenlalion de M. Malin. Selon
lui, les Italiens auraient été les premiers parmi les peuples européens
à adopter le mot arabe, parce que c'est dans leur pays que les mas-
carades, lesquelles avaient lieu à l'occasion du carnaval, ont pris nais-
sance. Au commencement le terme y désignait un baladin, un bouffon
avec un masque, un polichinelle qui jouait un rôle important pendant
le carnaval, qui faisait rire les autres et qui était lui-même un objet de
risée; plus tard on Ta appliqué à l'objet qui, chez un tel bouffon, frap-
pait le plus les regards, c'est-à-dire, au masque dont il se couvrait le
visage. — Je partage cette manière de voir. Il me paraît certain que
le mot en question a signifié d'abord bouffon chez les Occidentaux. Un
fait fort curieux et qui, je crois, n'a pas encore été remarqué, c'est que
môme en France, dans la première moitié du XVII« siècle, mascarade
avait cette acception. Ce qui le prouve , c'est un passage du livre
de Roger intitulé La ter^e saincie et publié à Paris en 1646. En par-
lant du Ramadhân, ce iliissionnaire dit (p. 229): «Les maisons où l'on
boit le Quaoué [= le café] , sont toutes pleines de monde , où se trouvent
des bouffons, mascarades, pantalons et joueurs d'instruments.» Evi-
demment mascarade est ici le synonyme de bouffon et de pantalon ; c'est
en tout point l'arabe mashhara. Thévenot semble employer ce terme
dans le même sens, quand il dit (Voyage au Levant, Paris, 1665, I,
279): «Puis suivent quelques gens habillés en mascarades.» Je sup-
pose que les Italiens ont reçu le terme en question, dans le sens de
bouffon, baladin, des Arabes de Sicile, ou plutôt encore, pendant les
croisades, des Arabes de Syrie, car dans celle acception mashhara
.semble appartenir au dialecte de la Syrie et de l'Egypte, plutôt qu'à
celui des Arabes magribins. Maintenant il faut encore remarquer qu'il
est retourné en Orient avec le sens que lui avaient donné les Européens,
r/esl de celte manière qu'il faut expliquer la signification a man in
masquerade chez Richardson, un masque, personne masquée, comme M.
Mahn a trouvé dans le Dicl. turc de Blanchi. Les Arabes ont même
formé de ce mashhara un verbe nouveau, un verbe dénominatif, à sa-
voir tamashhara. Freytag l'a donné (IV, 178), en citant un auteur du
X\^ siècle, dans le sens de être raillé; dans les Mille et une nuits (I,
164, IV, 709 éd. Macnaghten, VIII, 195, IX, 556 éd. Habicht) et chez
Roland de Bussy c'est se moquer, railler; chez Delaporle {Dialogues, p.
f
507
21), plaisanter; cf. Iluinbcrt, p» 114, 239, 240; chez Boclhor, se mo-
quer, plaisanter, railler, tourner quelqu'un en ridicule, turlupiner, bouf^
fonner (de même Mille et une nuits, III, 356, VIII, 253 éd. llabiclil)
et se masquer ; ii donne aussi: masque, personne masquée, motamaskhir
(le parlicipe de ce verbe nouveau), mascarade, maskhara et tamashhor ;
chez Berggren (p. 513) on trouve toumouskhar, jeu de masque, masca-
rade, et, sous démasquer (s^^u^Ji ^j), maskhara dans le sens de mas^
que, faux visage. On voit donc que les Arabes, quoiqu'ils n'eussent
pas employé autrefois eux-mêmes ce mot dans celle acception, l'ont fa-
cilement reconnu , et qu'ils n'ont pas hésité à l'employer de celle
manière.
Le mot zaharron , qui signifie bouffon travesti et masqué, vient de la
même racine arabe, comme l'ont déjà observé Marina et M. Mùller. On
est une terminaison esp. et zahar est sokhra ou sokhara, dont j'ai déjà
parlé au commencement de cet article. Je crois retrouver ce mot dans
l'Alexandre sous la forme xafarron. Décrivant une fête nuptiale, l'auteur
de ce poème dit (copl. 1798):
Eran grandes é muchas las donnas é los dones ,
Non querien los iograres cendales nen cisclatones,
Destos avia hy muchos que facien muchos sones ,
Otros que menaban simios é xafarrones.
Dans son glossaire Sanchez a cru que xafarron était un petit animal;
c'est une simple conjecture et qui serait difficile à prouver. Je pense
que c'est = zaharron, car le s arabe, de même que le s latin, devient
quelquefois x en esp. (voyez l'Introd., p. 18), et les bouffons sont nommés
fort bien conjointement avec les jongleurs et les singes. Il est vrai que
le poète les met un peu trop sur la même ligne que ces animaux , mais
les exigences de la rime peuvent lui servir d'excuse. — J'observerai
encore que zaharrones est chez Victor «sorte de danse aux chansons et
de grand bruit.» C'est parce que les zaharrones exécutaient des danses
bouffonnes; comparez mon article matacuin.
La véritable élymologie d'un autre mot, qui signifie personne mas-
quée, il savoir moharrache ou moharracho , n'a pas encore été donnée.
«C'est peut-être.» dit M. Muller, «l'arabe iu^^Jî ^^ow {mogaiyar al-
ivadjh) , celui qui a le visage changé. V. de Alcala traduit en effet mo-
harrache par guéchi motr.» Marina était plus près de la vérité. 11 dit
SOS
que moharrache vient de «_j„:<^/o, moharrach, qui, selon Casiri, est un
mot de la langue vulgaire.» Il ne nous apprend pas ce que signifie ce
mot et il ne Ta pas écrit correctement. Ce n'est pas ^r-J.^^» naais
^^^, avec Taulre h, et ce mot signifie chez Boctiior et chez Humbert(p. 114),
badin y bouffon , facétieux ^ farceur y plaisant ^ scaramouche; Boclhor donne
aussi, de même que Humbert, le verbe -^^ (harradj), badiner, bouf-
fotmer, plaisanter, et le nom d'action f^jj^j {tahridj), badinage, bouf-
fonnerie, farce (chez Humbert ^j^t hardj) , tahridj a y plaisanterie. Le
mot esp. moharrache, par transposition homarrache, a le même sens;
il désigne: une personne qui, aux jours de fête, se travestit d'une
manière ridicule et qui divertit les autres par ses gestes, ses grimaces
et ses bons mots; voyez le dict. de Cobarruvias et celui de l'Académie.
C'est donc le synonyme de maskhara, et de même que ce dernier mot,
il a reçu le sens de personne masquée, et celui de masque, faux visage,
qu'on trouve chez Victor et chez P. de Alcala , car son guêchi * moir est
^\,XA »^^, littéralement visage emprunté, c'est-à-dire, faux visage, mas-
que; il traduit de la même manière le mot caratula (masque); chez
Berggren masque (faux visage de carton , etc.) est 'ûj^ is.^^. — On voit
donc que l'histoire de ce mot est la même que celle de mascara, et
c'est pour cette raison que je les ai réunis. Sous le point de vue éty-
mologique, ils s'aident mutuellement, et j'ose croire que dorénavant
l'étymologie de mascara sera considérée comme certaine. 11 serait même
possible qu'il eût reçu en Orient le sens de faux visage; peut-être
trouvera-l-on encore chez les auteurs arabes des passages qui le prouve-
ront. Au reste il faut aussi comparer l'article suivant, matachin.
Moharrache, que Cobarruvias écrit momarrache, et mamarrache, qui
en est une altération, signifient en outre marmouset, petit homme mal
fait. C'est au fond la même signification; tout le monde sait que les
bouffons, les Triboulet, étaient ordinairement mal bâtis.
Cet article était écrit depuis un an et j'allais le livrer à l'impression,
lorsque je reçus les deux premières livraisons du Journal asiatique allc-
l) Voyez ce que j'ai dit sur cet i dans le Glossaire sur £drisî, p. 319. Sous tara»
tula Alcala ne l'a pas.
509
mand de 1868, qui conticnncnl entre autres choses un article lrès*in-
structif de M. Wetzslein , consul de Prusse à Damas, sur la langue des
Bédouins de la Syrie. Dans cet article l'auteur présente sur le dernier
terme dont j*ai parlé, quelques observations que je crois devoir traduire,
parce qu'elles confirment et complètent les miennes. «iL^.j^^:JI (al-
tahridja) et x>jfîi (al-hardja) yi> dit-il, «signifient chez les Bédouins le
discours, la conversation, A Damas ^ S> {hardj) est plaisanterie y et ^
go^^l [fann at-tahridj) y désigne l'art de raconter une aventure frap-
pante d'une manière qui amuse les auditeurs; ceci |se fait en exagérant
hors de toute mesure les sentiments qu'on énonce, ainsi que par une
mimique et une gesticulation allant jusqu'à la caricature. De même que
la musique, la danse, le jeu des gobelets et les ombres chinoises, le
tahrtdj est un des amusements d'une grande soirée à Damas. Le maître
moharndj , qui est souvent un excellent comique, est bien plus réjouis-
sant que notre déclamateur ennuyeux en frac noir et en gants blancs.
Dans les marches solennelles il est l'arlequin bizarrement habillé , au
visage noirci et avec des queues de renard attachées au chapeau de
feutre pointu.» Ensuite M. Wetzstein mentionne et improuve l'étymo-
logie de l'esp. moharrache donnée par M. Mûller ; «c'est au contraire,»
ajoute-t-il , « le moharridj que les Omaiyades de Damas ont porté avec
eux en Espagne.» Je m'estime heureux de m'être rencontré, dans
l'explication de ce terme, avec un savant aussi distingué que M. Wetz-
stein i mais pour ce qui concerne ses dernières paroles, je dois avouer
que j'hésite à y souscrire. Comme le moharridj de Damas n'est pas un
personnage attaché à la cour, mais un bouffon qui appartient au peu-
ple, je croirais plutôt qu'il est venu en Espagne avec les Arabes de
Damas, qui, comme on sait, furent établis par le gouverneur Abou-'i-
Khattâr, avant l'arrivée des Omaiyades, dans le district de Grenade,
qui s'appelait alors le district ^d'Elvira.
*BIatacui.n, ital. mattaccino, /r. matassins , /?^. muchachim (personne
masquée et avec un habit d'arlequin; quatre, six ou huit de ces per-
sonnes exécutent une danse bouffonne appelée les matassinsy en esp. los
tnatachines , pendant laquelle elles se frappent mutuellement avec des
épées de bois et des vessies remplies d'air). Je ne crois pas que la
véritable élymologie de ce mot ait déjà été donnée, car il va sans dire
310
qu'il ne vient ni de muchacho (garçon) (Moraes) , ni de malar (tuer)
(Cobarruvias). Il est arabe et signifie personne masquée, de même que
mascara et moharrache , dont je viens de parler; les premières paroles
de Tarticle du dict. de TAcad.: «bombre disfrazado ridiculamente con
caralula,» contiennent le véritable sens du mot, et Victor traduit aussi
matachines en italien par «matlacini, mascare boffonesche.» En arabe,
comme nous l'avons vu dans Tarticle qui précède, un masque ou faux
visage s'appelle visage (wadjh) emprunté; mais on dit aussi wadjh tout
court, comme P. deAlcala l'atteste sous cara quesemuda, et j'ai trouvé
ce mot en ce sens chez des écrivains arabes. De là vient ii.^y> (mo-
waddjah) , masqué, que P. de Alcala donne sous mascarado con caratula,
au pinr. mowaddjahîn , et c'est peut-être de ce pluriel, muejehtn chez
Alcala , que vient la forme port, muchachim. Celles qui existent en esp.,
en ilal. et en franc, doivent être expliquées d'une manière un peu dif-
férente. Mowaddjah, masqué, étant le participe passif de la 2® forme,
il s'ensuit que se masquer est K^ys (tawaddjaha) à la 5^ forme (cf. Mac-
carî, II, 147, l. 1 ?) ; participe *j>j,Xxi (motawaddjih) , au plur. mota-
voaddjihtn, personnes masquées. C'est de ce plur. que viennent rnata-
chines , mattaccini, matassins, car c'est par erreur qu'on emploie ces
mots au sing.; Victor et le Dict. de l'Acad. franc, ne les connaissent
qu'au pluriel.
*Matb. Voyez xaque.
Matraca (crécelle dont on se sert, au lieu de cloches, dans la semaine
sainte) de icï^b^ (milraca), mot arabe auquel le lexique de Freytag ne
donne d'autre sens que celui de marteau; chez Bocthor, à l'article cré-
celle, il se trouve dans la même signification que le mot espagnol.
Mazari (sorte de brique). P. de Alcala traduit mazari ladrillo par
lajôra mazarîa. Quant à lajôra, c'est [*le nom d'unité de] ^>î (adjor)
auquel on a joint le l de l'article, de même qu'en Egypte on a fait
lîwân de al-iwân (cf. M. Lane, Modem Egyptians , I, 17). Le mot ma-
zarîa m'étant inconnu, je n'ose pas en donner la transcription en ca-
ractères arabes.
*Le mazarta de P. de Alcala est évidemment un adjectif, et je trouve
également l'esp. mazari, qui n'est plus en usage, employé comme un
adjectif par P. de Alcala, qui donne sous le l ladrillo mazari, et par
511
Marmol {Rebelion de los Moriscos, fol. 85 c). Le passage de Marmol
est aussi inléressant sous un autre rapport, car il nous apprend ce
qu*il faut entendre sous ladnllo mazarï. L'historien grenadin raconte
que les chrétiens furent attaqués dans la tour d'Orgiva par les Maures-
ques , qui tentèrent de détruire la muraille de la tour en se mettant à
couvert sous un mantelet composé de gros madriers et revêtu, d'abord
de cuirs, ensuite de matelas de laine mouillée, afin que les pierres et
le feu ne pussent y pénétrer. Les chrétiens commencèrent par jeter de
grosses pierres sur cette machine ; mais voyant que cela ne leur servait
de rien, ils prirent des ladrillos mazaris qui se trouvaient par hasard
dans la tour, les lancèrent sur la machine de telle manière que les
coins aigus frappassent les matelas, et réussirent à les rompre; après
quoi ils jetèrent des matières ardentes sur le mantelet et le brûlèrent.
Les ladrillos mazans doivent donc avoir été des pierres très-grandes et
très-lourdes. En arabe de telles pierres s'appelaient îv^Lus ,1^>Î ,
«pierres kibltya ou coblîya,y> c'est-à-dire, pierres coptes ou égyptien-
nes; voyez Edrîsî, p. 212, 1.15. Il faut restituer le même mot dans
un passage de Maccarî (I, 570, 1.7), 6ù l'édition de M. Wright porte:
cXA.^'wLAji ajL£ HJ^^^Xa iC-otLàil ».L:^.^iî *L:^Uai aaIs-Ï iôw^Aa ...\ -^=)3» ,
avec la variante i;«xbiiiî, tandis qu'on lit dans l'édition de Boulac
iUxJaàJl. Ces trois leçons sont également mauvaises; il faut lire XxLiAiUî
et traduire: «La tour de la mosquée de Cordoue a été bâtie de pierres
égyptiennes très-grandes et extrêmement fortes ^» Ce terme explique
l'origine et la signification de lajôra mazarta et de ladrillo mazari, car
comme on tirait ces grosses pierres de l'Egypte, on pouvait aussi les
appeler ,^jAa/), qui signifie égyptien, et qui, dans la langue classique,
se prononce mien, mais dans la langue vulgaire, macri (voyez Lane,
Modem Egyplians, I, 56, Marcel sous égyptien) ou maçari.
*Mazmodlna, mazmutina, mozmudina, mezmudina, marmutina, ma-
hozmedin, chez [Rôs mascordin (ancienne monnaie d'or), de ^ù^^^j^a
1) La 2" et la 4* forme de iX^ manquent chez Freytag dans le sens de rendre
fort. La 4* se trouve cher Ibn-Haiyân {aj>ud Ibn-Bassàm , man. de Gotha, fol. 28 v"):
iC^^x^Ji j^ w*-A-iJi »^S^ *i^^5 (^ LA.AaJi »J^:5^U; la 2« cher Becrî,
p. 2, Ibn-Khaldoun, I/ist. des Berbères, î, 414, Prolég.^ II, 320, Ll (où M. de SJane
veut u tort changer la leçon), Ibn-aNKhatîb dans Huiler, Bcitrage , p. 4.
312
{maçmoudi ou maçmôdi) , l'adjeclif de Maçmouda , qui était le nom de
la tribu berbère à laquelle appartenaient les Almohades. Voyez Saez,
Valor de las monedas, p. 314 — 316, et mes Recherches, p. 470, 471 de
la 1« édit.
Mazmorra (cachot , fosse , prison) de Sj^JaA (matmôra) que P. de Alcala
traduit par algihe , prision, ctceva, carcel en el campo.
Mazorca (fusée, fil, lin autour d'un fuseau). P. de Alcala traduit
husada maçorca [*et maçofca de hilo] par maçôrca, pi. maçâriq. Quel
est ce mot arabe? Faut-il le mettre en rapport avec la racine salaca
(tî^^), d'oîi dérive silca, un fil? Le changement du / en r ne saurait
y mettre obstacle. Aie. écrivant aussi çarcela au lieu de çalcela (chaîne).
*Ces deux mois n'ont rien de commun entre eux, et quant au ma"
çôrca de P. de Alcala, on voit facilement qu'il n'est pas arabe; ce n'est
autre chose que la transcription de l'esp. mazorca, mot que les Maures-
ques avaient adopté. A mon avis mazorca, en port, maçaroca, est une
contraction de deux mots arabes: K^s, y,^/ûU {maçôra rocca). Ni l'un
ni l'autre n'est dans Freytag; mais le premier, qui est proprement le
participe passif au féminin du verbe ^ol (açara), lier, etc., se trouve
chez Bocthor dans le sens de navette (instrument de tisserand) ; chez
Berggren, qui écrit moins correctement Hjjj^a, c'est bobine de tisse-
rand*. Le second mot, rocca, qui signifie quenouille, est d'origine ger-
manique; en vieux allemand rocco, aujourd'hui Spinnrocken. Il a passé
dans les langues romanes: esp. rueca , pg. roca, ital. rocca, et aussi dans
la langue arabe; P. de Alcala le donne sous rueca para hilar ; Humbert
(p. 79) , Bocthor et Berggren l'ont sous quenouille, et en Egypte on donne
le nom de 'ilm ar-rocca (la science de la quenouille, c'est-à-dire, des
femmes) à des charmes qui ne sont fondés ni sur la religion , ni sur
la magie, ni sur l'astrologie; voyez Lane, Modem Egyptians , I, 391.
Maçôra rocca, par contraction maçaroca ou mazorca, est donc propre-
ment: fuseau de quenouille, de rouet, de machine à filer, et il n'est
pas étrange qu'on ait appliqué ce terme à une fusée, au fil qui est
autour du fuseau. C'est ainsi que nous donnons le nom de quenouille.
l) p. de Alcala a aussi ce mot, mais dans un autre sens, car chez lui masûra est
crisneja de très cncrdas (tresse de trois fils).
313
non-seulement à rinslriimcnt , mais encore à la soie, au chanvre, etc.,
dont une quenouille est chargée. — Les autres significations de mazorca,
maçaroca, sont figurées; on a donné ce nom à différentes choses qui res-
semhlent à une fusée.
*Mefti. Voyez mofti.
*Menjurge (mélange liquide et de mauvais goût de divers ingrédients)
«est peut-être une altération, à la vérité assez singulière, de ^^^^x/t
[ma'djoxni), élecluaire.r^ Millier. L'étymologie donnée par Marina me
scmhle préférahle; selon lui, c'est ^j^^x (memzoudj) , le participe passif
de ^jA (tnasadja), mêler; melajige ([wand le mot est employé substan-
tivement.
*Merma ) Ces deux mots signifient la
*Tara (esp., pg., ifaL, prov,), frAare ) même chose (aussi Victor tra-
duit-il merma par taré), à savoir: le poids des barils ^ pots, caisses,
emballages, etc., qui contiennent les marchandises; à la différence de
net, qui se dit des marchandises mêmes, déduction faite de la tare; de
là: déchet, diminution. L'étymologie de l'un vient à l'appui de celle
de Taulre. Merma (qui chez Alcala, sous le n, est aussi nerma^) est
^jA {mermî) , le participe passif du verbe ^a^ (ramâ), jeter, rejeter,
mais prononcé inexactement ^yi {mermaj. Tara, qui, dans le Cancio-
nero de Baena (p. 270 6), a l'article arabe, atara, est le substantif
xz>jh (tarha) , ou avec l'article , X^^.bJl (at-tarha) , du verbe - jL (faraha)
qui signifie également rejeter, chez Ilélot déduire, défalquer, retrancher.
Ces deux termes signifient donc l'un et l'autre: la partie des marchan-
dises que Ton rejette, c'est-à-dire, les barils, pots, etc.; le poids de
ces barils, etc., que l'on déduit quand on pèse les marchandises.
*Mesèll val, («celui qui souffre d'une maladie interne ou contagieuse.
Dans notre dialecte nous l'employons ordinairement en parlant du cochon
qui a une telle maladie ; et si on la découvre quand on égorge l'animal ,
celui qui l'a vendu perd son argent,» Rôs). C'est l'arabe Jm*wq (mosell) ,
1) Ce changement du m initial en n se trouve aussi dans d'autres mots, p. e. dans
nembrar pour memfirar, ncmhro pour membro (=r: miembro) (voyez le Glossaire de San-
chez sur l'Alexandre). Par contre, le latin nasturtium (cresson) est en esp. viastverzo ;
dans ce terme le n est donc devenu un m.
40
514
j)arlicipe passif de la 4' forme du verbe Jw^ (sa lia) » atleinl de phthisie,
phlhisique. Ce terme ne s'emploie pas seulement en parlant des hom-
mes, mais aussi en parlant des animaux, car on lit chez Ibn-akhî-Kho-
zam , Traite (Thippialrique (man. o28 et 299(2), fol. 57 r" et v"^): iC.cblc
xftJlc ^s_yUo ^^ j._^j Ji' ^.b '^i\j<l\ ^4.^'S q1 i>.-M^Jt , « Le signe de la
phlhisie chez une bête, c'est qu'elle maigrit de jour en jour , quoiqu'elle
mange autant qu'à l'ordinaire. »
'^Metraphus h,-lat, (pas dans Ducange). Dans un inventaire de l'an-
née 957, publié par Villanueva (Yiage literario, VI, 274), on lit: «pal-
lies greteschos IIIÏ, et alios pallies XXVI, melraphos VI, et trapos
polemitos lïll, tapitos veteres III,» etc.; au lieu de et trapos il faut lire
metraphos. Ce metraph est l'arabe Lii2^ (mitraf) , qui désigne un vêle-
ment ou un châle de forme carrée, fait de soie et avec des figures d'une
autre couleur aux deux extrémités. Dans un passage cité par Reiske
[Abidfedae Annales, I, Adnol. hisl., p. 32), un calife le porte autour
du cou.
Mesquita, i7a/. meschila, /r. mosquée, deiA:^.^./* (mesdjid) qui désigne
«un lieu où l'on se prosterne» {sadjada).
Mezquino, pg. mesquinho, /"r. mesquin, de ^a<m^/> [mesquin) qui si-
gnifie pauvre, malheureux, misérable,
* MiRAc pg. (abdomen) du plur. ^^L-* (pxarâcc) , les parties tendres et
délicates du ventre, abdomen; voyez Lane et comparez Avicenne, I, 455.
MiRAMAMOLiN de ^kA^^\ ^\ [émir al-mouminin), commandeur des croyants.
MiSTico, cat. meslech (sorte de navire), de gwb-M^y« (mistah) qui se
trouve chez Maccarî, II, 765, 1. 15 et 18, dans la même signification,
bien qu'elle manque dans les lexiques.
* M. E. a trouvé ce mistico dans une note de M. de Gayangos (trad.
de Maccarî, II, 527), qu'il aurait dû citer, car mistico n'est pas dans
les dictionnaires. Selon le savant espagnol que je viens de nommer,
c'est une altération du catalan meslech. Celte forme semble favorable
à la prononciation ^JL^/i, mesteh comme écrit M. de Gayangos, ^L^a
comme M. Dugat a fait imprimer dans l'édition de Maccarî. Mais celle
apparence est trompeuse, et dans les corrections jointes à l'édition de
Maccarî , M. Fleiscber a dit avec raison qu'il faut prononcer ^«b^^^-^
315
{mosallah ou moscUeh). Eu elFet, M. Auiari (/ diplomi arahi (tel /*.
fïrchivio /lorenlino) a trouve le mot écrit avec ces voyelles, non-seulement
dans les documents qu'il a publiés et où il est fréquent (p. 24, 25, 26,
27, 32, 34, 39, 43), mais aussi dans un ancien dictionnaire arabe-
latin de la Ricciardiana , où il est expliqué par armata , harca armala
(voyez p. 401). On le trouve aussi chez des auteurs égyptiens, p. e.
chez Macrîzî (II, 193 éd. de Boulac). Aujourd'hui il ne semble plus en
usage, car Boclhor ne l'a pas et l'éditeur égyptien de Maccarî a fait
imprimer ^Li.ccwyc, ce qui est une faute.
MiTicAL (espèce de monnaie dont on se servait au moyen âge) do
J>.ftîu {milhcdl). On trouve [* en port, les formes malical, metical, mili-
tai] y au pluriel melhcaes chez S^ Uosa , en vieux castillan, melical ,
mclcal, [* metgal chez Berganza] ; mencal et mercal ne sont que des
corruptions, car les lettres ti , n et r se confondent dans les anciens
manuscrits, comme l'a très-bien remarqué Sanchez. Seulement ce savant,
qui ne connaissait pas l'étymologie du mot en question, s'est trompé
en prenant mencal pour la forme primitive. [* Métal et meleal chez
Berganza, mcclial dans Muiloz, Fueros , I, 247, sont aussi des fautes],
* MocADao pg. (patron de barque) de ^^JLa (mocaddam) , chez. P. de
Alcala pilolo de mar principal.
''MoçAFo, mosefo pg. (le Coran), de oi^s^ax (moçhaf),
* MoçuAQUiM pg, (racine médicinale qu'on tire de xMozam bique) semble
être J\^^.^*é^ (miswâc), «dentifricium , seu lignum, quo os sive dentés
defricantur» (Freylag). Selon M. Prax (dans ia Hevue de rOrienl et de
rAlg.y VI, 543) et Naggiar, c'est Técorce de la racine du noyer.
* MoFTi pg., mefti chez Marmol, Reb. de los Moriscos , fi\ mufti, est
^yJLA {mOftî).
*MoGANGAS, moganguice jo^. (mouvements, signes, que font les amants
avec les mains ou la bouche) , semble formé de ^^x.à (gondj), qui a le
même sens. Sur la syllabe mo il faut comparer ce que je dirai sous moharra.
' MoGATR (vernis qui couvre la faïence) ) Cobarruvias , Marina et M.
* MoGATo, niogigalo (hypocrite) J Muller font venir ces mots
«le ^jc-^^ (mogallî) et de j_/i«^ (mogallâ), les participes actifs et passifs
de j^Liê (gatta), couvrir. Cette opinion me paraît assez plausible; seule-
ment je n'ai pas trouvé dans les dicl. ou chez les auteurs arabes des
mots dérivés de gaUâ et qui signiGeraient hypocrite ou vernis.
316
*MoiiAMAR, moammar (pas dans les dict.). Lima mohamar ou moam-
mar est dans la Carpinteria de lo blanco le nom d'une des poutres angu-
laires d'une charpente. Il semble que c'est ^«♦..x-x» (mo'ammar), le par-
ticipe du verbe 'ammara, qui signifie souvent, bien que Freytag ait
négligé de le dire, faire construire ^ faire bâtir; mais s'il en est ainsi,
je ne vois pas pourquoi cette poutre a reçu ce nom.
'*' MoHARRA , muharra (fer qui est au haut de la hampe d'un drapeau
ou d'un étendard). Je trouve dans Burckhardt {Notes on the Bédouins,
p. 30): «La pointe de fer au moyen de laquelle on fiche la lance en
terre, s'appelle harhe, nom que les Syriens appliquent à la pointe supé'
rieure ; » dans Berggren , à l'article latice : « le fer ou l'acier en forme
d'un petit javelot au bout de la lance, s-appelle iCj^.:> ; » Freytag a aussi
ce mot dans le sens de «cuspis hastilis,» et on lit dans les Mille et
une nuits (IV, 18 éd. Habicht): lXjlXj^î ^ iCj^^ ^as^ \.<\Aj I^J^La»,
« ils prennent alors une lance garnie d'une harba de fer ; » cf. 1 , 492 ,
1. 15 éd. Macnaghten. Je me tiens donc persuadé que harra dans mo-
harra est uue altération de ïiij=> (harba), La syllabe mo ou mu est de
trop; mais comme une foule de mots arabes commencent par elle, il
n'est pas étonnant que les Esp. l'aient ajoutée parfois là où elle ne
convenait pas. Dans mogangas et moheda ils ont fait la même chose ;
comparez aussi mon article borcegui.
* Mon ARRACHE. VoyCZ MASCARA.
MoHATRA (usure) ?
"^ On sait que mohalra (pg. mofatra), qu'anciennement on employait
aussi en français, signifie: contrat ou marché usuraire, par lequel un
marchand vend très-cher, à crédit, ce qu'il rachète à très-vil prix,
mais argent comptant. M. E. aurait pu trouver dans mon Glossaire sur
le Bayân (p. 25) que c'est l'arabe «.bl^y^ {mokhdtara) , comme M. De-
frémery et M. Millier l'ont dit aussi. Ce mot signifie hasarder, risquer
(Humbert, p. 90), et ce qu'on appelle mohatra, est chez les Arabes
«.i^L.^.-^ !c-A.j , vente où l'on court des risques (Boclhor sous mohalra) ;
comparez Mille et une nuits , IV, 181, 1. 14 et 16 éd. Macnaghten.
* MoiiEDA , moeda (forêt) , de \^jJ^ (gcidha) qui a le môme sens et par
lequel P. de Alcala traduit moheda. La syllabe mo est de trop comme
dans mogangas et moharra (voyez ce dernier article); quand on la sup-
prime, le changement de gcidha eu heda ou cda est régulier, car le
517
gain est quelquefois rendu par le k, ou Lien on le retranche; voyez
l'Introduction , p. 14.
MoMiA, il. muiumia, fr. momie, de *-a-x^ (Bocthor) ou La-^^^-x (Ri-
chardson) {moumiija) , dérivé de moum, cire.
Mo«pi (brigand, voleur). L*arabe ^iûA (monfi suivant la prononcia-
tion espagnole, au lieu de monfa) est le participe passif de la 4*^ forme
du verbe ^^JlJ (nafa), laquelle signifie exiler. Voyez P. de Alcala aux
mots desterrar , desterrado. C'est donc proprement un exilé, un out-
law; mais comme ces exilés se livraient au brigandage, ce terme a
reçu le même sens que l'espagnol salteador,
*MoNzoN, pg, monçao, chez Moraes aussi mouçao, ilal. mussone, fr,
mousson, de ^y» {mausim). Ce mot arabe signifierait selon Freytag:
« lempus quo conveniunt solenniter peregrinantes ad Meccam , nundinae
solennes;» mais c'est en général: époque fixe, fête qui a lieu à une
époque fixe de Tannée. Ibn-Batouta (III , 454) raconte que les musul-
mans de rinde célèbrent chaque année six fêtes et il leur donne le
nom de mawâsim (plur. de mausim). Maccarî (Seconde partie, III, 183,
1. 5 éd de Boulac) applique le même mot à plusieurs fêtes musulmanes,
à celle du premier Redjeb , du premier Cha'bân , etc. Dans le Calâyid
d'al-Fath (p. 231 de l'édit. de Paris) et chez Maccarî (Seconde partie,
III, 11, 1. 4) mawâsim est le synonyme de oLa-cî, fêtes; dans les
Mille et une nuits (1, 152 éd. Macnaghten) c'est = -^L Chez Bocthor
mausim est fêle, réjouissance publique avec foire, chez Naggiar foire,
et chez P. de Alcala c'est Pâques. Chez Maccarî (I, 660, 1. 3) on lit
qu'un poète avait la coutume 'd'envoyer des vers au sultan Aiyoubide
Al-melic al-'âdil ày^^^ (•.A*.|>*.iî ^i, «à l'occasion des mawâsim et des
changements de saison ; » après quoi cet auteur cite un petit poème
composé sur l'arrivée de l'hiver. Peut-être mawâsim a-t-il ici aussi le
sens de fêtes et non pas celui de saisons, attendu que les J^-xi-j ou
saisons sont nommées également j cependant il est clair qu'un mot qui
signifie époque fixe , a pu être facilement appliqué aux époques de
chaleur et de froid, de sécheresse et d'humidité, qui reviennent régu-
lièrement chaque année; et de cette manière mausim a reçu le sens de
saison, mais dans l'acception orientale du mot. Ainsi les marins arabes
emploient spécialement mausim pour désigner la saison qui leur est
favorable pour se rendre par mer aux Indes, la mousson de l'ouest
518
comme nous disons. C'est ce que nous apprenons par Niebuhr {Reizc
naav Arabie, I, 421), qui s'exprime en ces termes: «Dans le Yémen
on donne le nom de mausim aux quatre mois d'avril, de mai, de juin
et Je juillet, dans lesquels les navires des Indes orientales remettent à
la voile.» Les habitants de l'Archipel, comme l'a remarqué M. Veth
dans une llevue hollandaise, disent mousim au lieu de mausim (de même
mouloud pour maidotid, moula pour maulâ) ; chez eux c'est saison, et
selon la nature du pays qu'ils habitent, ils en appellent une mousim
kèring o\x panas, c'est-à-dire, saisoîi sèche ou chaude, et une autre
mousim oudjan ou dingin , saison humide ou froide» «Mais comme dans
cette partie du monde,» continue le savant que je viens de nommer,
«les saisons sont entièrement déterminées par les vents périodiques,
qui^ soufflent avec une régularité singulière, on a transporté le nom de
mousim aux vents d'est et d'ouest qui alternent régulièrement. Actuel-
lement on parle donc aussi d'un mousim berat ou mousson de l'ouest,
ainsi que d'un mousim timor ou mousson de l'est , et dans ces exprès*
sions le mol dont il s'agit indique le vent lui-même. Lesquels^ des
Arabes, des habitants de l'Archipel ou des Européens, ont été les pre-
miers à lui donner ce sens? Il est impossible de le dire avec certitude;
cependant les premières traces de l'emploi du mot dans cette acception
se trouvent chez les auteurs portugais , et Ton s'explique facilement
pourquoi les Portugais, qui ont été les premiers navigateurs européens
dans la mer des Indes, ont pris Je mot arabe, qui signifiait saison,
dans le sens de vent périodique et réglé , soufflant dans chacune des
deux saisons. La transition est très-claire chez de Barros. Après avoir
parlé des vents périodiques sur les côtes d'Afrique, il continue en ces
termes (Dec. III, Liv. IV, c. VII, t. III, part. 1, p. 456 de l'édit. de
Lisbonne, 1777): «Estes taes tempos por serem geraes pera navigar a
certas partes, e nao a outras, commummente os mareanles nossos, con-
formando-se com os daquelle Oriente , chamam-lhe monçao , que quer
dizer tempo pera navegar pera tal parte *. » Evidemment monçao est ici
l) De mon côté je me permettrai de citer encore ce passage de Thévenot [Voyages,
II, 311): «Depuis ce temps plusieurs vaisseaux viennent à Bassora, chargés de marchan-
dises des Indes; et le temps, ou Monson, comme ils l'appellent, auquel viennent les
vaisseaux, est au mois de juillet; et ils y demeurent jusqu'à la liu d'octobre; passé lequel
519
encore la saison propre à naviguer vers une certaine contrée, cl ce mot
a le môme sens dans l'expression fora da monçao, hors de saison; mais
ailleurs et chez le même écrivain, c'est le vent réglé qui souflle pendant
celle saison, p. c. Dec. II, Liv. IV, c. 4 (t. II, part. 1, p. 419 de l'édit.
cilée) : «venlo gérai, a que elles cliamam monçao. » Dans ce dernier
sens les Portugais ont transmis le mot à tous les peuples navigateurs
de l'Europe, et vraisemblablement les habitants de l'Archipel ont appris
des Européens à l'employer ainsi. » Quant à l'orthographe , M. Velh
observe qu'en portugais la forme la plus ancienne semble être mouçao,
qui se trouve, non-seulement dans le dicl. de Moraes, mais aussi dans
l'édilion de Barros de l'année 1555, quoique seulement dans le premier
passage, car dans le second on lit moncao , ce qui, selon l'opinion de
M. Velh, pourrait bien être une faute d'impression. L'édition de 1628
a partout moncao. Mouçao s'accorde mieux avec mousim , et l'on remar-
que également ce r)\ou dans les formes fr. et ilal. ; mais l'insertion du
n dans monçao, monzon , se trouve aussi dans plusieurs autres mois;
voyez rintrod. , p. 24.
MoRABiTo (ermite) de 2a^^^.A {morâbil) que P. de Alcala traduit par
ermilano: le mol râbita, de la même racine, signifie un ermitage {crmita).
Ces significations manquent dans les lexiques.
* Plusieurs autres formes en port. C'est le mot dont les Français
ont fait marabout j et qui, comme on sait, ne doit pas toujours se tra-
duire par ermite.
*3IoRCUM, morgom b,-lat. | Le verbe ^^ (racama) signifie tisser des
* Margomar (broder) j raies dans une étoffe, et le participe passé
^y^j^ (nmrcôm) a par conséquent le sens de rayé. Dans une charte
publiée par Yepes (Coronica de la Orden de San Bénite, V, fol. 424 r**),
on trouve nommé parmi les couvertures de lit: «aliphafes vullurinos V,
almorallas morgomes VI;» c'est exactement l'arabe j»>ï^Ji [J'-*^^y «petit
tapis rayé.» Dans un autre document [Esp. sagr. XXXVI, p. lx) on
lit: «et 1res mantos, unum ciquilatonem, et duos morgones,» et plus
loin: «et unum amitum margoniae ; » mais je crois devoir substituer à
temps ils ne pourraient plus sortir du fleuve, à cause des vents contraires; et justement
alors commence lo Monson pour passer aux Indes, qui dure jusqu'au commencement
de mai. •>
320
ce dernier mot: margome {ni, écrit sans point, est m, et l'on sait que
ae s'écrivait e). Dans ces trois passages le mot en question est employé
comme un adjectif; mais les Arabes, quoique Freytag ait négligé de le
dire, l'emploient aussi substantivement dans le sens de tapis rayé. Au
rapport de Burckhardt {Notes on the Bédouins, p. 22), l'appartement
des femmes, dans les tentes des Bédouins, est séparé de celui des
hommes par un tapis blanc de laine; «si l'étoffe de laine,» ajoute-t-il,
«est entrelacée de fleurs, on l'appelle markoum.y* Chez M. Prax {Com-
merce de l'Algérie, p. 28) on lit: «Grands tapis de Tripoli appelés mar'
goum, pi. maragtiim , r> et chez le capitaine Lyon {Travels in Northern
Africa, p. 153): «morgoom, long tapis rayé.» Dans une charte citée
par S\ Rosa (à l'article alveici) on trouve de même: «Vestes eccle-
siasticas III, dealbas duos, duos saibis(?), et unum morcura.» Mais le
verbe racama a en outre le sens de broder, qui n'est pas dans Freytag.
Chez P. de Alcala le substantif raccdm est hordador , et le participe
marcoum, hordado et figurada cosa cou aguja; cf. Mille et une nuits, I,
567, 1. 3, 4, 608, 1. 5 a f. éd. Macnaghten ; VII, 277 éd. Habicht,
où l'édition de Macnaghten (II, 222) a le synonyme j^. De là le verbe
esp. recamar, qui signifie également broder; mais anciennement on em-
ployait dans le même sens le verbe margomar, qui est formé du par-
ticipe arabe *. Ensuite on a formé de ce margomar le substantif mar-
gomadura , qu'on cherche en vain dans les dict., mais qui se trouve
parfois dans les actes des Certes du XIV^ siècle avec le sens de bordure,
p. e. : «Et por la piel o por el capuz ssin margomaduras o ssin fforra-
duras un mr. , et ssi fîuere con margomaduras o con fforraduras, capuz
0 piel, quinze dineros» {Cortes de Léon y de Castilla, II, 80); de même,
ihid,, p. 97.
*MosLEMiTA, par contraction mollita, pg, (renégat, celui qui a renié
la religion chrétienne pour embrasser l'islamisme) , de JL*^ {moslim) ,
musulman,
"* MoxERABA bAat, Voyez almoxarra.
l) Victor a fait une lourde bévue en expliquant ce margomar, qu'il nomme «antîguo
verbe.» On sait que broder est en latin plwnare; aussi Victor a-t-il trouve' margomar
expliqué de cette manière dans un dict. esp.-Iatin; mais ne comprenant pas ce phiviaro ,
il en a fait ceci: «plumer, déplumer, arracher les plumes; et selon d'autres, emplumer. »
7.-21
* Moxi. Selon i'Acad. (sous cazuelà) on donne le nom de cazuela
moxi (à Murcie cazuela moxil) à une sorte de lourle apprêtée dans une
casserole (cazuela) avec du fromage, du pain râpé, des aubergines, du
miel et autres ingrédients; et le Père Guadix a déjà reconnu dans ce
moxi l'arabe ^^-^jj^v-vo {mohcht), farci. Dans Tarabe littéral on dirait
j^xi.j<'wo, mahchi (le participe passif de la 1" forme du verbe), mais dans
la langue vulgaire on dit mohcltî ; Alcala a cette forme sous alfaxor,
et Ton en trouvera quantité d'exemples chez Berggren à l'article cuisine.
Selon toute apparence, le même moxi se trouve dans le port, rnoxini-
fada (mélange de différents mets ou boissons).
Mozarabe, [* muztarabe dans Muiloz, Fiieros, I, 560, pg, mosarabe,
musarabe]. Par ce nom on désignait les chrétiens qui vivaient au
milieu des Maures , et en particulier ceux de Tolède qui avaient dans
cette ville six églises pour y exercer leur culte. Il dérive de uj.«Xav^
(mosta'Hh), arabisé, nom que les Arabes donnaient aux tribus étrangères
qui vivaient au milieu d'eux.
* MuDBAGE b,-lal. (pas dans Ducange). Dans un document de 1147,
cité par S^ Rosa (à l'article acilara) , on lit: «Très cappas, una de
ciclalon, et alla mudbage, et una acilara de mudbage. » C'est
l'arabe ^jJ^ Cmoudabbadj) , étoffe de soie brodée ou brochée d'or.
MuDEJAR (Mauresque vivant sous la domination des chrétiens) de ^L^^
(modjâr), «celui qui est sous le patronage d'un autre.» Plus tard
on donnait en Barbarie le nom de Mudejares aux Mauresques de Grenade,
et celui de Tagarinos à ceux d'Aragon; cf. D, Quijoie, I, ch. xli. Ce
dernier est l'arabe (^^—i-i (ihagri) , de ihagr , la frontière. L' Aragon
était désigné en particulier par le nom de at-thagr al-a'lâ, la frontière
supérieure. De ce mot arabe dérive encore le nom des Zegris, qui est
bien connu par les romances mauresques.
* M. Miiller remarque avec raison que l'étymologie de miidéjar, donnée
par M. E. , est inadmissible , d'abord parce que l'intercalation de la
syllabe dé, qui a l'accent, serait inexplicable, ensuite parce que le terme
par lequel on désignait les Mauresques qui vivaient sous la domination
chrétienne, n'était pas modjâr, mais ^^J<a, moudeddjan. M. Millier a
traité de ce terme, qui manque dans les dictionnaires, non-seulement
dans ses remarques sur le livre de M. E., mais aussi dans un opuscule
41
322
(|iril a puMié deux années plus lard sous ce litre: Die lelzten Zeiten
von Granada (p. 137, 138). Il cite ces passages: Ibn-al-Khatîb, Nofddha
al-djirâb, man., fol. 135: Kj^Uij J^c ^\ xjà.^^'^i kâ>lX/« ^^ J^>j > «un
homme des moudeddjan de Lisbonne ou du district de Pampelune ; »
Maccarî, II, 810, 1. 19: ^^^A:>l\J1^ ^^3wjyil hsxa^ -.^Ji ^_^i ^j^xJÎ J^>o» ,
«Tennemi arriva dans la Vega (de Grenade), accompagne des apostats
et des moudeddjan ; » à peu près les mêmes paroles se trouvent dans
Topuscule arabe publié par M. Miiller, p. 40, 1. 12; cf. ibid. , p. 41,
1. 5. Puis, pour prouver que les mudéjares s'appelaient aussi q> Js.il J^l
{nhl ad'dadjn) ou ^.->lXJî {ad-dadjn) tout court, il cite Maccarî, II,
812, 1. 19, Ibn-Khaldoun, Hist, des Berbères, I, 401, 1. 1 (la bonne
leçon, ^^^tXJî, et non pas ^.i>cXJî comme porte Tédilion, se trouve
dans un man. du Musée britannique, Addit. MS. n°.9575, que M. Wright
a bien voulu collationner pour moi en quelques endroits), II, 557, 1. 7.
Quant à la signification de ces termes, il faut observer que le verbe
^>o> {dadjana) signifie à la 1'*^ et à la 4'' forme demeurer ^ rester qL<^j
dans un endroit (voyez Lane). Ad-dadjn (cet infinitif, employé en ce
sens, est dans Lane) est par conséquent: rester là où Von est, ne pas
émigrer lorsque le pays où l'on demeure est tombé au pouvoir d'un
prince chrétien. Ainsi on lit dans le texte publié par M. Mtiller (p. 52,
1. 5) que les Grenadins qui émigrèrent vendirent leurs terres et leurs
maisons, soit à des chrétiens, soit à des musulmans ^Jlc î_^/ci£ ^^^Cs.l\
^>iX]t, «qui avaient l'intention de rester» (== de devenir Mudéjares);
et plus loin (p. 53, dcrn. 1.): ^-:>^^3 iC.^L'i'^î ^Is^ [^^j^ , où ^:>L\it
est le synonyme de iC/«U^t (rester là où l'on est ; ^.ijw-J5 dans le man.
n'est que la prononciation adoucie de ^=>yXl\). La 2e forme doit signi-
fier: faire ou laisser demeurer, permettre à quelqu'un de rester là où il
est, ne pas le forcer à émigrer, et le participe passif moudeddjan ,
comme M. Millier Ta observé: celui auquel on a donné la permission
de rester là où il est. C'est ce qiri s'accorde parfaitement avec les paroles
de Marmol {Eebelion de los Moriscos , fol. 33 a), qui dit que les Mudé-
jares sont « los que se quedaron en Esparia en los lugares rendidos. »
La 5^ forme du verbe se trouve dans le texte publié par M. Miiller
(p. 32, 1. 8) avec le sens de devenir Mudéjar.
MuLEY, dans plusieurs nouis propres, n'est qu'une alléralion tic l'arabe
^^'^_^^ (inaulâyà) , mon seigneur.
* Musa (pas dans les dict.). Lima musa est dans la Carpinteria de lo
blanco le nom d'une des poutres angulaires d'une charpente. Je présume
s
que c'est une altération de ,fi)|>^, l5;'>^ (mowâzî), parallèle, la poutre
qui est parallèle à une autre.
*iMusELiNA, pg, murselina, musselina , fr, mousseline, de j^^JLj^^-^
{maucili) , l'adjectif de J^^ Jl {al-Maucil) , nom d'une ville sur la rive
droite du Tigre, en français Mosul, Mossoul, Moussel, où l'on fabriquait
les éloITes légères appelées mousselines. Les Arabes emploient maucili
dans le même sens, p. e. Mille et une nuits , I, 176, II, 159 éd.
Macnaghten.
"" MuzA val. I Le second mot est donné par Berganza, dans le
* MuzLEMO rt. esp. J petit vocabulaire qui se trouve à la fin de ses
Anlig. de Esp., avec l'explication «barbaro, rustico.» On voit que c'est
Tarabe ^JL%^yo (tnouslim) , musulman. Le premier , que Rùs explique par
" Sarraceno , » ne peut guère être autre chose qu'une altération du
même mot.
M.
* Nababo f></. (dans les Indes orientales, gouverneur d'une province),
/r. nabab, angl. nabob, de vl>J (notiwâb), plur. de v.^jLi {nâïb) , qui
signifie proprement lieutenant, et ensuite vice-roi, régent, prince. C'est
par erreur qu'on a adopté ce mot sous la forme du pluriel.
Nadir (terme d'astronomie) de c>»^«.^î -xlâi (nadhir as-seml) qui signi-
fie le point opposé au zénith, le nadir.
'Nafa, nefa, fr. (eau de) naffe (sorte d'eau de senteur, dont la fleur
d'orange est la base), de x^s^vài (nafha) , odeur, comme l'a observe M.
Dcfrémery dans le Journ. asiat. de 1862, I, 93.
Nagubla (cabane) de l'arabe nagutla (xiA*i ou sXjy ?) qui désigne une
cabane ou une étable ; voyez P. de Alcala aux mots casa pagiza o pobre,
casUla pagiza, chibilal de cabrilos, rahurda, choca , [* pocilga]. Toutefois
ce naguUa n'admet en arabe aucune étymologie plausible; c'est ce qui
ine porte à croire qu'il est d'origine étrangère. Serait-ce un mot afri-
cain?" reul-étre celui dont les Romains ont fait leur magalia? Je ne
524
suis pas à même de répondre à ces questions, ayant cherché en vain
ce naguUa dans tous les glossaires berbères qui sont à ma disposition.
*Nammeixies val. («espadas anchas, como alfanges» Rôs). Ce mot,
qui s'écrit en arabe de plusieurs manières: îc^^j, sL^^i , L^ui, xci-êi,
et qui se prononce nimdj'a, nimdje ou nimche, est d'origine persane
(&.5^4w^i, «a small, little, or short sword,» Richardson) et désigne en
effet: un poignard courbé ressemblant à un petit sabre j une dague; voyez
M. Fleischer dans sou édition des Mille et une nuits, IX, Préface, p. 19,
et les auteurs qu'il cite, auxquels il faut ajouter Qualremère, Hist. des
suit, maml., 1,2, 202. Les Berbères emploient aussi ce mot, mais
sous la forme lemcha ou limcha et avec le sens à''épée longue; voyez
Hornemann, Reise von Cairo nach Murzuck , p. 25, le vocabulaire de
Venture dans la traduction franc, de Hornemann, II, 436, Revue de
V Orient et de l*Alg., nouv. série, X, 561.
Naranja, pg. laranja (pomme d'orange), de ^i^li (nârandj) qui dé-
signe le même fruit. De ce mot arabe il faut dériver aussi l'italien
arancio et le français orange, qui a été altéré par l'influence de aurum,
Nebli, ["^ pg* aussi nebri] (espèce de faucon). P. de Alcala traduit
nebli especie de halcon par ^^Jl-x-i [neblî), mot arabe dont l'étymologie
m'est inconnue.
"^ Je ne connais pas non plus l'origine de ce mot. M. de Gayangos
(dans le Mem. hist. esp. , VIII, 469) assure hardiment que c'est: «el
halcon criado en Niebla.» C'est une de ces conjectures sans fondement,
que cet auteur ne présente que trop souvent comme des vérités incon-
testables. Au reste ce mot était déjà en usage au X^ siècle, car dans
la traduction latine du calendrier de Rabî' ibn-Zaid publiée par Libri
(Hist. des sciences mathémat. en Italie, 1, 443) on lit sous le mois de
septembre: «Et in ipso egrediuntur falcones allebliali ex mari Oceano,
et venantur usque ad principium veris. » Actuellement on s'en sert
encore en Algérie; voyez M. Daumas dans la Revue de l'Orient et de
VAlg., nouv. série, III, 235, qui écrit el nebala,
Nenufar (plante aquatique) de ^^âaj (neinoufar)»
Nesga (pointe triangulaire mise à une robe, etc., pour lui donner de
l'ampleur). Cobarruvias rattache ce mot à la racine ^-M^-i (nasadja) ,
tisser. Ceci me semble inadmissible, vu que le dj arabe devant le a
n'est jamais rendu par g.
32H
* M. E. se Irompc: la syllabe dja est rendue quelquefois par ga; on
en trouvera des exemples dans l'inlrod., p. 17. Pour ma part je crois
que l*étymologie de Cobarruvias est bonne. L^Acad. dit que la tiesga
« se auade y entretexe à las ropas , » et chez P. de Âlcala entrelexedura
est précisément ,^sm^ (nesdj) , qu'il écrit nezg.
*NiCAR. •Cancionero de Baena, p. 426:
A vuestra muger bien ay quien la nique.
Les éditeurs le dérivent de fornicar, «suprimida la primera silaba ; »
l'arabe «^'U {nâca) , 1" personne vi>>.^i [nicto) , in lin. (;i5Lo [neic) , paraît
mieux convenir.» MUller.
"* NoQUE (fosse où les tanneurs font tremper leurs cuirs) de iC-cLa-i
(tioqué^à), «aqua in qua maceratur res. » Dans une liste de mots tirés
des chartes arabes-siciliennes, que je dois à la bonté de mon excellent
ami M. Amari, se trouve cet article: ««ia^, dans une charte de 1182
(monastère des Bénédictins de 3Iorreale). Dans la traduction latine con-
temporaine apud Lello (ou plutôt Mich. Del Giudice), Descnzione del r.
Tempio di Morreale, Append., p. 10: «Menaka, scilicet ubi mollificatur
linum.» La cuve ou étang artificiel à macérer s'appelle bunaca dans
la Sicile orientale. Dans la province de Palerme naca signifie berceau
d'enfant et l'eau profonde qui reste au-dessous d'une digue , etc. » —
Bunaca est évidemment une altération de «.ïU/o {jnanaquV) , le m ayant
été changé en 6, tandis que naca est iuiii {nac'a) (Freylag a seulement
^, nac')t mot que je trouve dans ce passage d'Edrîsî (Clim. V, Sect. 2):
J.^^ à^^ i^ *^^ '^j*r^ ^**^^ »^^^j «cette rivière provient d'un étang
pourvu de beaucoup d'eau et situé au pied d'une montagne,» ou bien
:\_rLJLJ (nacâ'a) , mot que Freytag n'a pas non plus , mais qui chez
Bocthor est lagune et inare. Chez Ibn-al-Bailâr (art. u^^^^^O je trouve
le plur. ^jliij. On y lit: Q^^xii .^a iu^:>^.ji *LéJî ^Ui, «les mares
formées par la réunion de l'eau des sources.»
0.
*Odia, adia pg. (présent, cadeau), de ;\j«a> (liadvja); même sens.
Obozuz, pg. alcaçuz (réglisse), de ^ym ^^ Çirc sous), la racine de
ja plante sous.
* Comme *irc n'aurait pas donne oro, M. E. aurait dii dire: du plur.
526
(j/w^^ ^^^li Çorôc soua), les racines de la plante sous. En effet, P. de
Alcala n'a que le plur. sous oroçuç et sous regaliza,
OxALA (plaise à Dieu!) de M U ^i (m càâ 'llâh), «si Dieu le veut.»
P.
*Papagayo, ital, pappagallo, prov, papagai, a. fr. papegai, papegaut
(perroquet) , « de Là-a-j {hahagâ). » Defrémery. Je crois bien que les
Européens ont reçu ce mot des Arabes; mais quoiqu'il soit assez ancien
dans la langue de ces derniers, il n'est pas d'origine arabe. M. de
Slane, dans une note sur sa traduction d'Ibn-Khallicân (II, 149), a
soupçonné qu'il appartient à quelque dialecte indien. Notre savant in-
dianiste, M. Kern, m'assure qu'il n'en est pas ainsi. Je suppose donc
que c'est un terme africain.
Tataca, patacon (piastre forte), «de iiïll^ L {hâ tâca), au lieu de
Kslla j.i\ (abou iâca),» Muller. En effet, les Maures ont pris les colon-
nes d'Hercule, qui se trouvent figurées sur les piastres, pour une fenê-
tre, et pour cette raison ils ont donné à cette monnaie le nom de père
de la fenêtre, celui de la fenêtre; voyez Hœst, Nachrichten von Marokos,
p. 279, 280, dans la note, et le Voyage au Ouadây trad. par Perron,
p. 675 , où l'on trouvera aussi le synonyme abou chebbdc.
* Pato (oie) de Jaj (6a//). L'omission de ce mot a été signalée par
M. Defrémery et par M. Muller. Le mot arabe signifle à la fois canard
et oie (cf. Lane). Aujourd'hui pato est en esp. oie, comme Franceson
l'a dit avec raison (M. Muller, qui le contredit en prétendant que c'est
canard, ne s'est pas souvenu du proverbe: Pato, ganso y ansaron , 1res
cosas suena, y una son), et pala est oie femelle; mais anciennement
ce dernier mot signifiait canard, car P. de Alcala donne pata anade
domeslica qu'il traduit en arabe par icbj.
Q.
* QuEMA (pas dans les dict.). Dans les actes des Cortes de la première
moitié du XV^ siècle, il est souvent question d'un impôt sur les mar-
chandises qui entraient dans le royaume de Valence ou qui en sortaient.
Cet impôt s'appelait qnema , et selon les Castillans il avait été établi à
leur préjudice et pour entraver leur commerce: aussi s'en plaigncnt-ils
continuellement à leur roi. Voyez les Cortes de Léon y de Caslilla,
III, p. 18, nO. 14, p. 33, n^'. 3, p. 48, 1. 3 («la marca à quema»),
1. 11, I. 14 et suiv., p. 55, dern. 1. et suiv., p. 119, dern. 1. et suiv.
C'est peut-ôtre Tarabe ïc^aï (qtitma) qui signifie valeur; mais la première
fois que je trouve nommé cet impôt, son nom est écrit alla quema
(«una imposicion ô Iributo que llamavan alla quema»), ce qui est peut-
ôlre iCoLï^t (al'iquchna) y évaluation (cf. le Glossaire sur Beladzorî, p. 91,
92). Dans Tun et dans l'autre cas la signification de ce nom serait
que les douaniers évaluaient les marchandises, en estimaient la valeur,
et que les marchands devaient payer des droits d'entrée ou de sortie en
raison de celte valeur; mais en arabe je n'ai rencontré ni l'un ni l'aulre
mot dans le sens de droit d'entrée ou de sortie.
*QuEZA, quiza. Voyez alquicel.
QuiLATE, a. pg. quirate, il, carato, fr. carat (nom d'un petit poids),
de Ja'^ (quirât) qui vient à son tour du grec KspJcTiov.
* QuiLE pg. (pas dans les dict.). Selon Teixeira {Viage de la India
hasla llalia, p. 110), les Portugais dans l'Inde donnaient ce nom à une
espèce de bitume appelée par les Arabes qidr et dont ce voyageur parle
en détail (voyez p. 76, 109). C'est ,Jé {qWîr) y chez Freytag pix,
* QuLNA. Dans le Lihro de la Monteria d'Alphonse XI on lit (fol. 26 h):
«Tome de la quina é del estorac.» C'est l'arabe aJL-ï (quinna), « gal-
banum. »
Quintal (poids de cent livres) de ^Lb-.;j5 [qidntâr). [* Voyez Mahn ,
Ehjmol. Unlers.y p. 126].
R.
* Rabadan (maître berger). «El padre Guadix dize que vale tanto
como el gran pastor, ô el seilbr de las ovejas, en la lengua Arâbiga»
(Cob.). Je crois avec lui que c'est ^^Laio!! V; {^^^^ ad-dhan), le matlrc
des moulons,
* Rabatines (vieux chrétiens de Valence). M. Mûller cilc un passage
de la chronique de Beuler, où on lit: «Rabalines — como llamaban los
Moros à los Chrislianos que vibian entre ellos , » et il pense que c'est
^Ai3j. {rahadhî), habitant du faubourg.
' Rabazi'z (jus de réglisse cuit) de (j^j^\ v; ('''obb as-sous); même sens.
328
Rabel [*rab6 (Baena, Sancliez IV, Aie), pg. aussi rebel, rabil, arra-
bil , rabeca , rebeca , ital. ribeba , fr. rebec] (espèce de violon) de ^Lj.
(rabéb), violon à une ou à deux cordes. Voyez la description de cet
instrument chez M. Lane, Modem Egyptians, II, 84.
*Rabita de icbjî^ (râhita), qui signifie en général: un endroit où Ton
vit retiré du monde et où Ton se livre à des œuvres de dévotion, un
ermitage (Aie. sous ermita, Bombay, p. 99; de même à mon avis chez
Ïbn-Batouta, II, 215) ou un couvent (note de Quatremère, Notice sur
Becrî, p. 197 du tirage à part); aussi: une mosquée hors d'une ville.
Chez Marmol [Behelion de los Moriscos, fol. 5 b) on lit: «Una hermita
ô rabita, que llamavan Mezquit el Morabitin. » M. E. avait donné la
forme valencienne, rapita, en ajoutant Texplicalion de Rôs: «mesquita
fuera de poblado. »
* Raceles (terme nautique de Séville : ouvrages extérieurs à l'avant
et à l'arrière d'un vaisseau, pour renvoyer les eaux vers le gouvernail)
est selon toute apparence d'origine arabe, car la racine ^m. {rasala)
signifie renvoyer.
*Rafal, rahal, rafallo. A Majorque le mot rafal signifie: une maison
hors d'une ville ^ une terre, une métairie, un hameau; voyez Ducange
sous rafal et raphalis. C'est l'arabe ^=>j (rahl) , prononciation adoucie
rahal, qui signifie rendroit où l'on demeure; dans le sens du terme esp.
on le trouve dans une charte arabe-sicilienne publiée par Gregorio, De
supputandis etc., p. 56, 1. 6, p. 38, 1. 1 et 8. Ce mot a aussi été en
usage dans d'autres parties de l'Espagne. Dans une donation faite par
Alphonse III d'Aragon à des religieux de Minorque, dans Tannée 1287,
on lit (apud Villanueva, Viage literario, XXI, 217): «alcariam, vocatam
Beniseyda, quae est circa portura de Mabo, cum rafallo eiusdem alca-
riae, vocalo Benicacaff, cum domibus, campis, ortis et pertinen-
liis universis alcariae praedictae et rafalli. » Dans un privilégç d'Al-
phonse X, analysé par Cascales (Discursos hist. de Murcia, fol. 48 d) ,
il est question de «quatro jugadas de heredad en los rahales del campo
de Cartagena. » Enfin on trouve chez Gonzalez de ClavLjo (Vida del
gran Tamorlan , p. 205, 1.5): «E los omes desta ciudad desque llegaban
à alguna aldea 6 rafallo ; » car c'est ainsi qu'il faut lire au lieu de
cafallo, comme porte l'édition. En Sicile ce mot se trouve souvent
dans les noms de lieux; voyez Gregorio, De supputandis etc., p. 37, n. b.
529
Rafez, râliez (vil, commun). On trouve encore les formes rehez ,
refez (Sanchez) , [*ralies, refes (Baena) , raffez (Appolonio, copl. 523),
raez], et en portugais refece, arfece (S«. Rosa), [*rafece]. C'est Tarabe
,^.jwi»j (rakhtç) , a vilis. » Faut-il rapporter à la même racine le mot
marfuz (Don Quijoie, I, ch. 40)?
*Oui; voyez l'article marpuz. Au reste, le sens de rakhtç, qui si-
gnifie de peu de valeur, sans valeur, s'est modifié en esp. , car dans
cette langue il a aussi reçu celui de facile. Il faut lire chez Berceo
{Fida de S. Domingo, copl. 55) refez au lieu de befez, et biffer ce der-
nier mot dans le glossaire de Sanchez. De arrefece (= ar-rekhiç), les
Port, ont formé le verbe arrefeçar.
Rambla (lieu sablonneux) de J^o^ (raml) , sable.
* Lisez : de icJU^ (ramla) , grande plaine sablonneuse ; — voyez le Glos-
saire sur Edrîsî, p. 308, 309.
* Rasa {Cancionero de Baena, p. 254), raz (vocabulaire de Berganza,
Aniig. de Esp., à la fin), pg. ras ou raz (dans les noms de certaines
étoiles) (tête), de yJ, iyas) , tête.
Recamo, ['^ilaL ricamo] (broderie), recamar, [*/*r. recamer, ital. ri-
camare] (broder) , de ^. (racm) , du verbe racama , « striis signavit
(pannum); » [* aussi broder; voyez l'article morcum].
Recua, pg. recova (troupe de bêtes de somme attachées à la queue
Tune de l'autre), de iû^^ (racouba) , «jumentum.»
* Il va sans dire qu'un mot qui ne signifie rien autre chose que bête
de somme, n'a pas donné naissance à un autre mot qui signifie une
troupe de bêtes de somme, et en outre ce racouba n'appartenait pas à la
langue du peuple. Ayant mal accentué le mol esp.-porl. , M. E. en a
aussi donné une fausse étymoîogie. C'est récua, recova, en arabe \^S^
{rech) , troupe de voyageurs montés sur des bêtes de somme. Chez Teixeira
{Viage de la India hasta Italia, p. 93, 102) recoa est, comme recb chez
les Arabes, le synonyme de cafila et de caravane.
* Redoma (bouteille de verre, fiole). Les raisons qui me font soup-
çonner que ce mot est d'origine orientale, sont celles-ci: 1». il n'a pas
d'étymologie en latin ; 2^ les autres langues romanes ne l'ont pas ; 3^.
la forme ancienne est rotoma ; voyez-en un exemple à l'article irake et
joignez-y ce passage d'un testament de 959, cité par S". Rosa à l'arti-
cle scala : «In referlorio : vasculos, archas, cuncas, scalas duas inter
42
550
rolomas et palmarès * ; » mais on trouve aussi arrotoma ou arrodoma ;
à Texemple que j'ai donné sous l'article que je viens de citer, on peut
ajouter celui-ci, tiré d'une donation de l'année 998 (Esp. sagr., XL,
409): «Vasos vitreos: couza irake, palmarès duos, portelas cum ansulas
duas; arrotomas V;» en vieux port, on trouve aussi arredoma (voyez
Moraes) ; or, cet ar pourrait bien être l'article arabe; 4*^. à l'article
iRAKE j'ai cité un passage où on lit «arrodomas aeyrakis,» et un autre
où l'on trouve: «et très fialas quas dicunt rotomas irachas;» on rece-
vait donc ces rotomas de l'Irâc, et le dernier passage fait soupçonner
que c'était un terme étranger, un terme arabe; 5^ Dombay, p. 91,
donne: «lagena, x-^^-/;?^, raduma, ruduma. » J'avoue que si on les
considère séparément , aucune de ces raisons n'est concluante ; mais je
crois aussi que, prises ensemble, elles jettent quelque poids dans la
balance. Quel serait donc le mot arabe? Je l'ignore, car la racine
f^A^j ne semble pas convenir. Je dois donc me contenter de signaler le
terme esp.-port. à l'attention des arabisants; peut-être trouveront-ils le
mot arabe dans quelque auteur que je n'ai pas lu.
Regueifa pg., [* aussi rigueifa, val, regayfa] (tourte), de k^a-^^ (ra-
ginfa) que P. de Alcala traduit par horonazo [^ lisez hornazo] de giievos,
ohlada et torla.
"^ L'arabe classique n'a que la forme ragutf, gâteau rond (voyez Lane);
raguîfa, au duel ^iJCâ^è^, se trouve dans le man. d'Ibn-Batouta que
possède M. de Gayangos, là où l'édition (II, 240) porte wâa£, et qUajî^;
oujLcj, le plur. de icâ^ê,, que P. de Alcala donne aussi, est employé
par le jurisconsulte al-Cabbâb (man. 138 (2), fol. 78 v^). Chez Rôs
regayfa est torta. Dans le Minho, notamment à Oporlo et à Braga, on
donne le nom de regueifa à des pains blancs en forme d'anneau.
Rehala («bato, cabaila de ganado» Sancbez) do J.fi>j (rahal) que P.
de Alcala traduit par haio.
" Cette étymologie est de Sancbez (t. IV), mais je doute qu'elle soit
bonne. Le hato de P. de Alcala n'est pas = cabafia de ganado, mais
l) S^.. Rosa a lu interrotomas en un seul mot, et il en a donné cette explication:
« i. e. interrasiles, cœlatas, vel incisas.» Il va sans dire qu'il s'est trompé. Le sens est
que ces 5ca/ae (voyez Ducange sous scala n*. 3) tenaient le milieu entre les rotomas et
Je» palmarès.
531
c'est troupeau; les treize articles qui suivent (liato de vacas, halo de
ovejas, etc.), le prouvent. Puis l'arabe rahl, prononciation adoucie
rahal, aurait difficilement donné rehdla en esp. Les vers de l'arclii-
prélre de Hila auxquels se rapporte la note de Sancliez sont ceux-ci
(copl. 1196):
Hehalas de Castilla con pastores de Soria
Recibenlo en sus puebios, disen dei grand estoria,
Taniendo las campanas en disiendo la gloria,
De taies alegrias non ha el mundo memoria.
Je crois que c'est le mot que Barth {Reisen , V, 712) écrit rehdla, c'est-
à-dire kJU>^ , et qu'il explique par assemblage de tentes, camp. Comme
le verbe rahala signifie voyager^ on peut fort bien avoir donné le nom
de rehâla à l'assemblage de cabanes que les bergers voyageurs dressaient
pour y passer la nuit.
* Rehali. Dans la Crônica de D. Alonso XI (p. 402) on lit: «Aqueslc
Zaid Arraxid Miramamolin ténia en la tierra del Algarve sus siervos
que recabdaban por él el pecbo de los ornes rehalis , que eran aquellos
que labran las tierras, et non avian moradas en ningunas villas nin
en nengunos logares ciertos. » Chez Barrantes Maldonado (dans le Mem,
hist. esp., IX, 63, 64, 134) les rehalies ou moros rahalies sont aussi
les Bédouins, les alarahes. C'est le collectif xJL>^ (rahhâla ou rehhâla)
qui se trouve très-souvent chez Edrîsî et d'autres auteurs avec le sens
de nomades, Bédouins; le général Daumas (Mœurs et coutumes de l^ Al-
gérie, p. 11) écrit rehhala, «les Arabes pasteurs;» ou bien c'est le plur.
^JL>^ {rahhaltn ou rehhdltn) qui a le même sens (Ibn-al-Khatîb dans
le Bulletin des séances de l'Acad. de Munich, année 1865, II, 7, l. 4 af.).
* Reiianï. Ce mot n'est pas dans les dictionnaires ; mais M. Siraonet
m'apprend qu'il désigne à Cordoue une figue d'une excellente espèce.
il ajoule que c'est l'arabe ^jH^^:i> {reihânt), Freytag n'a pas cet adjec-
tif, mais il est formé de reihân qui désigne en général une plante odo-
riférante (cf. l'article arraiiian) , et il signifie odoriférant, car Ibn-al-
Hachchû, dans son Glossaire sur le Mançouri (man. 551 (5), fol. 160 r"),
dit: s^^\^\ ^h.ir Jt ^ ^bv-oyl v|^.>i:Jl^, «la boisson reihânt est celle
qui a une odeur exquise. » Cette boisson est aussi nommée dans un
passage de Rhazès que cite Checourî [Traité de la dyssenlerie catarrhale,
man. 331 (7), fol. 194 v"). Dans un autre passage du même médecin,
00 2
que Cliecourî cite aussi (ibid,), on lit: ^^^?.j ^j*^ ^4.-3- JLu^l iôu,!.
Comparez Mille et une nuits, I, 56, 1. 14 éd. Macnaghlen, et le traité
de médecine qu'Ibn-ai-Khatîb a écrit sous le titre de Kitdb 'ami man
tahh liman habb , man. 331 (1), fol. 41 v% 42 r\ C'est donc à cause
de son parfum qu'on a donné ce nom à cette espèce de figue.
Rehen, arrehen, pg. refem, arrefera (otage), de ^^^ (rehn) qui a le
même sens.
*Rejalgar, />'. réalgar ou réalgal (arsenic rouge). Mendoza (Guerra
de Granada, p. 27) a dit avec raison que ce mot est d'origine arabe
(«la yerba que los moros dicen rejalgar»), mais il s'est gravement
trompé en pensant que c'est le nom de la plante vénéneuse dite aconit.
Dans les trois premières lettres de rejalgar il est facile de reconnaître
le mot arabe ^^^ {rehdj), que Freytag n'a que dans le sens de pulvis,
mais qui a reçu celui à'arsenic. M. Cherbonneau (dans le Journ. asiat.
de 1849, I, 542) le traduit par poison en poudre; chez P. de Alcala
c'est rejalgar; Bocthor a (jn-Ajî ^J>j (rehdj blanc) sous arsenic blanc,
jJi.^\ ^j (rehdj jaune) sous orpiment, ^._4.->^ ^-P. (rehdj rouge) sous
réalgal, et dans l'inventaire des biens d'un juif marocain décédé en
1751 (man. 1376) je lis: 0^^\^ jJioXi Juo\^ (j^a-jv-^^ ^s-pjJt ^-^5, «un
kinlâr de rehdj blanc et jaune.» Quant à algar dans rejalgar, c'est
exactement l'arabe jJtl\ (al-gâr), car au Magrib on donnait à l'arsenic
le nom de ^Uiî ^^ (rehdj al-gâr), Ibn-al-Baitàr l'atteste formellement
à l'article (^5^ (chacc) , terme qui désigne Varsenic, quand il dit: jjlc^
.lijî ^^^ ^ Vj*^^ J"^^ «chez le peuple du Magrib il s'appelle rehdj
al-gâr, r> Le traducteur allemand, M. Sonlheimer (H, 104), a lu en cet
endroit ^L-âJt ^^^ (t^ehdj al- far) , poudre contre les souris, cl comme
l'arsenic porte aussi en arabe le nom de samm al- far, poison contre les
souris, cette leçon pourrait paraître la véritable. Elle ne l'est pas cepen-
dant. Nos deux man. d'Ibn-al-Bailâr (n". 13 (l) et n^ 420 c) portant
distinctement al-gâr avec le g. Je trouve la même leçon dans l'excel-
lent manuscrit du Glossaire sur le Mançouri par Ibn-al-Hachchâ , où on
lit (man. 351 (5), fol. 172 v«): ^Lii! ^P^ ^I^^iî JiA*Ji i^î^jJî y^ ^,
« Chacc est la substance minérale qui s'appelle rehdj al-gâr. » Enfin le
mot espagnol rejalgar [U'ouvc que c'est ainsi qu'on disait. Le terme
signifie donc proprement poudre de caverne, et je suppose qu'on a donné
553
ce nom à Tarsenic, parce qu'on le lirait des mines d'argent (cf. Ibn-
al-Baitâr). Je serais même porté à croire qu'à l'origine on a dit rehdj
al-gâr, et non pas redhj tout court, car ce dernier terme ne signiflc
proprement que poudre.
Rbs (pièce de bétail) de (j^i^ {ras), proprement tête, qui se dit dans
le même sens.
Resma (rame de papier) de 'xa\^ {rizma) que P. de Alcala traduit par
rczrna de papel. Celte signification manque dans le lexique de Freytag.
* M. Diez (I, 352) trouve celte dérivation, qu'il connaissait par Sousa,
invraisemblable en elle-même et mal appuyée par la signification arabe
(paquet de bardes, selon lui), tandis qu'il donne Tépithèle de belle à
celle de Muratori qui fait venir le mot en question de cipiù{j(,oq (nombre).
Pour ma part je dois avouer que celte dernière me semble assez ridi-
cule, et je crois au contraire que la dérivation tirée de l'arabe est ex-
cellente; seulement elle peut être prouvée mieux qu'on ne l'a fait jus-
qu'ici. — Le verbe razama, à la 1'*^ et à la 2'^'' forme, s'emploie en
parlant d'habits ou d'étoffes qu'on lie ensemble dans un seul habit ou
dans une seule pièce d'étoffe*. De là vient le substantif rizma, chez
Freytag /)a(/Me^ de hardes; il signifie aussi ballot, comme dans les Mille
et une nuits (II, 116 éd. Macnaghlen): «Venez avec moi vers mon vais-
seau, alors je vous donnerai le prix, ainsi qu'une rizma de laine d'An-
gora, une rizma de satin, une rizma de velours et une rizma de drap.»
Telle est la signification primitive du mot; mais on l'a appliqué par
extension à un paquet ou faisceau quelconque. Ainsi on l'emploie en
parlant d'un faisceau de fouets ou cravaches (Zamakhcharî) , ou d'un
faisceau de cuirasses (vieux vers chez le même). Chez Marcel, chez
llélot et dans le Dict. berbère c'est paquet (dans le dernier ouvrage la
prononciation est rezmà). Dans la biographie de Hasan Djabarlî , le
père, on lit, suivant la traduction de M. Dorn (Drei arab. aslron. In-
slrumente, p. 97): «Son serviteur avait un gros paquet (rizma) d'où
il lira l'exemplaire susdit des tables astronomiques.» Avec une signifi-
cation un peu modifiée, rizma, par contraction nma, a passé dans Tesp.
iauiakhchari, Jsdi al-balilga, nian.: Jw«^ L^ ^S>^ v'^^ O'' ^Jj 8A.Â.C
ÔO'
et dans le port.; Victor explique rima de cette manière: «un tas, amas,
monceau , comme de hardes , d*habits et de matelas Tun sur Tautre ; »
de là rimero qui a le même sens. L'arabe rizma est aussi chez Bocthor
paquet enveloppé dans du papier; — paquet, lettres sous enveloppe. En
particulier c'est un ballot de papier, une rame; P. de Alcala Ta en ce
sens, comme M. E. l'a déjà observé, et on le trouve aussi sous rame
(de papier) chez Bocthor et chez Berggren. Cette signification est assez
ancienne. Dans un passage d'Ibn-al-Khatîb, cité par Maccari (I, 640,
1, 14), on lit qu'Alî ibn-Sa'îd, qui florissait au XIII* siècle, écrivit un
livre intitulé iC^j^Ji (al-morazzama), ,j^j^L5CJÎ ^^^ ^a ^axj y^ ^ic: Jw«XmXj ,
«lequel était si étendu que les rizma' s de cahiers, dont il se composait,
formaient la charge d'un chameau. » Evidemment rizma a ici le sens
de rame^ et le verbe razzama, dont morazzama est le participe passif,
celui de réunir des rames de papier. Enfin je lis dans l'inventaire des
biens d'un juif marocain décédé en 1751 (man. 1376): Oc-a-jî'^ ^^^^
oU:^ w:>^ ic^^î , « Six rizma* s de papier de Hollande. » L'arabe rizma
a aussi passé dans l'italien: risma, et de cette langue dans celles du
Nord, soit avec la suppression de la dernière syllabe: allemand Ries s ^
dan. Riis, suéd. ris, soit par contraction rism, rim (Kilian donne rismus,
rimus): angl. ream , hoU. riem. Le fr. rame vient de rasme, razme^
razma, car razma s'écrit en arabe avec la même voyelle (le fatha) que
rezma; la prononciation est arbitraire ou bien elle dépend du dialecte.
*Les formes et les significations n'offrent donc aucune difficulté; mais
selon M. Diez il serait aussi contre la vraisemblance que l'Europe eût
reçu ce mot des Arabes , et c'est à cette objection que je dois encore
répondre. Selon toute apparence l'Europe est redevable aux Arabes du
papier de colon. Les plus anciens privilèges latins écrits sur du papier
de coton sont du XI*" siècle, et l'on ne connaît pas non plus de livres
écrits sur cette espèce de papier et qui seraient d'une date plus ancienne.
On prétend bien que ce papier a déjà été en usage au milieu du IX^
siècle (voyez Schônemann, Versuch eines vollstàndigen Systems der Diplo-
malik, I, 488); mais supposé même que cette opinion soit vraie, elle
n'ébranle pas ma thèse, car longtemps auparavant le papier de coton
était la matière ordinaire sur laquelle écrivaient les Arabes *, et tout
l) Déjà Uàroun ar-rachfd se servait de papier de coton pour les actes officiels, qu'avant
lui on écrivait sur parchenain; voyez Ibu-Khaldoun ^ Prolé^omt^ II, 35Q.
semble indiquer que ce sont eux qui ont introduit en Espagne la fabri-
cation du papier de coton et de linge. Xativa surtout (acluelleraenl
San-Fclipe) était célèbre par ses fabriques de papier, et Edrîsî, qui
écrivait au milieu du XII* siècle, dit à ce sujet (p. 192 du texte): «On
y fabrique du papier tel qu'on n'en trouve pas de pareil dans tout l'uni-
vers; on en expédie à l'orient et à l'occident.» C'est donc de là que
les chrétiens recevaient leur papier, avant qu'ils le fabriquassent eux-
mêmes , ce qu'ils tirent assez tard ; Alphonse X ne fonda les fabriques
de papier en Castille que vers la fin du XIIP siècle, tandis que l'Italie
ne reçut pas avant le milieu du XIV" celles de Padoue et de Trévise.
Les Arabes ont donc dû subvenir pendant longtemps au besoin de papier,
et pour cette raison leur mot riztna est venu en Europe en même temps
que leur papier.
Rétama (genêt) de iUjj (rétama) ; même sens.
* Rezmilla (del génital miembro) (ule balanus, la tête du membre
viril,» Victor). P. de Alcala traduit rezmilla del génital miembro par
^J^^ {ras) (tête), et jS^\ ^J^J (ras al-air, caput pénis) se trouve en ce
sens dans un vers cité par Maccarî, II, 634, 1. 5 ; on dit aussi
Sô<l\ (j^Vj (Glossaire sur le Man court , man. 331 (5), sous «yi'). Mais
si rcz est Tarabe ras, qu'est donc ce millaF Ni l'arabe ni l'espagnol
n'a un tel mot pour membre viril,
RiBETE (bord, bande) de i?L, (ribét) que Bocthor traduit par «bande,
long morceau d'étoffe.»
* Rima. Voyez resma.
RoMaA pg, (grenade) de ^U^ (rommân) qui désigne le même fruit.
*RoMANA, /r. romaine (peson, instrument dont on se sert pour peser
avec un seul poids), de KiU^ (rotnmâna) , chez Freytag »; pondus slate-
rae, quo librantur alia,» chez Bocthor poids et romaine (peson).
Roque (terme du jeu d'échecs) de ^^ (rokh).
* «Le mot roc y désignant la tour au jeu d'échecs, vient de l'arabe
rokh, nom d'un oiseau fabuleux, souvent mentionné dans les légendes
et les contes orientaux. On en a fait le verbe enrocar, de même que
nous avons fait de roc le verbe roquer, y» Defrémery.
* RoTovA (qui n'est pas dans les dict. esp.) de k^^ (rolba) (qui n'est
pas dans les dict. arabes^ Dans un privilège donné par Alphonse X
556
en faveur des chréliens établis à Murcie cl publié dans le Menu hist.
esp, (I, 281) on lit: aE otrossi por facer bien é mereed â los vecinos
moradores de la cibdat é de su termino, é lambien â lodos los del regno
de Murcia, otorgamos é mandâmes que no den recova en ningun logar,
sino en aquellos logares o se solia dar en liempo de Miralmeniini, é que
no den mas de quanlo era acoslumbrado de dar en aquel liempo. E
olrossi queremos é mandâmes, que aquellos logares o la rocova se diere,
que se guarden de como eslonce se guardaban , é si en los caminos 6
en los termines o la rocova se dieren {lisez diere), dailo ninguno se
ficiere â aquellos que la rocova tomaren , den recabdo de los malfechores,
é del dafio, é sigan el rastro en guisa, que los olros vecinos del termino
0 rastro pussieren lo puedan luego seguir, 6 dar recabdo dello. » Nous
avons donc une fois recova et trois fois rocova, Cascales {Discursos hist,
de Murcia, fol. 47 c), qui a analysé le même privilège, a lu quatre
fois retova. Il écrit de même (fol. 48 d) en analysant une autre charte,
de Tannée 1252, et ses paroles sont: «Mandé (le roi) que todos los
concejos del reino guarden los caminos cada uno en sus termines, sin
pagar cosa ninguna por razon de guarda, ô de retova los unes de los
olros.» Plus loin (fol. 201 d) le môme historien raconte que, dans
Tannée 1414, «Lope Alvarez Osorio, comendador de Ricote, dava pesa-
dumbre à esta ciudad (Murcie) con sus Moros del valle, sobre la relova,
portazgo del puerto de la Losilla, termino de su encomienda: de ma-
nera, que assi los vezinos de Murcia, i de otros lugares desta comarca,
como de los de Hellin, Chinchilla, i Àlcaraz, i de otras tierras del rei
recibian alli agravios, en razon de sus mercadurias, provisiones, i man-
tenimientos que llevavan i traian. » Je crois que les consonnes de retova
et les voyelles de rocova sont bonnes, ou, en d'autres mots, qu'il faut
écrire rotova; et dans ce rotova, comme j'écrirai dans la suite, je crois
reconnaître Tarabe 1\.ajj [rolha), prononciation adoucie rotoha, au plur.
roiah. Cascales, comme on Ta vu, explique le mot esp. par portazgo,
c'est-à-dire, péage, droit pour le passage, et pour le moment nous pou-
vons nous contenter de cette explication. Or, je trouve rolha employé
dans la même acception par des auteurs magribins. Ibn-Djozai, le
rédacteur des Voyages d'Ibn-Batouta, dit en faisant Téloge du sultan
de Maroc, Abou-'Inân (IV, 348): v^jJî I^à^» a^c^Î q£= j*.)ll3jLJ x*9^ U^^
a^Ji o^i;!» ^ ^fJiâr , ce quc les savants traducteurs ont rendu de celle
manière: » Quant à la suppression des injustices qui pesaient sur ses
sujets, il convient de mentionner les taxes de péage que l'on percevait
sur les routes. Notre maître (que Dieu Taidel) a ordonné de les abolir
totalement, et il n'a pas été arrêté en cela par la considération qu'elles
étaient la source d'une recette fort importante. » Ibn-Klialdoun (Hist.
des Berbères, II, 306) dit de même en parlant d'un sultan: ^j^^^Jt «i,
w>..V.Jt j^j.^. L^-^'^î > " '^ supprima les droits de marché et les péages. »
Mais quoique rotba doive se traduire de celle manière dans ces passages,
ce n'est pas cependant la véritable signification du mot. Un râlib est
vu soldat établi en garnison ; le verbe rattaha signifie mettre en garnison
(voyez de Goeje, Glossaire sur Belâdzorî, p. 42), et je crois que rolba
est proprement V endroit où sont postés des soldats chargés de veiller à
la sûreté de la route. Ce qui m'engage à le croire, c'est ce passage
du Cartâs (p. 258): ^t v/-^!-^ c^.iL-T ^^-A.Ji ^'^l.-sl^^ ^^J^\ .X^\ Jl^î
Kft-^wéJ^ oUlâJt^ xJL^i S^l\ j^î L^ j^L^ U, «Le sultan supprima
la plupart des rotba's et des gabelles qui étaient dans le Magrib, à
l'exception de celles qui se trouvaient dans les pays inhabités et dans
les déserts infestés de brigands.» Dans la première charte esp. que
j'ai citée, on voit aussi que les endroits où se payait la rofova, étaient
gardés, qu'il y avait un poste de soldats; la seconde conduit au même
résultat ; elle prouve en outre que la rotova était proprement une con-
tribution que les voyageurs payaient pour la sûreté de la route. Mais
ces soldats étaient chargés en même temps de lever les droits d'entrée
ou de passage établis sur les marchandises, et c'est pour celle raison
que le terme a aussi reçu le sens de péage ; comparez Ibn-Baloula ,
III, 184, où on lit qu'un inspecteur des marchés répondit au sultan,
qui l'avait interrogé touchant le motif de la cherté de la viande, ^t
woJ! ^j.t Juii ,^^ Cj*'^^^ ^^^^ ^"^ * " ^"^ ^^^^ provenait du taux élevé
de l'impôt établi sur les bœufs dans les rotba*s,» — Avant de terminer
cet article, je dois encore appeler rattention sur trois passages d'Edrîsî.
Donnant la route par terre d'Algéziras a Séville, ce géographe dit
(p. 177, 1. 2 a f. du texte): «D'Algéziras ou se rend â aaj Ji , puis à
la rivière de Darbale,» etc. Ailleurs (p. 201, 1. 11), en décrivant 1^
roule d'Almérie à Guadix: «Puis on se rend à Khandac-Fobair, puis à
43
058
ÂAj^it, puis à Abla où est une station.» Et plus loin (p. 202, 1. 3),
dans la description de la même route: «Puis à Diezma, bourg où est
une auberge, puis à iû.j" Jt, puis à Afraferîda,» etc. Cet aajJI m'a em-
barrassé lorsque j*avais à traduire ces passages. J'ai cru avec Jaubert
que c'était un nom propre ; mais les dictionnaires géographiques ne
l'ont pas. Je crois à présent que je me suis trompé et que c'est un
nom commun désignant tm poste de soldats-douaniers chargés de veiller
à la sûreté de la route et de percevoir le péage; comparez Edrîsî, p. 197,
1. 5, où il est question de «la Rûbita, qui n'est point un fort ni un
village, mais une caserne où sont des gardes chargés de veiller à la
sûreté du chemin. »
s.
* Saboga (espèce de petite alose) de Kc^aa^ (çabôga) , qui manque chez
Freytag, mais qui chez Bocthor est alose. Vansleb {Relation d'un voyage
fait en Egypte y p. 72) nomme la sehuga parmi les poissons du Nil.
Sacre (espèce de faucon) de ^sao {caqr), «accipiter;» [* chez P. de
Alcala cernicalo ave et halcon sacre]. M. Diez donne à ce mot une origine
latine; il le considère comme la traduction du grec Up^§, tandis que
les Arabes auraient emprunté leur çaqr aux langues romanes ; mais
comme il est de fait que çaqr, loin d'être un mot moderne et particu-
lier au dialecte vulgaire, était déjà en usage parmi les anciens Arabes
du désert (cf. le Diwan des llodzailitcs , p. 208), cette opinion est loul-
à-fait erronée.
*Safara, çafara pg. 1 Safara, l'arabe t\..:<\,*o (çahrâ),
"^ Safaro, çahro pg., esp. zahareuoj désert, semble avoir jusqu'à un
certain point droit de cité en pg. (voyez Moraes). De ce mot on dérive
safaro, zahareno, farouche, difficile à apprivoiser, en parlant d'un faucon.
"^Sagena, sejana pg, (prison des chrétiens captifs chez les Maures),
de ^^:^M {sidjn), prison,
* Salep, pg. salepo (sorte de racine bulbeuse et mucilagineuse). Ce
sont les racines bulbeuses de l'Orchis mascula, qui, à cause de leur
forme, s'appellent en arabe w^UiJi ^^*^à> [hhoçâ ath-tha'leh) , les testi-
cules du renard. Le premier mot a été omis, et selon Bocthor et Berg-
gren , le second a été corrompu par les Arabes en ^X<^^ (sahleb). En
esp. et en pg. le mot est moderne.
559
*Sa.ndalo, fr. sandal. Les anciens avaient le mot (txvtxKov, sanlaliun;
mais les formes ([iii ont le d viennent peut-être direclenienl de Farabe
v3Jv-vI-a3 (caudal). Les Arabes faisaient fréquemment usage de ce bois
odoriférant et c'étaient eux qui, au moyen âge, le vendaient aux Euro-
I>éens. — Sandalo désigne aussi en espagnol la plante appelée menthe
d* Arabie ou menthe sauvage (Mentba sylvestris). Les lexiques n'attri-
buent pas ce sens à Tarabe çandal, mais il Pavait au Magrib, car je
lis dans le Glossaire sur le Mançourl par Ibn-al-Hacbchâ (man. 351 (5),
fol. 165 V*»): kjJ:^, iSjJkl\ Vt*'*^' i^-^^ Jc-X-c Li^^xJt (^-^^-î^ j-^ (•!-♦->
{lisez .AÂAN^x^l) ^j*^^^l\ j.^^^ «-â.*_âJ| , o Nammâm ; c'est respècc de
mentbe que le peuple au Magrib nomme çandal et qui ressemble au
na'fia' [menlba saliva]; c'est le sisanhar [(n<jv[j(,(opiov].y> Aujourd'hui
encore, selon Dombay (p. 75), çandal signifie dans le Maroc menlha
saracenica.
Sandia (sorte de melon) de ïCjAàa^ {sindiya) , mot arabe qui manque
dans les lexiques et que P. de Alcala traduit par sandia {espèce de melon).
Suivant M. de Gayangos (trad. de Maccarî, I, 371), ces melons étaient
originaires du pays de Sind et pour cette raison on leur aurait donne
le nom de sandia. On trouve le mol arabe chez Ibn-Djobair, p. 517.
^Dans ce passage on lit ^AÂ>.^il A.N:^bJ|, et Télymologie proposée est
d'une vérité incontestable, car chez Victor sandia est «une sorte de
melon des Indes , » et P. de Alcala traduit aussi sandia par c"J^ (dillâ'),
«qui est le melon d'Inde» (Ibn-al-Bailâr dans de Sacy, Ahdallatif,
p. 127). Dans le Glossaire sur le Mançourt par Ibn-al-Hachchâ (man.
331 (»)) on trouve: ^^vÂiî ^^ (^«-N-^^ (^A>^ f^^y* comparez l'ancienne
traduction latine du calendrier de Rabî' ibn-Zaid {apud Libri, Ilisl. des
sciences malhémat. en Italie, I, 459), où on lit sous le mois d'août:
«et lit bona adulaha , et est sandia.»
* Sebeste.n (jujubier) de ^Lc^aa^ {scbestén). Millier.
Skca , ital. zecca (bolel des monnaies) , de iOL^M {sicca) , « lypus
monetalis. »
''C'est l'arabe xx^.i ^<^ {dur as^sicca), hôtel des monnaies; le premier
mot a été supprimé.
' Skcacul (eryngium campcstre, vulgo Lhardon-Koland , panicaut) de
JwicJUi (checâcoul).
340
*Sen, sena, senes, pg, sene, senne, fr. séné, de Ix^ {senâ ou scné),
Muller.
''Setuni, aceituni (pas dans les dict.). Seluni se trouve souvent chez
Gonzalez de Ciavijo, Vida del gran Tamorlaii , comme le nom d'une
étoffe qu'on recevait de la Chine; voyez p. 169, 1. 20, p. 170, 1. 35,
p. 182, 1. 24, p. 190, 1. 14, p. 191, 1. 8, p. 214, 1. 26; il faut lire de
même au lieu de siUimi, p. 91, 1. 24; el dans un inventaire publié
par Saez {Valor de las monedas , p. 534 a), «un jugon de aceytuni,
negro,» est nommé parmi les «ropas de veslir. » C'est l'arabe ^^^^i\
[zeilount), ou, avec l'article, az-zeitoum, La ville chinoise Tseu-thoung,
actuellement Thsiuan-tchou-fou, s'appelait chez les Arabes Zeitoun. On
y fabriquait des étoffes damassées de velours et de salin , qui avaient
une très-grande réputation et qui portaient le nom de zeitounu Voyez
Ibn-Batouta, IV, 269.
Sirop. Voyez axarabe.
'^SoFX pg. et fr, de iCà^a (ço/fa) (Bocthor, Berggren).
*SoLDAN, sultan', de qLLJL^ (soltân),
* Soliman (sublimé), «vraisemblablement le turc ^JU {sulumen), qui
est une altération de sublimé. J'ignore si les Arabes se servent aussi
de ce mot. » Muller. Chez les Arabes c'est |^iL*JLAy (solaimânl) ; voyez
ce que j'ai dit sur ce terme dans le Glossaire sur Edrîsî, p. 588. M.
Sanguinctli a donné cet article dans le Journ, asiat, de 1866, 1: «^iL»JU;
on donnait autrefois ce nom à un mélange d'acide arsénieux (oxyde
Liane d'arsenic, arsenic blanc, ou mort aux rats) et de mercure, qu'on
faisait sublimer. On appelle maintenant ^jUaIa.- les chlorures de mer-
cure: le calomel et le sublimé corrosif.»
Sorbet, pg, sorbelc, de iCjyi {chorba) (jui dérive de la racine vhariba,
boire. Voyez p. 17 de l'Introduction.
T.
Taa, la, taha (district), de xcLb {td'a) que I*. de Alcala traduit par
région, comarca, [* juridicion y provincia como quiera]. Voyez p. 6 de
rintrod. Cf. S^ Rosa.
* L'arabe tâ'a, que Freylag n'a que dans le sens d'obéissance, signilic
assez souvent chez les auteurs magribins Etats, comme chez Ibu-IIaiyàa
541
(liiaii, d'Oxfuril, fol. 71 v"): sJiclb ^^\ ^^ sA^^ ^4^ J^âx>L, «le
sultan réunit avec soin les habitants de ses Etats qui devaient prendre
part à celle expédition;» voyez aussi Ibn-Djobair, p. 242, 1. 14, p. 250,
1.4, Carias, p. 152, 1. 8. p. 152, 1. 8, p. 155, 1. 7, p. 162, 1. 10,
p. 244,1, 8 a f., Ibn-Baloula, 111, 4, Ibn-Khaldoun, Ilist. des Berbères,
11, 116, I. 5 a f . , 120, 1. 2 a f. , 294, 1. 8 a f. , chronique anonyme
(man. de Copenhague, n°. 76, p. 55): ^^^^ f^S^ JL^ ^ ^^yj^^ J^^55
x-JC-fcL-Ij ; ou bien province, districl ; voyez Ibn-Djobair, p. 216, 1. 18;
Ibu-Haiyûn (fol. 74 r*"): o^Uiî iCcLb iL^;:^î 'àJ^^^A ^\ a^C^xi ^six'A *-i
^^j^yaÂ^ ^i j4^, «Ensuite le sultan se dirigea avec son armée vers Ecija,
capitale d'un district qui appartenait au grand rebelle 'Omar ibn-Haf-
çouD, » Un man. du Coran que possède la Bibl. de Munich, a été écrit,
selon la suscription, dans l'année 924 (1518), X-d-Ia ^^ u^y^ ^^-»
x^**^ fcî5Xo^ iUbUi, «à Belliis, district de Xativa, royaume de Valence;»
voyez Aumer , Die arah. HSS, in Mûnchen , p. 5. Peut-être faut-il
donner le même sens à ce mot dans un passage du Kilâb al-agânî ,
p. 19, 1. 14, où Kosegarten a traduit piélé ^ ce qui ne convient pas;
mais si Ton traduit ^Jix^lh par votre dislricl, le passage est très-clair.
* Taba (osselet , pelit os qui se trouve dans la jointure de la cuisse
et de la jambe; — jnego de laba , jeu des osselets). Selon M. Diez
(il, 178) l'origine de ce mot est inconnue. Les significations qu'il a
conviennent si parfaitement avec »-j^ (ca*ba) (cf. ca'6), que je n'hésite
pas à le considérer comme une légère altération de ce mot arabe, les
lettres c et t permutant souvent entre elles (cf. l'art, carcax). En arabe
le jeu des osselets s'appelle làb el kâb , comme écrit Niebuhr {Reize
naar Arabie, I, 166), U^l\^ bil-ka'âb, comme on trouve chez Berggren
(p. 515; cf. Mille et une nuits , II, 178, 1. 6 éd. Macnaghten) , ak'âb,
comme donne M. Prax (dans la Revue de l'Orient et de rAlgcrie, V, 84).
*Tabaquk, altabaque (petit panier), de /^b {tabac) qui signifie pro-
premcnl assiette ou plat; mais en Orient les plats ou plateaux sont
souvent faits de jonc, de paille, etc. Ainsi on lit chez Pallme (Be»
schreibung von Kordofan, p. 52): «un plat de paille, fait avec des brins
du bois du palmier nain.» Dans les Mille et une nuits (11, 552 éd.
Macnaghten) on trouve: ^^'j^S oW^^' <3^*-^ a'' o'"^ï^- ^'^^» «cet
homme et sa femme gagnaient leur pain en fabriquant des plateaux et
des éventails ; • cl M. Lanc remarque dans une note sur su Iraduction
542
de ce passage (II, 637): «Les premiers se font de jonc, elc., les seconds
de feuilles de palmier ou de plumes. » Ibn-al-Hachcliâ (Glossaire sur le
Mançourî, man. 351 (5), fol. 157 v*') dit à Tarlicle saule (vj^i»): Â^L^
♦UB^t^ J^^il \iLAi2ï ^A, «on se sert des branches de cet arbre pour
en faire des corbeilles et des plateaux.» Dans le Fakhri (p. 291) on
trouve : Q^àî. \4^^ <S^à> /J"^■^ j<a^ib j.l*bii ^lA:a>Lj j^a\ *S* , « quand
il eut ordonné d'apporter le manger, on plaça devant lui un plateau
d'osier sur lequel se trouvaient des gâteaux ronds ^ » Un tel objet
ressemble plus à un panier qu'à un plat. Aussi tabac a-t-il reçu le
1) La même expression, o^.^Jî ^LaI^Î, se trouve dans un passage de Tha'àlibî
[Latâïf al-ma'ârify p. 14), où elle a embarrassé l'éditeur, M. de Jong , et où M. Fleischer
la traduit par des claies d'osier (voyez le Glossaire de M. de Jong, p. xxv — xxvii). Cette
traduction me semble convenir assez bien à ce passage, et il faut observer que tabac a
un sens assez large; chez Barth [Rciscn, V, 711) c'est «une table faite de paille entre-
lacée.» Au reste, comme M. de Jong a aussi parlé (p. xxvii) du khaich^ mais sans ex-
pliquer nettement ce que c'était, je crois devoir profiter de cette occasion pour publier
un article fort curieux du Glossaire sur le Mançourî. il est conçu en ces termes (man.
331(5), fol. 157 v"): vJ^A^J qLJc-îCJÎ ^J>. ^a Ô^:^:à'S ^U2 J^wxj^t Lf^yt:=>
^^;^j^ K^XfM^ c^î^'î'J» \Jè.j^/û \^^^^i -iA^u y-^'î iC.w.àÂLi-1 ^'AÏ i<^^ X-Cw-a^
J^y^j^ oVf'^^^ Ja.//^^ ^.5 /^^'^ ^iii'^^ i^Ul^^iLf i^Uxii '».i^*, ^j-'h ^^^ ^♦^
UÀ> L^L.w-j^ '»>si\y^A ^w\m§j \.â.L^ ^A c^v-vt-^î Vj'-^ o"^ ^'ii'^-^A cy^ ^?
sl-4.-J vi^jtiiii L-^-j.., c;^AAii t\j..^ ^.aXs B^.xii L_.5ïV-j. ^^j<\xi LxjUX/o *ÛImJ^
(A_j-JCi! «./O ^U-^'^ w^aI^aS *^;^^I» «Sous le nom de khaich on entend des étoffes de
mauvaise toile de lin qui servent à différents usages. Dans ce passage de Rhazès ce sont
des ventilateurs faits de cette étoffe. Ceci se pratique de cette manière : ou en prend
un morceau de la grandeur d'un tapis , un peu plus grand ou un peu plus petit selon
les dimensions de la chambre, et on le rembourre avec des objets qui ont de la con>
sistance et qui ne plient pas facilement, par exemple avec du sparte. L'ayant ensuite
suspendu au milieu de la chambre , on le fait tirer et lâcher doucement et continuelle-
ment par un homme placé dans le haut de l'appartement. De cette manière il fait beau-
coup de vent et rafraîchit l'air. Quelquefois on le trempe dans de l'eau de rose, et alors
il parfume l'air en même temps qu'il le rafraîchit. »
545
sons de panier. Chez Hélot c'est «corbeille, panier,» cl chez Bcrggrcn,
«panier fait de brins de bois, pour y mellre toutes sortes de choses,
comme du linge, le pain qu'on envoie à ôlre cuit, elc. » Dans un pas-
sage des Mille et xme nuits (I, 264 éd. Magnaghten, H, 287 éd. Ha-
bicht, I, 100 éd. de Bouiac) ce mot arabe a certainement le même
sens. On y lit qu*un homme ayant acheté pour cent dirhems de ver-
rerie et l'ayant mise dans un tabac, il s'assit près d'un mur pour la
vendre en détail. Dans la suite du récit ce tabac est nommé deux fois,
et dans toutes les éditions, u^àï , et ce dernier mot (proprement cage)
ne signifie jamais plateau, mais bien panier K — En outre tabaque si-
gnifie broquette , petit clou à tête. Est-ce le même mot arabe? Je ne
lui connais pas ce sens.
"Tabaxir/)/;. (açucar de Bambû) de ^.x^Ui^ {tabâchtr) ; même sens. —
Tabaxir dos alfaiates (espèce de craie dont se servent les tailleurs) de
J:U^JI j^^W^ {tabâchir al'khaiydt),
Tabefe pg. (du lait de brebis cuit avec un peu de farine et de sucre)
de *?vaJ3 (Jabikh), ce qui est cuit.
* Au Magrib le mot tabtkh avait réellement le sens spécial de lait
cuit, qui n'est pas dans les dictionnaires. C'est ce qui résulte d'un
passage du Glossaire sur le Mançouri par Ibn-al-Hachchâ (man. 551 (5),
fol. 159 v«), à l'article ^AAi>^. Ce dernier mot est expliqué de cette
manière par Freytag d'après Golius: «oxygalae portio, qua lac dulce
acidum redditur.» Or, Ibn-al-Hachchâ dit que le rokhabtn (c'est ainsi
qu'il prononce) sert à rendre aigre le tabikh, ce qui signifie évidemment
le lait cuit.
* Tabi esp., pg. , ital., b.-lat. attabi, fr. tabis (sorte de gros taffetas
onde) de ^Uc Çattâbî). M. Defrémery a signalé l'omission de ce mot.
Son histoire est celle-ci: un arrière-petit-fils d'Omaiya, nommé 'Altab,
a donné son nom à un quartier de Bagdad, qui s'appelait par consé-
quent al-'Atlabîya. Dans ce quartier on fabriquait des étoflés bigarrées
l) Voyei à ce sujet mon Glossaire sur le Bayàn, p. 40, et comparez Mille et U7ie
nuits, H, 155, XI, 287» XII, 92 éd. Habicht-Fleischei , II, 228, 312, I. 5 a T., III,
430, IV, 64G, 1. 4 a f., 647, I. 1 éd. Macnagliten; Burton , PUgrimagCy 1, 121: «The
provisions wcre placed in a kufus or lianipor artislically ixiado cl palm sticks;» Bocthor
sont hotte i Berggren sous panù .
344
et ondées qui porlaienl pour cette raison le nom (réloffes 'altdhtya; de
là 'atlâbî, qu'on employait subslantivement pour désigner une telle étoffe.
Voyez les auteurs cités dans le Glossaire sur Edrîsî, p. 342.
* Tabica. Selon Nuilez ce mot signifie \^. cavité où sont posés les
bouts des solives et des chevrons; 2°. espace entre les solives qui for-
ment le toit. Le sens serait donc cavité , espace vide, et j'avoue volon-
tiers que je n'aurais pas été à même d'expliquer l'origine de ce mot,
si la Carpinteria de lo blanco n'était pas venue à mon secours. Dans
ses extraits de ce livre, M. Lafuente y Alcântara donne bien: «El hueco
que queda en una pared entre los maderos que sientan sobre ella para
formar el techo;» mais il donne cette signification comme la seconde,
tandis que la première est chez lui: «TahicaSy petites planches avec
lesquelles on couvre les cavités qui sont entre les poutres qu'on place
sur l'architrave.» Cette explication nous conduit à la racine Ui-A-J^
(labaca), couvrir. Tahica est, je crois, une légère altération de i^^
{talhtca)y le second / ayant été supprimé pour l'euphonie, c'est-à-dire,
de l'infinitif de la 2^ forme qui s'emploie substantivement, car chez
Quatremère [Hisl, des sultans inaml., II, 1, 202) iatbîca est: «une pla-
que de fer ou de cuivre, garnie d'un clou, que l'on appliquait sur les
harnais des chevaux, ou que Ton employait pour ferrer ces animaux.»
Comme l'idée primitive n'est autre que celle de couvrir, on peut fort
bien avoir appliqué ce terme à de petites planches servant à couvrir
des cavités; mais les charpentiers espagnols, qui naturellement n'en
connaissaient pas la véritable signification, l'ont appliqué par erreur aux
cavités couvertes par les planches.
Tabique, taibique (pared delgada de ladrillo). En vieux castillan on
trouve encore les formes [* taxbique, Cane, de Baena, p. 427], tesbique,
et texbique , qui mettent hors de doute la dérivation de l'arabe \^>;^'J
(lachbîc) que P. de Alcala traduit par pared de ladrillo. [* L'origine de
ce terme a été fort bien expliquée par iM. Mahn, Etyrn, Unters., p. 71].
" Tabuco (petite chambre). M. Miiller dérive ce mot de 'sUJ^ (tabaca),
qui, comme il le prouve par quelques passages, ne signifie pas seule-
ment étage f mais aussi chambre. C'est vrai pour ce qui concerne le
dialecte de l'Egypte , mais dans celui de l'Espagne je n'ai jamais ren-
contré tabaca dans le sens de chambre , et en outre le changement de
tabaca en tabuco serait assez étrange. Je préfère donc l'étymologie
545
doniite par Cobarruvias et approuvée par l'Acad.; «tabuco,» dil-il, est
« aposenlico niuy pequeilo de alajos, conio de taybiques, de donde tomô
nombre.» Les voyelles t et u permutant entre elles, le changement de
tachbic, qui était déjà devenu /a6îc (tabique) , en tahuco n'a rien d'ex-
traordinaire.
* Tapilete, «peau fine qu'on passe en mégie, et qui vient du royaume
de Tafilet; maroquin,» Nuilez. L'omission de ce mot a été signalée
par M. Defrémery.
Tapurea, taforea, it. taforie (navire pour transporter des chevaux),
M. Jal dérive ce mot du grec cpôpoç, sans toutefois se dissimuler que
l'adjonction de la syllabe ta est difficile à expliquer. Je crois qu'il faut
entrer dans une aulre voie. En arabe iaifour ou taifourtya X-j^^-â-aJ^
(Maccari , II, 89) désigne un plat, une écuelle, et aussi (Maccarî, II,
334) un bassin de marbre. Or le mot arabe ^^k=>- (djafn), qui signifie
également écuelle, désigne chez plusieurs auteurs espagnols une sorte de
navire (voyez P. de Alcala au mot fusla genero de nave , le GIoss. sur
Ibn-Adhârî, Ibn-Djobair, etc.). Ne pourrait-on pas supposer que le mot
taifourtya a subi le même changement de signification ? La forme du
navire en question plaide en faveur de celte hypothèse. P. de Alcala
traduit nave tafurera par tafuria et tafurea par carrahtla. Or ce dernier
mot dérive de caraho, en arabe cârib, qui, selon Dombay, signifie
au Maroc navis roiunda. Je serais donc porté à croire que tafurea
a désigné, aussi bien que djafn, un navire de forme ronde. — La
permutation de ai et de a n'est pas sans exemple dans le dialecte de
l'Espagne; P. de Alcala écrit caidûs au lieu de câdous u^^^U; en esp.
tabique est aussi taibique, etc.
* Tagara b,'lat. Ducange cite cet exemple tiré d'une charte portu-
gaise: «Item recepit V tagaras, quae ponderaverunt VI uncias. Item
unam tagaram, quae ponderavit,» etc. On peut y ajouter celui-ci, qui
se trouve dans un document de 1075 (JEsp. sagr,, XXXVI, p. lxi):
o Ganavi de filia eius primogenita Dorana Urraca unum fronlalem
et tagaram auream. » Dans la charte citée par Ducange les tagarae
sont nommées parmi les vasa ; c'est 'éX.^j^^ [tardjnhâra) (Freytag) ou
»,L^-:5\jLb (tandjahâra) (voyez le Glossaire sur Ibn-Badroun) , une coupe
ou un flacon,
Tacarknos. Voyez mudejar.
44
546
Tagarnina (sorte de chardon) de ^-ôy (guarntn) qu'on trouve chez
Dombay, p. 74 (cardinis), et avec le préfixe berbère /a, chez P. de Alcala
{cardo lechar).
* Ajoutez: Berggren, chardon'hénil , ^^yôy; Cherbonneau dans le Joiirn.
nsial. de 1849, I, et Barbier, Itinéraire de V Algérie, artichaut, q_^J;-'5;
Cherbonneau dans le Journ, asiat, de 1861, II, scolimus hispanicus ,
A^^iyj ; Hélot: Q^iiT cardon d'Espagne; le Mosta'im sous ^^y>, mais
seulement dans le man. de Naples: KÂAijCxJb OyStj^. Les Esp. ont sans
doute reçu ce mot des Arabes ou plutôt des Berbères; mais les Grecs
avaient aussi ocKxpvx', de là le fr. acarne et Pesp. moderne acarnano,
* Tagarote (espèce de faucon) « dixose de una ribera que esta en Africa
dicha Tagarros, junto à la quai estan unas peûas donde se crian estas
aves» (Cob.). Il est certain que ces faucons venaient d'Afrique, car
dans un passage d'Espinar, cité par l'Acad., on lit également: »Los
lagarotes tambien se crian en Africa,» et je suppose que tagarote est
une altération de ^^\^S (Tâhortî), l'adjectif de Tâhort, nom d'une
ville bien connue et auprès de laquelle il y a deux rivières (Becrî, p. 66
in fine).
*Tahali, taheli, pg, taly, talim (baudrier). L'étymologie et l'histoire
de ce mot ont déjà été expliquées par M. de Gayangos, dans le Mem.
hist, esp, , X , 620 , et surtout par M. Miiller , Die letzten Zeiten von
Granada, p. 96 — 99, 160. C'est l'arabe J^aI^j {tahlîl) qui signifie pro-
prement: prononcer la formule là ilâha illâ Hlâh , il n'y a pas d'autre
dieu que Dieu. Cette formule, écrite sur un morceau de papier, servait
d'amulette ; dans la suite on y a ajouté des passages ou des chapitres
du Coran, voire même un petit exemplaire du Coran complet, ou bien
de petits ouvrages Ihéologiques. Le tout était renfermé dans un étui
auquel on donnait le nom de tahlîl. Aux passages cités par les deux
savants que je viens de nommer, j'ajouterai celui-ci, que je trouve chez
Marmol, Descripcion de Affrica, II, fol. 97 b: «y al otro lado Iraen por
reliquia una caja de oro, 6 de plata labrada, con grandes borlas de
seda y oro, y dentro de ella ciertos papelcs 6 pargaminos, en que traen
escriplas sus oraciones, y hechizerias, que Daman taheliles, que assi
mesmo cuelgan de otro rico tiracuello. » En Espagne, comme il conste
par le témoignage d'un contemporain de Ferdinand et Isabelle, Hernando
0-4 /
de Uacza , les chevaliers chrétiens ont emprunte cet usage aux Maures ,
et leurs tahelies^ comme ils disaient, étaient aussi des étuis qui renfer-
maient des reliques et des prières. Peu à peu, cependant, on a appli-
qué ce mot, d'abord à la bandoulière à laquelle était attaché Tétui et
qui passait de Tépaule gauche sous le bras droit , ])uis à Tautre ban-
doulière qui passait de Tépaule droite sous le bras gauche, au baudrier
qui servait à porter Tépée. — Je ferai encore remarquer un fait assez
curieux: c'est qu'il existe en arabe un mot dont Thistoire est exacte-
ment rinverse de celle de tahali. Ce mot est hamâïl (Jw*l-4->). Dans
l'arabe ancien il signifie baudrier; mais dans l'arabe moderne on l'a
appliqué en outre au cordon qui sert à porter l'étui renfermant l'amu-
lette, et enfin à l'amulette même. Comparez Maccarî, II, 527, 1. 15,
où le sing. himâla désigne le cordon dont j'ai parlé ; Bocthor sous
amulette: «amulette suspendu au cou avec un cordon, hamâïl ;» Marcel,
Hélot; «amulette, hamâïl ;n d'Escayrac de Lauture, Le Désert cl le
Soudan, p. 447: «D'ailleurs le fakih ne cherche pas à tromper les
autres, il croit aussi fermement qu'eux à l'efficacité de ses hamaïl
(charmes);» Burton, Pilgrimage, I, 138: « passing the crimson silk
cord of the hamail or pocket Koran over m y shoulder, in token of
being a pilgrim. »
Tauen (bête de somme quf fait tourner la meule) de qL^B {tahhên)
qui signifie celui qui fait moudre. Cf. atauona.
* J'ignore où M. E. a trouvé ce tahen; les dict. dont je me sers ne
l'ont pas.
* Talaca pg, (divorce) de yj^^ (talâc); même sens.
* Talco, laïque, fr. talc (pierre spéculaire) , de UiXb (talc), Miiller.
* Tamar (terminer, dans le Cancionero de Baena , p. 140 b) de] *-Ji
{tamma) qui a le même sens ; chez les Mauresques tammar , atammar
{Mem. hist. esp., V, 448); ils avaient aussi tém (= j^L») pour complet;
decendid en Maca con onrra têm,
lit-on dans un de leurs poèmes (dans les Sitzungsber. der Akad, zu
Mùnchen, de 1860, p. 237).
Tamaras (des dattes) de ^' (tamr) qui désigne la môme chose.
Tamari.ndos de j^JU^ ^ (lamr hindi) , « dalle des Indes. »
Tambul de v3^A^ (lanbout), «du hclcl. »
348
* Tangul pg. (cuivre de Barbarie) est un mol berbère qui signifie
cuivre ; Marcel (sous cuivre) l'écrit vi>J^ij.j (toungoull) , Hœst , Nach'
richlen von Marokos, p. 274, vi>».5>ft-ilj (tancoiilt), Berggren donne sous
cuivre J>iiÂb (Barb.), et cbez Laugier de Tassy (Hist. du royaume d'Al-
ger, p. 295) on lit: atangoul ou cuivre.»
"* Tara. Voyez merma.
* Taray (tamaris). «Quand nous nous rappelons qu'un lieu planté de
tamaris s'appelle taharal, nous pouvons considérer taray comme une
contraction de laharay , et ceci nous donne la véritable étymologie. Le
mot vient de s.\^Ja (tarfâ) , par transposition et par le cbangement ordi-
naire de /en h.» Mûller.
Tarbea (salle carrée) de mJî (larbV) , carré,
'*' Ce vieux mot répond en tout point à l'esp. cuadra ; aussi P. de AI-
cala traduit-il cuadra de casa par tarhV. Dans le Carias le terme arabe
a un autre sens; voyez à ce sujet les remarques de Delaporte père dans
le Journ. asiaL de 1830, I, 320.
*Tarea, atarea, pg. tarefa (tâche, ouvrage à faire dans un temps
déterminé). Chez P. de Alcala tarea en algun obra est en arabe tarêha,
pi. tarâyh; par conséquent '»^:^^h ou K>Li?. M. Millier compare ^Jo
^L.^]i j^Xc «jLAiaJî (de Sacy, Chrest. ar.y II, 56), «il força les mar-
chands à prendre les marchandises pour tel prix qu'il jugea à propos;»
le persan ^^à\ô «.j^> Gnlistan , p. 42 éd. Seraelet ; ^U r;-^» «imposer
une denrée à un homme, le forcer de l'acquérir au prix qu'on lui fixe,»
et -^ «prix forcé,» Quatremère, Hist, des suit, maml, II, 2, 42.
* Tarecos pg, (vieux effets, choses de peu de valeur) de ti5Cjjj {tarte) y
proprement ce qu'on laisse, ce qui ne vaut pas la peine d'être emporté.
* Tarida. Voyez terides.
Tarifa, fr, tarif, de wâ-r}j-*-J* (laYif) , l'infinitif du verbe 'arrafa qui
signifie faire savoir , publier, [* Chez Boclhor et chez xMarcel tarif est
v^jjxj, chez Berggren Uj^xs],
Tarima, ["^pg. aussi tarimba] (estrade), de ei^jjh (tartma) que P. de
Alcala traduit par cama de madera,
"^ Tarquin (vase, limon qu'on tire d'un étang, d'un fossé, etc.) «es
nombre Aràbigo de tarqiiia, que vale limpiadera,» dit Cobarruvias, et
c'est presque vrai ; c'est l'arabe iLA-a.À«j (tanquia) , chez P. de Alcala
mondaduras como de pozo»
549
*Tartana, fr. tarlane. On dérive ordinairement ce mot de »A^^
{tarida)y dont il sera question sous tbridas. Si cette étymologie est
bonne, larlana doit être provenu de la forme tarla qu'on trouve chez
Ducangc.
* Taugrl (régla ô pieza de madcra que sirve para mantener la forma
seniicircular en una média naranja 6 cùpula de madera , Carpinteria de
lo hlanco) de?
Taza, fr. tasse, de iC^.^ {tassa) qui désigne la même chose.
Tazmia «lo que cabe d las partes de un monton, el quai termine se
platica en el dividir los diezmos à las parles que los han de aver» Cob.?
* Comme tazmia est: la portion de grains («la porcion de granos,»
Acad.) que les dîmeurs emportent de chaque battue, « distribulae , vel
assignatae parles in decimis frumenti» (Acad.), je serais porté à le
considérer comme une altération de K»«^ww.iij (tacstma) qui peut fort bien
avoir le sens de portion , car caszm, macsam , quism, quisma (Bocthor
sous portion), etc., qui viennent de la même racine, signifient cela, et
cassama , dont tacstma est le nom d'action , est partager,
* Tegual («sorte d'impôt, comme la farda , qu'on payait au roi,»
Acad.; «impôts, charges, tailles,» Victor). Ce mot, que Tamarid a
signalé comme élant d'origine arahe, me paraît avoir perdu sa queue,
et je crois aussi que Victor a fort bien fait de le considérer comme un
pluriel. C'est à mon avis l'arabe v^àJLXj' (tecâlîf) , plur. de Ui-JUCi*
{teclif)j qui signifie précisément, quoique Freylag ait négligé de le dire,
impôts, charges, tailles^ corvées; voyez Maccarî, II, 46o, 1. 11 , Bocthor
sous imposition (= farda), impôt; chez un chroniqueur anonyme (man.
de Copenhague, n^. 76, p. 108) on lit: {lisez v^JlJ?^) Ulli?^ l^\ ^jl\J>
<Si^yiJ\^ j.^LiêJÎ ^^A ^!^iLj ^^'^\^ {lisez v^àxJUCj'^) UjKjj
* Telliz, pg, teliz (caparaçon de cheval), telliza (courte-pointe, cou-
verture de lit). Ces mots sont bien d'origine laline; ils viennent de tri-
licium {trilix), en ital. Iraliccio, en fr. treillis, en esp. terliz; mais les
Arabes ont aussi reçu ce terme par l'entremise des Coptes, chez qui il
était devenu 6x\tç (voyez Fleischer, De glossis Hahichl., p. 71, et ajoutez
ce renseignement au Glossaire sur Belâdzorî de M. de Goeje, p. 19).
C'est d'eux que les Esp. ont emprunté les deux termes placés à la tête
de cet article, comme le monlrent les formes et les significations. Dans
les langues romanes le terme latin a gardé son sens primitif, celui de
550
sorle de toile; mais les Coptes et les Arabes ont donné à ùxKiq, ^j^Aù
{lillîs) ou ii*w.JLï {tillisa) celui de tapis grossier à diverses couleurs, qui
sert soit de caparaçon, soit de courte-pointe. Voyez mon DicL des noms
des vélem,, p. 369, 370, et ajoutez ces passages à ceux que j'y ai donnés:
P. de Alcala sous rnanta de cama; Mission historial de Marruecos , fol.
275 h: «Un ielliz , que es como un tapete basto;» Jackson, Account of
TimhuctoOy p. 23; Humbert, p. 204 (tapis bigarré).
* Tenarmini. C'est ainsi qu'il faut lire dans ce passage du Libro de
la Monteria d'Alpbonse XI (fol. 21 a): «de teliarmini média honça,» car
c'est l'arabe j^^^l qa^^ {tîn armint) , bol d'Arménie.
* Tereniabin (espèce de manne liquide qui vient de Perse) de ^a:^^j
{terendjobîn), qui vient à son tour du persan ^aJoJ» {terengobhi). Ma-
rina, Mùller.
*Teriaca peut être aussi bien l'arabe o^;-^' {l^ryâc) que le grec
ôy^piûcah. Mûller. Cf. atriaca.
Terides val. («ciertas navecillas sin remos, para Uevar cavallos» Rôs),
cat. et prov, larida, de l'arabe ëJu^l^ (tarîda) qui désigne un vaisseau
de transport. Voyez P. de Alcala aux mots galea et galeaça).
*Cf. Quatremère, Hist. des suit. maml. , I, 1, 144, 145. La forme
tarida se trouve aussi dans les Siele Parlidas d'Alphonse X, Part. II,
lit. 24, ley 7.
Tertil (impôt sur la soie à Grenade) de J-Abj» (teriU), dérivé de ratl,
livre, parce qu'on levait huit maravédis sur chaque livre.
ïiBAR, oro de tibar (de l'or pur), de l'arabe ^.aj' (tibr) qui désigne
la même chose.
* L'expression très-incorrecte, oro de tibar, a fait penser aux lexico-
graphes esp. (Tamarid, Cob. , Victor, Acad.) que tibar était le nom
d'une rivière! Sur les différentes acceptions du mot arabe il faut con-
sulter le lexique de M. Lane.
* ïiRAz b.'lat. (pas dans Ducange). C'est le nom d'une étoffe, comme
il résulte de ces passages empruntés à des chartes : « damadigas (dal-
matiques) duas, una deaurada et alia tiraz» (Esp. sagr., XXXVI,
p. xLiii) ; — «dalmaticam de tiraz» {ibid. , p. lxi) ; — «daluiatica de
ozoli una, et alia tiraze» {ibid.y XL, 409); — «et uno pano tiraze,
que dent ad Quintila» (S\ llosa sous tiraz) \ — «et uno lenzo tiraz,
et una almozala serica, et ulifaf» (le racmc sous alifafe), — «et una
551
almandra liraze » (le même sous almandra). Il faut lire de mémo chez
S". Rosa sous alveici , où ce savant a fait imprimer: «unum de alveci,
et alia lisaz. » L*arabe-persan ^\jJd (tirâz) désigne une étoffe de soie
très-riche, dont Ibn-Khaldoun a parlé fort au long. Les maisons ou
fabriques où on les tissait étaient renfermées dans les palais des califes;
aussi lit-on dans la traduction latine du calendrier de Rabi' ibn-Zaid,
publiée par Libri (Hist, des sciences mathémat. en Italie, I, 425); «Et
in ipso (dans le mois de mai) mittuntur et sericum ad tiracia;»
cf. p. 439, dern. 1.
* ToLDA J Cobarruvias a dérivé toldo du latin tholus, toit
* ToLDAR, entoldar [ en forme de coupole, et M. Diez a approuvé cette
* ToLDO ) élymologie en ajoutant que \e d a été inséré
comme dans Aiimilde de humilis; mais la signification ne convient nul-
lement, car toldo n'est pas un toit en forme de coupole ; c'est une
banne, une grosse toile qu'on tend sur une cour ou sur un bateau, pour
se garantir de l'ardeur du soleil, et aussi (voyez Cob.) un dais. L'arabe
>Su3 (dholla) , qui vient de dhill, ombre, a exactement les mêmes accep-
tions, comme on peut le voir dans Freytag; voyez aussi Maccarî, I,
236, 1. 20, 380, 1. 19; d'autres mots dérivés de la même racine les
ont aussi. De ce dholla on a fait, en insérant le d, comme dans hu-
milde de humilis, tolda («obra de panno que cobre os barcos, e navios
para abrigar do sol, e chuva a quem vai sobre a coberla,» Moraes),
puis le verbe toldar , entoldar, couvrir avec une tolda, en enfin toldo
dans le même sens que tolda,
ÏOMiN (sorte de poids; c'est, pour l'or, un huitième du castellano) de
^^ {Ihomn) , huitième partie.
ToRONGiL, val. tarongina (citronnelle, mélisse), de qL^JjJ {torondjân),
* ToBONJA (sorte de citron) de k^.j (torondja). Marina , Miiller.
Trujaman, val, torcimany, fr, dragoman, drogman , de qU:>j' (/rtr-
djemân , tardjomân , lordjomân) , interprète,
*TuRBiT, fr, lurbith, de Joj" (tourbed),
?.
* VisiR de ^-j^5 (wezit).
X.
Xabeca, xabega (grand filet de pêcheur), de icX/.^ (chabeca) , ftlel,
* Xabeque, xaveque, pg, xabeco, fr. chébeck. A présent on entend
sous ce mot un pelk bâtiment de guerre, en usage dans la Méditerra-
née; mais M. Jal {Glossaire nautique, art. chahek et enxaheque) a observé
avec raison que c'était autrefois une barque de pêcheur, ce qu'il prouve
par un passage portugais tiré de la Chronica do Conde don Pedro (XV^
siècle). Il se tient persuadé qu'il dérive de )iJUXi {chabeca) , filet (voyez
l'article précédent). Dans les dictionnaires de l'arabe classique on ne le
trouve pas, mais chez Bocthor, chez Marcel et chez Naggiar chébeck
est tiS'L^, chabbâc, chobbâc , ou selon la prononciation africaine, chabbéc
{chebbéc) , chobbéc. Le mot vient donc bien de la racine ti^A^, comme
l'a pensé M. Jal ; mais j'ignore s'il a eu raison de dire qu'il signifiait
dans l'origine filet; il faut faire un grand saut pour arriver d'un filet
à un bâtiment dans lequel il y a des pêcheurs avec des filets, et quoi-
que le mot donné par Bocthor et par Marcel ait la signification de filet,
il en a encore d'autres qui nous sembleraient peut-être plus convenables,
si nous possédions une description exacte de l'ancienne forme de ce navire.
* Xabi (espèce de pomme sauvage; — espèce de raisin de Grenade)
est l'adjectif arabe ^^*-*-à (cha'bî), car je trouve chez Checourî, Traité
de la dyssenterie catarrhale, man. 331 (7), fol. 198 r<*: ^%^,ij\ -L^-XJt
dos
^xiJ! j^^, «la pomme printanière qui est celle qu'on appelle cha'bt.»
Ce mot, qui est écrit dans le man. avec toutes les voyelles, n'est pas
dans les dictionnaires , et j'ignore pourquoi on a donné ce nom à une
espèce de pomme.
Xaloque. Voyez xirque.
* Xaque. p. Echec (au jeu des échecs). Le roi au jeu des échecs
s'appelle en persan «Ui (chah), qui signifie roi; de là xaque, et l'on
voit aisément que les expressions dar xaque, donner échec, etc., son-
tout-à-fait impropres. Le port, escaques, les carrés ou cases de Téchit
quier, est aussi inexact. Mais cette langue a conservé la véritable ex-
pression pour échec et mat, à savoir xamate ou xaque mate. C'est le
substantif persan chah et le verbe arabe oL^ (mât), le roi est mort,
353
car les Arabes, qui ont appris le jeu d'échecs des Persans, ont conservé
au roi le nom qu'il porte chez ces derniers ; voyez , p. e. , Harîrî,
p. 435, Aboulféda, Annal., III, 302, Maccarî, II, 745, 1. 6, Mille et
une nuits j I, 375, 1. 9 éd. Macnaghten, Ijocthor sous roi, Berggren sous
jeu. Au lieu de oU »'«ii (Boclhor et Marcel) ou oL/» «LiJi (Mille et
une nuits, IV, 195 éd. Macnaghten), on écrit aussi oU-^A (vers chez
Naccari, II, 673, 1. 1), et P. de Alcala a xehmêt (sous mate en et
axedrez). Chez les Italiens ce terme est devenu scacco mattOf tandis
que les Esp. disent xaque y mate. — 2^. En Aragon on donne le nom
de xaque ou xeque à chacune des deux poches d'une hesace. C'est
l'arabe oi^ {chacc ou chicc), qui s'emploie dans le même sens. — 3^
Xaque était aussi autrefois une manière dont les femmes peignaient et
arrangeaient leurs cheveux. Elles les laissaient tomber vers le milieu
du front, et les partageaient par une raie. Dans celte acception ce mot
vient de la même racine \JiJJ^ (chacca), qui signifie fidit , separavit,
Xaquima (licou) de x^.^.^ (chaqutma) qui désigne la même chose. Cf.
[* P. de Alcala et] Boclhor.
* Comme Freytag n'a pas celte signification, j'ajouterai qu'on la trouve
déjà dans un récit d'Abdérame III, qui vivait au X« siècle (apiid Ibn-
Haiyân, man. d'Oxford, fol. 30 v^). «Le domestique,» dit-il, «ayant
apporté une jolie chaqutma de soie, mon grand-père me dit: Prends-la,
Abdérame! Elle te sera de la plus grande utilité pour empêcher des
accidents comme celui qui t'est survenu aujourd'hui. Mets-la sous la
bride de ta monture (|»L:^Î c>v-:5^j \^i\ô Uï^^) et prends-en le bout
dans ta main quand lu en descends; alors elle ne pourra pas s'enfuir.»
Xara (ronce) de i^î^*..;i {chaWa) que P. de Alcala traduit par mata o
breha,
* Aussi pour c^^ {char'), la loi des Maures , llernando de Baeza (dans
Mûllcr, Die Ictzten Zeiten), p. 61, Marmol, Rehelion de los Moriscos ,
fol. 22 b.
•Xarapim, xcrafim pg. (monnaie dans les Indes orientales qui vaut
environ trois cents reiSy Moraes) est j^àj^-îi {chartft) ou ^^y^S (acAraft),
mots qui manquent chez Freytag, mais qui désignent une monnaie d'or
(:=: dinar) dont il est souvent question dans les Mille et une nuits ;
voyez M, Fleischer , de Glossis Jlabicht,, \\ 26, 27, et dans son édition
45
554
des Mille cl tme nuits, IX, Préface, p. 19, 20; ajoutez ces exemples
lires du recueil que je viens de nommer: VII, 44, 280, IX, 209, 210,
214, 217, 223, 226 éd. Habiclit-Fleiscber; dans presque tous ces pas-
sages, l'édition de Macnaghten porte dinar au lieu de charifz, Ambroise
Zeebout, le chapelain du sieur de Gbistele, avec lequel il visita l'Orient
en 1481, écrit sera/, qu'il explique par ducat, et il dit qu'on se servait
de cette monnaie à Tauris aussi bien qu'en Egypte (Tvoyage van Mher
Joos van Ghistele, p. 6, 311). Cbez Baumgarlen, qui visita l'Orient
vers l'année 1506, on lit {Peregrinatio , p. 23): «quinquaginta aurei,
quos illi serapbos vocant.» Léon l'Africain (Descriptio Africae, p. 638
etc.) écrit 5ara^ (= aureus, au Caire) et Marmol (Descripcion de Affrica,
III, fol. 110 c) çarafi ou (III, fol. 111 c) xarafi. Rauwolf (Aigentliche
Beschreibung der Reisz , p. 268) dit que le saraffi ou ducat valait deux
florins. Thévenot [Voyage au Levant, I, 521) dit en parlant des mon-
naies dont on se servait de son temps en Egypte : « Le sequin turc ,
qu'ils appellent Scherif, vaut septante raaidins. » Aujourd'hui le charifî
est rare en Egypte, où sa valeur est un peu au-dessous du tiers d'un
livre sterling, comme on peut le voir cbez M. Lane, Modem Egyptians,
II, 299. Boctbor a charifî sous seqtnn, et achrâfî (sic) sous jeton d'or.
Xaraiz (pressoir) ?
"^ C'est de cette manière que l'Acad. écrit ce mot dont l'origine m'est
inconnue. Dans le petit glossaire de Berganza (Anlig. de Esp. à la fin)
c'est xaeriz; dans le titre d'une loi des Siete Partidas (Part. V, Tit. 5,
ley 31) xaharices au plur. , avec les variantes xarafices et xarahices;
puis, dans la loi même, xaliariz au sing., sans variante.
"^ Xarel pg. Voyez girel.
Xaretas (rets ou bordages, faits de cordes ou de grilles de bois, qui
couvrent les soldats d'un vaisseau pendant le combat) de '»hijù, (chartta)
que P. de Alcala traduit par cuerda de nave. On le trouve avec cette
signification [^ à savoir, avec celle de corde], qui manque dans les
lexiques, chez Ibn-Djobair, p. 166, et dans le Carias, p. 36.
"^ Comparez le Glossaire sur Edrîsî, p. 327. L'autre xareta [gaine,
ourlet creux à passer un cordon, pour attacher une jupe) a la même
origine.
Xarifo, fem. xarifa (pimpant, paré, bien mis), de vji.j«^ [chartf),
noble, excellent.
Xariko b.'lal, de l'arabe «ioyi (charic) qui signifie associé. «Ce nom,
qui est Téquivalent du hospes des lois germaniques, élait commun au
propriétaire et au paysan cultivateur. Le dernier rendait au premier
quatre cinquièmes des récolles,» M. Dozy, Recherches, I, 87 de la 2«
édil. ; cf. le Glossaire sur Ibn-Adharî, p. 15, 16.
* Dans les docuraenls lalins de l'hisloire aragonaise, ce mot, qui y
est écrit aussi exarichns, exaricus, exarich , excricus et asarihe, désigne
conslararaent le colon partiaire; voyez Ducange sous cxcnichus , Esp.
sagr., XLIX, 154, 157, 566, 382.
* Xarragui. a vrai dire nous ne connaissons ce mot que par Cobar-
ruvias qui donne: «xarragui, Arâbigo, buerlas de rccreacion.» Selon
l'Acad. il est lout-à-fait hors d'usage. M. Millier croit y reconnaître
l'arabe ^\/^ (charâquî) , qui manque dans les dictionnaires, mais qui,
comme l'attestent les auteurs cités par le savant bavarois , à savoir
Macrîzî, I, 100 édit. de Boulac, Abdallalif, p. 550, Lane, Modem Egyp-
tians, II, 52, désigne les terres arrosées artificiellement parce qu'elles
sont trop hautes pour que l'inondation du Nil puisse les atteindre. Je
dois avouer que celle étymologie ne me paraît pas admissible. En
premier lieu la signification n'est pas du tout la même, les charâqiiî
n'étant pas des jardins. En second lieu je ne crois pas que ce mot ait
été en usage en Espagne; on ne s'en sert qu'en Egypte. Cependant
je ne proposerai pas d'autre étymologie. Pour pouvoir le faire sans
danger, il faudrait posséder d'autres données sur le mot esp. que le
maigre renseignement fourni par Cobarruvias, et avoir la certitude que
ce n'est pas un nom propre, car oiHj-^î u^^^^ {ar-raudh ach-charic)
dans un vers que cite Maccarî (I, 512, dern. I.) semble réellement un
nom propre.
* Xelma (Sousa et Moraes), xalma (Vieyra) pg, (ridelle, chacun des
deux côlés d'une charrette, qui sont faits en forme de râtelier), de
Am (sollam), échelle, selon Sousa. En effet, une ridelle est une espèce
d'échelle, et en allemand une charrette à ridelles s'appelle aussi Lei-
tenvagen , littéralement, charrette à échelle.
"Xe.'sabb, xanable, axenable (Lihro de la Monteria, fol. 26 d) (mou-
tarde), de ^J^i^ {cinâh) qui vient à son tour de (rhxTn.
Xeque de gwfc^ (cheikh), un cheikh.
XiRQUK (veut du sud-est) de ^éjî!:» (charqui), l'adjectif de charc, l'orient.
356
A l'italien sirocco et au portugais xaroco, xarouco il faut attribuer la
même origine. L'espagnol xaloque semble aussi une altération du même
mot arabe.
*Ce xaloque est revenu aux Arabes, mais leur charqui avait telle-
ment changé en route, qu'ils ne l'ont pas reconnu. Ils l'ont prononcé
chalouc f chelouc , cholouc, avec cette incertitude dans les voyelles que
les mots étrangers ont ordinairement chez eux, et ils l'ont écrit avec
le «5 , yS^Uiv. Déjà P. de Alcala a xuliiq sous viento entre oriente y ans-
iro ; l'orthographe en caractères arabes se trouve chez Bocthor et chez
Berggren sous siroc, mais Naggiar et Delaporte {Dialogues , p. 33) écri-
vent ^^H^, et on lit chez Palgrave (Narrative of a year^sjourney through
Arabia, I, 17): ashelook, modifîed form of the semoom, the sirocco of
Ihe Syrian waste , though disagreeable enough , can hardly be termed
dangerous. »
*XucLA (point voyelle dans l'écriture arabe) «en arabe J.<^ (chacl) ,
chez les Grenadins choucla, xucla; cf. P. de Alcala, Arte, etc., fol. 11
v°, 21 , et xacla^ fol. 20 V*. » Mûller. — Ce XJI^^, au plur. J^îCx;, se
trouve aussi chez Ibn-Batouta, I, 11, où il faut prononcer J.îC^JL,i, et
non pas J^^CÀJL , comme l'ont fait les éditeurs , car le sens exige un
pluriel. Ibn-al-Baitâr, dans sa préface (I, p. viii), dit de même en
parlant des mots berbères et espagnols qu'il donnera dans son livre:
«Je les écrirai iaiîÂit^ J.^^iL avec les voyelles et les points.» De là
le verbe xuclar, munir de points voyelles , qu'emploie Alonso del Caslillo
(dans le Mem. hist. esp,, III, 25, 36).
z.
Zabacequias (regidores de agua) de iC/îL.w.JÎ \^>l^ {câhib as-scquiya) qui
signifie inspecteur de la acequia. Voyez ce dernier mol.
Zacatln (petite place). Acad.: «ïamarid dice, que en Arâbigo vale
lo mismo que ropavcjéro. Pudo llamarse assi la Pla^uela , por eslarles
seilalado esse sitio. » Un fripier (ropavejéro) s'appelle en arabe Jo^a»*
(saccât); le mot espagnol en question me semble donc être une altéra-
lion de souc as-saccâttn, ^AbU^ii ^j^aw, «le marché des fripiers.»
"* Dans une lettre que j'ai reçue do lui , M. E. remarque avec raison
357
que zacalin est as-saccâlin seul, saus soiic, et que, dans le langage or-
dinaire, les endroits où demeuraient les personnes qui exerçaient les
différents métiers, se nommaient d'après le nom, mis au plur. , de ces
ouvriers. Il cite Ibn-al-Alhîr , X, 122: I^^-ac^ ^A*.L5=uii L-*i2-ji ^y'^j^^^
^La'îil ^y «ils brillèrent aussi le nahhâsin (c.-à-d. le quartier des waA-
hâsin^ des chaudronniers) et d'autres endroits;» et il ajoute, ce qui est
vrai aussi, qu'on trouve chez P. de Alcala plusieurs exemples de cette
manière de s'exprimer. Comparez encore Ibn-al-Coutîya (man. de Pa-
ris, fol. 28 V"): b^x^ ^t ^^Uaiij'u ^-t^J^i ^ J^xï, «on lui dit: on a
trouvé, dans le Caççàbîn, un cadavre dans un panier*,» où al-Gaççâbîn
1) Le mot s-ovl (car telles sont les voyelles du man.), chaira ou cheira , qu'Ibn-al-
Coutîya emploie ici et dans la suite de son récit, signifie sans doute panier , car plus
loin le texte porte que le préfet de police se fit amener tous les ouvriers eu sparte
(.•.j.LA^Vjt ; ce mot, qui manque dans Freytag , est espartero chez Âlcala, qui storeas
conficit chez Dombay, p. 103, nuttier chez Roland de Bussy) et qu'il leur demanda:
^jisju J.-*.xi <*Xa:2*J v-i-*.J *^\ iwAA.CiXv<J oLàiiJî^ oL^/iiJî J.-.4.-.C, «Fait-on toujours
les chairà's et les corbeilles de la même manière, ou bien chacun de vous est-il en état
de reconnaître le travail de son confrère?» On voit qu'ici chaira est le synonyme de
coffa (esp. alco/a) ou couffa, corbeille. En effet, chez P. de Alcala xâyra ou xèyra,
avec le pi. xaguâir ou xeguâir ^ est cofm, panera para guardar pan et sera de esparto.
Dans le Dictionnaire berbère on trouve: «Paniers doubles qui servent aux transports ù
dos d'âne ou de mulet, j^»|^^î> achouari.r> M. Cherbonneau (dans le Journ. asiat.
de 1849, I, 545) donne ^sAyXi comme le sing. et iCjj.!^.ii comme le plur., et il ex-
plique ce terme par « panier double en diss (herbe) , pour charger les mulets. » Chez
Roland de Bussy «paniers pour les mulets» est ;^jU»w. Dans l'ouvrage de Chénier
{Recherches sur les Maures j III, 90) on trouve qu'on fait avec les feuilles du doum
«des chouaris, ou grandes besaces pour transporter les grains.» Le colonel Scott {A
journal 0/ a résidence in the Esmailla 0/ Abd-el-kadcr , p. 220, cf. p. 224) parle de
«baskets or schwaries^» et M. Espina (dans la Revue do l'Orient et de PJlg. ,XH1, 14^1)
nomme parmi les ouvrages de sparterie «des chôria. » Selon M. Carette (Etudes sur la
KabiliOf l, 284, II, 330) des choudri sont des sacs do charge; M. KohUs {A/rikanische
Reisen, p. 4) écrit schueri (« grosse Strohkorbe an den Seitcn der Pferde»), et Riley {Loss o/tho
American brig Commerce ^ p. 305, 306) a donne une description détaillée des shwerry ,
comme il écrit. De tout cela il résulte que la signification du terme qu'emploie Ibn-al-
Coutiya est certaine, et ce qui ne Test pas moins, c'est qu'il faut le mettre eu rapport
avec les mots e»p. sera (pg. ceira ou seira) y panier de sparte, et sarria (aussi catal. et
558
est le quartier où demeurent les caççâh ou bouchers; Kilâh akhbâr al'
'açr (dans Millier, Die letzlen Zeilen, p. 5): iCiL*ûJi ^Jî Jw-a-m^JÎ J^o^^
•J^A*.*^! ^yd ^i5J3 ^a£^ j^jj>i^:5^l^ , où aç'çâga et ul-haddâdin désignent ,
comme on voit, les bazars des orfèvres et des forgerons ; Marmol (Descripcion
de Affricay II, fol. 94 6): «El Cacarin {= ^j^Iao»:!) donde estan los que
blanquean y curan los lienços. » De même TAlbaicin à Grenade s'appe-
lait proprement qj;LaJî ija^j (rabadh al-baiyâztn) (Ibn-aUKhatîb, raan.
de Paris , fol. 5 r°) , mais ordinairement on disait al-baiyâzîn tout court.
* Zafa (écuelle) de nà^^u? (çahfa) ; même sens.
Zafari adj., pg, romaa safaria (grenade dont les grains sont carrés).
Une grenade s'appelle en arabe rommân, et en Espagne une espèce de
grenade très-renommée portait le nom de romrnân safari j^^â^ ; il en
est question chez Maccarî , I, 123, 1. 7. Nous savons par un passage
d'Ibn-Haiyân , cité par Maccarî, I, 305, que ces grenades ont leur nom
d'un certain Safar ibn-'Obaid al-Kilâ'î, qui en avait planté le premier
dans son jardin. [* Dans l'excellent man. de VHist. des cadis de Cor-
doue, que possède la Bibl. d'Oxford, le nom propre de ce contemporain
d'Abdérame F est jku, (Safr) (p. 221 ; cf. le vers dans Maccarî, 1,305,
1. 20), et l'adjectif ^/^ {safari)].
Zafareche (étang) et zafariche (endroit où l'on met des cruches pleines
d'eau). C'est sans doute de ^.-^ (cihridj) , «étang,» qu'il faut déri-
ver ce mot dans l'une et dans l'autre signification. Le lieu au-dessous
prov. , a. fr. sarrie, basque sarrea)^ sorte de filet de jonc pour transporter la 'paille. Par
conséquent on se demandera peut-être si je n'aurais pas dû noter ces mots dans le texte
sous la lettre S. Je répondrai que je n'ai pas osé le faire. Les mots romans dont il
s'agit ne sont pas d'origine arabe, car les lexiques ne donnent rien qui ressemble à
a^A,w, panier y et l'arabe n'a pas même de racine ^;i. Ils pourraient être d'origine
berbère, et dans ce cas j'aurais dû leur consacrer un article; mais quoique je ne nie
pas la possibilité d'une telle origine , je ne suis pas en état de la prouver. M. Diez
compare l'ancien allemand jaAar (jonc , sparte) et le bas-latin sarex pour car ex (jonc);
on pourrait penser aussi à une origine basque. En un mot, l'étymologie de ces termes
romans me paraît encore tout>à-fait incertaine; mais ce qui en tout cas est fort remar-
quable, c'est que déjà à l'époque où écrivait Ibn-al-Coutîya , c'est-à-dire, au X*' siècle,
le terme en question avait acquis droit de cité dans le langage des Arabes d'Espagne.
Ce qui l'est aussi, c'est qu'il est encore eu usage dans tout le Word de l'Afrique.
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tlu huiïel où Ton niellait les cruches clait probablement rempli d'eau
pour les tenir fraîches.
*M. Defrémery observe: «Celte conjecture est exacte, sauf que za-
fareche a été formé du pluriel fo^L^AO (çahârîdj), et non du singulier.»
Je dois remarquer à mon tour que cette observation serait vraie si le
peuple prononçait réellement cihrtdj , comme donnent les dictionnaires
de la langue classique et comme écrit M. E. ; mais il n'en est pas ain-
si: le peuple prononce çahridj (Bombay, p. 95, cf. Berggren sous citer-
ne), ce qui en esp. donne régulièrement zafareche ou zafariche. Au
reste il faut encore observer que la forme port, est chafariz [fontaine),
* Zaferia (hameau, ferme, métairie) de?
*Zafio, pg, safio (rustre, grossier, ignorant), est sans aucun doute,
avec le changement du djim en ^ ou 5 (cf. l'Introd., p. 17), l'arabe
^^L> (djâfi) qui a absolument le même sens ; cf. le Glossaire sur
Edrîsî, p. 278.
* Zafre (poudre de bismuth qu'on emploie dans les fabriques de
faïence). Comme le bismuth est un demi-métal d'un blanc jaunâtre,
je pense que ce mot vient de la racine Jo^ (ç-f-^) q^i exprime l'idée
de jaune. Açfar est jaune, çofr, du cuivre jaune , et chez P. de Alcala
aussi herrumbre (rouille ou scorie du fer),
Zaga, azaga (arrière-garde), de xïlA^(sâca), «postrema parsexercilus.»
* Zaga a celle signification dans la Chanson du Cid (vs. 454, 457),
et aussi en vieux pg. (voyez S^ Rosa sous çaga , Moraes sous saga).
Les autres acceptions de ce mot s'expliquent aisément quand on connaît
celle-ci.
Zagal (jeune homme fort , vigoureux , courageux (aussi en valencien ,
voyez Rôs); jeune berger subordonné au rabadàn ou maître berger) de
^\^ (zagal) qui désigne un jeune homme courageux. Ce mot, qui man-
que dans les lexiques, se trouve chez P. de Alcala aux mots osado,ani^
moso fucrte , grande en coraçon, poderoso en la guerra, [* bivo con vi-
gor , ombre valiente, poderoso en armas, valienle] ; de plus il nous donne
un autre mot arabe de la môme racine, à savoir iL.JL£: (zogla), qu'il
traduit par osadia , grandeza de coraçon, embravecimiento , [* animosidad ,
atrevimiento , iJLê;j feroçmcnte]. Pour ôler tout doute à l'égard de ma
transcription en caractères arabes, il me suffira de citer deux passages
de Maccarî, IF, 800, I. G, et 803, 1. 19, où on lit qu'Abou-Abdallah,
360
ordinairement nommé Boabdil, l'oncle de Boabdil el cliico, portail le
surnom de ^}J^y\ (az-zagal).
* Marmol {Rehelion de los Moriscos, fol 15 6) dit en parlant de ce
Boabdil: «llamaron al tio Zagal , que es nombre de valiente. » — Peut-
èlre y a-t-il du rapport entre ce mot et le Jj-Lc; {zogloul) de Tarabe
classique, léger, actif, en parlant d'un homme, enfant, un homme qui
manque de dignité (voyez Freytag et Lane), chez Ibn-al-Khatib (dans
Millier, Beitrdge, p. 50, 1. 2 a f.) garçon d'auberge,
Zaguan. Voyez azaguan.
* Zaguaque. Je ne trouve ce mot dans aucun dictionnaire excepté
dans celui de Victor, qui le traduit par encan, criée, Marmol l'emploie
en ce sens quand il dit (Descripcion de Affrica , III, fol. 111 b): «Ven-
den papel liso, y brunido , y los que lo venden tienen tambien ricas
joyas y preseas, que se venden en zaguaque por un pregonero que las
trae de una tienda en otra, hasta que se rematan. » De là le verbe
zagnacar et le substantif zaguacador chez Marmol (II, fol 94 c): «Ay
en Fez una alhondiga que llaman de la fructa donde acude toda la frucla
que se vende en la ciudad: y alli traen las seras en almoneda por mano
de los çaguacadores que diximos que çaguagan en el alcayceria. » Ces
mots viennent de o!>^ (sauwâc). Dérivé de souc, marché, sauivâc dé-
signe un homme qui se trouve habituellement sur le marché, un mar-
chand (Dombay, p. 104, «marchand en détail,» Humbert, p. 100), ou
bien un crieur , un homme qui vend à la criée, un zaguacador (l'une
et l'autre signification manquent dans Freylag). C'est donc abusivement
que les Esp. ont employé zaguaque dans le sens de criée,
* Zaharron. Voyez mascara.
^Zahenes, zayenes, zaenes, acenas, hacenes, zayenes (doblas) (ancien-
nes monnaies d'or). Ce mot, sur lequel on peut consulter Saez, Valor
de las monedas (passim), vient bien du nom propre ^^^L»; [Ziyân ou
Ziyèn) , comme l'a dit M. de Gayangos (dans \QMem.hist.esp,,\,oo^),
mais les monnaies en question ne doivent nullement leur nom, comme
il le prétend, à un roitelet de Valence qui s'appelait Ziyén. Elles ont
été nommées ainsi d'après les Beni-Ziyén qui, pendant plusieurs siècles,
ont régné sur Tlemcen. Diego de Haedo (Topografia de Argel,îo]. 24 c)
l'atteste expressément, quand, après avoir parlé des monnaies d'or ap-
pelées ziana et tnedia ziana, il ajoute: «estas suertes de monedas, ru-
361
Lia, nieilia ziana, y ziana, se labran solamenle en Tremccen.» Cer-
vantes (Don Quijote, P. I, c. 40) parle aussi de celle monnaie quand
il dit: «diez cianiis, que son unas monedas de oro bajo que usan los
moros, que cada una vale diez reaies de los nueslros,» et d'anciens dict.
français donnent siam comme le nom d'une monnaie en usage à Alger.
Zahinas (bouillie claire) de JUxi^,^ (sahhinà) que P. de Alcala traduit
par çahinas de hmina et par harinas gâchas para corner.
*Zahora, zahorar. Nuilez traduit le substantif pdiV bacchanale, dé-
bauche bruyante, et le verbe par avoir des bacchanales. Anciennement
ce terme ne se prenait pas en aussi mauvaise part. Il vient de jy<^^
{sahôr) , repas après minuit dans le mois de i?awa(//iaw (Humbert , p. 15);
les Mauresques écrivaient çohor et ils ont formé de ce substantif le verbe
çnhorar ou çahorar (voyez le Mem, hist. esp., V, 438, 459). L'archi-
prêtre de Hita emploie aussi zaherar dans le sens de manger pendant
la nuit, quand il dit (copl. 282):
Desque te conoci, nunca te vi ayunar ,
Almuerzas de manana, non pierdas la yantar,
Sin mesura meriendas, mejor quieres cenar,
Si tienes que, 6 puedes, a la noche zaherar,
Sanchez, dans son glossaire, n'a pas du tout compris le mot: il pense
qu'il signifle prendre haleine. Au reste , comme les musulmans pren-
nent après le jeune un repas très-copieux — «ils se soûlent jusques
au crever,» dit le missionnaire Roger [La terre saincle , p. 229) — on
voit facilement pourquoi ce mol a reçu le sens indiqué par Nuûez.
«Pendant le Ramadbân,» dit M. Wingfleld [Under the palms in Alger ia
and Tunis, I, 221), «aussitôt que le soleil a disparu derrière les mon-
tagnes, on rattrape le temps perdu en se plongeant dans une débauche
bruyante, en mangeant, en buvant, en chantant.»
ZAHoni («ingénieux qui disent voir ce qui est sous la terre, qui dé-
couvrent les sources des eaux, les mines et trésors,» Victor; a per-
sonne qu'on suppose avoir la vertu de découvrir tout ce qui est caché,
même sous terre, pourvu qu'il n'y ait point de tapis bleu par-dessus,»
Acad.). Si ce mot est d'origine arabe, ce que je n'ose pas affirmer, il
faut le dériver de y>L* (sâhir) , sorcier, ou bien d'une forme sahourî
l5;>^^ (?).
" Ce mot a une tout autre origine , mais M. E. est fort excusable de
46
562
ne pas l'avoir Irouvéc. C'est ^y^^ (zohart), qui n'est pas dans les
dicl. , mais qui, selon Ibn-Khaldoun {Prolégom,, I, 209, 1. 2) signifie
fjéomancien. Cet auteur ajoute que ce nom, qui signifie proprement
serviteur de la planète Yénns (en arabe ëj^jit , az-zohara) , a été* donné
aux géomanciens par les astrologues, «parce qu'il y a une grande ana-
logie entre leurs procédés et la manière de reconnaître les indications
par lesquelles, dit-on, cette planète guide vers la connaissance des cho-
ses cachées celui qui prend les nativités pour base de ses opérations.»
Zaida de îIwXaaw (saiyida), seilora.
* Cobarruvias donne bien zaida en ce sens, mais comme un mot ara-
be. En castillan il n'a jamais désigné autre chose qu'une sorte de hé-
ron , ou de petite grue. Le héron porte chez Bocthor le nom de SÛto
•t55^4..v- {çaiyâd samac) , c.-à-d., pêcheur, parce qu'il se nourrit de pois-
sons. Zaida doit avoir la même origine, et je pense que c'est bAjLad
(çâida), le féminin de çâid, pêcheur,
* Zaino esp, pg, ilaL , /r. zain (cheval tout bai , sans aucune marque
de blanc). Tout le monde veut que ce mot soit arabe, mais personne
n'en a donné une étymologie plausible. Serait-ce une altération de ^^ao!
(açamm) qui, chez Bocthor, signifie zai7iF Chez Martin {Dialogues,
p. 98) *AO j4.^\ est bai'brun.
Zala (dévolions, prière) de »^ (calât), la prière,
* Zalama. Voyez zalema.
^ Zalea (peau de mouton préparée sans ôler la laine) de iC:>^jw {sa-
lèhha), qui, comme l'a observé M. Miiller, signifie chez P. de Alcala
cuero pelleja con pelo ; j'ajouterai qu'il donne le même mot sous pelleja
de animal et sous piel o pelleja. Dans l'arabe classique une pean de
mouton s'appelle ^çJ<^ {salkh).
Zalema (révérence, salut respectueux) de ^)i^ (salâm on salém) , salut ,
ou bien de l'expression salâm 'aleic, qui signifie salut sur toi!
^ Comme les flatteurs prodiguent les salamalecs , zalama et zalamerîa
ont reçu le sens de flatterie, adulation outrée; hacer zalamerias , cajo-
ler, flatter, louer pour obtenir, pour séduire; Victor a en ce sens ha-
cer zalémas , «faire des révérences, faire des simagrées comme font les
flatteurs,» etc.
* Zalona («vaisseau et mesure de poids contenant douze livres d'huile,»
563
Victor; «grande cruche,» Acad.). On s'étonnera peiit-ôtre quand je dis
que ce mol andalous vient de 8.>. (djarra) ; mais je crois pouvoir jus-
tifier celle assertion. Observons d'abord que la djarra ^ en esp. jarra,
était destinée à contenir de l'huile, car on lit dans un privilège d'Al-
phonse X (apud Capmany, Memorias sobre la marina de Barcelona, II,
40): «cada jarra daceyle que los mercaderes Catalanes compraren en
Sevilla,» et dans un document catalan de 1331 {ibid. , p. 412): «dues
gerres olieres. » Quant au changement des lettres , le js se substitue
au djim (voyez l'Introd., p. 17); aussi l'esp. jarra est-il dans l'an-
cien pg. zatra; et le r se change en /, ces lettres étant du même
organe. Djarra peut donc devenir zala y et comme ce mot désigne une
cruche ordinaire, tandis que celle dont il s'agit est très-grande, les
Esp. y ont ajouté leur augmentatif ona, comme de jarra ils ont formé
jarron (grande cruche).
Zamboa, [*azaniboa, acimboga] (espèce de citron, cédrat) de iCc^-A-i:
(zanbô'a). Ce mot arabe, qui manque dans les lexiques, se trouve chez
Maccarî, II, 144, et P. de Alcala le traduit par toronja.
* Ce mot semble d'origine berbère ; voyez le DicL berbère sous citron.
On le trouve aussi chez Ibn-al-'Auwâm , I, 523 et ailleurs, et chez M.
Cherbonneau, dans le Journ, asial. de 1861, II.
Zambra (fête nocturne des Mauresques) de b^^Ia« {sdmira) qui désigne
des hommes qui passent la nuit ensemble en se racontant des contes
asâmir [* ?] , du genre de ceux que nous lisons dans les Mille et une
nuits.
'Cette étymologie est nouvelle, si je ne me trompe, car Cobarruvias,
Marina et M. Diez * avaient dérivé zambra, non pas de la racine ^m*
(samara), mais de la racine yo; (zamarà). Elle me semble loin d'ctre
heureuse. M. E. s'est formé une idée fausse d'une zambra. Ce n'était
nullement ce qu'il pense, mais une fête où l'on faisait de la musique
et où l'on dansait. Par le plaidoyer de Francisco Nuilez Muley en fa-
veur des Mauresques, rapporté par Marmol (Rebelion de los Moriscos,
fol. o9b), on voit clairement que le mot désignait \^^opremeni une bande
de musiciens. Selon ce Mauresque, le célèbre Ximenez aimait que les
zambras accompagnassent le saint sacrement pendant les processions de
1) Dans sa 2<^* édition, co dernier a aubsi incnlionné rupiiiiuii de M. L.
364
la Fête-Dieu et à roccasion d'autres fêtes de l'église, «donde concur-
rian todos los pueblos à porfia unos de otros quai mejor zambra sacava,
y en la Alpuxarra andando en la visita, quando dezia raissa cantada,
en lugar de organes, que no los avia, respondian las zarabras , y le
acompailavan de su posada à la yglesia. Acuerdome que quando en la
misa se bolvia al pueblo, en lugar de Dorainus vobiscum, dezia en Arâ-
bigo: ybara ficun [^h '^^i-^:^] > y luego respondia la zambra.» Grâce à
ce passage, la dérivation de la racine zamara, qui signifie jouer sur un
instrument à vent, est mise hors de doute. La raison pour laquelle
zambra a aussi reçu le sens de danse ou bal, a déjà été expliquée fort
Lien par Cobarruvias. « A la rigueur , » dit-il , « zambra signifie musi-
que d'instruments à vent ; on Ta appliqué à la danse , parce que l'on
danse au son des larigots et des flûtes. » Chez Gongora c'est l'air pro-
pre à une certaine espèce de danse :
Taïïa el zambra la xabeba,
Falala laila.
Une seule question nous reste à résoudre: quelle est la forme du mot
en arabe, car jusqu'ici nous n'avons parlé que de la racine? Les dic-
tionnaires ne l'ont pas; la chose elle-même ^ comme Francisco Nuilez
Muley le dit dans son plaidoyer, était particulière aux Mauresques; il
n'y avait pas de zambras , assure-t-il, ni en Afrique, ni en Turquie;
«es cosa de provincia;» il n'est donc pas étonnant que le terme en
question ne se trouve pas dans les lexiques. La comparaison de alfom-
bra, alhambra, rambla, nous conduirait à la forme sL/oj, zamra; mais
je n'ai jamais rencontré un tel mot et je doute de son existence. Je
crois donc devoir entrer dans une autre voie. Ainsi que je l'ai dit plus
haut, zambra désigne proprement des musiciens, une bande de musiciens.
Or, P. de Alcala, chez lequel zamr est: instrument de musique en gé-
néral, traduit harpador, juglar et tanedor de flautas par ./uU , zâmir
(qu'il prononce zimir) , et chez lui le plur. de ce mot est zamâra. Je
ne vois pas pourquoi il écrit un a long, car le participe zâmir devient
au plur. \ijA\, zamara, avec le a bref (cf. de Sacy, Gramm, ar.,l, 362).
Celle forme zamara est celle dont la signification convient : musiciens ;
je crois donc que c'est elle qui a donné naissance au mot esp. Quand
on prononce très-rapidement le second a , zamara devient régulièrement
zambra.
565
*Zamor b^'lal. (pas dans Ducangc). Dans une donation du X" siècle,
publiée dans VEsp, sagr. (XXXI V, 455), on lit: «Casuiulas X. una ver-
micula in una tela duobus faliehus, alia zaraor vermicula, lerlia de al-
goton.» C'est l'arabe ^^4.*- {sammôr) , zibeline.
* Zaqub (petite outre à mettre du vin) de ^j (zicc) qui a le même
sens; chez P. de Alcala la voyelle est aussi a. Muller.
Zaquiza5Ii («le lambris d*une maison, plancher fait de lambrissure,»
Victor) de ilè^î ^ ^i^ {sacf fVs-samd, ou suivant la prononciation
espagnole samt) qui désigne exactement la même chose. Cf. P. de Al-
cala in voce.
*Dans le Glossaire sur Edrîsî (p. 319), où j'ai traité fort au long
de ce mot, j'ai dit que P. de Alcala a fait une faute dans l'article cité
par M. E. , que son fi est de trop, et qu'il écrit correctement çaqfçamt
sous techo de çaqiiiçami. C'est U^ ^^s.^^ [sacfi samt) = ^L^..^^ v^Jua«
dans l'arabe littéral, plancher plafonné. Dans la langue vulgaire, quand
il y avait annexion d'un complément, le nom qui sert d'antécédent se
prononçait quelquefois avec le kesra ; j'en ai cité plusieurs exemples.
* Zarabia (pas dans les dict.) Voyez carabia.
Zaragatona, zargatona (herbe aux puces), semble être une altération
de Li^ jji {bazr catônâ) , «plantage psyllium,» Ibn-al-Baitâr, I, 152,
« herbe aux puces , » Boclhor.
* Ce mot se trouve aussi chez Avicenne (I, 101 , 1. 20) , dans le
Mosta'înt (sous le v)> chez Ibn-al-'Auvvâm, II, 619, et chez Berggren
(p. 871); d'autres citations se trouvent dans le Glossaire de M. de Jong
sur le Lalâïf al-ma'ârif de Tha'âlibî, p. xxxiii ; mais jusqu'à présent
on a écrit li^ ^^j en deux mots et l'on a considéré le premier comme
l'arabe bazr (semence). Cette opinion est désapprouvée par Ibn-al-
Hachchà dans son Glossaire sur le Mançourt (man. 551 (5), fol. 155 v'';
vjj jw ^ ^^M^ J>5 y^^)' Selon cet auteur c'est un seul mot iTij.Liî\L
ou Ijjhijji (avec ou sans le medda) , et la première partie n'est pas plus
arabe que la seconde. Il semble en effet d'origine persane. — Au reste
la première syllabe de bazar , comme prononçaient les Arabes d'Espa-
gne, a déjà été supprimée par ces derniers, car P. de Alcala traduit
zargatona par zarcalôna,
Zaraguelles, pg. écroulas (sorte d'anciennes culottes plissées) , do
566
Ju^ljA^ {sarâwil) , pi. de Jt^^^ (sirwâl) , culolle. Cf. M. Dozy , DicL des
noms des vêt., p. 203 et suiv. Au portugais zarelo (S\ Uosa) il faut
donner la môme origine.
Zaratan (gangrène) de qI^^^-w (saratân) , « cancer. «
Zarca (femme aux yeux bleus) de i^Lï^j (zarcâ) qui a le même sens.
De ce zarca on a formé le raasc. zarco.
* Zarragatin (revendeur, brocanteur) me semble une altération de qaLLûa«
(saccâltn), plur. de saccât, qui a le même sens. Sur la forme du plur.,
que ce mot a en esp. , on peut voir ce que j'ai dit à l'art, alhaquin.
Cependant on pourrait aussi dériver zarracalin de ^^^-^ (sacalî) qui est
le synonyme de saccât; voyez le Glossaire de Habicht sur le VII« vo-
lume de son édition des Mille et une nuits, et surtout la note de M.
Lane dans sa traduction de cet ouvrage, II, 328, n. 88.
Zarzahan (sorte de soie flne fabriquée par les Maures) de qI-^^jj
{zardahân), comme écrit P. de Alcala, cbez Ibn-Batouta i;jL3>j>^j {zar-
dakhâna); voyez M. Dozy, Dicl. des noms des vêt,, p. 569.
* Ibn-Batouta, ainsi que je l'ai dit, écrit ailleurs ^_^.iL>j^^j {zarda-
khânt) ; c'est le sarsani de Gonzalez de Ciavijo, Vida del gran Tamor-
lan, p. 161 , 1. 23.
*Zatali (pas dans les dictionnaires) était à Murcie le nom d'un fruit,
car je lis chez Cascales (Discursos hist. de Murcia, fol. 266 6): «naran-
jas, limones, limas, acimbogas, cidras, çatalies, i otros muchos frutos
deste genero. » Ce mot est-il d'origine arabe?
Zavalchen. «Assim chamavao os Mouros ao Magistrado, que decidia
as suas causas, e fazia dar à execuçao as suas sentenças, e sô elle po-
dia authenlicar com o seu sinal qualquer instrumento,» S\ Uosa. Dans
les deux premières syllabçs il est facile de reconnaître l'arabe Jt w^^^Lo
çâhib al; mais quant à la syllabe chen , je n'ai pas réussi à en décou-
vrir le sens. — S% Rosa, qui ne donne aucune variante, dit que le
mot vient de zaval qui correspond au latin domimis, et de archen, in-
dicioriim, de sorte que zavalcheu signifierait dominus iudiciorum, —
Peut-être zavalcheu n'est-il qu'une corruption de zavalmedina. Il se
pourrait bien qu'un passage d'une charte, écrit indistinctement ou mal
lu, eût fait glisser cette forme dans les dictionnaires.
*M. E. n'aurait pas dii citer S\ Uosa (car de l'aveu de ce dernier
le terme en question ne se trouve pas dans des documents portugais) ,
367
mais Ducangc, clicz lequel S\ Rosa a trouvé les renseignements qu'il
donne. Le seul auteur qui emploie le mot zavalchen est, je crois, Vi-
talis Canel, évt^que d'Huesca, qui s'exprime ainsi dans un passage cité
par Ducange: «Sunt et alii indices et officiales, inler ludaeos videlicet
el Saraceuos. Zavalchen enim Saracenorum iudicat causas, dictus a
Zaval, Dominus, et Archen, id est, iudiciorum. Qui Zavalchen execu-
lioni mandat senlentias a se latas, et facit cilaliones, et caeteras corn-
pulsiones, quae in Saracenorum curia imminent faciendae. Ilem exer-
cet tahellionalus oflicium inter eos, ita quod nullus alius inler Sarace-
nos facit puhlicum instrumentum,» etc. Dans un autre passage du
môme auteur, que Ducange cite sous alaminus , le mot est écrit zava^
lachen. Je dois avouer que je n'avais aucune conjecture à proposer sur
son origine ; mais M. Defrémery m'écrit qu'il soupçonne que c'est
-bC>^î w'.^'.jo {câhib al-ahUém), et cette explication me paraît excel-
lente, car ce terme arabe, le synonyme de hâkim, signifie précisément
dominus iudiciorum, et les Esp. prononcent le m final comme n (cf.
rintrod., p. 21 j. La meilleure orthographe est par conséquent zavala-
chen.
Zavalmedlna. Ce mot, qui s'écrit encore zahalmedina , zalmedina,
çahalmedina , salmedina, est fréquent dans les documents espagnols jus-
qu'au XlIIe siècle (cf. Ducange, S\ Rosa) pour désigner le magistrat
chargé du gouvernement civil d'une ville. C'est l'arabe iC>o>\JÎ w*.>Ia^
{càhib al-medîna) qui était en Espagne le nom par lequel le peuple dé-
signait le préfet de police, dont le titre officiel était câhib as-chorla.
C'est ce qu'altestent formellement Maccarî, I, 134, 1. 18, et Ibn-
Khaldoun, Prolégomènes, II, 30, 1. 13; cf. Ibn-Adhârî, II, 266.
* Zavazogue (ni dans Ducange ni dans les dicl. esp.). Dans l'ancienne
traduction espagnole des actes du concile de Léon, tenu dans l'année
1020, l'article 35 est conçu en ces termes [Corles de Léon y de CasliU
la, I, 18): «Todos los carniceros con otorgamienlo del conceio vendam
clla carne de porco et de cabron et de carnero et de vaca por pesso,
et den la iantar al conceyo connos [var, ensemble connos) cevacogues.»
Il faut lire cevacogues, ou plutôt, avec d'autres md^mx^cvxis, zavazogues ,
car les zavazogues sont les ^j.m^I\ v-o>Lo, câhib as-sôc, inspecteurs du
marché. Le texte latin porte dans cet article, comme TAcad. a fait
imprimer [ihid., p. 9), zavazaul ; corrigez zavazauc (c'est, dans ce cas.
568
le sing.), ou bien lisez, comme dans la xmanle , zavazoukes. L'opinion
de Lista sur ce mot, que M. Mufioz a adoptée {Fueros, I, 152), est
tout-à-fait inadmissible.
* ZiRBO pg. (péritoine, membrane qui revêt intérieurement toute la
capacité du bas-ventre) de ^^^ {therh) qui a le même sens; cf. Boctlior
sous péritoine.
ZocA, zoco (marché, foire, Victor) , de ^^^ {soc), marché.
ZoFRA (tapis) de ».ft>w [sofra), «corium quod solo insternitur. »
* ZoiNA pg» (prostituée) de K-oîj {zâniya) ; même sens.
"" ZoQUETE. M. Defrémery dérive ce mot de Jaiuv, soct , sact ou sict^
avorton; mais la forme s'y oppose, car zoquéle doit correspondre à un
mot arabe ayant un é long (L.) dans la seconde syllabe , et en outre ce
savant semble avoir pris une signification figurée de zoquéte {petit homme
malhâti, bout d'homme) pour la signification primitive. Selon l'Acad.
c'est proprement: le morceau de bois gros et court qui reste de celui
qu'on a travaillé; c'est évidemment Kl^La^v (soquéte), le rebut, desecho
chez P. de Alcala.
ZoRAME, cerome, cerrome, çurame (capote mauresque, S^ Rosa) de
♦:5^Jj {zolham) , espèce de manteau en drap ou en laine; cf. M. Dozy,
Dict. des noms des vêt., p. 194, 195.
* C'est sur l'autorité de Hœst que j'ai écrit ce mot avec ces carac-
tères arabes ; mais chez Sousa c'est ^[^i^ , chez Delaporte père (dans le
Journ, asiat, de 1830, I, 320) *j,_^Jl-^ («manteau a capuchon, qu'on
nomme partout ailleurs bornons i>), chez Renou (Description géogr. de
l'empire de Maroc, p. 25) selhâm , ce qui, d'après le mode de trans-
cription adopté par la commission scientifique de l'Algérie, est j»^Lv
Il paraît donc que c'est ainsi que ce mot doit s'écrire. Il semble d'ori-
gine berbère et il n'est en usage qu'au Maroc. Chez les auteurs ara-
bes du moyen âge je ne l'ai jamais rencontré. Le vêtement qu'il dé-
signe a été décrit par plusieurs voyageurs ; à ceux que j'ai déjà cités
ailleurs, on peut joindre ceux-ci: Jackson, Account ofTimbuctoo,\}. 136;
Davidson, Notes taken during travels in Africa, p. 12; Drummond Ilay,
Western Barbary , p. 3, 41 ; le prince Guillaume de Lœwenstein , Am5/?w^
von Lissabon nach Andalusien und in den Norden von Marokko, p. 142;
le baron d'Augustin, Erinnerungen ans Marokko, p. 9, SS-, le baron de
369
Pfliïgl dans les Wiener Jahrbiïcher, LXVII, Anz. BI., p. 6; voyez aussi
Barth, Reisen, V, 704. Ce mol se trouve dans le Cancionero de Baetia
sous la forme çulame. On y lit (p. 590);
Que son ires personas é un solo perfecto
El cual nos cubra con su buen çulame;
mais les auteurs du glossaire ont eu la malheureuse idée d*y voir l'arabe
salâm , saluf. Ils ont négligé d'expliquer comment on peut couvrir des
personnes d'un salut, et c'est évidemment un contre-sens, tandis que
la signification manteau convient parfaitement. Aussi lit-on ailleurs dans
le même recueil (p. 461) :
E Dios é la Virgen vos den fortalesa
E syenpre vos cubran con su mantellina.
Joignez-y qu'on rencontre le mot espagnol sous la même forme dans
une ordonnance de 1351 publiée dans les Cortes de Léon y de Castilla
(II, 80): «la capa ô çulame;» les mêmes paroles se trouvent à la
page 97 de cette collection; ailleurs, p. 118, on rencontre les variantes
çurame et çorame,
* ZoRZAL (grive) de Jj^^j {zorzâl) , autre forme de ^^jjj {zorzour) , qui
désigne un ètourneau, mais aussi une grive. P. de Alcala a JU^; sous
tordo et sous zorzal. Marcel (sous étourneau) donne j^j^x et Jj>;m , et ce
v5^;^j est , pour ainsi dire , la transition de j^j^^ à Jt^^j. Voyez le Glos-
saire sur Edrîsî, p. 311.
ZuMAQUE, pg, summagre, fr. sumac, de ^Ua« (^ot^mmac) ,• « rhus co-
riaria,» Ibn-al-Baitâr, II, 46.
*ZuNA, azuna, l'arabe iU^j^ (sounna) , la loi des Maures, dans le traité
entre Alphonse P' d'Aragon et les Maures de Tudèle (apud Muiloz ,
Fueros , I, 416, 1. 11 , p. 417, 1. 3 ; mais à la page 416, 1. 14, il faut
lire alcadi au lieu de alcuna),
*ZuRiiMBET, zernnbet, de oUi^: {zerounbéd), «amomum zerumbeth,»
Ibn-al-Bailâr, I, 525.
APPENDICE.
A.
«Adala, dala, fr, dalle (tuyau qui sert à conduire Peau de la pompe
hors du vaisseau). Je crois que M. Diez dérive à tort ce mot de l'arabe
dalâla (ductus viai) , car ce dernier ne désigne nullement «un conduit
d'eau.» Ce n'est que l'infinitif du verbe dalla ^ qui ne se dit pas dans
le sens de «conduire l'eau,» et en employant l'expression «ductus vise,»
Freytag a voulu dire: «l'action de montrer le chemin.»» Engelmann.
«Agarrar (cramponner, accrocher). C'est bien à tort que Marina a
voulu trouver du rapport entre ce mot et l'arabe djarra (traîner). Agar-
rar est formé du substantif garra (griffe) , qui est d'origine celtique.
Cf. Diez, p. 164, Diefenbach, Celtica, I, 129.» Engelmann.
« ÀLABao. A en croire Sousa, ce mot est usité dans l'Alentejo où
il signifie «brebis qui donnent beaucoup de lait.» Il le dérive de ^LLM
{al'labbânj auquel il attribue la même acception. Bien que laban désigne
en arabe «du lait,» je n'ai jamais rencontré labbân dans le sens de
«qui donne beaucoup de lait.» Ainsi, sans rejeter cette étymologie, je
ne suis pas à même de la confirmer. Suivant Bluteau, le mot en ques-
tion désigne «un troupeau de brebis qui donnent du lait,» et alavao de
galinhas se dit por grande numéro délias. De là il semble résulter que
ce terme exprime l'idée de troupeau, mullitude, plutôt qu€ celle de doîi-
ner du lait. C'est ce qui me rend encore plus suspecte l'étymologie
proposée par Sousa.» Engelmann. — Elle est, en effet, insoutenable.
Le terme en question signifie troupeau, troupe. Ciiez Vieyra on trouve
l'expression alavao de palos (troupeau d'oies).
Alameda (place plantée de peupliers). M. Defrémery dérive ce mot
de l'arabe qIvX-a-^Jî (al-meidân) , hippodrome. On sait qu'il vient de
alatno qui signifie peuplier.
571
« Alboroto, pg. alvoroto (tumulte, émeute, vacarme). M. Diez dérive
ce mol , ainsi que alborozo qui en elfet semble avoir la même origine ,
de Tarabe l3J»^\ (al-forot) , « res quœ modum excedit. » C'est une si-
gnification trop générale et difficile à mettre en rapport avec celle de
alboroto. En outre le changement de /* en 6 serait tout-à-fait irrégu-
lier. — Le P. Guadix le dérive de al-borod «que vale polvareda, porque
la génie alborotada con el movimiento de los pies levanla mucho polvo.»
Celle étymologie n*est guère plus admissible, car bâroud signifie en
arabe pondre à canon et ne se dit jamais dans le sens de poussière. —
La véritable étymologie est donc encore à trouver, et j'avoue que je
n'ose pas même décider s'il faut la chercher dans l'arabe ou dans une
autre langue.» Engelmann. — Une troisième étymologie a été propo-
sée par M. Millier, qui fait venir alborolo de bAj^jJî (al-'arbadà). Elle
est sans doute moins invraisemblable que les deux autres, car chez P.
de Alcala ce mot signifie ruydo question et tratice de armas; il semble
môme qu'il traduit alboroçar par 'arbad. Mais d'un autre côté elle of-
fre de grandes difficultés phonétiques, et en outre la forme la plus an-
cienne , avorozo (dans la Chanson du Cid , vs. 2658 , transport de joie) ,
montre que la première syllabe n'est pas l'article arabe.
Aliaga , aulaga, abulaga (ajonc, Ulex Europaeus L.). «La diversité
de ces formes, qui doivent avoir une origine commune, montre que ce
mot a subi une altération considérable ; est-ce que nous nous trompons
si nous le rattachons à l'arabe vJii^«-^JI {al-djaulac), «spinosi fruticis
species?» L'Acad. esp. le traduit par ulex.r» Millier. — Djaulac, qui
est un mot de l'arabe classique, car il se trouve dans le Câmous , dé-
signe sans doute le même arbrisseau, car P. de Alcala traduit aliaga
par djaulac; mais il ne faut pas en dériver aliaga, car on lit chez Ibn-
al-Bailâr : ^^j-/3 j— ^5 x-ï^j u^itXi'^l 'f-f^t^^. ^^^ '^jJ^JAIL ,^1.^^ / ^:=*
o o
j^li ^bci^yo idx^v. ^ -^'^J^ ^j,Al\ u^^j «le djaulac s'appelle en
latin, c'est-à-dire, dans la langue des Espagnols, yalâca; c'est un ar-
brisseau épineux , mais il faut remarquer que ceux qui l'identifient avec
le dârachaicha'ân * se trompent.» Le dârachaicha'ân est Vaspalathus , et Clu-
sius a aussi donné à V aulaga espagnol le nom de aspalathus aller secundus.
J) Ces voyelles» sout dmis le Câmous,
572
ce qu'Ibn-al-Bailâr, comme on voit, n'aurait pas approuvé. Un écrivain plus
ancien que le botaniste arabe que je viens de nommer, à savoir l'auteur du
Mosla'înî, dit sous Tarticle dârachaichà'ân: x-ï^ icl*^*JLj \J Jtftj^ ,
« on rappelle en espagnol youlaca, » Ces voyelles se trouvent dans le
man. de Naples, et c'est de ce youlaca que vient la forme esp.
aiilaga, qui a été corrompue en abulaga. Prononcé comme yalâca ,
yaldga y il a donné aliaga, — L'arbrisseau dont il s'agit portait encore
un autre nom en espagnol, car dans le man. de Naples du Mosta*înz
on ht: &ïbL>j\ ^î ^'^^^.t «youlaca ou ardjilâca. » Je retrouve ce mot
dans le dialecte valencien, car je lis chez Fischer [Gemàlde von Valen-
cia, I, 248): «Ulex Europaeus, en esp. aliaga de Europa, en val. ar-
gilagues d'Europa.» En France aussi on disait au moyen âge argilax;
Carpenlier (dans ses additions au Glossaire de Ducange) Ta trouvé dans
une charte de 1308. — Quelle que soit l'origine de ces mots, il est
certain qu'ils ne sont pas arabes.
«Almadreûa (sabot). En arabe Ja^-A (mamtar) désigne un manteau
pour la pluie (tnatar). Pourrait-on supposer l'existence d'un mot al'
matrania , dérivé de la même racine, qui aurait désigné la chaussure
que l'on met quand il pleut? C'est à coup sur une conjecture très-
hasardée , mais qui me semble néanmoins préférable à la dérivation don-
née par les Académiciens de Madrid, qui font venir almadreha de ii-ma-
dera (bois) avec l'article arabe.»» Engelmann. — Au lieu de forger ce
mot monstrueux, M. E. aurait mieux fait de s'en tenir à l'étymologie
proposée par l'Acad. Elle dit avec raison qu'un sabot étant fait de bois,
madera, on l'appelait maderena, par contraction madrenay car c'est ainsi
qu'on dit dans quelques districts, sans al. Les Acad. pensent que cet
al a été ajouté par les Arabes; c'est possible, mais en arabe je n'ai
jamais rencontré le mot en question, et en esp. il y en a d'autres qui
ont cet alf quoique les Arabes ne les aient pas employés, p. e. almace-
ria (du latin maceria) , al farda (fard, dans le Cane, de Baena) , almodrote
(du latin moreliim, voyez l'Acad.). De même en port, alfarreca (perru-
que), alcorcova (= corcova, voyez Diez).
«AlmeiNA (créneau) de ^u^\ (alman' a) ^ vïimmmQnium , y guarida para
defender.yy Engelmann. — Le mot arabe auquel a pensé M. E., n'a
jamais signifié créneau; jnais le latin wuwa, qui ne s'emploie qu'au
plur., minae, a ce sens, et c'est avec toute raison que M. Diez (11,89)
375
y rallachc l*esp. almena. Il observe que c'est le mol latin avec l'arti-
cle arabe.
Alpargate ) (sandale de corde, faite avec du chanvre ou du sparte).
Alborga J Dans mon Dicl, des noms des vêlem. (p. 53) j'ai repro-
duit Tétymologie que Diego de Urrea a donnée de alpargate, et M. En-
gelmann en a fait de môme à Tarticle alcorque; mais comme je la crois
à présent tout-à-fait inadmissible, je ne m'en occuperai pas» Sousa,
Moura, Marina et M. Millier le font venir de xxLu\ (al-balga), ce qui
me paraît aussi insoutenable, car ce mot, qui désigne aujourd'hui une
espèce de chaussure, est très-récent en arabe; on le trouve souvent
chez les voyageurs du XIX^ siècle, mais jamais chez les auteurs du
moyen âge, et il me semble d'origine espagnole. A mon sens tous les
mots dont il s'agit viennent du basque. Pour désigner une chaussure
bien connue, cette langue a le terme abarquia, que l'on dérive de abarra
(bois tendre ou branches , parce que ces souliers se fabriquaient à l'ori-
gine de celle matière) et de quia (chose) (voyez Diez, II, 80, d'après
Aslarloa). En espagnol ce mot est devenu, comme on sait, abarca;Qïi
porl. on dit aussi alabarca. De là le pg. alparca , alparcata, l'esp. al-
borga , alpargate, l'arabe moderne pârga (chez Alcala sous alpargate et
sous csparteha), les Maures ayant pris à tort la première syllabe pour
l'article arabe, et balga par le changement de /? en 6 et de r en /.
«Anémone, pg. anemona, anemola, fr. anémone (sorte de renoncule),
de QLéjoJl oijUlà {chacâ'ic an-no^mâti)» C'est de No'mân ibn-Mondhir,
roi de llira, que ces fleurs ont tiré leur nom.» Engelmann. — Ce
mot est au contraire le grec àv6(jL0ùvy^, dont an-no'mân dans la dénomi-
nation arabe est une altération, comme l'avait déjà observé M. de Slane
dans sa traduction anglaise d'Ibn-Kballicân (II, 57).
«Argabuz, fr. arquebuse, de l'arabe (j^-iiJî (al-caus) , arc* On sait
que l'arquebuse, avant d*ètre une arme à feu, était une arme à jet.
Comme le fait observer M. de Chevalet {Origines de la langue franc. ,î,
435), «après l'invention de la poudre, le nom de plusieurs machines
de guerre jusqu'alors en usage passa aux armes à feu qui les rempla-
cèrenl. C'est ce qui arriva pour l'arquebuse. » En arabe, les mots
^AiJt ^J^J:é {caus al-bondoc), \'\\.\.éi:d\QmG\\i l'arc aux avelines, désignaient
une espèce d'arbalète, et non une arquebuse, comme a écrit M. Qua-
tremère {llisl. des Mongols de la Perse, p. 291, note; cf. de Sacy,
574
Chrest. ar, , III, 68), citant un passage de Mas'oudî, écrivain du X«
siècle de notre ère.» Defrémery. — Il est vrai que, dans l'arabe mo-
derne, la 2« forme du verbe, cauwasa, signifie tirer un coup de fusil
(Humbert, p. 156, Hélot), et le substantif cowâs ou cowâsa, coup de
fusil (Humbert, p. 155); cependant je ne vois pas comment al-caus
pourrait être devenu arcabuz. Joignez-y que les Arabes ont adopté ce
dernier mot pour désigner soit ufi pistolet, qu'on appelait autrefois une
petite arquebuse (voyez Mahn, Etym. Unlcrs., p. 97, Cobarruvias, fol.
85c?, etc.), soit un petit fusil (Humbert, p. 155), mais que, loin d*y
voir leur al-caus, ils l'ont prononcé u^^Lait (al-câbous) ou jj^jUGÎ. Le
terme arquebuse est indubitablement d'origine germanique. Il vient soit
de l'allemand Hakenbûchse , comme le veut M. Littré (Dict. de la langue
française) y soit du flamand haeckbuyse, aujourd'hui en néerlandais haak-'
bus (cf. M. Diez, I, 29), qui signifie arquebuse à croc, de Haken , haeck ,
haak, croc, et de Bûchse, buyse, bus, canon d'arme à feu. Haeckbuy-
se, que Kilian [Etymologicum Teutonicae linguae, I, 209 éd. van Has-
selt) signale comme un ancien mot flamand, donne régulièrement en
français haquebuse; aussi ce mot s'écrivait-il anciennement sans r; Ki-
lian donne haquebouse comme le terme français; chez Commines , Marot
et Rabelais c'est haquebute (voyez M. Littré). Le r a été inséré par le
peuple pour faciliter la prononciation et parce qu'on croyait à tort que
le mot venait de arc (aussi écrivait-on arcus busius en bas-latin). Du
terme français les Italiens ont fait archibuso ou arcobugio, et les Espa-
gnols arcabuz. On voit aussi que le français arquebuse à croc (grosse
arquebuse que l'on appuyait sur un croc pour tirer) n'est autre chose
qu'une tautologie, les deux premières syllabes du mot exprimant déjà
l'idée de croc.
«AsARABACARA (nard sauvage). L'arabe ^.àJî .^^ {zahr al-bacar) , au-
quel Marina compare ce mot, m'est inconnu.» Engelmann. — Aussi
ce terme n'a-t-il jamais existé, excepté dans l'imagination de Marina.
Asarabacara est composé de deux mots, dont l'un est a.7ûipûv , asarum ,
et l'autre /Bix^^p/^, baccharis, en esp. bacaris et bacara; voyez Dodo-
naeus, Cruydt-Boeck, p. 510 a, 629 a. Il n'a donc rien à faire avec
l'arabe.
«Atambou, tambor, it. tamburo, /r. tambour, du j^^xL (tonbour) , mol
arabe qui dérive du persan tanbour» Engelmann. — C'est une grave
57t>
erreur, mais dans laquelle d'autres sont tombés aussi (voyez la note de
M. Sachau sur Djawàlîkî, p. 47). Noire tambour est peut-être d'origine
celtique (cf. Poil dans le Zeilschrift de Hofer, II, 356); toutefois je ne
veux rien décider à cet égard; ce qui est certain, c'est qu'il ne vient
pas du mot arabe donné par M. E. et qui, au moyen âge, a toujours
désigné une espèce de lyre. Aujourd'hui les Barbaresques ont bien,
dans leur musique militaire, un grand tambour qu'ils appellent alambor
(voyez Salvador Daniel, La musique arabe, p. 41), mais c'est un mot
qu'ils ont emprunté aux Espagnols et que les Mauresques de Grenade
écrivaient, non pas^_^xib, mais ^^j (voyez le Mem. hisLesp,,y,k1h),
Atora (le Pentaleuque) viendrait, selon M. Mûller, de at^^^-X-it {aU
iaurât) ; mais je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas l'hébreu nninn
{ha-tora).
Bango , pg, et /r. bangue (chanvre des Indes) , « de l'arabe g^ij (bandj)
ou plutôt peut-être du persan ^^ (bang). » Mûller. — Ce mot se trou-
vait déjà chez Sousa; mais comme sa forme indique qu'il vient du per-
san et non pas de l'arabe, M. Engelmann a eu raison, je crois, de ne
pas l'admettre.
Barda (chaperon de mur fait de ronces ou de paille cimentée avec de
la terre et des pierres) «a probablement la même origine que albarda,
mot que M. Engelmann rattache avec raison à iCcv:>^JI. Le chaperon
qui sert à garantir un mur de la pluie, a été comparé à une selle, ry
Millier. — Une telle métaphore me paraît trop hardie, et en arabe je
n'ai jamais rencontré barda'a en ce sens. Je me tiens convaincu que
l'origine de l'esp. barda doit être cherchée ailleurs.
aBARRENA (tarière, vrille). Il est assez difficile à décider si ce mot
vient de l'arabe , ou bien s'il faut le rattacher à l'italien verrina , dans
les dialectes berrina, barrina (cf. Diez, p. 568). En arabe une tarière
se nomme barîma. Mais P. de Alcala traduit barrena par birrina ou
barrtna, pi. barârin, et barrenar par berreti. Ces mots sont-ils d'autres
formes de bartma, ou bien Alcala a-t-il seulement transcrit le mot es-
pagnol? Le m et le 7i permutent facilement entre eux dans la pronon-
ciation espagnole , et en outre le mot en question a aussi passé dans le
berbère, car dans celle langue une tarière s'appelle ta-bcrnin-l. C'est
376
ce qui me porte à accepter la première supposition. Le portugais ver-
nima au contraire, se rapproche plus de la forme bartma.n Engel-
mann. — Ce sérail une erreur de croire que P. de Alcala se borne
quelquefois à transcrire les mots espagnols au lieu de les traduire: les
termes espagnols qu'il donne comme des termes arabes étaient réelle-
ment en usage parmi les Mauresques. Aussi le mot îCâj^j s'emploie-t-
il dans l'arabe moderne ; on le trouve chez Ibn-Loyôn {Traité d'agricul-
ture, man. de Grenade, XÀjy) et chez Roland de Bussy. Mais c'est à
mon avis un terme que les Arabes et les Berbères ont reçu des Espa-
gnols, et il appartient aux langues indo-germaniques, de même que
l'arabe harrima (car c'est ainsi qu'il faut écrire, voyez Lane) qui vient
du persan j.^.aj (hairam) , forme que l'arabe a aussi (voyez le même).
«Barro (argile) de ^^i {haro), «terra (iit ex qua qiiid formatur).» (?).»
Engelmann. — M. E. a agi sagement en faisant suivre cette étymologie
d'un signe de doute; mais il aurait fait encore mieux de ne pas l'em-
prunter à M. Diez. Il n'ignorait pas que Freytag a seulement employé
l'expression «ut ex qua quid formatur» pour indiquer le rapport qui
existe entre ce substantif et le verbe barad (former, créer) ; il savait
aussi sans doute que le substantif tara n'appartient pas à la langue or-
dinaire, et qu'on ne Ta jamais employé dans le sens d'argile. En un
mot, c'est une étymologie absurde.
«Buz, el beso de reverencia selon Cobarruvias, qui a déjà donné la
véritable étymologie: (j/^j {bous).n Miiller. — Il ne me paraît pas né-
cessaire de donner une origine arabe à un mot qui se trouve aussi en
persan, dans les langues germaniques et dans les langues celtiques;
voyez Diez, II, 107.
c.
«Calafatear. Je crois que c'est bien à tort qu'on a voulu dériver de
l'arabe ce terme nautique qui appartient à presque toutes les langues
européennes. Suivant M. Jal (Glossaire nautique^ p. 588) «calfater fut
d'abord chauffer le navire (calefacere) ; le chauffeur fut en même temps
un ouvrier habile à réparer le bâtiment, un charpentier dont la fonction
spéciale fut de remplir les fentes du bois avec de l'étoupe, et les re-
couvrir de poix ou brai.» La signification primitive, chauffer, et les
formes calfaicter, calfacter, calfecter , calefecter qui se trouvent dans
577
rancien français, me semblent mellre hors de doute la dérivalion de
calefacere ou calefeclave. Ce n'est que par hasard que le son de ces
mots a quelque ressemblance avec le substantif arabe KàJLi {/cil fa), clou-
pe, ei le verbe uà'i (calafa) , dont les Turcs ont tiré leur cal fat et les
verbes caifat etmch et calfallamac. Le verbe arabe moderne ^ Jaâi>
{djalfala), qui se trouve plus d'une fois chez Edrîsî (cf. iaàllï (calfata)
chez Boclhor), n'a rien de commun avec ce calafa et sans doute il est
emprunté aux idiomes occidentaux. Quant au xcc^ûiCPixrsTv des Grecs
modernes, je n'ose pas décider s'il leur est venu de l'italien ou du
turc.» Engelmann.
«Calibre de v>^Jls {câlab) qui désigne «le moule dans lequel on verse
l'airain fondu, une forme, un corps moulé d'après une certaine forme»
et chez P. de Alcala horma de çapatero. Pour l'insertion de la lettre r
voyez p. 25, n^ 1 de l'Introduction. » Engelmann. — Le mot câlab
vient de xx^xttovç ou ax^ÔTrcvg; il désigne donc primitivement forme,
modèle qui sert à donner à un soulier la forme qu'il doit avoir (= horma
de çapatero chez Aie; Mille et une nuits, IV, 681 , 1. 16 éd. Macnagh-
ten), et par extension, forme, modèle, en général; voyez Fleischer, de
Glossis Ilabicht., p. 72. Mais quant à calibre, je crois avec M. Mahn
{Elym, Unters., p. 5, 6) qu'il faut en chercher l'origine, non pas dans
l'arabe, mais dans le latin. L'accent ne permet pas de le dériver de
câlab, et la signification de ce dernier mot ne convient pas non plus.
Aux arguments donnés par le savant que je viens de nommer, on peut
ajouter que, selon M. lai (Glossaire nautique), \e français du XVI^ siècle
avait équalibre pour calibre.
«Camisa , tV. camicia, fr. chemise, de (jo-a-^^s (camtç). Bien que le
Dom de ce vêtement nous soit venu par l'intermédiaire des Arabes, il
faut en chercher l'origine plus haut. Le mot arabe dérive du sanscrit
kschumâ (kschaumî) , lin, kschaumas , fait de lin; le vêtement a reçu
ce nom de la matière dont on le fabriquait. De même l'hébreu ktonet
a signifié d'abord lin, étoffe de lin, puis vêlement fait de lin, chemise.
Cf. M. Burguy, Glossaire de la langue d'Oïl, p. 72, M. Mahn, Etym.
l) * Ce Tcrbe nVst pas moderne, car on le trouve déjà dans une lettre du calife
Omar I"; voyez Djawàlikî , p. 49 , 1. 3 a f. Selon Ibn>Doiaid, cite' par Tauteur que je
viens de nommer , djilinfât (caifat) serait un mot syriaque.
48
378
Unlers, , p. 22. » Engelmann. — M. E. aurait pu voir chez le dernier
auteur qu'il cite , qu'en Europe ce mot est beaucoup plus ancien que
l'époque arabe, attendu que camisia se trouve déjà chez un auteur du
IVe siècle , à savoir chez saint Jérôme.
«Carabo (espèce de barque). Ce terme espagnol, ainsi que le lalin
carabus (cf. Ducange) et le grec nàpxfooç y me semble dériver de l'arabe
V;ls {cârib) qui désigne une petite barque. Faut-il y chercher aussi
l'origine de carabela ou caravela , il. caravella , fr. caravelle F Cf. M.
Jal, Gloss, naul.» Engelmann. — Ce sont au contraire les Arabes qui
ont emprunté ce mot aux Européens. M. Engelmann aurait pu voir
dans le livre de M. Jal que carabus se trouve déjà chez Isidore de Sé-
ville, qui mourut en 636.
«Cendal (étoffe de soie très-fine) de Jaàao {candaï) que Boclhor tra-
duit par taffetas et par levantine y sorte d'étoffe en soie.» Engelmann. —
C'est encore un mot que les Arabes ont emprunté, il n'y a pas long-
temps, aux Européens, Chez les auteurs arabes-espagnols on ne le
trouve jamais.
«CmvARRA, que j'ai rencontré dans une relation de voyage au Mexi-
que, avec le sens de pantalon de chasse ou de voyage, me paraît venir
de JL^Av {sirwâl).» Defrémery. — Ce mot, qu'aucun dictionnaire espa-
gnol ne connaît, est probablement mexicain, et c'est par hasard que le
son en ressemble tant soit peu à sirvoâl.
Copia , ital. cufTia , /r. coiffe. L'arabe a XAJ^i" {confia) ; mais dans
mon Dicf, des noms des vélem. (p. 394) j'avais dit: «Personne, je pen-
se, ne voudra donner au mot \.j..ij.S une origine arabe,» en ajoutant
que les Orientaux l'ont emprunté aux Italiens. A ma grande surprise
j'ai vu que M. Millier, sans toutefois fonder son opinion sur aucune
preuve, voudrait plutôt dériver le mot européen de l'arabe. Quand on se
rappelle que ïCas^s' n'a pas de racine en arabe et qu'il n'a été en usage
en Orient qu'à partir du règne des Mamlouks, tandis que co/ea se trouve
déjà chez l'évêque de Poitiers Fortunat, qui écrivait au VP siècle, on
jugera sans doute celte manière de voir assez étrange. Sur l'origine
du mot on peut consulter Diez, I, 149, 150.
«Colmena (ruche). Ordinairement on dérive ce mot de l'arabe «y^S'
^^6 ^ (coiiwdra min-nahl), «ruche d'abeilles.» Je crois que M. Mahn
(Elym. Unlers., p. 54 — 56) a raison de dire que cette expression a été
3T9
forgée dans le seul but d'expliquer le mot espagnol en question. Le sa-
vant que je viens de uonniicr préfère lui donner une élymologie celti-
que, de kôlôen-wcnan , composé de kôlôcu, tout ouvrage tissu en paille
(/îôlô) , corbeille, et de gwcnanen, pi. gwcnan, abeille.» Engelmann. —
11 est sans doute absurde de donner à ce mot une origine arabe ; ce-
pendant je dois observer contre le raisonnement de M. Mahn , que les
Arabes disaient réellement couwâra an-nahl, car on trouve cbez Ibn-al-
Baitàr à l'article Uuii: ^y^^i^S fS^'^ ii^*^ {.Ac îi! iJju^.
«CuRTiR (tanner). Si l'étymologic donnée par M. Diez (de conterere)
semble peut-être trop hasardée, on pourrait penser à l'arabe ^Ji (carad/i)
qui a le même sens. » Millier. — Sans compter qu'il est toujours dan-
gereux de dériver un verbe espagnol d'un verbe arabe, cette étymologic
est inadmissible pour deux raisons: 1^. parce que les verbes espagnols
dérivés de l'arabe se terminent en ar et non en ir ; 2^ parce que ca-
radk n'est pas dans la langue du peuple le mot ordinaire pour tanner;
P. de Alcala et les dictionnaires de la langue actuelle ne donnent que
dabag (^^)-
D.
« DuRAZNO (duracine, espèce de pêche à chair ferme). Ce mot vient-il
de l'arabe ^^j^ {dourâldn) ou bien du grec ^apccxiovî» Mûller. — Ni
de l'un ni de l'autre, mais du latin persica duracina (chez Pline) ,
«pêches qui ont la chair ferme,» comme M. Mliller aurait pu trouver
chez Diez, II, 120.
Embudo, itaL imbuto, cat. embut (entonnoir). M. Millier dérive ce mot
de vy^AJ^ {onboub, dans la langue vulgaire anboub ou cnboub), surtout
parce que P. de Alcala traduit enbudo par anbùb. Cependant j'aime-
rais mieux dériver le mot en question, comme l'a fait Ménage que M.
Diez a suivi, de bulis, tonneau (comme entonnoir en français), car le
bas-latin a imbolarc (Ducange , 1 , 829 a) , l'italien inibottare , dans le
sens d'entonner.
«EscARLATA, it, scarlalto, /r. écarlate (espèce de couleur et d'étoile),
de Js^XXi] (echcarlâl), mot qui manque dans les lexiques. Ou le trouve
380
dans un passage du Uolal-aUmauchiya (apitd Dozy, Dici. des noms des
vêlem., p. 111) et chez Maccarî , I, 137.» Engelniann. — Les Arabes
ont emprunté ce mot aux Européens et ne Tont employé qu'assez tard.
F.
«Farda pg, (vêlement de soldai). Ce mot dérive-t-ii de ijo^[fardh),
«pannus seu veslimentum» ?» Engelniann. — Non, car en ce sens
fardh ne s'emploie pas dans la langue ordinaire. Le portugais farda,
qui signifie uniforme et livrée (voyez Moraes), a la même origine que
le pg. falo (vêtements, ustensiles), en esp. hato^ et le fr. hardes. Ces
mots sont indo-germaniques. Le sanscrit, comme me l'apprend M.
Kern, a pala (tissu, pièce d'étoffe, drap, vêlement), et dans l'islandais
le substantif fat signifie vêtement, et le verbe fala , vêtir.
«Farol. Ce mot ne serait- il pas formé par transposition de ^Lâ»5
{fanâr) ? Dans ce cas il y aurait eu permutation des liquides et la
voyelle a aurait été changée en o. P. de Alcala donne: «lanterna, /*a-
nâr),i>-s> Millier. — Ni l'un ni l'autre mot n'est d'origine arabe; ils
viennent de (pxvog et de (pôcpog, comme M. Diez l'a observé avec raison
(I, 172).
6.
«Gaita (instrument de musique) de icLi^uî {g ai la) , mot (jui manque
dans les lexiques. Il se trouve chez Ibn-Batouta, II, 126, dans la si-
gnification de flûte. >^ Engelniann. — Comme ce mot n'a pas de racine
en arabe et qu'il a seulement commencé à être en usage au XI V^ siècle,
je me tiens persuadé, quoique M. Salvador Daniel {La musique arabe,
p. 78) soit d'un autre avis, que les Arabes d'Espagne et d'Afrique l'ont
emprunté aux Espagnols.
«Gala de iC»JLi> (khil'a) qui désigne «un vêtement d'honneur» donné
par un prince. De gala s'est formé le substantif galan, qu'on a dérivé
à tort de j.^c {golâm) , «jeune homme.» Mais le kliâ ne se change
■jamais en g. C'est un puissant argument contre l'élymologie proposée.»
Engelniann. — Quoique cet argument ne soit pas valable (cf. l'Inlrod. ,
p. 15, 11°. 6), l'élymologie proposée par M. Engelniann doit cependant
être rejetée. Les mots dont il s'agit sont d'origine germanique; voyez
M. Diez, I, 197.
381
«Gallofa (pain qu'on donne au mendiant) semble être l'arabe ivj^U
Çaloufa)y fourrage.» Muller. — D'abord on ne donne pas de fourrage
aux hommes, mais aux bestiaux. En second lieu, le mot gallofa n'ap-
partient pas proprement aux provinces espagnoles qui étaient sous la
domination arabe. C'est, comme le dit Cobarruvias, un terme de Sainl-
Jacques-de-Composlelle. Les pauvres pèlerins qui allaient visiter ce saint
lieu, étaient pour la plupart des Français, et selon le lexicographe que
je viens de nommer, on appelait Galli offa le morceau de pain qu'on
leur donnait quand ils mendiaient.
«Garita (loge de sentinelle, «puesto, silio, ô pequeûa mansion for-
mada de pieles, ô de otra cosa» Marina). En arabe xli.j.3- {kharUa)
ne signifle que bourse de cuir; je ne suis pas à même de décider s'il
a été usité dans une acception analogue à celle du mot espagnol,» En-
gelmann. — «L'explication de Cobarruvias — le diminutif esp. de jj.U
(gara), petite caverne — ne serait-elle pas admissible.''» Muller. — «Il
est évident que garila n'est autre chose que notre mot guérite, » Defré-
raery. — En effet, il est absurde de dériver ce mot de l'arabe; il est
d'origine germanique ; voyez Diez , 1 , 232.
«Garza (sorte d'oiseau, héron). P. de Alcala traduit ce mot par 'aJ^jà
ou iûo^ {garça). Je n'ose pas décider si c'est là un mot arabe, ou
bien si ce n'est que la transcription du terme espagnol, dont il faudrait
alors chercher l'origine ailleurs.» Engelmann. — Quelle que soit l'ori-
gine de ce mot (cf. Diez, I, 205), il est certain qu'il n'est pas arabe.
«Gazapo, dans le sens de menteur ^ trompeur, et gazapa, mensonge,
tromperie y font penser à v->!lX5" {cadzdzâb) et v.-jÂ5" (cadzib) qui ont les
mêmes significations.» Miiller. — Gazapo signifie /eime lapin , lapereau ,
et métaphoriquement homme rusé. En hollandais on appelle un homme
rusé et qui exécute adroitement ce qu'il a à faire « un vieux lapin. »
«GuBiENA (gros cordage de vaisseau, câble d'une ancre) est aussi
fcJLo^ dans le dialecte du Maroc ; mais il est douteux si l'un dérive de
l'autre; probablement ils ont tous les deux une origine commune, mais
inconnue. » Mïdler.
M.
'Maju, maja. Je paraîtrais trop hasardeux en dérivant ce mot de
Tarabc ^i {f^ahidj), aufcm.iC^^j (bahidja) , jof/cux , beau , aimable^ si
582
je ne pouvais prouver que ce terme a passé réellenienl dans la langue
vulgaire avec le changement du b en m et le retranchement du h,
Lorsqu'après la prise de Barhastro un juif fut arrivé auprès d'.un des
comtes chrétiens alin de racheter des captifs, ce dernier lui fit montrer
par une fille de chamhre les richesses qu'il gardait dans des coffres.
««ô Madjdja,» cria-t-il à une de ces servantes, tandis qu'il voulait dire:
ô Bahidja; mais il altéra le mot selon son idiome barbare» (Ibn-Bassâm,
raan. de M. de Gayangos, fol. 35 v*"). Dans l'espagnol de nos jours
madjdja ne peut s'écrire que maja, » Miiller. — Je connaissais ce pas-
sage depuis longtemps, et je l'avais traduit (dans mes Recherches , II,
366) un an avant que M. MuUer publiât cette note; mais j'avoue que
l'idée ne m'était jamais venue d'y trouver l'origine du mot esp. maja,
et en y réfléchissant, il m'est impossible d'adopter l'opinion du savant
bavarois. En premier lieu, je ne suis pas convaincu que majoy maja
est un terme ancien ; les lexicographes du XVIP siècle , Victor et Co-
barruvias, ne le connaissent pas. En second lieu, le passage arabe dont
il s'agit ne me semble pas prouver la thèse de M. Miiller. Il montre
qu'un comte normand disait en estropiant l'arabe madjdja au lieu de
bahidja; mais ce qu'il ne prouve pas, c'est que le peuple en général,
les Espagnols chrétiens ou les Arabes (car c'est eux que M. Mûller sem-
ble avoir en vue quand il parle de «langue vulgaire»), aurait altéré
ainsi le mot en question.
«Masari. Suivant M. de Gayangos (traduction de Maccarî, I, 492),
ce mot désigne dans le dialecte des Baléares «un petit cabinet.» L'arabe
iHjjJ^/) (maçriya) s'emploie dans un sens analogue ; voyez le Cartâs, p. 26.
Chez Ibn-Batouta, IV, 95, il désigne une. cabine de vaisseau.» EngeU
mann. — Si ce mot, qu'on cherche en vain dans les dictionnaires, est
d'origine arabe, j'ignore à quelle racine il faut le rapporter. Dans une
lettre très-intéressante, adressée à de Sacy et insérée dans le Journ,
asiat, de 1830 (I, 519), Delaporte père, alors vice-consul de France à
Tanger, dit ceci: «Je crois qu'il faudrait écrire 'iS^Jj^a au lieu deiCjya^,
faisant dériver ce mot de la racine ^j*^, s'élever ou marcher de nuit.
Il y a une espèce d'analogie entre K-j^^/o et c>^^ ce dernier mot vou-
lant dire le lieu où l'on passe la nuit, et ensuite où l'on habite. » J'ai
à peine besoin de réfuter cette étymologie: le verbe ^j*^ impli([uc tou-
385
jours ridée de mouvement , de voyage pendant la nuit , jamais celle de
repos, et en outre l'orlhographe in^.j*^ est constante chez les auteurs
arabes. Mais si Tétymologie de Delaporte est inadmissible, son expli-
cation est au contraire d'une haute valeur, «iûya/i,» dit-il, «est une
chambre ou appartement supérieur isolée soit qu'il tienne à une maison,
ou qu'il soit placé au-dessus d'une boutique. On y monte par un esca-
lier dont la porte est toujours pratiquée sur la rue. Cet appartement,
qui ne forme qu'une seule pièce, a toujours une petite fenelre sur la
rue, et jamais sur la cour intérieure des habitations: il sert ordinaire-
ment de logement aux personnes qui ne sont pas mariées. Toute au-
tre chambre supérieure à laquelle on se rend par l'escalier intérieur
d'une maison, se nomme x^^.-c (gorfa).» Je trouve aussi ce mot dans
les Voyages d'el-Aïachî , où on lit (p. 94): «Je descendis à Tripoli à
une xj^Aôx qui est à la porte de la mosquée appelée djâmi' al-hâdj Ibra-
him,» et le traducteur, M. Berbrugger, remarque sur ce passage: «A
Alger on appelle ainsi un logement dont l'entrée est dans le vestibule,
et qui, séparé du reste de la maison, sert à loger les esclaves.» Chez
Roland de Bussy on trouve : « s^^j^^-a (raéçrïa) chambre du vestibule. »
Maccarî (Seconde partie, III, 350 éd. de Boulac) cite une pièce devers
écrite sur les murs de s:\^^^^\ âùiil J^c iCxâj^M o:cLî^M J^c icîkjt îû .aûJî ,
« la maçrtya qui avait vue sur les jardins et qui s'élevait au-dessus de
la cobba verte.» Ailleurs (I, 356 éd. de Leyde), après avoir donné le
nombre des maisons que contenait la ville de Cordoue, il ajoute: (^^^
ASJ^\ (^^Lao^c, «sans compter les maçâri qu'on louait.» C'est de ce plu-
riel, qui se trouve aussi chez Ibn-Batoula et dans le Carias, que vien-
drait le mot masari dont on se sert aux Baléares, si toutefois il est
d'origine arabe, ce dont je doute fort. En arabe, comme je l'ai déjà
dit, il n'a point de racine, et on ne le trouve que chez des auteurs
magribins. Je serais tenté de lui atfribuer une origine latine et de le
dériver du verbe manere, d'où viennent aussi magione ^ maison {zziman-
sione)y masure (= mansura). En eifet, la basse latinité a maseria (Du-
cange) , le provençal mazeria (Raynouard, IV, 148), l'italien masseria
(masseria), le vieux français mésière, dans le sens de maison, petite
maison, maison de paysan, masure. J'identifie avec ce terme le masari
des Baléares, et je crois qu'il a donné naissance au mot magribin
Xj-io^, que je prononce par conséquent maçrtya. Une autre circonstance
384
nie confirme dans cette siipposilion. Quelques-uns des mots que j'ai
donnés, ainsi que d'autres qui viennent également du verbe manere,
signifient en outre métairie, ou plutôt «collectio quaedam possessionum
ac praediorum.» En Sicile on disait en ce sens et au moyen âge mas^
saria (prononcez massarîa et voyez Ducange), Or, on retrouve le môme
mot en Barbarie. «Jardins ou métairies, qu'ils appellent Masseries,r>
dit le père Dan {Histoire de Barbarie, p. 284; cf. p. 285, 455), et dans
un ouvrage allemand sur l'Algérie {Nachrichlen und Bemerkungen ûber
den algierschen Staat , Altona, 1798) on lit (1,157): « Lorsque les mai-
sons de campagne sont entourées de beaucoup de terres qui y appar-
tiennent, et que des Kabyles habitent dans les cabanes de paille con-
struites autour de l'édifice principal, afin de labourer le sol et de paître
les troupeaux, de telles possessions s'appellent ordinairement masseries,»
MoGELES. Chez M. Miiller on lit: «Mogoles (poulies) de »-<j (ftacra)?»
Mogoles n'existe pas; probablement le savant bavarois a eu en vue mo-
gelcs, qui signifie en effet moufles de vaisseau, fouets, queues-de-rat ;
mais on peut aussi bien dériver alfana à^equus que mogeles de hacra.
« MuLATO de Js.!^^ [mowallad) qui désigne « celui qui est né d'un père
arabe et d'une mère étrangère.» Il va de soi-même que ce mot n'a
rien de commun avec mule, dont on a voulu le dériver. » Engelmann. —
Je dois avouer que j'approuve au contraire l'étymologie répudiée par
M, Engelmann, et que le mot arabe mowallad ne me semble pas con-
venir. Il signifie proprement adopté (aussi P. de Alcala le donne-t-il
sous adoptado) , et en Espagne on appelait ainsi, sous le règne des
Omaiyades, les Espagnols qui avaient embrassé la religion de Mahomet;
c'étaient pour les Arabes des adoptés. Mais jamais il n'a désigné un
mulâtre, un fils d'un nègre et d'une blanche, ou d'un blanc et d'une
négresse. Mulato est proprement un mot portugais, et dans cette lan-
gue il signifie P. mulet, 1\ (figurément) mulâtre (voyez Moraes). Les
enfants nés du mélange de la race blanche et de la race noire étant
fort méprisés, on leur a donné ce sobriquet injurieux. J'ajouterai en-
core que mon excellent ami M. Veth, après avoir défendu dans une
Revue hollandaise l'opinion de M. Engelmann, m'a dit plus tard, et
avant que j'eusse examiné sérieusement l'origine du mot en question ,
qu'il avait changé d'avis et qu'il croit à présent avec Moraes que mulato
est mulet pris figurément.
:>Sj
«Naipe (carte à jouer). Les savantes recherches de M. Merlin {Revue
archéologique de 1859, p. 193, 280, 747) ont réfuté d'une manière
suffisante tout ce qu'on avait dit sur l'origine orientale des cartes à jouer,
et ont mis hors de doute le fait qu'elles ont été inventées en Italie. C'est
donc faire des efforts impuissants que de vouloir trouver dans l'arabe
l'explication étymologique du mot en question. Cependant je me crois
obligé de dire un mot des conjectures qu'a avancées M. Mahn {Elym.
Unters. , p. 29). Ce savant trouve dans les quatre couleurs des cartes
une allusion aux quatre ordres. Les spade désigneraient la noblesse, les
coppe les ecclésiastiques (!) , les clenari les marchands, et les hastoni les
paysans. Cette hypothèse une fois admise, il dérive le mot naipe de
l'arabe nâïh (vicaire , substitut). — Le fait est que M. Mahn n'a pas
compris le véritable sens de ce mot arabe. Un nâïh désigne un suhsti^
tut, un délégué, un vicaire; un vice-roi, un gouverneur d'une province,
peut être le naib du sultan ; mais ce mot ne s'emploie jamais dans l'ac-
ception que nous donnons au mot représentant, quand nous disons que
les états généraux représentent le peuple. L'idée même de représenta-
lion n'existant pas chez les Orientaux, il va sans dire qu'ils n'ont pas
dans leur vocabulaire un mot pour désigner un représentant du peuple. —
Et encore M. Mahn aurait-il dû démontrer que les Arabes ont eu des
cartes qu'ils nommaient nâïh, ou bien il aurait dû expliquer le fait sin-
gulier et incroyable que les Italiens ou les Espagnols se seraient servis
d'un mot arabe pour exprimer une chose nationale. » Engelmann.
p.
«Petaca (étui, p. e. pour des cigares) de Xïlkij (hitâca) (qui vient du
grec TTiTrâKtûv) , un morceau de papier, une lettre. Le changement de
signification est le même que dans (j^lb^fijl , du papier, et alcartaz, cor-
net.» Millier. — C'est au contraire un mot mexicain (de pellacalli) et
qui signifie proprement coffre; voyez Diez.
R.
Radio. De même que l'avait fait Marina, M. Mliller dérive cet adjec-
49
580
tif, qui n*est plus en usage, de ,^ôj {radi); mais le sens de ces deux
mots n'est pas du tout le môme. Le terme arabe signifie mauvais et
rien autre chose, tandis que le mot espagnol avait un sens bien diffé-
rent, comme le prouve ce passage de la Chronica ^ewera/ que cite TAcad.:
« Acogeronse mui fuertemente â los montes , é andaban radios por ellos à
unas partes, é à olras , como facen los lobos.» Voyez aussi Sanchez, II et IV.
RmcoN, rançon, rencon (coin, angle), de ^S'j (rocn) selon M. Muller.
M. Engelmann connaissait cette étymologie par Marina et par Moura ,
mais je crois qu'il a eu raison de ne pas l'admettre; voyez Diez.
s.
«Sabalo (alose). Quel est le terme original, le mot roman ou le mot
arabe J^-.7L.ii (châbal)? » Muller. — L'arabe ancien ne connaît pas ce
terme, qui n'a jamais été en usage qu'au Magrib (cf. le Glossaire sur
Edrîsî, p. 325, 388). C'est peut-être un mot très-ancien et qui a été
en usage, en Espagne et parmi les Berbères, depuis un temps immémorial.
«Sabana, savana (linceul, drap de lit), de )L^aj^ {sahaiiîya) qui dé-
signe xme pièce de toile blanche, comme on en fabriquait à Saban , qui
est le nom d'un endroit près de Bagdad. Voyez plus de détails sur ce
mot chez M. Dozy, Dict. des noms des vêt., p. 200, Gloss. sur Ibn-
Adhârî, p. 21. Dans un passage de ce dernier auteur il désigne un
mouchoir, sonadero de mocos chez P. de Alcala. » Engelmann. — J'ai
à me reprocher d'avoir donné autrefois celte étymologie ; mais M. En-
gelmann aurait pu savoir par le Jotirn, asiat, de 1854 (I, 171, 172),
ou par la première partie des Mémoires d'hist. orient, de M. Defrémery
(p. 205, 206), qui a paru dans la même année, que j'ai rétracté ce que
j'avais dit à ce sujet. Sabana , comme M. Diez l'a dit avec raison , vient
du grec aJi(3txvov, b.-lat. sabanum (toile rude pour s'essuyer au sortir
du bain, frottoir). Quant à l'arabe sabantya, je n'ose pas décider s'il
vient de ce même mol grec ou bien du nom propre Saban.
T.
«Tafur, lahur, pg. taful (celui qui pipe au jeu), de iys>ù (dahoul) ,
trompeur , perfide (?). » Engelmann. — Etymologie inadmissible, P. parce
que le mot arabe n'appartient pas au langage ordinaire, 2^ parce que
le d initial ne se change pas en /.
387
Tasquiles (recoupes, éclats qui s'enlùveiU des pierres, quand on les
taille). M. Miiller demande si ce mot vient de Jw^i^aj" {laçquil) , qu'il
traduit par l'action de polir. Je ne le crois pas, car iaçqutl serait Tin-
finilif de la i'^ forme, et celle-ci n'existe pas. En outre, la signiGca-
lion ne conviendrait point. Tasquiles n'a rien à faire avec l'idée de
polir, et supposé môme qu'il en fut autrement, la forme (l'infinitif) se-
rait assez étrange.
Telinas (lellines) ne dérive pas de l'arabe ,j^aJv> (dellînas) , comme
le pense M. Mûller, car le d arabe, quand il est initial, ne devient pas
/ en espagnol, mais du grec tsKkIv^ , qui a passé aussi dans le latin et
dans le français, et d'où le terme arabe vient également.
«Tina, tinaja (grande cruche de terre; — cuvier), de l'arabe ^xi?
{lin) y argile, mot qu'on emploie encore de nos jours en Afrique pour
désigner une aiguière; cf. Duveyrier dans le Zeilschrift der d. morgenL
Gesellschaft , XII, 185.» Millier. — Etymologie très-malheureuse! Il
est vraiment singulier que M. Miiller n'ait pas connu le latin tina , qui
se trouve déjà chez Varron avec le sens de cuvier et d'où viennent /ma,
fr. Une, ilal. iinaccio. Quant à l'arabe ttn il n'a jamais signifié ai^ mère
chez les Arabes d'Espagne, et ce que Duveyrier a donné dans le Journal
asiatique allemand , est un glossaire berbère.
X.
«Xerga (étoffe de laine grossière) de l'arabe '».j^jl^ {chârica) qu'on
trouve chez P. de Alcala aux mots xerga a sayal , sayal de lanagrosera,
picole 0 sayal. N'ayant jamais rencontré ce mot ailleurs, je ne sais pas
si je l'ai transcrit correctement en caractères arabes.» Engelmann. —
Les Mauresques ont emprunté ce mot aux Espagnols. Son etymologie
a été expliquée par M. Diez, ï, 564.
z.
«Zaranda (crible). N'ayant jamais rencontré l'arabe çârand par lequel
P. de Alcala traduit le mot espagnol, et n'étant pas en état de lui
donner une etymologie arabe , je suis porté à croire qu' Alcala n'a fait
tjue transcrire l'espagnol zaranda , dont il faudrait par conséquent cher-
cher l'origine ailleurs.» Engelmann.
ADDITIONS ET CORRECTIONS.
Pag. 32, h 25. Au lieu de Ibn-Labboun, lisez: Ibn-Loyôn.
Pag. 61, art. albacora. Selon Grose (Voyage to the East Indies,!,^)
ce poisson aurait été nommé ainsi à cause de sa couleur blanche; mais
comme la seconde partie du mot ne s'explique pas par le latin, j'hésite
à reconnaître le latin alba dans la première.
Pag. 73 , art. alboronia. L'arabe ^^if^^^j ne manque pas dans Freytag
(voyez I, 171 6) , quoiqu'il ne soit pas à sa place, et ce qu'on y lit con-
firme ce que j'ai dit sur l'origine de ce mot. D'un autre côté, Téty-
mologie de alboronia que j'ai proposée, trouve un appui dans un passage
de Rhazès. Les melongènes sont, comme je l'ai dit, l'ingrédient prin-
cipal de Valboronia. Or Ibn-al-Baitâr, à l'article ^^L:5^iJ>Lj, qui signifie
melongène, cite un passage de Rhazès où on lit: »-\-^^Jl ^_^a-A-j Uii^
«ce fruit ne relient son âcrelé que dans les mets rôtis sans huile et
dans le bôrânî qu'on ne cuit pas ^ seulement elle est moindre dans le
bôrânt. » On voit donc que les melongènes entrent dans le bôrânî
(forme qui manque chez Freytag) ou bôrânîya des Arabes comme dans
Valboronia des Espagnols.
Pag. 75, art. alboroque. Le mot baraca se trouve aussi dans le sens
de cadeau , gratification, chez un chroniqueur anonyme (man. de Copen-
1) <JsiX^ pour \JèXM (comme porte ici le man. 420 i) est très-fre'qucnt, ce que Frey-
tag aurait dû noter.
589
liague, 11®. 76, p. 10) qui s'exprime en ces termes: ws->L-o ^jI S^^
^jj^ ]S ^^ vJistj^i^ oUÎ^Î^, «Ibn-Çâhibi-*ç-çalât dit ceci: Selon le
rapport d'Abou-M-Hasan , le calife donna à chacun de ses soldats , pen-
dant toute la durée de son expédition contre Cafça, mille dinars en guise
de gratiûcation, sans compter les fourrages, les commodités de la vie
et les provisions qu'ils trouvaient à chaque étape.» Plus loin (p. 21)
on lit dans le même ouvrage : ^Lw-^ii ^.a jS'\.^x!>\ ^a^^^J ^-^^^^ ^^^
JL^Jî^, «le calife fit donner une gratification à tous les soldats de la
cavalerie et de Tinfanterie. » Ailleurs (p. 23) : les chaikhs arabes étant
arrivés avec les soldats de leurs tribus, îCaa^xJî o^^amXJLj ^^j^ f*-*-iî
)iLj^\ oL^^il^, aie calife leur fit donner des vêtements magnifiques et
des gratifications très-considérables. » Plus loin (p. 52) : oLjyil ci^>y>^
ol^^^î^, a on donna aux troupes leur solde et leurs gratifications.» Dans
un autre endroit (p. 70) ; oL^-JI g[^-.>w i^LJ^lli ^JLol^î ^jL^ c^^/caxsî^ ,
«ceux qui avaient apporté la nouvelle de cette victoire furent comblés
de cadeaux.» Plus loin (p. 91); ^^î /Uîj ifsL^A oJji^ l^^y> ^
qL^5>'^1^ »Sjj<'A ^ ^aJî ^^jv>U »s>a S^Ah, «lorsque les soldats furent
sortis de Tunis et qu'ils eurent établi le camp en dehors de cette ville,
ils lui demandèrent ce qu'on leur donnait ordinairement, à savoir des
gratifications et des présents.» Et encore (p. 115): le sultan partit de
Maroc avec son armée, ^.AI^4.^5, i^^jI^jJ ^^?>>-^^-^^ c^^-*"^ L^A«*»j
j^j>U ^^j=>- ^jLs. j^.^LLix:t, «après avoir donné leurs gratifications aux
Almohades et aux soldats leur paie , selon la coutume. » Un autre pas-
sage (p. 44), où on lit: iO^JLj ^^^I^mJÎ (H^tj \^ô^z>Wf semble indiquer
que haraca est synonyme de bâkiya, qui signifie proprement arrérages,
Pag. 77, 1. 13. Au lieu de: pendant qu'ils faisaient une razzia, li-
sez: pendant que la population n'était pas sur ses gardes.
Pag. 107. En parlant d'une expédition que le sultan alraohade Al-
raançor entreprit contre Cafça dans l'année 582 de l'Hégire, un chro-
niqueur anonyme (man. de Copenhague, n^ 76, p. 34) dit: aÂ^ ^^
v3U->U»^ ^A.o>\Jî sjU ^i ifJ^jj^ (?)^\jaM ié\j>\ ^^*>=A i^jS^Sy «pour cette
590
expédition il avait l'ait faire un àfarâg d'une beauté et d'une élégance
très-remarquables et que l'on dressait quand il s'arrêtait.»
Pag. 112, 113, art. alferecia. L'idée de M. Engelmann, qui met ce
terme {alfeliche) en rapport avec la racine gJLi> {khaladja) , mérite peut-
être plus d'attention que je ne lui en ai accordé. Le mot _^i>| {ikh-
tilâdj) est du moins un terme de médecine et signifie réellement con^
vulsions, car je trouve dans le Glossaire sur le Mançouri (man. 331 (5),
fol. 152 r°): OyùXA ».aS Kà^am*.^ go^ k^a *j> ^î yaxlS ^\Jaé:û\ ^ J^JJ>\
«xiXil^ **/i^yo ^A w<-\.:> Î3î «..^Ixi»!^ *.^:> ^a. Aussi M, Sontheimer
(1,162) traduit-il Zuckungen dans ce passage d'Ibn-al-Baitâr : c:jA> iit^
ë^âi •.\ îcAê^ 3^ r^^^ Q<A-AJt ^^-5. Al'ikhtilâdj , prononcé comme al-
iflilîdj par suite de Vimâla et du changement ordinaire de kh en /",
devient facilement alfeliche,
Pag. 181, L 24. Ajoutez: Chez Ihn-Haiyân (man. d'Oxford, fol. 29
r°) il est question du Ui.AA*Jt »,LoJt u^a-^^uà ^.L^a.^, «vieux moçallci
(grande place en plein air, où le peuple se réunit pour faire la prière
en certaines occasions) dans le champ de la moçâra » près de Cordoue.
Pag. 186, art. alquitara. Chez Hélot alambic est aussi b'ib's.
Pag. 193, 1. 7 a f. — 5 a f. Noudba avec le sens de garnison se
trouve aussi deux fois dans ce passage d'Ibn-Haiyân (man. d'Oxford,
fol. 86 r") : ^-^ f^^^ ».jL:5\aoI ^^a ajJwJ L^aS */i?5 l.g-iUa>^ AAAjLftii t;i5sJLo^
jJL>, ^ iÛLXi l4i.i>t^ v^5 ^^!^^3 L^l"^» «s'étant emparé du château,
il le fortifia et y mit quelques-unes de ses troupes en garnison» (dans
la phrase suivante l'auteur répète la même chose en d'autres termes).
Ailleurs (fol. 85 v°) il emploie nadb dans la même acception, quand il
dit: i-jjoil 10 ^ô\^^ L^Aoï ^Aa^^, «il fortifia le château de la ville
et y mit une garnison. »
Pag. 207. Avant asequi il faut ajouter cet article:
^Arzolla. Dans le sens à*amande qui n^a pas atteint sa maturité y
c'est «j^Ui (al'lauza) ; voyez l'article alloza , où j'ai déjà noté arzolla
comme une forme portugaise; mais ce mot désigne en outre la plante
appelée chardon-de-Notre-Dame ou caille-lait. Dans cette acception c'est
un tout autre mot, mais que les Espagnols ont aussi reçu des musul-
mans. Il n'est pas dans les dictionnaires arabes, mais je l'ai trouvé
591
chez Ibn-al-Baitar. En parlant d'une plante dont le véritable nom m'est
encore inconnu, car dans les man. ce nom, qui n'est pas non plus dans
les lexiques, est écrit de différentes manières (dans la traduction de
Sonlheimer c'est t. I , p. 27, deuxième article), ce botaniste dit que le
goût du médicament qu'on en prépare ressemble un peu à celui de l'ar-
tichaut; puis il ajoute que la plante en question ressemble aussi un
peu, pour ce qui concerne la forme de sa racine, ses feuilles, ses fleurs
et son goût, à celle que les botanistes appellent arzola^ o»yuJI oLxvJi
^jy^^ ^jjL^xiJ! lUc. Cet arzola , qui est écrit deux fois très-distinc-
tement dans nos man. 13 et 420 6 (le premier ajoute les voyelles), est
selon toute apparence le même mot que Tesp. arzolla dans le sens de
Chardon-de-Notre-Dame. Dans la traduction de Sontheimer il est altéré
d'une manière fort étrange, car au lieu de ar&ola on y lit deux fois rm.
Pag. 220, art. axobda. M. Defrémery m'écrit: «Ne pourrait-on pas
lire axorda y de iCl^yiJi (ach-chorta) î Cf. le val. eixortins, et icter/a, qui,
dans les lois de la dynastie aragonaise de Sicile , jusqu'au XIV^ siècle ,
sert à désigner les patrouilles de police (Amari dans le Journ, asial. de
1846, I, 229).» Il est vrai qu'il n'y avait pas de patrouilles de police
dans les camps , mais seulement dans les villes ; toutefois il se pourrait
que l'auteur de la Chanson du Cid eût réellement eu ce mot en vue et
qu'il l'eût appliqué improprement à des sentinelles.
Pag. 302, 303, art. marfuz. Plus j'y songe ^ plus je doute de celle
étymologie de marfuz. J'ai déjà dit qu'un participe passif markhouç,
formé du verbe neutre rakhoça, est contre les lois de la grammaire.
En outre je ne puis pas prouver que les Arabes ont employé ce parti-
cipe , et je ne vois pas non plus pourquoi ils l'auraient formé , car
comme ils avaient rakhîç (esp. rafez) , ils n'avaient pas besoin de forger
markhouç et de l'employer dans le même sens. Je crois donc devoir
entrer dans une autre voie. Le dhâd final. devenant quelquefois z (p. e.
dans hamez) , je pense à présent , avec les auteurs du glossaire sur le
Cancionero de Baena, que marfuz est l'arabe ^y^y» (marfoudh), le par-
ticipe passé du verbe rafadha. Ce verbe signifie abandonner y rejeter,
réprouver (Bocthor sous ce dernier mol), et son participe passé a le sens
de rejetable, qui doit être rejeté (Bocthor), réprouvé. Ainsi on lit chez
Ibn-IIaiyân {apud Ibn-Bassâm, man. de M. Mohl, fol. 42 v°) qu'Jbn-Hazm
parla et écrivit contre les juifs ^^x> \^y.4>l\ w^^lJ^JÎ ^^J^t ^.^ (^-f^^.
592
*)iJ^\ J.^1 « et contre les musulmans des sectes réprouvées. » Le sens
de réprouvé convient à tous les passages espagnols où se trouve marfuz.
Pag, 337, 1. 6 a f. Comparez ce passage dans le Voyage de M.
Rohlfs, qui a paru cette année [Reise durch Marokko, p. 1): «En che-
min nous fûmes arrêtés deux fois par des gens armés qui voulaient
lever un droit de passage sur nos chevaux. Plus tard j'appris
qu'ils étaient réellement autorisés, dans leur qualité de gardiens de la
route, à lever une contribution sur chaque animal qui passait.»
4^
INDEX.
Le signe § indique que le mol esl allcré dans lea chlrlcs , les chroniques , etc.
aarif val. — alarife.
ababa — hamapola.
ababol — hamapola.
abbarrada pg. — albarrada.
abelmosc Jr. — abelmosco.
abihar — albihar.
abivas — adivas.
abojon — albanal.
abonon — albanal.
abulaga — p. 371.
açacal pg. — azacan.
açacalar pg. — acicalar.
açafrao pg. — azafran.
açaqtial pg. — azacan.
aceifa pg. — acepha.
aceipha — acepha.
acenas — zahenes.
acenia pg. — acena.
acenoria — azanoria.
acetere pg. — acetie.
acetram b.-lat. — acetre.
achachia b.-lat. — achaque.
achaquia — achaque.
aciar — acial.
aciche — aceche.
acidat«s — acirate.
acige — aceche.
acimboga — zambos.
acipipe pg. — acebibe.
acoton a. fr. — algodon.
açofrare hAat. — azofra.
açotea pg. — azotea.
açoucagem pg. — azoguc.
açougui pg. — azogue.
açouque pg. — azogue.
açoute pg. — azote.
açucate pg. — acicate.
adafina — adefina.
adail pg. — adalid.
adala — p. 370.
adalil — adalid.
adaraga — adarga.
adai-agadante — ante.
adarme — adareme.
adehala — adahala.
adia pg. — odia.
adibe pg. — adive.
adinas — adivas.
adiva — adive.
adnuba h.-lat. — annuduva.
adraja — adaraja.
adta — hasta.
adua pg. — annuduva.
adulaha h.-lat. — sandia.
adzembles val. — aceniila.
aeyraki h.-lat. — irake.
acyralis hAat. § — irakc,
afice — hafie.
agarrar — p. 370.
agomia pg. — gumia.
aguasul val. — algazul.
aguraia pg. — gumia.
aixorca val. — axorca.
ajonge — aljonge.
ajonjoli — aljonjoli.
ajorar — jorro.
alabao pg. — p. 370.
alabega — albahaca.
alacral pg. — alacran;
alacrao pg. — alacran.
alahea pg. — alahela.
alambar — ambar.
alainbel pg. — alfamar.
alamber — alamar.
alambic fr. — alambique.
alambor — alcabor.
alanibre pg. — ambar.
alameda — p. 370.
alimiina — alamin.
alanzel — arancel.
alanzorear — alhanzaro.
alara § — alûgara.
alarif val. — alarife.
alarvc pg. — alarbe.
alaxur — alaxu.
alazao pg. — alazan.
albacor — albacora.
albafora pg. — albatar.
albancz pg. — albani.
albanar — albanal.
albanil — albani.
albanir — albani.
albara — albala.
albaran — albala.
50
594
albarcoqnc — albaricoquc.
albardi val. — albardin.
albarra — albala.
alban-aa pg. — albarran.
albarraz — abarraz.
albayal § — alagara.
albaz § — alchaz.
albecora — albacora.
albello val. — albanal.
albellon — albanal.
albercocca ital. — albaricoque.
albercoque — albaricoque.
alberengena — berengena.
albernoz — albornoz.
albetoça pg. — albatoza.
albexi b.-lat. — alguexi.
albicocca ital. — albaricoque.
albixeres val. — albricias.
albofera — alboliera.
albolga — alholba.
albollon — albanal.
albolon — albanal.
alboquorque — albaricoque.
alborga — p. 373.
alborni — borni.
alboroc — alboroque.
alboroto — p. 371.
alborozo — p. 371.
albricoque pg. — albaricoque.
albudeca — albudega.
albuelvola — alborbola.
albuerbola — alborbola.
alcaballa pg. — alcabella.
alcacer — alcacel.
alcaceria cat. — alcaîceria.
alcaçarias jjg, — alcaiceria.
alcachofa — alcarchofa.
alcachofra pg. — alcarchofa.
alcacil — alcaucil.
alcaçova pg. — alcazaba.
alcaçuz pg. — alcazuz — oro-
zuz.
alcadef pg. — alcadafe.
alcadefe pg. — alcadafe.
alcaeceria — alcaiceria.
alcamonia pg. — alcamonias.
alcamplior pg. — alcanfor.
alcaraunia pg. — alcamonias.
alcance — p. 83, n. 1.
^Icandora pg. — alcandara,
alcaot prov. — alcahuete.
alcaravao pg. — alcaravan.
alcarcil — alcaucil.
alcatara — alquitara.
alcatruz pg. — alcaduz.
«.Icavala — alcabala — alca-
bella.
^Icavei-a — alcabella,
alcavot prov. — alcahuete.
alcayote pg. — alcahuete.
alchazar — alcacel.
alcherevia pg. — chirivia.
alcheria pg. — alcaria.
alchimilla — alquimia.
alchoton — algodon.
alcofa pg. — alcahuete.
alcofol — alcohol.
alcofoll cat. — alcohol.
alcomenias — alcamonias.
alcomonia pg. — alcamonias.
alcorao pg. — alcoran.
alcorça pg. — alcorza.
alcorce pg. — alcorza.
alcorde — alcarrada.
alcoscuzu — alcuzcuz.
alcoton — algodon.
alcova ital. — alcoba.
alcôve Jr. — alcoba;
alcunha pg, — alcuna.
alcuno — alcuna.
alcupetor — alcapetor.
alcuzcuzu — alcuzcuz.
aldargama — adargama.
aldrava pg. — aldaba.
alducar — aducar.
alefriz pg. — alefris.
alephanginas — alefanginas.
alesor — alaxor.
alexor — alaxor.
alezan Jr. — alazan.
alfabar pg. — alfamar.
alfabega — albahaca.
alfagara b.-lat. — alagara.
alfagia — alfargia.
alfagiara b.-lat. — alagara.
alfajara b.-lat. — alagara.
alfalfe — alfalfa.
alfalfez ^ alfalfa.
alfama § — aljama.
alfanbar pg. — alfamar.
alfanegue b.-lat. — alfaneque.
alfanehc b.-lat. — alfaneque.
alfanez b.-lat. — alfaneque.
alfaquim — alhaquin.
alfar — alfahar.
alfarero — alfahar.
aîfarroba pg. — algarroba.
alfarxes — alfargia.
alfaxu — alaxu.
alfaxur — alaxu.
alfazema pg, — alhucema.
alfechua b.-lat. — alfetena.
alfeliche — alferecia — p. 390.
alfenim pg. — alfenique.
alferiche — alferecia,
alfetna b.-lat. — alfetena.
alfiler — alfilel.
alfinde — alinde.
alfinete pg. — alfilel,
alfoli — alholi.
alfondeca b.-lat. — alhondiga.
alfonsigo — alfocigo.
alforatus b.-lat. — alforado.
alforins val. — alholi.
alforiz — alholi.
alforrat cat. — alforado.
alforrécas pg. — alhurreca.
alforria — alholba.
alfoi-va — alholba.
alforvas pg. — alholba.
alfostigo — alfocigo.
alfoufe a. pg. — alfobre.
alfoufre a. pg. — alfobre.
alfouve a. pg. — alfobre.
alfovre a. pg. — alfobre.
alfuja pg. — alftigera.
alfurja pg. — alfugera.
algaba — algava.
;95
algacel — gacel.
algfarabio — algarabia.
algaravia — algarabia.
algaribo — algarivo.
algarve pg. — alquerquc.
algazarra pg. — algazara.
algazu — gazua.
algebrista — algebra.
algela pg. — alahela.
algerive jjg. — algerife.
algibebe pg. — aljabibe.
algiroz pg. — algeroz.
algodao pg. — algodon.
algofar pg. — aljofar.
algofra — algorfa.
algorio — alguarin.
algoritmo — alguarismo.
algoton — algodon.
algravia pg. — algarabia.
alguergue i)g. — alquerque.
alhaba — alfaba.
alhabega — albahaca.
alhacena — alacena.
alhadida — alidada.
alhagara h.-lat. — alagara.
alhaili — aleli.
alharma — alfarma.
alhandega pg. — alhondiga.
alhaonarse — haron.
alhargama — alfarma.
alhaxlx — alhexixa.
alheli — aleli.
alhiara — aliara.
alhidada — alidada.
alhinde — alinde.
alhobzes — alfoz.
alholla — alfolla.
alholva — alholba.
alhorza — alforza.
aliacran — aliacan.
aliaga. — p. 371.
alicece pg. — alizace.
aliceres — alizares.
alicerse pg. — alizace.
alicesse pg. — alizace.
aliCwe § — alifafe.
aliphafe b.-lat. — alifafe.
aliphase § — alifafe.
aliphasis § — alifafe.
aliquival — alquival.
aljabebo pg. — aljabibe.
aljabeim pg. — algibcira.
aljafifar — aljofifa.
aljaroz pg. — algeroz.
aljava pg. — aljaba.
aljofifar — aljofifa.
aljorses pg. — aljaraz.
aljube pg. — algibe.
aljufaina — aljofaina.
aljup — algibe.
allebliati (falcones) b.-lat. —
nebli.
alludel — aludel.
almadena — almadana.
almadina — almadana.
almadrac — almadraque.
almadrena — p. 372.
almafariz — almirez.
almafFega pg. — almarrega.
almafil b.-lat. — marfil.
almafre pg. — almofar.
almagacen — almacen.
almaizal — almaizar.
almajanech cat. — almajane-
que.
almandaraqve — almandara-
he.
almandra 6.-/a^ — p. 152,n. 1.
almandraque a. ja*/., — p. 152 ,
n. 1.
almareen — almacen.
almarfaga pg. — almarrega.
almarge pg. — almarcha.
almargcal pg. — almarcha.
almargem pg. — almarcha.
almaribate — almarbate.
almarjales — almarcha.
almarracha pg. — almarraxa.
almartega — almarlaga.
almartiga — almartaga.
almastec — alraaciga.
almastlga — almaciga.
almatrac prov. — almadra-
que.
alraatracum b.-lat. — alma-
draque.
almatrach cat. — almadru*
que.
almaxia — almexia.
almazem pg. — almacen.
almegi — almexia.
almegia — almexia.
alraena — p. 372.
alraiar — almear.
almiça pg. — almece.
almice pg. — almece.
almirage — almirante.
almiraglio ital. — almirante.
almiraje — almirante.
almiscar pg. — almizque.
almizcle — almizque.
almocadem 7J<7. — almocaden.
almocafi-e — almocafe.
almocelia — almocella.
almoceria — almocella.
almocovar pg. — almocavar.
almocrate — almojatre.
almoeda pg. — almoneda.
almofaça pg. — almohaza.
almofada pg. — almohada.
almofariz — almirez.
almofalla — almohalla.
almofre — almofar.
almofreixe pg. — almofrex.
almofrexe — almofrex.
almogarif val. — almoxarife.
almohatre — almojatre.
almoianege — almajaneque.
almojater — almojatre.
almondega — albondiga.
almoqueire pg. — almocreve.
almoronia — alboronia.
almosarife pg. — almoxarife.
almotacel pg. — almotacen.
almotafa — almostalaf.
almotafaz — almostalaf.
almotalaf val. -- almostalaf.
alraotalafc — almostalaf.
iOG
almotalefe — almostalaf.
almotazaf — almostalaf.
almoxerife — almoxarîfe.
almozala — aliuocella.
almozarife pg. — almoxarîfe.
almozela — almocella.
almucabala p^r. — almocabala.
almucantarat — almicantarat.
almucella — almocella.
almuceria — almocella.
almude pg. — almud.
almuia — almunia.
almuinha — almunia.
alraunha — almunia.
almuri — almori.
almutaceb — almotacen.
almutazafe — almotacen.
almuzala — almocella.
almuzalla — almocella.
alnagora — anoria.
alpargate — p. 373.
alpicoz — alficoz.
alquequenge — alkaquengi.
alqueria — alcaria.
alquetifa — alcatifa.
alquice — alquicel.
alquicer — alquicel.
alquiés pg. — alquez.
alquiler — alquile.
alquimilla — alquimia.
alquii-ivia pg. — chirivia.
alquiser — alquicel.
alquivar — alquival.
altabaque — tabaque.
altaforma pg. — atahorma.
altramuz — atramuz.
aluaxaque — aguaxaque.
aluayaque § — aguaxaque.
alvacil a. pg. — alguacil.
alvacir a. pg. — alguacil.
alvanel pg. — albani.
alvara — albala.
alvaraz pg. — albarazo.
alvarcoqne — albaricoque.
alvaroc — alboioque.
alvaroch — alboroque.
alvarrâa pg. — albarran.
alvasil a. pg. — alguacil.
alvasir a. pg. — alguacil.
alvayade pg. — albayalde.
alvazil a. pg. — alguacil.
alvazir a. pg. — alguacil.
alveci b.-lat. — alguexi.
alveici b.-lat. — alguexi.
alveitar pg. — albeitar.
alverca ;:>^. — alberca.
alviçâras pg. — albricias.
alvoroc, alvoroch — alboroque.
alvoroto pg. — p. 371.
amapola — hamapola.
amarillo — ambar.
amazaquen — almaciga.
ambra ital. — ambar.
ambre fr. — ambar.
amexa pg. — ameixa.
amfioen holl. — anfiao.
amiral Jr. — almirante.
amiralh prov. — almirante.
ammiraglio ital. — almirante.
amoradux — almoradux.
amoucouvar pg. — almouca-
var.
amuya — almunia.
anacala — anacalo.
anafaga — annafaca.
anafalla — anafaya.
anafe — alnafe.
anafil pg. — anafil.
anafim pg. — anafil.
anaxir — anesim.
anacal — anacalo — anaquel.
anafaga — annafaga.
anagal — anacalo.
anaza — anacea.
andaimo pg. — andaime.
andamio — andaime.
anemola pg. — p. 373.
anemona pg. — p. 373.
anémone — p. 373.
anémone /r. — p. 373.
anexir — anexim.
anhadel pg. — anadel.
anil pg. — anil.
anir — anil.
annacal — anacalo.
annadem pg. — anadel.
annafaga — annafaca.
annafFaga — annafaca.
anoria — anoria.
anta pg. — ante.
anubda b.-lat. — annuduva.
anuda b.-lat. — annuduva.
anudiva b.-lat. — annuduva.
anuduba b.-lat. — annuduva.
aqueton a. fr. — algodon.
arabia pg. — algarabia.
araca pg. — arac.
arambel — alfamar.
arancio ital. — naranja.
araque pg. — arac.
arboUon — albanal.
arcabuz — p. 373.
arcaduz — alcaduz.
archibuso ital. — p. 374.
arcobugio ital. — p. 374.
arfece pg. — rafez.
argilagues val. — p. 372.
argilax a. fr. — p. 372.
argola pg. — argolla.
arixes — alarixes.
armaga — alfarma.
armajal — almarcha.
armajara — almajara.
armazem pg. — almacen.
arquebuse fr. — p. 373.
arrabalde pg. — aiTabal.
arrabil pg. — rabel.
arrabique pg. — arrebique.
arracadas — alcan-ada.
anaes pg. — arraez.
arrais pg. — arraez.
arrate — arrelde.
arratel pg. — an-elde.
aiTaxaque — arrexaque.
arrayan — arraihan.
arre — arriero.
arreaz pg. — arreas.
arrecadas pg. — alcarrada.
597
arrccife — arracifc.
arredoma pg, — redoma.
arrefeçar pg. — rafez.
arrefem pg. — rehen.
arrehen — rehen.
arrel — arrelde.
arri prov. ital. — arrière,
arrial — nrriaz.
aiTiaz pg. — an-eas.
arrieiro pg. — arrière,
arrodoma b.-lat. — redoma.
arrotoma b.-lat. — redoma.
arrotovas — arrocovas.
arsanayado — arsenal,
arzel fr. — argel.
arzoUa — alloza — p. 390.
asarabacara — p. 374.
asarihe b.-lat. — xariko.
asenha pg. — acena.
asoth — azogue.
assania pg. — acena.
assassino pg. — asesino.
ata — hasta.
atafona pg. — atahona.
ataharre — atafarra.
atahnd — ataud.
atambal — atabal.
atambor — p. 374.
atara — merma.
atarace — ataracea.
atarazana — arsenal,
atarea — tarea.
atarrafa pg. — atarraya.
atarrea — atafana.
ataut — ataud.
até pg. — hasta.
atha pg. — hasta.
athanor — atanor.
atincal pg. — atincar.
atora — p. 375.
attabi b.-lat. — tabi.
atncia — atntia.
aubère fr. — hobero.
aubergine /r. — bcrengcna.
aubricot prov. — albaricoque.
aucoton a. fr, — algodon.
ancton a, fr. — algodon.
aulaga — p. 371.
aulaquida — alguaquida.
auqueton a. fr. — algodon.
avahar — albafor.
avaria pg. ital. — averia.
avarie fr. — averia.
avelorios pg. — abalorio.
avives fr. — adivas.
avorozo — p. 371.
axadrez — axedrez.
axarope — axarabe.
axenable — xenabe.
axenuz — agenuz.
axovar — axuar.
axuayca — axorca.
azabara — acibar.
azafema pg. — azafama.
azaga — zaga.
azahanoria — azanoria.
azahaya — azagaya.
azamboa — zamboa.
azambujo pg. — acebuche.
azarba — azarbe.
azaro — anzarotes.
azaroUa — acerola.
azarote — anzarotes.
azebre — acibar.
azédarac fr. — acedaraque.
azeipha — acepha.
azcmala pg. — acemila.
azemel pg. — acemila.
azemela pg. — acemila.
azemola pg. — acemila.
azena pg. — acena.
azenia pg. — acena.
azevar pg. — acibar,
azeviche pg. — azabachc.
azevre pg. — acibar.
aziar pg. — acial.
azimela pg. — acemila.
azoch — azogue.
azoche — azogue.
azofora — azofra.
azoot — azogue.
nzornfu — prirafa.
azorecho pg. — azul.
azote — azogue.
azoth — azogue.
azougue pg. — azogue.
azud — azuda.
azufaifa — azofaifa.
azulejo — azul.
azuna — zuna.
azutea — azotea.
azzardo ital. — azar.
bacora — albacora.
badea — albudega — badeha.
bafari pg. — bahari.
balais /r. — ■ balax.
balaja — balax.
balanquin — baldaqui.
balaxo — balax.
balduquin — baldaqui.
bandujo — bandullo.
bango — p. 375.
baraca b.-lat. — baiTaca.
baracca ital. — barraca.
baraque fr. — barraca.
barda — p. 375.
bardas — almadraba.
bareca b.-lat. — barraca.
barga — barraca.
barregana pg. — barragan.
barrena — p. 375.
barro — p. 376.
basane fr. — badana.
batafaluga — batafalua.
bechen fr. — behen.
bedana b.-lat. — badana.
beduino pg. — bédouin,
befez § — rafez.
beijoim pg. — benjoim.
beijuim pg. — benjoim.
belguino ital. — benjoim.
beliz pg. — belis.
belledino ital. — baladi.
belzuino ital. — benjoim.
benjoin fr. — l)enjoim.
51
;96
benjui — bcnjoim.
benzawi pg. — benjoim.
benzoin pg. — benjoim.
beringela pg, — berengena.
bezaar — bezar.
bezoar — bezar.
bézoard fr. — bezar.
bisnaga — biznaga.
bisnaga pg. — biznaga.
boronia — alboronia — p.388.
borzeguim py. — borcegui.
bosan fr. — buza.
bouracàn fr. — barragan.
bringella pg. — berengena.
brodequin fr. — borcegui.
bunaca sicil. — noque.
buz — p. 376.
€.
caballa — alcabala.
cabdia — alcabtea.
cabella — alcabala.
cabilla pg. — cabilda.
cacifo pg, — cafiz.
cadaf cat. — alcadafe.
cadahe — cadae.
cadde pg. — cande.
cafallo § — rafal.
çafara pg. — safara.
çafaro pg. — safai'o.
çaga pg. — zaga;
çahalmedina h.-lat. — zaval-
medina.
cahiz — cafiz.
caire fr. — cairo.
calafatear — p. 376.
calanga — galanga.
calibre — p. 377.
camicia ital. — p. 377.
camisa — p. 377.
çamoçan § — camocan.
camphre fr. — alcanfor.
camucan — camocan.
cancabux — cambux.
candi - — cande.
candil pg. — candc.
carabo — p. 378.
carabus h.-lat. — p. 378.
caracca ital. — caraca.
caracoa — caraca.
caracora h.-lat. — caraca.
caracove fr. — caraca.
carafFa ital. — gan*afa.
carafife fr. — garrafa.
caraque fr, — caraca.
carat fr. — quilate.
carato ital. — quilate.
carchexi § — alguexi.
carcioffo ital, — alcarchofa;
carmes — alquermez.
carmesi — alquermez.
carmin — alquermez.
carquois fr. — carcax.
carraca — caraca.
cartaz pg. — alcartaz.
cazeni b,-lat, — kazini.
cazur § — cazuz.
ceifa pg. — acepha.
ceifar pg. — acepha.
ceira pg. — p. 357, n. 1.
ceitil pg, — cepti.
celga pg. — acelga.
celtre — acetre.
cendal — p. 378.
cenefa — azanefa.
cenia — acena.
cenit — azimut,
cenoria — azanoria.
ceptil cat. — cepti.
cequia — acequia.
cerbatana — cebratana.
cerome — zorame.
ceroulas pg. — zaraguelles.
cerrome — zorame.
cetoal — cedoaria.
cetre — acetre.
ceuti — cepti.
cevacogue § — zavazogue.
cevaçogue — zavazogue.
chafariz pg. — zafarechc.
chaleco — jileco.
charabé pg. — carabe,
chébeck fr. — xabeque.
chemise fr, — p. 377.
cherevia pg. — chirivia.
cher vis fr, — chirivia.
chifla — chifra.
chiffre fr. — cifra.
chimeas pg. — chumeas.
chiroui fr. — chirivia.
chivarra — p. 378.
choça pg. — choza.
chumbeas pg. — chumeas.
chupa — aljuba.
chuque — chuca.
cicatea hasq. — acicate.
cifaque — cifac.
cipayo — espay.
citara — acitara.
cofia — p. 378.
çofra h.-lat. — azofra.
coiffe fr. — p. 378.
coir angl. — cairo.
colcothar pg. — colcotar.
colmena — p. 378.
cooma pg. — coima.
coracora pg. — caraca.
corocora pg. — caraca.
çotea pg. — azotea.
couza h.-lat. — alcuza.
cramoisi fr. — alquermez.
cuffia ital. — p. 378.
çulame — zorame.
çurarae — zorame.
curtir — p. 379.
dafina — adefina.
dala — p. 370.
dalle fr. — p. 370.
danafil pg. — anafil.
danta pg. — ante.
dante — ante.
darga — adarga.
dargadantc — ante.
darsena — arsenal.
diafa pg, — adiafa.
dinheiro pg. — dinero.
doana prov. — aduana.
dogana ital. — aduana.
douane fr. — aduana.
dragoman fr. — trujaman.
drogman fr. — trujaman.
duîa — adula.
durazno — p. 379.
G.
écarlate fr. — p. 379.
eissarop prov. — axarabe.
eixovar val. — axuar.
embudo — p. 379.
embut cat. — p. 379.
enrocar — roque,
entoldar — toldar.
enxadrez pg. — axedrez.
enxaqueca — axaqueca.
enxebe — axebe.
enxerga pg. — enxerca.
enxerqua pg. — enxerca.
cnxoval pg. — axuar.
cnxovia pg. — algibe.
eouza § — alcuza.
erraca — arac.
escarlata — p. 379.
escaveche pg. — escabeche.
espar — acibar.
exarich b.-lat. — xariko.
exarichus b.-lat. — xariko.
exaricus b.-lat. — xariko.
exericus b.-lat. — xariko.
exovar b.-lat. — axuar.
eyxarvia pg. — enxaravia.
eyxeco pg. — enxeco.
eyxequo j>g. — enxeco.
fabarraz — abarraz.
fabrègue fr. — albahaca.
falaxa pg, — falacha.
falouque fr. — faluca.
fanga pg. — funcga.
599
farda — alfarda — pg. p. 380.
farol — p. 380.
fasta — hasta.
fata — hasta.
fateixa pg. — fatexa.
fatol § b.-lat. — fatel.
felouque fr. — faluca.
felua — faluca.
feluca ital. — faluca.
filele pg. — fileli.
filuca ital. — faluca.
filucca ital. — faluca.
fistico pg. — alfocigo.
foam pg. — fulano.
foao pg. — fulano.
fodeli val. — fodoli.
folam pg. — fulano.
fomahante — fomahant.
forrar pg. — horro.
foiTO pg. — horro.
fouveiro — hobero.
frise fr. — friso.
fullano pg. — fulano.
fuluz pg. — foluz.
e.
gabela — alcabala.
gabella val. — gabilla. —
ital. alcabala.
gabelle fr. — alcabala.
gacela — gacel.
gacele — gacel.
gafeti — algaphite.
gaita — p. 380.
gala — p. 380.
galan — p. 380.
galangal — galanga.
gallofa — p. 381.
gambo — cambux.
gambox — cambux.
gambux — cambux.
ganan — alganame.
gandulera val. — gandul.
ganhara, ganhao pg. — al-
ganame.
garengal — galanga.
garita — p. 381.
garroba — algarroba.
garza — p. 381.
gazapa — p. 381.
gazapo — p. 381.
gazella pg. — gacel.
gazelle /r. — gacel.
gazia pg. — gazua.
gaziva pg. — gazua.
gazzarra ital. — algazara.
gazzurro ital. — algazara.
gelba pg. — gelva.
genêt fr. — ginete.
genette/r. — gineta — gi-
nete.
gengible — agengibre.
gengibre — agengibre.
gergelim pg. — ajonjoli.
ghiazzerino ital. — jacerina.
giannetta ital. — ginete.
giannetto ital. — ginete.
giara ital. — jarra.
giarro ital. — jarra.
giba b.-lat. — algibeira;
giberna ital. — algibeira.
giberne fr. — algibeira.
gilet fr. — jileco.
gineta — ginete.
ginnetto ital. — ginete.
giraffe fr, — girafa.
gith pg. — git.
giulebbe ital. — julepe.
giuppa ital. — aljuba.
giz 2)g. — gis.
gomia pg. — gumia.
gorguez pg. — gorguz;
guadamacil — guadamaci.
guadameci — guadamaci.
guadamecil — guadamaci.
guadamecim pg. — guadamaci.
guadamexim pg. — guada-
meci.
guaheto — guahate.
guajate — guahate.
guajetc — guahate.
400
guarguz pg. — gorguz.
guarismo — alguarismo.
gumena — p. 381.
gumileme pg. — elemi.
gurguez pg. — gorguz.
H.
habarraz — abarraz.
hacenes — zahenes.
haiz — hafiz.
haloque — aloque — faluca.
harambel — alfamar.
harem fr. — haren.
harma — alfarma.
harmaga — alfarma.
harmale pg. — alfarma.
harre — an-iero.
hasard fr. — azar.
hala — hasta.
hatti vah — hasta.
hégire fr. — hegira.
helga — alhelga;
hilil val. — alfilel.
hixara — hegira.
hoqueton fr. — algodon.
horra — horro.
hostol cat. — estol.
houri fr. — huri.
I.
imbuto ital. — embudo.
iracha h.-lat. — irake.
iraga h.-lat. — irake.
issarop prov. — axarabe.
jabalconar — jabalon.
jabalcones — jabalon.
jabalin — jabali.
jabalonar — jabalon.
jaceran — jacerina.
jaco — jacerina.
jahes — jaez.
janet cat. — ginete.
jaque fr. — jacerina.
jarre fr. — jarra.
jarre pg. — jarra.
jasaran — jacerina.
jaseran — jacerina.
jasmin pg. fr. — jazmin.
jazerant fr. — jacerina.
jazerenc fr, — jacerina.
jazerina j)g' — jacerina.
jifa — gifa.
jorrao pg. — jorro.
jova — jovada.
jovata — jovada.
joverius h.-lat. — jovada.
juba — aljuba.
jubatta h.-lat. — jovada.
jugeoline fr. — aljonjoli.
julep fr. ~ julepe.
jupe fr. — aljuba.
jusasives val, — jucefia.
juvada arag. — jovada.
juverius h.-lat. — jovada.
karabé pg. — carabe,
kazimi h.-lat. §. — kazini.
kazmi b.-lat. § — kazini.
koir angl, — cairo.
kyre angl. — cairo.
lacrao pg. — alacran.
lambel pg. — alfamar.
lambiqne pg. — alambique.
lançarote pg. — anzarotes.
laque fr. — laça,
laqueca j^g- — alaqueca.
laranja pg. — naranja.
largis pg. — alarguez,
laud — alaude.
lelies — lelilies.
lifara — alifara.
lilaila — fileli.
lilas fr, — lilac.
lililées — lelilies.
lililies — lelilies.
lime fr, — lima.
liuto ital. — alaude.
Uubi val, — alubia.
lohoc pg, et a. fr. — looeh.
lok fr. — looch.
looch fr. — looch.
luth fr, — alaude.
M.
macabes — almocavar.
maçaroca pg, — mazorca.
machila h.-lat. — maquila.
magacen — almacen.
magasin fr. — almacen.
maggazino ital, — almacen.
maginacete — machumacete.
magran — almagran.
mahozmedin — mazmodina.
maja — p. 381.
majo — p. 381.
manchar pg, — almixar.
maquia pg. — maquila.
maquilla h,-lat, — maquila;
maraboti prov. — maravedi.
marabout fr. — morabito.
maraice h.-lat. — marahez.
marayce h.-lat. \ — ■ marahez.
marcasita — marcaxita:
marcassite /r. — marcaxita.
marfaca h.-lat. — almarrega.
marfega — almarrega.
marffica h.-lat, — almarrega.
marfica h.-lat. — almarrega.
marfim pg. — marfil.
marga — almarrega.
margomadura — morcum.
marjal — almarcha.
marmutina — mazmodina.
marquesita — marcaxita.
marraga — alman-ega.
marragon — almarrega.
marraiz pg. — marahez.
401
marrega — almarrega.
masari — p. 382.
mascarade o. fr, — mascara.
maschera ital. — mascara.
mascordin val. — mazmodina.
masque yv. — mascara.
matafalua — batafalua.
matafaluga — batafalua.
matassins fr. — matachin.
matelas fr. — almadraque.
materacium hAat, — alma-
draque.
materas fr. — almadraque.
materasso ital. — almadraque.
materatium h.-lat. — alma-
draque.
matical pg. — mitical.
mattaccino ital. — matachin.
mazmutina — mazmodina.
mechal § — mitical.
meitega j>g. — almeitiga.
mencal § — mitical.
menjui — benjoim.
mercal § — mitical.
meschita ital. — mesquita.
mesquin fr. — mezquino.
mesquinbo pg. — mezquino.
mestech cat. — mistico.
métal § — mitical.
meteal § — mitical.
metcal — mitical.
metgal — mitical.
methcaes pg. — mitical.
metical pg. — mitical.
mezmudina — mazmodina.
moanunar — mohamar.
mocarabes — almocarabes.
moeda — moheda.
mofatra pg. — mohatra.
moganguice /î^r. — mogangas.
mogeles — p. 384.
mogigato — mogato.
mollita pg. — moslemita.
momarrache — mascara,
momie fr. — raomia.
monçao pg. ^ monzon.
morabitînus hAat. — mara-
vedi.
moraduix val. — almoradux.
morgom h.-lat* — morcum.
moronia — alboronia. —
p. 388.
morsequill pg, — borcegui.
mosarabe pg. — mozarabe.
mosefo pg. — moçafo.
mosequin pg. — borcegui.
mosquée fr. — mesquita.
motalafe — almostalaf.
mouçao pg. — monzon.
moucre fr. — almocreve.
mousseline fr. — muselina.
mousson fr. — monzon.
moxama — almoxama.
moxeraba — almoxarra,
moxil rmrc. — moxi.
moxinifada pg. — moxi.
mozmudina — mazmodina.
muchachim pg. — matachin.
mudalafe — almostalaf.
mufti fr, — mofti. #
muharra — moharra.
mulato — p. 384.
mummia ital. — momia.
murselina pg, — muselina.
musarabe pg. — mozarabe,
musselina pg. — muselina.
mussone ital. — monzon,
muxama pg, — almoxama.
muztarabe — mozarabe.
nabab fr, — nababo.
nabob angl. — nababo.
naca sicil, — noque.
nafaca — annafaca.
nafFe (eau de) fr. — nafa.
naipe — p. 385.
naora — anoria.
nebri pg. — nebli.
nefa — nafa.
uerma — raerma.
nochatro — almojatre.
olmafi h.-lat, — marfil.
orange fr, — naranja.
orraca pg, — arac.
overo — hobero.
oxi — alguexi.
oxsi — alguexi,
ozoli § — alguexi.
papagai prov, — papagayo.
paparaz pg, — abarraz.
papegai a. fr, — papagayo.
papegaut a. fr. — papagayo.
papola — hamapola.
pappagallo ital. — papagayo.
patache — albatoza.
patacon — pataca.
pateca pg. — albudega.
petaca — p. 385.
queza — alquicel.
quirate pg. — quilate.
quiza — alquicel.
rabé — rabel.
rabeca pg. — rabel.
rabil pg. — rabel.
radio — p. 385.
raez .— rafez.
rafallo — rafal.
rafece pg. — rafez.
raffez — rafez.
rahal — rafal.
rahali ~ rehali.
rahes — rafez.
rahez — rafez.
52
402
rak pg. — arac.
rame fr. — resma.
rançon — p. 386.
rapita val. — rabita.
ras pg. — rasa.
raval — arrabal,
raxiba cat. — arracife.
raz — rasa,
razzia fr. — gazua.
réalgal fr. — rejalgar.
réalgar fr. — rejalgar.
ream angl. — resma.
rebec fr. — rabel.
rebeca pg. — rabel.
rebel pg. — rabel.
rebique pg. — an-ebique.
recamer fr, — recamo.
récif /r. — arracife.
recoa — recua.
recova pg. — recua. — § ro-
tova.
refece pg. — rafez.
refem pg, — rchen.
refes — rafez.
refez — rafez.
regayfa val. — regueifa.
rebez — rafez.
rencon — p. 386.
rctova § — rotova.
ribebe itàl. — rabel.
ricamare itàl. — recamo.
ricamo îtal, — recamo.
rîem holl, — resma.
riess allem. — resma.
riis dan. — resma.
rigueifa pg. — regueifa.
rîmero — resma.
rincon — p. 386.
ris suéd. — resma.
risma ital. — resma.
rob — aiTope.
robe pg. — arropc.
roc fr. — roque,
rocova § — rotova.
romaine fr. — romana.
roquer fr. — roque.
rotoma h.-lat, — redoma.
rusafa — • arrizafa.
S.
sabalo — p. 386.
sabana — p. 386.
safanoria val. — azanoria.
safaria (romaa) pg. — zafari.
safio pg. — zafio.
saga pg, — zaga.
saguao pg. — azaguan.
salepo pg. — salep.
salmedina h.-lat. — zavalme-
dina.
sandal fr. — sandalo.
sanefa pg. — azanefa.
sai-abatana pg. — cebratana.
saravatana pg. — cebratana.
sarbacane fr. — cebratana.
sarrea basque — p. 358 , n. 1.
sarria — p. 357, n. 1.
sarrie/r. — p. 358, n. 1.
sarsani — zarzahaû.
savana — p. 386.
scacco matto ital. — xaque.
scarlatto ital. — p. 379.
sciloppo ital. — axarabe.
sciroppo ital. — axarabe.
seira pg. — p. 357, n. 1.
sejana pg. — sagena.
sena — sen.
seno pg. — sen.
séné fr. — sen.
senes pg. — sen.
senne pg. — sen;
sequin fr. — cequi.
sera — p. 357, n. 1.
setri cat. — acetre.
sifac pg. — cifac.
sirocco ital, — xirque.
sirop fr. et esp. — axarabe.
siroppo ital. — axarabe.
sîruppus h.-dat. — axarabe.
sitouar cat. — cedoaria.
sitoval cat. — cedoaria.
smala fr. — acemila.
sorbete pg. — sorbet,
spahi fr. — espay.
sultan — soldan.
sumac fr. — zumaque.
sunmiagre pg. — zumaque.
syrop fr, — axarabe.
syrupus h.-lat. — axarabe.
syruppus h.-lat. — axarabe.
ta — taa.
tabis fr. — tabi.
taforea — tafurea.
taforie ital. — tafurea.
taful pg, — p. 386.
tafur — p. 386.
taha — taa.
taharal — taray.
taheli — tahali.
tahona — atahona.
tabur — p. 386.
taibique — tabique;
talc fr. — talco.
talha pg, — almotolia.
talim pg: — tahali.
talque — talco.
talvina — atalvina.
taly pg. — tahali,
tambor — p. 374.
tambour fr. — p. 374.
tamburo ital. — p, 374.
taracea — ataracea.
tarcasso ital. — carcax.
tare fr. — merma.
tarefa pg. — tarea.
tarifer. — tarifa,
tarimba pg. — tarima.
tarongina val. — torongil.
tarquais fr, — carcax.
taiTafa pg. — atarraya.
tarta h.'h,t. — tartana.
tartane fr, — tartana.
tasquiles — p. 387.
tasse fr. — taza.
403
tauriqne — atauriquc.
taxbiquô — tabique.
teliarmini § — tenarmini.
telinas — p. 387.
teliz pg. — telliz.
tesbiqne — tabique.
testinia b.-lat. — p. 295 , n. 1.
texbique — tabique.
tina, tinaja — p. 387.
tincal pg. — atincar.
tiracia (pi.) b.-lat. — tiraz.
torcimany val. — trujatnan.
trechar,trech wse — almoxama.
tremoço pg. — atramuz.
turbith fr. — turbit.
tutia — atutia.
vacari — bacari.
valcavera — aleabella.
X.
xabeba — axabeba.
xabeco pg: — xabeque.
xabega — xabeca.
xadrez pg. — axedrez;
xaeris — xaraiz.
xafarron — mascara,
xabariz — xaraiz.
xalma py. — xelma.
xaloque — xirque.
xamate pg. — xaque.
xanable — xenabe.
xaqueca — axaqueca.
xarabc — ax arabe.
xarafiz — xaraiz.
xarahiz — xaraiz.
xarel pg. — girel.
xaroco pg. — xirque.
xarouco pg. — xirque.
xarope — axarabe.
xarque pg. — enxerca.
xaveque — xabeque.
xepo — axebe.
xeque — xaque.
xeratim pg. — xarafim.
xerga — p. 387.
xuclar — xucla.
xué pg. — chue.
Y*
yovo — jovada.
yssarop prov. — axarabe.
yxeco pg. — enxeco.
zabida — acibar.
zabila — acibar,
zaenes — zahenes.
zagaie Jr. — azagaya.
zaguacar — zaguaque.
zaguacador — zaguaque.
zaguan — azaguan.
zahalmedin» b.-lat. — zaval-
medina,
zahareno — safaro.
zain fr. — zaino.
zalameria — zalema.
zalmedina b.-lat. — zavalme-
dina.
zanahoria — azanoria.
zanefa — azanefa.
zarabotana ital. — cebratana.
zaradion § — caradion.
zaradique § — caradion.
zaranda — p. 387.
zarbatana — cebratana.
zargatona — zaragatona.
zarelo pg. — zaraguelles.
zarra pg. — jarra.
zavalachen b.-lat. — zaval-
clien.
zavazauc b.-lat. — zavazogue.
zavazaul § b.-lat. — zavazogue.
zavazoukes b.-lat. — zaYazo-
gue.
zayenes — zahenes.
zecca ital. — seca.
zegi'i — mudejar.
ziam fr. — zaheties.
zecchino ital. — cequi.
ze'doaire fr. — cedoaria.
zénith fr. — acimut.
zéro ital. , zéro fr. — cero.
zerunbet — zurumbet.
zirgelim pg. — aljonjoli.
— - p. 261, n. 1.
zoco — zoca.
zorra pg. — jorro.
zorreiro pg. — jorro.
zorro pg. — jorro.
zorros pg. — jorro.
zulaque — azulaque.
zurracha pg. — azurracha.
zutano — fulauo.
INDEX ARABE.
Cet index est fait par racines. Le signe f indique que le mul où sa significati
manque dans le Lexique de Freytag.
{j^jW f — alarguez.
^jôô\\\ — acedara-
que.
•^î^î t, ^\^\ f —
alfaneque. — p. 389.
jJ^ f — almaTar.
VjaXa f — almayar.
(j^jjol — abenuz.
kâLkX^ yi\ f — pataca.
»3\Ad j.j\ f — pataca.
^tj f — atacir.
j^lst (pi. de iCAftSi) —
alnafe — atifle.
JU! t — aludel.
^L^UjÎ , ^L^î — ati-
jara.
^t — aljor.
«-Oj^î q\ô! f — haloch.
qJ>^ — almuedano.
v\A — alerze.
Xjj^tf — p. 391.
^jt II t et V t — ali-
zares.
^M + — alizares.
jjA^ f — almaizar.
J^jU** f — musa.
(j/.L^I — alizace.
^*yyJL^j-^\ f — azar-
con.
qÎ^L^wwI — azaguan.
tijLtM] — estol.
aaj^*wI -|- — azanoria.
XjjUâa^! — azanoria.
wSyil f — borcegui.
i^^yCàî t — p. 379.
\sjyû\.A f — mazorca.
Q^j^\ f — alatron.
(j«^t, pi, ^*«lît àerb, —
alfeizar.
Qj.A5t — anfiâo.
UJî II t — alifar.
iJUl :^î ^Jt :i — leli-
lies — lilaila.
ijÀll] J f — elemi.
j^
À
almirante.
QjJ^^yt}\ jj^a] — mira-
mamolin.
Hj[a\ f — alimara.
405
^^J^\ t — almiron.
^jfgA\ f — alamin.
/AAAJt — alambique.
o^jijit — anzarotes.
^^\ — auge.
iUs^î — alguaquia.
s^Jl^\ berb, — arre-
quife.
(j!yiii — babucha.
y^v>U — bezar,
qL^^L — berengena.
^jb — bezar.
Liuj — papagayo.
^yîJ, pi. de -ij — botor.
j^ f — alboaire.
^^f, B;X^f — al-
boaire. — albohera.
{^y^ f — bahari.
jy^ — albafor.
^^L?. jy^ t — ben-
joim.
j^!j>^ ;>^ t "~ demi.
qiAj f — bedem.
ij^sXi — : bédouin.
aLj f — albala.
q\jJ -f- — albarran.
^\j f — albarran.
8^^ f — albala.
O^^j' + — albarran.
o^x — almibar.
^.j X + — albardan.
ùji — burdo.
ùjL f — albardan.
^I^bj f — albardan.
Oi>! j + — albardan.
\iô\ji f — albarrada.
cv>-j I "t" — albarrada,
iCcJ>^ — albarda.
^ùji f — albardin.
Q^^ji "t" — albardon.
{joji — albarazo.
c^b — baril.
y^j^ji — albaricoque.
»Sji — alberca.
)iSj} f — alboroque. —
p. 388.
»^^y f — alboroque.
Q^ji f — barragan.
{Tî^ t — maroma.
^^^ II t — p. 375.
isÂj^ t — p. 375, 376.
u^ji
albornoz.
borni.
xo^ — albornia,
j^-j -f — alcatenes.
Li^.bJJ^jjf — zaraga-
tona.
xi\ji f — almeja.
-LuO^o f — biznaga.
-ylJLûCwo — biznaga.
-Ua*.j f — biznaga.
xîUa^j f — biznaga.
»,Lào — albricias.
Jîu — pato.
x^uLu — albudega — :
badeha.
'lijJai — albatoza.
jjiiLbj f — albatoza.
JwJx^ If et Vf —
balde.
JJ^b f — balde.
^Ja^ f — baden. — :
f bandullo.
Q^bf — badina.
406
Xilbj f — albaden. —
falbitana.— (?)tal-
yitana. — fbadana.
jUiLLij f — albaden.
XA^b — batea — ba-
tega.
BjLlij — albatara,
j^^ÎJs.ij — baldaqui.
Jb — albacara.
j^jftj f — bacari.
KaSj — al ba quia.
KaïU t — P- 389.
U^lil^i- — albacara.
.ji^b f — albacora.
JUL f — bulebule.
jji^L — balax.
j^Js.L f — baladû
jj!L f — abalorio.
jj^AJUf — belis.
^j^\ — belis.
xL^b — bellota.
'»^S.A — albaûal.
iCcj.L — al bail al.
wd^f — p. 373.
iu^JUj-f- — albenda.
^OOLj — ^ bodoque.
KïAàj — albondiga.
XiixÀj t — albanecar.-
f albanega.
i^lL — albaûi.
.Lji — albihar.
^♦^ — behen.
,5?b-^^t - p. 388.
iCxiî^j.j — alboronia. -
p. 388.
^jj-i —' borax.
v5;^^ — albur.
""j^
buza.
i>^ f — albuce.
^jj — albogue.
».Xa^a f — leila,
^lXjo f — almear.
iCAiîAj — albaire.
i^L/caxj -[- — albaida.
(j:oUj f — albayalde.
Xcjj -[- — p. 375.
marlota.
o
o^jIj — ataud.
iUiU f — atahorma.
c;JjJiiLj 6er6. — tangul.
^'^pLj -f- — tagarote.
^Aj — tibar.
s.L.^" — atijara.
j^*.A — almajar.
\\ijj — turbit.
qU>-.j — trujaman.
^j.!yt — p.206,n. 1.
cj^^A/o f — p. 207, n. 1.
iuLAMy»-}- — arsenal.
jCiL^^Aw-j -|- — arsenal.
(*j^.j — tarecos.
•V
(jiL/,j — carcax.
jj/^/oy — atramuz.
K^i-j — toronja.
^^L^.j — torongil.
^-A-A.^-i^* — terenia-
bin.
^Ly — atriaca — te-
riaca.
»J^j^ f — tagarnina.
(j^aIj -|- et iCAw.JLj f —
telliz.
^ l — tamar.
«♦.j — tamaras.
{^\>J^ j^ — tamarin-
dos.
J.^^•t - p. 375.
ôyt^ — tambul,
JJiXj — atincar.
jyAj -f — atanor.
xjjy^f — atanor.
^yi — atutia.
vi>J^^* berb, — tan-
gul.
S-'yi' — zirbo.
o^j^* — a corda.
jsù — atafarra.
jUivo — mitical.
^^^-*wi — azumbre. —
tomin.
(^3^ f — benjoim.
V*:?.f , icJLif — al-
gibeira.
• y
ua:> — algibe. — chi-
bo.
K^ — aljuba.
407
ujUi- f — aljabibe.
8l3oL>- -f- — jovada.
jx=> If — algibeira.
-A^ — algebra.
H^^A> -j- — algibeira.
LT^ t — gis-
vj?^ t — jabali.
îUaj^/o -|- — almojaba-
na.
La^^ — almaja.
,^(A> — cedoaria.
^ 1 1 — jorro.
\ij^ — aliara — jar-
ra — zalona.
j:f\^ — almanjarra.
(jA-^ — aljaraz.
o^ — jorfe.
KîL^ f — girafa.
Kjj.^u f — almocafe.
isjôys»- -|- — gineta.
{^j^^ j- — almajara.
jj=-* — aljazar.
ija> — algez.
x*jt> — aljaba.
mII^ -]- — aljofifa.
^ft> — jofor.
^^Jtz> f — tafurea.
xÂft> — aljafana.
iCÂAft> — aljofaina.
^L> -j- — zafio.
J^:> f — girel.
v-j^li — julepe.
iCjL> f — gelva.
^^bL^U-> f — aljon-
ge — aljonjoli —
gergelim.
y*^Ai> -j- — geliz.
icXJb- -f- — jileco.
(^y> t — albayalde.
^.4^ — algemifao.
iywL^ — algemas. —
f chumeas.
KêU^ f — aljama.
«joL^^ -f — almogama,
Q^JU:?- f — jabalon.
J»îV«^ — algimifrado.—
j- jamila.
isi^> "f — jambelte,
(j?^^F^^t — - a^jonge.
^JL:^.;:>f — aljonge —
aljonjoli.
)^i=^ — jaez.
408
qU]^ — choca.
v_Ax> f — algibeira.
jijs>' II -[- — jaharrar.
jA>t — P- 124, n. 1.
»U> — jaharrar,
jjL>. — jacena.
HjjLs^v^ -f- — almojaya.
M^^ -}- — gifa.
y^yt »^> — abarraz,
U£^a»mJî v-*.> -j- — abel-
mosco.
Xa> — alfaba.
^jyi îiLa-> -f- ' — hama-
pola.
»^JL> iLA->. — batafa-
lua.
^3jUs> -j- — hobero.
— habiz.
— albahaca.
^^\.Mé^\ J^A> f — al-
bohol.
J^ac». f — albohol.
îO:> f — fatia.
j^A> ^ hasta.
L:> f — alhoja.
j^^o- + — alfarge.
j»L^>- — alfageme.
HAjt\r>. •]■ — alhadida.
ik>L> f — alhada.
—£> -J- — alforra. —
horro.
By> f — horro.
Xjp. — moharra.
(d>t..> — haarraz.
,3^^ — alhurreca.
m\^z> f — faluca.
iC/.> — alharaca.
(V^ , (•L^ — hamaril-
lo.
X^^> -j- (?) — alhorma.
^\^ f — alfareme.
^\j=>\ f — alfareme.
p-^>./o — maharon.
Jw«^ — alfarma.
^^^ t — haron.
»;> f — alforza.
.^ -[- — hacino.
iUr^.^V/0 — ahnohaza.
v,j.ah*mjCi^^ — almotacen.
(jiUxs> f — açiche.
•*• -^ — alhexixa.
^^^>' -[- — asesino.
^^'w.àj> -}- — asesino.
^ij.s> f — alaxu.
^JÙ:^^\A — moxi.
XA-à..^\^ f — almexia.
^Ll>t— p.357,n. 1.
j^Aa> — hizan.
^^Iaû^ f (?) — alazan.
».Â> — alfobre.
^L^V/o (?) — almocafe.
JaîL> — hafiz.
oi> f — hoque.
hoque.
j^tSsj^ — alhaquin.
idL> — alahela.
Ûs> f — alfolla.
'»X^^A -| almohalla.
iôJl> — alholba.
»«Jl^U — mahaleb.
oiJl^/o -|- — almostalaf.
oiLs^oCMfcyo -j- — almos-
talaf.
/jjl:> II f — falca.
UiX> f — falca.
400
XJLLs» — alhelga. -
-f- falca.
8^^> f — alfeloa.
j^^Jb> — halia.
•tL*.> f — alfombra.
v5U> -|- — alhamel.
o
icJU>
lahali.
JJU> -f- — tahali.
^^^4.> -f- — alhema.
LL> — alhefia.
J^AÂ> -f- — alfamar.
JJ3JL5> — alhandal.
iûuo> — alhania.
iC:>L> -j- — alhaja.
,«£sj^^j> -)- — alhaja.
-j- algagias.
jj.> -f- — huri.
l5;>> t — huri.
^^>> f — huri.
{^j^j^ — alhavara.
jy^^ f — almihuar
;^> — alfoz.
alheta.
qa^L> — alhaquin,
— alfeire.
^AO.l3- f — kazini.
ja^Li> — alboheza.
fL3- -j- — alquival.
»Js.-i^.-^ -j- — almarre-
ga. — almohada.
iCjjy> — algarroba.
-.à> — alforja.
\y^^A f — almarada. —
almofate. — almofrez.
\^j^^ f — almarada. —
almofate. — almofrez.
K^^j6-f — alcarchofa.
-■ e?:
> — cherva.
jà> — alchaz.
^x)!ii> — alhucema.
XStii> — alacena.
Qi^^ — almacen.
^Jf^ — alface.
fjt*.M*.:> f — liacino.
{j^2s> — choza.
v^lauJl i^^*^^ — salep.
» JsL^u -|- — mohatra.
oL-l3-i> — fatexa —
f gafete.
^{yÀ:> — caftan.
a.Ui> f — alifara.
qUà^ — algafacan.
iifÂ^iA (?) j- — almofia.
Jbli> t — alfilel.
^^^i>î t — p. 390.
JL^di> — carcajes.
îCflAip- — califa.
^j.JLi* -J- — haloch.
^^i>Ji:> f — aloque.
^Ij^uXi» — galanga.
j4^ — caramo.
«^.♦i» — alfombra.
.:^i> — alfange.
iCÂAÂ3» -|- — falifa.
.L>
alhalme.
oliLi> — alcana.
L^j^^ — aleli.
jji.A>f —p. 342,n. 1.
J;aA:> -|- — alhaite.
Jj^:> — alfayate.
)KlDlj,à> f — alheta.
fJ^ i" — aleli.
iU>w^iof— p.206,n. 1
53
410
^j^A — mudbage.
)iiô -f — adufa.
^t^p — aldebaran.
^ô — adelfa.
v3
j^^t.£W^t(?)-debo.
KÂA?^ f — adefina.
»-o3 f — adiré.
^:>^ Vf — mudejar.
iLjybô^A f — adefina.
Xxji — adivas.
^>ot,^>jJtJ.^ît-~
yj^iHù f — adutaque.
_^jô f — adivas.
mudejar.
X?^-]- — adoquin.
H^jô f — adarve.
^>l\.x f — mudejar.
^^\Sc> f — adoquin.
^f ô f — atequiperas.
JCiL:>J>f — adahala.
Jv> Ilf — adela.
dj.à>J,A f — adahala.
JJj> — adalid.
J
JC>^0 f — adaraja.
Ki^J> — adela.
s.
ijn\) — rasa — res —
-^\c\yo f — malecon.
p5*> — sandia.
rezmilla.
jj^jj^ f — arrioz.
^LJo»:> — dinero.
^J*A-J|^ f — arraez —
X5,of — adufa.
vjiiio — danique.
arrayaz.
vjjVjO II f — adarga.
Uiv> f — adunia.
y^Lj^ — arriaz.
XîjO — adarga.
^3^-5>cX-x>f — almo-
^l^l\ ui^f — rabadan.
^^jôf — adarga.
don.
v-j^ — arrope.
y^jô f — adargama.
iUÂ/^^bf,x*Â/ûiljtv>f,
>
{j^yM^\ ^j — rabazuz.
'^/)jô f — adargama.
iC-cL-j-Aû ^^ôj-, j\:>
w;Ij^ — rabel.
f^S>jô — adareme.
KcLÂAaJl -f- — arsenal.
(jiaj, — arrabal.
Xamô -f — adazal.
j*,>^f — ador.
j^Aûj^ — rabatines.
^Ji^ô -\ — alexixas.
^^^0 f — aduar.
Jaj, If — almarbate.
'iiAjj:^ô — alexixas.
'6jJ\ô f — aderra. —
Kbj^ f — almarbate.
x«.cv> — ademe.
f ataire.
JsLj^ -^ arrebate. —
mI&ô — ademe.
k3^C> f — adula.
f ribete.
^Isiô (pi.) — andaime.
Q^^o f — aduana.
Xbjî^ f — morabito. —
Li^ — adufe.
*^p f — aldiza.
f rabita,
411
JsJ^ f — almarbate. —
f marbete.
iajt-^ -f- — morabito.
^Jiit^^ f — maravedi.
*.ij — arroba.
Mji f — tarbea.
id^^ f — arrebique.
v-ô^ II f — rotova.
s-^'t^ f — rotova. —
tpi.
arrocovas.
Xaj\ -j- -^ rotova.
Kaj^ f — martava.
«j\ f — almartaga.
Xjûyo -|- — almartaga.
fUjj — rétama.
ô^j^ — argel.
J^^f — rafal.
iJL^j f — rehala.
iCJLÎj t ou Qj^\^j -
rehali.
^, — roque.
jjûAi>j — rafez.
., — arroz.
B.^ — alguaza. — f pi.
jU. arricises.
*jp II f — resma.
iUj,. f — resma.
j^iy. (pi. de ^y^^f) —
arancel.
K^î:^ f — almarraxa.
KïLi, f — arrexaque.
^. \-\ — marchamo.
A^ii^x -J- — marchamo,
«.AAO j" — ataracea.
v^AAO. -[- — arracife.
XsIjo^ "t" — arrizafa,
MyD. -)- — redoma.
^I^j — arrelde.
J^y f — tertil.
marahez.
^5i£yo -j- — marahez.
p|^-^ -(- — marahez,
iCÂxCj -f- — regueifa.
Kj£>yi/^ — p. 391.
xiijyo — almarrega.
^L/c — mirac.
pLï., pi. de v^; —
arrocovas.
o^À -|-(?) — aladroque.
j»Sj I f — morcum —
recamo.
j»lsj f — morcum.
j»ji^ f — morcum.
iilï^^ f — malecon.
KÏ'^ f — mazorca.
v-^; — recua.
V^^ f — arrocoba.
vL^Jt, pl.dev^l^ —
arrocaba,
^^ ) — arricaveiro.
^r^) + — arrequive.
i^î^jj' + — arrequive.
oL^ia^^ — alcarrada.
'iXA^ -f- — rambla.
<y^>
romaa.
ioi^^ — romana.
tU^ — arrime.
^^yo f — merma.
g^; t — rejalgar.
^LxJl ^^ f — rejal-
gar.
^yA — alcatenes.
^^^ — rehen.
q' ^^ f — arraihan.
^^L<^Oj f — rehani,
^^^.^A f — almanda-
rahe.
412
(jtoL, f — arriates.
eib^j f — arruda.
0>^;!; 1" — azarcon.
Oîî; ^* (Js^^î; — azo-
gue.
v^A^ — acebibe.
^^ f — azabache.
^yi\ f — acebuche.
sUlhij — cebratana.
^j Ilf — p.l77,n.l.
^L^3t — p. 177,n. 1.
iC«J>j — azafama.
^Ui>j — cedoaria.
Vj^ If et II f — al-
madraba.
Vï) + — algerife. —
-j- algeroz. — -j- al-
madraba. — azerve.
Ko.; "[- — algerife.
»j.iA f — almadraba.
v-jl(i^ t — algeroz.
XjLbj.j f — cebratana.
OJjJ -f- — jacerina.
qL>i>^j-|- — zarzahan.
&jL>C>^j f — zarzahan.
^\J>ôjj f — zarzahan.
ôhjj f — zorzal,
;53;jt — zorzal.
ô^\)\ i" — zorzal.
iCs^J — girafa.
f-\Jés\ — zarca.
Li^biéjj -|- — zaragatona.
Qyjjj "t* — azarcon.
èN^^ij) — azarnefe.
oUi,; — zurumbet.
1>^J^J
acerola.
Q^*èA\ — azafran.
J^j f — zagal.
'»Xc.\ f — zagal.
ijXc.jf — zagal.
KjU^ -|- — azagaya.
OjAs; — azofaifa.
^j — zaque.
Bl5j — asequi — azaqui.
-■^j -|- — azurracha.
^\ f — azul.
0}j f — azulaque.
'd^i^j -f (?) — azulaque.
J.i\ -f — cemime.
jAj^f — zambra.
zambra.
id^; — acemila.
kU!; -f- — acemila.
JUj f — acemila.
_^i^ -|- — acebuche.
iCc^i; -f- — zamboa.
X-^j — azinhavre.
Jsju..^jj — agengibre.
0^!;+ ■— aljonjoli.
Xfti^ — azinhaga.
X-ôh — zoina.
,$>\ f — azar.
(^j^j f — zahori.
;^jlt (pi. de /j) —
azahar.
_|î — aceche.
M^x -f — azogue.
c>^j; — aceite.
^>^Jj
—
aceituna.
15^4)
t
— seluni.
M-
acial.
o>V:;
t
— azarcon.
^S^*^
—
cepti.
4i;
^>j^ f — azabache.
O
— sebesten.
aaâaam -f- — p. 386.
j^U*. f — espay.
HjUam -f- — acitara.
\X^\mka — mesquita.
cr^
^^*M
sagena.
jy^^ — zahora.
wJL^wwM f — salep.
j.^^ II f et V t —
azofra.
o..i^wAw -f- — azofra. —
mascara.
'ij^i^**^ -f- — mascara.
aJ^^^am — zahinas,
i\jM — azuda.
BOum f — azuda.
iJju»-f — p. 71,n. 1.
j^A^/« f — almoceda.
s-j^ f — azarbe.
îLo^ f — carabia.
...Lb-»*» — zaratan.
Ju^^^ pi. de à\^ym —
zaraguelles.
iu^ — azaria.
j^yij^^ f — azarcon.
^^l^Mé — azotea.
^sia/*../o -f- — mistico.
JiîA^ — acetre.
'iJiMé — zofra*
^^^^fi^^U^) — zafari.
iCjô!^ f — azanoria.
iaâ^ — azafate.
L.LÂâww -|- — azanoria.
'xiXiÂM* X — azanoria.
.bilM
zarracatm.
^\jkM — cegatero.
— zacatin. —
zarracatin.
xbLîu* f — zoquete.
U-w* v.JJLvw -|- — zaqui-
zami.
i:lL« — azacan.
s\k**^ — azacan.
KaïLmv — acequia.
'jsMl^ — azacaya.
kX*- — ceca. — cequi. —
seca.
xJCv**..» f — almaciga.
«La\^ — escabechc.
6. •
.^/^ — azucar.
^x<Moa — mezquino.
^^A — mesèll.
Q^ibL» -)- — azarcon.
iCi»^ -[- — zalea.
icLJL*** — cereceda.
QLbJL* — soldan.
JCjoLLiAM -\ — altamia.
'is!^*M -(- — acelga.
qjjïJIam -[- — azarcon.
j»^A« — zalema.
*.Lw — xelma.
j^UJLw f — soliman.
JL*^ — moslemita. —
muza. — muzlemo.
*L^L« -f- — zorame.
j^yuLww — azarcon.
vii/^M* — azimut.
lXa4.am — acemite.
yy4'M — zamor.
^Wm — zumaque.
'\kM — zuna.
jiJu^ f — azumbar.
yjj^ -\ — azumbar.
iCjJc^w •]• — sandia.
1»^^,^ 'éJSjM '[ — azano-
ria.
54
414
XjjLw^t — azanoria.
U-w — sen.
X-ûLMf — aceila.
HuXaaw -r- zaida.
jyM — azor.
XjIaw^aw — azucena,
^yM — azote.
xj^y^m — azogue. —
zoca.
iCïLw — zaga.
'i\^Mé f — zaguaque.
\é\yM*^ — moçuaquim.
^U I et V t -~ almu-
zara.
ëjAA*- f — almuzara.
,..^AA*,+ — almuzara.
H.L^yc f — almuzara.
^yiJlAA^ -|- — azarcon.
^U t — P- 386.
xr^U t — ■ P- 387.
»l<ii, oU aL^ — xaque.
w^.^ — axebe.
xAa^ -j- — axabeba.
kC.^ — enxayego. —
f enxavegua. — xa-
beca.
u^ûii -)- — xabeque.
«i^-u.*iiJ -)- — tabique.
^^ t (?) — gît.
v-^jiw f — enxaravia.
iûj-à — sorbet.
KwOj^i -J- — enxaravia.
ujiy!; •\ — axarabe.
iijy.iwo f — almoxarra,
xh^XXé — p. 391.
, JoJn — eixortins.
iCkij^ -f- — xaretas.
xara.
axarafe.
s^^.w — xarifo.^
j-âjj.^ -[- — xarafim.
^5«à! -j- — xarafim.
^Jj-ix^ -|- — almoxarife.
^j^ — enxerca.
*i..;i — xirque.
^iSj^ f — xarragui.
X-i^.-ii — axaraca. —
f axorca.
j^yîi f — borcegui.
KaL^w f — axalaba.
^5,u;Ji — » axedrez.
'».iJcLMé -f- — axedrea.
Xxlâ^i -|- — axataba.
^A*.w -f- — xabi.
iSjXM* — emxara — xara.
o
B^Âvi — chifra.
ty^ — enxeco. — xaque.
'»A^ ■[ — chuca.
îUui — ax
uagas.
w;^ yi "j"
xariko.
KiftAft.i; —
axaqueca.
J.ïU;i —
• secacul.
oliUit,
pi. de \sJ>^ t
— axaquefa.
G >
-< xucla.
1\4.aXu^ -|-
— xaquima.
IX;;: If
— achaque.
^iJCiit -
- achaque.
«.X^ t -
— achaque.
K*<.v.t -
— achaque.
OJ>^t
— xirque.
é^f ■
— xirque.
e-A*^t (?) — git-
iu^t
— aximez.
^AAV««>^ -|-
— aximez.
x^U^ t
— aximez.
15
«4^ II -[ almoïama,
&4..:c^ f — almoxama.
gOL-à Vf — alfere-
cia.
:_^ f — agenuz.
a^ f — mascara.
oU^ f — xaque.
,1^ — axuar.
i:5^ f — acicate.
J^ -f- — chulo.
JjJbwo -f — chulo.
jjôyi f — agenuz.
aJLi! ti q! — oxala.
^yi -f- — chue.
iNA-i — xeque.
ij^A^ f — p. 357, n. 1.
L5^1>^t— p. 557,n.l.
jAA3 f — acibar.
^Lao -[• — acibar.
H,U»o — acibar.
Xc^-fcjo -|- — saboga.
j^U^^t s-^L^ f — za.
Talchen.
aa'sLJI «^a>Lo -f — za-
bacequias.
,j^A*Jî i.-Ai>LA5 -f- — za-
vazogue.
AÂjvXéit u.a£>Lao -|- — za-
valmedina.
i:L.^^>û — safara.
iÀ^^to — zafa.
v^^À^Uû^ — moçafo.
iCïJuo — azadeca.
'isjo -f- — sofa.
iL^AftAO — azafeha.
suo — cero — cifra.
jsuo -f — azofar. — Cf.
zafre.
^Isuo — cifac.
jUas — sacre.
^^It--p.388,n.l.
»^AO — azalato. — zala.
^^^Iaûx f , pi. oLaIa2^ f —
almocella.
jwoî (?) f — zaino.
v_>Ujo — xenabe.
J-X^ f — sandalo. —
tp. 378.
'xsÙAO — azanefa.
^^j^ — zafareche.
^}\yû, )i^yo — açular.
»t\jL>o -j- ' — zaida.
*,î^-4.A»# i>Luo -|- — zaida.
'éXjiSLA f — almuzara. —
p. 390.
v^juAo II f — acepha.
iCÀAAO -f- — acepha,
iL^ft-yo -|- — acepha.
LiLuo -f- — acepha.
iCàjLo f — acepha.
J^iixAa -f- — acicalar.
j^^JLjuo f — ceni.
iCAA3 — aldaba.
v-y:o If ' — almadraba.
^y:aA f — almadraba.
aj-a:3x -|- — almadraba.
g^Afi^ — atafera.
iCjLyi? -f — aldea.
iCàjwto f — daifa.
KàLyto -f- — adiafa.
QyllLb f — ceni.
416
^naaL f — tabefe.
iû^î — aletria.
e
jjJ^l^ — tabaxir.
»,M^kD — taza.
\^^ f (?) ■— boal.
Uu-b f ■^— tabaque.
XxiUAi? t •— P- 295 ,
j^jUcf — tabi.
KîîaaLj f — tabica.
n. 1,
ë^L^Vc — alagara.
^ — atabal.
g^, ic^Ub (?) f —
JCA4.:5:\cf — aljamia.
^L^L — tahen.
atafea.
Q^:s:\jt/o — machuma-
io^^Ll^ — atahona.
K*]Lbt, pi. -ciî^i> —
cete.
»^L^:>jL — tagara.
atalaya.
^^\XxA — almadana —
_j.i3 If — merma. —
^j>b +, pl.de x«Jlbf—
almaden.
f avec ^U tarea.
atalaya.
iCjJs.*/« f — almadia.
-«b f — tarea.
^JiXh — talco.
(^y^cf — assaria.
iC>^b f — merma.
^^ — talaca.
^j7^ — alarbe.
_!^ -|- — atarraya.
j^JLb IV f — almotolia.
».^ijSi — algarabia.
iC^Lb -|- — almatrixa . —
^JLbx> -j- — almotolia. .
^jxXm*.a — mozarabe.
■f atarraya. — (ou
-é.jJ^A f — mazmorra.
XXI (?) f — almarax.
iC^:^.b) f tarea.
B^L^.^ub -f — tagara.
BJsLc — algarrada.
- J2/1 f — almadraque.
ôy^yf — tangul.
'».^^jc: f — alaroza.
BvX-j^.-b — tartan a. —
^j.h — adobe.
Ji^Jij^ f — alarixes.
terides.
KcLbf — taa.
X^^ f — alarixes.
^jk> — tiraz.
j^uh -f — ataifor. —
iJu^xA f — alarixes.
!^.ijh — atarfe. — taray .
f tafurea.
fjo^c — alarde.
Li.b/> — metraphus.
ab^^ftjUD-j- — tafurea.
oy^c -f — alarife.
^Lb — atarracar.
AïLb f — atarracar.
i;j.L/»f — matraca.
îiUj^L f — tarima.
J^"^)^ CJi:'^ — tenarmini.
»l]b — tolda.
02.J jtj -j- et iCâjytj -[- —
tarifa.
(jMj'M ^.c — alcazuz, —
{jMj,M v^^-c — orozuz.
417
^^.c f — arar.
^^ t — arac.
^î'jc — irake.
. .s. — arreas.
v^i^ — alaïor.
jaaac f — alacir.
».Aa*^ -j- — almazara.
\ius.r f — algazafan.
jSU3,£. — alazor.
U2C -f- — aaça.
H^Uiic -f- — alidada.
.« f — alatar.
^v_࣠— algazafan.
xjJLc — alafia,
xaIm (?) -|- — almofia.
}!.jifjà.c — alaqueca.
wjjic — alacran.
^Jix -|- — elche.
JiiiU -f- — alahilca.
alahilca.
\JifS\ju -f — alahilca.
Jiikc f — alcam.
v^*x: -|- — alamud.
a^Uc -f- — alamar.
.♦XX f (?) — mohamar.
wJiXIt w\>oi -f- — alga-
laba.
^»jUc — aluneb.
J^
— ambar.
t^fJ^ f — ambar.
Oj.iÂc — anzarotes.
».AaJLc + — alhanzaro.
j^ jvaÀx: -f- — p. 1 36, n. 1 .
ôt^ — alaude.
j^s. Il — averia.
^\^ — averia.
jlx/) i^*f — mascara.
x3*.x/o -[- — almoyna.
B^ac »j-s^ ^--r'5 "f —
mascara.
w.^'0<-è — guada-
maci.
j^Oss: — adur.
w^ — algarve. — gar-
bino.
^jà — algarabia.
^^jà — gorab. — gua-
rapus.
wO.£ — algarivo.
JL-j^-c — alvarral.
arel. — garbillo.
ôjà If — algarada.
'âaM^ -(- ou K.A^..à -j- •
p. 381.
K^jà -f — garrafa.
KiJ^ — algorfa.
o»-ê f — garrafa.
KsLc "1- — garrafa.
'ÂA\jà f — derrama —
garrama.
-ytyo -j- — almagran.
j£ — algoz.
^^ I f — algazara.
».Lc -f — algazara.
ji£ -f — algazara.
Jîjê — gacel.
'iU'Ajc. f — gacel.
^/ — gazua.
».ic -f- — gazua.
dj^à f — algazul.
Jj.A^Lc. f — algazul.
,U3£ + — alçîuidar.
jj*^Li£ II -|- — almoga-
taz.
65
418
JhxA-\- (?) — moga-
te — mogalo.
c>iU — algaphite.
^âi/o — almofar.
J.ê — argolla.
)iX£-f — guilla.
xJ^Lc f — alara. —
-|- algara,
XJLc f — algalaba.
*^ (?) — chulamo.
KaU — galls.
iCjJLi: — algalia.
Iwi — gancho. —
(z^
mogangas.
yXXà II f — gandul.
H^LXJLcf — gandul.
.•oui. -]-, fém. H — gan-
dul.
.\XJLi-A^ -f , fém. » —
gandul.
»^4'J»f>Si
lima.
*Û£ -f — alganame.
Xà — algar.
ë.Lc — algara.
j^lxA — almogavares.
jj^Lè If — algaida.
Xaûa£ •)- (?) — algaida.
J^ — golo.
KjLc — algava.
jj^AC f — gueice.
iC-A:a.Aj= — algaida. —
moheda.
xLuif — p. 380.
(j^U f — alferce.
JLs — alfil.
êUs -f- — fatia.
oULs f — alfitete. —
t fatia.
iuUs f — alfitete. —
t fatia.
Kaaas -[- — alfitete. —
f fatia.
xJLaas f — fatila.
XJLXî — alfetena.
Xft^ — mofti.
Ij«a-:5:i.-.s -[- — p. 181 ,
n. 1.
•Li^s — alfahar.
tAs — alfada.
q^jo^ — alforfiao. - —
fervion.
_ j — farrachador.
iC>y — alfugera.
aj>^5 f — alfarda.
o.ftxi -[- — alfarda.
ij-è! — friso.
U*/
U^>^
— alfaras.
— alferez.
(jiy If — alfarge.
J^^ f — alfarge.
XA^ijà f — alfargia,
(jilj — alfreses.
(jiiLft/o -j- — almofrex.
(j:o.à f , pi. u^\jh — ale-
fris.
sÂûÀ f — alfarda.
oLtoiji f, pi. du pi. de
(jo^ f — alfarda.
jj.i^ f — alforfon.
oU^è — alfocigo.
iC^\/*ô f — alfeiza.
Kaos — al f alfa.
Xaûraos — alfalfa.
s^^iKas f, pi. iJLAnJ f —
fatel.
419
Jy^â + — fodoli.
^ — alfil.
^cXi- — cadimo.
^lyr.i — fodoli.
j^^bLs f — fileli.
^O^&A — almocaden. —
(joyià — alficoz.
f mocadao.
jjis — alfaços (alfacos).
U5
^lXî f — aducar.
*jJi3 — alfaqui. — foque.
j^w-^Uf — p. 374.
^^\Ji — alcoran.
«5^LXs — alfaqueque.
iuâ f — alcoba. — f al-
V;^ — p. 378.
U**yiè, pi. de ^j^U —
cubilla.
Lf^/fy L>3-i-«-^t —
foluz.
»,Lâ f — alcaparra.
almocarabes.
0.
Iviiià — falca.
H.JLo f — almocavar.
OJ^.^^;^ t — caradion.
i^iiâ f — falaca.
^Ui f — almocavar.
^jtéji — alcarraza.
ïSji3-f — faluca.
j^b/.s f — mazari.
(jojj , iOoJi — alcorza.
^^bLs — fulano.
JCJ^aï — alcabtea.
l:>jL pi. Jpîyi — al-
o^:2=UÎ j^ — fomahant.
J^ Vf — alcabala.
carrada.
Cr' — fi"-
iCiUï t — ■ alcabala.
y^LI^Jf — alcartaz.
JuJli — alfeilique.
idlxA» — alcayella. —
^j^ — alquerque.
^uXJi f — alhondiga. —
cabilda. — gabilla.
ojï t — alcorque.
fonda. — fundago.
J^ftA^ f — almocabel.
^Jè — carcavo.
jjjJûi f — alhondon.
qÙ5 — alcoba.
«>V+' P^- j^^/f —
xflii f — fanega.
j^ f — alcabor.
caraca.
ikiLls f — fanega.
fLï — cabaya.
/>ji — alquermez.
w^ — alfaneque.
^JLï=vï f — carcajada.
{jrjAJi — alquermez.
iLby f — fota.
^sXé f — cadae.
Or^ t — carne.
fc^^Ui — alefanginas.
^^Jo f — alcaduz.
^jt^/ t — tagarnina.
OoU I f , suivi de^^^ —
{jM^ôli f — alcaduz. —
iûjj — alcaria.
alfaide.
f alcaraviz.
{jf^yj^'é — cazuz.
\jaji f — alfaide.
\J^sXi — alcadafe.
\j^ji^ — caciz.
420
'\4.j^'Jf — tazmia.
^Ihkii
— caftan.
bj^ — café.
Kaa^s — alcazaba.
iOàlï -
- cafila.
OoLï — alcaide.
u-^uûiU -f — almocaza.
Klïf -
- alcolla.
j>ty» — alcahuete.
ydé — alcazar.
Jiïf -
— aicaller.
»jUé — alcar.
o » J
XâxAaï -f- — alcoceifa.
iUiS —
alcala.
jji pi. de Hjli — alcor.
Jw^Aûï — alcacel.
^*ri -
- calaim.
(j.li Ilf — p. 374.
^^^^-Â^Lï — alcalde. —
^iLiOs -
- colcotar.
(j.L-ïf, iC^îpf — -
cadi.
»^t ■
— calahorra.
p. 374.
HjJaJ f — - alcatra. —
^^-
alcali.
iCcU — alicatado.
alcatrate.
j.U^ï —
cancano.
j.U^ l^Lï — caimacan.
^t^bï — alquitran.
idï — 1
quina.
iC-4..A-*i f — coima. —
SpLLï f — alquitara. —
c^Âj —
canibo.
-j- ? quema.
p. 390.
^H
— alcanavy.
Kxlïl f ? — quema.
iCcLbï -f- — alcotana.
^..Âï t -
- cairo.
1^5 (?) — alqueive.
îUaLï f — alcatea.
>.^t-
-- cairo.
Aaï — alcayata.
kLaa f — alcotana.
OwÂ5 —
cande.
oUï — alcayata.
Kâ Joï f — alcatifa.
y^O^Xi t
— alcandora.
yéf — quile.
j^lLï , ^\hs — alcotan.
J.J A-ï -
- alcandora. —
^\^^i — carayana.
^Laï — algodon.
candil
•
{_^v.Uï-j- — alquez.
^bi — alchatin.
HjhXé —
alcantara.
Kj^Lam./» f — alcaiceria.
yëllf — p. 188, n. 1.
jlhJ^i —
quintal.
vj
Kâ5 — alcofa.
orhiSx.
— almicanta-
Jié — acafelar.
rat.
0>y + -- tagarnina.
jjJii — cafiz.
gUï-
alquinal.
'iiSjSjéf — tagarnina.
ija-à-s — alcahaz. —
r^t-
- canhamo.
^
+ p. 343, n. 1.
iC^i^s —
' carcajada.
ij*^j-i\S f — p. 374.
421
•gJLi'li' f — alkaquengi.
iûLy — cubeba.
.ju^ f — almoucavar.
^jfijS -f- — almoucavar.
8.L/ -f- — alcaparra.
jt^f — almoucavar.
Mi^jiS — alcrebite.
fj^ If — alcabaz.
yj*^ f — alcabaz.
(jfcLi' f — alcabaz.
Jjjiy — alcabala.
iuLi' -f- — cabaya.
\.JuS , pi. v-iUi'l — al-
daca.
^t-Axi' f — alquitira.
^^•^^ J^js?^ + — alar-
guez.
^L^^ f — alcohela.
xSji' f — alcarraza.
^^J^ + — alcorci.
fJ^S — alcarcefia.
^ji' — curcuma.
r/ 1. pi. f^/ et oU/
— Carmen,
ày — aicora.
s-^S — alquile.
Q^^/ f — alcaravan.
Ij^S — alcaravea.
Li^\S — chirivia,
'tijtj^ — alcaria.
^^IXo — almocreve.
^5^5" f — alcroco.
•JM^^I — elixir.
^jAj^\ f — elilir.
^J^Si**S — alcuzcuz.
ymS^^i j- — alcuzcuz.
A**^"^ -|- — alquicel.
iwoii^ , 'iaJtS — taba.
^ \ — acafelar.
jàiy — cafre.
^yï\S — alcanfor.
J^fti' — alcafar.
iUy f — alcala.
J^5"l — alecrim.
(^JlXj" f, pi. v^iLXj' —
tegual.
iLcéi" "t" — gumia.
Li^^i' — camocan.
Q^^ — alcamonias.
JUi^^y f — alcamonias.
^Luy -f- — cairo.
\Ji*y^ -f- — cambux.
».JoL^ — alcandora.
KjiJLi" -j- — alcancia.
)Lfù^ — alcuîîa.
b-^ — carabe.
y.ljy f — alcavallas.
v,\y^ — alcuza.
iuuy f — p. 381.
0^5»^^ f — alcaravan.
J.A^ — alqueire.
XIaX^o — maquila.
Lc*«^ — alquimia.
J^A^^ 6erô. — gorguz.
— tagarnina.
iCjô'^f — p. 64, n. 1.
0>^j53^ — azul.
Xxls^f — p. 64,n. 1.
^A^ f — elemi.
^J -[- — adive.
^LJ -f- — benjoim.
^.L:> ^LJ f — ben-
joim.
j — atalvino.
»6
422
oUs^vi t — alifafe^
iCÀi^ — almalafa.
^y I et II f — azu-
laque.
^^U f — alizaque.
iCïijJ f — azulaque.
J.4.^î qUJ — carmel.
^Uai j- — alizaque.
yjjjtl — looch.
luquete.
J^lii -J- — alicates.
k^f — laça.
^J-f- — ante.
s:l^iyl — alubia.
»j^ — alloza.
'»XJ f — leila.
XaU] f — leila.
,^J f — lilac.
^':iJ f — lilac.
*.x-3 -[- , nom d* unité
iU-J + — lima.
^_^4.aJ — limon.
KJLbU f — almadana.
^XA»fc^x> — almageslo.
iL^A — almocati.
vXo — almud.
iUjvX^ — almedina.
HjA-f — marras.
^jA — almori.
^S^^ — almartaga.
^
— almarcha,
(jir^v>Jy^ -|- — almora-
dux.
{J^^ïôjA — almoradux.
LTj" t — baraço.
Ujyixïyo f — marcaxita.
V
— almaro.
^^^ — menjurge.
^yy^wo — macio.
-;^M*.4J f — mascara.
isi^»w^ — almizque.
^^4.'^A — ameiia.
^ya^f — mazari.
iûyaxi f — p.; 382.
l^LiAayo — almaciga.
^^ô^4.AaA -|- — mazmo-
dina.
Q^U-t" — maliona.
'ijXA — almagra.
X>^^ — almallahe.
iii?jJl/o — marlota.
w5^U/<j — mameluco.
UîaJLj^Uxi — almajane-
que.
1^0 — almena.
XjçU f — almunia.
jJLo^ — muselina.
momia.
ëJuLo — almeitiga.
Q^tA-y) — almidana.
^ II f — alcamiz.
:a^ f — alcamiz.
,j..oyo f — aimez.
[ja^-f — almece.
iC*AX -)- — almea.
O
^.li — naranja.
vi^^AÀ^ f — aimanta.
xXaâ/» "I" — aimanta.
iCiÎAi — anafega.
j^^ f — nebli.
Jc^ II t et IV + —
p. 511, n. 1.
423
J>j^\JU f — manchil.
*JL^ — anifala.
vOû If — annudu?a.
v-kXî f — annuduya. —
p. 590.
iujû f — annuduva. —
p. 390.
JaJOLo — mandil.
j^jLjU f — almoneda.
K^ii -f- — aûacea.
A^lii f — aûacea.
,iffw%MÔ — nesga. »
iXjyMÔ — anexim.
^oLiô — almojatre.
JmJwo -f- — almixar.
w^Aûi If — almancebe.
iuAai f — almancebe.
v-*jkaJU f — almancebe.
Q5^ — anatron.
'iJ^LxA — almanaca.
jùU — anadel.
j^ — ailazmes.
\iy^^jt0^\ wJx) — nadir.
Bj^Li — anoria.
jUbû — ema.
iOLuu f ? — naguela.
N^sài — nafa.
^sfti — alifafe.
jjJo — aûafil.
xAsù — annafaca.
^Jô IV f — monfi.
iuLfti f — anafaya. —
aûafea.
sùA f — monfi.
iUiii f — noque.
iCcLÎi f — noque.
NcUi f — noque.
oLJUf — noque.
JlLj f — anacalo —
f anaquel.
iixiiÂ4 f — atanquia. —
f tarquin.
»L^Ui f — nammeixies.
iL^W f — nammeixies.
X-à^i f — nammeixies.
-^ f — almenara.
V— li^ pi. de woLi — na-
babo.
^Lu f — almenar.
8,U^ f — almenara.
jyÂA f — almenar.
kL^ f ? — naguela.
jAJ — aûil.
«5Li — nicar.
^yÀAù — nenufar.
8
Jcaa^ — liamec.
iijS\9> — hegira.
iujc^ — alfadia — odia.
-j.^ II f — mascara.
j5 f — mascara.
»,s>J>+ — mascara.
^^^f — mascara.
^îsj^' f — mascara.
iL^^* f — mascara.
•^j^ — almirez.
^^J> — algorin. — al*
guarin. — alholi.
J»JLp f — tahali.
l\â5> f — alinde.
j^jU^ f — alinde.
^eiA^ — hamez.
x=>^ Vf — malachin.
>^f ,_^Lx-^ fc.>^f ,
HyAC fc>3f — masca-
ra — matachin.
424
x^y« f — matachin.
&:>>yCo f — matachin.
.A->[^ l\i-5>î^ — gua-
hate.
^j^f — guedre.
Uîjjjj-j- — ataurique.
y^^ ^- alguacil. — visir.
Jam^a -}- — almizate.
f^j^f — monzon.
\Ji^^ — aguaxaque.
^Xi^ — alguexi. ôs.lj.* — p. 384.
lUX^yi f — atauxia. J^^ -f — alborboh
^^^ -f — albacea. l^^^** — muley.
wUbj -f- — » guadafiones.
^5^ II f — ahorrar. ^
iCxJ^ (?) -j- — almofia. ^^jjv^'w.Li — jazmin.
^!93 t — alguaquida. q^V- — aliacan.
HJwAî^ -j- — alguaquida. ^^L f — jileco.
'i^ f — aloquiu. '^^^j^. f — jucefiî
^Uî^ — alguaquia.
SUPPLÉMENT AUX ADDITIONS.
Pag. 83, art. ALCAMomAS. En arabe cammônî s'employait en effet
comme un substantif, car on lit chez Ibn-al-Baitâr, à l'article o^i':
^^^î ^ '\mLs «JLc vXi»LU , et ailleurs , à l'article jj<s> : vj^ ô^^\^
Pag. 322, art. mudejar. Le terme arabe d'où dérive ce mot , se trouve
aussi dans un passage du Masâlik al-abçâr, publié par M. Amari,j5t6/.
ArabO'Sicula, p. 150, 1. 7. On y lit que les musulmans qui vivent
sous la domination chrétienne, portent au Magrib le nom de ^jh^-^Xn.
Cette leçon est fautive, et ce que M. Fleischer veut y substituer (voyez
les Annot. critiche, p. 45), à savoir ^^JL:ijw«, n'est pas bon non plus.
C'est ^yL:>uX^ qu'il faut lire.
ERRATA.
6, 1. 21
quelquer-uns
lisez quelques-uns
32 , I. 8
verde
0
verbe
95, 1. 17
dimÎDutief
K
diminutif
99,1. 5 a
f. fourbaient
U
fourbissaient
112, 1. 10 a
f. épylepsie
H
épilepsie .
120 , 1. 10 a
f. Partous
0
Partons
138 ,1. 8 a
f. terne
0
terme
146 , 1. 8
lé
II
la
201 , 1. 6 a
0
xâaLi;^».
226, I. 22
o/j.'
0
o/.y-
266 , 1. 8
un grand
0
une grande
-^ , 1. 9
latin
U
latine
296 , 1. 18
en Berggren
u
et Berggren
303 , 1. 18
c>yv
0
LK'^V
311, n.l, 1.
3. ,.**,i;;ît
0
«^LuiJî (comme porte le man,
de M. de Gayangos).
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